Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-12-22
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 137484 Nombre total de vues : 137484
Description : 22 décembre 1872 22 décembre 1872
Description : 1872/12/22 (Numéro 4271). 1872/12/22 (Numéro 4271).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k225235s
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
DOUZIÈME ANNÉE. N° 4271
ON S'ABONNE AU BUREAU DU JOURNAL, 10, FAUBOURG MONTMARTRE, 10
DIMANCHE 22 DÉCEMBRE 1872
.ABONNEMENTS (DÉPARTEMENTS)
Trois mois Vt fr. Six mois 34 fr. Un an 68 fr.
LES ABOKNEMEKTS DATENT DES 1" ET 10 DE CHAQUE MOIS
ABONNEMENTS (PARIS)
Trois mois 14 fr. Six mois 28 fr. Un aîî ?•» ît,
LES ABOIEMENTS DATEKT DES 1" ET 16 DE J!HAQL"E MOIS
%J*k numéro (départements) fZO centimes.
\)).it.r'
La rédaction n'e répond' pus' des articles communiqués
• et ne se charge pas de les renvoyer.
Un numéro (à Paris) lîî centimes.
ANNONCES jim. FAucHEY-LAFFiTTE-BULLiEn et c; 8 place de la Bour6e2
M. Dupom, 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
••»- (jjrçjt d'insertion réservé à la rédaction )
V .4··p1lV(! ~~°;al r
L'échéance du 31 décembre étant ia
plus considérable de l'année, nous 's
prions nos souscripteurs dont l'abonne-
ment expire à cette date de vouloir bien
le renouveler sans retard, pour nous
permettre de leur éviter une interrup-
tion dans l'envoi du journal.
PRIX DE L'ABONNEMENT POUR LES
i DÉPARTEMENTSs
.& .t.
Trois mois il fr. Six mois 34 fr.
Un an: 68 fr.
En mandat de poste, on à vue sur Paris.
-w
,M~r ¡. ,t:.I"
PARIS, 21 DECEMBRE
èOtLETIN DU JOUR
L'Assemblée a terminé hier la dis-
cussion du budget; le vote sur l'ensem-
ble, a été unanime dans le sens de. -l'a-
doption. Il.y aura encore séance aujour-
d'hui, et les projets de loi ne manquent
pas à l'ordre du jour; mais, quoiqu'il
advienne, on ne s'en séparera pas moins
ce soir pour ne revenir que le s janvier.
Nombre de membres paraissent même
avoir déjà pris la clef des champs,
et ce n'a pas été, dit -on, sans une
certaine surprise qu'on a constaté
hier qu'au scrutin final il se trou-
vait dans l'urne 663 bulletins, dont
plus d'un, en dépit des recommanda-
tions publiquement faites naguère, y
avait sans doute été glissé, aux lieu et
place de l'absent, par lamain d'un collè-
gue complaisant. Il n'y a qu'une voix
dans le public pour se féliciter des
quelques joursdepaix etdereposqueva
nous valoir la suspension des luttes par-
lementaires. C'est là un sentiment qui a
certainement plus d'un côté fâcheux. Il
n'est pas bon qu'un peuple en vienne à
se sentir soulagé quand le silence se
fait autour de la tribune mais on ne
sait malheureusement que trop d'où
provient cette impression de détente
qui, dès que la Chambre se ferme, se
répand dans le pays. Les représentants
des départements s'en retournent chez
eux ils pourront juger par eux-mêmes
de l'intensité du besoin qu'éprouvent
les populations vouées au travail de
voir l'accord s'établir enfin entre l'As-
semblée et le gouvernement pour don-
ner au régime actuel, c'est-à-dire à la
république conservatrice, les conditions
de vie et d'avenir qui lui manquent en-
core. Nous ne savons s'il y a lieu d'es-
pérer, mais en tout cas, il faut vive-
ment souhaiter qu'ils reviennent à Ver-
sailles pénétrés de ce besoin et mieux
disposés que par le passé à y donner
satisfaction.
Nous donnons plus loin le compte
rendu des débats qui ont eu lieu hier
dans les deux sous-commissions de la
commission des Trente. On y verra que
tout s'est borné à un échange d'opinions
et que sous les apparences de bon vou-
loir et de conciliation qui sont toujours
le mot d'ordre de la majorité, les réti-
cences de fond ont continué à se faire
jour, et les questions pendantes
à rester dans le vague. On pourra
y remarquer aussi que les conséquen-
ces de la faute commise par la majorité
des Trente en instituant deux sous-com-
a t~
S" ^.1~M,`f;·v A 1i>7.. C n^,L, ~·.
FBJUI3LqbÉJTON DlTTEMPS
DU 22 DECEMBRE! S|
LET@UB DU MONDE
ÏN
QVjç&m-'ymàTs jours
.1 XXXVI
DÂNS'"t.Sarat PHILEAS FOGG FAIT DE NOUVEAU
PRIME SUR LE MARCHÉ.
Il est temps de dire quel revirement de
l'opinion s'était produit dans le Royaume-
Uni, quand on apprit l'arrestation du vrai
voleur de la Banque, un certain James
Strand,-qui avait eu lieu le 17 décembre,
à Edimbourg.
Il y a trois jours, Phileas Fogg était en-
core un criminel que la police poursuivait
à outrance, et, le voleur une fois ar-
rêté, il redevint le plus honnête gentle-
man du monde, qui accomplissait ma.
thématiquement son excentrique voyage
autour de la terre.
Quel effet, quel bruit dans les journaux! 1
Tous les parieurs pour ou contre, qui
avaient déjà oublié cette affaire, ressusci-
tèrent comme par magie. Toutes les tran-
sactions redevenaient valables. Tous les
engagements revivaient, et, il faut le dire,
les parisk-reprirent avec une nouvelle éner-
gie, et le nom de Phileas Fogg fit de nou-
veau prime sjune marché.
Les cinq collègues du gentleman, au
Reform-Qub, passèrent ces trois jours
dans une certaine inquiétude. Ce Phileas
Fogg qu'ils. avaient oublié, reparaissait
Voir le Temps dès 6, 8, 9, 10, u, 15, 16, 17,
80, 21, 22, 23, 24, 23, 29. 30 novembre, 1«, 4, 5, 6,
7, 8, 12, 13, 14,15; 18..19 et 20 décembre.
jugions n'ont pas.taxdai.se produire;
par la force même des choses, ces deux
sous-commissions se trouvent, en effet,
amenées à empiéter réciproquement sur
le terrain l'une de l'autre; toutes deux
ont abordé hier la question des deux
Chambres. Le centre gauche s'est éga-
lement réuni hier, comme on sait;
nous avons déjà fait connaître
la décision prise par ses membres,
d'ajourner au 8 janvier le renouvelle-
ment de son bureau. La discussion qui
a amené ce résultat a été longue et in-
téressante elle a eu pour effet, ainsi
que le montre le vote, d'assoupir, sinon
d'effacer bien des dissidences nées de
la division qui s'était manifestée dans
le groupe à la séance parlementaire de
samedi.
De l'extérieur, il y a peu de nouvelles.
On ne dit rien aujourd'hui de M. de
Bismarck. A Madrid, le remaniement
ministériel paraît terminé, mais qu'est-
ce qu'un changement de deux ou trois
noms dans la situation violente où se
trouve l'Espagne? De Suisse, on an-
nonce que la question de la révision
de la Constitution fédérale, naguère
tranchée par un vote populaire néga-
tif, revient sur le tapis. Par 103 voix
contre une, le Conseil national a chargé
le pouvoir exécutif de présenter de nou-
velles propositions révisionnistes. Ce
qui avait surtout fait échouer la der-
nière tentative de révision, c'était l'é-
tendue même des réformes proposées,
et la nécessité de les adopter ou de les
repousser en bloc. Il est à supposer que,
cette fois, on procédera^ ar voie de ré-
formes partielles et successives.
i. '~4'~ :i S t~
DEPÉCHES TÉLÉGRAPHIQUES
8ERVICB HAVAS-BULLIBR
Havr^. 20 décembre.
Dans sa séance d'hier, le conseil municipal du
Havre a concédé les tramways delà ville à la Ban-
que française et italienne.
Suisse.
Berne, 21 décembre, 10 h. 15, matin.
Le conseil national a adopté, par 103 voix con-
tre 1, une motion chargeant le Conseil fédéral
de présenter de nouvelles propositions pour la
révision de la Constitution.
ItaUe.
Rome, 20 décembre.
Chambre des députés. M.Ricotti présente
un projet de loi, sur le recrutemeut de l'armée.
La Chambre approuve l'exercice provisoire des
budgets qui n'ont pas encore é^é discutés.
Ronfle, 20 décembre.
La Gazelte officielle annonce que le roi est
indisposé depuis hier. Sa Majesté est souffrante
d'une fièvre rhumatismale qui ne présente au-
cun' caractère de gravité. Elle a passé tranquil-
lement la nuit.
Ce matin, les symptômes de fièvre avaient
beaucoup diminue.
Angleterre.
Londres, 21 décembre.
Le comte de Beust est parti hier pour Vienne.
Le Mornino.P.QSl, dit qu'il a des raisons de
croire que ce départ inattendu .est probablement
l'indice que le comte de Beust sera appelé à des
fonctions élevées Vienne.
Dans un meeting tenu par les membres du
Conseil des métiers, les délégués des métiers
ont protesté contre les jugements sévères pro-
nonces contre les grévistes gaziers.
Allemagne.
Carlsruhe, 20 décembre, soir.
Le bulletin de la santé de la grande-duchesse,
publié aujourd'hui, porte qu'a la suite d'une
longue et violente fièvre, il s est produit la nuit
dernière une transpiration bienfaisante qui a eu
pour effet une diminution de la fièvre et un
apaisenBkit des douleurs de tête et de poitrine.
Espagne.
Madrid, 20 décembre.
Les nouveaux ministres ont pçêté serment hier
soir.
inopinément à leurs yeuxl Où était-il
en.ce moment? Le 17 décembre, jour
où James Strand fut arrêté à Edim-
bourg, il y avait soixante seize
jours que Phileas Fogg était parti
et pas une nouvelle de lui! Avait-il
succombé? Avait-il renoncé à la lutte,
ou continuait-il sa marche suivant l'i-
tinéraire convenu ? Et le samedi, 21 dé-
cembre, à dix heures trente-cinq du soir,
allait-il apparaître comme le fantôme de
l'exactitude sur le seuil du salon du Re-
form-Club ? 1
Il faut renoncer à peindre l'anxiété dans
laquelle, pendant trois jours, vécut tout ce
monde de la société anglaise. On lança
des dépêches en Amériqua, en Asie, pour
avoir des nouvelles de Phileas Fogg. On
envoya matin et soir observer la maison
de Saville-Row. Rien. La police elle-
même ne savait plus ce qu'était devenu
le détective Fix, qui s'était si malencon-
treusement jeté sur une fausse piste. Ce
qui n'empêcha pas les paris de s'en-
gager de nouveau sur une plus vaste
échelle. Phileas Fogg, comme un cheval
de course, arrivait au dernier tournant.
On ne le cotait plus à cent, mais à vingt,
m ais à dix, mais à cinq, et le vieux pa-
ralytique, lord Albermale, le prenait, lui,
à égalité.
Aussi, le samedi soir, y avait-il foule
dans Pall Mali, et dans les rues voisines.
On eût dit un immense attroupement de
courtiers, établis en permanence aux a-
Jjords du Reform-Club. La circulation était
empêchée. On discutait, on disputait, on
criaitles cours « du Phileas Fogg », comme
ceux des fonds anglais. Les policemen a-
vaient beaucoup de peine à contenir le po-
pulaire, et à mesure que s'avançait l'heu-
re à laquelle devait arriver Phileas Fogg,
l'émotion prenait des proportions invrai-
semblables.
Ce soir-là, les cinq collègues du gentle-
man étaient réunis depuis neuf heures
dans le grand salon du Reform-Glub. Les
deux banquiers, John Sullivan et Samuel
~Fallentin, l'ingénieur Andrew Stuart,
Gautier Ralph, l'administrateur de la Ban-
que d'Angleterre, le brasseur Thomas
Flanagan, tous attendaient avec anxiété.
Au moment où l'horloge du grand salon
marqua dix heures un quart, Andrew
Stuart, se levant, dit
c Messieurs, dans vingt minutes, le dé-
lai convenu entre Mr. Phileas Fogg et nous
sera expiré.
A quelle heure est arrivé le dernier
train de Liverpool? demanda Thomas
Flanagan.
A neuf heures vingt-trois, répondit
Gautier Ralph, et le train suivant n'arrive
qu'à minuit aix.
Eh bien, messieurs, reprit Andrew
Stuart, si ~P-hileas. Fogc était arrivé par le
-M. Zorilla donnera atijourd'liui au Congrès et
au Sénat des explicat.ons sitr la crise ministé^
nclle: Il présentera le programme du gouver-
nement.
On croit dite le Sénat et le Congrès termine-
ront aujourd'hui leurs travaux.
M. 7,orilla a eu hier soir une longue confé-
rence avec M. Rivero, président du Congrès.
M. Becerra, ministre des travaux publics, as-
sistait, hier soir, à la Tertulia. Il a parlé de la
crise ministérielle e des réformes que le gou-»
vernement compte introduire dans Porto Ëico.
On lit dans le Journal officiel s
Conformément à l'article 3 du règlement d'ad-
ministration publique du 6 décembre 1872, et
après avoir pris l'avis de la commission insti-
tuée à cet effet, le ministre des finances a déci-
dé que la taxe sur le revenu pour les titres de
valeurs mobilières étrangères, cotés à la Bourse
et émis en France, sera assise sur la même ba-
se que les droits de timbre et de transmission.
En conséquence, le nombre de titres fixés
pour la perception de ces deux droits servira
également pour déterminer la taxe sur le re-
venu.
Nous ne voyons pas sans quelque sur.
prise un journal auquel on attribue des
relations avec le gouvernement, le Bien
public, mentionner sans réserve aucune,
et avec une sorte d'approbation tacite,
le fameux projet qui consiste à former
une seconde Chambre au moyen de la
division de l'Assemblée en vieux.^ en.
jeunes. Ce projet ne saurait être pris au
sérieux, et ne peut que prêter à rire.
M. Thiers ne peut pas l'avoir conçu, et
ne songe certainement pas- le soumet-
tre à la commission des Trente, comme
le Bien public semble l'insinuer.
Une idée plus sensée, et qui devait na-
turellement reparaître dès que la ques-
tion se posait, est de confier aux con-.
seils généraux la mission de nommer la
seconde Chambre. Elle est des plus plau-
sibles, et se rapproche, autant que nos
conditions le permettent, de la pratique
de la Suisse et des Etats-Unis. Nos dé-
partements, toutefois, n'ont pas l'im-
portance politique des Etats de la Con-
fédération de l'Amérique du Nord, ni
même celle des cantons helvétiques,
et par conséquent une Chambre nom-
mée par les conseils généraux n'aurait
probablement pas l'autorité qui est ac-
quise aux Chambres hautes en Suisse et
aux Etats-Unis. Si, d'autre part, on con-
sidère que ce mode d'élection ne serait
qu'une application du suffrage à deux
degrés, on en vient à se demander si un
recours plus franc à ce dernier système
ne serait pas préférable, en d'autres
termes s'il ne vaudrait pas mieux faire
nommer la deuxième Chambre par des
électeurs désignés ad hoc par le suffrage
universel. On aurait ainsi deux Cham-
bres, très suffisamment distinctes par
leur origine, et qui, dans la suite, four-
niraient les éléments d'une étude com-
parée des effets du suffrage direct et de
ceux du suffrage indirect.
Ce qu'il y aurait à craindre, c'est que
la Chambre, issue du suffrage directjne
gardât une prépondérance trop décidée
sur l'autre Chambre, et que, par suite,
la nouvelle institution ne répondît pas à
ses fins. Mais, dans les conditions où
nous nous trouvons, dans un pays aussi
nivelé que le nôtre et sous le régime du
suffrage universel, cette objection porte
avec une force égale sur tous les systè-
mes de contre-poids imaginables. Si la
Chambre populaire ne trouve pas un
frein en elle-même, dans la sagesse de
train de neuf heures vingt-trois, il serait
déjà ici. Nous pouvons donc considérer le
pari comme gagné.
Attendons, ne nous prononçons pas,
répondit Samuel Fallentin. Vous savez
que notre collègue est un excentrique de
premier ordre. Son exactitude en tout est
bien connue. Il n'arrive jamais ni trop
tard, ni trop tôt, et il apparaîtrait ici, à la
dernière minute, que je n'en serais pas au-
trement surpris.
-Et moi, dit Andrew Stuart, qui était,
comme toujours, très nerveux, je le ver-
rais, je n'y croirais pas.
En effet, reprit Thomas Flanagan, le
projet de monsieur Fogg était insensé.
Quelque fût son exactitude, il ne pouvait
empêcher des retards inévitables de se pro-
duire, et un retard de deux ou trois jours
seulement suffisait à compromettre son
voyage.
Vous remarquerez, d'ailleurs, ajouta
John Sullivan, que nous n'avons reçu au-
cune nouvelle de notre collègue, et, ce-
pendant, les fils télégraphiques ne man-
quaient pas sur-son itinéraire.
Il a perdu, messieurs, reprit Andrew
Stuart, il a cent f oisperdu! Vous savez, d'àil-
leurs, que le China,– le, seul paquebot de
New-York qu'il pût prendre pour venir à
Liverpool en temps utile,-est arrivé hier.
Or, voici la liste des passagers, publiée par
la Skippinçj-Gazette, et le nom de Phileas
Fogg n'y figure pas. Même en admettant
les chances les plus favorables, notre col-
lègue est à peine en Amérique, à l'heure
qu'il est J'estime à vingt jours, au moins,
le retard qu'il subira sur la date conve-
nue, et le vieux lord Abermale en sera,
lui aussi, pour ses cinq mille livres!
C'est évident, répondit Gautier Ralph,
et demain, nous n'aurons qu'à présenter
chez Baring frères, le chèque de Phileas
Fogg. »
En ce moment, l'horloge du salon sonna
la demie après dix heures.
« Encore cinq minutes, dit Andrew
Stuart.
Les cinq membres du Reform-Club se
regaidaient. On peut croire que les batte-
ments de leur cœur avaient subi une lé-
gère accélération, car enfin, même pour
de beaux joueurs, la partie était forte
Mais ils n'en voulaient rien laisser paraî-
tre, car, sur la proposition de Samuel Fal-
lentin, ils prirent place à une table de
jeu.
« Je ne donnerais pas ma part de quatre
mille livres dans le pari, dit Andrew
Stuart en s'asseyant, quand même on m'en
offrirait trois mille neuf cent quatre-vingt-
dix-neuf »
L'aiguille marquait, en ce moment, dix
heures trente-deux minufés.
Les joueurs avaient pris les cartes,mais,
à chaque instant, leur reaard se reportait
ses membres ou dans ses conditions
propres, tout ce qu'on pourra trou-
ver et appliquer de contre-poids ex-
térieurs, ne sera probablement que
d'un faible secours. Aussi; nous con-
solerions nous aisément i si on ne
trouvait rien du tout. C'est dans le re-
nouvellement partiel que nous persis-
tons à voir le meilleur moyen de modé-
rer et d'équilibrer l'Assemblée par elle-
même, en même temps que la constitu-
tion la plus simple et la plus appropriée
à nos conditions politiques. On y revien-
dra si l'on peut se résoudre à étudier
ces conditions sans parti pris.
-~»
La période un peu nuageuse qui a
commencé le 14 décembre et que l'on a
volontiers saluée comme une période de
conciliation, n'est peut-être en réalité,
qu'un temps d'indécision et d'embarras
que chacun veut mettre à profit pour
s'orienter et retoucher son plan de
campagne. Mais alors même qu'il y
aurait, dans l'apaisement actuel,
plus de réserve calculée que d'ac-
cord véritable, nous n'en devons
pas moins accueillir avec joie un répit
favorable aux affaires et au développe-
ment d'opinions réfléchies. La droite a
évidemment intérêt à conserver le plus
•"longtemps possible l'attitude d'appa-
rente satisfaction que ses chefs lui ont
recommandée après le vote des 480, et
dont ils donnent eux-mêmes l'exemple
dans les salons de la présidence. Aussi
n'est-il pas probable, et nous l'en félici
tons, que la droite essaye de sitôt une
opposition directe au Message et risque
de disloquer ainsi la majorité plus ap-
parente que réelle qui s'est manifestée
sur la dissolution. De là l'ajournement
à peu près certain de toute discussion
aiguë jusqu'à ce que la commission des
Trente ait formulé ses propositions.
Ce que seront ces propositions, on ns
peut encore l'entrevoir les séances te-
nues hier par les deux sous-commissions
n'ont guère été que des séances prépa-
ratoires, et leurs membres ont prélude
par des entretiens assez vagues aux
délibérations plus nettes et plus sérieu-
ses qu'ils devront bientôt aborder.
Relativement à la seconde Chambre,
l'opinion dominante paraît toujours
être celle que nous avons déjà criti-
quée ajourner le fonctionnement de
ce rouage constitutionnel, maintenir à
l'Assemblée actuelle les pouvoirs d'une
Assemblée unique, et n'organiser la se-
conde. Chambre que comme une sorte
de menace contre une Assemblée fu-
ture. « Nous voulons bien, disent les
commissaires, qu'une seconde Chambre
puisse tempérer l'omnipotence de nos
successeurs, mais à condition qu'elle ne
tempère pas la nôtre il est bon qu'elle
puisse exercer le droit de dissolution,
d'accord avec le président de la républi-
que, mais à condition qu'elle soit incapa-
ble de l'exercer contre nous. » Faire à
autrui ce qu'elle ne voudrait pas qu'on
lui fit, telle semble, en réalité, l'idée de
la majorité elle pose ainsi en principe
que l'Assemblée future sera loin de va-
loir sa devanciôro, qu'elle n'offrira pas
cette unité de vues, ces majorités impq-
santes et homogènes que présente l'As-
semblée actuelle, et qu'il faut prendre
dès à présent des mesures pour la dis-
soudre. Les commissaires ne semblent
sur l'horloge. bn peut affirmer que, quel
que fut leur sécurité, jamais minutes ne
leur avaient paru si longues
« Dix heures trente-trois,» dit Thomas
Flanagan, en coupant le jeu que lui pré-
sentait Gautier Ralph.
Puis, un moment de silence se fit. Le
vaste salon du club était tranquille. Mais
au dehors, on entendait le brouhaha de la
foule, que dominaient parfois des cris ai-
gus. Le balancier de l'horloge battait la
seconde avec une régularité mathémati-
que. Chaque joueur comptait involontai-
rement les divisions sexagésinales qui
frappaient son oreille.
« Dix heures trente-quatre » dit John
Sullivan, d'une voix dans laquelle on sen-
tait une certaine émotion.
Plus qu'une minute, et le pari était ga-
gné. Andrew Stuart et ses collègues ne
jouaient plus. Ils avaient abandonné les
cartes.
A la quarantième seconde, rien. A la cin-
quantième, rien encore!
A la cinquante-cinquième, on entendit
comme un tonnerre au dehors, des applau-
dissements, des hurrahs, et même des im-
précations, qui se propagèrent dans un rou-
lement continu.
Les cinq joueurs se levèrent.
A la cinquante-septième seconde, laporte
du salon s'ouvrit, et le balancier n avait
pas battu la soixantième seconde, que Phi-
leas Fogg apparut, suivi d'une foule en
délire qui avait forcé l'entrée du club, et,
de sa voix calme
« Me voici, messieurs, » dit-il.
XXXVII
DANS lequel IL EST PROUVÉ QUE phileas FOGG
N'A RIEN GAGNÉ A FAIRE CE TOUR DU monde, SI
CE N'EST LE BONHEUR.
Oui! Phileas Fogg en personne.
On se rappelle qu'à dix heures moins
cinq du soir,– vingt-quatre heures environ
après l'arrivée des voyageurs à Londres,
Passepartout avait été chargé par son
maître de prévenir le révérend Samuel
Wilson au sujet d'un certain mariage qui
devait se conclure le lendemain même.
Passepartout était donc parti, enchanté.
Il se rendit d'un pas rapide à la demeure du
révérend Samuel Wilson, qui n'était pas
encore rentré. Naturellement, Passepar-
tout attendit, mais il attendit vingt bon-
nes minutes au moins.
Bref, il était dix heures vingt-cinq,
quand il sortit de la maison du révérend.
Mais dans quel état Les cheveux en dés-
ordre, sans chapeau, courant, courant,
comme on n'a jamais vu courir de mé-
moire d'homme, renversant les passants,
se précipitant comme une trombe sur les.
trottoirs!
Jî.Râ.npn jilus. mettre en doute la pleine
soumission de 1 Assemblée à venir à là
tutelle préparée pour elle seule. Ils ne
se préoccupent point de ce dilemme
qui se pose tout naturellement ou
bien l'Assemblée future aura le tempé-
rament docile, acceptera sans répugnan-
ce le tuteur que vous lui aurez légué
par testament, et alors la tutelle sera
une sinécure; ou bien elle aura le tem-
pérament entier et indocile, elle parta-
gera votre répulsion pour tout instru-
ment de dissolution, et alors son pre-
mier soin sera de retenir pour elle-mê-
me l'omnipotence que vous vous serez
attribuée, de se proclamer votre égale
sur le terrain constituant, d'annuler vo-
tre testament et de destituer le tuteur
que vous lui aurez désigné.
Nous ne verrions donc pas sans quel-
que appréhension les sous-commissaires
accentuer leur préférence' pour cet ex-
pédient fragile, peu équitable, et dont
la consécration par l'Assemblée serait
même très douteuse. Il ne suffirait pas
que sept sous-commissaires et même
trente commissaires vinssent à s'enten-
dre sur une proposition quelconque de
seconde Chambre il faudrait encore
que cette combinaison réunît dans
l'Assemblée une majorité sérieuse il
-faudrait surtout qu'elle trouvât dans le
pays une adhésion assez grande pour
ne pas être remise immédiatement en
question.
Si l'on ne devait pas assurer à la se-
conde Chambre projetée ces conditions
de vitalité, si sa mission ou son mode de
recrutement devaient soulever des ob-
jections assez graves pour que l'autorité
morale et l'influence politique de ce nou-
veau corps fussent sérieusement contes-
tées si, enfin, le pays ne devait voir
qu'un expédient là où il faut une insti-
tution durable, il vaudrait mieux y re-
noncer, et chercher ailleurs les garan-
ties de stabilité ot de contrôle.
«.
Le budget est voté dans son ensemble
à peu près selon les prévisions de la
commission on a retranché, il est vrai,
quelques petites sommes tant aux re-
cettes qu'aux dépenses, mais l'équilibre,
est conservé- Cet équilibre, on le sait,
se présente soud la forme d'une dépense
de 2,300 millions mise en regard d'une
recette de 2,476 millions ,çt laissant un
excédant de 110 millions.
On est d'accord pour reconnaître que
ce chiffre de 110 millions ne pourra pas
être réalisé. Il renferme le produit des
droits sur les matières premières votés
le.20 juillet et évalué à. 03 millions. La
loi du 26 juillet est évidemment en par-
tie inapplicable, et les 'évaluations les
plus favorables n'ont pas dépasse, que
nous sachions, 42 millions. Mais si l'ex-
cédant de 110 millions est une illusion,
il n'en reste pas moins constant, qu'à
moins de circonstances défavorables
imprévues, l'équilibre entre les recettes
et les dépenses sera conservé.
Mais les recettes, nous parlons des
impôts autres que les douanes, peuvent
aussi donner raison aux optimistes,
c'est-à-dire qu'elles peuvent, comme
autrefois, dépasser les prévisions et ti-
rer lo Trésor de plus d'un embarras il
faut pour cela que nos habitudes politi-
ques s'améliorent, car notre pays est
tellement impressionnable qu'à la moin-
En trois minutes, il était de retour à la
maison de Saville-row, et il tombait, es-
soufflé, dans la chambre de Mr. Fogg.
Il ne pouvait parler.
« Qu'y a-t-il ? demanda Mr. Fogg.
Mon maître. balbutia Passepartout.
mariage. impossible.
Impossible?
Impossible. pour demain.
Pourquoi î
Parce que demain. c'est dimanche!
Lundi, répondit Mr. Fogg.
Non. aujourd'hui. samedi.
Samedi? Impossible!
–Si, si, si! s'écria Passepartout. Vous
vous êtes trompé d'un jour! Nous sommes
arrivés vingt-quatre heures en avance.
mais il ne reste plus que dix minutes.»
Passepartout avait saisi son maître au
collet, et il l'entraînait avec une force ir-
résistible
Phileas Fogg, ainsi enlevé, sans avoir le
temps de renechir, quitta sa chambre,
quitta sa maison, sauta dans un cab avec
Passepartout, promit cent livres au co-
cher, et, après avoir écrasé deux chiens
et accroché cinq voitures, il arriva au
Reform-Club.
L'horloge marquait dix heures trente-
cinq, quand il parut dans le grand salon.
Phileas Fogg avait accompli ce tour du
monde en quatre-vingt jours
Phileas Fogg avait gagné son pari de
vingt mille livres 1
Et maintenant, comment un homme si
exact, si méticuleux, avait-il pu' commet-
tre cette erreur de jour? Comment se
croyait-il au samedi soir, 21 décembre
quand il débarqua à Londres, alors qu'il
n'était qu'au vendredi, 20 décembre,
soixante-dix-neuf jours seulement après
son départ ? 1
Voici la raison de cette erreur. Elle est
fort simple.
Phileas Fogg avait, « sans s'en douter, »
gagné un jour sur son itinéraire, et cela
uniquement parce qu'il avait fait lé' tour
du -monde, en allant de l'est à rouest. Il
eût, au contraire, perdu ce jour en
allant en sens inverse, soit de l'ouest à
l'est.
En effet, en marchant vers l'est, Phileas
Fogg allait au-devant du soleil, et, par
conséquent, les jours diminuaient pour
lui d'autant de fois quatre minutes qu'il
franchissait de degres dans cette direc-
tion. Or, on compte trois cent soixante de-
grés sur la circonférence terrestre, et ces
trois cent soixante degrés, multipliés par
quatre minutes, donnent précisément
vingt-quatre heures, c'est-à-dire ce jour
inconsciemment gagné. En d'autres ter-
mes, pendant que Phileas Fogg, marchant
vers rest, voyait le soleil passer quatre-
vingts fois au méridien, ses collègues res-
tés à Londres, ne le voyaient passer que
dre discussion un peu vive à r-Assera-
~"Bîêfr*ttationale, toute la machine sociale
semble vouloir s'arrêter. Mais le mou-
vement et dans un certain sens même
l'agitation, sont propres aux pays libres;
lés luttes d'opinion n'aboutissent pas
nécessairement, comme s'imaginent les
peureux.^ à des luttes à main armée
c'est à coups de discours ou de bulletins
de vote qu'on se bat et non à coups de
fusil et de canon. Il faut savoir un peu
s'habituer au bruit.
Notre crédit dépend dans une cer-
taine mesure de notre impassibilité de-
vant le bruit; en effet, sur un produit
net de 2,223 millions, et même seule-
ment 2,113 millions, si l'on fait abstrac-
tion de l'excédant, nous n'employons
que 985 millions pour faire marcher les
services de l'Etat, tandis que 1,127 mil- '•'•
lions sont nécessaires pour payer les
intérêts de nos dettes et les autres en-
gagements, ainsi que les dotations. Si
nous défalquons les dotations qui,
logiquement, devraient flgurer parmi
les services publics, il reste encore
près de 1,100 millions, qu'il faut couvrir r
avant toute autre dépense. Un tiers en-
viron de cette somme provient des con-
tributions directes, qui sont presque les
seuls impôts qu'on peut dire insensibles
aux influences politiques; la majeure
partie de nos taxes est donc impression-
nable,-et son mouvement agit bien au
delà des limites qu'on lui trace habi-
tuellement. Heureusement nous n'avons
aucune raison particulière d'être pessi-
mistes, et nous pensons que les résul-
tats des budgets, s'ils ne sont pas aussi
favorables que le croient les uns, ne
seront pas aussi défavorables que le
prétendent les autres.
M. le ministre de la guerre a tenu
hier à la Chambre un langage très juste.
Non, il n'est pas possible de refuser la
croix de la Légion d'honneur ou la mé-
daille militaire à des sous-officiers et à
des soldats amputés ou encore grave-
ment malades des suites de la campa-
gne. Personne ne réclame contre ces
récompenses ni ne sôngç à marchander
la dépense qui en résulte. Mais M. le
général de Cissey n'ignore pas le nom-
bre des individus qui ne sont ni ampu-
tés ni malades, qui n'ont raômo pus iJcrii-
rô pendant la campagne, ou si peu c|n'n
n'en faut pas parler, et qui sont pour-
tant décorés. Ceux-là, le ministre n'a
pas eu besoin d'aller les découvrir- dans
les hôpitaux ils se -presenici.it bien tout
seuls, et, au b'esoTri, les" députés, .comme'
il l'a fait entendre, ne Jeuf vmyiïJ7,irent
pas. C'est sur ces derniers qu'il fallait
faire des économies de rubans, puis-
qu'on commence à s'apercevoir que, dé-
cidément, on en a trop donné. Ni Ml
Thiers, ni ses ministres, ni MM. les 'lé-
putés ne vont donc jamais dans un lieu
public, au spectacle, par exemple; ils
seraient confus en voyant la profusion
ridicule de décorations qui s'y' étalé. Et
si l'on savait ce que tant de, gens qui
les portent si fièrement ont fait pour les,
obtenir!
*>
On lit dans le Bulletin. conservateur ré-
publicain
Fidèle à la tactique qui consiste à représenter
le centre gauche comme étant en proio à des
dissensions intestines, un journal du matin à
annoncé que MM. le comte Rampon, Ferây et
soixante-dix-neuf fois-. C'est pourquoi, ce
,our-là même, qui était le samedi et non
le dimanche, comme le croyait Mr. Fogg,
ceux-ci l'attendaient dans le salon du Re-
form-Club.
Et c'est ce que la fameuse montre dé
Passepartout, qui avait toujours con-
servé l'heure de Londres, eut constaté,
si, en même temps que les minutes et les
heures, elle eût marqué les jours
Phileas Fogg avait donc gagné les vingt
mille livres. J\fais, comme il en avait dé-
pensé en route environ dix-neuf mille, le
résultat pécuniaire était médiocre. Toute-
fois, on l'a dit, l'excentrique gentleman
n'avait, en ce pari, cherché que la lutte,
non la fortune. Et même, ces mille livrés
restant, il les partagea entre l'honnête
Passepartout et le malheureux Fix, au-
quel il était incapable d'en vouloir.
Ce soir-là même, Mr. Fogg, toujours
aussi impassible, aussi flegmatique, disait
à Mrs. Aouda
« Ce mariage vous convient-il toujours,
madame ? 1
Monsieur Fogg, répondit Mrs- Aoucia,
c'est à moi de vous faire cette question.
Vous étiez ruiné, vous voici riche.
-Pardonnez-moi, madame,' cette for-
tune vous appartient. Si vous n'aviez pas
eu la pensee de ce mariage, Passepar-
tout ne serait pas. allé chez le révérend
Samuel Wilson, je n'aurais pas été averti
de mon erreur, et.
Cher monsieur Fogg! dit la jeune
femme.
Chère Aouda » répondit Phileas
Fogg.
On comprend bien que le mariage se fit
quarante-huit heures plus tard, et Passe-
partout, superbe, resplendissant, éblouis-
sant, y figura comme témoin de la jeune
femme. Ne l'avait-il pas sauvée, et ne lui
devait-on pas cet honneur?
Ainsi donc Phileas Fpggavait gagné son
.pari. Il avait accompli en quatre-vingts
jours ce voyage autour du monde! Il avait
employé, pour ce faire, tous les moyens de
transport, paquebots, railways, voitures,
yachts,bâtiments de commerce, traîneaux, x.
éléphants. L'excentrique gentleman avait
déployé dans cette affaire ses nierveil-
leuses qualités de sang-froid et d'exacti-
tude. Mais après? Qu'avait-il gagné ce
déplacement? Qu'avait-il rapporté de ce
voyage? 1
Rien, dira-t-on. Rien, soit, si ce n'es!
une charmante femme qui, quelque in-
vraisemblable que cela puisse paraître,
le rendit le plus heureux des hommes
En vérité, ne ferait-on pour moins -io
cela le Tour du Monde? 3
wm
JULES MB-
ON S'ABONNE AU BUREAU DU JOURNAL, 10, FAUBOURG MONTMARTRE, 10
DIMANCHE 22 DÉCEMBRE 1872
.ABONNEMENTS (DÉPARTEMENTS)
Trois mois Vt fr. Six mois 34 fr. Un an 68 fr.
LES ABOKNEMEKTS DATENT DES 1" ET 10 DE CHAQUE MOIS
ABONNEMENTS (PARIS)
Trois mois 14 fr. Six mois 28 fr. Un aîî ?•» ît,
LES ABOIEMENTS DATEKT DES 1" ET 16 DE J!HAQL"E MOIS
%J*k numéro (départements) fZO centimes.
\)).it.r'
La rédaction n'e répond' pus' des articles communiqués
• et ne se charge pas de les renvoyer.
Un numéro (à Paris) lîî centimes.
ANNONCES jim. FAucHEY-LAFFiTTE-BULLiEn et c; 8 place de la Bour6e2
M. Dupom, 7, rue Coq-Héron, et au bureau du journal.
••»- (jjrçjt d'insertion réservé à la rédaction )
V .4··p1lV(! ~~°;al r
L'échéance du 31 décembre étant ia
plus considérable de l'année, nous 's
prions nos souscripteurs dont l'abonne-
ment expire à cette date de vouloir bien
le renouveler sans retard, pour nous
permettre de leur éviter une interrup-
tion dans l'envoi du journal.
PRIX DE L'ABONNEMENT POUR LES
i DÉPARTEMENTSs
.& .t.
Trois mois il fr. Six mois 34 fr.
Un an: 68 fr.
En mandat de poste, on à vue sur Paris.
-w
,M~r ¡. ,t:.I"
PARIS, 21 DECEMBRE
èOtLETIN DU JOUR
L'Assemblée a terminé hier la dis-
cussion du budget; le vote sur l'ensem-
ble, a été unanime dans le sens de. -l'a-
doption. Il.y aura encore séance aujour-
d'hui, et les projets de loi ne manquent
pas à l'ordre du jour; mais, quoiqu'il
advienne, on ne s'en séparera pas moins
ce soir pour ne revenir que le s janvier.
Nombre de membres paraissent même
avoir déjà pris la clef des champs,
et ce n'a pas été, dit -on, sans une
certaine surprise qu'on a constaté
hier qu'au scrutin final il se trou-
vait dans l'urne 663 bulletins, dont
plus d'un, en dépit des recommanda-
tions publiquement faites naguère, y
avait sans doute été glissé, aux lieu et
place de l'absent, par lamain d'un collè-
gue complaisant. Il n'y a qu'une voix
dans le public pour se féliciter des
quelques joursdepaix etdereposqueva
nous valoir la suspension des luttes par-
lementaires. C'est là un sentiment qui a
certainement plus d'un côté fâcheux. Il
n'est pas bon qu'un peuple en vienne à
se sentir soulagé quand le silence se
fait autour de la tribune mais on ne
sait malheureusement que trop d'où
provient cette impression de détente
qui, dès que la Chambre se ferme, se
répand dans le pays. Les représentants
des départements s'en retournent chez
eux ils pourront juger par eux-mêmes
de l'intensité du besoin qu'éprouvent
les populations vouées au travail de
voir l'accord s'établir enfin entre l'As-
semblée et le gouvernement pour don-
ner au régime actuel, c'est-à-dire à la
république conservatrice, les conditions
de vie et d'avenir qui lui manquent en-
core. Nous ne savons s'il y a lieu d'es-
pérer, mais en tout cas, il faut vive-
ment souhaiter qu'ils reviennent à Ver-
sailles pénétrés de ce besoin et mieux
disposés que par le passé à y donner
satisfaction.
Nous donnons plus loin le compte
rendu des débats qui ont eu lieu hier
dans les deux sous-commissions de la
commission des Trente. On y verra que
tout s'est borné à un échange d'opinions
et que sous les apparences de bon vou-
loir et de conciliation qui sont toujours
le mot d'ordre de la majorité, les réti-
cences de fond ont continué à se faire
jour, et les questions pendantes
à rester dans le vague. On pourra
y remarquer aussi que les conséquen-
ces de la faute commise par la majorité
des Trente en instituant deux sous-com-
a t~
S" ^.1~M,`f;·v A 1i>7.. C n^,L, ~·.
FBJUI3LqbÉJTON DlTTEMPS
DU 22 DECEMBRE! S|
LET@UB DU MONDE
ÏN
QVjç&m-'ymàTs jours
.1 XXXVI
DÂNS'"t.Sarat PHILEAS FOGG FAIT DE NOUVEAU
PRIME SUR LE MARCHÉ.
Il est temps de dire quel revirement de
l'opinion s'était produit dans le Royaume-
Uni, quand on apprit l'arrestation du vrai
voleur de la Banque, un certain James
Strand,-qui avait eu lieu le 17 décembre,
à Edimbourg.
Il y a trois jours, Phileas Fogg était en-
core un criminel que la police poursuivait
à outrance, et, le voleur une fois ar-
rêté, il redevint le plus honnête gentle-
man du monde, qui accomplissait ma.
thématiquement son excentrique voyage
autour de la terre.
Quel effet, quel bruit dans les journaux! 1
Tous les parieurs pour ou contre, qui
avaient déjà oublié cette affaire, ressusci-
tèrent comme par magie. Toutes les tran-
sactions redevenaient valables. Tous les
engagements revivaient, et, il faut le dire,
les parisk-reprirent avec une nouvelle éner-
gie, et le nom de Phileas Fogg fit de nou-
veau prime sjune marché.
Les cinq collègues du gentleman, au
Reform-Qub, passèrent ces trois jours
dans une certaine inquiétude. Ce Phileas
Fogg qu'ils. avaient oublié, reparaissait
Voir le Temps dès 6, 8, 9, 10, u, 15, 16, 17,
80, 21, 22, 23, 24, 23, 29. 30 novembre, 1«, 4, 5, 6,
7, 8, 12, 13, 14,15; 18..19 et 20 décembre.
jugions n'ont pas.taxdai.se produire;
par la force même des choses, ces deux
sous-commissions se trouvent, en effet,
amenées à empiéter réciproquement sur
le terrain l'une de l'autre; toutes deux
ont abordé hier la question des deux
Chambres. Le centre gauche s'est éga-
lement réuni hier, comme on sait;
nous avons déjà fait connaître
la décision prise par ses membres,
d'ajourner au 8 janvier le renouvelle-
ment de son bureau. La discussion qui
a amené ce résultat a été longue et in-
téressante elle a eu pour effet, ainsi
que le montre le vote, d'assoupir, sinon
d'effacer bien des dissidences nées de
la division qui s'était manifestée dans
le groupe à la séance parlementaire de
samedi.
De l'extérieur, il y a peu de nouvelles.
On ne dit rien aujourd'hui de M. de
Bismarck. A Madrid, le remaniement
ministériel paraît terminé, mais qu'est-
ce qu'un changement de deux ou trois
noms dans la situation violente où se
trouve l'Espagne? De Suisse, on an-
nonce que la question de la révision
de la Constitution fédérale, naguère
tranchée par un vote populaire néga-
tif, revient sur le tapis. Par 103 voix
contre une, le Conseil national a chargé
le pouvoir exécutif de présenter de nou-
velles propositions révisionnistes. Ce
qui avait surtout fait échouer la der-
nière tentative de révision, c'était l'é-
tendue même des réformes proposées,
et la nécessité de les adopter ou de les
repousser en bloc. Il est à supposer que,
cette fois, on procédera^ ar voie de ré-
formes partielles et successives.
i. '~4'~ :i S t~
DEPÉCHES TÉLÉGRAPHIQUES
8ERVICB HAVAS-BULLIBR
Havr^. 20 décembre.
Dans sa séance d'hier, le conseil municipal du
Havre a concédé les tramways delà ville à la Ban-
que française et italienne.
Suisse.
Berne, 21 décembre, 10 h. 15, matin.
Le conseil national a adopté, par 103 voix con-
tre 1, une motion chargeant le Conseil fédéral
de présenter de nouvelles propositions pour la
révision de la Constitution.
ItaUe.
Rome, 20 décembre.
Chambre des députés. M.Ricotti présente
un projet de loi, sur le recrutemeut de l'armée.
La Chambre approuve l'exercice provisoire des
budgets qui n'ont pas encore é^é discutés.
Ronfle, 20 décembre.
La Gazelte officielle annonce que le roi est
indisposé depuis hier. Sa Majesté est souffrante
d'une fièvre rhumatismale qui ne présente au-
cun' caractère de gravité. Elle a passé tranquil-
lement la nuit.
Ce matin, les symptômes de fièvre avaient
beaucoup diminue.
Angleterre.
Londres, 21 décembre.
Le comte de Beust est parti hier pour Vienne.
Le Mornino.P.QSl, dit qu'il a des raisons de
croire que ce départ inattendu .est probablement
l'indice que le comte de Beust sera appelé à des
fonctions élevées Vienne.
Dans un meeting tenu par les membres du
Conseil des métiers, les délégués des métiers
ont protesté contre les jugements sévères pro-
nonces contre les grévistes gaziers.
Allemagne.
Carlsruhe, 20 décembre, soir.
Le bulletin de la santé de la grande-duchesse,
publié aujourd'hui, porte qu'a la suite d'une
longue et violente fièvre, il s est produit la nuit
dernière une transpiration bienfaisante qui a eu
pour effet une diminution de la fièvre et un
apaisenBkit des douleurs de tête et de poitrine.
Espagne.
Madrid, 20 décembre.
Les nouveaux ministres ont pçêté serment hier
soir.
inopinément à leurs yeuxl Où était-il
en.ce moment? Le 17 décembre, jour
où James Strand fut arrêté à Edim-
bourg, il y avait soixante seize
jours que Phileas Fogg était parti
et pas une nouvelle de lui! Avait-il
succombé? Avait-il renoncé à la lutte,
ou continuait-il sa marche suivant l'i-
tinéraire convenu ? Et le samedi, 21 dé-
cembre, à dix heures trente-cinq du soir,
allait-il apparaître comme le fantôme de
l'exactitude sur le seuil du salon du Re-
form-Club ? 1
Il faut renoncer à peindre l'anxiété dans
laquelle, pendant trois jours, vécut tout ce
monde de la société anglaise. On lança
des dépêches en Amériqua, en Asie, pour
avoir des nouvelles de Phileas Fogg. On
envoya matin et soir observer la maison
de Saville-Row. Rien. La police elle-
même ne savait plus ce qu'était devenu
le détective Fix, qui s'était si malencon-
treusement jeté sur une fausse piste. Ce
qui n'empêcha pas les paris de s'en-
gager de nouveau sur une plus vaste
échelle. Phileas Fogg, comme un cheval
de course, arrivait au dernier tournant.
On ne le cotait plus à cent, mais à vingt,
m ais à dix, mais à cinq, et le vieux pa-
ralytique, lord Albermale, le prenait, lui,
à égalité.
Aussi, le samedi soir, y avait-il foule
dans Pall Mali, et dans les rues voisines.
On eût dit un immense attroupement de
courtiers, établis en permanence aux a-
Jjords du Reform-Club. La circulation était
empêchée. On discutait, on disputait, on
criaitles cours « du Phileas Fogg », comme
ceux des fonds anglais. Les policemen a-
vaient beaucoup de peine à contenir le po-
pulaire, et à mesure que s'avançait l'heu-
re à laquelle devait arriver Phileas Fogg,
l'émotion prenait des proportions invrai-
semblables.
Ce soir-là, les cinq collègues du gentle-
man étaient réunis depuis neuf heures
dans le grand salon du Reform-Glub. Les
deux banquiers, John Sullivan et Samuel
~Fallentin, l'ingénieur Andrew Stuart,
Gautier Ralph, l'administrateur de la Ban-
que d'Angleterre, le brasseur Thomas
Flanagan, tous attendaient avec anxiété.
Au moment où l'horloge du grand salon
marqua dix heures un quart, Andrew
Stuart, se levant, dit
c Messieurs, dans vingt minutes, le dé-
lai convenu entre Mr. Phileas Fogg et nous
sera expiré.
A quelle heure est arrivé le dernier
train de Liverpool? demanda Thomas
Flanagan.
A neuf heures vingt-trois, répondit
Gautier Ralph, et le train suivant n'arrive
qu'à minuit aix.
Eh bien, messieurs, reprit Andrew
Stuart, si ~P-hileas. Fogc était arrivé par le
-M. Zorilla donnera atijourd'liui au Congrès et
au Sénat des explicat.ons sitr la crise ministé^
nclle: Il présentera le programme du gouver-
nement.
On croit dite le Sénat et le Congrès termine-
ront aujourd'hui leurs travaux.
M. 7,orilla a eu hier soir une longue confé-
rence avec M. Rivero, président du Congrès.
M. Becerra, ministre des travaux publics, as-
sistait, hier soir, à la Tertulia. Il a parlé de la
crise ministérielle e des réformes que le gou-»
vernement compte introduire dans Porto Ëico.
On lit dans le Journal officiel s
Conformément à l'article 3 du règlement d'ad-
ministration publique du 6 décembre 1872, et
après avoir pris l'avis de la commission insti-
tuée à cet effet, le ministre des finances a déci-
dé que la taxe sur le revenu pour les titres de
valeurs mobilières étrangères, cotés à la Bourse
et émis en France, sera assise sur la même ba-
se que les droits de timbre et de transmission.
En conséquence, le nombre de titres fixés
pour la perception de ces deux droits servira
également pour déterminer la taxe sur le re-
venu.
Nous ne voyons pas sans quelque sur.
prise un journal auquel on attribue des
relations avec le gouvernement, le Bien
public, mentionner sans réserve aucune,
et avec une sorte d'approbation tacite,
le fameux projet qui consiste à former
une seconde Chambre au moyen de la
division de l'Assemblée en vieux.^ en.
jeunes. Ce projet ne saurait être pris au
sérieux, et ne peut que prêter à rire.
M. Thiers ne peut pas l'avoir conçu, et
ne songe certainement pas- le soumet-
tre à la commission des Trente, comme
le Bien public semble l'insinuer.
Une idée plus sensée, et qui devait na-
turellement reparaître dès que la ques-
tion se posait, est de confier aux con-.
seils généraux la mission de nommer la
seconde Chambre. Elle est des plus plau-
sibles, et se rapproche, autant que nos
conditions le permettent, de la pratique
de la Suisse et des Etats-Unis. Nos dé-
partements, toutefois, n'ont pas l'im-
portance politique des Etats de la Con-
fédération de l'Amérique du Nord, ni
même celle des cantons helvétiques,
et par conséquent une Chambre nom-
mée par les conseils généraux n'aurait
probablement pas l'autorité qui est ac-
quise aux Chambres hautes en Suisse et
aux Etats-Unis. Si, d'autre part, on con-
sidère que ce mode d'élection ne serait
qu'une application du suffrage à deux
degrés, on en vient à se demander si un
recours plus franc à ce dernier système
ne serait pas préférable, en d'autres
termes s'il ne vaudrait pas mieux faire
nommer la deuxième Chambre par des
électeurs désignés ad hoc par le suffrage
universel. On aurait ainsi deux Cham-
bres, très suffisamment distinctes par
leur origine, et qui, dans la suite, four-
niraient les éléments d'une étude com-
parée des effets du suffrage direct et de
ceux du suffrage indirect.
Ce qu'il y aurait à craindre, c'est que
la Chambre, issue du suffrage directjne
gardât une prépondérance trop décidée
sur l'autre Chambre, et que, par suite,
la nouvelle institution ne répondît pas à
ses fins. Mais, dans les conditions où
nous nous trouvons, dans un pays aussi
nivelé que le nôtre et sous le régime du
suffrage universel, cette objection porte
avec une force égale sur tous les systè-
mes de contre-poids imaginables. Si la
Chambre populaire ne trouve pas un
frein en elle-même, dans la sagesse de
train de neuf heures vingt-trois, il serait
déjà ici. Nous pouvons donc considérer le
pari comme gagné.
Attendons, ne nous prononçons pas,
répondit Samuel Fallentin. Vous savez
que notre collègue est un excentrique de
premier ordre. Son exactitude en tout est
bien connue. Il n'arrive jamais ni trop
tard, ni trop tôt, et il apparaîtrait ici, à la
dernière minute, que je n'en serais pas au-
trement surpris.
-Et moi, dit Andrew Stuart, qui était,
comme toujours, très nerveux, je le ver-
rais, je n'y croirais pas.
En effet, reprit Thomas Flanagan, le
projet de monsieur Fogg était insensé.
Quelque fût son exactitude, il ne pouvait
empêcher des retards inévitables de se pro-
duire, et un retard de deux ou trois jours
seulement suffisait à compromettre son
voyage.
Vous remarquerez, d'ailleurs, ajouta
John Sullivan, que nous n'avons reçu au-
cune nouvelle de notre collègue, et, ce-
pendant, les fils télégraphiques ne man-
quaient pas sur-son itinéraire.
Il a perdu, messieurs, reprit Andrew
Stuart, il a cent f oisperdu! Vous savez, d'àil-
leurs, que le China,– le, seul paquebot de
New-York qu'il pût prendre pour venir à
Liverpool en temps utile,-est arrivé hier.
Or, voici la liste des passagers, publiée par
la Skippinçj-Gazette, et le nom de Phileas
Fogg n'y figure pas. Même en admettant
les chances les plus favorables, notre col-
lègue est à peine en Amérique, à l'heure
qu'il est J'estime à vingt jours, au moins,
le retard qu'il subira sur la date conve-
nue, et le vieux lord Abermale en sera,
lui aussi, pour ses cinq mille livres!
C'est évident, répondit Gautier Ralph,
et demain, nous n'aurons qu'à présenter
chez Baring frères, le chèque de Phileas
Fogg. »
En ce moment, l'horloge du salon sonna
la demie après dix heures.
« Encore cinq minutes, dit Andrew
Stuart.
Les cinq membres du Reform-Club se
regaidaient. On peut croire que les batte-
ments de leur cœur avaient subi une lé-
gère accélération, car enfin, même pour
de beaux joueurs, la partie était forte
Mais ils n'en voulaient rien laisser paraî-
tre, car, sur la proposition de Samuel Fal-
lentin, ils prirent place à une table de
jeu.
« Je ne donnerais pas ma part de quatre
mille livres dans le pari, dit Andrew
Stuart en s'asseyant, quand même on m'en
offrirait trois mille neuf cent quatre-vingt-
dix-neuf »
L'aiguille marquait, en ce moment, dix
heures trente-deux minufés.
Les joueurs avaient pris les cartes,mais,
à chaque instant, leur reaard se reportait
ses membres ou dans ses conditions
propres, tout ce qu'on pourra trou-
ver et appliquer de contre-poids ex-
térieurs, ne sera probablement que
d'un faible secours. Aussi; nous con-
solerions nous aisément i si on ne
trouvait rien du tout. C'est dans le re-
nouvellement partiel que nous persis-
tons à voir le meilleur moyen de modé-
rer et d'équilibrer l'Assemblée par elle-
même, en même temps que la constitu-
tion la plus simple et la plus appropriée
à nos conditions politiques. On y revien-
dra si l'on peut se résoudre à étudier
ces conditions sans parti pris.
-~»
La période un peu nuageuse qui a
commencé le 14 décembre et que l'on a
volontiers saluée comme une période de
conciliation, n'est peut-être en réalité,
qu'un temps d'indécision et d'embarras
que chacun veut mettre à profit pour
s'orienter et retoucher son plan de
campagne. Mais alors même qu'il y
aurait, dans l'apaisement actuel,
plus de réserve calculée que d'ac-
cord véritable, nous n'en devons
pas moins accueillir avec joie un répit
favorable aux affaires et au développe-
ment d'opinions réfléchies. La droite a
évidemment intérêt à conserver le plus
•"longtemps possible l'attitude d'appa-
rente satisfaction que ses chefs lui ont
recommandée après le vote des 480, et
dont ils donnent eux-mêmes l'exemple
dans les salons de la présidence. Aussi
n'est-il pas probable, et nous l'en félici
tons, que la droite essaye de sitôt une
opposition directe au Message et risque
de disloquer ainsi la majorité plus ap-
parente que réelle qui s'est manifestée
sur la dissolution. De là l'ajournement
à peu près certain de toute discussion
aiguë jusqu'à ce que la commission des
Trente ait formulé ses propositions.
Ce que seront ces propositions, on ns
peut encore l'entrevoir les séances te-
nues hier par les deux sous-commissions
n'ont guère été que des séances prépa-
ratoires, et leurs membres ont prélude
par des entretiens assez vagues aux
délibérations plus nettes et plus sérieu-
ses qu'ils devront bientôt aborder.
Relativement à la seconde Chambre,
l'opinion dominante paraît toujours
être celle que nous avons déjà criti-
quée ajourner le fonctionnement de
ce rouage constitutionnel, maintenir à
l'Assemblée actuelle les pouvoirs d'une
Assemblée unique, et n'organiser la se-
conde. Chambre que comme une sorte
de menace contre une Assemblée fu-
ture. « Nous voulons bien, disent les
commissaires, qu'une seconde Chambre
puisse tempérer l'omnipotence de nos
successeurs, mais à condition qu'elle ne
tempère pas la nôtre il est bon qu'elle
puisse exercer le droit de dissolution,
d'accord avec le président de la républi-
que, mais à condition qu'elle soit incapa-
ble de l'exercer contre nous. » Faire à
autrui ce qu'elle ne voudrait pas qu'on
lui fit, telle semble, en réalité, l'idée de
la majorité elle pose ainsi en principe
que l'Assemblée future sera loin de va-
loir sa devanciôro, qu'elle n'offrira pas
cette unité de vues, ces majorités impq-
santes et homogènes que présente l'As-
semblée actuelle, et qu'il faut prendre
dès à présent des mesures pour la dis-
soudre. Les commissaires ne semblent
sur l'horloge. bn peut affirmer que, quel
que fut leur sécurité, jamais minutes ne
leur avaient paru si longues
« Dix heures trente-trois,» dit Thomas
Flanagan, en coupant le jeu que lui pré-
sentait Gautier Ralph.
Puis, un moment de silence se fit. Le
vaste salon du club était tranquille. Mais
au dehors, on entendait le brouhaha de la
foule, que dominaient parfois des cris ai-
gus. Le balancier de l'horloge battait la
seconde avec une régularité mathémati-
que. Chaque joueur comptait involontai-
rement les divisions sexagésinales qui
frappaient son oreille.
« Dix heures trente-quatre » dit John
Sullivan, d'une voix dans laquelle on sen-
tait une certaine émotion.
Plus qu'une minute, et le pari était ga-
gné. Andrew Stuart et ses collègues ne
jouaient plus. Ils avaient abandonné les
cartes.
A la quarantième seconde, rien. A la cin-
quantième, rien encore!
A la cinquante-cinquième, on entendit
comme un tonnerre au dehors, des applau-
dissements, des hurrahs, et même des im-
précations, qui se propagèrent dans un rou-
lement continu.
Les cinq joueurs se levèrent.
A la cinquante-septième seconde, laporte
du salon s'ouvrit, et le balancier n avait
pas battu la soixantième seconde, que Phi-
leas Fogg apparut, suivi d'une foule en
délire qui avait forcé l'entrée du club, et,
de sa voix calme
« Me voici, messieurs, » dit-il.
XXXVII
DANS lequel IL EST PROUVÉ QUE phileas FOGG
N'A RIEN GAGNÉ A FAIRE CE TOUR DU monde, SI
CE N'EST LE BONHEUR.
Oui! Phileas Fogg en personne.
On se rappelle qu'à dix heures moins
cinq du soir,– vingt-quatre heures environ
après l'arrivée des voyageurs à Londres,
Passepartout avait été chargé par son
maître de prévenir le révérend Samuel
Wilson au sujet d'un certain mariage qui
devait se conclure le lendemain même.
Passepartout était donc parti, enchanté.
Il se rendit d'un pas rapide à la demeure du
révérend Samuel Wilson, qui n'était pas
encore rentré. Naturellement, Passepar-
tout attendit, mais il attendit vingt bon-
nes minutes au moins.
Bref, il était dix heures vingt-cinq,
quand il sortit de la maison du révérend.
Mais dans quel état Les cheveux en dés-
ordre, sans chapeau, courant, courant,
comme on n'a jamais vu courir de mé-
moire d'homme, renversant les passants,
se précipitant comme une trombe sur les.
trottoirs!
Jî.Râ.npn jilus. mettre en doute la pleine
soumission de 1 Assemblée à venir à là
tutelle préparée pour elle seule. Ils ne
se préoccupent point de ce dilemme
qui se pose tout naturellement ou
bien l'Assemblée future aura le tempé-
rament docile, acceptera sans répugnan-
ce le tuteur que vous lui aurez légué
par testament, et alors la tutelle sera
une sinécure; ou bien elle aura le tem-
pérament entier et indocile, elle parta-
gera votre répulsion pour tout instru-
ment de dissolution, et alors son pre-
mier soin sera de retenir pour elle-mê-
me l'omnipotence que vous vous serez
attribuée, de se proclamer votre égale
sur le terrain constituant, d'annuler vo-
tre testament et de destituer le tuteur
que vous lui aurez désigné.
Nous ne verrions donc pas sans quel-
que appréhension les sous-commissaires
accentuer leur préférence' pour cet ex-
pédient fragile, peu équitable, et dont
la consécration par l'Assemblée serait
même très douteuse. Il ne suffirait pas
que sept sous-commissaires et même
trente commissaires vinssent à s'enten-
dre sur une proposition quelconque de
seconde Chambre il faudrait encore
que cette combinaison réunît dans
l'Assemblée une majorité sérieuse il
-faudrait surtout qu'elle trouvât dans le
pays une adhésion assez grande pour
ne pas être remise immédiatement en
question.
Si l'on ne devait pas assurer à la se-
conde Chambre projetée ces conditions
de vitalité, si sa mission ou son mode de
recrutement devaient soulever des ob-
jections assez graves pour que l'autorité
morale et l'influence politique de ce nou-
veau corps fussent sérieusement contes-
tées si, enfin, le pays ne devait voir
qu'un expédient là où il faut une insti-
tution durable, il vaudrait mieux y re-
noncer, et chercher ailleurs les garan-
ties de stabilité ot de contrôle.
«.
Le budget est voté dans son ensemble
à peu près selon les prévisions de la
commission on a retranché, il est vrai,
quelques petites sommes tant aux re-
cettes qu'aux dépenses, mais l'équilibre,
est conservé- Cet équilibre, on le sait,
se présente soud la forme d'une dépense
de 2,300 millions mise en regard d'une
recette de 2,476 millions ,çt laissant un
excédant de 110 millions.
On est d'accord pour reconnaître que
ce chiffre de 110 millions ne pourra pas
être réalisé. Il renferme le produit des
droits sur les matières premières votés
le.20 juillet et évalué à. 03 millions. La
loi du 26 juillet est évidemment en par-
tie inapplicable, et les 'évaluations les
plus favorables n'ont pas dépasse, que
nous sachions, 42 millions. Mais si l'ex-
cédant de 110 millions est une illusion,
il n'en reste pas moins constant, qu'à
moins de circonstances défavorables
imprévues, l'équilibre entre les recettes
et les dépenses sera conservé.
Mais les recettes, nous parlons des
impôts autres que les douanes, peuvent
aussi donner raison aux optimistes,
c'est-à-dire qu'elles peuvent, comme
autrefois, dépasser les prévisions et ti-
rer lo Trésor de plus d'un embarras il
faut pour cela que nos habitudes politi-
ques s'améliorent, car notre pays est
tellement impressionnable qu'à la moin-
En trois minutes, il était de retour à la
maison de Saville-row, et il tombait, es-
soufflé, dans la chambre de Mr. Fogg.
Il ne pouvait parler.
« Qu'y a-t-il ? demanda Mr. Fogg.
Mon maître. balbutia Passepartout.
mariage. impossible.
Impossible?
Impossible. pour demain.
Pourquoi î
Parce que demain. c'est dimanche!
Lundi, répondit Mr. Fogg.
Non. aujourd'hui. samedi.
Samedi? Impossible!
–Si, si, si! s'écria Passepartout. Vous
vous êtes trompé d'un jour! Nous sommes
arrivés vingt-quatre heures en avance.
mais il ne reste plus que dix minutes.»
Passepartout avait saisi son maître au
collet, et il l'entraînait avec une force ir-
résistible
Phileas Fogg, ainsi enlevé, sans avoir le
temps de renechir, quitta sa chambre,
quitta sa maison, sauta dans un cab avec
Passepartout, promit cent livres au co-
cher, et, après avoir écrasé deux chiens
et accroché cinq voitures, il arriva au
Reform-Club.
L'horloge marquait dix heures trente-
cinq, quand il parut dans le grand salon.
Phileas Fogg avait accompli ce tour du
monde en quatre-vingt jours
Phileas Fogg avait gagné son pari de
vingt mille livres 1
Et maintenant, comment un homme si
exact, si méticuleux, avait-il pu' commet-
tre cette erreur de jour? Comment se
croyait-il au samedi soir, 21 décembre
quand il débarqua à Londres, alors qu'il
n'était qu'au vendredi, 20 décembre,
soixante-dix-neuf jours seulement après
son départ ? 1
Voici la raison de cette erreur. Elle est
fort simple.
Phileas Fogg avait, « sans s'en douter, »
gagné un jour sur son itinéraire, et cela
uniquement parce qu'il avait fait lé' tour
du -monde, en allant de l'est à rouest. Il
eût, au contraire, perdu ce jour en
allant en sens inverse, soit de l'ouest à
l'est.
En effet, en marchant vers l'est, Phileas
Fogg allait au-devant du soleil, et, par
conséquent, les jours diminuaient pour
lui d'autant de fois quatre minutes qu'il
franchissait de degres dans cette direc-
tion. Or, on compte trois cent soixante de-
grés sur la circonférence terrestre, et ces
trois cent soixante degrés, multipliés par
quatre minutes, donnent précisément
vingt-quatre heures, c'est-à-dire ce jour
inconsciemment gagné. En d'autres ter-
mes, pendant que Phileas Fogg, marchant
vers rest, voyait le soleil passer quatre-
vingts fois au méridien, ses collègues res-
tés à Londres, ne le voyaient passer que
dre discussion un peu vive à r-Assera-
~"Bîêfr*ttationale, toute la machine sociale
semble vouloir s'arrêter. Mais le mou-
vement et dans un certain sens même
l'agitation, sont propres aux pays libres;
lés luttes d'opinion n'aboutissent pas
nécessairement, comme s'imaginent les
peureux.^ à des luttes à main armée
c'est à coups de discours ou de bulletins
de vote qu'on se bat et non à coups de
fusil et de canon. Il faut savoir un peu
s'habituer au bruit.
Notre crédit dépend dans une cer-
taine mesure de notre impassibilité de-
vant le bruit; en effet, sur un produit
net de 2,223 millions, et même seule-
ment 2,113 millions, si l'on fait abstrac-
tion de l'excédant, nous n'employons
que 985 millions pour faire marcher les
services de l'Etat, tandis que 1,127 mil- '•'•
lions sont nécessaires pour payer les
intérêts de nos dettes et les autres en-
gagements, ainsi que les dotations. Si
nous défalquons les dotations qui,
logiquement, devraient flgurer parmi
les services publics, il reste encore
près de 1,100 millions, qu'il faut couvrir r
avant toute autre dépense. Un tiers en-
viron de cette somme provient des con-
tributions directes, qui sont presque les
seuls impôts qu'on peut dire insensibles
aux influences politiques; la majeure
partie de nos taxes est donc impression-
nable,-et son mouvement agit bien au
delà des limites qu'on lui trace habi-
tuellement. Heureusement nous n'avons
aucune raison particulière d'être pessi-
mistes, et nous pensons que les résul-
tats des budgets, s'ils ne sont pas aussi
favorables que le croient les uns, ne
seront pas aussi défavorables que le
prétendent les autres.
M. le ministre de la guerre a tenu
hier à la Chambre un langage très juste.
Non, il n'est pas possible de refuser la
croix de la Légion d'honneur ou la mé-
daille militaire à des sous-officiers et à
des soldats amputés ou encore grave-
ment malades des suites de la campa-
gne. Personne ne réclame contre ces
récompenses ni ne sôngç à marchander
la dépense qui en résulte. Mais M. le
général de Cissey n'ignore pas le nom-
bre des individus qui ne sont ni ampu-
tés ni malades, qui n'ont raômo pus iJcrii-
rô pendant la campagne, ou si peu c|n'n
n'en faut pas parler, et qui sont pour-
tant décorés. Ceux-là, le ministre n'a
pas eu besoin d'aller les découvrir- dans
les hôpitaux ils se -presenici.it bien tout
seuls, et, au b'esoTri, les" députés, .comme'
il l'a fait entendre, ne Jeuf vmyiïJ7,irent
pas. C'est sur ces derniers qu'il fallait
faire des économies de rubans, puis-
qu'on commence à s'apercevoir que, dé-
cidément, on en a trop donné. Ni Ml
Thiers, ni ses ministres, ni MM. les 'lé-
putés ne vont donc jamais dans un lieu
public, au spectacle, par exemple; ils
seraient confus en voyant la profusion
ridicule de décorations qui s'y' étalé. Et
si l'on savait ce que tant de, gens qui
les portent si fièrement ont fait pour les,
obtenir!
*>
On lit dans le Bulletin. conservateur ré-
publicain
Fidèle à la tactique qui consiste à représenter
le centre gauche comme étant en proio à des
dissensions intestines, un journal du matin à
annoncé que MM. le comte Rampon, Ferây et
soixante-dix-neuf fois-. C'est pourquoi, ce
,our-là même, qui était le samedi et non
le dimanche, comme le croyait Mr. Fogg,
ceux-ci l'attendaient dans le salon du Re-
form-Club.
Et c'est ce que la fameuse montre dé
Passepartout, qui avait toujours con-
servé l'heure de Londres, eut constaté,
si, en même temps que les minutes et les
heures, elle eût marqué les jours
Phileas Fogg avait donc gagné les vingt
mille livres. J\fais, comme il en avait dé-
pensé en route environ dix-neuf mille, le
résultat pécuniaire était médiocre. Toute-
fois, on l'a dit, l'excentrique gentleman
n'avait, en ce pari, cherché que la lutte,
non la fortune. Et même, ces mille livrés
restant, il les partagea entre l'honnête
Passepartout et le malheureux Fix, au-
quel il était incapable d'en vouloir.
Ce soir-là même, Mr. Fogg, toujours
aussi impassible, aussi flegmatique, disait
à Mrs. Aouda
« Ce mariage vous convient-il toujours,
madame ? 1
Monsieur Fogg, répondit Mrs- Aoucia,
c'est à moi de vous faire cette question.
Vous étiez ruiné, vous voici riche.
-Pardonnez-moi, madame,' cette for-
tune vous appartient. Si vous n'aviez pas
eu la pensee de ce mariage, Passepar-
tout ne serait pas. allé chez le révérend
Samuel Wilson, je n'aurais pas été averti
de mon erreur, et.
Cher monsieur Fogg! dit la jeune
femme.
Chère Aouda » répondit Phileas
Fogg.
On comprend bien que le mariage se fit
quarante-huit heures plus tard, et Passe-
partout, superbe, resplendissant, éblouis-
sant, y figura comme témoin de la jeune
femme. Ne l'avait-il pas sauvée, et ne lui
devait-on pas cet honneur?
Ainsi donc Phileas Fpggavait gagné son
.pari. Il avait accompli en quatre-vingts
jours ce voyage autour du monde! Il avait
employé, pour ce faire, tous les moyens de
transport, paquebots, railways, voitures,
yachts,bâtiments de commerce, traîneaux, x.
éléphants. L'excentrique gentleman avait
déployé dans cette affaire ses nierveil-
leuses qualités de sang-froid et d'exacti-
tude. Mais après? Qu'avait-il gagné ce
déplacement? Qu'avait-il rapporté de ce
voyage? 1
Rien, dira-t-on. Rien, soit, si ce n'es!
une charmante femme qui, quelque in-
vraisemblable que cela puisse paraître,
le rendit le plus heureux des hommes
En vérité, ne ferait-on pour moins -io
cela le Tour du Monde? 3
wm
JULES MB-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 56.8%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 56.8%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k225235s/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k225235s/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k225235s/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k225235s/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k225235s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k225235s
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k225235s/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest