Titre : La Croix
Auteur : Groupe Bayard. Auteur du texte
Éditeur : La Croix (Paris)
Date d'édition : 1904-01-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343631418
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 janvier 1904 03 janvier 1904
Description : 1904/01/03 (Numéro 6360)-1904/01/04. 1904/01/03 (Numéro 6360)-1904/01/04.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k220217g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
A. â Dimanche 3, Lundi 4 Janvier 1904
FRANCE Í Un mois 2 fr. )
rnAllVt 1 Xrolsmois g fr I UKION POSTALE
* ) Sir mois 10 fr. ( port en su«
ALGERIE ( Unan 18 £r. ) v
Avecle Pèlerin, par an, 20 fr.âOnavecla Croixiííusft·««,parean,22 fr.
SUPPLÉMENT HEBDOMADAIRE : CROIX ILLUSTRÉE, 8 PAGES
25eANIMEE QUOTlDlHfi ι 5 CHJSlTHWBS N° 6360
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coles, la Vie des Saints, les Contemporains et les Questions actuelles.
Nous vous reconnaissons comme notre Sou*
verain Seigneur et Maitre et comme Chef
suprême de la Patrie française.
LA JOURNÉE
PARIS, 2 JANVIER 1904
Les réceptions officielles du Jour de
l'An se sont déroulées avec la bana-
lité habituelle rompue seulement par
la distinction élevée de l'allooution de
S. Exc. le Nonce apostolique.
Du 21 au 31 décembre, les Caisses
d'épargne ont reçu 3 488998 fr. 59 et
remboursé 6 388 558 fr. 45, soit un
excédent de retraits de 2 899 559fr.86.
Pour 1903, l'excédent des retraits
sur les -versements a été de 198 mil-
lions 179353 fr. 14.
Nous publions intégralement le ju-
gement très fortement motivé de M. le
juge de paix du deuxième canton de
Troyes, donnant raison â la « Croix
de l'Aube » contre l'administration
des postes.
Ce document important intéresse
toutes les « Croix » de province et
l'une manière générale tous les jour-
taux.
Mgr l'évêque d'Angers, dans une
très belle lettre au général Peigné,
proteste contre l'interdiction aux mi-
litaires de fréquenter les Cercles ca-
tholiques.
Les dernières dépêches relatives à
la catastrophe de Chicago accusent
800 morts, 200 blessés et 300 dis-
parus.
Un crime affreux a été commis à
Nogent-sur-Marne.
Deux hommes de garde ont tué un
garçon épicier et l'ont jeté dans le
foyer de la machine à vapeur de
l'usine Armat.
Bien qu'il ne soit pas encore certain
que le transport la « Vienne » soit re-
irouvé, on espère qu'il le sera bientôt.
On sait qu'en cours de route il a subi
une avarie de machine.
ETRANGER. â Les dernières nou-
velles du conflit entre la Russie et le
Japon, venues ce matin de Londres,
sont de nature à faire renaître de
vives inquiétudes.
M. Silvela, répondant aux instances
de ses amis, a fait connaître sa réso-
lution irrévocable de se retirer de la
rie politique Il consacrera tous ses
efforts à maintenir l'union dans le
parti conservateur.
Le Landtag de russe est convoqué
âe 16 janvier. L'empereur Guillaume
pr.rait complètement rétabli.
D'accord avec la Russie et l'Au-
triche, la Turquie paraît disposée à
donner le commandement de la gen-
darmerie de Macédoine à un général
italien.
Un hibou
AU
Mont-de-Piété
Le vieil oncle ouvrit son bahut... un
bahut massif, bas sur pattes, tout noir de
siècles, avec de vieux magots prognathes,
qui se regardaient le ventre d'un oeil mélan-
colique.
Et il fit la revue de ses étrennes; car
c'était avant-hier, 31 décembre, date tou-
jours mémorable dans la bourse des
pauvres oncles... Douze sacs de crottes. ...
(10 francs le sac) trois poupées... un moteur...
un éléphant en porcelaine... une broche...
deux boucles... une boîte à gants... trois
éventails... un amour de petite breloque en
or représentant une betterave, en souvenir
d'une autre betterave nature, mise jadis
dans un vase sur un piano, et prise par une
Parisienne pour une plante rare de chez
Lachaume... un guignol... une coupe en
grès flambé, etc., etc.
Tout cela dégringolait en couleurs claires
sur les tablettes noires, le satin blanc et
rose des écrins, le papier moiré des choco-
lats, le pailletis des éventails : « Penser que
j'en ai là pour deux billets de mille! !. »
Et il referma la porte...
Puis l'oncle arpente lentement le salon
en faisant sauter ses clés dans sa poche :
« Ce mois de décembre est effrayant!. je
n'ose même pas compter!., une ruine!! On
a beau dire ¡«C'est ridicule de jeter l'argent
par la fenêtre!.. » allez donc pratiquement
vous soustraire à ce ridicule-là !... Je me
vois arrivant chez ma nièce avec un bou-
quet de violettes et mon coeur : « Ma chère
petite, je te souhaite une bonne année,
une bonne santé et le paradis à la fin de tes
jours!.. » Et puis un point... c'est tout..Pas
un bibelot de prix... pas une stupidité coû-
teuse à lui offrir.. Alors, je pourrais aller
me coucher avec mes voeux!..,
Et même, pour ma nièce, je n'ai encore
rien... (Il retourne au bahut et l'ouvre.)
.... Cette broche..? Elle est gentille...
mais trop « fanfan »... Cette boucle..? Un
peu turlututu!.. La boîte à gants..? Décidé-
ment non... je ne trouve rien ; et demain
les magasins sont fermés... Plus que le
temps!., ma canne., mon chapeau!., j'ai
mon porte-monnaie.. ? (// se tâte)... En
voilà un ami qu'il ne faut pas oublier non
plus, le 31 décembre!.. Ah non, alors!.
Le hall d'un grand magasin : on s'étouffe,
on s'écrase ; les employés fatigués sont polis
mais rapides; air sursaturé d'énervement
et de microbes.
L'oncle, pris entre les remous de la foule,
roule de rayon en rayon, de la maroqui-
nerie à la lingerie, de la lingerie à la pape-
terie... de la papeterie aux jouets, des jouets
au grand escalier, où le monde s'empile
pour voir.un boeuf automate qui joue de la
clarinette...
L'oncle commence à se faire des cheveux
avec sa mâtine de nièce!.. Il ne trouve
rien... rien!., rien!!. Pourtant..? Tiens..?
c'est curieux..? Et tout à coup, il s'arrête
devant un bronze drôle, un hibou.... mais
pas le premier hibou venu, un hibou
étrange, avec sa queue de morue coupée
courte sur des pattes croches, et ses yeux
ronds qui regardent les passants avec la
gravité d'un père conscrit...
â Combien ce volatile ?
â 250 francs.
â Aïe ! !
â Article unique... ciselure extraor-
dinaire... art nouveau... chaque plume y
est, légère, floconneuse...
â 250 francs,, c'est moinsfloconneux!....
â Il a déjà failli partir deux fois ce soir...
L'employé blasé, distrait, fait sauter l'oiseau
dans sa main, regarde à droite, à gauche,
attendant une réponse...
L'oncle calcule qu'il est fatigué, qu'il en
a par-dessus la tête de ce piétinement dans
la cohue... que peut-être il ne trouvera pas
mieux pour sa nièce : « Je le prends, dit-il
avec l'entrain d'un homme qui se fait arra-
cher une dent.
â Vous l'emportez.. ?
â Oui.
â Veuillez me suivre à la caisse... »
â Ma chère petite nièce, permets à ton
vieil oncle de t'offrir...
â Mais, je crois bien!..,.
â Je me suis creusé la téte. - fatigué
mon vieux cerveau pour chercher ce qui
pourrait bien te faire plaisir, à toi, la gâtée,
a comblée de cadeaux...
â Et tu as trouvé.. ?
â ... Ceci... Alors, lentement, du fond
de sa poche, l'oncle tire son hibou.
â ! ! !
â Comment le trouves-tu..?
â ..En tant que « hibou », il n'est pas
mal!..
â ... N'est-ce pas..? J'ai pensé que pour
toi qui es artiste... toutes les plumes sont
ciselées... tu vois..? article unique!
â Oui... je vois.., je te remercie... tu es
tout plein gentil...
â Enfin... il te plaît.. ?
â Puisque tu me l'offres!, et puis, person-
nellement, je n'ai rien contre les hiboux...
â Ce n'est pas une réponse!., te plaît-il
oui ou non..?
â Mais oui... il me plaît... il me plaît
même beaucoup!....
â ... Ton nez remue.. ?
â Oh mon oncle!..
â Je te fais un cadeau, j'ai pourtant bien
le droit de savoir ce que tu en penses!..
â Mais ie pense que tu es un amour
d'oncle!.. Viens que je t'embrasse!..
â ... Ta., ta., ta., tu fais de l'obstruc-
tion... aimes-tu mon hibou.. ?
â ... Pas autant que toi!.
â J'espère bien, mais qu'as-tu contre
lui..?
â Tu veux le savoir... ?
â Je l'exige. -
â Voilà... il m'insulte, ton hibou!..
â Il t'insulte ! ! !,
â Oui !.. il me crie : «Ton oncle te prend
pour une petite femme futile, vaine, pour
un bibelot d'étagère!.... il s'est creusé la tête
pour savoir ce qui te ferait plaisir... et c'est
moi qu'on a trouvé, moi, le hibou)... Ton
oncle aurait pu se dire : « Nous sommes au
seuil d'une année terrible, épouvantable,
où l'Eglise de France va s'abîmer dans des
ruines universelles... Je vais traiter ma
nièce en grande fille... en bonne catholique,
en vraie Française... Elle sent certainement
retentir en son âme l'écho de tous nos
désastres... sûrement elle n'a pas le coeur à
s'amuser... Je sais déjà qu'elle se remue...
qu'elle se dévoue un peu... c'est son rôle...
elle est jeune et vivante, je vais lui porter
de quoi défendre sa foi !. »
â ... De l'argent, comme ça... bruta-
lement!..
â Donne-t-on une potiche au soldat qui
boucle son sac..? Moi, je suis un soldat !..
je me bats sur le terrain des oeuvres... je
fais le catéchisme aux enfants pauvres... je
vais au dispensaire soigner les malades...
tai un patronage... Et tu me donnes... un
ibou ! !.
â ... 250 francs...
â ... 250 francs! Tu l'avoues!!, mais
songes-tu, mon pauvre oncle, à tout le
bonheur, tout l'apostolat qu'on pourrait
extraire de cette sale bête..? Et je t'assure
que devant certaines misères, l'image de
mon hibou m'obsèdera sûrement cette
année..?
L'oncle regarde piteusement son oiseau...
â- Si tu le renvoyais où tu l'as acheté..?
â Impossible. ! on ne reprend pas ces
articles-la.,
â Je me figure!.. Eh bien.!, veux-tu..?
j'ai une combinaison..? â Et la nièce alla
s'assurer que la porte du salon était bien
fermée â demain, viens me chercher à
9 heures... nous irons le porter au... Mont-
de-Piété.. ? ça rapporte pas mal, surtout en
vendant la reconnaissance.,..
â ... Au Mont-de-Piétéje ne saurai
jamais! !.
â Mais moi... je sais!..
â .. Tu sais.?
â Oui.
â Comment ça..? tu me suffoques!!
â J'y ai déjà porté ta Vénus de l'an
dernier!..
â !!!. .
PIERRE L'ERMITE.
LES MISSIONS FRANÇAISES EN ORIENT
Nous n'avons cessé de dénoncer l'oeuvre
antinationale que les sectaires poursuivent
contre les missions françaises a l'étranger.
Gambetta disait : « L'anticléricalisme n'est
pas un article d'exportation. » Aujourd'hui,
on l'exporte, hélas ! avec acharnement.
La preuve que c'est là une oeuvre mau-
vaise, c'est que l'Allemagne y applaudit des
deux mains.
La Gazette de Voss a publié un article
très significatif à ce sujet.
Nos gouvernants sont-ils capables de com-
prendre la signification de cette joie de nos
rivaux?
Gazette
LES INFIRMIERS SE PLAIGNENT
Après l'expulsion des Soeurs des hôpi-
taux maritimes, M. Pelletan, que le souci
des malades préoccupe peu, n'a pas cru
devoir réorganiser les services désorganisés
par le départ des religieuses, pour éviter un
accroissement de dépenses.
Les infirmiers surmenés, et qui n'ont pas
les mêmes raisons que les Soeurs de mourir
à la peine, ne l'entendent pas ainsi.
Ceux de l'hôpital maritime de Cherbourg
se plaignent avec aigreur, par une lettre
adressée à un journal ministériel, de la
situation qui leur est faite, situation dont,
disent-ils, les malades sont eux-mêmes
victimes.
Ils ajoutent que par dévouement à M. Pel-
letan ils continueront cependant leur ser-
vice, mais en espérant que de promptes me-
sures mettront fin au mécontentement qui
règne parmi le personnel infirmier.
Les Soeurs se dévouaient exclusivement
aux malades, les infirmiers se dévouent
d'abord à M. Pelletan.
LE CRUCIFIX PAUS LES JUSTICES DE ΡAIX
M. Crouzet, maire de Nîmes, a prévenu
le vote définif du Parlement et les instruc-
tions ministérielles;il est même allé contre
l'interprétation que les sénateurs ont donnée
à leur vote sur cette question. Voici une
dizaine de jours, en effet, qu'il a fait enlever
les crucifix des prétoires de la justice de
paix. La population catholique est indignée,
et un témoin a refusé de prêter serment en
l'absence du crucifix.
M, Crouzet, maire de Nîmes, recevra
sous peu une décoration.
FASTUEUSES ÉTRENNES
Les administrations préfectorales, pour
avoir l'occasion de se montrer généreuses à
l'époque des étrennes, avaient attendu l'ap-
proche du Ier janvier pour permettre aux
municipalités de distribuer aux propriétaires
viticulteurs ayant eu leurs vignes gelées les
indemnités depuis longtemps promises.
Or, vous allez juger du faste de ces dis-
tributions :
Un propriétaire de Saint-Féliu-d'Avall
(Pyrénees-Orientales) a reçu une feuille
officielle signée, paraphée, ornée de plu-
sieurs timbres et cachets et l'autorisant à
percevoir « une indemnité de 0 fr. 01 pour
50 souches gelées. »
Pour faire cette plaisanterie d'un goût
douteux, l'administration avait dépensé
certainement I franc au minimum, en
écriture, timbre ou papier.
Ce qui revient à faire payer I franc au
viticulteur la décharge de 0 fr. 01.
C'est vraiment beau !
ET LA SUITE
On nous écrit :
Vous nous avez annoncé qu'un membre de
l'Université, qui opérait à Versailles, avait été
frappé d'exclusion par le grand Conseil acadé-
mique pour d'assez vilaines choses.
Vous n'avez pas ajouté que ce malpropre
individu avait été arrêté et, son cas relevant du
Code pénal, soumis à un juge d'instruction.
Est-ce une lacune d'information ou faut-il
croire que le délinquant s'en tire avec une
simple peine disciplinaire?
Non! cher correspondant, la Croix n'a
pas à se reprocher une lacune d'infor-
mation.
On avait laissé le temps à ce Monsieur
de prendre la clé des champs, et on se rat-
trapera sans doute surle premier instituteur
libre calomnieusement accusé.
Attendons.
L'ANALYSÉ DU PLUM-PUDDING
On sait que les fêtes de Noël et du 1er jan-
vier sont pour les Anglais l'occasion d'une
énorme consommation de plum-pudding.
Ils en fabriquent et absorbent de douze qua-
lités différentes en l'honneur des douze
mois de l'année. Voici qu'un journal mé-
dical le Lancet vient d entreprendre une
campagne contre ce mets national. Il a soumis
le pudding à une analyse chimique d'après
laquelle il contiendrait une forte proportion
d'eau , certaines substances nitrogènes,
graine, glucose, cellulose, dextrine, amidon,
de l'acide acétique et de l'acide tartrique, et
enfin des cendres solubles et insolubles.
Les Anglais sont, paraît-il, furieux contre
cette critique scientifique de leur pudding
favori.
BÉNÉDICTION DU PAPE
AUX PUBLICISTES CHRÉTIENS
En réponse à une adresse de la corpora-
tion des publicistes chrétiens, présidée par
M. de Marolles, S. Em. le cardinal Merry
del Val écrit au nom de Sa Sainteté au vé-
néré président une lettre dans laquelle il le
remercie de ce « pieux hommage», et en lui
transmettant la « paternelle » bénédiction de
Pie X, il lui dit t
L'auguste Pontife se réjouit de voir que les
écrivains mentionnés, en poursuivant avec ar-
deur le but de leur noble apostolat, mettent
tous leurs soins a combattre les tristes effets
de la mauvaise presse, en inculquant dans les
Ames de la multitude les maximes chrétiennes,
de l'observance desquelles dépendent pour l'hu-
manité la pureté des moeurs et en même temps
le retour a la vie catholique.
Nous adressons nos bien sincères félicita-
tions à la corporation des publicistes chré-
tiens.
Lettre de Mgr Rumeau
au général Peigné
Nos lecteurs se rappellent que le com-
mandant du 9e corps d'armée a récem-
ment interdit aux militaires de tous
grades l'entrée des Cercles catholiques.
Mgr l'évêque d'Angers adresse au gé-
néral Peigné cette très belle lettre de
protestation :
Monsieur le général,
Les journaux ont portéà ma connaissance
l'ordre du jour par lequel vous avez cru
devoir interdireaux militaires de tous grades
l'entrée des Cercles catholiques.
Comme évêque, au nom de la religion
blessée; comme Français, au nom de la
liberté méconnue je regrette profondément
une semblable mesure.
Ce n'est pas le foyer du soldat que vous
avez voulu frapper, puisque au même mo-
ment il s'en fondait un à Tours, sous vos
auspices; ce n'est pas même le foyer du
soldat protestant, israélite ou libre-penseur;
c'est la maison de famille catholique.
Mon patriotisme s'en émeut autant que
ma foi, car nos maisons de famille, placées
sous l'égide du prêtre et destinées a rem-
placer dans la mesure du possible le foyer
paternel, justement appréciées par les mili-
taires qui les fréquentaient, à cause des dis-
tractions inoffensives qu'on y trouvait, ne
l'étaient pas moins à cause des dangers qu'on
y évitait.
Vous-même, Monsieur le général, vous no
m'avez jamais signalé aucun motif de plainte,
auquel je me serais empressé de Paire droit
si le moindre abus avait été constaté. Vos
prédécesseurs n'avaient non plus, à ma
connaissance, articulé aucun grief depuis
plus de vingt-cinq ans que ces oeuvres fonc-
ionnaient dans mon diocèse. Elles étaient
des écoles de moralisation. On y puisait
dans le respect et l'amour des pratiques
chrétiennes, la science de la bravoure, du
dévouement et de la discipline. Je ne pense
pas qu'en les supprimant vous obteniez
pour résultat de faire des soldats meilleurs,
plus vaillants et plus soumis.
Soucieux de procurer à nos chers soldats,
issus pour la plupart de familles très chré-
tiennes, le moyen de remplir leurs obliga-
tions religieuses; usant du droit strict et
remplissant le devoir essentiel de ma charge,
j'établis par ordonnance, à partir du 10 jan-
vier, une messe pour eux, les dimanches et
jours de fêtes, à midi, dans l'église parois-
siale Notre-Dame d'Angers qui, par sa posi-
tion, convient le mieux aux différentes
casernes.
Veuillez agréer, etc.
Neuvaine de sainte Geneviève
La grande neuvaine annuelle de sainte Gene-
viève s'ouvrira dimanche 3 janvier, en l'église
Saint-Etienne-du-Mont, par une grand'messe
pontificale qu'y célébrera à 10 heures Mgr Jour-
dan de La Passardière, évêque de Roséa, et au
cours de laquelle Sa Grandeur prononcera une
allocution. Ce même jour, à 3 heures, vêpres
pontificales, sermon par M. l'abbé Carpentier,
salut et procession au tombeau de la sainte.
Tous les jours de la neuvaine messe solen-
nelle a 9 heures et allocution.
Lundi 11 janvier, à 3 heures de l'après-midi,
cérémonie de clôture, sous la présidence du
cardinal Richard.
L'ÉVÊQUE DE CHICAGO
et
L'HÉROISME CHRÉTIEN
L'épouvantable catastrophe de Chicago a
donné lieu à bien des scènes déchirantes, à
bien des actes de courage et de dévouement,
atteignant jusqu'à l'héroïsme.
Quel plus grand, quel plus pur héroïsme i
que celui de mépriser la mort pour sauver
la vie de ses semblables?
S'il n'en est ni de plus grand, ni de plus j
pur, à l'incendie du théâtre de Chicago
l'évêque fut, dans toute l'acception du mot, ;
un héros.
Afin de ne pas dramatiser un acte qui se
suffit à lui-même, pour faire courir dans les
veines le frisson de l'admiration angoissée.
j'emprunte au premier journal venu, pris au
hasard, le récit de la scène t
On continue à commenter partout les inci-
dents multiples rapportes par les journaux, et
notamment la belle conduite de l'évêque
catholique de Chicago qui, pénétrant dans l'édi-
fice en flammes, se débarrassa de son habit.
de son chapeau, escalada, au prix d'effort·/
surhumains, les galeries supérieures et prit la
direction des secours, encourageant les blessés
les exhortent à mettre leur confiance en Dieu
et ne suspendant sa tache de sauveteur que
pour donner la suprême bénédiction aux moa '/
rants.
Invité à se retirer à cause du danger qu'il
courait, il refusa énergiquement, en disant qu'il
ne partirait que lorsqu'il ne resterait plus de
vivant dans le théâtre. Enfin, le péril augmen-]
tant et un mur menaçant de s'effondrer sur lui
les pompiers et les agents de police l'empor-
tèrent de vive force hors de la zone dange-
reuse.
L'évêque protestant de Chicago a également
pris part au sauvetage des blessés.
L'évêque courait-il donc, avec une pareille
intrépidité, au secours d'un père, d'un frère
d'un ami, d'un être particulièrement cher íj
son coeur? Nullement, il pénétrait sans
doute au théâtre pour la première fois, et il
s'y précipitait alors qu'il était en flammes;
il s'y précipitait, au risque de n'en sortin
qu'étouffé ou carbonisé; il s'y précipitait
pour sauver des inconnus, peut-être dea
infidèles, peut-être même des ennemie. Il
s'y précipitait parce qu'il était chrétien
parce que dans la fournaise étaient des
hommes, des femmes, des enfants qui
souffraient et qui expiraient, parce que
dans la fournaise étaient des créatures du«
Dieu qui a dit : « Aimez-vous les uns les
autres. » Il s'y précipitait, parce qu'il était
prêtre, parce qu'il était évêque, et qu'il
devait secours et bénédiction à son trou-
peau, et qu'il préférait son troupeau à lui
même.
Faut-il donc dire que l'évêque de Chicago
est un héros égaré au milieu d'égoïstes ?
Qu'on parcoure l'histoire de l'Eglise, qu'on
lise notre histoire nationale, qu'on s'arrête
aux récits des catastrophes, des épidémies.
des guerres. Partout, toujours, le prêtre, la
Soeur de Charité, le Frère,-donnent l'exemple
de l'héroïque abnégation.
N'avons-nous pas vu Mgr de Belzunce
la peste de Marseille, le curé de Bazeille à
la guerre de 1870, les Frères au siège da
Paris, les Soeurs de Charité sur tous nos
champs de bataille? Je n'en finirais pas, s'il
fallait citer tous les actes d'héroïsme de
notre clergé, de nos religieux et de nos
religieuses.
Je n'en retiens que ceoi, c'est que leur
exemple est la meilleure leçon de choses que
l'on puisse donner au soldat, appelé par son
pays à lui faire le sacrifice de sa vie.
Aussi quelle responsabilité encourent les
généraux qui écartent leurs soldats des
réunions présidées par l'esprit religieux
quand l'esprit religieux est l'esprit de sacri«
fice par excellence ! Et à quel haut degré les
évêques qui font des remontrances à ces
généraux remplissent leurs devoirs envers
a France !
Qui de nous n'a déploré l'ordre du jour du
général Peigné et admiré la belle lettre de
Mgr l'évêque d'Angers !
Le vénéré prélat, par son acte, a répondu
à la préoccupation si élevée exprimée par le
nonce apostolique au président de la Reptil,
blique à la réception du corps diplomatique*
que les efforts de la France « s'appliquent
d'une part, à faire servir les avantages de la
paix au raffermissement et au progrès de ta-
DERNIÈRES
NOUVELLES
PARIS, 4 heures.
A L'ARCHEVÊCHÉ
Ainsi que nous l'avions annoncé, la réception
du clergé paroissial du diocèse de Paris par
Mgr Richard, cardinal-archevêque de Paris, à
l'occasion du Nouvel An, a eu lieu aujourd'hui
samedi, à 1 h. 1/2. C'est M. le chanoine Leclerc,
curé de Saint-Rocb, qui a offert les voeux du
clergé au vénérable prélat qui était entouré de
ses vicaires généraux.
S. Em. le cardinal a surtout insisté sur le
devoir de la charité mutuelle et de l'union,
conformément aux recommandations de
S. S. Pie X dans son Encyclique.
POUR LES PARENTS ET AMIS
On lit dans la Palrie ι
La vertu est toujours récompensée. Depuis la
guerre du Mexique, M. Pannelier (Louis-Fran-
çois-Victor) attendait la croix des braves. Le
gouvernement avait toujours oublié. Mais
M. Pannelier ayant été élu conseiller municipal
sur un programme blocard, vient de voir rougir
sa boutonnière.
Signalons aussi, dans la promotion de janvier,
de fièro de M. Pelletan qui a obtenu la croix
d'officier, et le frère de M. Barthou qui a été
nommé chevalier. La voilà bien la véritable
fraterni lé !
ENTHOUSIASME PELLETANESQUE
L'Agence Havas se fait adresser cette dé-
pêche de Toulon :
Toulon, 2 janvier. â Une manifestation vient
d'être organisée en l'honneur de M. et de
Mme Pelletan qui sont passés en gare à 11 hâ
se rendant â Beaulieu.
4000 ouvriers avaient quitté le travail et envahi
la gare pour acclamer le ministre. Plusieurs
accidents ont failli se produire et le rapide a
manqué d'écraser quelques ouvriers qui so
pressaient sur la voie.
Des bouquets ont été offerts au ministre par
le Syndicat; puis le train s'est ébranlé aux cris
de « Vive Pelletan ! »
SUICIDE
A NOTRE-DAME DES VICTOIRES
Un homme âgé de 40 à 45 ans, à l'aspect mi-
sérabie. s'est suicidé à midi à Notre-Dame des
Victoires en se tirant un coup de revolver à la
tempe droite.
Cet individu avait assisté à la messe, placé à
côté de l'autel de la Vierge. Il a attendu le
moment où le prêtre donnait la bénédiction
pour donner suite à son acte de désespoir.
Il était connu du personnel de l'église ; il
Sassait pour fou et avait manifesté l'intention
de mettre fin à ses jours.
A CHATOU
Nous lisons dans la Patrie :
Un de nos confrères du matin s'occupe depuis
quelque temps de la banlieue parisienne.
Parlant de Croissy, le reporter de notre con-
frère ayant affirmé qu'il régnait dans ce char-
mant pays une épidémie d'ophtalmie causée
par l'arrosage des cultures à l'aide des vidanges
a reçu du maire un démenti formel.
A Chatou, c'est une usine importante de
construction de phonographes qui est attaquée.
Et les affirmations de notre confrère ont pro-
duit uno grosse émotion. D'après lui, en effet,
les ouvriers sortent de la maison centrale de
Poissy, les ouvrières de Saint-Lazare, et tous
ces repris dejustice sèment l'épouvante dansla
région.
La vérité, c'est que l'usine en question, au
contraire, en se fondant à Chatou, a amené
dans le pays une population ouvrière qui lui
a fait retrouver un peu de vie et de prospérité.
Le mécontentement est grand dans cette
région contre cette campagne qui ne tend au
fond qu'à éloigner les Parisiens qui y séjour-
nent l'été.
TAMPONNEMENT DE TRAINS
Cerbère, 2 janvier. âLe train 801 a tamponné
un train de marchandises ce matin, à 10 heures,
près de l'usine Paulilles.
Il y a de nombreux morts et blessés.
Un train de secours part de Cerbère.
Perpignan, 2 janvier. â Près de la gare de
Banyuls-sur-Mer un train de marchandises à
tamponné un train de voyageurs.
Deux personnes ont été tuées.
(Havas.)
LA GARNISON DE GAP
Gap, 2 janvier. â Le Conseil général des
Hautes-Alpes est convoqué extraorainairement
pour le jeudi 7 janvier, à 2 heures de l'après-
midi, sur la demande des deux tiers de ses
membres, pour délibérer au sujet du retrait
d'une partie de la garnison de Gap.
LA FRANCE ET LA CORÉE
Séoul, 2 janvier. â Le ministre' de France
vient de remettre les insigr.es de grand'croix
de la Légion d'honneur à l empereur de Corée.
MOUVEMENT DIPLOMATIQUE
ITALIEN
Rome, 2 janvier. â Selon le Messagero, un
mouvement diplomatique aurait lieu prochaine-
ment. Le duc Avarna. ministre d'Italie à Berne,
serait nommé ambassadeur à Vienne; le che-
valier Berti, ministre à Stockholm, passerait à
Berne; M. Pansa, ambassadeur à Londres,
serait mis à la disposition du ministère.
L'AMIRAL ALEXIEFF
Saint-Pétersbourg, 2 janvier. â En vertu
d'un ukase impérial publié aujourd'hui, l'amiral
Alexieff, lieutenant de l'empereur en Extrême-
Orient, aura désormais un drapeau spécial,
qui portera, au milieu d'un fond blanc, une
croix de Saint-André bleue avec un aigle noir,
et qui sera salué de douze salves.
L'ESCADRE RUSSE EN TUNISIE
Tunis, 2 janvier. â M. Pichon est parti ce
matin pour Bizerte, afin d'assister au déjeuner
offert en son honneur, à bord du cuirasse Osla-
bia, par l'amiral Wirenius et le commandant
de l'escadre russe d'Extrême-Orient.
Le résident général était accompagné des
généraux Roux, Larrivet et Pognard, de Si
adok Ghileb, président de la municipalité de
Tunis, et des vice-présidents de cette munici-
palité.
LES ARMEMENTS DU JAPON
Tokio, 2 janvier, â On s'attend à ce que six
croiseurs cuirassés, commandés par l'amiral
Kamimoura, quittent demain Saseho pour Ma-
sampho.
RÉSIDENT ANGLAIS TUÉ
Lokoja (Nigerie septentrionale). â Des indi-
gènes Akopotos se sont soulevés, sur les rivés
u Benué. contre les Anglais.
Le résident anglais et un officier de police,
M. Pierdon, ont été tués.
Une expédition va être organisée pour châtier
es rebelles.
LES OUVRIERS BOULANGERS
Les ouvriers boulangers se sont néanmoins
réunis ce matin, sous la présidence de M. Bous-
quet, pour protester contre les arrestations
arbitraires.
Voici l'ordre du jour qui a été voté»
Les ouvriers boulangers réunis le 2 janvier à
la Bourse du travail, considérant qu'un armis-
tice a été conclu, décident, pendant cet inter-
valle, de s'occuper de la question du travail ;
considérant que MM. les patrons, pendant le
conflit, disaient : « Dites-nous où sont les ou-
vriers et nous irons les y chercher », les ouvriers
boulangers avisent MM. les patrons que des
ouvriers qui étaient en place depuis quatre,
cinq et six ans, se tiennent à leur disposition à
la Bourse du travail.
Considérant que le Syndicat ouvrier doit faire
lui-même le placement de ses membres, les
ouvriers décident de n'accepter que l'office de
placement de la Chambre syndicale ouvrière et
de continuer la lutte contre les bureaux de
placement.
D'autre part, la Confédération générale du
travail vient de décider de faire apposer des
affiches dans toutes les boutiques qui em-
ploient des ouvriers syndiqués afin que les tra-
vailleurs s'adressent de préférence a ces mai-
sons pour leurs achats.
LES TUDIANTS ESPAGNOLS A PARIS
Les étudiants espagnols sont arrivés ce matin
à Paris par la gare du quai d'Orsay, à 9 h. 1/3.
MM. Delamarche, président de l'Association
générale des étudiants de Paris; Legoux, se-
crétaire général ; Kuffler, président de l'Asso-
ciation des étudiants étrangers ; Remon-Garcia
Moreno, président du Comité de la direction de
l'excursion scolaire à Paris ; Angel Morena
Bengoechea, secrétaire général de la caravane,
ces deux derniers arrives de l'avant-veille pour
préparer la réception de leurs camarades ;
François-Zapata Lillo, étudiant chilien qui sert
d'interprète entre les étudiants espagnols et
leurs camarades français, et un certain nombre
de journalistes les attendaient à la gare.
La plupart des étudiants espagnols, dont
quelques-uns paraissant assez âgés, portent
la grande pèlerine doublée de rouge, un grand
nombre sont couverts de chapeaux mous ou de
casquettes, tandis que d'autres arborent
« melon » et même fe « haut de forme » ; plu-
sieurs ont apporté avec eux leur mandoline.
A midi les étudiants espagnols se sont rendus
au restaurant corporatif dos étudiants de Paris,
où ils ont déjeuné au milieu de leurs nou-
veaux camarades.
A 2 heures, ils sont partis par petits groupes
sous la conduite dos membres de l'Association
pour faire un tour par les grands boulevards
la place de la Concorde et les Champs-Elysées
où ils se rencontreront avec une délégation ouf
s'est rendue à 1 h. 1/2 à l'ambassade d'Espagne
Ce soir un punch leur sera offert au café
Voltaire.
Rappelons qu'une délégation d'étudiants espa¬(t
gnols est venue jadis à Paris.
LES « CONFÉRENCES
Cette revue, destinée spécialement au
Cercles d'études et aux Instituts populaires
vient d'ajouter de grands perfectionnement,
à sa rédaction. Grâce au plus grand nombre
de ses pages, elle donne chaque quinzaine
un texte de conférence sociale ou apologé-
tique, un texte de conférence avec projec-
tions, et plusieurs plans détaillés de confé-
rences, de lectures, d'études sociales, etc
Sa chronique est de plus en plus variée
Aussi voit-elle s'accroître considérablement
son succès.
La Revue paraît le 1er et le 15 de chaque
mois par fascicules de 24 pages. Abonne-
ment ; 3 francs. Avec son complément,
Fascinateur, revue de photographie, de
projections et de phonographes, 4 francs
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ABONNEMENT GLOBAL
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illustré ftn couleurs contenant lee nouvelles politiques et agri-
coles, la Vie des Saints, les Contemporains et les Questions actuelles.
Nous vous reconnaissons comme notre Sou*
verain Seigneur et Maitre et comme Chef
suprême de la Patrie française.
LA JOURNÉE
PARIS, 2 JANVIER 1904
Les réceptions officielles du Jour de
l'An se sont déroulées avec la bana-
lité habituelle rompue seulement par
la distinction élevée de l'allooution de
S. Exc. le Nonce apostolique.
Du 21 au 31 décembre, les Caisses
d'épargne ont reçu 3 488998 fr. 59 et
remboursé 6 388 558 fr. 45, soit un
excédent de retraits de 2 899 559fr.86.
Pour 1903, l'excédent des retraits
sur les -versements a été de 198 mil-
lions 179353 fr. 14.
Nous publions intégralement le ju-
gement très fortement motivé de M. le
juge de paix du deuxième canton de
Troyes, donnant raison â la « Croix
de l'Aube » contre l'administration
des postes.
Ce document important intéresse
toutes les « Croix » de province et
l'une manière générale tous les jour-
taux.
Mgr l'évêque d'Angers, dans une
très belle lettre au général Peigné,
proteste contre l'interdiction aux mi-
litaires de fréquenter les Cercles ca-
tholiques.
Les dernières dépêches relatives à
la catastrophe de Chicago accusent
800 morts, 200 blessés et 300 dis-
parus.
Un crime affreux a été commis à
Nogent-sur-Marne.
Deux hommes de garde ont tué un
garçon épicier et l'ont jeté dans le
foyer de la machine à vapeur de
l'usine Armat.
Bien qu'il ne soit pas encore certain
que le transport la « Vienne » soit re-
irouvé, on espère qu'il le sera bientôt.
On sait qu'en cours de route il a subi
une avarie de machine.
ETRANGER. â Les dernières nou-
velles du conflit entre la Russie et le
Japon, venues ce matin de Londres,
sont de nature à faire renaître de
vives inquiétudes.
M. Silvela, répondant aux instances
de ses amis, a fait connaître sa réso-
lution irrévocable de se retirer de la
rie politique Il consacrera tous ses
efforts à maintenir l'union dans le
parti conservateur.
Le Landtag de russe est convoqué
âe 16 janvier. L'empereur Guillaume
pr.rait complètement rétabli.
D'accord avec la Russie et l'Au-
triche, la Turquie paraît disposée à
donner le commandement de la gen-
darmerie de Macédoine à un général
italien.
Un hibou
AU
Mont-de-Piété
Le vieil oncle ouvrit son bahut... un
bahut massif, bas sur pattes, tout noir de
siècles, avec de vieux magots prognathes,
qui se regardaient le ventre d'un oeil mélan-
colique.
Et il fit la revue de ses étrennes; car
c'était avant-hier, 31 décembre, date tou-
jours mémorable dans la bourse des
pauvres oncles... Douze sacs de crottes. ...
(10 francs le sac) trois poupées... un moteur...
un éléphant en porcelaine... une broche...
deux boucles... une boîte à gants... trois
éventails... un amour de petite breloque en
or représentant une betterave, en souvenir
d'une autre betterave nature, mise jadis
dans un vase sur un piano, et prise par une
Parisienne pour une plante rare de chez
Lachaume... un guignol... une coupe en
grès flambé, etc., etc.
Tout cela dégringolait en couleurs claires
sur les tablettes noires, le satin blanc et
rose des écrins, le papier moiré des choco-
lats, le pailletis des éventails : « Penser que
j'en ai là pour deux billets de mille! !. »
Et il referma la porte...
Puis l'oncle arpente lentement le salon
en faisant sauter ses clés dans sa poche :
« Ce mois de décembre est effrayant!. je
n'ose même pas compter!., une ruine!! On
a beau dire ¡«C'est ridicule de jeter l'argent
par la fenêtre!.. » allez donc pratiquement
vous soustraire à ce ridicule-là !... Je me
vois arrivant chez ma nièce avec un bou-
quet de violettes et mon coeur : « Ma chère
petite, je te souhaite une bonne année,
une bonne santé et le paradis à la fin de tes
jours!.. » Et puis un point... c'est tout..Pas
un bibelot de prix... pas une stupidité coû-
teuse à lui offrir.. Alors, je pourrais aller
me coucher avec mes voeux!..,
Et même, pour ma nièce, je n'ai encore
rien... (Il retourne au bahut et l'ouvre.)
.... Cette broche..? Elle est gentille...
mais trop « fanfan »... Cette boucle..? Un
peu turlututu!.. La boîte à gants..? Décidé-
ment non... je ne trouve rien ; et demain
les magasins sont fermés... Plus que le
temps!., ma canne., mon chapeau!., j'ai
mon porte-monnaie.. ? (// se tâte)... En
voilà un ami qu'il ne faut pas oublier non
plus, le 31 décembre!.. Ah non, alors!.
Le hall d'un grand magasin : on s'étouffe,
on s'écrase ; les employés fatigués sont polis
mais rapides; air sursaturé d'énervement
et de microbes.
L'oncle, pris entre les remous de la foule,
roule de rayon en rayon, de la maroqui-
nerie à la lingerie, de la lingerie à la pape-
terie... de la papeterie aux jouets, des jouets
au grand escalier, où le monde s'empile
pour voir.un boeuf automate qui joue de la
clarinette...
L'oncle commence à se faire des cheveux
avec sa mâtine de nièce!.. Il ne trouve
rien... rien!., rien!!. Pourtant..? Tiens..?
c'est curieux..? Et tout à coup, il s'arrête
devant un bronze drôle, un hibou.... mais
pas le premier hibou venu, un hibou
étrange, avec sa queue de morue coupée
courte sur des pattes croches, et ses yeux
ronds qui regardent les passants avec la
gravité d'un père conscrit...
â Combien ce volatile ?
â 250 francs.
â Aïe ! !
â Article unique... ciselure extraor-
dinaire... art nouveau... chaque plume y
est, légère, floconneuse...
â 250 francs,, c'est moinsfloconneux!....
â Il a déjà failli partir deux fois ce soir...
L'employé blasé, distrait, fait sauter l'oiseau
dans sa main, regarde à droite, à gauche,
attendant une réponse...
L'oncle calcule qu'il est fatigué, qu'il en
a par-dessus la tête de ce piétinement dans
la cohue... que peut-être il ne trouvera pas
mieux pour sa nièce : « Je le prends, dit-il
avec l'entrain d'un homme qui se fait arra-
cher une dent.
â Vous l'emportez.. ?
â Oui.
â Veuillez me suivre à la caisse... »
â Ma chère petite nièce, permets à ton
vieil oncle de t'offrir...
â Mais, je crois bien!..,.
â Je me suis creusé la téte. - fatigué
mon vieux cerveau pour chercher ce qui
pourrait bien te faire plaisir, à toi, la gâtée,
a comblée de cadeaux...
â Et tu as trouvé.. ?
â ... Ceci... Alors, lentement, du fond
de sa poche, l'oncle tire son hibou.
â ! ! !
â Comment le trouves-tu..?
â ..En tant que « hibou », il n'est pas
mal!..
â ... N'est-ce pas..? J'ai pensé que pour
toi qui es artiste... toutes les plumes sont
ciselées... tu vois..? article unique!
â Oui... je vois.., je te remercie... tu es
tout plein gentil...
â Enfin... il te plaît.. ?
â Puisque tu me l'offres!, et puis, person-
nellement, je n'ai rien contre les hiboux...
â Ce n'est pas une réponse!., te plaît-il
oui ou non..?
â Mais oui... il me plaît... il me plaît
même beaucoup!....
â ... Ton nez remue.. ?
â Oh mon oncle!..
â Je te fais un cadeau, j'ai pourtant bien
le droit de savoir ce que tu en penses!..
â Mais ie pense que tu es un amour
d'oncle!.. Viens que je t'embrasse!..
â ... Ta., ta., ta., tu fais de l'obstruc-
tion... aimes-tu mon hibou.. ?
â ... Pas autant que toi!.
â J'espère bien, mais qu'as-tu contre
lui..?
â Tu veux le savoir... ?
â Je l'exige. -
â Voilà... il m'insulte, ton hibou!..
â Il t'insulte ! ! !,
â Oui !.. il me crie : «Ton oncle te prend
pour une petite femme futile, vaine, pour
un bibelot d'étagère!.... il s'est creusé la tête
pour savoir ce qui te ferait plaisir... et c'est
moi qu'on a trouvé, moi, le hibou)... Ton
oncle aurait pu se dire : « Nous sommes au
seuil d'une année terrible, épouvantable,
où l'Eglise de France va s'abîmer dans des
ruines universelles... Je vais traiter ma
nièce en grande fille... en bonne catholique,
en vraie Française... Elle sent certainement
retentir en son âme l'écho de tous nos
désastres... sûrement elle n'a pas le coeur à
s'amuser... Je sais déjà qu'elle se remue...
qu'elle se dévoue un peu... c'est son rôle...
elle est jeune et vivante, je vais lui porter
de quoi défendre sa foi !. »
â ... De l'argent, comme ça... bruta-
lement!..
â Donne-t-on une potiche au soldat qui
boucle son sac..? Moi, je suis un soldat !..
je me bats sur le terrain des oeuvres... je
fais le catéchisme aux enfants pauvres... je
vais au dispensaire soigner les malades...
tai un patronage... Et tu me donnes... un
ibou ! !.
â ... 250 francs...
â ... 250 francs! Tu l'avoues!!, mais
songes-tu, mon pauvre oncle, à tout le
bonheur, tout l'apostolat qu'on pourrait
extraire de cette sale bête..? Et je t'assure
que devant certaines misères, l'image de
mon hibou m'obsèdera sûrement cette
année..?
L'oncle regarde piteusement son oiseau...
â- Si tu le renvoyais où tu l'as acheté..?
â Impossible. ! on ne reprend pas ces
articles-la.,
â Je me figure!.. Eh bien.!, veux-tu..?
j'ai une combinaison..? â Et la nièce alla
s'assurer que la porte du salon était bien
fermée â demain, viens me chercher à
9 heures... nous irons le porter au... Mont-
de-Piété.. ? ça rapporte pas mal, surtout en
vendant la reconnaissance.,..
â ... Au Mont-de-Piétéje ne saurai
jamais! !.
â Mais moi... je sais!..
â .. Tu sais.?
â Oui.
â Comment ça..? tu me suffoques!!
â J'y ai déjà porté ta Vénus de l'an
dernier!..
â !!!. .
PIERRE L'ERMITE.
LES MISSIONS FRANÇAISES EN ORIENT
Nous n'avons cessé de dénoncer l'oeuvre
antinationale que les sectaires poursuivent
contre les missions françaises a l'étranger.
Gambetta disait : « L'anticléricalisme n'est
pas un article d'exportation. » Aujourd'hui,
on l'exporte, hélas ! avec acharnement.
La preuve que c'est là une oeuvre mau-
vaise, c'est que l'Allemagne y applaudit des
deux mains.
La Gazette de Voss a publié un article
très significatif à ce sujet.
Nos gouvernants sont-ils capables de com-
prendre la signification de cette joie de nos
rivaux?
Gazette
LES INFIRMIERS SE PLAIGNENT
Après l'expulsion des Soeurs des hôpi-
taux maritimes, M. Pelletan, que le souci
des malades préoccupe peu, n'a pas cru
devoir réorganiser les services désorganisés
par le départ des religieuses, pour éviter un
accroissement de dépenses.
Les infirmiers surmenés, et qui n'ont pas
les mêmes raisons que les Soeurs de mourir
à la peine, ne l'entendent pas ainsi.
Ceux de l'hôpital maritime de Cherbourg
se plaignent avec aigreur, par une lettre
adressée à un journal ministériel, de la
situation qui leur est faite, situation dont,
disent-ils, les malades sont eux-mêmes
victimes.
Ils ajoutent que par dévouement à M. Pel-
letan ils continueront cependant leur ser-
vice, mais en espérant que de promptes me-
sures mettront fin au mécontentement qui
règne parmi le personnel infirmier.
Les Soeurs se dévouaient exclusivement
aux malades, les infirmiers se dévouent
d'abord à M. Pelletan.
LE CRUCIFIX PAUS LES JUSTICES DE ΡAIX
M. Crouzet, maire de Nîmes, a prévenu
le vote définif du Parlement et les instruc-
tions ministérielles;il est même allé contre
l'interprétation que les sénateurs ont donnée
à leur vote sur cette question. Voici une
dizaine de jours, en effet, qu'il a fait enlever
les crucifix des prétoires de la justice de
paix. La population catholique est indignée,
et un témoin a refusé de prêter serment en
l'absence du crucifix.
M, Crouzet, maire de Nîmes, recevra
sous peu une décoration.
FASTUEUSES ÉTRENNES
Les administrations préfectorales, pour
avoir l'occasion de se montrer généreuses à
l'époque des étrennes, avaient attendu l'ap-
proche du Ier janvier pour permettre aux
municipalités de distribuer aux propriétaires
viticulteurs ayant eu leurs vignes gelées les
indemnités depuis longtemps promises.
Or, vous allez juger du faste de ces dis-
tributions :
Un propriétaire de Saint-Féliu-d'Avall
(Pyrénees-Orientales) a reçu une feuille
officielle signée, paraphée, ornée de plu-
sieurs timbres et cachets et l'autorisant à
percevoir « une indemnité de 0 fr. 01 pour
50 souches gelées. »
Pour faire cette plaisanterie d'un goût
douteux, l'administration avait dépensé
certainement I franc au minimum, en
écriture, timbre ou papier.
Ce qui revient à faire payer I franc au
viticulteur la décharge de 0 fr. 01.
C'est vraiment beau !
ET LA SUITE
On nous écrit :
Vous nous avez annoncé qu'un membre de
l'Université, qui opérait à Versailles, avait été
frappé d'exclusion par le grand Conseil acadé-
mique pour d'assez vilaines choses.
Vous n'avez pas ajouté que ce malpropre
individu avait été arrêté et, son cas relevant du
Code pénal, soumis à un juge d'instruction.
Est-ce une lacune d'information ou faut-il
croire que le délinquant s'en tire avec une
simple peine disciplinaire?
Non! cher correspondant, la Croix n'a
pas à se reprocher une lacune d'infor-
mation.
On avait laissé le temps à ce Monsieur
de prendre la clé des champs, et on se rat-
trapera sans doute surle premier instituteur
libre calomnieusement accusé.
Attendons.
L'ANALYSÉ DU PLUM-PUDDING
On sait que les fêtes de Noël et du 1er jan-
vier sont pour les Anglais l'occasion d'une
énorme consommation de plum-pudding.
Ils en fabriquent et absorbent de douze qua-
lités différentes en l'honneur des douze
mois de l'année. Voici qu'un journal mé-
dical le Lancet vient d entreprendre une
campagne contre ce mets national. Il a soumis
le pudding à une analyse chimique d'après
laquelle il contiendrait une forte proportion
d'eau , certaines substances nitrogènes,
graine, glucose, cellulose, dextrine, amidon,
de l'acide acétique et de l'acide tartrique, et
enfin des cendres solubles et insolubles.
Les Anglais sont, paraît-il, furieux contre
cette critique scientifique de leur pudding
favori.
BÉNÉDICTION DU PAPE
AUX PUBLICISTES CHRÉTIENS
En réponse à une adresse de la corpora-
tion des publicistes chrétiens, présidée par
M. de Marolles, S. Em. le cardinal Merry
del Val écrit au nom de Sa Sainteté au vé-
néré président une lettre dans laquelle il le
remercie de ce « pieux hommage», et en lui
transmettant la « paternelle » bénédiction de
Pie X, il lui dit t
L'auguste Pontife se réjouit de voir que les
écrivains mentionnés, en poursuivant avec ar-
deur le but de leur noble apostolat, mettent
tous leurs soins a combattre les tristes effets
de la mauvaise presse, en inculquant dans les
Ames de la multitude les maximes chrétiennes,
de l'observance desquelles dépendent pour l'hu-
manité la pureté des moeurs et en même temps
le retour a la vie catholique.
Nous adressons nos bien sincères félicita-
tions à la corporation des publicistes chré-
tiens.
Lettre de Mgr Rumeau
au général Peigné
Nos lecteurs se rappellent que le com-
mandant du 9e corps d'armée a récem-
ment interdit aux militaires de tous
grades l'entrée des Cercles catholiques.
Mgr l'évêque d'Angers adresse au gé-
néral Peigné cette très belle lettre de
protestation :
Monsieur le général,
Les journaux ont portéà ma connaissance
l'ordre du jour par lequel vous avez cru
devoir interdireaux militaires de tous grades
l'entrée des Cercles catholiques.
Comme évêque, au nom de la religion
blessée; comme Français, au nom de la
liberté méconnue je regrette profondément
une semblable mesure.
Ce n'est pas le foyer du soldat que vous
avez voulu frapper, puisque au même mo-
ment il s'en fondait un à Tours, sous vos
auspices; ce n'est pas même le foyer du
soldat protestant, israélite ou libre-penseur;
c'est la maison de famille catholique.
Mon patriotisme s'en émeut autant que
ma foi, car nos maisons de famille, placées
sous l'égide du prêtre et destinées a rem-
placer dans la mesure du possible le foyer
paternel, justement appréciées par les mili-
taires qui les fréquentaient, à cause des dis-
tractions inoffensives qu'on y trouvait, ne
l'étaient pas moins à cause des dangers qu'on
y évitait.
Vous-même, Monsieur le général, vous no
m'avez jamais signalé aucun motif de plainte,
auquel je me serais empressé de Paire droit
si le moindre abus avait été constaté. Vos
prédécesseurs n'avaient non plus, à ma
connaissance, articulé aucun grief depuis
plus de vingt-cinq ans que ces oeuvres fonc-
ionnaient dans mon diocèse. Elles étaient
des écoles de moralisation. On y puisait
dans le respect et l'amour des pratiques
chrétiennes, la science de la bravoure, du
dévouement et de la discipline. Je ne pense
pas qu'en les supprimant vous obteniez
pour résultat de faire des soldats meilleurs,
plus vaillants et plus soumis.
Soucieux de procurer à nos chers soldats,
issus pour la plupart de familles très chré-
tiennes, le moyen de remplir leurs obliga-
tions religieuses; usant du droit strict et
remplissant le devoir essentiel de ma charge,
j'établis par ordonnance, à partir du 10 jan-
vier, une messe pour eux, les dimanches et
jours de fêtes, à midi, dans l'église parois-
siale Notre-Dame d'Angers qui, par sa posi-
tion, convient le mieux aux différentes
casernes.
Veuillez agréer, etc.
Neuvaine de sainte Geneviève
La grande neuvaine annuelle de sainte Gene-
viève s'ouvrira dimanche 3 janvier, en l'église
Saint-Etienne-du-Mont, par une grand'messe
pontificale qu'y célébrera à 10 heures Mgr Jour-
dan de La Passardière, évêque de Roséa, et au
cours de laquelle Sa Grandeur prononcera une
allocution. Ce même jour, à 3 heures, vêpres
pontificales, sermon par M. l'abbé Carpentier,
salut et procession au tombeau de la sainte.
Tous les jours de la neuvaine messe solen-
nelle a 9 heures et allocution.
Lundi 11 janvier, à 3 heures de l'après-midi,
cérémonie de clôture, sous la présidence du
cardinal Richard.
L'ÉVÊQUE DE CHICAGO
et
L'HÉROISME CHRÉTIEN
L'épouvantable catastrophe de Chicago a
donné lieu à bien des scènes déchirantes, à
bien des actes de courage et de dévouement,
atteignant jusqu'à l'héroïsme.
Quel plus grand, quel plus pur héroïsme i
que celui de mépriser la mort pour sauver
la vie de ses semblables?
S'il n'en est ni de plus grand, ni de plus j
pur, à l'incendie du théâtre de Chicago
l'évêque fut, dans toute l'acception du mot, ;
un héros.
Afin de ne pas dramatiser un acte qui se
suffit à lui-même, pour faire courir dans les
veines le frisson de l'admiration angoissée.
j'emprunte au premier journal venu, pris au
hasard, le récit de la scène t
On continue à commenter partout les inci-
dents multiples rapportes par les journaux, et
notamment la belle conduite de l'évêque
catholique de Chicago qui, pénétrant dans l'édi-
fice en flammes, se débarrassa de son habit.
de son chapeau, escalada, au prix d'effort·/
surhumains, les galeries supérieures et prit la
direction des secours, encourageant les blessés
les exhortent à mettre leur confiance en Dieu
et ne suspendant sa tache de sauveteur que
pour donner la suprême bénédiction aux moa '/
rants.
Invité à se retirer à cause du danger qu'il
courait, il refusa énergiquement, en disant qu'il
ne partirait que lorsqu'il ne resterait plus de
vivant dans le théâtre. Enfin, le péril augmen-]
tant et un mur menaçant de s'effondrer sur lui
les pompiers et les agents de police l'empor-
tèrent de vive force hors de la zone dange-
reuse.
L'évêque protestant de Chicago a également
pris part au sauvetage des blessés.
L'évêque courait-il donc, avec une pareille
intrépidité, au secours d'un père, d'un frère
d'un ami, d'un être particulièrement cher íj
son coeur? Nullement, il pénétrait sans
doute au théâtre pour la première fois, et il
s'y précipitait alors qu'il était en flammes;
il s'y précipitait, au risque de n'en sortin
qu'étouffé ou carbonisé; il s'y précipitait
pour sauver des inconnus, peut-être dea
infidèles, peut-être même des ennemie. Il
s'y précipitait parce qu'il était chrétien
parce que dans la fournaise étaient des
hommes, des femmes, des enfants qui
souffraient et qui expiraient, parce que
dans la fournaise étaient des créatures du«
Dieu qui a dit : « Aimez-vous les uns les
autres. » Il s'y précipitait, parce qu'il était
prêtre, parce qu'il était évêque, et qu'il
devait secours et bénédiction à son trou-
peau, et qu'il préférait son troupeau à lui
même.
Faut-il donc dire que l'évêque de Chicago
est un héros égaré au milieu d'égoïstes ?
Qu'on parcoure l'histoire de l'Eglise, qu'on
lise notre histoire nationale, qu'on s'arrête
aux récits des catastrophes, des épidémies.
des guerres. Partout, toujours, le prêtre, la
Soeur de Charité, le Frère,-donnent l'exemple
de l'héroïque abnégation.
N'avons-nous pas vu Mgr de Belzunce
la peste de Marseille, le curé de Bazeille à
la guerre de 1870, les Frères au siège da
Paris, les Soeurs de Charité sur tous nos
champs de bataille? Je n'en finirais pas, s'il
fallait citer tous les actes d'héroïsme de
notre clergé, de nos religieux et de nos
religieuses.
Je n'en retiens que ceoi, c'est que leur
exemple est la meilleure leçon de choses que
l'on puisse donner au soldat, appelé par son
pays à lui faire le sacrifice de sa vie.
Aussi quelle responsabilité encourent les
généraux qui écartent leurs soldats des
réunions présidées par l'esprit religieux
quand l'esprit religieux est l'esprit de sacri«
fice par excellence ! Et à quel haut degré les
évêques qui font des remontrances à ces
généraux remplissent leurs devoirs envers
a France !
Qui de nous n'a déploré l'ordre du jour du
général Peigné et admiré la belle lettre de
Mgr l'évêque d'Angers !
Le vénéré prélat, par son acte, a répondu
à la préoccupation si élevée exprimée par le
nonce apostolique au président de la Reptil,
blique à la réception du corps diplomatique*
que les efforts de la France « s'appliquent
d'une part, à faire servir les avantages de la
paix au raffermissement et au progrès de ta-
DERNIÈRES
NOUVELLES
PARIS, 4 heures.
A L'ARCHEVÊCHÉ
Ainsi que nous l'avions annoncé, la réception
du clergé paroissial du diocèse de Paris par
Mgr Richard, cardinal-archevêque de Paris, à
l'occasion du Nouvel An, a eu lieu aujourd'hui
samedi, à 1 h. 1/2. C'est M. le chanoine Leclerc,
curé de Saint-Rocb, qui a offert les voeux du
clergé au vénérable prélat qui était entouré de
ses vicaires généraux.
S. Em. le cardinal a surtout insisté sur le
devoir de la charité mutuelle et de l'union,
conformément aux recommandations de
S. S. Pie X dans son Encyclique.
POUR LES PARENTS ET AMIS
On lit dans la Palrie ι
La vertu est toujours récompensée. Depuis la
guerre du Mexique, M. Pannelier (Louis-Fran-
çois-Victor) attendait la croix des braves. Le
gouvernement avait toujours oublié. Mais
M. Pannelier ayant été élu conseiller municipal
sur un programme blocard, vient de voir rougir
sa boutonnière.
Signalons aussi, dans la promotion de janvier,
de fièro de M. Pelletan qui a obtenu la croix
d'officier, et le frère de M. Barthou qui a été
nommé chevalier. La voilà bien la véritable
fraterni lé !
ENTHOUSIASME PELLETANESQUE
L'Agence Havas se fait adresser cette dé-
pêche de Toulon :
Toulon, 2 janvier. â Une manifestation vient
d'être organisée en l'honneur de M. et de
Mme Pelletan qui sont passés en gare à 11 hâ
se rendant â Beaulieu.
4000 ouvriers avaient quitté le travail et envahi
la gare pour acclamer le ministre. Plusieurs
accidents ont failli se produire et le rapide a
manqué d'écraser quelques ouvriers qui so
pressaient sur la voie.
Des bouquets ont été offerts au ministre par
le Syndicat; puis le train s'est ébranlé aux cris
de « Vive Pelletan ! »
SUICIDE
A NOTRE-DAME DES VICTOIRES
Un homme âgé de 40 à 45 ans, à l'aspect mi-
sérabie. s'est suicidé à midi à Notre-Dame des
Victoires en se tirant un coup de revolver à la
tempe droite.
Cet individu avait assisté à la messe, placé à
côté de l'autel de la Vierge. Il a attendu le
moment où le prêtre donnait la bénédiction
pour donner suite à son acte de désespoir.
Il était connu du personnel de l'église ; il
Sassait pour fou et avait manifesté l'intention
de mettre fin à ses jours.
A CHATOU
Nous lisons dans la Patrie :
Un de nos confrères du matin s'occupe depuis
quelque temps de la banlieue parisienne.
Parlant de Croissy, le reporter de notre con-
frère ayant affirmé qu'il régnait dans ce char-
mant pays une épidémie d'ophtalmie causée
par l'arrosage des cultures à l'aide des vidanges
a reçu du maire un démenti formel.
A Chatou, c'est une usine importante de
construction de phonographes qui est attaquée.
Et les affirmations de notre confrère ont pro-
duit uno grosse émotion. D'après lui, en effet,
les ouvriers sortent de la maison centrale de
Poissy, les ouvrières de Saint-Lazare, et tous
ces repris dejustice sèment l'épouvante dansla
région.
La vérité, c'est que l'usine en question, au
contraire, en se fondant à Chatou, a amené
dans le pays une population ouvrière qui lui
a fait retrouver un peu de vie et de prospérité.
Le mécontentement est grand dans cette
région contre cette campagne qui ne tend au
fond qu'à éloigner les Parisiens qui y séjour-
nent l'été.
TAMPONNEMENT DE TRAINS
Cerbère, 2 janvier. âLe train 801 a tamponné
un train de marchandises ce matin, à 10 heures,
près de l'usine Paulilles.
Il y a de nombreux morts et blessés.
Un train de secours part de Cerbère.
Perpignan, 2 janvier. â Près de la gare de
Banyuls-sur-Mer un train de marchandises à
tamponné un train de voyageurs.
Deux personnes ont été tuées.
(Havas.)
LA GARNISON DE GAP
Gap, 2 janvier. â Le Conseil général des
Hautes-Alpes est convoqué extraorainairement
pour le jeudi 7 janvier, à 2 heures de l'après-
midi, sur la demande des deux tiers de ses
membres, pour délibérer au sujet du retrait
d'une partie de la garnison de Gap.
LA FRANCE ET LA CORÉE
Séoul, 2 janvier. â Le ministre' de France
vient de remettre les insigr.es de grand'croix
de la Légion d'honneur à l empereur de Corée.
MOUVEMENT DIPLOMATIQUE
ITALIEN
Rome, 2 janvier. â Selon le Messagero, un
mouvement diplomatique aurait lieu prochaine-
ment. Le duc Avarna. ministre d'Italie à Berne,
serait nommé ambassadeur à Vienne; le che-
valier Berti, ministre à Stockholm, passerait à
Berne; M. Pansa, ambassadeur à Londres,
serait mis à la disposition du ministère.
L'AMIRAL ALEXIEFF
Saint-Pétersbourg, 2 janvier. â En vertu
d'un ukase impérial publié aujourd'hui, l'amiral
Alexieff, lieutenant de l'empereur en Extrême-
Orient, aura désormais un drapeau spécial,
qui portera, au milieu d'un fond blanc, une
croix de Saint-André bleue avec un aigle noir,
et qui sera salué de douze salves.
L'ESCADRE RUSSE EN TUNISIE
Tunis, 2 janvier. â M. Pichon est parti ce
matin pour Bizerte, afin d'assister au déjeuner
offert en son honneur, à bord du cuirasse Osla-
bia, par l'amiral Wirenius et le commandant
de l'escadre russe d'Extrême-Orient.
Le résident général était accompagné des
généraux Roux, Larrivet et Pognard, de Si
adok Ghileb, président de la municipalité de
Tunis, et des vice-présidents de cette munici-
palité.
LES ARMEMENTS DU JAPON
Tokio, 2 janvier, â On s'attend à ce que six
croiseurs cuirassés, commandés par l'amiral
Kamimoura, quittent demain Saseho pour Ma-
sampho.
RÉSIDENT ANGLAIS TUÉ
Lokoja (Nigerie septentrionale). â Des indi-
gènes Akopotos se sont soulevés, sur les rivés
u Benué. contre les Anglais.
Le résident anglais et un officier de police,
M. Pierdon, ont été tués.
Une expédition va être organisée pour châtier
es rebelles.
LES OUVRIERS BOULANGERS
Les ouvriers boulangers se sont néanmoins
réunis ce matin, sous la présidence de M. Bous-
quet, pour protester contre les arrestations
arbitraires.
Voici l'ordre du jour qui a été voté»
Les ouvriers boulangers réunis le 2 janvier à
la Bourse du travail, considérant qu'un armis-
tice a été conclu, décident, pendant cet inter-
valle, de s'occuper de la question du travail ;
considérant que MM. les patrons, pendant le
conflit, disaient : « Dites-nous où sont les ou-
vriers et nous irons les y chercher », les ouvriers
boulangers avisent MM. les patrons que des
ouvriers qui étaient en place depuis quatre,
cinq et six ans, se tiennent à leur disposition à
la Bourse du travail.
Considérant que le Syndicat ouvrier doit faire
lui-même le placement de ses membres, les
ouvriers décident de n'accepter que l'office de
placement de la Chambre syndicale ouvrière et
de continuer la lutte contre les bureaux de
placement.
D'autre part, la Confédération générale du
travail vient de décider de faire apposer des
affiches dans toutes les boutiques qui em-
ploient des ouvriers syndiqués afin que les tra-
vailleurs s'adressent de préférence a ces mai-
sons pour leurs achats.
LES TUDIANTS ESPAGNOLS A PARIS
Les étudiants espagnols sont arrivés ce matin
à Paris par la gare du quai d'Orsay, à 9 h. 1/3.
MM. Delamarche, président de l'Association
générale des étudiants de Paris; Legoux, se-
crétaire général ; Kuffler, président de l'Asso-
ciation des étudiants étrangers ; Remon-Garcia
Moreno, président du Comité de la direction de
l'excursion scolaire à Paris ; Angel Morena
Bengoechea, secrétaire général de la caravane,
ces deux derniers arrives de l'avant-veille pour
préparer la réception de leurs camarades ;
François-Zapata Lillo, étudiant chilien qui sert
d'interprète entre les étudiants espagnols et
leurs camarades français, et un certain nombre
de journalistes les attendaient à la gare.
La plupart des étudiants espagnols, dont
quelques-uns paraissant assez âgés, portent
la grande pèlerine doublée de rouge, un grand
nombre sont couverts de chapeaux mous ou de
casquettes, tandis que d'autres arborent
« melon » et même fe « haut de forme » ; plu-
sieurs ont apporté avec eux leur mandoline.
A midi les étudiants espagnols se sont rendus
au restaurant corporatif dos étudiants de Paris,
où ils ont déjeuné au milieu de leurs nou-
veaux camarades.
A 2 heures, ils sont partis par petits groupes
sous la conduite dos membres de l'Association
pour faire un tour par les grands boulevards
la place de la Concorde et les Champs-Elysées
où ils se rencontreront avec une délégation ouf
s'est rendue à 1 h. 1/2 à l'ambassade d'Espagne
Ce soir un punch leur sera offert au café
Voltaire.
Rappelons qu'une délégation d'étudiants espa¬(t
gnols est venue jadis à Paris.
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