Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1881-08-02
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 août 1881 02 août 1881
Description : 1881/08/02 (Numéro 7406). 1881/08/02 (Numéro 7406).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
1 1 --¥-
MARDI 2 AOUT 1881
1 -J"i. ¿.:
llSt1 ET UNffiME ANNEE. N° 74C6.
ON S'ABONNE AU BUnlÂJj DU JOURNAL. iÇ. RUE DU FAUBOURG-MONTMARTRE. A P ET DANS TOUS LES BUREAUX DE POSTB
PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS .7T.?:.?;1. Trois mois, 14 fr.– Six mois, S8 fr.– Un an, 56 fri
DÉPARTEMENTS.! g* 17 fr. g^ .34 ïh^ 68 fr;,
LES ABONNEMENTS DATENT DÈS 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) SO centimes»
1\ ~'I'~t¡l>
La rédaction ne répond pas des articles communiqués,
et ne se charge pas de les renvoyer.* .̃'̃-
x.w.
BUREAUX 10, rue du Faubourg-Montmartre; PARIS
PRIX DE L'ABONNEMENT
fÂî«s:7ï7T;T: Trois mois, 14 fr.– Six mois, S8 fr-^n an, 56 frj
DÉPARTEMENTS. 1? fr. « 34 fr* 6S fr«
LES ABONNEMENTS DATENT DES ter ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (à Paris) 1^ centimes^
ANNONCES MM. Laffite, Cerf ET Ce, 8, place de la BourseÇ
(Droit d'insertion réservé à la rédaction.)
BUREAUX 10, ru^irfaubourç-MoEtmartre, PAMS
Les demandes de changements d'adresse doivent
iêtre accompagnées d'une des dernières bandes Im-
primées et du montant des^frais de poste, à rai-
son de nmérô à eg édfer-(changements
>: S centimes par numéro à expêdieHehangementa
̃de Paris pour les départements et rAlsace-Lor-
:rtÿne).
f^centimes par numéro à expédier (changement
fde Paris pour toute l'Europe).
-o=
En FRA NCE en ALGERIE en SUISSE, en
Italie en Belgique, en HOLLANDE, en
SUEDE et NORVEGE et en DANEMARK, on
fabonne sans frais dans tous les bureaux de
poste. Il suffit de verser le montant de l'abonne-
ment, que le bureau de poste se charge de faire
^parvenir à i'A.4ministration du journal, avec
foutes les indications nécessaires.
Sur leur demande, les abonnés
nouveaux recevront tout ce qui a
paru du feuilleton en cours de
publication.
••'̃ PARIS, 1er AOUT
BULLETIN DU JOUR
r M. le ministre des travaux publics vient, à
'exemple des ministres de l'intérieur, des fi-
nances, des postes et des télégraphes, d'adres-
ser aux fonctionnaires de son département une
circulaire pour leur recommander la neutra-
lité dans les élections. Dans cette circulaire,
dont on trouvera le texte, plus loin, M. Sadi
'Carnot dit que «si, comme électeur, chacun
dispose librement de son suffrage suivant sa
conscience, le devoir qui s'impose au fonction-
air est de s'abstenir de toute ingérence dans
tes luttes électorales. »
Nous devons signaler encore trois documents
relatifs aux élections; ils émanent du parti bo-
napartiste et nous les reproduisons plus loin.
• -C'est, d'une part, une lettre de M. Rouher, di-
sant qu'au lendemain de la mort du prince im-
périal il avait conçu la pensée de mettre fin à
isa carrière politique, et annonçant qu'il ne sol.
licite pas de ses électeurs le renouvellement de
ison mandat; d'autre part, le programme élec]
Itoral du comité revisionniste napoléonien, ap-
ipuyé par une lettre du prince Jérôme Napoléon.
Bou-Amema, d'après les renseignements très
iprécis que nous transmet no tre correspondant,
s'est décidément enfoncé dans le Sud, où il at-
tend sans doute les inspirations que le mois sa-
cré du Rhamadan suggérera aux deux chefs de
la puissante tribu des Ouled-Sidi-Cheikh, dont
l'alliance est aujourd'hui pour lui une (question
'de vie ou de mort. Les personnes les mieux in-
formées des affaires du Sud-Oranais ont quel-
ique peine a admettre l'éventualité d'une action
loommune de Si-Kaddour-Ben-Hamza et de Si-
Slimair-ben-Kaddour, divisés par de violen-
̃• !fes rivalités de famille et par le sou-
',venir des cruels traitements que Si-Sliman,
alors allié des Français, infligea ou 1871 aux
• Ifemmes des Ouled-Sidi-Cheikk dissidents, de-
ivenues ses prisonnières à ia suite d'une razzia
Restée célèbre.
Un journal d'Oran rappelle toutefois à ce
propos la réconciliation tout aussi invraisem-
blable qui réunit en 1871, dans une action
commune contre notre domination, les deux
branches tout aussi profondément divisées de
la famille des Mokhrani de la province de
̃Constantine. Devant les infidèles, les musul-
mans savent souvent oublier leurs dissensions
intestines.
Les difficultés qui avaient entravé l'œuvre de
Il lacommissionroyaleduTransvaalparaissentau-
jourd'hui complètement aplanies. Une dépêche
de Prétoria annonce que la convention qui doit
Jrendre auxBoers la libre possession de leur ter-
ritoire a été signée le 30 juillet par les représen-
'tants des Boers et ceux du gouvernement britan-
nique. Les affaires étrangères de la République
*du Transvaal continueront à être placées sous
la surveillance du ministre anglais qui résidera
;à Prétoria. On remarquera l'analogie qui exis-
ite à ce point de vue entre la situation de cet
lagent anglais et celle de notre ministre rési-
,dent en Tunisie.
1 Comme il était aisé de le prévoir, Ayoub-
iKhan n'a plus rencontré aucune résistance sur
la route de Candahar; un de ses généraux a pu
prendre possession de cette ville, en son nom,
.dès le 27 juillet, il est propable qu'Ayoub-Khan
̃ jprdfitera do sa victoire pour marcher immé-
diatement sur Caboul. A en juger par les décla-
îatiaïis assez vagues faites par sir William
fy. Harcourt à la Chambre des communes, le
cabinet anglais n'est pas disposé à intervenir
FEUILLETON DU TEMPS
Êtl AOUT 1881
i-
CRITIQUE MUSICALE
Concours publics ûu Conservatoire Reliant, opéra,
v opèra-comiqùe et piano; réflexions sur les enfants
prodiges.
Les concours du Conservatoire ont lieu tous
les ans dans la même forme, malgré les criti-
ques les plus justes et les plus évidentes aux-
quelles ils donnent lieu. Je ne saurais répéter
toujours les mêmes observations, mais il y en a
qui reviennent forcément. Un des points sur les-
quels je ne cesserai de revenir, c'est que le
'Conservatoire de Paris est, parmi tous les Con-
servatoires du monde le seul où les con-
ours. publics donnent lieu à des scandales qui,
'origine assez récente, se répètent maintenant
ïous les ans. Ils sont très fâcheux pour
'administration de l'établissement, nullement
onorables pour le public, et, sinon hu-
miliants, du moins très blessants pour les mem-
bres du jury, Quand je dis le public, il faut
•entendre principalement cette partie aussi tur-
bulente qu'ignorante qui fait queue pendant
^plusieurs heures pour pouvoir occuper le par-
kerre, c'est-à-dire les derniers rangs des fau-
teuils d'orchestre auxquels on est admis sans
billets. Le scandale n'a pas d'excuse quand
̃même les décisions du jury donnent matière à
contestation, à plus forte raison n'en a t-il pas
'quand la justice de ces décisions est évidente;
«'était précisément le cas cette année-ci pour
le concours de chant je le prouverai tout à
il'heure.
Sans doute Auber a été le premier coupable
imais je regrette de le dire, M. A. Thomas mar-
che trop bien sur ses traces. Quand les applau-
dissements dépassaiont une certaine mesure,
,Auber les arrêtait d'un coup de sonnette; M. A.
Thomas laisse tranquillement le public faire
;dos"ovations aux concurrents, aussi bruyantes,
aussi prolongées et aussi ridicules qsi'il lui
dans la lutte entre leur ancien protégé, Abd-ur-
Rhaman, et son heureux rival les troupes bri-
tanniques se bornerpnt à se concentrer à Quet-
tah pour protéger la route de l'Inde etmainte-
nir l'ordre sur la frontière de l'Afghanistan.
Les élections pour le renouvellement des
conseils municipaux de l'Alsace-Lorraine ont
eu lieu le 30 et le 31 juillet. A Metz, l'adminis-
trstion avait sectionné la ville dans l'espoir de
diviser le camp antiallemand et de faire pas-
ser, grâce à ces divisions et à ce morcellement,
un grand nombre de candidats non indigènes,
immigrés depuis 1870. Cette manœuvre a
échoué. Sur trente-deux candidats présentés
par eux dans les conditions les plus favorables,
les immigrés n'en ont pu faire passer que deux.
Le parti indigène, messin, antiallemand, a fait
triompher vingt-six de ses candidats. Il y a
quatre ballottages. Le résultat des électionsde.
Metz prouve que les habitants de cette ville
sont restés fidèles à leur sentiment passé.
♦
Dip~CHES L R PHI üBS
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
Des correspondants particuliers du Temp».
Hendaye, 1« août, Il h., matin.
Il est complètement inexact que le cabinet es-
pagnol ait envoyé une note protestant contre l'in-
vasion du consulat espagnol par les troupes fran-
çaises à Sfax; car hier le gouvernement de Ma-
drid attendait encore les explications demandées
par lui au sujet de ce fait, au consul général d'Es-
pagne à Tunis.
L'amiral Jaurès est arrivé à Hendaye par l'ex-
press de Madrid.
M. Sagasta est à Saint-Jean-de-Luz avec sa fa-
mille et part ce soir pour Madrid et la Granja,
afin d'assister au conseil qui sera tenu avant le
départ du roi pour le Ferrol.
Vienne, 1« août, 1 h. après-midi.
Le journal officiel publie le programme du
voyage de l'empereur duns le Tyrol. Ce voyage
aura un caractère officiel. Il y aura des revues et
réception des autorités civiles dans toutes les
villes. L'empereur visitera les travaux du chemin
de fer de l'Arlberg.
AFFAIRES DE TUNISIE
Nous recevons de notre correspondant particu-
lier la dépêche suivante
Tunis, 31 juillet, 10 h. matin.
L'escade, composée dé six vaisseaux cuirasses
le vaisseau le Colbert, ayant à bord le vice-amiral
Garnault, commandant l'escadre; le Friedland, le
Trident, ayant à bord le contre-amiral Martin le
Marengo et les frégates la Revanche et la Sur-
veillante, mouille sur la rade de la Goulette en
ce moment.
L'aviso Desaix accompagne l'amiral, qui a laissé
sa frégate à So use.
A midi, M. Roustan s'est rendu à bord du Col-
bert. Le transport Algésiras est également arrivé
avec 1,250 hommes.
On apprend que les maraudeurs, en se retirant,
ont passé par Zaghouari et ont pillé divers douars.
Ils ont fait rétrograder des recrues que des
chaouchs condisaient à Tunis et qui étaient desti-
nées au camp en fbrmatîQH>:Si-Mrabet, le gouver-
neur de Kérouan, a été menacé par les rebelles, qui
ont ramené des soldats déserteurs qu'il renvoyait
â Tunis.
+ • i.
L'INSURRECTION ALGÉRIENNE
Nous recevons de notre correspondant particu-
lier la dépêche suivante
Saïda, 31 juillet, 1 h. 40, soir.
̃ Des renseignements nombreux, parvenus dans ces
derniers jours, s'accordent à dire que les dissi-
dents manquent de vivres, et que la discorde rè-
gne parmi eux. Les fractions des Harrar de Fren-
da, qui «.valent fait défection lors de la première
incursion de Bou-Amema vers le nord, veulent
aujourd'hui l'abandonner et faire leur soumission.
C'est sur la nouvelle de ces disposition qu'une co-
lonne volante, sous le commandement de M. La-
font, est partie de Géryville dans la direction du
sud-ouest afin de tendre la main aux Harrar re-
pentants, et de favoriser leur rentrée.
Bou-Amema, prévenu, a immédiatement forcé
les Harrar à s'enfoncer plus avant dans l'ouest, du
côté de Tiout et de Moghar. Une dizaine de tentes
des Harrar sont parvenues à s'échapper, et on an-
nonce leur retour prochain sur leur territoire.
On est aujourd'hui certain que Bou-Amema est
parvenu à réconcilier les Rzaïna avec les Trafi.
Après avoir quitté son campement de Mécheria,
il a poursuivi sa route dans la direction de Mo-
ghar.
La colonne Lafont a razzié quelques silos (maga-
sinssouterrains de céréales) dans samarche sur Aïn-
el-Orak. Elle s'est ensuite dirigée sur Ksar-Keragda,
situé entre Aïn-el-Orak et Rassoul, où elle a- en-
core razzié quelques silos. Sur sa route elle a reçu
la soumission des habitants de Stitten-Ksar, situé
au nord-est de Géryville, lesquels avaient envoyé
une députation à cet effet.
En somme, la situation de Bou-Amema semble
plaît. Quoi d'étonnant alors si le public, après
avoir exercé librement le droit de juger en
première instance et « d'éclairer le jury », com-
me disait Auber, proteste à sa manière contre
les décisions de ce jury? Les admonestations
tardives de M. A. Thomas sont nulles et non
avenues, puisque le public recommence immé-
diatement après. Si 1 on continue ainsi, on ar-
rivera forcément à faire tous les concours à
huis clos, comme on fait pour ceux d'or-
ue, de harpe, de contrebasse, de solfège,
d'harmonie; d'étude du clavier et d'autres.
Assurément, M. A. Thomas pourrait interve-
nir de son autorité; je n'ai pas à lui dire ce
qu'il aurait à faire. Il y a d'ailleurs différents
moyens; je n'en indiquerai qu'un seul c'est de
supprimer les places de parterre etde n'admet-
tre que les personnes munies de billets. Cela se
fait pour les exercices publics et pour l'audi-
tion des envois de Rome, pourquoi pas aussi
pour les concours? Ce serait un moyen très sim-
ple d'avoir un auditoire qui se conduisît avec
la convenance et la décence méconnues de plus
en plus.
Toutes les personnes qui, pour une raison
ou une autre sont obligées d'assister aux
concours publics, voient en approcher l'époque
avec un effroi dont on peut difficilement se
faire une idée si on n'a pas été dans le cas
de l'éprouver. Les concours les plus redou-
tés sont ceux de chant, d'opéra-comique, de co-
médie, de piano et de violon. Cette année-ci,
les chaleurs torrides du mois de juillet ont été
particulièrement inquiétantes; elles ont été
moindres depuis une quinzaine de jours; la dif-
férence cependant n'a pas été très sensible au
Conservatoire, quand la salle était comble,
parce que les couloirs eux-mêmes étaient enva-
his on était obligé de tenir les portes herméti-
quement fermées pour éviter d'être troublé
par le bruit des allants et des venants. Aussi le
mot d'étuve n'est-il pas trop fort, en pareil cas,
pour la bonbonnière du Conservatoire. La si-
tuation des membres du jury eux-mêmes n'est
pas beaucoup meilleure que celle du public,
parce qu'ils sont obligés de donner le bon exem-
ple en ne quittant pas leur place.
Il ne serait cependant pas difficile d'éviter un
encombrement qui rend les concours très fati-
gants et menace même souvent de dégénérer en
désordre. La première mesure à prendre se-
rait de n'admettre qu'un nombre raisonnable
d'auditeurs et de maintenir libres les abords de
la salle; en même temps on ménagerait des
moyens de ventifètîofl, nullement impratica-
bles malgré la dônêtrastlon défectueuse de la
critique, et on peut considérer son rôle comme
très prochainement terminé si Si-Sliman et Kad-
dour-ben-Hamza ne lui rendent pas, en entrant en
ligne, les forces qu'il a perdues, Vous pouvez te-
nir pour authentiiues les renseignements qui pré-
cèdent.
La colonne du général Colonieu ne partira pas de
Sfid pour Mécheria avant mercredi ou jeudi. Ce
retard a été occasionné par les difficultés qui ont
entravé la formation du convoi. Les 2,000 cha-
meaux réquisitionnés chez les Harrar ont été four-
nis, à trois ou quatre cents prés, et sont arri-
vés au camp. Mais les convoyeurs font
preuve d'un mauvais vouloir contre lequel
il est difficile de réagir. Il convient de dire que
les retards apportés jusqu'à présent au règlement
des sommes convenues pour le prix des réquisi-
tions, ne sont pas faits pour encourager les indi-
gènes à en fournir de nouvelles. Aujourd'hui des
ordres sévères ont été donnés, enjoignant de payer
promptement les sommes dues aux indigènes con-
voyeurs.
Ce qui augmente encore la difficulté de former
des convois, c'est que les réquisitions s'adressent
à la fois à des tribus du territoire militaire et du
territoire civil. De là résultent des complications,
des entrecroisements d'ordres contradictoires d'au-
tant plus sensibles que les autorités militaires
et les autorités civiles n'agissent pas toujours d'a-
près les même instructions et dans les mêmes
idées.
Je terminerai par quelques observations au su-
jet du service postal. Le bureau de poste-de Saïda
est excédé de besogne. Son personnel est insuffi-
saut pour pourvoir au service de la correspon-
dance des colonnes. Des plaintes nombreuses sont
adressées par tous les chejfs de corps au sujet de
lettres qui ne parviennent pas ou arrivent avec
un retard excessif.
Déjà en Tunisie, le service des postes était dé-
fectueux au possible. Il en sera de même en Algé-
rie si le ministre n'y pourvoit pas. Il serait néces-
saire, je crois, de créer soit à Oran soit à Saïda,
pour y centraliser toutes les lettres à destination
des diverses colonnes, un bureau spécial qui se-
rait tenu au courant des positions et des mouve-
ments de celles-ci. Tous les officiers que je ren-
contre me prient de me faire l'organe de leurs
plaintes à cet égard.
̃•' » .>•.̃
Le comité central royaliste qui siège impasse
de la Visitation, sous la présidence du duc de
Bisaccia, vient de faire un appel de fonds en
vue de prêter secours aux candidatures légiti-
mistes sur tous les points du territoire. Dans la
communication adressée, à cet effet, aux jour-
naux de droite par le comité, il est dit que l'o-
pinion publique s'est sensiblement éloignée des
candidatures républicaines, que le gouverne-
ment « va porter la peine des périls qu'il a mé-
thodiquement accumulés. ». En conséquence, les
candidatures royalistes qui se produisent, de
toutes parts, ont des chances assurées de réus-
site, si le parti veut bien faire qualque effort
pécuniairo en leur faveur.
Le comité de l'impasse de la Visitation est
donc rempli de confiance, ou tout au moins il
affecte de l'être. A la vérité il lui serait diffi-
cile de le prendre sur un autre ton; car c'est
un procédé élémentaire, chaiue fois qu'il s'a-
git d'un appel de fonds, de déclarer assurée la
réussite de l'entreprise, qu'il s'agisse d'une en-
treprise électorale ou d'une entreprise finan-
cière. On ne comprendrait pas, en quelque ma-
tière que ce soit, un appel aux capitaux accom-
pagné de cette déclaration qu'il n'y a aucune
chance de succès. Doncfle comité Bisaccia rie
pouvait faire autrement, dans l'intérêt de la
caisse électorale, que de témoigner une abso-
lue confiance dans le résultat des élections.
Malheureusement pour le comité, cette confian-
ce est loin d'être générale parmi les monar-
chistes. Il règne, au contraire, chez ceux-ci
un découragement qu'on ne prend même point
la peine de dissimuler. Les organes les plus au-
torisés des partis de droite n'hésitent pas à
reconnaître, comme le disait hier l'un des
plus importants, que «jamais' le -parti conser-
vateur ne s'est encore présenté devant les élec-
teurs dans des conditions plus défavorables ».
On 'sait ce qu'il faut entendre par cet euphé-
misme le parti conservateur; c'est, à propre-
ment parler, de l'ensemble des partis hostiles
à la République qu'il s'agit.
Cette même pensée sur les conditions défavo-
rables pour les monarchistes de la lutte électo-
rale actuelle se retrouve à peu près partout,
même dans Y Univers qui fait déjà son deuil de
l'insuccès plus que probable des légitimistes en
disant « La France n'a montré un peu de vi-
gueur et de sons politique qu'en 1871, au jour
des élections. Cet effort ayant fini par un avor-
tement, le parti républicain l'a définitivement
emporté et nous ne sommes pas au bout. » Le
Soleil, non moins désillusionné sur le résultat
des éleections pour les monarchistes, s'écrie
« Ah si le parti conservateur savait profiter
de la situation 1 Mais où est le chef? où est 1 ar-
mée? nous n'apercevons toujours que des tirail-
leurs isolés. » C'est partout la même note, la
salle. Une autre mesure non moins urgente se-
rait de réduire le nombre des concurrents.
Dans l'état actuel des choses, les élèves concou-
rent selon leur bon plaisir; du moins il en
semble ainsi, par les exhibitions vraiment dé-
plorables auxquelles nous assistons parfois.
Par exemple, on sait qu'au concours de piano,
les trois classes de femmes fournissent toujours
plus de trente élèves, tandis que les deux clas-
ses d'hommes ne donnent que la moitié de ce
chiffre.
Cette année-ci, trente-deux femmes ont con-
couru trente-quatre s'étaient fait inscrire. Un
professeur avait fait concourir toute sa classe,
an nombre de treize élèves; supposons que
chacune des trois classes de femmes en compte
autant, cela fait un total de trente-neuf; le
nombre des femmes qui n'ont pas eu la préten-
tion de concourir était donc bien faible. A quoi
servent les examens préparatoires si on laisse
concourir tout le monde? Ces observations s'ap-
pliquent aussi aux concours de violon, de chant
et d'opéra-comique. Ceux d'opéra-comique sont
particulièrement fatigants; il faudrait d'abord
réduire le nombre des concurrents, et en suite
introduire deux autres améliorations. Parfois
deux élèves concourent à la fois, en choisis-
sant des scènes a ppropriées à ce double em-
ploi pourquoi n'appliquerait-on pas ce système
sur une plus grande échelle?
Les concours seraient moins longs etles con-
currents n'y perdraient rien. Il faudrait aussi
élaguer les longueurs fastidieuses que les scè-
nes choisies par les élèves offrent parfois. Enfin
puisqu'il y a un concours spécial pour le chant
et que les concours d'opéra-comique et d'opéra
concernent principalement le dialogue et le
jeu scénique, pourquoi, par exemple, une
élève vient-elle débiter au concours d'opéra-co-
mique la cavatine du Barbier de Rossini ? Je
mets à peu près sur la même ligne l'air de
l'ombre dansle Pardon dé Ploërmel, œiï n'offre
que des difficultés de chant; une simple écolière
peut sans grand'peine réussir à jouer cette
scène convenablement. Aussi après l'air de
l'Ombre, les concurrentes ajoutent-elles le duo
final du troisième acte.
Huit élèves s'étaient présentés au concours
d'opéra à l'exception de deux, chacun s'était
contenté d'une seule scène on n'en a pas moins
pu les juger suffisamment. Il ne faut pas ou-
blier que dans l'opéra-comique le jeu a
plus d'importance que dans le grand opéra;
mais il n'en résulte pas moins des observa-
tions qui précèdent, qu'on pourrait aisément
réduire la durée des concours d'opéra-comique
~t;
même désespérance. Les monarchistes, ceux
du moins qui n'ont pas à faire d'appel de fonds `
et qui peuvent dire ce qu'ils pensent de la situa-
tipn, vont aux élections comme à une défaite
certaine et avec la certitude que la droite, loin
de gagner des sièges, en perdra et beaucoup.
Comment, d'ailleurs, 'des 'hommes tant soit
peu attentifs à la marche des événements et
aux mouvements de l'opinion, pourraient-ils se
faire la moindre illusion sur le résultat des
élections pour les partis monarchiques? En oc-
tobre 1877, une méprise était possible. La lutte
se trouvait engagée entre le parti républicain
et le parti conservateur dans des conditions en
apparence particulièrement favorables à ce
dernier. Celui-ci disposait de toute l'action gou-
vernementale, et on sait quel abus il en a fait.
Cela n'a pas empêché sa défaite. Cette défaite
s'est accusée de plus en plus dans toutes les
élections partielles de ces quatre dernières an-
nées. Quelle raison y aurait-il, aujourd'hui, de
s'attendre à un arrêt de ce mouvement si ma-
nifeste, si constant du pays dans le sens répu-
blicain ? La tranquillité publique est absolue,
nos finances sont prospères, l'activité indus-
trielle et commerciale n'a jamais été plus
grande. Nous avons fait des pas très notables
dans la voie de la liberté, pourquoi donc
la nation se détournerait elle des institu-
tions qui lui ont donné le calme et la pros-
périté, pour rouvrir l'ère des révolutions
en se jetant dans les bras dès royalistes,si sou-
vent désavoués par elle, ou dans ceux des im-
périalistes, lesquels ne forment même plus un
parti? Tous les monarchistes éclairés se ren-
dent compte de cet état de choses. Ils entre-
voient le coup décisif que les élections du
21 août vont porter aux espérances monarchi-
ques. Seul le comité de l'impasse de la Visita-
tion, conserve encore quelques illusions mais,
coifimo nous l'indiquions plus haut, il s'agit
d'un appel de fonds et, en pareil cas, on est
toujours bien obligé de crier Suivez la foule 1
suivez la foule! alors même qu'on sait que la
foule ne doit pas venir.
Le Napoléon publie ce matin, une lettre du
prince Napoléon et le programme électoral
d'un « comité révisionniste napoléonien for-
mé sous le patronage du prince. La lettre affir-
me que le peuple doit nommer son chef; le
programme, qu'il doit aussi nommer les séna-
teurs. Par conséquent, la plate-forme électo-
rale du 21 août doit être Revision. Le prince
Napoléon fait appel, dans ce but, à l'union de
« tous les enfants de la Révolution », pendant
que le comité dénonce auxdits enfants les vices
de notre régime constitutionnel. Ces vices se'
résument, pour les révisionnistes napoléoniens,
dans un seul la forme républicaine, et il
est à croire que, si on pouvait le guérir de
celui-là, on le tiendrait volontiers quitte de
tous les autres; malheureusement pour le prin-
ce et ses amis, rien de moins aisé; aussi, ne
pouvant violer la Constitution, dont ils ne sont
plus comme en 1851 les gardiens, ils essaient
de la tourner; ils lui demandent des armes
contre elle-même, en poussant à bout le prin-
cipe démocratique qui en est le point de départ
nécessaire. La République repose sur le suffra-
ge universel, donc il faut que le chef de l'Etat
soit nommé par le suffrage universel comme en
.1848 à ce compte, il faudrait que tous les fonc-
tionnaires, tous les employés de l'Etat, en haut
et en bas, fussent désignés à l'élection. Il est
certain que «. les révolutionnaires » dont le
prince Napoléon sollicite les suffrages
trouveraient une entière satisfaction dans
cet ordre d'idées mais la France est-elle
révolutionnaire? Veut-elle renverser la Répu-
blique qu'elle a pour en édifier une autre qui,
en dépit de toutes les habiletés de langage, ne
serait autre que l'empire avec son cortège de
folies et de désastres? La revision napoléo-
nienne, ce serait fatalement le coup d'Etat, la
compression, lo silence, la fantaisie et l'aveu-
glement d'un seul, finalement la catastrophe de
tous. L'expérience a été faite deux fois, et le ré-
sultat en a été deux fois le même la France
perdue par la prétendue grandeur du premier
empire, l'a été par la fausse prospérité du se-
cond il n'en pouvait et il n'en peut être autre-
ment avec un système qui n'invoque la souve-
raineté nationale que pour la supprimer et le
suffrage universel que pour le corrompre. Le
meilleur des hommes, avec de pareilles institu-
tions, serait en dépit de lui-même le pire des
princes. Aussi la révision que le comité napo-
léonien propose aux « enfants de la Révolu-
tion » serait-elle désastreuse, si elle n'était pas
ridicule. Heureusement, les électeurs peuvent
se rassurer. L'orage plébiscitaire que l'héritier
des Napoléon leur fait l'honneur de déchaîner
ne sera pas autre chose qu'une tempête dans
un verre d'eau.
et les rendre en même temps plus utiles en s'oc-
cupant principalement du dialogue et de scènes
où le jeu offre des difficultés réelles.
Passons maintenant en revue les concurrentes
selon leurs qualités et leurs défauts. En tête il
faut placer Mlle Jacob (premier prix de chant
et d'opéra-comique); sa vocalisation est parfois
molle, son trille n'est guère qu'un chevrote-
ment, mais elle a fort agréablement dit quel-
ques scènes de Mireille. Mme Delaunay a eu
d'emblée un premier prix de chant et un second
prix d'opéra-comique c'est elle qui a chanté la
cavatine et le duo du Barbier; sa vocalisation
vaut celle de Mlle Jacob; elle a eu beaucoup
de bonheur.
Mlle Fincken s'est bravement présentée aux
trois concours. Comme elle avait eu l'année
dernière un premier accessit de chant, on a
trouvé qu'elle n'avait pas fait assez de progrès,
mais on lui a donné un premier prix d'opéra-
comique et un premier accessit d'opéra. Les
scènes de Mireille, qu'elle a dites, n'appar-
tiennent pas à l'opéra-comique, mais au mé-
lodrame les manières brutales du toucheur de
bœufs et surtout du père de Mireille sont
même fort choquantes. Mlle Fincken a dit
son rôle avec beaucoup de distinction et de sen-
timent elle a moins réussi dans la scène de l'é-
glise et le trio de la prison de Faust, où elle a
u surmener sa voix pour les grands effets
dramatiques; elle est faite pour Topérà-comi-
,que.
C'est Mlle Lureau qui a été l'objet des ova-
tions les plus frénétiques 'du public et la cause
involontaire du scandale dont j'ai parlé. Elle a
chanté la grande scène du quatrième acte
ù'Hamlet; elle a bien dit certaines parties, elle
a été moins heureuse dans d'autres; il y avait
par exemple des traits faits mollement et une
gamme chromatique telle qu'on en produit en
glissant avec un doigt sur une corde de violon;
le jury a largement fait les choses en [décernant
d'emblée un second prix à une élève qui se pré-
sentait pour la première fois aux concours pu-
blics. Mlle Lureau s'était fait inscrire aussi
pour le concours d'opéra-comique; mais on
prétend qu'une indisposition l'a retenue chez
elle.
Mlle Remy (second prix de chant et d'opéra-
comique) a dit l'air du Concert à la cour,
air maniéré, minaudier et offrant un succès
trop facile. Elle a convenablement joué quel-
ques scènes des Noces de Jeannette; elle de-
vrait s'appliquer surtout à articuler plus dis-
tinctement les paroles en chantant.
Sa vocalisation vaut celle de la plupart des
LES ARMÉES ÉTRANGÈRES
Nous voulons espérer que notre réorganisation
militaire ne restera pas en arrière. Ce qui est cer-
tain c'est que, dans toutes les armées étrangères,
les réformes sont à l'ordre du jour.
L'Angleterre, si peu portée aux dépenses de
guerre, entre à son tour dans la voie où l'Allema-
gne a précédé tous les autres pays et, simultané-
ment, quoique dans des proportions bien différen-
tes, on signale une augmentation des effectifs des
deux armées.
I. Les augmentations d'effectif en Allemagne.
On sait que, par la loi du 6 mai 1880, la création
de nouveaux corps de troupe a été ordonnée dans
l'armée allemande. Cette organisation est à pré-
sent terminée. A jour fixe, au 1er avril, la loi a re-
çu son exécution, tous les détails ayant été réglés
à l'avance avec un soin minutieux.
Les nouvelles formations comprennent onze ré-
giments d'infanterie, ainsi qu'un bataillon destiné
au régiment grand-ducal hessois no 116, qui n'en
avait jusqu'à présent que deux.
La Prusse et les Etats administrés par le minis-
tère de la guerre prussien ont formé huit de ces
régiments, ainsi que le 3» bataillon du 116° la
Saxe en a formé deux et la Bavière un seul. Le
Wurtemberg s'est contenté d'augmenter légère-
ment l'effectif de ses corps existants.
Les régiments nouveaux ont été constitués au
moyen de compagnies prises aux corps de troupe
anciens. Chacun des régiments de la Prusse et des
petits Etats, à l'exception de ceux de la garde et du
15e corps (Alsace-Lorraine), a fourni une compa-
gnie. Le nombre total des compagnies à céder était
de 96 (8 régiments à 12 compagnies).
Les douze compagnies de chaque nouveau régi-
ment ont été prises dans les huit régiments d'un
même corps et dans les quatre régiments de l'une
des divisions d'un autre corps d'armée. Tous ces
régiments ayant le même effectif de paix, 137
hommes, ont donc fourni des compagnies de mê-
me composition qui, par leur groupement, ont
constitué des régiments nouveaux identiques aux
anciens.
La méthode employée a eu pour résultat de ré-
unir, dans les nouveaux régiments, des éléments
appartenant autant que possible aux mêmes pro-
vinces et d'assurer ainsi, dès l'abord et en atten-
dant des mesures définitives, une certaine unité
de recrutement.
Un tirage au sort, effectué à Berlin dans les der-
niers jours de mars, a désigné les compagnies à
céder, en sorte que les chefs de corps ont ignoré
jusqu'au dernier moment le numéro de la compa-
gnie qui devait les quitter. Les compagnies sont
parties avec tous leurs sous-officiers et aides de
lazaret, mais sans leurs officiers.
Pendant que les compagnies cédées rejoignaient
leurs nouveaux corps, les anciens régiments re-
constituaient un douzième compagnie, au moyen
d'éléments pris aux onze autres.
Cette formation ne présentait aucune difficulté.
Lqs cadres ont été choisis dans l'ensemble du ré-
giment les corps, prévenus depuis longtemps,
avaient eu le temps de former le nombre de sous-
officiers nécessaire.
Les hommes ont été fournis parles onze compa-
gnies anciennes, en nombre proportionnel à cha-
que classe d'âge.
Grâce à la prévoyance avec laquelle tous les dé-
tails de ces créations avaient été réglés, dit la
Revue de l'Etranger, à laquelle nous empruntons
ces informations, l'Allemagne a formé au jourdit,
sans à coup, sans secousse, sans perte de temps
pour l'instruction de ses troupes, trente-quatre
nouveaux bataillons d'infanterie.
L'infanterie allemande comprend donc actuelle-
ment, au lieu de 149, 161 régiments à trois ba-
taillons, savoir
9 régiments de la garde royale prussienne
114 régiments prussiens ou administrés par la
Prusse;
11 régiments saxons; i
8 régiments wurtembergeois;
19 régiments bavarois.
161 régiments.
De ces régiments, onze sont à effectifs renforcés
ce sont les cinq vieux régiments de la garde en
garnison à Berlin et les régiments d'infanterie qui
sont en Alsace-Lorraine. Leur effectif est de 2150
hommes environ. Les autres régiments prussiens
ont l'effectif normal de 1,758 hommes, soit 137 par
compagnie. Quatre régiments de la garde ont un
effectif moyen entre l'effectif ordinaire et l'effec-
tif renforcé.
L'effectif total de l'infanterie allemande, y com-
pris les chasseurs à pied, se trouve ainsi porté à
301,825 hommes, ce qui représente G7 0/0 de l'ef-
fectif de paix de toute l'armée.
L'augmentation réalisée depuis le ï<* avril, en
vertu de la loi du6mai 1880, est de 19,740 hommes.
+
LETTRES DE E TUNISIE;
'.̃•̃ (D'un correspondant spécial.)
Gabôs, le 24 juillet.
Le signal de l'appareillage ayant été donné hier à
quatre heures et demie du soir, par le vice-amiral
commandant en chef l'escadre de la Méditerranée,
la division du Levant, les quatre canonnières et
l'aviso le Voltigeur, sont arrivés ce matin, vers
cinq heures, devant le magnifique groupe d'oasis
qui porte le nom générique de Gabès.
élèves du Conservatoire. Mlle Mansour a eu
un second prix de chant et un premier accessit
d'opéra elle devait se présenter aussi au con-
cours d'opéra-comique, mais elle s'est trou-
vée malade. Son principal défaut, c'est
une prononciation tout à lait négligée; dans
l'air des Huguenots, elle altérait les voyelles
sans y prendre garde; dans la ballade et l'air de
Faust aussi, elle prononçait cisalé (ciselé) un
grond sagnor (un grand seigneur), et le
reste à l'avenant. Mlle Merguillier a paru seu-
lement au concours d'opéra-comique elle a
dit l'air de V Ombre et le duo final du Pardon
de Ploërmel. Sa voix agréable, quoique claire
et mince, offre quelque analogie avec celle de
Mme Cabel. Par exemple, Mme Cabel commen-
çait ainsi le rôle de Dinorah Bellêh, mê chè-
vre chérie 1 Mlle Merguillier a convenablement
joué les deux scènes du Pardon; sa voca-
lisation est souvent trop superficielle, et elle
compte trop sur le mi bémol suraigu. Ce n'est
pas un son musical; si elle veut savoir ce qu'il
vaut, qu'elle lise la dernière page du volume
A travers champs, de Berlioz.
Mlle Hall a eu un second prix d'opéra et un
premier accessit de chant; elle a une bonne
voix et des qualités naturelles,' mais l'éduca-
tion vocale est insuffisante et la prononciation
des paroles françaises est détestable.
Si Mlle Hall persiste à chercher à arrondir
sa voix comme elle le fait, elle la ruinera en
peu d'années; le chevrotement fait même déjà
des apparitions. Dans l'air de Nornia comme
dans les scènes du Trouvère, j'ai noté un bon
nombre d'exemples de prononciation; en voici
quelques-uns rian (rien), duvuna (divine), ju
tamplora (je t'implore), mémo (même) peino
(peine). Voilà de quoi enseigner amplement le
moyen de se faire une voix plus grosse qu'elle
ne l'est par elle-même remplacez i par u, é
ou è par a, a par o; Ve muet ou eu par a et en
grossissant davantage le son par o.
J'ai dit dans mon dernier feuilleton encore
qu'un des moyens les plus simples et les plus
efficaces d'une bonne émission et de la conser-
vation de la voix c'est une prononciation cor-
recte des paroles; il y a certainement au Con-
servatoire une foule de gens qui ne s'en dou-
tent pas.
Mlle Pierron (premier accessit de chant et
second accessit d'opéra-comique) a une très
bonne voix, mais une éducation vocale très
négligée. A en juger par la manière dont elle
a dit le dialogue dans des scènes des Voitures
versées, elle a d'excellentes dispositions com-
me comédienne, seulement elle tait trop s.entir
Aucune troupe de ligne n'est à bord des navires,
le colonel Jamais ayant déclaré qu'il n'avait pas
trop de monde pour garantir de toute insulte la
place dont il a pris le commandement supérieur,
en vertu d'une lettre spéciale.
Trois navires de guerre ont été laissés en obser-
vation devant Sfax ce sont le Terrible, la Pique
et l'Aima.
Le petit port dans lequel nous venons de jeter:
l'ancre est situé, vous le savez, à l'embouchure de
l'Oued-Gabès, dont le cours n'a que quelques kilo-
mètres. Sur les deux bras de cet oued sont con-
struits avec des débris de blocs antiques, des vil-
lages agglomérés, dont les principaux sont ceux
de Djara, Mentzel, Menara, Metrech et Chenennl.-
Placé à la lisière occidentale de la plus grande
des oasis de Gabès, le premier des villages cités est
la chef-lieu de cette partie de la Tunisie qui porte
le nom d'Outhan de l'Arad. Il fait partie du soff
des Beni-Zid, dont une fraction prétend avoir une
origine française. Nous n'y apercevons aucune
trace de fortification.
Le second village, celui de Mentzel, est défendu
par un fortin où flotte le drapeau vert du Prophè-
te. Un autre fortin nous apparaît par-dessus la ter-
rasse de l'hôtel du gouverneur, assez rapproché
même de cet hôtel, qui est situé entre Mentzel et
Djara.
Vers six heures du matin, le Léopard ouvre le
feu contre un fort rassemblement d'insurgés qui,
sortis tout à coup de l'oasis, paraissent vouloir
s'opposer au débarquement. Un obus de 14, tombé'
au milieu d'un groupe compact, doit en avoir
abattu plusieurs si nous en jugeons par le désar-
roi qui se produit parmi les hommes et les che-
vaux.
Les navires de l'escadre les plus rapprochés lan-
cent alors quelques projectiles sur des goums as-
sez nombreux qui traversent la plaine au galop
Pendant ce temps-là, les compagnies de débar-
quement étant, descendues dans les chalands et
les canots-tambours, par une mer houleuse, notre
pavillon flotte bientôt sur l'hôtel du gouverneur,'
qui n'oppose pas de résistance sérieuse.
Seul, le fortin de Mentzel fait feu de ses pièces
sur nos marins; mais il est rapidement enlevé
d'assaut. Quarante Arabes y sont faits prisonniers,
après qu'ils ont prudemment jeté leurs armes. On
les dirige vers la plage sous l'escorte de fusiliers
marins.
Près de l'embouchure de l'Oued-Gabès, les re-
belles ont mis en batterie deux pièces de canon,.
qui sont prestement enlevées par-ies marins du'
Léopard, avant même qu'elles aient pu faire feu.
Je doute que notre flotte puisse rester longtemps
mouillée dans ce port, qui n'est guère accessible
qu'aux felouques des indigènes, et dont l'entrée
est même dangereuse pour elles par les gros
temps.
L'aviso le Voltigeur allant partir dans quelques
Instants avec les dépêches officielles, je suis obli-
gé de clore ici ma correspondance.
̃ r- «" • '̃̃̃̃̃> ..̃
TUNISIE
Le ministre de la marine a reçu, par l'intermé-
diaire de M. le vice-amiral Garnault, les rapports
des officiers de marine qui ont été charges da
détails particuliers lors de la prise de Sfax; le
Journal officiel, en réunissant ces rapports, donne
une vue d'ensemble de l'opération à laquelle il ne
manquera, pour être complète, que lexposé de
l'action des troupes de terre
Malgré l'Irrégularité de son enceinte, Sfax a, en ré-
sumé, la forme d'un, carré placé presque à toucher la
mer, au sommet d'un angle de la plage juste au point
où le lais de basse mer a le moins d'étendue. Dans le
sud-est de la ville, les bâtiments français semblaient,
groupés, bien qu'ils fussent séparés en raison de leur
tirant d'eau. Ainsi, les cinq canonnières avaient mouillé
par les fonds de 3 mètres; les trois cuirassés de
deuxième rang de la division dû Levant, la Sarthe et
le Dèsaix étaient par les fonds de 7 mètres, l'Inlré-j
pide par ceux de 8 mètres, et les six grands cuirassé4
de l'escadre d'évolutions par ceux de 9 mètres. Nos
premiers bâtiments étaient à. 2,200 mètres de la ville,
les derniers à 6,0 .0.
Les troupes à débarquer, au nombre de 4,000 hom-
mes environ, étaient constituées par les six bataillons
du 92° et du 136= de ligne, aux ordres du colonel Ja-
mais, et les compagnies de débarquement accompa-
gnées de leur artillerie légère organisée en trois bat-,
teries de pièces de 65 millimètres.
Les embarcations des navires et quelques barques du
pays ou mahonnes, que l'on avait réquisitionnées, per-
mettaient de mettre à terre à la fois 3,000 hommes,
dont 1,600 marins et 1,400 soldats, en résidence, les uns'
sur l'Intrépide, les autres sur la Sarthe; les hommes
d'infanterie restés sur ces grands transports devaient
être débarqués par les embarcations devenues libres.:
L'amiral avait à se préoccuper de garantir l'ordre,-
la rapidité et la sécurité du débarquement, de façonf
qu'une fois à terre les troupes, immédiatement for4
mées, pussent, sous le commandement général du col
lonel Jamais, accomplir chacune l'objectif assigné.
Les fonds croissant très lentement, il n'y avait qu'ui*
point où les embarcations pouvaient approcher la pla-r
ge partout ailleurs elles s'échouaient; et ce point était
exposé aux feux de la ville. Aussi l'amiral avait or*
donné la préparation d'une grande jetée flottante, en.1
faisant dégréer et mettre à l'eau les vergues de huno(
des six cuirassés de l'escadre que M. le capitaine dej
frégate Juge; du Marengo, était chargé de conduire 4
terre et d'assembler perpendiculairement à la côte, ce?
qui rapprochait de plus de 100 mètres le point d'accos-
tage.
Les embarcations de trois cuirassés, munies de leur
armement de guerre, devaient flanquer la llottille et
la protéger aussi près de terre que possible parieur»
feux d'infanterie et d'artillerie. On leur avait même
adjoint deux chalands empruntés à la Sarthe et «
l'Intrépide, et portant chacun une grosse pièce. M. la
capitaine de frégate Trillot, du Friedland, comman-
les e muets à la fin des phrases elle en met
même quand il n'y en a pas.
Mlle Durié a eu un premier accessit d'opérâ-r
comique pour avoir joué gracieusement quel-V
ques scènes du Caïd; elle n'a rien eu pour la*
chant; cependant elle vocalise assez bien, mais
elle a fait une vocalise en notes répétées, atta->
quées en dessous et du plus détestable effet, j
Je ne m'arrêterai pas à toutes les autres élô*
ves et j'en ai dit assez pour faire voir les deux
défauts principaux qu on remarque chez les
élèves-femmes. Les unes viennent chanter de
grands airs de bravoure avec une vocalisation
insuffisante ou absolument mauvaise; d'autres
ont une émission vicieuse de la voix, et pari
fois même des voix déjà fatiguées par un tra-r
vail mal fait.
Par exemple, Mlle Figuet est âgée de dix-
neuf ans elle a une bonne voix de mezzo-so-
prano, et c'est la première fois qu'elle a con-
couru mais sa voix est affligée de chevrote-
ment parce qu'elle la force pour obtenir unet
sonorité exagérée; en même temps, elle la
grossit on prononçant par exemple chomps
pour champs et dons ce x>ala pour dans ce pa-
lais.
Mlle Ach est dans le même cas que Mlle Fi-,
guet, seulement chez elle le mal est plus con-'
sidérable. Chez Mlle Haussmann, lo dommage:
n'est pas encore bien sensible. Cette élève a dit
l'air du Freischutz avec une prononciation
mauvaise; il y avait un peu d'accent provincial,:
car Mlle Haussmann est de Mulhouse; mais il y'
avait davantage encore l'altération des voyelles
produite par la tendance de grossir la voix.
Dans les scènes de Mignon, Mlle Haussmann a:
mieux prononcé elle a eu un second accessit
d'opéra-comique. Sa voix est fort belle mais
c'était la troisième fois qu'elle concourait.
Les concours de chant pour les hommes sont
le plus souvent inférieurs à ceux des femmes,
et les ravages des voix sont plus marqués;
nous allons en voir les preuves. Il n'y a eu que
deux premiers prix pour les hommes; un pre-
mier prix d'opéra décerné à Lamarche, et un
premier prix de chant donné à Vernouillet.
Lamarche a eu, en 1879, un premier accessit
de chant; il n'a pu obtenir mieux ni l'an-
née dernière ni cette année. Il a une voix de
ténor d'un timbre éclatant, mais il ne chante
qu'en registre de poitrine dans le duo do.
troisième acte de uobert-le-Diàble, il a néces-
sairement dû substituer aux notes aiguës les
variantes indiquées par Meyerbeer. 11 a une
tendance au timbre nasal; il lui arrive par1
exemple de prononcer jeun pour je et daim.,
MARDI 2 AOUT 1881
1 -J"i. ¿.:
llSt1 ET UNffiME ANNEE. N° 74C6.
ON S'ABONNE AU BUnlÂJj DU JOURNAL. iÇ. RUE DU FAUBOURG-MONTMARTRE. A P ET DANS TOUS LES BUREAUX DE POSTB
PRIX DE L'ABONNEMENT
PARIS .7T.?:.?;1. Trois mois, 14 fr.– Six mois, S8 fr.– Un an, 56 fri
DÉPARTEMENTS.! g* 17 fr. g^ .34 ïh^ 68 fr;,
LES ABONNEMENTS DATENT DÈS 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (départements) SO centimes»
1\ ~'I'~t¡l>
La rédaction ne répond pas des articles communiqués,
et ne se charge pas de les renvoyer.* .̃'̃-
x.w.
BUREAUX 10, rue du Faubourg-Montmartre; PARIS
PRIX DE L'ABONNEMENT
fÂî«s:7ï7T;T: Trois mois, 14 fr.– Six mois, S8 fr-^n an, 56 frj
DÉPARTEMENTS. 1? fr. « 34 fr* 6S fr«
LES ABONNEMENTS DATENT DES ter ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro (à Paris) 1^ centimes^
ANNONCES MM. Laffite, Cerf ET Ce, 8, place de la BourseÇ
(Droit d'insertion réservé à la rédaction.)
BUREAUX 10, ru^irfaubourç-MoEtmartre, PAMS
Les demandes de changements d'adresse doivent
iêtre accompagnées d'une des dernières bandes Im-
primées et du montant des^frais de poste, à rai-
son de nmérô à eg édfer-(changements
>: S centimes par numéro à expêdieHehangementa
̃de Paris pour les départements et rAlsace-Lor-
:rtÿne).
f^centimes par numéro à expédier (changement
fde Paris pour toute l'Europe).
-o=
En FRA NCE en ALGERIE en SUISSE, en
Italie en Belgique, en HOLLANDE, en
SUEDE et NORVEGE et en DANEMARK, on
fabonne sans frais dans tous les bureaux de
poste. Il suffit de verser le montant de l'abonne-
ment, que le bureau de poste se charge de faire
^parvenir à i'A.4ministration du journal, avec
foutes les indications nécessaires.
Sur leur demande, les abonnés
nouveaux recevront tout ce qui a
paru du feuilleton en cours de
publication.
••'̃ PARIS, 1er AOUT
BULLETIN DU JOUR
r M. le ministre des travaux publics vient, à
'exemple des ministres de l'intérieur, des fi-
nances, des postes et des télégraphes, d'adres-
ser aux fonctionnaires de son département une
circulaire pour leur recommander la neutra-
lité dans les élections. Dans cette circulaire,
dont on trouvera le texte, plus loin, M. Sadi
'Carnot dit que «si, comme électeur, chacun
dispose librement de son suffrage suivant sa
conscience, le devoir qui s'impose au fonction-
air est de s'abstenir de toute ingérence dans
tes luttes électorales. »
Nous devons signaler encore trois documents
relatifs aux élections; ils émanent du parti bo-
napartiste et nous les reproduisons plus loin.
• -C'est, d'une part, une lettre de M. Rouher, di-
sant qu'au lendemain de la mort du prince im-
périal il avait conçu la pensée de mettre fin à
isa carrière politique, et annonçant qu'il ne sol.
licite pas de ses électeurs le renouvellement de
ison mandat; d'autre part, le programme élec]
Itoral du comité revisionniste napoléonien, ap-
ipuyé par une lettre du prince Jérôme Napoléon.
Bou-Amema, d'après les renseignements très
iprécis que nous transmet no tre correspondant,
s'est décidément enfoncé dans le Sud, où il at-
tend sans doute les inspirations que le mois sa-
cré du Rhamadan suggérera aux deux chefs de
la puissante tribu des Ouled-Sidi-Cheikh, dont
l'alliance est aujourd'hui pour lui une (question
'de vie ou de mort. Les personnes les mieux in-
formées des affaires du Sud-Oranais ont quel-
ique peine a admettre l'éventualité d'une action
loommune de Si-Kaddour-Ben-Hamza et de Si-
Slimair-ben-Kaddour, divisés par de violen-
̃• !fes rivalités de famille et par le sou-
',venir des cruels traitements que Si-Sliman,
alors allié des Français, infligea ou 1871 aux
• Ifemmes des Ouled-Sidi-Cheikk dissidents, de-
ivenues ses prisonnières à ia suite d'une razzia
Restée célèbre.
Un journal d'Oran rappelle toutefois à ce
propos la réconciliation tout aussi invraisem-
blable qui réunit en 1871, dans une action
commune contre notre domination, les deux
branches tout aussi profondément divisées de
la famille des Mokhrani de la province de
̃Constantine. Devant les infidèles, les musul-
mans savent souvent oublier leurs dissensions
intestines.
Les difficultés qui avaient entravé l'œuvre de
Il lacommissionroyaleduTransvaalparaissentau-
jourd'hui complètement aplanies. Une dépêche
de Prétoria annonce que la convention qui doit
Jrendre auxBoers la libre possession de leur ter-
ritoire a été signée le 30 juillet par les représen-
'tants des Boers et ceux du gouvernement britan-
nique. Les affaires étrangères de la République
*du Transvaal continueront à être placées sous
la surveillance du ministre anglais qui résidera
;à Prétoria. On remarquera l'analogie qui exis-
ite à ce point de vue entre la situation de cet
lagent anglais et celle de notre ministre rési-
,dent en Tunisie.
1 Comme il était aisé de le prévoir, Ayoub-
iKhan n'a plus rencontré aucune résistance sur
la route de Candahar; un de ses généraux a pu
prendre possession de cette ville, en son nom,
.dès le 27 juillet, il est propable qu'Ayoub-Khan
̃ jprdfitera do sa victoire pour marcher immé-
diatement sur Caboul. A en juger par les décla-
îatiaïis assez vagues faites par sir William
fy. Harcourt à la Chambre des communes, le
cabinet anglais n'est pas disposé à intervenir
FEUILLETON DU TEMPS
Êtl AOUT 1881
i-
CRITIQUE MUSICALE
Concours publics ûu Conservatoire Reliant, opéra,
v opèra-comiqùe et piano; réflexions sur les enfants
prodiges.
Les concours du Conservatoire ont lieu tous
les ans dans la même forme, malgré les criti-
ques les plus justes et les plus évidentes aux-
quelles ils donnent lieu. Je ne saurais répéter
toujours les mêmes observations, mais il y en a
qui reviennent forcément. Un des points sur les-
quels je ne cesserai de revenir, c'est que le
'Conservatoire de Paris est, parmi tous les Con-
servatoires du monde le seul où les con-
ours. publics donnent lieu à des scandales qui,
'origine assez récente, se répètent maintenant
ïous les ans. Ils sont très fâcheux pour
'administration de l'établissement, nullement
onorables pour le public, et, sinon hu-
miliants, du moins très blessants pour les mem-
bres du jury, Quand je dis le public, il faut
•entendre principalement cette partie aussi tur-
bulente qu'ignorante qui fait queue pendant
^plusieurs heures pour pouvoir occuper le par-
kerre, c'est-à-dire les derniers rangs des fau-
teuils d'orchestre auxquels on est admis sans
billets. Le scandale n'a pas d'excuse quand
̃même les décisions du jury donnent matière à
contestation, à plus forte raison n'en a t-il pas
'quand la justice de ces décisions est évidente;
«'était précisément le cas cette année-ci pour
le concours de chant je le prouverai tout à
il'heure.
Sans doute Auber a été le premier coupable
imais je regrette de le dire, M. A. Thomas mar-
che trop bien sur ses traces. Quand les applau-
dissements dépassaiont une certaine mesure,
,Auber les arrêtait d'un coup de sonnette; M. A.
Thomas laisse tranquillement le public faire
;dos"ovations aux concurrents, aussi bruyantes,
aussi prolongées et aussi ridicules qsi'il lui
dans la lutte entre leur ancien protégé, Abd-ur-
Rhaman, et son heureux rival les troupes bri-
tanniques se bornerpnt à se concentrer à Quet-
tah pour protéger la route de l'Inde etmainte-
nir l'ordre sur la frontière de l'Afghanistan.
Les élections pour le renouvellement des
conseils municipaux de l'Alsace-Lorraine ont
eu lieu le 30 et le 31 juillet. A Metz, l'adminis-
trstion avait sectionné la ville dans l'espoir de
diviser le camp antiallemand et de faire pas-
ser, grâce à ces divisions et à ce morcellement,
un grand nombre de candidats non indigènes,
immigrés depuis 1870. Cette manœuvre a
échoué. Sur trente-deux candidats présentés
par eux dans les conditions les plus favorables,
les immigrés n'en ont pu faire passer que deux.
Le parti indigène, messin, antiallemand, a fait
triompher vingt-six de ses candidats. Il y a
quatre ballottages. Le résultat des électionsde.
Metz prouve que les habitants de cette ville
sont restés fidèles à leur sentiment passé.
♦
Dip~CHES L R PHI üBS
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
Des correspondants particuliers du Temp».
Hendaye, 1« août, Il h., matin.
Il est complètement inexact que le cabinet es-
pagnol ait envoyé une note protestant contre l'in-
vasion du consulat espagnol par les troupes fran-
çaises à Sfax; car hier le gouvernement de Ma-
drid attendait encore les explications demandées
par lui au sujet de ce fait, au consul général d'Es-
pagne à Tunis.
L'amiral Jaurès est arrivé à Hendaye par l'ex-
press de Madrid.
M. Sagasta est à Saint-Jean-de-Luz avec sa fa-
mille et part ce soir pour Madrid et la Granja,
afin d'assister au conseil qui sera tenu avant le
départ du roi pour le Ferrol.
Vienne, 1« août, 1 h. après-midi.
Le journal officiel publie le programme du
voyage de l'empereur duns le Tyrol. Ce voyage
aura un caractère officiel. Il y aura des revues et
réception des autorités civiles dans toutes les
villes. L'empereur visitera les travaux du chemin
de fer de l'Arlberg.
AFFAIRES DE TUNISIE
Nous recevons de notre correspondant particu-
lier la dépêche suivante
Tunis, 31 juillet, 10 h. matin.
L'escade, composée dé six vaisseaux cuirasses
le vaisseau le Colbert, ayant à bord le vice-amiral
Garnault, commandant l'escadre; le Friedland, le
Trident, ayant à bord le contre-amiral Martin le
Marengo et les frégates la Revanche et la Sur-
veillante, mouille sur la rade de la Goulette en
ce moment.
L'aviso Desaix accompagne l'amiral, qui a laissé
sa frégate à So use.
A midi, M. Roustan s'est rendu à bord du Col-
bert. Le transport Algésiras est également arrivé
avec 1,250 hommes.
On apprend que les maraudeurs, en se retirant,
ont passé par Zaghouari et ont pillé divers douars.
Ils ont fait rétrograder des recrues que des
chaouchs condisaient à Tunis et qui étaient desti-
nées au camp en fbrmatîQH>:Si-Mrabet, le gouver-
neur de Kérouan, a été menacé par les rebelles, qui
ont ramené des soldats déserteurs qu'il renvoyait
â Tunis.
+ • i.
L'INSURRECTION ALGÉRIENNE
Nous recevons de notre correspondant particu-
lier la dépêche suivante
Saïda, 31 juillet, 1 h. 40, soir.
̃ Des renseignements nombreux, parvenus dans ces
derniers jours, s'accordent à dire que les dissi-
dents manquent de vivres, et que la discorde rè-
gne parmi eux. Les fractions des Harrar de Fren-
da, qui «.valent fait défection lors de la première
incursion de Bou-Amema vers le nord, veulent
aujourd'hui l'abandonner et faire leur soumission.
C'est sur la nouvelle de ces disposition qu'une co-
lonne volante, sous le commandement de M. La-
font, est partie de Géryville dans la direction du
sud-ouest afin de tendre la main aux Harrar re-
pentants, et de favoriser leur rentrée.
Bou-Amema, prévenu, a immédiatement forcé
les Harrar à s'enfoncer plus avant dans l'ouest, du
côté de Tiout et de Moghar. Une dizaine de tentes
des Harrar sont parvenues à s'échapper, et on an-
nonce leur retour prochain sur leur territoire.
On est aujourd'hui certain que Bou-Amema est
parvenu à réconcilier les Rzaïna avec les Trafi.
Après avoir quitté son campement de Mécheria,
il a poursuivi sa route dans la direction de Mo-
ghar.
La colonne Lafont a razzié quelques silos (maga-
sinssouterrains de céréales) dans samarche sur Aïn-
el-Orak. Elle s'est ensuite dirigée sur Ksar-Keragda,
situé entre Aïn-el-Orak et Rassoul, où elle a- en-
core razzié quelques silos. Sur sa route elle a reçu
la soumission des habitants de Stitten-Ksar, situé
au nord-est de Géryville, lesquels avaient envoyé
une députation à cet effet.
En somme, la situation de Bou-Amema semble
plaît. Quoi d'étonnant alors si le public, après
avoir exercé librement le droit de juger en
première instance et « d'éclairer le jury », com-
me disait Auber, proteste à sa manière contre
les décisions de ce jury? Les admonestations
tardives de M. A. Thomas sont nulles et non
avenues, puisque le public recommence immé-
diatement après. Si 1 on continue ainsi, on ar-
rivera forcément à faire tous les concours à
huis clos, comme on fait pour ceux d'or-
ue, de harpe, de contrebasse, de solfège,
d'harmonie; d'étude du clavier et d'autres.
Assurément, M. A. Thomas pourrait interve-
nir de son autorité; je n'ai pas à lui dire ce
qu'il aurait à faire. Il y a d'ailleurs différents
moyens; je n'en indiquerai qu'un seul c'est de
supprimer les places de parterre etde n'admet-
tre que les personnes munies de billets. Cela se
fait pour les exercices publics et pour l'audi-
tion des envois de Rome, pourquoi pas aussi
pour les concours? Ce serait un moyen très sim-
ple d'avoir un auditoire qui se conduisît avec
la convenance et la décence méconnues de plus
en plus.
Toutes les personnes qui, pour une raison
ou une autre sont obligées d'assister aux
concours publics, voient en approcher l'époque
avec un effroi dont on peut difficilement se
faire une idée si on n'a pas été dans le cas
de l'éprouver. Les concours les plus redou-
tés sont ceux de chant, d'opéra-comique, de co-
médie, de piano et de violon. Cette année-ci,
les chaleurs torrides du mois de juillet ont été
particulièrement inquiétantes; elles ont été
moindres depuis une quinzaine de jours; la dif-
férence cependant n'a pas été très sensible au
Conservatoire, quand la salle était comble,
parce que les couloirs eux-mêmes étaient enva-
his on était obligé de tenir les portes herméti-
quement fermées pour éviter d'être troublé
par le bruit des allants et des venants. Aussi le
mot d'étuve n'est-il pas trop fort, en pareil cas,
pour la bonbonnière du Conservatoire. La si-
tuation des membres du jury eux-mêmes n'est
pas beaucoup meilleure que celle du public,
parce qu'ils sont obligés de donner le bon exem-
ple en ne quittant pas leur place.
Il ne serait cependant pas difficile d'éviter un
encombrement qui rend les concours très fati-
gants et menace même souvent de dégénérer en
désordre. La première mesure à prendre se-
rait de n'admettre qu'un nombre raisonnable
d'auditeurs et de maintenir libres les abords de
la salle; en même temps on ménagerait des
moyens de ventifètîofl, nullement impratica-
bles malgré la dônêtrastlon défectueuse de la
critique, et on peut considérer son rôle comme
très prochainement terminé si Si-Sliman et Kad-
dour-ben-Hamza ne lui rendent pas, en entrant en
ligne, les forces qu'il a perdues, Vous pouvez te-
nir pour authentiiues les renseignements qui pré-
cèdent.
La colonne du général Colonieu ne partira pas de
Sfid pour Mécheria avant mercredi ou jeudi. Ce
retard a été occasionné par les difficultés qui ont
entravé la formation du convoi. Les 2,000 cha-
meaux réquisitionnés chez les Harrar ont été four-
nis, à trois ou quatre cents prés, et sont arri-
vés au camp. Mais les convoyeurs font
preuve d'un mauvais vouloir contre lequel
il est difficile de réagir. Il convient de dire que
les retards apportés jusqu'à présent au règlement
des sommes convenues pour le prix des réquisi-
tions, ne sont pas faits pour encourager les indi-
gènes à en fournir de nouvelles. Aujourd'hui des
ordres sévères ont été donnés, enjoignant de payer
promptement les sommes dues aux indigènes con-
voyeurs.
Ce qui augmente encore la difficulté de former
des convois, c'est que les réquisitions s'adressent
à la fois à des tribus du territoire militaire et du
territoire civil. De là résultent des complications,
des entrecroisements d'ordres contradictoires d'au-
tant plus sensibles que les autorités militaires
et les autorités civiles n'agissent pas toujours d'a-
près les même instructions et dans les mêmes
idées.
Je terminerai par quelques observations au su-
jet du service postal. Le bureau de poste-de Saïda
est excédé de besogne. Son personnel est insuffi-
saut pour pourvoir au service de la correspon-
dance des colonnes. Des plaintes nombreuses sont
adressées par tous les chejfs de corps au sujet de
lettres qui ne parviennent pas ou arrivent avec
un retard excessif.
Déjà en Tunisie, le service des postes était dé-
fectueux au possible. Il en sera de même en Algé-
rie si le ministre n'y pourvoit pas. Il serait néces-
saire, je crois, de créer soit à Oran soit à Saïda,
pour y centraliser toutes les lettres à destination
des diverses colonnes, un bureau spécial qui se-
rait tenu au courant des positions et des mouve-
ments de celles-ci. Tous les officiers que je ren-
contre me prient de me faire l'organe de leurs
plaintes à cet égard.
̃•' » .>•.̃
Le comité central royaliste qui siège impasse
de la Visitation, sous la présidence du duc de
Bisaccia, vient de faire un appel de fonds en
vue de prêter secours aux candidatures légiti-
mistes sur tous les points du territoire. Dans la
communication adressée, à cet effet, aux jour-
naux de droite par le comité, il est dit que l'o-
pinion publique s'est sensiblement éloignée des
candidatures républicaines, que le gouverne-
ment « va porter la peine des périls qu'il a mé-
thodiquement accumulés. ». En conséquence, les
candidatures royalistes qui se produisent, de
toutes parts, ont des chances assurées de réus-
site, si le parti veut bien faire qualque effort
pécuniairo en leur faveur.
Le comité de l'impasse de la Visitation est
donc rempli de confiance, ou tout au moins il
affecte de l'être. A la vérité il lui serait diffi-
cile de le prendre sur un autre ton; car c'est
un procédé élémentaire, chaiue fois qu'il s'a-
git d'un appel de fonds, de déclarer assurée la
réussite de l'entreprise, qu'il s'agisse d'une en-
treprise électorale ou d'une entreprise finan-
cière. On ne comprendrait pas, en quelque ma-
tière que ce soit, un appel aux capitaux accom-
pagné de cette déclaration qu'il n'y a aucune
chance de succès. Doncfle comité Bisaccia rie
pouvait faire autrement, dans l'intérêt de la
caisse électorale, que de témoigner une abso-
lue confiance dans le résultat des élections.
Malheureusement pour le comité, cette confian-
ce est loin d'être générale parmi les monar-
chistes. Il règne, au contraire, chez ceux-ci
un découragement qu'on ne prend même point
la peine de dissimuler. Les organes les plus au-
torisés des partis de droite n'hésitent pas à
reconnaître, comme le disait hier l'un des
plus importants, que «jamais' le -parti conser-
vateur ne s'est encore présenté devant les élec-
teurs dans des conditions plus défavorables ».
On 'sait ce qu'il faut entendre par cet euphé-
misme le parti conservateur; c'est, à propre-
ment parler, de l'ensemble des partis hostiles
à la République qu'il s'agit.
Cette même pensée sur les conditions défavo-
rables pour les monarchistes de la lutte électo-
rale actuelle se retrouve à peu près partout,
même dans Y Univers qui fait déjà son deuil de
l'insuccès plus que probable des légitimistes en
disant « La France n'a montré un peu de vi-
gueur et de sons politique qu'en 1871, au jour
des élections. Cet effort ayant fini par un avor-
tement, le parti républicain l'a définitivement
emporté et nous ne sommes pas au bout. » Le
Soleil, non moins désillusionné sur le résultat
des éleections pour les monarchistes, s'écrie
« Ah si le parti conservateur savait profiter
de la situation 1 Mais où est le chef? où est 1 ar-
mée? nous n'apercevons toujours que des tirail-
leurs isolés. » C'est partout la même note, la
salle. Une autre mesure non moins urgente se-
rait de réduire le nombre des concurrents.
Dans l'état actuel des choses, les élèves concou-
rent selon leur bon plaisir; du moins il en
semble ainsi, par les exhibitions vraiment dé-
plorables auxquelles nous assistons parfois.
Par exemple, on sait qu'au concours de piano,
les trois classes de femmes fournissent toujours
plus de trente élèves, tandis que les deux clas-
ses d'hommes ne donnent que la moitié de ce
chiffre.
Cette année-ci, trente-deux femmes ont con-
couru trente-quatre s'étaient fait inscrire. Un
professeur avait fait concourir toute sa classe,
an nombre de treize élèves; supposons que
chacune des trois classes de femmes en compte
autant, cela fait un total de trente-neuf; le
nombre des femmes qui n'ont pas eu la préten-
tion de concourir était donc bien faible. A quoi
servent les examens préparatoires si on laisse
concourir tout le monde? Ces observations s'ap-
pliquent aussi aux concours de violon, de chant
et d'opéra-comique. Ceux d'opéra-comique sont
particulièrement fatigants; il faudrait d'abord
réduire le nombre des concurrents, et en suite
introduire deux autres améliorations. Parfois
deux élèves concourent à la fois, en choisis-
sant des scènes a ppropriées à ce double em-
ploi pourquoi n'appliquerait-on pas ce système
sur une plus grande échelle?
Les concours seraient moins longs etles con-
currents n'y perdraient rien. Il faudrait aussi
élaguer les longueurs fastidieuses que les scè-
nes choisies par les élèves offrent parfois. Enfin
puisqu'il y a un concours spécial pour le chant
et que les concours d'opéra-comique et d'opéra
concernent principalement le dialogue et le
jeu scénique, pourquoi, par exemple, une
élève vient-elle débiter au concours d'opéra-co-
mique la cavatine du Barbier de Rossini ? Je
mets à peu près sur la même ligne l'air de
l'ombre dansle Pardon dé Ploërmel, œiï n'offre
que des difficultés de chant; une simple écolière
peut sans grand'peine réussir à jouer cette
scène convenablement. Aussi après l'air de
l'Ombre, les concurrentes ajoutent-elles le duo
final du troisième acte.
Huit élèves s'étaient présentés au concours
d'opéra à l'exception de deux, chacun s'était
contenté d'une seule scène on n'en a pas moins
pu les juger suffisamment. Il ne faut pas ou-
blier que dans l'opéra-comique le jeu a
plus d'importance que dans le grand opéra;
mais il n'en résulte pas moins des observa-
tions qui précèdent, qu'on pourrait aisément
réduire la durée des concours d'opéra-comique
~t;
même désespérance. Les monarchistes, ceux
du moins qui n'ont pas à faire d'appel de fonds `
et qui peuvent dire ce qu'ils pensent de la situa-
tipn, vont aux élections comme à une défaite
certaine et avec la certitude que la droite, loin
de gagner des sièges, en perdra et beaucoup.
Comment, d'ailleurs, 'des 'hommes tant soit
peu attentifs à la marche des événements et
aux mouvements de l'opinion, pourraient-ils se
faire la moindre illusion sur le résultat des
élections pour les partis monarchiques? En oc-
tobre 1877, une méprise était possible. La lutte
se trouvait engagée entre le parti républicain
et le parti conservateur dans des conditions en
apparence particulièrement favorables à ce
dernier. Celui-ci disposait de toute l'action gou-
vernementale, et on sait quel abus il en a fait.
Cela n'a pas empêché sa défaite. Cette défaite
s'est accusée de plus en plus dans toutes les
élections partielles de ces quatre dernières an-
nées. Quelle raison y aurait-il, aujourd'hui, de
s'attendre à un arrêt de ce mouvement si ma-
nifeste, si constant du pays dans le sens répu-
blicain ? La tranquillité publique est absolue,
nos finances sont prospères, l'activité indus-
trielle et commerciale n'a jamais été plus
grande. Nous avons fait des pas très notables
dans la voie de la liberté, pourquoi donc
la nation se détournerait elle des institu-
tions qui lui ont donné le calme et la pros-
périté, pour rouvrir l'ère des révolutions
en se jetant dans les bras dès royalistes,si sou-
vent désavoués par elle, ou dans ceux des im-
périalistes, lesquels ne forment même plus un
parti? Tous les monarchistes éclairés se ren-
dent compte de cet état de choses. Ils entre-
voient le coup décisif que les élections du
21 août vont porter aux espérances monarchi-
ques. Seul le comité de l'impasse de la Visita-
tion, conserve encore quelques illusions mais,
coifimo nous l'indiquions plus haut, il s'agit
d'un appel de fonds et, en pareil cas, on est
toujours bien obligé de crier Suivez la foule 1
suivez la foule! alors même qu'on sait que la
foule ne doit pas venir.
Le Napoléon publie ce matin, une lettre du
prince Napoléon et le programme électoral
d'un « comité révisionniste napoléonien for-
mé sous le patronage du prince. La lettre affir-
me que le peuple doit nommer son chef; le
programme, qu'il doit aussi nommer les séna-
teurs. Par conséquent, la plate-forme électo-
rale du 21 août doit être Revision. Le prince
Napoléon fait appel, dans ce but, à l'union de
« tous les enfants de la Révolution », pendant
que le comité dénonce auxdits enfants les vices
de notre régime constitutionnel. Ces vices se'
résument, pour les révisionnistes napoléoniens,
dans un seul la forme républicaine, et il
est à croire que, si on pouvait le guérir de
celui-là, on le tiendrait volontiers quitte de
tous les autres; malheureusement pour le prin-
ce et ses amis, rien de moins aisé; aussi, ne
pouvant violer la Constitution, dont ils ne sont
plus comme en 1851 les gardiens, ils essaient
de la tourner; ils lui demandent des armes
contre elle-même, en poussant à bout le prin-
cipe démocratique qui en est le point de départ
nécessaire. La République repose sur le suffra-
ge universel, donc il faut que le chef de l'Etat
soit nommé par le suffrage universel comme en
.1848 à ce compte, il faudrait que tous les fonc-
tionnaires, tous les employés de l'Etat, en haut
et en bas, fussent désignés à l'élection. Il est
certain que «. les révolutionnaires » dont le
prince Napoléon sollicite les suffrages
trouveraient une entière satisfaction dans
cet ordre d'idées mais la France est-elle
révolutionnaire? Veut-elle renverser la Répu-
blique qu'elle a pour en édifier une autre qui,
en dépit de toutes les habiletés de langage, ne
serait autre que l'empire avec son cortège de
folies et de désastres? La revision napoléo-
nienne, ce serait fatalement le coup d'Etat, la
compression, lo silence, la fantaisie et l'aveu-
glement d'un seul, finalement la catastrophe de
tous. L'expérience a été faite deux fois, et le ré-
sultat en a été deux fois le même la France
perdue par la prétendue grandeur du premier
empire, l'a été par la fausse prospérité du se-
cond il n'en pouvait et il n'en peut être autre-
ment avec un système qui n'invoque la souve-
raineté nationale que pour la supprimer et le
suffrage universel que pour le corrompre. Le
meilleur des hommes, avec de pareilles institu-
tions, serait en dépit de lui-même le pire des
princes. Aussi la révision que le comité napo-
léonien propose aux « enfants de la Révolu-
tion » serait-elle désastreuse, si elle n'était pas
ridicule. Heureusement, les électeurs peuvent
se rassurer. L'orage plébiscitaire que l'héritier
des Napoléon leur fait l'honneur de déchaîner
ne sera pas autre chose qu'une tempête dans
un verre d'eau.
et les rendre en même temps plus utiles en s'oc-
cupant principalement du dialogue et de scènes
où le jeu offre des difficultés réelles.
Passons maintenant en revue les concurrentes
selon leurs qualités et leurs défauts. En tête il
faut placer Mlle Jacob (premier prix de chant
et d'opéra-comique); sa vocalisation est parfois
molle, son trille n'est guère qu'un chevrote-
ment, mais elle a fort agréablement dit quel-
ques scènes de Mireille. Mme Delaunay a eu
d'emblée un premier prix de chant et un second
prix d'opéra-comique c'est elle qui a chanté la
cavatine et le duo du Barbier; sa vocalisation
vaut celle de Mlle Jacob; elle a eu beaucoup
de bonheur.
Mlle Fincken s'est bravement présentée aux
trois concours. Comme elle avait eu l'année
dernière un premier accessit de chant, on a
trouvé qu'elle n'avait pas fait assez de progrès,
mais on lui a donné un premier prix d'opéra-
comique et un premier accessit d'opéra. Les
scènes de Mireille, qu'elle a dites, n'appar-
tiennent pas à l'opéra-comique, mais au mé-
lodrame les manières brutales du toucheur de
bœufs et surtout du père de Mireille sont
même fort choquantes. Mlle Fincken a dit
son rôle avec beaucoup de distinction et de sen-
timent elle a moins réussi dans la scène de l'é-
glise et le trio de la prison de Faust, où elle a
u surmener sa voix pour les grands effets
dramatiques; elle est faite pour Topérà-comi-
,que.
C'est Mlle Lureau qui a été l'objet des ova-
tions les plus frénétiques 'du public et la cause
involontaire du scandale dont j'ai parlé. Elle a
chanté la grande scène du quatrième acte
ù'Hamlet; elle a bien dit certaines parties, elle
a été moins heureuse dans d'autres; il y avait
par exemple des traits faits mollement et une
gamme chromatique telle qu'on en produit en
glissant avec un doigt sur une corde de violon;
le jury a largement fait les choses en [décernant
d'emblée un second prix à une élève qui se pré-
sentait pour la première fois aux concours pu-
blics. Mlle Lureau s'était fait inscrire aussi
pour le concours d'opéra-comique; mais on
prétend qu'une indisposition l'a retenue chez
elle.
Mlle Remy (second prix de chant et d'opéra-
comique) a dit l'air du Concert à la cour,
air maniéré, minaudier et offrant un succès
trop facile. Elle a convenablement joué quel-
ques scènes des Noces de Jeannette; elle de-
vrait s'appliquer surtout à articuler plus dis-
tinctement les paroles en chantant.
Sa vocalisation vaut celle de la plupart des
LES ARMÉES ÉTRANGÈRES
Nous voulons espérer que notre réorganisation
militaire ne restera pas en arrière. Ce qui est cer-
tain c'est que, dans toutes les armées étrangères,
les réformes sont à l'ordre du jour.
L'Angleterre, si peu portée aux dépenses de
guerre, entre à son tour dans la voie où l'Allema-
gne a précédé tous les autres pays et, simultané-
ment, quoique dans des proportions bien différen-
tes, on signale une augmentation des effectifs des
deux armées.
I. Les augmentations d'effectif en Allemagne.
On sait que, par la loi du 6 mai 1880, la création
de nouveaux corps de troupe a été ordonnée dans
l'armée allemande. Cette organisation est à pré-
sent terminée. A jour fixe, au 1er avril, la loi a re-
çu son exécution, tous les détails ayant été réglés
à l'avance avec un soin minutieux.
Les nouvelles formations comprennent onze ré-
giments d'infanterie, ainsi qu'un bataillon destiné
au régiment grand-ducal hessois no 116, qui n'en
avait jusqu'à présent que deux.
La Prusse et les Etats administrés par le minis-
tère de la guerre prussien ont formé huit de ces
régiments, ainsi que le 3» bataillon du 116° la
Saxe en a formé deux et la Bavière un seul. Le
Wurtemberg s'est contenté d'augmenter légère-
ment l'effectif de ses corps existants.
Les régiments nouveaux ont été constitués au
moyen de compagnies prises aux corps de troupe
anciens. Chacun des régiments de la Prusse et des
petits Etats, à l'exception de ceux de la garde et du
15e corps (Alsace-Lorraine), a fourni une compa-
gnie. Le nombre total des compagnies à céder était
de 96 (8 régiments à 12 compagnies).
Les douze compagnies de chaque nouveau régi-
ment ont été prises dans les huit régiments d'un
même corps et dans les quatre régiments de l'une
des divisions d'un autre corps d'armée. Tous ces
régiments ayant le même effectif de paix, 137
hommes, ont donc fourni des compagnies de mê-
me composition qui, par leur groupement, ont
constitué des régiments nouveaux identiques aux
anciens.
La méthode employée a eu pour résultat de ré-
unir, dans les nouveaux régiments, des éléments
appartenant autant que possible aux mêmes pro-
vinces et d'assurer ainsi, dès l'abord et en atten-
dant des mesures définitives, une certaine unité
de recrutement.
Un tirage au sort, effectué à Berlin dans les der-
niers jours de mars, a désigné les compagnies à
céder, en sorte que les chefs de corps ont ignoré
jusqu'au dernier moment le numéro de la compa-
gnie qui devait les quitter. Les compagnies sont
parties avec tous leurs sous-officiers et aides de
lazaret, mais sans leurs officiers.
Pendant que les compagnies cédées rejoignaient
leurs nouveaux corps, les anciens régiments re-
constituaient un douzième compagnie, au moyen
d'éléments pris aux onze autres.
Cette formation ne présentait aucune difficulté.
Lqs cadres ont été choisis dans l'ensemble du ré-
giment les corps, prévenus depuis longtemps,
avaient eu le temps de former le nombre de sous-
officiers nécessaire.
Les hommes ont été fournis parles onze compa-
gnies anciennes, en nombre proportionnel à cha-
que classe d'âge.
Grâce à la prévoyance avec laquelle tous les dé-
tails de ces créations avaient été réglés, dit la
Revue de l'Etranger, à laquelle nous empruntons
ces informations, l'Allemagne a formé au jourdit,
sans à coup, sans secousse, sans perte de temps
pour l'instruction de ses troupes, trente-quatre
nouveaux bataillons d'infanterie.
L'infanterie allemande comprend donc actuelle-
ment, au lieu de 149, 161 régiments à trois ba-
taillons, savoir
9 régiments de la garde royale prussienne
114 régiments prussiens ou administrés par la
Prusse;
11 régiments saxons; i
8 régiments wurtembergeois;
19 régiments bavarois.
161 régiments.
De ces régiments, onze sont à effectifs renforcés
ce sont les cinq vieux régiments de la garde en
garnison à Berlin et les régiments d'infanterie qui
sont en Alsace-Lorraine. Leur effectif est de 2150
hommes environ. Les autres régiments prussiens
ont l'effectif normal de 1,758 hommes, soit 137 par
compagnie. Quatre régiments de la garde ont un
effectif moyen entre l'effectif ordinaire et l'effec-
tif renforcé.
L'effectif total de l'infanterie allemande, y com-
pris les chasseurs à pied, se trouve ainsi porté à
301,825 hommes, ce qui représente G7 0/0 de l'ef-
fectif de paix de toute l'armée.
L'augmentation réalisée depuis le ï<* avril, en
vertu de la loi du6mai 1880, est de 19,740 hommes.
+
LETTRES DE E TUNISIE;
'.̃•̃ (D'un correspondant spécial.)
Gabôs, le 24 juillet.
Le signal de l'appareillage ayant été donné hier à
quatre heures et demie du soir, par le vice-amiral
commandant en chef l'escadre de la Méditerranée,
la division du Levant, les quatre canonnières et
l'aviso le Voltigeur, sont arrivés ce matin, vers
cinq heures, devant le magnifique groupe d'oasis
qui porte le nom générique de Gabès.
élèves du Conservatoire. Mlle Mansour a eu
un second prix de chant et un premier accessit
d'opéra elle devait se présenter aussi au con-
cours d'opéra-comique, mais elle s'est trou-
vée malade. Son principal défaut, c'est
une prononciation tout à lait négligée; dans
l'air des Huguenots, elle altérait les voyelles
sans y prendre garde; dans la ballade et l'air de
Faust aussi, elle prononçait cisalé (ciselé) un
grond sagnor (un grand seigneur), et le
reste à l'avenant. Mlle Merguillier a paru seu-
lement au concours d'opéra-comique elle a
dit l'air de V Ombre et le duo final du Pardon
de Ploërmel. Sa voix agréable, quoique claire
et mince, offre quelque analogie avec celle de
Mme Cabel. Par exemple, Mme Cabel commen-
çait ainsi le rôle de Dinorah Bellêh, mê chè-
vre chérie 1 Mlle Merguillier a convenablement
joué les deux scènes du Pardon; sa voca-
lisation est souvent trop superficielle, et elle
compte trop sur le mi bémol suraigu. Ce n'est
pas un son musical; si elle veut savoir ce qu'il
vaut, qu'elle lise la dernière page du volume
A travers champs, de Berlioz.
Mlle Hall a eu un second prix d'opéra et un
premier accessit de chant; elle a une bonne
voix et des qualités naturelles,' mais l'éduca-
tion vocale est insuffisante et la prononciation
des paroles françaises est détestable.
Si Mlle Hall persiste à chercher à arrondir
sa voix comme elle le fait, elle la ruinera en
peu d'années; le chevrotement fait même déjà
des apparitions. Dans l'air de Nornia comme
dans les scènes du Trouvère, j'ai noté un bon
nombre d'exemples de prononciation; en voici
quelques-uns rian (rien), duvuna (divine), ju
tamplora (je t'implore), mémo (même) peino
(peine). Voilà de quoi enseigner amplement le
moyen de se faire une voix plus grosse qu'elle
ne l'est par elle-même remplacez i par u, é
ou è par a, a par o; Ve muet ou eu par a et en
grossissant davantage le son par o.
J'ai dit dans mon dernier feuilleton encore
qu'un des moyens les plus simples et les plus
efficaces d'une bonne émission et de la conser-
vation de la voix c'est une prononciation cor-
recte des paroles; il y a certainement au Con-
servatoire une foule de gens qui ne s'en dou-
tent pas.
Mlle Pierron (premier accessit de chant et
second accessit d'opéra-comique) a une très
bonne voix, mais une éducation vocale très
négligée. A en juger par la manière dont elle
a dit le dialogue dans des scènes des Voitures
versées, elle a d'excellentes dispositions com-
me comédienne, seulement elle tait trop s.entir
Aucune troupe de ligne n'est à bord des navires,
le colonel Jamais ayant déclaré qu'il n'avait pas
trop de monde pour garantir de toute insulte la
place dont il a pris le commandement supérieur,
en vertu d'une lettre spéciale.
Trois navires de guerre ont été laissés en obser-
vation devant Sfax ce sont le Terrible, la Pique
et l'Aima.
Le petit port dans lequel nous venons de jeter:
l'ancre est situé, vous le savez, à l'embouchure de
l'Oued-Gabès, dont le cours n'a que quelques kilo-
mètres. Sur les deux bras de cet oued sont con-
struits avec des débris de blocs antiques, des vil-
lages agglomérés, dont les principaux sont ceux
de Djara, Mentzel, Menara, Metrech et Chenennl.-
Placé à la lisière occidentale de la plus grande
des oasis de Gabès, le premier des villages cités est
la chef-lieu de cette partie de la Tunisie qui porte
le nom d'Outhan de l'Arad. Il fait partie du soff
des Beni-Zid, dont une fraction prétend avoir une
origine française. Nous n'y apercevons aucune
trace de fortification.
Le second village, celui de Mentzel, est défendu
par un fortin où flotte le drapeau vert du Prophè-
te. Un autre fortin nous apparaît par-dessus la ter-
rasse de l'hôtel du gouverneur, assez rapproché
même de cet hôtel, qui est situé entre Mentzel et
Djara.
Vers six heures du matin, le Léopard ouvre le
feu contre un fort rassemblement d'insurgés qui,
sortis tout à coup de l'oasis, paraissent vouloir
s'opposer au débarquement. Un obus de 14, tombé'
au milieu d'un groupe compact, doit en avoir
abattu plusieurs si nous en jugeons par le désar-
roi qui se produit parmi les hommes et les che-
vaux.
Les navires de l'escadre les plus rapprochés lan-
cent alors quelques projectiles sur des goums as-
sez nombreux qui traversent la plaine au galop
Pendant ce temps-là, les compagnies de débar-
quement étant, descendues dans les chalands et
les canots-tambours, par une mer houleuse, notre
pavillon flotte bientôt sur l'hôtel du gouverneur,'
qui n'oppose pas de résistance sérieuse.
Seul, le fortin de Mentzel fait feu de ses pièces
sur nos marins; mais il est rapidement enlevé
d'assaut. Quarante Arabes y sont faits prisonniers,
après qu'ils ont prudemment jeté leurs armes. On
les dirige vers la plage sous l'escorte de fusiliers
marins.
Près de l'embouchure de l'Oued-Gabès, les re-
belles ont mis en batterie deux pièces de canon,.
qui sont prestement enlevées par-ies marins du'
Léopard, avant même qu'elles aient pu faire feu.
Je doute que notre flotte puisse rester longtemps
mouillée dans ce port, qui n'est guère accessible
qu'aux felouques des indigènes, et dont l'entrée
est même dangereuse pour elles par les gros
temps.
L'aviso le Voltigeur allant partir dans quelques
Instants avec les dépêches officielles, je suis obli-
gé de clore ici ma correspondance.
̃ r- «" • '̃̃̃̃̃> ..̃
TUNISIE
Le ministre de la marine a reçu, par l'intermé-
diaire de M. le vice-amiral Garnault, les rapports
des officiers de marine qui ont été charges da
détails particuliers lors de la prise de Sfax; le
Journal officiel, en réunissant ces rapports, donne
une vue d'ensemble de l'opération à laquelle il ne
manquera, pour être complète, que lexposé de
l'action des troupes de terre
Malgré l'Irrégularité de son enceinte, Sfax a, en ré-
sumé, la forme d'un, carré placé presque à toucher la
mer, au sommet d'un angle de la plage juste au point
où le lais de basse mer a le moins d'étendue. Dans le
sud-est de la ville, les bâtiments français semblaient,
groupés, bien qu'ils fussent séparés en raison de leur
tirant d'eau. Ainsi, les cinq canonnières avaient mouillé
par les fonds de 3 mètres; les trois cuirassés de
deuxième rang de la division dû Levant, la Sarthe et
le Dèsaix étaient par les fonds de 7 mètres, l'Inlré-j
pide par ceux de 8 mètres, et les six grands cuirassé4
de l'escadre d'évolutions par ceux de 9 mètres. Nos
premiers bâtiments étaient à. 2,200 mètres de la ville,
les derniers à 6,0 .0.
Les troupes à débarquer, au nombre de 4,000 hom-
mes environ, étaient constituées par les six bataillons
du 92° et du 136= de ligne, aux ordres du colonel Ja-
mais, et les compagnies de débarquement accompa-
gnées de leur artillerie légère organisée en trois bat-,
teries de pièces de 65 millimètres.
Les embarcations des navires et quelques barques du
pays ou mahonnes, que l'on avait réquisitionnées, per-
mettaient de mettre à terre à la fois 3,000 hommes,
dont 1,600 marins et 1,400 soldats, en résidence, les uns'
sur l'Intrépide, les autres sur la Sarthe; les hommes
d'infanterie restés sur ces grands transports devaient
être débarqués par les embarcations devenues libres.:
L'amiral avait à se préoccuper de garantir l'ordre,-
la rapidité et la sécurité du débarquement, de façonf
qu'une fois à terre les troupes, immédiatement for4
mées, pussent, sous le commandement général du col
lonel Jamais, accomplir chacune l'objectif assigné.
Les fonds croissant très lentement, il n'y avait qu'ui*
point où les embarcations pouvaient approcher la pla-r
ge partout ailleurs elles s'échouaient; et ce point était
exposé aux feux de la ville. Aussi l'amiral avait or*
donné la préparation d'une grande jetée flottante, en.1
faisant dégréer et mettre à l'eau les vergues de huno(
des six cuirassés de l'escadre que M. le capitaine dej
frégate Juge; du Marengo, était chargé de conduire 4
terre et d'assembler perpendiculairement à la côte, ce?
qui rapprochait de plus de 100 mètres le point d'accos-
tage.
Les embarcations de trois cuirassés, munies de leur
armement de guerre, devaient flanquer la llottille et
la protéger aussi près de terre que possible parieur»
feux d'infanterie et d'artillerie. On leur avait même
adjoint deux chalands empruntés à la Sarthe et «
l'Intrépide, et portant chacun une grosse pièce. M. la
capitaine de frégate Trillot, du Friedland, comman-
les e muets à la fin des phrases elle en met
même quand il n'y en a pas.
Mlle Durié a eu un premier accessit d'opérâ-r
comique pour avoir joué gracieusement quel-V
ques scènes du Caïd; elle n'a rien eu pour la*
chant; cependant elle vocalise assez bien, mais
elle a fait une vocalise en notes répétées, atta->
quées en dessous et du plus détestable effet, j
Je ne m'arrêterai pas à toutes les autres élô*
ves et j'en ai dit assez pour faire voir les deux
défauts principaux qu on remarque chez les
élèves-femmes. Les unes viennent chanter de
grands airs de bravoure avec une vocalisation
insuffisante ou absolument mauvaise; d'autres
ont une émission vicieuse de la voix, et pari
fois même des voix déjà fatiguées par un tra-r
vail mal fait.
Par exemple, Mlle Figuet est âgée de dix-
neuf ans elle a une bonne voix de mezzo-so-
prano, et c'est la première fois qu'elle a con-
couru mais sa voix est affligée de chevrote-
ment parce qu'elle la force pour obtenir unet
sonorité exagérée; en même temps, elle la
grossit on prononçant par exemple chomps
pour champs et dons ce x>ala pour dans ce pa-
lais.
Mlle Ach est dans le même cas que Mlle Fi-,
guet, seulement chez elle le mal est plus con-'
sidérable. Chez Mlle Haussmann, lo dommage:
n'est pas encore bien sensible. Cette élève a dit
l'air du Freischutz avec une prononciation
mauvaise; il y avait un peu d'accent provincial,:
car Mlle Haussmann est de Mulhouse; mais il y'
avait davantage encore l'altération des voyelles
produite par la tendance de grossir la voix.
Dans les scènes de Mignon, Mlle Haussmann a:
mieux prononcé elle a eu un second accessit
d'opéra-comique. Sa voix est fort belle mais
c'était la troisième fois qu'elle concourait.
Les concours de chant pour les hommes sont
le plus souvent inférieurs à ceux des femmes,
et les ravages des voix sont plus marqués;
nous allons en voir les preuves. Il n'y a eu que
deux premiers prix pour les hommes; un pre-
mier prix d'opéra décerné à Lamarche, et un
premier prix de chant donné à Vernouillet.
Lamarche a eu, en 1879, un premier accessit
de chant; il n'a pu obtenir mieux ni l'an-
née dernière ni cette année. Il a une voix de
ténor d'un timbre éclatant, mais il ne chante
qu'en registre de poitrine dans le duo do.
troisième acte de uobert-le-Diàble, il a néces-
sairement dû substituer aux notes aiguës les
variantes indiquées par Meyerbeer. 11 a une
tendance au timbre nasal; il lui arrive par1
exemple de prononcer jeun pour je et daim.,
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