Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-11-07
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 novembre 1872 07 novembre 1872
Description : 1872/11/07 (Numéro 4226). 1872/11/07 (Numéro 4226).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Téchauffourée le tué et les 2 blessés n'é-
taient point originaires de Bességes et n'ap-
partenaient pas au personnel des grandes
compagnies industrielles de ce pays le
nombre des personnes qui ont suivi le
convoi n'était pas très considérable. L'a-
près-midi a été tranquille.
MM. le préfet du Gard, le procureur gé-
néral de la cour d'appel, et M. le général
commandant la subdivision ont quitté
Bességes dimanche mâtin' pour rentrer à
Nîmes.
M. le sous-préfet d'Alais et M. le substi-
tut du procureur de la république n'ont
quitté que dans la soirée Bességes où leur
présence n'était plus nécessaire.
CHRONIQUE
.E .'n~ 1
Vous savez qu'aux termes du traité de
Francfort, le gouvernement français s'est
éngagé à transmettre aux autorités alle-
mandes la liste complète des Alsaciens et
des Lorraihs qui ont opté pour la nationa-
• lité française, mais ce que vous ne savez
pas sans doute, c'est de quelle façon ces
engagements sont tenus. J'ai été hier à
l'Imprimerie nationale et j'ai appris que ces
options seraient toutes insérées au Bulle-
tin des lois. Or, comme elles s'élèvent au
éhüttre de 300,000, vous voyez d'ici l'épais-
seur du volume. L'imprimerie nationale
travaille sans interruption pour être prête
à l'échéance du 31 décembre. Elle a cal-
culé que le volume tiendrait 600 feuilles
d'impression in-octavo, .c'est-à-dire 9,600
;feuillets, un livre d'environ 1 mètre 53 cen-
'timè'très de haut, la taille minimum d'un
petit fantassin de l'armée française. Quant
à la dépense, elie atteint la jomjne ronde
;de 120,000 francs. •
Une aimable correspondante m'écrit
pour me recommander l'étude d'un pro-
blême qui parait lui causer bien des sou-
cis et que j'appellerai la question des bé-
bés du Luxembourg. Ce seul titre vous dit
que la politique n'est pour rien dans l'af-
faire. Plusieurs de mes confrères s'ensont
déjà occupés: peut-être en avez-vous en-
tendu parler. En deux mots, voici ce dont
ül s'agit
Si vous avez été au jardin du Luxem-
|boarg, entre deux et. trois heures de l'a-
près-midi, vous avez" dû passer plus d'une
fois en revue l'intéressante galerie des
pourrissons. A la moindre éclaircie, les
Jrières et les nourrices s'empressent d'ac-
'feourir dans ce beau jardin pour donner à
leur enfant un peu d'air vif et de soleil.
IL'liiver, les belles journées étant rares,
tees occasions ne sont que plus vivement
Recherchées. Enlever le nouveau-né pour
|ine heure ou deux à l'atmosphère renfer-
mée de la chambre, c'est une prescription
hygiénique tout à fait salutaire et recom-
mandée par le médecin. Mais voici où
l'affaire se gâte le ciel n'est pas toujours
-bon prince, dans la mauvaise saison sur-
tout ses sourires ne sont souvent que
|pure hypocrisie. Qu'une averse inopinée
jSurviéïme, et voilà les .bébés ainsi que
fleur propriétaire légitime, l'un portant
l'autre, dans un bel embarras. Pas un
abri, pas un refuge. >'7Ws'.V:.s
Il n'est même pas besoin de supposer
une bourrasque de contrebande- en temps
ordinaire, par la plus claire journée de
décembre que vous puissiez souhaiter,
n'y a-t-il pas certains petits devoirs de
îiïaternité difficiles à accomplir en plein
air ?– Je n'insiste pas. On me comprendra
sans que j'aie besoin de parler de l'allaite-
ment, ni de ces soins de propreté que
messieurs les bébés ont la tyrannie d'exi-
ger à intervalles fréquemment renouve-
lés. L'été tout va bien, ou à peu près; mais
l'hiver? La bise est la marraine des bronchi-
tes et quipeut compter, m'écrit-on, les,bron-
chites qui se sont traîtreusement faufilées
ainsi dans l'interstice des langes, impru-
demment dénoués au beau milieu d'un
jardin ouvert à tous les vents?
Quel est donc le remède ? Il s'agirait
d'obtenir au plus vite de M. Léon Say
qu'il installe au Luxembourg, et ailleurs
aussi sans doute, des pavillons bien clos,
.semblables à ceux qui, en Angleterre,
s^nf appropriés au même usage. Ces An-
glais; qui sont des gens pratiques, ont ima-
giné IeS Ladies Rooms, sortes de pavillons
~Chauffés, où l'on trouve non-seulement de
d'eau chaude et du savon, mais du lait et t
du pain. Ce sont de vraies cantines de
nourrices, et presque tous les parcs de
Londres en sont pourvus
f Ce n'est pas tout pourquoi s'arrêterait-
on en aussi beau chemin ? Mon confrère,
M;. Sarcey, a spirituellement indiqué ce
qui resterait à faire. Les parcs anglais
possèdent des vacheries parfaitement or-
ganisées. Gomme il y a des pelouses
au Luxembourg on y mettrait deux va-
ches, trois s'il le faut, avec un berger un
chalet servant d'étable compléterait le dé-
cor. Cela vous aurait l'air d'une petite
Suisse. Du lait chaud à discrétion^ la sé-
curité des parents.et la santé des enfants,
Florian complété par Hippocrate, tout
cela n'est-il pas charmant ? Convenez que
M. Léon Say aura l'àme bien dure si
d'aussi touchants souhaits ne trouvent f
pas le chemin de son cœur.
Toute réflexion faite, je ne sais pas si
l'idée du chalet et des vaches ne pèche pas
par excès d'ambition, mais j'ai beau me
défier de mon enthousiasme, je ne vois pas-
quelles objections rencontrerait la création'
de ces Ladies Rooms Dans le but d'étudier
la question, j'ai été hier au Luxembourg.
Par le temps abominable dont nous jouis-
sons, il va sans dire que je n'ai point en-
trevulamoindre nourrice, mais il m'a suffi
le quelques visites dans le quartier pour
me convaincre que les jeunes mères que j'y
connais se reposent déjà sur la foi de déli-
cieuses espérances. L'une d'elles m'a même
prié de dire que l'Orangerie pourrait être <
:rès -aisément appropriée à cette nouvelle 1
lestination. Voilà la chose faite. Une dé- (
jense é. peu prés nulle, les petits citoyens (
le l'avenir préservés des mauvais- rhumes,
à reconnaissance des mères et celle des
>ères par contre-coup, tels sont les titres t
le la pétition qu'à mon tour je me permets <
le soumettre respectueusement à l'atten- 1
ion de M. le préfet de. la Seine et de son 1
~onseil municipal. f
-NOUVELLES DU JOUR
Nous avons annoncé hier l'arrivée de
M. Rochefort à Versailles. Il a été immé-
diatement conduit à la prison de la rue
Saint-Pierre et. réintégré dans son an-
cienne cellule n° il, qui' depuis son départ
avait été occupée par Blanqiii.
'C'est aujourd'hui, mercredi, à neuf heu-
resitlu matin, que la cérémonie a dû avoir
lien. Hii couvent des Dames-AuguStines,
c'a s'étail î-ntiiée la malade.
C'est M. Rameau, maire de Versailles et
député de Seine-et-Oise, qui doit procéder
à la célébration. Les quatre témoins sont
MM Aii;°'*t Jolv, Jean Destrem, François-
YLrtor-Hugo et'Bluin. La République fran-
çaise ajoute qu' en présence du désir
manifesté par la mourante de recevoir la
bénédiction nuptiale, Koc]lefort n'a pas
cru devoir lui refuser cette dernière con-
solation. »
Il repart, d'ailleurs, aujourd'hui même
pour Saint-Martin-de-Ré, et il l'avait lui-
même demandé par une lettre adressée
au ministre de l'intérieur, et que nous
trouvons dans le Figaro
Monsieur le ministre,
Je vous remercie de l'autorisation que vous
avez bien voulu m'accorder; mon désir est
d'être reconduit à Saint-Martin-de-Rë le jour
même de la célébration de mon mariage, afin
qu'il ne puisse être dit que j'ai été amené h
Versailles pour une autre raison que pour la
raison véritable.
Veuillez agréer, etc.
HENRI ROCHEFORT.
On annonce pour dimanche soir à
deux heures, au Grand-Hôtel, la pre-
mière réunion de la gauche républicaine,
sous la présidence de M. Albert Grévy,
député du Doubs.
M. Olozaga, ambassadeur d'Espagne,
a eu aujourd'hui, à deux heures, une en-
trevue avec M. le président de la républi-
que. L'état actuel de l'Espagne et les com-
plications auxquelles donne lieu la for-
mation de bandes de partisans sur la fron-
tière des Pyrénées, ont fait, dit le Moni-
teur universel, l'objet principal de la con-
versation.
Le Siècle annonce que le remboursement
des impôts levés par les Allemands est
aujourd'hui terminé partout.
Le général Vinoy vient d'adresser aux
corps de troupes la circulaire suivante:
Messieurs,
L'ordonnancement des sommes dues aux mem-
bres de la Légion d'honneur et aux médaillés mi-
litaires appartenant aux corps n'a eu lieu jus-
qu'ici qu'après examen et contrôle de la grande
chancellerie, ce qui reculait le payement à deux
'mois environ après chaque. échéance.
Dans ma sollicitude pour l'armée, je me suis
préoccupé des inconvénients de ce retard et des
moyens de le faire disparaître.
J'ai décidé en conséquence qu'à l'avenir et à
partir du 1er janvier prochain, le payement sera
fait directement aux trésoriers des corps par
MM. les trésoriers payeurs généraux et MM. les
trésoriers payeurs d'Algérie, et que le contrôle
administratif ne s'exercera qu'aptes l'opération
terminée.
Suit le détail des formalités à observer.
Le Courrier de Paris annonce que M.
Thiers vient d'ordonner une enquête près
des préfets, au sujet de la question du vote
obligatoire. En conséquence, M. le minis-
tre de l'intérieur a envoyé à tous les pré-
fets une lettre confidentielle, à laquelle
est joint un questionnaire.
Les élections à la chambre de commerce
ont eu lieu hier. Les électeurs inscrits
étaient au nombre de 3,164; 1,501 ont voté.
Voici les noms des élus
i • VOIX.
1. M. Houette (cuirs vernis), ~'• 1,492
2. M. Emile Baillière (librairie), r -1,488
3. M. Guib'al (caoutchoucs), 1,488
4. M. Sauvage (travaux publics), 1,483
5. M. Barbedienne (bronzes), 1,484
G. M. Desmarais (huiles). i* J,484
7. M. Marcilhacy (soieries), 1,483
8. M. Levois (commission), 1,482:
9. M. Lebaudy aîné (sucres), 1,481
10. M. Eéranger (papeterie), 1,480
11. M. Ravaut (bois de construction), 1,480
12. M..Noël (banque), 1,479
13. M. Salmon (fers), -•• ~•<; «-> >. 1,479
14. M. Ganis (constructeur mécan.), 1,477
15. M. Fontenay (bijouterie), 1,477
1G. M. Carlhian (tissus et exportation), 1,416
17. M. Lachambre.(exportation), 1,470
18. AI. Gustave Roy (tissus de coton), 1,47G
19, M, Fourcade (produits chimiques), 1,470
20. M. Teissauniére (vins), 1,455
21. M. Ménier (denrées coloniales), 1,451
Le Journal de la Meurthe annonce que
la révision des conscrits a eu lieu samedi
dernier à Metz; ils étaient trente-six ou
trente-huit, dont six Messins, tous impro-
pres au service; cependant l'un-d'eux est
ajourné. Se sont également présentés qua-
torze élèves de l'Ecole normale qui sont
dispensés par la loi, moyennant l'engage-
ment de rester dans l'instruction. Les au-
tres conscrits sont Allemands. Les sémi-
naristes, qui sont dispensés en Allemagne,
comme en France, n'ont pas été exami-
nés. ,i.;j ..•• ••
nes. :r~p .i- ~1"> 4. ':rr `
D'après l'agencé Havas, la construction
des baraquements dans les départements
encore occupés a coûté au plus dix mil-
lions, et non pas vingt millions.
Le Courrier du Bas-Rhin annonce que,
le 31 octobre 1872, les jeux publics de Bade
se sont fermés pour ne plus se rouvrir.
Le 2 novembre, la loge .maçonnique des
Frères réunis de Strasbourg a 'procédé à sa
dissolution, conformément' à l'injonction
qu'elle avait reçue des autorités. ,e-
On lit dans le Journ al de l'Aisne
On se rappelle que le conseil municipal de
Saint-Quentin a proposé d'attribuer à une rue
de cette ville le nom du général Faidherbe.
Dans une dépêche qui vient d'être communi-
quée à ce conseil, le ministre de l'intérieur fait
savoir que lui et ses collègues de la marine et
de la guerre ont reconnu que quelque éminents
que fussent les services rendus par M. le géné-
ral Faidherbe dans le cours de sa carrière et no-
tamment dans le commandement de l'armée du
Nord, il convenait de ne pas déroger, en sa fa-
veur, au principe d'après lequel les dénomina-
tions des voies publiques ne doivent pas être
empruntées aux noms. de personnages encore
vivants.
FAITSJDJVERS
Aujourd'hui, G novembre, le thermomètre de
la maison A. Queslin, 1, rue de la Bourse, inar-
guait
A T heures du matin, 11 degrés 0 dixième
au-dessus de zéro.
A onze heures du matin 15 degrés 5 dixiôrai -s s
au-dessus de zéro.
Al heure après midi, 1(3 degrés 5 dixièmes
Hauteur barométrique 760.
Comme tous les ans à cette époque, on vient
de remiser dans les serres municipales, toutes
les plantes grasses et les Heurs des tropiques,
qui, pendant la belle saison, faisaient l'ornement
des Champs-Elysées.
Ces plantes sont au nombre de 14,500, et la
valeur s'élève à 260,000 fr. environ.
Des travaux sont projetés pour la restaura-
tion de l'église Notre-Dame-:les-Champs, rue
Saint-Martin, qui a servi do lieu de réunion piP
blique pendant la Commune. Ces travaux re-
présentent une dépense totale d'environ 22.400
fr.; on mettra on adjudication, le 13 de co mois,
les ouvrages de maçonnerie à exécuter.
L'administration du timbre vient, paraît-il,
dit YUnioi), d'acheter le secret de la composition
d'une encre absolument indélébile, et qui. ré-
siste à l'action de tous les réactifs connus.
Elle pourra, grâce à cette découverte, mettre
un terme aux nombreuses fraudes qui se com-
mettaient au grand préjudice du Trésor, et qui
consistaient, à rendre au papier timbré ayant
déjà servi s:i blancheur primitive.
On évalue i'i C00.000 fr. environ la perte subie
annuellement par le Trésor, par le lavage des
timbres, dans le seul département de la Seine.
L'emploi de l'encre indélébile va, dit-on, être
imposé à tous les officiers publics chargés de la
rédaction des actes. Elle sera vendue avec les
timbres dans tous les débits, et son emploi
sera rendu obligatoire par un règlement admi-
nistratif.
Le Jmtnuil- de lioal/nlr nous apprend que
sur le chemin de fer du \ord, on vient d'expé-
rimenter un nouvel appareil pour arrêter les
convois de chemins de fer; le principe de ce
frein repose sur le parallélisme. L'appareil, pla-
cé au-dessous des wagons, consiste en une sé-
rie de leviers qui sont parallèles il la voie aus-
sitôt que ce parallélisme cesse d'exister, ces le-
viers se mettent d'eux-mêmes en mouvement,
serrent les freins et arrêtent la marche des.
trains. Les expériences ont parfaitement réussi.
Dans la première expérience, un train lancé
à une vitesse de 55 kilomètres à- l'heure, s'est
arrêté en 15 secondes et a franchi une longueur
de 36 mètres h partir du point où l'on a fait
mouvoir l'appareil. Dans la deuxième, le train,
qui avait une vitesse de 60 kilomètres à l'heure,
a été arrêté en 8 secondes, et n'a franchi que
24 mètres 50. Les personnes montées sur le ten-
der n'ont éprouvé aucune secousse.
C'est par erreur qu'on a annoncé la mise en
liberté de M. Dailly,artiste des Variétës.M. Dailly,
comparait, assure-t-on, aujourd'hui même de-
vant le 9e conseil de guerre.
Lundi soir, le passage des Panoramas était
mis en émoi par des cris Au secours! à l'as-
sassin Des passants s'étant immédiatement di-
rigés vers le n° 12 dudit passage, montèrent un
escalier, pénétrèrent dans la chambre du nommé
Martin Itosselly, qu'ils trouvèrent baigné dans
son sang. Après que les premiers soins lui eu-
rent été prodigués, la victime revenant peu à peu
à elle, finit par raconter qu'après une scène vio-
lente, il en était venu aux mains avec un de
ses amis intimes, le nommé Kïïhmeri' qui avait
tiré un couteau de sa poche et lui en avait porté
plusieurs coups, dont trois en pleine figure.
La Liberté dit que l'état de la victime est très
grave. L'assassin a été mis à la disposition de la
justice.
Hier matin, quai de Passy, un gardien de
la paix aperçut une longue boîte à cigares qui
flottait sur la Seine et que le courant entraînait
à la dérive. Curieux de savoir ce qu'elle conte-
nait, l'agent prit un rateau de cantonnier et
attira sur le sable le léger coffret; il souleva le
couvercle retenu par une ficelle, et découvrit un
fœtus du sexe féminin, de quatre mois environ,
enveloppé dans une sorte de chiffon sans mar-
que, et couvert de traces de sang toutes fraî-
ches encore. Une enquête a été aussitôt ou-
verte.
L'Evénement annonce le naufrage en Seine
du joli,petit navire VEslher, de la Compagnie
de Seine-et-Tamise, qui avait quitté le port
Saint-Nicolas il y a huit jours à peine avec un
plein chargement de sucre.
Ce sinistre est arrivé aux Andelys. Le pilote
engageait le navire sous une arche du pont des
Andelys, lorsque des cris et des signaux Font
averti trop tard qu'il rencontrerait des pieux
nouvellement établis pour la reconstruction du
pont.
VEslher a -eu sa coque défoncée, et a aussitôt
coulé; on a pu l'échouer en dehors du chenal,
sur un bas-fond où les travaux de sauvetage
ont été commencés dès le lendemain.
Le Journal de Nice annonce qu'à la suite
d'un éboulement considérable qui s'est produit
entre San-Remo et Gênes, le service des voya-
geurs et des marchandises se trouve momenta-
nément suspendu, au delà de San-Remo par
Vintimille.
Demain jeudi aura lieu à l'exposition uni-
verselle d'économie domestique, un grand con-
cours de gymnastique.
CONSEIL MUNICIPAL DE PARIS
Séance dit 5 novembre.
-s La séance est ouverte à deux heures et demie,
sous la présidence de M. Vautrain.
M. Rigaut demande si le conseil sera bientôt
appelé à délibérer sur le travail de la commis-
sion de révision .des rues de Paris.
M. "le préfet répond que le dossier de cette af-
faire lui a été remis par la commission, mais
qu il n pu encore en prendre une caiinaissaneo
complète. Il fait observer que les changements
proposes par la commission peuvent se' partager
en deux groupes, les uns qui ont pour motifs
des considérations politiques et les autres la né-
cessité de faire disparaître des doubles emplois.
Il croit qu'il y aurait intérêt à examiner séparé-
ment ces deux catégories.
M. Beudant fait observer que les changements
de noms de rues apportent un grand trouble, et
qu'il vaut mieux faire d'un seul coup tous ces
changements.
A la suite d'uue observation de M. Cantagrel
M. le président déclare qu'il transmettra le
dossier a la commission, des que M. le préfet
le lui aura remis.
MM. Jacques et Loiseau-Pinson appellent
l'attention de M. le préfet sur l'urgence d'ou-
vrir de nouvelles classes dans les quartiers de
Plaisance et Bonne-Nouvelle.
M. le préfet répond que la commission des
établissements scolaires préparé en ce moment
un travail devant déterminer le degré d'urgence
des groupes à construire, et qu'il convient d'at-
tendre le travail de cette commission.
M. Jacques rappelle que, comme mesure tran-
sitoire, il avait été promis que des places se-
raient offertes aux enfants chez les instituteurs
libres qui accepteraient de s'en charger aux
conditions arrêtées par l'aclministration..
M. le préfet répond que les parents acceptent
difficilement ceftu combinaison et paraissent
préférer l'école communale. •
M. Combes ne partage pas l'opinion de ni. le
préfet, car les écoles libres qui reçoivent des
élèves payant uue rétribution de 8'fr., 10 fr. et
15 fr. par mois s'occupent beaucoup de leurs
élèves. Il est convaincu que les familles no re-
fusent pas leur confiance à ces écoles. A ce pro-
pos, il fait observer que l'administration n'a pas
agi comme elle aurait dû le faire, en publiant
les noms de tous les instituteurs qu; faisaient
certainement un sacrifice en acceptant des élè-
ves dans de telles conditions.
Ils n'ont accepté cette condition que pou
rendre service à la Ville, et aujourd'hui la Ville
fait tourner contre eux une bonne action qu'ils
croyaient faire.
Après cette discussion, le conseil, sur le rap-
port de M. Nadaud, adopte deux délibérations
relatives à des indemnités pour travaux de ni-
vellement..
L'ordre du jour appelle la discussion sur l'ou-
verture d'un crédit pour entretien des ponts.
M. Alphand fait connaître qu'il a reçu ce ma-
tin même deux projets l'un pour la" reconsti-
tution de la passerelle de Constantine., qui
nécessiterait une dépense de (50,000 fr. environ'
l'autre pour l'établissement d'un pont métalli-
que dans le prolongement du boulevard Saint-
Germain, et qui monte en dépense il 2 millions
400,000 fr.
M. le préfet ajoute qu'un crédit de 500,000 fr.
doit être demandé à cet effet il l'Assemblée na-
tionale, et que le département de la Seine pour-
rait de son côté -allouer une subvention.
Le conseil accepte,' sur le rapport de M. Pu-
teaux, les legs faits par MM. Prévost, Defrance,
veuve Rousselle, Merle de La Brugiôre, veuve
Barthélémy, Sylvestre de Chanteloup et Jousse-
rard à la villé de Paris.
M. Prétet fait trois rapports
Le premier relatif à la translation, rue de la
.Fontaine -Molière, 22, de. l'école de filles de la rue
du Hasard
Le deuxième, à une allocation de 50,000 fr. en
faveur des Alsaciens-Lorrains demeurés Fran-
çais
Le troisième, au renouvellement du bail de
l'école de garçons de la rue Fontaine-Saint-
Georges,10.
Les conclusions de ces rapports sont adoptées.
M. Ferré demande si on ne pourrait pas aug-
menter le nombre des bourses entretenues par
la Ville à l'Ecole centrale des arts et manufac-
tures.
M. Thomas ajoute qu'il serait à souhaiter que
le département entretînt aussi un certain nom-
bre de bourses.
M. le préfet déclare ensuite qu'il prend acte du
désir exprimé par MM. Ferré et Thomas.
Le conseil décide ensuite qu'il se réunira les
mardis, jeudis et samedis, la séance du jeudi ne
devant toutefois avoir lieu qu'autant que le
nombre des affaires a l'ordre du jour l'exigerait.
M. Arrault demande au conseil de vouloir bien
discuter prochainement le rapport de M. Canta-
grol, relatif au prélèvein.ent, sur la réserve du
budget de \8Ï2: d'une somme de 11 millions pour
travaux de voirie.
M. le préfet rappelle que ce rapport a déjà été
discuté.
M. Arrault persiste. dans ses observations et
demande que son mémoire relatif à l'emploi en
travaux de voirie des ressources immobilières
de la Ville, fasse l'objet d'une discussion du
conseil.
Le conseil décide le renvoi à la commission des
finances du mémoire de M. Arrault.
M. Vauthier croit se rappeler que le conseil
n'a pas pu classer les nouvelles voies à établir
selon leur importance.
M. Alghand explique que l'administration a
dû procéder a des estimations' détaillées, non-
seulement au point de vue des propriétaires
mais aussi des locataires. Ce travail est déjà fort
avancé et même, pour certaines voies, telles que y
les rues Damrémont, des Cinq-Diamants, du f
Four, Soufflot et l'avenue de l'Opéra, à la joue- I
tion de la rue Loiùs-le-Grand, il est déjà ter-
miné.
Il y a donc lieu d'espérer que lorsque l'admi-
nistration disposera des crédits nécessaires, elle
pourra présenter au conseil un travail complet
et défimtif.
A la suite de quelques observations présentées
par MM. Lavocat, Arrault et le préfet, le conseil
s'ajourne à samedi prochain, et la séance est le-
vée à cinq heures et demie.
COiraiJi\ICATIQM & AVIS DIVERS
M"0 Eudoxie Allix ouvrira, le 12 novembre,
4, rue des Pyramides, trois cours de chant,
solfège, piano, méthode Gallin-Paris-Ghevé.
Ad. Godcliau,2, r. Vivienne. Mson de confiance.
Belle robe de chambre flanelle pure laine.. 17 fr.
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Pardessus frisé bleu; forts et très chauds.. 15
TRIBUNAUX
Les chambres civiles du tribunal de la Seino
ont ouvert aujourd'hui exactement leurs au-
diences, et il a été prononcé aux appels des
causes. La plupart des affaires ont été remises,
mais les présidents des diverses chambres ont
annoncé qu'à la huitaine prochaine les affaires
s raient retenues et plaidées.
Les don sessions de la cour d'assises ont ou-
vert hier l'une dans le local ordinaire de l'an-
cienne cour d'assises; l'autre dans la salle de la
7e chambre correctionnelle. Les rôles de l'une et
l'autre session sont très chargés d'affaires les
attentats contre les personnes, meurtre, coups,
viols, dominent.
Les nommés Robiehon, Eyraud et Clemens,
condamnés les deux premiers à la peine de
mort, le troisième à vingt ans de travaux for-
cés, pour complicité d'incendie du fort d'ivrv et
pour assassinat commis sur un employé du che-
min de fer d'Orléans, se sont pourvus en révi-
sion. Les moyens étaient invoqués à l'appui du
pourvoi.
Le conseil a rejeté à l'unanimité le pourvoi
des trois condamnés.
VARIÉTÉS
CORRESPONDANCE INÉDITE
SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE (1)
Je voudrais intéresser le public à
l'impression de documents inédits rela-
tifs à l'histoire de la Révolution, docu-
ments dont le posesseur vient de nous
donner un spécimen, mais dont la pu-
blication complète dépend de l'accueil
qui sera fait à cette première publica-
tion.
L'origine des documents dont il s'agit
est curieuse. Le prince Michel Soutzo,
hospodar de Moldavie vers la fin du
siècle dernier, n'a certainement pas
ioué un grand rôle dans l'histoire de
l'Europe, ou même de la Turquie, et
cependant il paraît avoir porté un vif in-
térêt à la politique, et avoir attaché
un grand prix à obtenir des informa-
tions exactes sur ce qui se passait dans
les divers Etats. Il entretenait, à cet ef-
fet, dans les principales capitales, à
Constantinople, à Varsovie, à Berlin, à
Vienne, à Paris, des agents chargés de
le tenir au courant des événements. Ces
lettres étaient adressées à Kodrikas, le
secrétaire intime du prince. Nous igno-
rons quel fut le sort de cette collection
après la mort de Soutzo et de son secré-
taire, mais elle avait fini par arriver
entre les mains d'un drogman polonais,
attaché, pendant la guerre de Crimée,
au service du général Trochu. Ce drog-
man en fit présent au général, qui, à
son tour, après l'avoir longtemps con-
servée dans sa bibliothèque, l'a aban-
donnée à M. Jules Lair, l'un des deux
éditeurs du spécimen sur lequel j'ap-
pelle aujourd'hui l'attention.
L'authenticité des lettres dont il s'a-
git est garantie par leur aspect même,
et, pour la plupart, par les cachets do
poste et les sceaux de cire rouge du cor-
respondant. Les preuves internes s'a-
joutent d'ailleurs, à chaque ligne, à ces
preuves extérieures. Quant à l'impor-
tance de ces documents, il ne faut pas
sans doute se l'exagérer, mais on com-
prend ce qu'une pareille source de ren-
seignements peut fournir de rectifica-
tions ou de confirmations à l'histoire
politique de la Révolution. Sans comp-
ter, ça et là, des récits curieux et des
traits de mœurs. Aussi ne saurions-
nous assez encourager MM. Lair et Le-
grand. à persévérer dans leur entreprise
et à nous communiquer tout ce qu'ils
pourront du dépôt dont une bonne for-
tune les a rendus maîtres.
Le plus actif' et le plus intéressant des
correspondants du prince Soutzo est
celui qui l'entretenait des affaires de la
France. C'était un Grec, nommé Con-
stantin Stamaty. Sa première lettre
porte la date du 25 novembre 1788. Il
était alors depuis quatorze mois à Pa-
ris, où il était venu étudier la mé-
decine. Son enthousiasme pour tout ce
qu'il voit est sans bornes. « Quel pays
ecrit-il, et quelle ville que Paris! Cha-
que jour j'y découvre de nouvelles
sources d'études. Ici l'homme vraiment
instruit vit pour ainsi dire dix vies. Ici
il ressent tous les plaisirs que peuvent
procurer les sciences et les arts por-
tés à leur plus haut degré de perfec-
tion. »
Stamaty vivait des ressources que son
père lui envoyait de Constantinople
mais il se plaint de la rareté des nou-
velles et des remises qu'il reçoit, et il
prie Kodrikas d'intervenir. «Depuis que
je suis en France, dit-il, je n'ai encore
reçu que 550 piastres turques, et tu sais
combien elles perdent au change ici à
Paris. Avec cette modique somme je vé-
gète depuis bientôt quatorze mois, et si
avant peu je ne reçois pas d'argent, je
vais me trouver dans une bien misé-
rable position; mes études vont se trou-
ver interrompues, et mes progrès com-
plètement paralysés. Fais ton possible
pour que mon père augmente ma pen-
sion annuelle pour mener à Paris une
existence à peu près convenable, il ne
me faudrait pas moins de 1,500 livres en
monnaie du pays. »
Il décrit son genre de vie et les rela-
tions que la gène de sa position ne l'a
pas empêché de faire. « Je vis avec une
simplicité toute patriarcale, mes vête-
ments ne sont pas riches et ma demeure
est des plus humbles. Cependant je suis
content, et l'anatomie, cette science qui
étonne l'imagination, blesse la sensibi-
lité et trouble le cœur, est devenue
pour moi un sujet de distraction et de
plaisir. Je dissèque un cadavre avec au-
tant d'insouciance que je taille une
plume. Quand je sors de l'amphithéâ-
tre, c'est pour aller prendre mes repas
dans une auberge. Là je parle politique et
philosophie; ensuite, je vais au café,
Je demande la gazette, je la parcours
(1) Documents inédits sur l'histoire de la Ré-
volution française correspondances publiées
par Jules Lair et Emile Lerrand. Paris, li-
brairie Maisonneuve, 1813. in-8». (Imprimé à
200 exemplaires.)
avec curiosité; j'y cherche votre ville
et c'est avec une tristesse mêlée de
désespoir que je ne trouve pas un mot
sur un pays qui m'est si cher. Chaque
jour je fais un tour de promenade, et je
ne rentre presque jamais chez moi sans
avoir vu quelque chose de nouveau. Je
consigne alors par écrit toutes les parti-
cularités de ma journée, en y ajoutant
les remarques nécessaires et je reprends
mon étude. Ne t'imagine pas toutefois
que je me sois fait de cette monotonie
une règle de conduite. J'ai des jours
fixes où je dîne dans de grandes'mai-
sons. C'est là que je vois les plus sa-
vants académiciens et les plus illustres
personnages du royaume, avec lesquels
je suis très lié. Tout le monde me fait
bon accueil et s'empresse de me rendre
toutes sortes de services. La cause de
cette franche et cordiale hospitalité, il
faut l'attribuer surtout au caractère des
Français (ceux-ci ne ressemblent nulle-
ment à ceux de Constantinople), et aussi
à la protection que veut bien m'accor-
der une grande dame, amie de la littéra-
ture et de la Grèce. La bienveillance de
cette vénérable femme m'est extrême-
ment utile, car elle attire sur moi l'at-
tention et me procure l'amitié des pro-
fesseurs ainsi que des autres savants
qui peuvent m'être d'un grand secours
en maintes circonstances. Voilà, cher
ami, où se trouve la vertu! S'il arrive
ici un étranger, fût-il Chinois, pourvu
qu'il vive honorablement et qu'il se con-
.luise avec sagesse, il est sûr qu'on ne
l'abandonnera pas et qu'on lui viendra
en aide. »
Les premières lettres de Stamaty à
Kodrikas sont celles d'un ami écrivant
à son ami. Mais elles ne tardent pas à
changer de caractère. Il est probable
que le manque de ressources porta le
jeune Grec a chercher une carrière plus
fructueuse que la médecine, et que le
secrétaire du prince Soutzo lui offrit
alors de profiter de sa position à Paris
pour fournir à l'hospodar des renseigne-
ments politiques. Stamaty, une fois ce
rôle accepté, mit un grand zèle à le
remplir. Il ne néglige rien pour se pro-
curer des informations. Il voyage. Il
s'abonne à des journaux étrangers. Il a
des correspondants à lui dans plusieurs
grandes villes de l'Europe. Il ne se borne
même pas aux fonctions de correspon-
dant, mais devient un véritable agent
secret, fréquentant les ministères, inter-
venant dans les affaires de la Porte, en-
treprenant même la rédaction d'un
journal. On ne s'étonnera donc pas d'ap-
prendre qu'il existe un dossier concer-
nant Stamaty aux archives des affaires
étrangères; les éditeurs, malheureuse-
ment, n'ont pu en prendre communica-
tion.
J'ai dit que la correspondance de Sta-
maty commence en 1788 mais elle ne
devient régulière qu'à partir de 1792.
Elle forme depuis lors, ainsi que s'ex-
prime M. Legrand, une histoire au jour
le jour de notre révolution, écrite par
un étranger intelligent,' et, à ce titre
doublement curieuse. Une des lettres
données en traduction par les éditeurs,
est du 21 juin 1792, et raconte la jour-
née de la veille. Stamaty gémit sur les
violences d'une nation, dit-il, « qui a
perdu toute espèce de respect pour pou-
voir réfréner ses passions brutales et ses
caprices déréglés. » Il ajoute cepen-
dant « Jusqu'à ce jour nous avons été
tranquilles, et nous espérons que le
commun peuple ouvrira les yeux et
comprendra qu'il se suicide en se livrant
au désordre. Une chose qui m'a semblé
extraordinaire, c'est que. presque de-
puis le jour où cette révolution a com-
mencé, la multitude n'a jamais rien
pillé et jamais n'a injurié qui que ce
soit. Hier, on n'a pas volé une aiguille,
ce qui n'a pas lieu en Angleterre, où la
population ravage, détruit, et se com-
porte avec une sauvage barbarie. »
Stamaty revient souvent sur les con-
trastes que présente cette société placée
entre la guerre et la révolution, et par-
tagée entre les plaisirs et les sanglants
excès. «La disposition des esprits, écrit-
il le 25 juillet 1792, est ici à peu près
toujours la même, et quoique les dan-
gers de la patrie augmentent journelle-
ment avec l'instabilité de la populace,
je ne remarque aucun changement dans
les habitudes de chaque jour, aucune
relâche dans les plaisirs et les divertis-
sements de la vie parisienne. Comme au-
paravant on fréquente les réunions, les
théâtres et les autres lieux de récréa-
tion, sans se soucier nullement de sa-
voir qui gouverne. Toutefois la multi-
tude, inoccupée à cause du départ des
riches qui la nourrissaient auparavant,
s'occupe d'affaires politiques, discute,
se révolte, et ne trouve pas ses intérêts
conformes à ceux du gouvernement ac-
tuel. Pour cette raison, attribuant à
l'imprévoyance et au mauvais vouloir,
du roi les conséquences de *fca propre
anarchie, elle désire renverser ce qu'elle
appelle ici le pouvoir exécutif, comme
étant la principale cause des malheurs
de la patrie. D'un autre côté, le roi,
craignant pour sa vie (dont je ne vou-
drais pas répondre), a complètement
perdu la carte comme un homme sans
caractère, incapable de veiller à ses in-
térêts en de pareilles circonstances.
Hier, il a été proposé à l'Assemblée de
condamner le roi actuel à perdre sa
couronne, comme un monarque indigne
d'exercer le pouvoir royal. La foule qui
encombrait les couloirs et les specta-
teurs présents dans la salle ont vive-
ment applaudi une question qui peut at-
tirer sur la France une Iliade de mal-
heurs, d'autant plus que les rois d'Es-
pagne et d'Angleterre, ainsi que les in-
nombrables amis des monarques, s'al-
lieront pour combattre les démocrates,
et nul doute qu'ils ne finissent par triom-
pher. La bourgeoisie court elle-même à
sa perte, sans voir le danger, »
Stamaty continue, montrant la coali-
tion qui se forme contre la France, se
raillant du pape, « qui fortifie les côtes
de ses Etats, et se prépare à mettre sur
le pied de guerre ses 3,000 Romains,
avec leurs parapluies. »– II a, ajoute-
t-il, nommé généralissime un Prussien
que voilà ainsi chargé de défendre l'E-
glise catholique et apostolique. » Les
intérêts ecclésiastiques tenaient natu-
rellement une grande place dans les
haines qu'excitait la Révolution. « Un
fait curieux, c'est que, dans les Etats
du roi de Sardaigne, les prêtres lisent
dans les églises une lettre pastorale de
1 eveque de Turin, qui exhorte les fidè-
les catholiques à faire des prières con-
tre les Français, ennemis de la religion
et de leur souverain, et à renouveler les
croisades contre une nation qui ne veut
plus du pouvoir papal et des monastères
du catholicisme. »
Mais si notre Grec ne peut dissimuler
ses craintes à la vue des préparatifs de
la coalition, il ne désespère pourtant pas
de la France. C'est, à ses yeux, une na-
tion qui, bien qu'en proie au désordre,
n'en combat pas moins pour la liberté
et la patrie. Et il termine par ces paro-
les prophétiques, si prophétiques, il
faut bien le dire, qu'on aimerait les lire
dans l'autographe pour être encore plus
sûr de leur authenticité. « Qui sait, s'é-
crie Stamaty, si la France ne rappel-
lera pas au souvenir des modernes Ma-
rathon etlesThermopyles; où l'esprit de
liberté de nos aïeux triompha de toutes
les forces de l'Asie? Quelques semaines
après, Dumouriez se jetait dans l'Ar-
gonne et justifiait l'espoir du descen-
dant de Léonidas.
Stamaty fut témoin des scènes du 10
août, et bien que son récit ne nous ap-
prenne rien de nouveau, il a l'intérêt
qui ne manque guère, en pareilles cir-
constances, au témoignage oculaire. « A
la vue de ses frères tués par trahison et
malgré "la promesse faite par les Suis-
ses de déposer les armes, le peuple s'est
rué avec furie sur le palais du roi, après
avoir pointé contre cet édifice cent ca-
nons chargés à mitraille. Ensuite, il est
entré dans les appartements avec des
baïonnettes, des sabres et un nombre
infini de piques; il y a trouvé les Suis-
ses et les gens de la cour qu'il a tués
sur place, de façon que, dans l'espace
d'une heure, assure-t-on, 900 Suisses
ont été tués et leurs cadavres jetés par
les fenêtres. Je me trouvais malheureu-
sement moi-même dans le jardin du pa-
lais, n'ayant pu en sortir à cause de la
foule, et j'ai compté plus de 400 corps de
ces infortunés Suisses, tombant comme
des pierres du troisième et du quatrième
étage. En un mot, cher ami, il est im-
possible de raconter un pareil massa<-
cre. 80 ont été pris vivants et conduits
à 1 Hôtel de Ville les rnalheureux de-
mandaient pardon de leurs fautes, mais
la multitude les a impitoyablement égor-
gés l'un après l'autre. On en voyait
d'autres fuir dans les rues du palais ;•
le peuple les poursuivait et les tuait
comme des bêtes fauves. Je me suis par
malheur trouvé dans une rue où sous
mes yeux, on en a tué cinq qui faisaient
un semblant de résistance. Après cette
épouvantable expédition, le peuple s'est
répandu dans le palais, dans les appar-
tements du roi, où il a brisé tout ea
qu'il a trouvé; c'est à peine s'il a épar-
gné un tableau ou une glace. Personne
pourtant n'a dérobé une obole. Si l'on
surprenait un voleur, il était immédia-
tement puni de mort j'en ai vu fusiller
trois sous mes yeux. Je te prie, frère,
de me pardonner le désordre de cetta
lettre. Mes idées sont bouleversée'
tant est violent le mal de tête que m'a'
causé la vue de tant de cadavres épar*-
dans les rues et les places publicrn- --i
la frayeur dont j'ai été s»--1. fm\r3 •
la f rayeur dOl~t .J al ;e qliaii je
me suis trouvé au milipiï rîii feu et i;)e
ballps mii siffl?' uieu au ieu et des
balles qUi s1ffl~nt autour de moi. »
hirï r Ll* également témoin ocn-
laire de l«xecution de Louis XVI «in
puis te certifier, écrit-il à Kodrikas,
qu'il est mort avec le courage que la
foi inspire à un homme qui serait un
martyr et un saint. Il a laissé une sorte
do testament ou il parle la langue du
huitième siècle, c'est-à-dire celle de la
superstition. Lorsqu'il est arrivé sur la
guillotine (dont je t'envoie le dessin), il
a fait une prière catholique et a deman-
dé qU on le laissât parler au peuple.
Mais un roulement de tambours l'en a
empêché. Quand sa tête est tombée dans
le sac, 1 armée tout entière, qui entou-
rait l'échafaud, a poussé un cri immen-
se et unanime de vive la nation! vive la
république! La joie des soldats était
inexprimable; pas un royaliste n'a es-
saye de venir sauver son maitre »
Le texte original de cette lettre est de
ceux que les éditeurs ontreproduits dans
ce volume-spécimen. Il est curieux de
retrouver les mots techniques de notre
langue, un député, un royaliste, les tam-
bours, la Guillotine, transformés en voca-
bles grecs. Il faut avouer toutefois qu'à
part ces mots modernes, les lettres où
Stamaty raconte les événements de la
Révolution, font souvent l'effet d'une de
ces histoires des anciennes républiques
auxquelles notre éducation classurua
nous a accoutumés, et même que, ainsi
traduits, ces récits paraissent plus fami-
liers, plus naturels moins tragiques
et moins repoussants, que lorsque nous
les lisons en français. Ils participent en
quelque sorte alors au bénéfice du pres-
tige dont l'antiquité reste entourée pour
nous p««ii
On aura remarqué le ton dont Sta-
maty rapporte la mort du roi. Aucun*'
pitié n y perce. Et, en effet, tout en ,J
connaissant qu'il n'y aurait eu '-ni 'rii,
ger pour la république à 1* laisser v"
vre, il ne cache point son déS pour
cet « être inutile, » comme il l'appelle,
et ce «monarque idiot.» Cette indiffé-
rence est d'autant plus digne d'atten-
tion, que notre jeune Grec n'est pas tou-
jours aussi calme. Il s'indigne des ex-
ces des Montagnards; il pleure les mis
sacres de septembre et le supplice des
Girondins; il en vient, en voyant verser
tant de sang, à désespérer de la répu-
blique, dont il avait salué l'avènement t
avec tant de confiance. «"«'«-ment
Les récits des autres correspondante
du prince Soutzo servent à compléter les
informations données par Stamaty. Ecri-
vant de Vienne, de Berlin ou de Con-
stantinople leur point de vue est
fort différent de celui de l?a4nt
qui écrit de Paris, et qui a plus
ou moins épousé les principes de la Ré-
volution. Les faits de guerre tiennent
naturellement une grande place dans
toutes ces lettres. On y voit quelle im-
pression faisaient les succès de la rému
blique contre la coalition. « Les Drin-
cipes des Français, écrit le correspon-
dant viennois au commencement de 1794,
et leur façon d'agir aujourd'hui sont
tels qu on peut s'attendre à tout, vu que
c'est moins l'art et le savoir-faire des
généraux, que le nombre, la fureur et
1 importante des attaquants qui déci-
dent. Cette guerre est sûrement une
des plus malheureuses et en même
temps une des plus infructueuses qu'on
ait jamais entreprises. On voulait arrê-
ter par là la Révolution française
et on l'a secourue. On voulait sauver le
roi et soutenir le trône de la monarchie
française, et l'on a renversé l'un et pro-
mu le roi et la reine à l'échafaud A
mesure que l'on s'opposait à i'e*.
fervescence de cette nation, elle a
pris le mors aux dents et s'est avisée
d'aller plus loin qu'elle ne s'était pro-
posé au commencement, et qu'elle ne
serait allée probablement, si les cours
étrangères ne s'en étaient point mêlées.
Aujourd lnu, la position des cours coa-
lisées et surtout des cours allemandes
est bien embarrassante. Il faut conti-
nuer la guerre, coûte que coûte, tandis
qu il est a prévoir qu'il n'y a plus rien
a gagner et beaucoup à perdre; puis-
qu on a affaire à une grande nation qui
veut être libre, et qui, mettant tout en
feu, n a plus rien a risquer, mais beau-
coup à gagner, qui pille et vole partout
taient point originaires de Bességes et n'ap-
partenaient pas au personnel des grandes
compagnies industrielles de ce pays le
nombre des personnes qui ont suivi le
convoi n'était pas très considérable. L'a-
près-midi a été tranquille.
MM. le préfet du Gard, le procureur gé-
néral de la cour d'appel, et M. le général
commandant la subdivision ont quitté
Bességes dimanche mâtin' pour rentrer à
Nîmes.
M. le sous-préfet d'Alais et M. le substi-
tut du procureur de la république n'ont
quitté que dans la soirée Bességes où leur
présence n'était plus nécessaire.
CHRONIQUE
.E .'n~ 1
Vous savez qu'aux termes du traité de
Francfort, le gouvernement français s'est
éngagé à transmettre aux autorités alle-
mandes la liste complète des Alsaciens et
des Lorraihs qui ont opté pour la nationa-
• lité française, mais ce que vous ne savez
pas sans doute, c'est de quelle façon ces
engagements sont tenus. J'ai été hier à
l'Imprimerie nationale et j'ai appris que ces
options seraient toutes insérées au Bulle-
tin des lois. Or, comme elles s'élèvent au
éhüttre de 300,000, vous voyez d'ici l'épais-
seur du volume. L'imprimerie nationale
travaille sans interruption pour être prête
à l'échéance du 31 décembre. Elle a cal-
culé que le volume tiendrait 600 feuilles
d'impression in-octavo, .c'est-à-dire 9,600
;feuillets, un livre d'environ 1 mètre 53 cen-
'timè'très de haut, la taille minimum d'un
petit fantassin de l'armée française. Quant
à la dépense, elie atteint la jomjne ronde
;de 120,000 francs. •
Une aimable correspondante m'écrit
pour me recommander l'étude d'un pro-
blême qui parait lui causer bien des sou-
cis et que j'appellerai la question des bé-
bés du Luxembourg. Ce seul titre vous dit
que la politique n'est pour rien dans l'af-
faire. Plusieurs de mes confrères s'ensont
déjà occupés: peut-être en avez-vous en-
tendu parler. En deux mots, voici ce dont
ül s'agit
Si vous avez été au jardin du Luxem-
|boarg, entre deux et. trois heures de l'a-
près-midi, vous avez" dû passer plus d'une
fois en revue l'intéressante galerie des
pourrissons. A la moindre éclaircie, les
Jrières et les nourrices s'empressent d'ac-
'feourir dans ce beau jardin pour donner à
leur enfant un peu d'air vif et de soleil.
IL'liiver, les belles journées étant rares,
tees occasions ne sont que plus vivement
Recherchées. Enlever le nouveau-né pour
|ine heure ou deux à l'atmosphère renfer-
mée de la chambre, c'est une prescription
hygiénique tout à fait salutaire et recom-
mandée par le médecin. Mais voici où
l'affaire se gâte le ciel n'est pas toujours
-bon prince, dans la mauvaise saison sur-
tout ses sourires ne sont souvent que
|pure hypocrisie. Qu'une averse inopinée
jSurviéïme, et voilà les .bébés ainsi que
fleur propriétaire légitime, l'un portant
l'autre, dans un bel embarras. Pas un
abri, pas un refuge. >'7Ws'.V:.s
Il n'est même pas besoin de supposer
une bourrasque de contrebande- en temps
ordinaire, par la plus claire journée de
décembre que vous puissiez souhaiter,
n'y a-t-il pas certains petits devoirs de
îiïaternité difficiles à accomplir en plein
air ?– Je n'insiste pas. On me comprendra
sans que j'aie besoin de parler de l'allaite-
ment, ni de ces soins de propreté que
messieurs les bébés ont la tyrannie d'exi-
ger à intervalles fréquemment renouve-
lés. L'été tout va bien, ou à peu près; mais
l'hiver? La bise est la marraine des bronchi-
tes et quipeut compter, m'écrit-on, les,bron-
chites qui se sont traîtreusement faufilées
ainsi dans l'interstice des langes, impru-
demment dénoués au beau milieu d'un
jardin ouvert à tous les vents?
Quel est donc le remède ? Il s'agirait
d'obtenir au plus vite de M. Léon Say
qu'il installe au Luxembourg, et ailleurs
aussi sans doute, des pavillons bien clos,
.semblables à ceux qui, en Angleterre,
s^nf appropriés au même usage. Ces An-
glais; qui sont des gens pratiques, ont ima-
giné IeS Ladies Rooms, sortes de pavillons
~Chauffés, où l'on trouve non-seulement de
d'eau chaude et du savon, mais du lait et t
du pain. Ce sont de vraies cantines de
nourrices, et presque tous les parcs de
Londres en sont pourvus
f Ce n'est pas tout pourquoi s'arrêterait-
on en aussi beau chemin ? Mon confrère,
M;. Sarcey, a spirituellement indiqué ce
qui resterait à faire. Les parcs anglais
possèdent des vacheries parfaitement or-
ganisées. Gomme il y a des pelouses
au Luxembourg on y mettrait deux va-
ches, trois s'il le faut, avec un berger un
chalet servant d'étable compléterait le dé-
cor. Cela vous aurait l'air d'une petite
Suisse. Du lait chaud à discrétion^ la sé-
curité des parents.et la santé des enfants,
Florian complété par Hippocrate, tout
cela n'est-il pas charmant ? Convenez que
M. Léon Say aura l'àme bien dure si
d'aussi touchants souhaits ne trouvent f
pas le chemin de son cœur.
Toute réflexion faite, je ne sais pas si
l'idée du chalet et des vaches ne pèche pas
par excès d'ambition, mais j'ai beau me
défier de mon enthousiasme, je ne vois pas-
quelles objections rencontrerait la création'
de ces Ladies Rooms Dans le but d'étudier
la question, j'ai été hier au Luxembourg.
Par le temps abominable dont nous jouis-
sons, il va sans dire que je n'ai point en-
trevulamoindre nourrice, mais il m'a suffi
le quelques visites dans le quartier pour
me convaincre que les jeunes mères que j'y
connais se reposent déjà sur la foi de déli-
cieuses espérances. L'une d'elles m'a même
prié de dire que l'Orangerie pourrait être <
:rès -aisément appropriée à cette nouvelle 1
lestination. Voilà la chose faite. Une dé- (
jense é. peu prés nulle, les petits citoyens (
le l'avenir préservés des mauvais- rhumes,
à reconnaissance des mères et celle des
>ères par contre-coup, tels sont les titres t
le la pétition qu'à mon tour je me permets <
le soumettre respectueusement à l'atten- 1
ion de M. le préfet de. la Seine et de son 1
~onseil municipal. f
-NOUVELLES DU JOUR
Nous avons annoncé hier l'arrivée de
M. Rochefort à Versailles. Il a été immé-
diatement conduit à la prison de la rue
Saint-Pierre et. réintégré dans son an-
cienne cellule n° il, qui' depuis son départ
avait été occupée par Blanqiii.
'C'est aujourd'hui, mercredi, à neuf heu-
resitlu matin, que la cérémonie a dû avoir
lien. Hii couvent des Dames-AuguStines,
c'a s'étail î-ntiiée la malade.
C'est M. Rameau, maire de Versailles et
député de Seine-et-Oise, qui doit procéder
à la célébration. Les quatre témoins sont
MM Aii;°'*t Jolv, Jean Destrem, François-
YLrtor-Hugo et'Bluin. La République fran-
çaise ajoute qu' en présence du désir
manifesté par la mourante de recevoir la
bénédiction nuptiale, Koc]lefort n'a pas
cru devoir lui refuser cette dernière con-
solation. »
Il repart, d'ailleurs, aujourd'hui même
pour Saint-Martin-de-Ré, et il l'avait lui-
même demandé par une lettre adressée
au ministre de l'intérieur, et que nous
trouvons dans le Figaro
Monsieur le ministre,
Je vous remercie de l'autorisation que vous
avez bien voulu m'accorder; mon désir est
d'être reconduit à Saint-Martin-de-Rë le jour
même de la célébration de mon mariage, afin
qu'il ne puisse être dit que j'ai été amené h
Versailles pour une autre raison que pour la
raison véritable.
Veuillez agréer, etc.
HENRI ROCHEFORT.
On annonce pour dimanche soir à
deux heures, au Grand-Hôtel, la pre-
mière réunion de la gauche républicaine,
sous la présidence de M. Albert Grévy,
député du Doubs.
M. Olozaga, ambassadeur d'Espagne,
a eu aujourd'hui, à deux heures, une en-
trevue avec M. le président de la républi-
que. L'état actuel de l'Espagne et les com-
plications auxquelles donne lieu la for-
mation de bandes de partisans sur la fron-
tière des Pyrénées, ont fait, dit le Moni-
teur universel, l'objet principal de la con-
versation.
Le Siècle annonce que le remboursement
des impôts levés par les Allemands est
aujourd'hui terminé partout.
Le général Vinoy vient d'adresser aux
corps de troupes la circulaire suivante:
Messieurs,
L'ordonnancement des sommes dues aux mem-
bres de la Légion d'honneur et aux médaillés mi-
litaires appartenant aux corps n'a eu lieu jus-
qu'ici qu'après examen et contrôle de la grande
chancellerie, ce qui reculait le payement à deux
'mois environ après chaque. échéance.
Dans ma sollicitude pour l'armée, je me suis
préoccupé des inconvénients de ce retard et des
moyens de le faire disparaître.
J'ai décidé en conséquence qu'à l'avenir et à
partir du 1er janvier prochain, le payement sera
fait directement aux trésoriers des corps par
MM. les trésoriers payeurs généraux et MM. les
trésoriers payeurs d'Algérie, et que le contrôle
administratif ne s'exercera qu'aptes l'opération
terminée.
Suit le détail des formalités à observer.
Le Courrier de Paris annonce que M.
Thiers vient d'ordonner une enquête près
des préfets, au sujet de la question du vote
obligatoire. En conséquence, M. le minis-
tre de l'intérieur a envoyé à tous les pré-
fets une lettre confidentielle, à laquelle
est joint un questionnaire.
Les élections à la chambre de commerce
ont eu lieu hier. Les électeurs inscrits
étaient au nombre de 3,164; 1,501 ont voté.
Voici les noms des élus
i • VOIX.
1. M. Houette (cuirs vernis), ~'• 1,492
2. M. Emile Baillière (librairie), r -1,488
3. M. Guib'al (caoutchoucs), 1,488
4. M. Sauvage (travaux publics), 1,483
5. M. Barbedienne (bronzes), 1,484
G. M. Desmarais (huiles). i* J,484
7. M. Marcilhacy (soieries), 1,483
8. M. Levois (commission), 1,482:
9. M. Lebaudy aîné (sucres), 1,481
10. M. Eéranger (papeterie), 1,480
11. M. Ravaut (bois de construction), 1,480
12. M..Noël (banque), 1,479
13. M. Salmon (fers), -•• ~•<; «-> >. 1,479
14. M. Ganis (constructeur mécan.), 1,477
15. M. Fontenay (bijouterie), 1,477
1G. M. Carlhian (tissus et exportation), 1,416
17. M. Lachambre.(exportation), 1,470
18. AI. Gustave Roy (tissus de coton), 1,47G
19, M, Fourcade (produits chimiques), 1,470
20. M. Teissauniére (vins), 1,455
21. M. Ménier (denrées coloniales), 1,451
Le Journal de la Meurthe annonce que
la révision des conscrits a eu lieu samedi
dernier à Metz; ils étaient trente-six ou
trente-huit, dont six Messins, tous impro-
pres au service; cependant l'un-d'eux est
ajourné. Se sont également présentés qua-
torze élèves de l'Ecole normale qui sont
dispensés par la loi, moyennant l'engage-
ment de rester dans l'instruction. Les au-
tres conscrits sont Allemands. Les sémi-
naristes, qui sont dispensés en Allemagne,
comme en France, n'ont pas été exami-
nés. ,i.;j ..•• ••
nes. :r~p .i- ~1"> 4. ':rr `
D'après l'agencé Havas, la construction
des baraquements dans les départements
encore occupés a coûté au plus dix mil-
lions, et non pas vingt millions.
Le Courrier du Bas-Rhin annonce que,
le 31 octobre 1872, les jeux publics de Bade
se sont fermés pour ne plus se rouvrir.
Le 2 novembre, la loge .maçonnique des
Frères réunis de Strasbourg a 'procédé à sa
dissolution, conformément' à l'injonction
qu'elle avait reçue des autorités. ,e-
On lit dans le Journ al de l'Aisne
On se rappelle que le conseil municipal de
Saint-Quentin a proposé d'attribuer à une rue
de cette ville le nom du général Faidherbe.
Dans une dépêche qui vient d'être communi-
quée à ce conseil, le ministre de l'intérieur fait
savoir que lui et ses collègues de la marine et
de la guerre ont reconnu que quelque éminents
que fussent les services rendus par M. le géné-
ral Faidherbe dans le cours de sa carrière et no-
tamment dans le commandement de l'armée du
Nord, il convenait de ne pas déroger, en sa fa-
veur, au principe d'après lequel les dénomina-
tions des voies publiques ne doivent pas être
empruntées aux noms. de personnages encore
vivants.
FAITSJDJVERS
Aujourd'hui, G novembre, le thermomètre de
la maison A. Queslin, 1, rue de la Bourse, inar-
guait
A T heures du matin, 11 degrés 0 dixième
au-dessus de zéro.
A onze heures du matin 15 degrés 5 dixiôrai -s s
au-dessus de zéro.
Al heure après midi, 1(3 degrés 5 dixièmes
Hauteur barométrique 760.
Comme tous les ans à cette époque, on vient
de remiser dans les serres municipales, toutes
les plantes grasses et les Heurs des tropiques,
qui, pendant la belle saison, faisaient l'ornement
des Champs-Elysées.
Ces plantes sont au nombre de 14,500, et la
valeur s'élève à 260,000 fr. environ.
Des travaux sont projetés pour la restaura-
tion de l'église Notre-Dame-:les-Champs, rue
Saint-Martin, qui a servi do lieu de réunion piP
blique pendant la Commune. Ces travaux re-
présentent une dépense totale d'environ 22.400
fr.; on mettra on adjudication, le 13 de co mois,
les ouvrages de maçonnerie à exécuter.
L'administration du timbre vient, paraît-il,
dit YUnioi), d'acheter le secret de la composition
d'une encre absolument indélébile, et qui. ré-
siste à l'action de tous les réactifs connus.
Elle pourra, grâce à cette découverte, mettre
un terme aux nombreuses fraudes qui se com-
mettaient au grand préjudice du Trésor, et qui
consistaient, à rendre au papier timbré ayant
déjà servi s:i blancheur primitive.
On évalue i'i C00.000 fr. environ la perte subie
annuellement par le Trésor, par le lavage des
timbres, dans le seul département de la Seine.
L'emploi de l'encre indélébile va, dit-on, être
imposé à tous les officiers publics chargés de la
rédaction des actes. Elle sera vendue avec les
timbres dans tous les débits, et son emploi
sera rendu obligatoire par un règlement admi-
nistratif.
Le Jmtnuil- de lioal/nlr nous apprend que
sur le chemin de fer du \ord, on vient d'expé-
rimenter un nouvel appareil pour arrêter les
convois de chemins de fer; le principe de ce
frein repose sur le parallélisme. L'appareil, pla-
cé au-dessous des wagons, consiste en une sé-
rie de leviers qui sont parallèles il la voie aus-
sitôt que ce parallélisme cesse d'exister, ces le-
viers se mettent d'eux-mêmes en mouvement,
serrent les freins et arrêtent la marche des.
trains. Les expériences ont parfaitement réussi.
Dans la première expérience, un train lancé
à une vitesse de 55 kilomètres à- l'heure, s'est
arrêté en 15 secondes et a franchi une longueur
de 36 mètres h partir du point où l'on a fait
mouvoir l'appareil. Dans la deuxième, le train,
qui avait une vitesse de 60 kilomètres à l'heure,
a été arrêté en 8 secondes, et n'a franchi que
24 mètres 50. Les personnes montées sur le ten-
der n'ont éprouvé aucune secousse.
C'est par erreur qu'on a annoncé la mise en
liberté de M. Dailly,artiste des Variétës.M. Dailly,
comparait, assure-t-on, aujourd'hui même de-
vant le 9e conseil de guerre.
Lundi soir, le passage des Panoramas était
mis en émoi par des cris Au secours! à l'as-
sassin Des passants s'étant immédiatement di-
rigés vers le n° 12 dudit passage, montèrent un
escalier, pénétrèrent dans la chambre du nommé
Martin Itosselly, qu'ils trouvèrent baigné dans
son sang. Après que les premiers soins lui eu-
rent été prodigués, la victime revenant peu à peu
à elle, finit par raconter qu'après une scène vio-
lente, il en était venu aux mains avec un de
ses amis intimes, le nommé Kïïhmeri' qui avait
tiré un couteau de sa poche et lui en avait porté
plusieurs coups, dont trois en pleine figure.
La Liberté dit que l'état de la victime est très
grave. L'assassin a été mis à la disposition de la
justice.
Hier matin, quai de Passy, un gardien de
la paix aperçut une longue boîte à cigares qui
flottait sur la Seine et que le courant entraînait
à la dérive. Curieux de savoir ce qu'elle conte-
nait, l'agent prit un rateau de cantonnier et
attira sur le sable le léger coffret; il souleva le
couvercle retenu par une ficelle, et découvrit un
fœtus du sexe féminin, de quatre mois environ,
enveloppé dans une sorte de chiffon sans mar-
que, et couvert de traces de sang toutes fraî-
ches encore. Une enquête a été aussitôt ou-
verte.
L'Evénement annonce le naufrage en Seine
du joli,petit navire VEslher, de la Compagnie
de Seine-et-Tamise, qui avait quitté le port
Saint-Nicolas il y a huit jours à peine avec un
plein chargement de sucre.
Ce sinistre est arrivé aux Andelys. Le pilote
engageait le navire sous une arche du pont des
Andelys, lorsque des cris et des signaux Font
averti trop tard qu'il rencontrerait des pieux
nouvellement établis pour la reconstruction du
pont.
VEslher a -eu sa coque défoncée, et a aussitôt
coulé; on a pu l'échouer en dehors du chenal,
sur un bas-fond où les travaux de sauvetage
ont été commencés dès le lendemain.
Le Journal de Nice annonce qu'à la suite
d'un éboulement considérable qui s'est produit
entre San-Remo et Gênes, le service des voya-
geurs et des marchandises se trouve momenta-
nément suspendu, au delà de San-Remo par
Vintimille.
Demain jeudi aura lieu à l'exposition uni-
verselle d'économie domestique, un grand con-
cours de gymnastique.
CONSEIL MUNICIPAL DE PARIS
Séance dit 5 novembre.
-s La séance est ouverte à deux heures et demie,
sous la présidence de M. Vautrain.
M. Rigaut demande si le conseil sera bientôt
appelé à délibérer sur le travail de la commis-
sion de révision .des rues de Paris.
M. "le préfet répond que le dossier de cette af-
faire lui a été remis par la commission, mais
qu il n pu encore en prendre une caiinaissaneo
complète. Il fait observer que les changements
proposes par la commission peuvent se' partager
en deux groupes, les uns qui ont pour motifs
des considérations politiques et les autres la né-
cessité de faire disparaître des doubles emplois.
Il croit qu'il y aurait intérêt à examiner séparé-
ment ces deux catégories.
M. Beudant fait observer que les changements
de noms de rues apportent un grand trouble, et
qu'il vaut mieux faire d'un seul coup tous ces
changements.
A la suite d'uue observation de M. Cantagrel
M. le président déclare qu'il transmettra le
dossier a la commission, des que M. le préfet
le lui aura remis.
MM. Jacques et Loiseau-Pinson appellent
l'attention de M. le préfet sur l'urgence d'ou-
vrir de nouvelles classes dans les quartiers de
Plaisance et Bonne-Nouvelle.
M. le préfet répond que la commission des
établissements scolaires préparé en ce moment
un travail devant déterminer le degré d'urgence
des groupes à construire, et qu'il convient d'at-
tendre le travail de cette commission.
M. Jacques rappelle que, comme mesure tran-
sitoire, il avait été promis que des places se-
raient offertes aux enfants chez les instituteurs
libres qui accepteraient de s'en charger aux
conditions arrêtées par l'aclministration..
M. le préfet répond que les parents acceptent
difficilement ceftu combinaison et paraissent
préférer l'école communale. •
M. Combes ne partage pas l'opinion de ni. le
préfet, car les écoles libres qui reçoivent des
élèves payant uue rétribution de 8'fr., 10 fr. et
15 fr. par mois s'occupent beaucoup de leurs
élèves. Il est convaincu que les familles no re-
fusent pas leur confiance à ces écoles. A ce pro-
pos, il fait observer que l'administration n'a pas
agi comme elle aurait dû le faire, en publiant
les noms de tous les instituteurs qu; faisaient
certainement un sacrifice en acceptant des élè-
ves dans de telles conditions.
Ils n'ont accepté cette condition que pou
rendre service à la Ville, et aujourd'hui la Ville
fait tourner contre eux une bonne action qu'ils
croyaient faire.
Après cette discussion, le conseil, sur le rap-
port de M. Nadaud, adopte deux délibérations
relatives à des indemnités pour travaux de ni-
vellement..
L'ordre du jour appelle la discussion sur l'ou-
verture d'un crédit pour entretien des ponts.
M. Alphand fait connaître qu'il a reçu ce ma-
tin même deux projets l'un pour la" reconsti-
tution de la passerelle de Constantine., qui
nécessiterait une dépense de (50,000 fr. environ'
l'autre pour l'établissement d'un pont métalli-
que dans le prolongement du boulevard Saint-
Germain, et qui monte en dépense il 2 millions
400,000 fr.
M. le préfet ajoute qu'un crédit de 500,000 fr.
doit être demandé à cet effet il l'Assemblée na-
tionale, et que le département de la Seine pour-
rait de son côté -allouer une subvention.
Le conseil accepte,' sur le rapport de M. Pu-
teaux, les legs faits par MM. Prévost, Defrance,
veuve Rousselle, Merle de La Brugiôre, veuve
Barthélémy, Sylvestre de Chanteloup et Jousse-
rard à la villé de Paris.
M. Prétet fait trois rapports
Le premier relatif à la translation, rue de la
.Fontaine -Molière, 22, de. l'école de filles de la rue
du Hasard
Le deuxième, à une allocation de 50,000 fr. en
faveur des Alsaciens-Lorrains demeurés Fran-
çais
Le troisième, au renouvellement du bail de
l'école de garçons de la rue Fontaine-Saint-
Georges,10.
Les conclusions de ces rapports sont adoptées.
M. Ferré demande si on ne pourrait pas aug-
menter le nombre des bourses entretenues par
la Ville à l'Ecole centrale des arts et manufac-
tures.
M. Thomas ajoute qu'il serait à souhaiter que
le département entretînt aussi un certain nom-
bre de bourses.
M. le préfet déclare ensuite qu'il prend acte du
désir exprimé par MM. Ferré et Thomas.
Le conseil décide ensuite qu'il se réunira les
mardis, jeudis et samedis, la séance du jeudi ne
devant toutefois avoir lieu qu'autant que le
nombre des affaires a l'ordre du jour l'exigerait.
M. Arrault demande au conseil de vouloir bien
discuter prochainement le rapport de M. Canta-
grol, relatif au prélèvein.ent, sur la réserve du
budget de \8Ï2: d'une somme de 11 millions pour
travaux de voirie.
M. le préfet rappelle que ce rapport a déjà été
discuté.
M. Arrault persiste. dans ses observations et
demande que son mémoire relatif à l'emploi en
travaux de voirie des ressources immobilières
de la Ville, fasse l'objet d'une discussion du
conseil.
Le conseil décide le renvoi à la commission des
finances du mémoire de M. Arrault.
M. Vauthier croit se rappeler que le conseil
n'a pas pu classer les nouvelles voies à établir
selon leur importance.
M. Alghand explique que l'administration a
dû procéder a des estimations' détaillées, non-
seulement au point de vue des propriétaires
mais aussi des locataires. Ce travail est déjà fort
avancé et même, pour certaines voies, telles que y
les rues Damrémont, des Cinq-Diamants, du f
Four, Soufflot et l'avenue de l'Opéra, à la joue- I
tion de la rue Loiùs-le-Grand, il est déjà ter-
miné.
Il y a donc lieu d'espérer que lorsque l'admi-
nistration disposera des crédits nécessaires, elle
pourra présenter au conseil un travail complet
et défimtif.
A la suite de quelques observations présentées
par MM. Lavocat, Arrault et le préfet, le conseil
s'ajourne à samedi prochain, et la séance est le-
vée à cinq heures et demie.
COiraiJi\ICATIQM & AVIS DIVERS
M"0 Eudoxie Allix ouvrira, le 12 novembre,
4, rue des Pyramides, trois cours de chant,
solfège, piano, méthode Gallin-Paris-Ghevé.
Ad. Godcliau,2, r. Vivienne. Mson de confiance.
Belle robe de chambre flanelle pure laine.. 17 fr.
Riches vêtements complets pour hommes. 35
Pardessus frisé bleu; forts et très chauds.. 15
TRIBUNAUX
Les chambres civiles du tribunal de la Seino
ont ouvert aujourd'hui exactement leurs au-
diences, et il a été prononcé aux appels des
causes. La plupart des affaires ont été remises,
mais les présidents des diverses chambres ont
annoncé qu'à la huitaine prochaine les affaires
s raient retenues et plaidées.
Les don sessions de la cour d'assises ont ou-
vert hier l'une dans le local ordinaire de l'an-
cienne cour d'assises; l'autre dans la salle de la
7e chambre correctionnelle. Les rôles de l'une et
l'autre session sont très chargés d'affaires les
attentats contre les personnes, meurtre, coups,
viols, dominent.
Les nommés Robiehon, Eyraud et Clemens,
condamnés les deux premiers à la peine de
mort, le troisième à vingt ans de travaux for-
cés, pour complicité d'incendie du fort d'ivrv et
pour assassinat commis sur un employé du che-
min de fer d'Orléans, se sont pourvus en révi-
sion. Les moyens étaient invoqués à l'appui du
pourvoi.
Le conseil a rejeté à l'unanimité le pourvoi
des trois condamnés.
VARIÉTÉS
CORRESPONDANCE INÉDITE
SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE (1)
Je voudrais intéresser le public à
l'impression de documents inédits rela-
tifs à l'histoire de la Révolution, docu-
ments dont le posesseur vient de nous
donner un spécimen, mais dont la pu-
blication complète dépend de l'accueil
qui sera fait à cette première publica-
tion.
L'origine des documents dont il s'agit
est curieuse. Le prince Michel Soutzo,
hospodar de Moldavie vers la fin du
siècle dernier, n'a certainement pas
ioué un grand rôle dans l'histoire de
l'Europe, ou même de la Turquie, et
cependant il paraît avoir porté un vif in-
térêt à la politique, et avoir attaché
un grand prix à obtenir des informa-
tions exactes sur ce qui se passait dans
les divers Etats. Il entretenait, à cet ef-
fet, dans les principales capitales, à
Constantinople, à Varsovie, à Berlin, à
Vienne, à Paris, des agents chargés de
le tenir au courant des événements. Ces
lettres étaient adressées à Kodrikas, le
secrétaire intime du prince. Nous igno-
rons quel fut le sort de cette collection
après la mort de Soutzo et de son secré-
taire, mais elle avait fini par arriver
entre les mains d'un drogman polonais,
attaché, pendant la guerre de Crimée,
au service du général Trochu. Ce drog-
man en fit présent au général, qui, à
son tour, après l'avoir longtemps con-
servée dans sa bibliothèque, l'a aban-
donnée à M. Jules Lair, l'un des deux
éditeurs du spécimen sur lequel j'ap-
pelle aujourd'hui l'attention.
L'authenticité des lettres dont il s'a-
git est garantie par leur aspect même,
et, pour la plupart, par les cachets do
poste et les sceaux de cire rouge du cor-
respondant. Les preuves internes s'a-
joutent d'ailleurs, à chaque ligne, à ces
preuves extérieures. Quant à l'impor-
tance de ces documents, il ne faut pas
sans doute se l'exagérer, mais on com-
prend ce qu'une pareille source de ren-
seignements peut fournir de rectifica-
tions ou de confirmations à l'histoire
politique de la Révolution. Sans comp-
ter, ça et là, des récits curieux et des
traits de mœurs. Aussi ne saurions-
nous assez encourager MM. Lair et Le-
grand. à persévérer dans leur entreprise
et à nous communiquer tout ce qu'ils
pourront du dépôt dont une bonne for-
tune les a rendus maîtres.
Le plus actif' et le plus intéressant des
correspondants du prince Soutzo est
celui qui l'entretenait des affaires de la
France. C'était un Grec, nommé Con-
stantin Stamaty. Sa première lettre
porte la date du 25 novembre 1788. Il
était alors depuis quatorze mois à Pa-
ris, où il était venu étudier la mé-
decine. Son enthousiasme pour tout ce
qu'il voit est sans bornes. « Quel pays
ecrit-il, et quelle ville que Paris! Cha-
que jour j'y découvre de nouvelles
sources d'études. Ici l'homme vraiment
instruit vit pour ainsi dire dix vies. Ici
il ressent tous les plaisirs que peuvent
procurer les sciences et les arts por-
tés à leur plus haut degré de perfec-
tion. »
Stamaty vivait des ressources que son
père lui envoyait de Constantinople
mais il se plaint de la rareté des nou-
velles et des remises qu'il reçoit, et il
prie Kodrikas d'intervenir. «Depuis que
je suis en France, dit-il, je n'ai encore
reçu que 550 piastres turques, et tu sais
combien elles perdent au change ici à
Paris. Avec cette modique somme je vé-
gète depuis bientôt quatorze mois, et si
avant peu je ne reçois pas d'argent, je
vais me trouver dans une bien misé-
rable position; mes études vont se trou-
ver interrompues, et mes progrès com-
plètement paralysés. Fais ton possible
pour que mon père augmente ma pen-
sion annuelle pour mener à Paris une
existence à peu près convenable, il ne
me faudrait pas moins de 1,500 livres en
monnaie du pays. »
Il décrit son genre de vie et les rela-
tions que la gène de sa position ne l'a
pas empêché de faire. « Je vis avec une
simplicité toute patriarcale, mes vête-
ments ne sont pas riches et ma demeure
est des plus humbles. Cependant je suis
content, et l'anatomie, cette science qui
étonne l'imagination, blesse la sensibi-
lité et trouble le cœur, est devenue
pour moi un sujet de distraction et de
plaisir. Je dissèque un cadavre avec au-
tant d'insouciance que je taille une
plume. Quand je sors de l'amphithéâ-
tre, c'est pour aller prendre mes repas
dans une auberge. Là je parle politique et
philosophie; ensuite, je vais au café,
Je demande la gazette, je la parcours
(1) Documents inédits sur l'histoire de la Ré-
volution française correspondances publiées
par Jules Lair et Emile Lerrand. Paris, li-
brairie Maisonneuve, 1813. in-8». (Imprimé à
200 exemplaires.)
avec curiosité; j'y cherche votre ville
et c'est avec une tristesse mêlée de
désespoir que je ne trouve pas un mot
sur un pays qui m'est si cher. Chaque
jour je fais un tour de promenade, et je
ne rentre presque jamais chez moi sans
avoir vu quelque chose de nouveau. Je
consigne alors par écrit toutes les parti-
cularités de ma journée, en y ajoutant
les remarques nécessaires et je reprends
mon étude. Ne t'imagine pas toutefois
que je me sois fait de cette monotonie
une règle de conduite. J'ai des jours
fixes où je dîne dans de grandes'mai-
sons. C'est là que je vois les plus sa-
vants académiciens et les plus illustres
personnages du royaume, avec lesquels
je suis très lié. Tout le monde me fait
bon accueil et s'empresse de me rendre
toutes sortes de services. La cause de
cette franche et cordiale hospitalité, il
faut l'attribuer surtout au caractère des
Français (ceux-ci ne ressemblent nulle-
ment à ceux de Constantinople), et aussi
à la protection que veut bien m'accor-
der une grande dame, amie de la littéra-
ture et de la Grèce. La bienveillance de
cette vénérable femme m'est extrême-
ment utile, car elle attire sur moi l'at-
tention et me procure l'amitié des pro-
fesseurs ainsi que des autres savants
qui peuvent m'être d'un grand secours
en maintes circonstances. Voilà, cher
ami, où se trouve la vertu! S'il arrive
ici un étranger, fût-il Chinois, pourvu
qu'il vive honorablement et qu'il se con-
.luise avec sagesse, il est sûr qu'on ne
l'abandonnera pas et qu'on lui viendra
en aide. »
Les premières lettres de Stamaty à
Kodrikas sont celles d'un ami écrivant
à son ami. Mais elles ne tardent pas à
changer de caractère. Il est probable
que le manque de ressources porta le
jeune Grec a chercher une carrière plus
fructueuse que la médecine, et que le
secrétaire du prince Soutzo lui offrit
alors de profiter de sa position à Paris
pour fournir à l'hospodar des renseigne-
ments politiques. Stamaty, une fois ce
rôle accepté, mit un grand zèle à le
remplir. Il ne néglige rien pour se pro-
curer des informations. Il voyage. Il
s'abonne à des journaux étrangers. Il a
des correspondants à lui dans plusieurs
grandes villes de l'Europe. Il ne se borne
même pas aux fonctions de correspon-
dant, mais devient un véritable agent
secret, fréquentant les ministères, inter-
venant dans les affaires de la Porte, en-
treprenant même la rédaction d'un
journal. On ne s'étonnera donc pas d'ap-
prendre qu'il existe un dossier concer-
nant Stamaty aux archives des affaires
étrangères; les éditeurs, malheureuse-
ment, n'ont pu en prendre communica-
tion.
J'ai dit que la correspondance de Sta-
maty commence en 1788 mais elle ne
devient régulière qu'à partir de 1792.
Elle forme depuis lors, ainsi que s'ex-
prime M. Legrand, une histoire au jour
le jour de notre révolution, écrite par
un étranger intelligent,' et, à ce titre
doublement curieuse. Une des lettres
données en traduction par les éditeurs,
est du 21 juin 1792, et raconte la jour-
née de la veille. Stamaty gémit sur les
violences d'une nation, dit-il, « qui a
perdu toute espèce de respect pour pou-
voir réfréner ses passions brutales et ses
caprices déréglés. » Il ajoute cepen-
dant « Jusqu'à ce jour nous avons été
tranquilles, et nous espérons que le
commun peuple ouvrira les yeux et
comprendra qu'il se suicide en se livrant
au désordre. Une chose qui m'a semblé
extraordinaire, c'est que. presque de-
puis le jour où cette révolution a com-
mencé, la multitude n'a jamais rien
pillé et jamais n'a injurié qui que ce
soit. Hier, on n'a pas volé une aiguille,
ce qui n'a pas lieu en Angleterre, où la
population ravage, détruit, et se com-
porte avec une sauvage barbarie. »
Stamaty revient souvent sur les con-
trastes que présente cette société placée
entre la guerre et la révolution, et par-
tagée entre les plaisirs et les sanglants
excès. «La disposition des esprits, écrit-
il le 25 juillet 1792, est ici à peu près
toujours la même, et quoique les dan-
gers de la patrie augmentent journelle-
ment avec l'instabilité de la populace,
je ne remarque aucun changement dans
les habitudes de chaque jour, aucune
relâche dans les plaisirs et les divertis-
sements de la vie parisienne. Comme au-
paravant on fréquente les réunions, les
théâtres et les autres lieux de récréa-
tion, sans se soucier nullement de sa-
voir qui gouverne. Toutefois la multi-
tude, inoccupée à cause du départ des
riches qui la nourrissaient auparavant,
s'occupe d'affaires politiques, discute,
se révolte, et ne trouve pas ses intérêts
conformes à ceux du gouvernement ac-
tuel. Pour cette raison, attribuant à
l'imprévoyance et au mauvais vouloir,
du roi les conséquences de *fca propre
anarchie, elle désire renverser ce qu'elle
appelle ici le pouvoir exécutif, comme
étant la principale cause des malheurs
de la patrie. D'un autre côté, le roi,
craignant pour sa vie (dont je ne vou-
drais pas répondre), a complètement
perdu la carte comme un homme sans
caractère, incapable de veiller à ses in-
térêts en de pareilles circonstances.
Hier, il a été proposé à l'Assemblée de
condamner le roi actuel à perdre sa
couronne, comme un monarque indigne
d'exercer le pouvoir royal. La foule qui
encombrait les couloirs et les specta-
teurs présents dans la salle ont vive-
ment applaudi une question qui peut at-
tirer sur la France une Iliade de mal-
heurs, d'autant plus que les rois d'Es-
pagne et d'Angleterre, ainsi que les in-
nombrables amis des monarques, s'al-
lieront pour combattre les démocrates,
et nul doute qu'ils ne finissent par triom-
pher. La bourgeoisie court elle-même à
sa perte, sans voir le danger, »
Stamaty continue, montrant la coali-
tion qui se forme contre la France, se
raillant du pape, « qui fortifie les côtes
de ses Etats, et se prépare à mettre sur
le pied de guerre ses 3,000 Romains,
avec leurs parapluies. »– II a, ajoute-
t-il, nommé généralissime un Prussien
que voilà ainsi chargé de défendre l'E-
glise catholique et apostolique. » Les
intérêts ecclésiastiques tenaient natu-
rellement une grande place dans les
haines qu'excitait la Révolution. « Un
fait curieux, c'est que, dans les Etats
du roi de Sardaigne, les prêtres lisent
dans les églises une lettre pastorale de
1 eveque de Turin, qui exhorte les fidè-
les catholiques à faire des prières con-
tre les Français, ennemis de la religion
et de leur souverain, et à renouveler les
croisades contre une nation qui ne veut
plus du pouvoir papal et des monastères
du catholicisme. »
Mais si notre Grec ne peut dissimuler
ses craintes à la vue des préparatifs de
la coalition, il ne désespère pourtant pas
de la France. C'est, à ses yeux, une na-
tion qui, bien qu'en proie au désordre,
n'en combat pas moins pour la liberté
et la patrie. Et il termine par ces paro-
les prophétiques, si prophétiques, il
faut bien le dire, qu'on aimerait les lire
dans l'autographe pour être encore plus
sûr de leur authenticité. « Qui sait, s'é-
crie Stamaty, si la France ne rappel-
lera pas au souvenir des modernes Ma-
rathon etlesThermopyles; où l'esprit de
liberté de nos aïeux triompha de toutes
les forces de l'Asie? Quelques semaines
après, Dumouriez se jetait dans l'Ar-
gonne et justifiait l'espoir du descen-
dant de Léonidas.
Stamaty fut témoin des scènes du 10
août, et bien que son récit ne nous ap-
prenne rien de nouveau, il a l'intérêt
qui ne manque guère, en pareilles cir-
constances, au témoignage oculaire. « A
la vue de ses frères tués par trahison et
malgré "la promesse faite par les Suis-
ses de déposer les armes, le peuple s'est
rué avec furie sur le palais du roi, après
avoir pointé contre cet édifice cent ca-
nons chargés à mitraille. Ensuite, il est
entré dans les appartements avec des
baïonnettes, des sabres et un nombre
infini de piques; il y a trouvé les Suis-
ses et les gens de la cour qu'il a tués
sur place, de façon que, dans l'espace
d'une heure, assure-t-on, 900 Suisses
ont été tués et leurs cadavres jetés par
les fenêtres. Je me trouvais malheureu-
sement moi-même dans le jardin du pa-
lais, n'ayant pu en sortir à cause de la
foule, et j'ai compté plus de 400 corps de
ces infortunés Suisses, tombant comme
des pierres du troisième et du quatrième
étage. En un mot, cher ami, il est im-
possible de raconter un pareil massa<-
cre. 80 ont été pris vivants et conduits
à 1 Hôtel de Ville les rnalheureux de-
mandaient pardon de leurs fautes, mais
la multitude les a impitoyablement égor-
gés l'un après l'autre. On en voyait
d'autres fuir dans les rues du palais ;•
le peuple les poursuivait et les tuait
comme des bêtes fauves. Je me suis par
malheur trouvé dans une rue où sous
mes yeux, on en a tué cinq qui faisaient
un semblant de résistance. Après cette
épouvantable expédition, le peuple s'est
répandu dans le palais, dans les appar-
tements du roi, où il a brisé tout ea
qu'il a trouvé; c'est à peine s'il a épar-
gné un tableau ou une glace. Personne
pourtant n'a dérobé une obole. Si l'on
surprenait un voleur, il était immédia-
tement puni de mort j'en ai vu fusiller
trois sous mes yeux. Je te prie, frère,
de me pardonner le désordre de cetta
lettre. Mes idées sont bouleversée'
tant est violent le mal de tête que m'a'
causé la vue de tant de cadavres épar*-
dans les rues et les places publicrn- --i
la frayeur dont j'ai été s»--1. fm\r3 •
la f rayeur dOl~t .J al ;e qliaii je
me suis trouvé au milipiï rîii feu et i;)e
ballps mii siffl?' uieu au ieu et des
balles qUi s1ffl~nt autour de moi. »
hirï r Ll* également témoin ocn-
laire de l«xecution de Louis XVI «in
puis te certifier, écrit-il à Kodrikas,
qu'il est mort avec le courage que la
foi inspire à un homme qui serait un
martyr et un saint. Il a laissé une sorte
do testament ou il parle la langue du
huitième siècle, c'est-à-dire celle de la
superstition. Lorsqu'il est arrivé sur la
guillotine (dont je t'envoie le dessin), il
a fait une prière catholique et a deman-
dé qU on le laissât parler au peuple.
Mais un roulement de tambours l'en a
empêché. Quand sa tête est tombée dans
le sac, 1 armée tout entière, qui entou-
rait l'échafaud, a poussé un cri immen-
se et unanime de vive la nation! vive la
république! La joie des soldats était
inexprimable; pas un royaliste n'a es-
saye de venir sauver son maitre »
Le texte original de cette lettre est de
ceux que les éditeurs ontreproduits dans
ce volume-spécimen. Il est curieux de
retrouver les mots techniques de notre
langue, un député, un royaliste, les tam-
bours, la Guillotine, transformés en voca-
bles grecs. Il faut avouer toutefois qu'à
part ces mots modernes, les lettres où
Stamaty raconte les événements de la
Révolution, font souvent l'effet d'une de
ces histoires des anciennes républiques
auxquelles notre éducation classurua
nous a accoutumés, et même que, ainsi
traduits, ces récits paraissent plus fami-
liers, plus naturels moins tragiques
et moins repoussants, que lorsque nous
les lisons en français. Ils participent en
quelque sorte alors au bénéfice du pres-
tige dont l'antiquité reste entourée pour
nous p««ii
On aura remarqué le ton dont Sta-
maty rapporte la mort du roi. Aucun*'
pitié n y perce. Et, en effet, tout en ,J
connaissant qu'il n'y aurait eu '-ni 'rii,
ger pour la république à 1* laisser v"
vre, il ne cache point son déS pour
cet « être inutile, » comme il l'appelle,
et ce «monarque idiot.» Cette indiffé-
rence est d'autant plus digne d'atten-
tion, que notre jeune Grec n'est pas tou-
jours aussi calme. Il s'indigne des ex-
ces des Montagnards; il pleure les mis
sacres de septembre et le supplice des
Girondins; il en vient, en voyant verser
tant de sang, à désespérer de la répu-
blique, dont il avait salué l'avènement t
avec tant de confiance. «"«'«-ment
Les récits des autres correspondante
du prince Soutzo servent à compléter les
informations données par Stamaty. Ecri-
vant de Vienne, de Berlin ou de Con-
stantinople leur point de vue est
fort différent de celui de l?a4nt
qui écrit de Paris, et qui a plus
ou moins épousé les principes de la Ré-
volution. Les faits de guerre tiennent
naturellement une grande place dans
toutes ces lettres. On y voit quelle im-
pression faisaient les succès de la rému
blique contre la coalition. « Les Drin-
cipes des Français, écrit le correspon-
dant viennois au commencement de 1794,
et leur façon d'agir aujourd'hui sont
tels qu on peut s'attendre à tout, vu que
c'est moins l'art et le savoir-faire des
généraux, que le nombre, la fureur et
1 importante des attaquants qui déci-
dent. Cette guerre est sûrement une
des plus malheureuses et en même
temps une des plus infructueuses qu'on
ait jamais entreprises. On voulait arrê-
ter par là la Révolution française
et on l'a secourue. On voulait sauver le
roi et soutenir le trône de la monarchie
française, et l'on a renversé l'un et pro-
mu le roi et la reine à l'échafaud A
mesure que l'on s'opposait à i'e*.
fervescence de cette nation, elle a
pris le mors aux dents et s'est avisée
d'aller plus loin qu'elle ne s'était pro-
posé au commencement, et qu'elle ne
serait allée probablement, si les cours
étrangères ne s'en étaient point mêlées.
Aujourd lnu, la position des cours coa-
lisées et surtout des cours allemandes
est bien embarrassante. Il faut conti-
nuer la guerre, coûte que coûte, tandis
qu il est a prévoir qu'il n'y a plus rien
a gagner et beaucoup à perdre; puis-
qu on a affaire à une grande nation qui
veut être libre, et qui, mettant tout en
feu, n a plus rien a risquer, mais beau-
coup à gagner, qui pille et vole partout
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