Titre : Journal de Fourmies : hebdomadaire (non politique) ["puis" hebdomadaire indépendant], littéraire, scientifique, industriel et commercial...
Éditeur : [s.n.] (Fourmies)
Date d'édition : 1896-09-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327974266
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 septembre 1896 24 septembre 1896
Description : 1896/09/24 (A520,N1857). 1896/09/24 (A520,N1857).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k12645201
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-85875
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/08/2016
20". année — N* 1857 — 10 cent. le N8
24 Jeudi, s. Andoche.
l6 Vendredi, s. Fiimin.
27 SumeJi, s'Justine^"-
27 Dimanche, s. Cô '.e.
Jeudi 24 Septembre 1896
LE JOIBNIL DE FOURBUES
'ET DES ARRONDISSEMENTS D'ÂV E S NF E S ET DE V JE R V 1N S
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Départ de la Gare de Fourmies
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Soir : 1 h. U); 3 h. 27 ; 5 h. 17 ; tJ h. 45 ;
7 h. 40 ; 9 h. 02.
Départ de Wlgnehles plaoe du Trie
Matin : i h, 15; 8 u. 45 ; 9 Il, 85; Il b.05
Soir : 12 h. 10 ; 2 h. 40 ; 4 h. 15 ; 5 h. [6
7 h. 10 ; 8 h. 10 ; 9 h. 80.
LETTRES PARISIENNES
Correspondance particulière du Journal de Pourmies
MDCCCLVII
SOMMAI RB
On ne peut contenter tout le inonda. — Les
fêtes prochaines. — Trois jours à Paris.
— La revue à Codions. — Le monde des
petites affaires. — Un journaliste exas-
péré. — Il faut avoir du chien.
Paris, le 21 septembre 1891).
Comment contenter tout le monde ?
Le 'l'sar, quelque butine volonté qu'il y
mette, n'y réussit pas complètement.
En Autriche, il a paru, disent les jour-
naux viennois, plus respectueux qu'af-
fectueux pour l'empereur et l'impéra-
trice. En Allemagne, il a répondu avec
une trop prudente réserve au toast en-
thousiaste de Guillaume II. De Co-
punhague, où il se trouve si bien, vi-
vant en famille, chassant, péchant, pé-
dalant et, pour se reposer de son ex-
cursion en forêt, écoutant l'excellente
musique que lui jouent d'illustres ama-
teurs, il va partir pour l'Angleterre.
S'il ne se déclare pas émerveillé de la
revue navale ou de la fête aux flam-
beaux, Londres boudera.
En France, Ul1 certainement il rece-
vra l'accueil le plus cordial, on regret-
tera que son séjour soit de si courte du-
rée. A Cherbourg, qui l'a prié de visiter
sa rade et son arsenal, à Versailles, qui
veut lqi montrer son Château, son parc
et ses grandes eaux, il donnera toutes
les satisfactions possibles. Mais trois
jours seulement pour Paris, ce n'est pas
assez. Cela rappelle les voyages en train
de plaisir, du samedi matin au lundi
soir.
Et puis la revue n'aura pas lieu à
Longchamps. Le ministre de la guerre
a donné la préférence au camp de Châ-
lons. Il me semble entendre murmurer
les commerçants des Champs-Elysées,
les restaurateurs d'Auteuil, de Sures-
nos, de Boulogne, les loueurs de voitu-
res, les cochers de nacres, les limona-
diers et glaciers ambulants, les bouque-
tières, les marchands de photographies
et de médailles commémoratives. Dans
le monde des petites alraircs, on n'a pas
les moyens d'aller au Mourmelon, et les
gens qui gagnent leur pain, — quelque-
lois, — iL crin' « à deux sous la glace
« vanillée ! » ou « demandez le bijou-
« souvenir, presque en or ! » hésitent
devant les frais de déplacement.
*
¥ *
Bail ! le parisien est bon enfant,
quoique, de temps à autre, il fasse des
révolutions. Il a vu le programme des
fêtes, qui est grandiose; il sait que le
Conseil municipal met douze cent mille
francs à la disposition des organisa-
teurs ; que tout sera magnifique, la déco-
ration de la gare d'arrivée, des Champs-
Elysées, des Tuileries, du Louvre, de 1
l'Hôtel-de-Ville, de l'Opéra, des boule-
; vards ; que les illuminations et les feux
| d'artifice seront féeriques ; que nos plus
| célèbres artistes se feront entendre
ï dans les soirées de gala ; que nous au-
rons le plaisir, au moins pendant deux
jours, de voiries détachements des trou-
pes d'Afrique, les spahis, les zéphirs,
les zouaves, les turcos, et les chefs al'a-'
bes sur des chevaux de la pure race du
Nedjed ; et déjà le voilà heureux, prêt à
acclamer le tsar, la tsarine, la petite
princesse Olga, sans oublier le IJrési-
dent de la République !
Oui niais il y a un mécontent irréduc-
t i 1 il , un cap'tai îe — R jncli nnot —
Fracassard, dont rien ne pourra dissi-
per la mauvaise humeur. Avant, pell-
dant et après les fêtes, il écrira « que
« tout ça l'humilie et le déboute, et
« qu'à l'exception des abonnés de quel -
M ques journaux impérialistes , nous
« sommes un peuple de s... mufles ! »
A ce noble langage, vous reconnais-
sez, je pense, M. Paul do Cassagnac.
C'est lui, l'ancien député de Condom.
Il est bigrement en colore !
Ce qui l'exaspère, c est que le gou-
vernement de la République Française
déploie tant de fast'-; et manifeste tant
d'enthousiasme pour un monarque ab-
solu ; et c'est aussi que ce puissant sou-
verain témoigne tant de sympathie à
notre République, « ennemie jurée de
« toutes les monarchies. »
Que les républicains français man-
quent de logique, il le comprend, et il
saisit avec empressement cette nou-
velle occasion de leur dire : « vous êtes
cc des imbéciles ! 1) Mais que l'empereur
de toutes les Russies compromette si
gravement sa dignité personnelle et le
principe monarchique , qu'il vienne à
Paris, ou la révolution est en perma-
nence, qu'il fasse des visites ofliciclles
à un ancien tanneur, à un marchand de
cuirs provisoirement domicilié, ou plu-
tôt campé à l'Elysée, c'est le renverse-
ment d3 toutes les idées d'honneur,
d'ordre et d'autorité.
Et voila ! Coupé par petits alinéas et
orné de nombreux points d'exclama-
tion, l'article est un modelé du genre
Cassagnac.
L'auteur n'est pour tant pas un anti-
patriute, mai^ il a son patriotisme à lui,
fait d'opposition systématique, de mé-
contentement perpétuel et de violence
tapageuse.
Tapageuse et non redoutable. J'ai
connu 1 homme, bon citoyen, bon époux,
bon père, bon camarade, et je suis per-
suadé qu'il pourrait être bon écrivain,
calme, courtois, spirituel et distingue,
par exemple comme notre ami Robert
Mittchell.
Oui, mais s'il changeait à ce point sa
manière, ses lecteurs habituels le croi-
raient malade et diraient :
« — Il est donc fini ? Il n'a plus de
« chien ! 1)
Alors... il continue d'aboyer.
S. DELllüS.
» ■■ ■ - f
INFORMATIONS
La question des sous étrangers
Cette question, qui continue à préoccu-
per l'opinion publique, soulève un point de
droit très intéressant que nous devons si-
k gnaler.
Le texte qui régit la matière eit et lui de
l'a-tiole 1" de la loi de 1807 ainsi conçu :
L'introluction des monnaies de cuivre et de
billon de fabrique étrangère est prohibée sous
I les peines portées par les lois concernant les
l marchandises prohibées à l'entrée du territoire
{ de l'Empire.
II tjU résulte incontestablement que toutes
les fois qu'une introduction c'e monnaie de
billon eur le territoire français est saisie,
les peines relatives à l'introduction des
marchandises prohibées, c'est-à-dire la con-
fiscation , l'amende tt l'emprisonnement
sont encourues.
Mais en est-il de même lorsqu'un particu-
lier qui a rtcueiiii, à l'intérieur du ttrritoire
et en dehors du rayon soumis à la surveil-
lance des douanes, des monnaies de billon
étrangères les expédie d un point à l'autre
de la France ?
La question s'est posée récemment devant
le tribunal correctionnel dd Lyon, au sujet
d'au transport de billon étranger effectue
de Montpellier à Lyon. Le tribunal correc-
tionnel a acquitté les prévenus. Sur appel,
la Cour, le 12 août dernier, a maintenu la
décision des premiers juges, en ce qui con-
cerne l'acquittement, mais a prononcé la
confiscation de la monnaie saisie.
Les prévenus et le procureur général se
sont simultanément pourvus en cassation
contre cet arrèt.
Los considérants de l'arrêt de la Cour
sont à retenir :
Considérant qu'il n'est pas suffisamment établi
que les prévenus aient, en personne ou comme
auteurs principaux, introduit sur le territoire
français des monnaies de cuivre et du billou de
fabrique étrangère, ni môme qu'ils aient parti-
cipé à cette introduction, soit comme complices
proprement dits, soit comme intéressés à un ti-
tre quelconque ;
Qu'ils sont donc en voie de relaxo ;
Mais considérant que le3iites monnaies dont
l'introduction en France est interdite sous une
sanction pénale constituent ainsi des marchan-
dises prohibées, et qu'il appartient à la juridic-
tion correctionnelle d'en prononcer , k cas
échéant, la confiscation par mesure de police et
d'ordre public
La le Lyon paraît avoir été frappee
de cette considération que le billon n'est
pas une marchan,iise prohibée comiiii une
autre, puisque l'effigie même suffit à en dé-
montrer le caractère illégal, et qua, même
en l'absence du délit do contrebande, la
confiscation doit en ètre prononcée par ma-
sure de police et d'ordre public.
Alors mèmî que la Cour de cassation
n'accueillerait pas le pourvoi formé par le
procure ir général, et ne permettrait pas,
par conséquent, de demander l'application
d'une peine plus rigjureuse, le maintien
pur et simple de l'arrèt de la Cour de Lyon
parmeitrait de confisquer toutes les mon-
naies de billon etraugeres circulant à l'in-
terieur, ce qui suffirait certainement pour
enrayer cette spéculation.
La rentrée des Chambres
Le décret de convocation du Parlement
sera signé prochainement et fixera au mardi
27 octobre l'ouverture de la session extra-
ordinaire de 1896.
La commission du budget est convoquée
pour le 2 octobre ; mais, en raison du voyage
des souverains russes, ce n'est vraisembla-
blement que vers le 10 octobre que la com-
mission pourra se remettre bérieusement au
travail. '.
En reprenant ses délibérations, la com-
mission doit mettre à son ordre du jour la
discussion des budgets de dépenses qui
n'ont pas encore été examinés, notamment
ceux de la guerre et dd la marine.
Nos ministres en voyage
M. Henry Boucher, ministre du commerce
et de i'fnduetri s'est rendu dimanche à
Bulgnéville, pour y présider la distribution
des récompenses du comice agricole d9
Nsufchâteau.
Un banquet lui a été offert.
Dans l'après-midi, M. Boucher s'est rendu
à Cjntrexéville.
— M. Rambaud, ministre de l'instruction
publique, s'est rendu dans le Doubs, où il a
préside le comice agricole de Beaumt-les-
Dames.
M. Félix Faure à Rambouillet
Le président de la Republique a quitté
l'Elysée samedi à l'issue du conseil d s mi-
nistres pour se rendre à Rambouillet par
train spécial.
L'amiral Gervais
L'amiral Gervais est designé pour être at-
taché à la personne de S. M. l'im p n atrice
Alexandra pendant son séjour en France. Il
remettra, sans doute, son commandement
de l'escadre de la Méditerranée au vice-ami-
ral de Cuv9nille dans les premiers jours
d'octobre, et non le 12, comme il avait été
convenu tout d'abord.
L'amiral Besnard
Sur la proposition du président du Con-
seil, le président de la République a signé,
samedi, un décret élevant le vice-amiral
Besnard, ministre de la marine, à la di-
gnité de grand-officier de la Légion d'hon-
neur.
Les nouveaux timbres-poste
M. Grasset, chargé par le gouvernement de
l'exécution des nouveaux timbres poste, vient
de présenter sa maquette définitive :
Elle représente une France tête nue, lau-
rée, de trois quarts à gauche, s'appuyant,
d'une main, sur un glaive au fourreau ; de
l'autre, tenant l'olivier symbolique de la
paix. En haut, une banderole porte l'ins-
cription : Postes ; une autre, au-dessous de
la figure — coupée à mi-corps — l'inscrip-
tion : République. Française. Le chiffre re-
présentatif de la valeur da timbre est écrit
sur un cartouche placé dans le coin de droi-
te, en haut. Sur le fond s'enlève le faisceau
des licteurs, couronné du bonnet phrygien
et encerclé dans une couronne de laurier.
Les timbres nouveaux seront, comme ceux
aujourd'hui en usage, monochromes. L'ad-
ministration avait pensé à les faire tirer en
deux couleurs, afin d'éviter les faux sans être
obligée d'employer le quadrillage gras que
portent les timbres actuels. M. Grasset a pré-
féré s'en tenir à un ton unique, tout en re-
courant à deux valeurs de ce ton ; les timbres
seront donc tirés en bleu sur bleu ou en vert
sur vert, etc , etc., ce qui donnera évidem-
ment aux vignettes un aspect nouveau, tout
en rendant impossible la falsification.
Voilà de belles émotions en perspective
pour les collectionneurs 1
A Madagascar
Le ministre des colonies a annoncé, jeudi,
à ses collègues, que M. Laroche, résident gé-
H
néral de France à Madagascar, quittera sous
peu de jours Tananarive pour rentrer en
France.
Le général Gallieni réunira entre ses
mains les pouvoirs de résident général et de
commandant en chef.
Cette décision est la conséquence des me-
sures prises par le ministre en vue de faire
face aux difficultés que nous rencontrons en
ce moment dans l'île.
Le mouvement insurrectionnel d'une par-
tie de la population hova implique la cons-
titution de l'Emyrne en territoire militaire.
Le général Gallieni, désigné pour prendre la
direction des troupes, se trouvait ainsi avoir
toute autorité sur la capitale et les territoires
environnants. Il n'y avait dès lors auoun in-
térêt à laisser côte à côte le résident général
et le commandant en chef du corps d'occupa-
tion.
On avait pensé pouvoir, dans ces condi-
tions, charger M Laroche d'une inspection
de nos établissements de la côte où notre au-
torité pouvait être utilement affirmée : ce
projet, qui a reçu un commencement d'exé-
cution a été abandonné, en raison de la si-
tuation générale de l'île.
L'idée de l'unité de direction, par suite,
devait prédominer. C'est ainsi que le géné-
ral Gallieni se trouve chargé des services de
la résidence générale.
Un ballon qui éclate
Un terrible accident est arrivé samedi à
M. Auguste Gouiran, aéronaute bien connu
en Angleterre.
Une fète avait lieu dans un champ voisin
de la ville d'Emikillen et J'ascension d'un
ballon figurait au programme.
Dans l'après-midi, le ballon, qui était de
dimensions considérables, fut amené, plein
de gaz, sur le terrain. Quelque temps après,
M. Auguste Goudran vint pour faire une ex-
perience prélimicaire. mais le bsllon s'était
à peine étevé à une pe:ite hauteur, quand
il éclata avec un bruit semblable à un coup
de canon, se fendit en deux, puis s'abattit
violemment sur le sol. La nacelle reçut un
terrible choc et lorsque les spectateurs re-
levèrent le malheureux aéronaute, il était
dains un état pitoyable.
Op/ne sait encore si on pourra le sauver.
Le complot Fenian
Les documents trouvés sur l'Irlandais
Ivory (Bell) permettent, paraît-il, de recons-
tituer en grande partie le plan concerté par
les dynamiteurs.
Les fenians, ayant l'intention de rouvrir
en Angleterre une ère de terreur, avaient
promis de faire sauter les principaux monu-
ments de Londres et des autres villes du
pays
A la suite de ce résultat des premières en-
quêtes sur le complot des fenians, les 1 a-
trouilles de police ont été doublées à Londres
aux abords de tous les monuments public^.
Le Parlement, la Chambre des communes,
Mansion-House, la Banque, le National Gal-
lery, le British Muséum, la cathédrale de
Saint-Paul et celle de Westminster sont
étroitement surveillés, — tous ces édifices se
trouvant mentionnés parmi les corrtspon-
dances tombées aux mains de la police.
Les troubles da Constantlnople
Malgré l'apparente accalmie dans laquelle
se trouve, maintenant, la capitale Ottomane,
les plus graves évènements sont toujours à
craindre du côté de l'Orient, olt des puissan-
ces étrangères et des rivalités religieuses en-
tretienúent une sourde effervescence.
Non seulement la Crète n'est pas soumise
et n'accepte nullement les prétendues con-
cussions du Sultan, mais en Macédoine, et
dans l'Asie turque, s'agitent dans l'ombre les
glus violentes passions révolutionnaires. A,
Constantinople, même, les Arméniens trem-
blent toujours, émigrent en masse vers la
Bulgarie et la Serbie, sous la protection du
Consulat et de l'ambassade de France. Les
musulmans eux-mêmes, fanatisés dans les
mosquées, par d'ardents prédicateurs, te dé-
fient presque du Sultan et l'on craint un sé-
rieux et violent mouvement contre ce faible
souverain.
Samedi, au cours d'une visite domiciliaire,
la police a découvert, à Scutari, quatre cents
bombes non chargées, un certain nombre de
documents révolutionnaires et le sceau du
comité hintchak On recherche maintenant
un dépôt d'explosifs signalé à Stamboul.
La police a aussi arrêté, sur les dénoncia-
tions de certains détenus, quatre-vingt-dix
personnes parmi lesquelles figureraient tous
les membres du comité révolutionnaire.
La question des sucres en Allemagne
On se souvient qu'en mai dernier le
Reichstag vota une loi qui élevait de 1 25 à
2 marks 50 la prime à l'exportation sur les
sucres manufacturés allemands. L'effet im-
mediat de cette mesure fut d'amener les
gouvernements de France, d'Angleterre et
des Etats Unis à prendre des dispositions
analogues. En conséquence, le prix du su-
cre en AlIenH\gne a baissé continuellement.
Au mois de mars, le sucre pour l'exporta-
tion et*it vendu a Hambourg 24 ma ks 50
les 100 kilos ; actuellement le prix n'est
plus que de 17 ma'ka 60.
Les fabricants de sucre ont pris l'alarme,
et dans une réunion tenue il y a quelques
jours à Berlin, ils ont adopte une résolu-
tion pour demander aIS gouvernement de
provoquer un arrangement international en
vue de l'abolition générale de toutes les
primes, directes ou indirectes, sur les sucres
manufacturés. Ifs font remarquer que la
deruière loi conduit à une surproluction
inévitbb'e.
Le c Vooruit » et les ouvriers
Une polémique des plus vives vient de se
produire en Be!gique entre le Vooruit et un
de ses confrères également collectiviste. Il
s'agissait de la gestion et du règlement de la
Société coopérative du Vooruit On affirmait
que dans les usines de cette Société, les ou-
vriers n'étaient pas mieux traités que dans
un établissement industriel particulier,
qu'Anseele, qui la dirigé, egt un véritable
tyran. Des lettres de Gand fournissaient des
détails et des documents à l'appui de ces as-
sertions, qui provoquaient dans la Belgique
autant d'émotion que de curiosité.
On a su depuis que l'auteur de cette cor-
respondance est le compagnon de Witte, un
des fondateurs du Parti ouvrier gantois et un
des plus actifs collaborateurs d'Anseele, au
temps où tous deux étaient d'accord. De
Witte dit, dans une déclaration adressée à un
meeting socialiste : « J'ai été au Vooruit,
qui est devenu par le fait de la tyrannie
d'Anseele, un enfer pour les ouvriers. Je suis
d'ailleurs convaincu que la manière dont on
conduit la propagande en Belgique doit ame-
ner pour les ouvriers des désastres tels que
ceux de la Commune. »
Il est certain que le Vooruit s'est n.is en
contradiction avec les principes collectivistes
qui ont présidé à sa création, car il y existe
une échelle des salaires pour les ouvriers qui
y sont employés. La journée de 8 heures
n'ett qu'à l'état de desideratum, par cette
raison qu'une certaine tâche assignée à cha-
que ouvrier doit être accomplie par lui et
F œilleton da J'ourxil\.l de Fourmie»
26 24 SEPTEMBRE i8S6
UNE ABSENTE
PAR PAUL MARROT
XV
Jeanne Lavaud débarqua donc à Paris
avec les soixante mille francs de bijoux et
les papiers de Mme de liochetaille. Ils pou-
vaient lui servir à établir une identité frau-
duleuse. La réserve de Mme de Rochetaille
était ainsi tombée sous sa main et elle gar-
dait de plus un secret capital à l'abri du-
quel elle pouvait agir sans craintes, le met-
teur en scène ne lui faisant point défaut.
Courdal était le compagnon sans vergogne,
habile à exploiter tructueusement tous ces
avantages. 11 donna à Jeanne les moyens
de la substitution de personne dont il avait
pris l'idée dans un célebre procès du jour.
Jeanne Lavaud fit des objections ; le
moyen lui paraissait dangereux, il n'avait
pas réussi au médecin ni à ses complices
que la cour d'assises de Seine-et-Oise ve-
nait de r ondamner, Courdal eut réponse à
ces objections.
— Mais précisément nous voyons par le
procès et la condamnation quelles précau-
tions ils ont, oublié de prendre. Nous, ins-
truits par leurs expériences, nous ne com-
mettrons point cet oubli, et ainsi nous
avons les profits de l'affaire sans les ris-
ques ; c'est en quoi d'ailleurs la publicité
des procès criminels est instructive. On
voit d'une façon détaillée ce qu'il faut éviter
de faire pour echapper à la justice. Je le dis
bien : nous ne risquons rien, Jeanne ; suis-
moi dof.c et tu seras de mon avis :
Tu es installée ici sous le nom de Mme 1
dtî Rochetaille, on te croit comtèsse, et tu
peux l'établir à l'aide de papiers probants.
Cependant on croit, on sait que la comtesse
de Rochetaille est partie de Vautrancey
avec sa demoiselle de compagnie, une cer-
taine Jeanne Lavaud.
Dans cette maison que tu habites, où tu
passes pour Mme de Rocheiaille, tu dois
donc avoir une Jeanne Lavaud auprès de
toi ; et pour qu'elle ne devienne point em-
barrassante par la suite, il faut qu'elle dis-
paraisse à son tour comme a disparu le
client fourni parle docteur L... pour frus-
trer l'assurance sur la vie dans l'affaire que
je te rappelle. Il n'y a pas là ombre de cri-
me ; tu feras, pendant cinq ou six mois, le
bonheur de quelque pauvre femme délaissée
et mourante ; tu. l'entoureras de soins, elle
consentira à passer pour Jeanne Lavaud
comme toi tu passes pour Mme de Roche-
taille. Quand le médecin donnera l'acte do
déeèj de Jeanne Lavaud, les papiers ne te
manqueront pas pour établir l'identité. Tu
as ceux de Mme de Rochetaille pour toi, tu
as aussi les tiens pour celle qui prendra ta
place. Tu le vois, tout s'emboîte à mer-
veille... Mais tu sembles réfléchir.,.
Gotirdal insista...
Remarque bien ceci : jamais je n'aurais
eu cette idée si tu te trouvais dans d'autres
conditions a l'égard du comte de Roche-
taille ; mais de ce côté tu n'as rien à re-
douter; ce n'est pas lui qui peut parler, tu
le tiens. Or, seul il aurait intérêt à parler,
s'il le pouvait. Dans l'affaire de l'assurance,
il y avait la compagnie qui est parvenue
par une enquête longue et adroite à décou-
vrir la vérité ; sans elle, sans l'habileté
qu'elle a déployée pour défendre sa forte
somme, le coup imaginé réussissait comme
le nôtre réussira.
Jeanne Lavaud se laissa convaincre ; elle
accapta auprès d'elle une malheureuse phti-
sique à peu près de son âge, qui consentit à
, jouer le rôle en échange des derniers soins
et abandonna volontiers son propre nom
pour être recueillie , absolument comme
dans le procès dont les détails avaient frappé
Courdai ; elle mourut bientôt, et avec elle
la personnalité de Jeanne Lavaud disparais-
sait, fortifiant ainsi la nouvelle incarnation
de Jeanne devenue comtesse de Roche-
taille.
Ni Courdal, ni la nouvelle comtesse d'ail-
leurs ne s'illusionnait nt sur la délicatesse
de la situation qu'ils créaient. 11 leur res-
tait encore à perfectionner le stratagème
pour en tirer profit. Jeanne Lavaud n'eut
pas à se repentir d écouter les conseils de
Courdal, elles les accepta complètement.
Jeanne — comme nous l'avons vu après
l'enterrement de la phtisique — copiait les
allures nobles, la façon de sa coiffer de Mme
de Rochetaille ; elle s'était mise en blonde
avec ce rien cendré qui donnait tant de dou-
ceur aux cheveux de la défunte châtelaine
de Vautraneey ; mais cela était pur jeu de
femme. Sans quelque coquetterie, le rôle
fût été trop lourd à porter, même par une
fe,.n?aa pratique comnij Jeanne Lavaud.
Puis, quelle amertume secrète, revètir la
personnalité de la comtesse, son titre, son
nom, sans prendrl1 aussi quelque pau de sa
grâje, jouer la noblesse.sans le physique de
l'emploi 1
| En réalité, ce n'était point en personne
f que Jeanne Lavaud pouvait faire valoir ses
| droits, ceux de Mme de Rochetaille, mais
f habilement de loin, par qaelque procura-
| tion frauduleuse ; l'important n'était point
\ 1. alitire et la ressemblance, mais les papiers
f et la signature.
i Or, les papiers, Jeanne les avait ; la si-
ï gnature, Courdal pouvait la fournir; et Jean-
| ne eHe-mëme, avec un maître aussi habile,
i ne tarderait point à signer avec perfection :
comtesse de Rochetaille. Jeanne ne répu-
; gna point à prendre des leçons d'un pro-
; fesseur aussi inventif et aussi aimable que
j Courdal.
11 lui dit, quelques jours après la mort de
la fausse Jeanne Lavaud :
—Voici le moment, chère amie, d'essayer
sa main. Si nous nous donnions le petit
* agrément d'annoncer notre mort à M. Va-
lentat.
— Vous croyez ?
— Vous le devez. C'ebt convenable. M.
Valentat s'intéressait beaucoup à Mlle La-
vaud, qui n'a pu quitter Vautrancey sans
lui adresser ses adieux. Mlle Lavaud
meurt.,. Il me paraît naturel...
— Voun tenez donc beaucoup à ce que je
sois morte pour M. Valentat, interrompit
Jeanne, quelle confiance 1
Courdal laissa sa plaisanterie et revint
au tutoiement , qu'ils abandonnaient par
jeu quelquefois.
— Bon 1 tu me crois encore jaloux. Je
veut simplement profiter dès à present de
la situation qui prend corps et se realise.
On ne saurait trop répandre la mort de
Jeanne Lavaud. M. Valeatat, en recevant
une lettre de Mme de Rochetaille lui an-
nonçant la mort de Mlle Lavaud, restera
p !n'IUadé de deux choses importantes : Que
Mme de Rochetaille est toujours vivante et
que Jeanne Lavaud est bien morte. C'est
dans notre jeu.
— Penses-tu donc que je n'y aie po nt
songé ?
Et courant à soa secrétaire,ielle en tira le
manuscrit que nous avons vu, un matin,
Valentat recevoir à Fonte-Claud de la gueu-
le de Gog.
Sous sa propre écriture Jeanne Lavaud y
S contrefaisait une Jeanne Lavaud mourante.
j Elle donnait tous les détails qu'elle jugeait
f bon d'accréditer.
\ — Voilà, n'est il pas vrai, qui acaompa.
| gaera bien la lettre de Mme de Rochetaille?
j — Je m'incline, répondit Courdal.
| —Tu t'inclinas. Et tu as prévu sans dou-
s te les conséquences ; tu &s coi-npr s qu'en
l recevant cette lettre, Valentat aHai' partir
î à la recherche de la comtesse de Roche-
; taille.
lj — Pourquoi cela ? Tu le confonds avec
: M. de Massiat.
' — Aucunement, M. de Massiat a été au-
trefois l'amant de Mme de Rochetaille, c'est
aujourd'hui une raison pour qu'il ne coure
plus après elle. Mais Valentat est un ami
du comte, un ami sincère ; il croit que Mme
' de Rjchetaille a simplement quitté son ma-
ri, et peut-ètre esperera-i-il, en agissant
discrètement à l'insu du comte, aider à un
rapprochement.
— Tout sera pour le mieux si Valentat
vient ici. Comme nous nous étions promis
un voyage aussitôt que tu ne serais plus re-
tenue par les soins à ta demoiselle de com-
pagnie, tu pars pour quelque temps sans
laisser d'adresse. Valentat arrive : t Ma-
dame la comtesse de Ro,.hetaille T — Elle
est en voyage. »
Donc elle existe. Je voyage, donc je suis.
— Et s'il doute, s'il insiste : c C'est bien
Mme de Rochetaille '?... une jeune femme t
des cheveux d'un blond cendre V.,, »
Courdal ajouta :
— ,.. Grandes manières ?...
Et se mettant à rire :
— Tu y tiens ! Ce n'est pas la première
fois d'ailleurs, que la coquetterie aura sauvé
une femme. Il est bien certain que M. le
baron Valentat ne va pas se livrer à une
pareille enquête chez le concierge. Mais, tu
as raison ; après tout, quand il s'agit de sa
sûreté il n'y a pas de petits détails, et je ne
trouve pas mauvais que tu essayes de te
rapprocher de ton signalement ! Mais le si-
gnalement, c'est le cacolet, c'est la diligen-
ce dans notre siècle de chemins de fer qui
possède la photograpie. Daguerre et ses »
disciples ont fait autant de tort aux signa- jj
loments qu'à la miniature ; ils ont nui a la |
fois au metier des peintres et à l'art des gen- (
| darmes. Crois-le bien mon amie ; le procu- S
a reur de la République da Poitiers s'est pro- |
! curé le portrait-carte des deux fugitives, et, |
I sans tarder, il les a communiques à la pré- ?
| fecture de police. J
| — Cest probable, en effet. i;
3 — J'en suis bûr. i
j] - Cotnment peux tu savoir ? [
} — Chut 1 interrompit Coudai et ne crains ■;
l rien de ce côté. Tout à l'heure tu m« fai-
sais uaa suprise en me montrant le manus-
crit in extremis préparé à l'usage de M.
Valentat, laisse-moi t'en réserver une pa-
reille, mon adorable comtesse, et ne médi-
sons pas de la police, surtout 1 p
t
XVI
.
Valentat se demandait comment il pour-
rait aider au rapprochement d1; son ami
avec Mme de Rochetaille, dont il conside-
rait toujours la lettre comme une sorte d'in-
vite discrète. Avec les seuls détails que
cette lettre contenait, il De doutait pas dd
retrouver la comtesse. Il ne racontera t pas
bien entendu, le motif de son voyage a Ro-
chetaille. Valentat passait dl:} temps en
temps une quinzaine à Paris et s'il pouvait
y revoir Mme de Rochetaille, il esterait
bien réussir.
Il lui parlerait de Vautraneey, des bons
changements survenus, de son mari, dei son
enfant, peu de M. de Rochetaille, beaucoup
d'Abel.
Par ce dernier souvenir surtout il comp-
tait l'entraîner vers un adoucissement de
sa résolution et lui faire envisager la né-
cessite d'un retour. Elle ne demandait, elle-
même, peut être aujourd'hui, qu'à être pres-
sentie et conseillée dans ce sens.
Il ne fallait point que M. de R ichetaille
se doutât de ce projet; C,aude s'en ouvrit
seulement à Marotte, et ils ea causèrent
longuement dans les allées du parc.
Gog les escortait, marchant a leurs côtés
ou les entourant de cercles de joie, l'oeil
partout mais sur eux d'abord.
— Vous avez une bonne idée, monsieur
Claud', dit Marcelle. Cependant avec cette
simple lettre, comment reussirez-vous à dé-
couvrir cù s'est retirée Mme de Roche-
taille ?
— Cette lettre me donna une in iication
précieuse : je gais où a été inhumée Mlle
Lavaud ; j'obtiendrai a la mairie de l'arron-
dissement l'acte de décès ; par là je con-
naîtrai la maison où elle est morte. Comme
elle s'est eteinte auprès de Mmtl de Roche-
taille, c'est le domicile de la comtesse que
j'aurai ainsi découvert, et je n'aurai plus
qu'à frapper à sa porte.
(La suite au prochain numéro).
24 Jeudi, s. Andoche.
l6 Vendredi, s. Fiimin.
27 SumeJi, s'Justine^"-
27 Dimanche, s. Cô '.e.
Jeudi 24 Septembre 1896
LE JOIBNIL DE FOURBUES
'ET DES ARRONDISSEMENTS D'ÂV E S NF E S ET DE V JE R V 1N S
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Départ de Fourmies
paris, Gharleville et Reims et Buslgny par Hlrson
Matin : 1 34, - 7 05, - 8 01, - 8 12, - 9 27.
Soir : 12 E6. — 1 07, - 3 27, - 4 58, — 5 17, - 6 32 —
8 88 (express ) 9 09 - 9 a7 - 10 55
pour Paris, Valenciennes, Lille, Roubaix, lion. et
Charleroi par Aulnoye
Matin : 5 21, — 6 40, — 7 26, — 8 10 p. Avosnes, — 10 08.
Soir : 2 h. 28, 3 h. 15, 5 h. 03 express, 6 h. 44, 9 h. »», 11 h. 10.
pour la Belgique par Anor et Momigniet
Matin : 9 h. 27. — Soir : 12 h. E6, — 3 h. 27. — 5 h. 17.
Ligne d'Hirson & Buslgny
Durée moyenne du trajet : 1 h. 24 m.
Départ d'Hlrson
Matin : 5 05, 8 49, - 1 34, 5 M, 7 Il.
Départ de Buaigny
Mat. 3 55, 7 14, 10 49. Soir 8 52, 7 40.
Ligne de Fourmies à Maubeuge
Durée moyenne du trajet : 1 h. 30
Départ de Fourmies
Matin : 5 16, 9 36, soir : 1 32, 5 57.
Départ de Maubeuge
Matin : 6 à 46, 11 39, soir : 8 46, 8 16.
J
Tramway de Foarmies-Wlgnehles
Départ de la Gare de Fourmies
Matin: 5h50;8h 18; 9 b 10 ; 10 h 10; 11 h40
Soir : 1 h. U); 3 h. 27 ; 5 h. 17 ; tJ h. 45 ;
7 h. 40 ; 9 h. 02.
Départ de Wlgnehles plaoe du Trie
Matin : i h, 15; 8 u. 45 ; 9 Il, 85; Il b.05
Soir : 12 h. 10 ; 2 h. 40 ; 4 h. 15 ; 5 h. [6
7 h. 10 ; 8 h. 10 ; 9 h. 80.
LETTRES PARISIENNES
Correspondance particulière du Journal de Pourmies
MDCCCLVII
SOMMAI RB
On ne peut contenter tout le inonda. — Les
fêtes prochaines. — Trois jours à Paris.
— La revue à Codions. — Le monde des
petites affaires. — Un journaliste exas-
péré. — Il faut avoir du chien.
Paris, le 21 septembre 1891).
Comment contenter tout le monde ?
Le 'l'sar, quelque butine volonté qu'il y
mette, n'y réussit pas complètement.
En Autriche, il a paru, disent les jour-
naux viennois, plus respectueux qu'af-
fectueux pour l'empereur et l'impéra-
trice. En Allemagne, il a répondu avec
une trop prudente réserve au toast en-
thousiaste de Guillaume II. De Co-
punhague, où il se trouve si bien, vi-
vant en famille, chassant, péchant, pé-
dalant et, pour se reposer de son ex-
cursion en forêt, écoutant l'excellente
musique que lui jouent d'illustres ama-
teurs, il va partir pour l'Angleterre.
S'il ne se déclare pas émerveillé de la
revue navale ou de la fête aux flam-
beaux, Londres boudera.
En France, Ul1 certainement il rece-
vra l'accueil le plus cordial, on regret-
tera que son séjour soit de si courte du-
rée. A Cherbourg, qui l'a prié de visiter
sa rade et son arsenal, à Versailles, qui
veut lqi montrer son Château, son parc
et ses grandes eaux, il donnera toutes
les satisfactions possibles. Mais trois
jours seulement pour Paris, ce n'est pas
assez. Cela rappelle les voyages en train
de plaisir, du samedi matin au lundi
soir.
Et puis la revue n'aura pas lieu à
Longchamps. Le ministre de la guerre
a donné la préférence au camp de Châ-
lons. Il me semble entendre murmurer
les commerçants des Champs-Elysées,
les restaurateurs d'Auteuil, de Sures-
nos, de Boulogne, les loueurs de voitu-
res, les cochers de nacres, les limona-
diers et glaciers ambulants, les bouque-
tières, les marchands de photographies
et de médailles commémoratives. Dans
le monde des petites alraircs, on n'a pas
les moyens d'aller au Mourmelon, et les
gens qui gagnent leur pain, — quelque-
lois, — iL crin' « à deux sous la glace
« vanillée ! » ou « demandez le bijou-
« souvenir, presque en or ! » hésitent
devant les frais de déplacement.
*
¥ *
Bail ! le parisien est bon enfant,
quoique, de temps à autre, il fasse des
révolutions. Il a vu le programme des
fêtes, qui est grandiose; il sait que le
Conseil municipal met douze cent mille
francs à la disposition des organisa-
teurs ; que tout sera magnifique, la déco-
ration de la gare d'arrivée, des Champs-
Elysées, des Tuileries, du Louvre, de 1
l'Hôtel-de-Ville, de l'Opéra, des boule-
; vards ; que les illuminations et les feux
| d'artifice seront féeriques ; que nos plus
| célèbres artistes se feront entendre
ï dans les soirées de gala ; que nous au-
rons le plaisir, au moins pendant deux
jours, de voiries détachements des trou-
pes d'Afrique, les spahis, les zéphirs,
les zouaves, les turcos, et les chefs al'a-'
bes sur des chevaux de la pure race du
Nedjed ; et déjà le voilà heureux, prêt à
acclamer le tsar, la tsarine, la petite
princesse Olga, sans oublier le IJrési-
dent de la République !
Oui niais il y a un mécontent irréduc-
t i 1 il , un cap'tai îe — R jncli nnot —
Fracassard, dont rien ne pourra dissi-
per la mauvaise humeur. Avant, pell-
dant et après les fêtes, il écrira « que
« tout ça l'humilie et le déboute, et
« qu'à l'exception des abonnés de quel -
M ques journaux impérialistes , nous
« sommes un peuple de s... mufles ! »
A ce noble langage, vous reconnais-
sez, je pense, M. Paul do Cassagnac.
C'est lui, l'ancien député de Condom.
Il est bigrement en colore !
Ce qui l'exaspère, c est que le gou-
vernement de la République Française
déploie tant de fast'-; et manifeste tant
d'enthousiasme pour un monarque ab-
solu ; et c'est aussi que ce puissant sou-
verain témoigne tant de sympathie à
notre République, « ennemie jurée de
« toutes les monarchies. »
Que les républicains français man-
quent de logique, il le comprend, et il
saisit avec empressement cette nou-
velle occasion de leur dire : « vous êtes
cc des imbéciles ! 1) Mais que l'empereur
de toutes les Russies compromette si
gravement sa dignité personnelle et le
principe monarchique , qu'il vienne à
Paris, ou la révolution est en perma-
nence, qu'il fasse des visites ofliciclles
à un ancien tanneur, à un marchand de
cuirs provisoirement domicilié, ou plu-
tôt campé à l'Elysée, c'est le renverse-
ment d3 toutes les idées d'honneur,
d'ordre et d'autorité.
Et voila ! Coupé par petits alinéas et
orné de nombreux points d'exclama-
tion, l'article est un modelé du genre
Cassagnac.
L'auteur n'est pour tant pas un anti-
patriute, mai^ il a son patriotisme à lui,
fait d'opposition systématique, de mé-
contentement perpétuel et de violence
tapageuse.
Tapageuse et non redoutable. J'ai
connu 1 homme, bon citoyen, bon époux,
bon père, bon camarade, et je suis per-
suadé qu'il pourrait être bon écrivain,
calme, courtois, spirituel et distingue,
par exemple comme notre ami Robert
Mittchell.
Oui, mais s'il changeait à ce point sa
manière, ses lecteurs habituels le croi-
raient malade et diraient :
« — Il est donc fini ? Il n'a plus de
« chien ! 1)
Alors... il continue d'aboyer.
S. DELllüS.
» ■■ ■ - f
INFORMATIONS
La question des sous étrangers
Cette question, qui continue à préoccu-
per l'opinion publique, soulève un point de
droit très intéressant que nous devons si-
k gnaler.
Le texte qui régit la matière eit et lui de
l'a-tiole 1" de la loi de 1807 ainsi conçu :
L'introluction des monnaies de cuivre et de
billon de fabrique étrangère est prohibée sous
I les peines portées par les lois concernant les
l marchandises prohibées à l'entrée du territoire
{ de l'Empire.
II tjU résulte incontestablement que toutes
les fois qu'une introduction c'e monnaie de
billon eur le territoire français est saisie,
les peines relatives à l'introduction des
marchandises prohibées, c'est-à-dire la con-
fiscation , l'amende tt l'emprisonnement
sont encourues.
Mais en est-il de même lorsqu'un particu-
lier qui a rtcueiiii, à l'intérieur du ttrritoire
et en dehors du rayon soumis à la surveil-
lance des douanes, des monnaies de billon
étrangères les expédie d un point à l'autre
de la France ?
La question s'est posée récemment devant
le tribunal correctionnel dd Lyon, au sujet
d'au transport de billon étranger effectue
de Montpellier à Lyon. Le tribunal correc-
tionnel a acquitté les prévenus. Sur appel,
la Cour, le 12 août dernier, a maintenu la
décision des premiers juges, en ce qui con-
cerne l'acquittement, mais a prononcé la
confiscation de la monnaie saisie.
Les prévenus et le procureur général se
sont simultanément pourvus en cassation
contre cet arrèt.
Los considérants de l'arrêt de la Cour
sont à retenir :
Considérant qu'il n'est pas suffisamment établi
que les prévenus aient, en personne ou comme
auteurs principaux, introduit sur le territoire
français des monnaies de cuivre et du billou de
fabrique étrangère, ni môme qu'ils aient parti-
cipé à cette introduction, soit comme complices
proprement dits, soit comme intéressés à un ti-
tre quelconque ;
Qu'ils sont donc en voie de relaxo ;
Mais considérant que le3iites monnaies dont
l'introduction en France est interdite sous une
sanction pénale constituent ainsi des marchan-
dises prohibées, et qu'il appartient à la juridic-
tion correctionnelle d'en prononcer , k cas
échéant, la confiscation par mesure de police et
d'ordre public
La le Lyon paraît avoir été frappee
de cette considération que le billon n'est
pas une marchan,iise prohibée comiiii une
autre, puisque l'effigie même suffit à en dé-
montrer le caractère illégal, et qua, même
en l'absence du délit do contrebande, la
confiscation doit en ètre prononcée par ma-
sure de police et d'ordre public.
Alors mèmî que la Cour de cassation
n'accueillerait pas le pourvoi formé par le
procure ir général, et ne permettrait pas,
par conséquent, de demander l'application
d'une peine plus rigjureuse, le maintien
pur et simple de l'arrèt de la Cour de Lyon
parmeitrait de confisquer toutes les mon-
naies de billon etraugeres circulant à l'in-
terieur, ce qui suffirait certainement pour
enrayer cette spéculation.
La rentrée des Chambres
Le décret de convocation du Parlement
sera signé prochainement et fixera au mardi
27 octobre l'ouverture de la session extra-
ordinaire de 1896.
La commission du budget est convoquée
pour le 2 octobre ; mais, en raison du voyage
des souverains russes, ce n'est vraisembla-
blement que vers le 10 octobre que la com-
mission pourra se remettre bérieusement au
travail. '.
En reprenant ses délibérations, la com-
mission doit mettre à son ordre du jour la
discussion des budgets de dépenses qui
n'ont pas encore été examinés, notamment
ceux de la guerre et dd la marine.
Nos ministres en voyage
M. Henry Boucher, ministre du commerce
et de i'fnduetri s'est rendu dimanche à
Bulgnéville, pour y présider la distribution
des récompenses du comice agricole d9
Nsufchâteau.
Un banquet lui a été offert.
Dans l'après-midi, M. Boucher s'est rendu
à Cjntrexéville.
— M. Rambaud, ministre de l'instruction
publique, s'est rendu dans le Doubs, où il a
préside le comice agricole de Beaumt-les-
Dames.
M. Félix Faure à Rambouillet
Le président de la Republique a quitté
l'Elysée samedi à l'issue du conseil d s mi-
nistres pour se rendre à Rambouillet par
train spécial.
L'amiral Gervais
L'amiral Gervais est designé pour être at-
taché à la personne de S. M. l'im p n atrice
Alexandra pendant son séjour en France. Il
remettra, sans doute, son commandement
de l'escadre de la Méditerranée au vice-ami-
ral de Cuv9nille dans les premiers jours
d'octobre, et non le 12, comme il avait été
convenu tout d'abord.
L'amiral Besnard
Sur la proposition du président du Con-
seil, le président de la République a signé,
samedi, un décret élevant le vice-amiral
Besnard, ministre de la marine, à la di-
gnité de grand-officier de la Légion d'hon-
neur.
Les nouveaux timbres-poste
M. Grasset, chargé par le gouvernement de
l'exécution des nouveaux timbres poste, vient
de présenter sa maquette définitive :
Elle représente une France tête nue, lau-
rée, de trois quarts à gauche, s'appuyant,
d'une main, sur un glaive au fourreau ; de
l'autre, tenant l'olivier symbolique de la
paix. En haut, une banderole porte l'ins-
cription : Postes ; une autre, au-dessous de
la figure — coupée à mi-corps — l'inscrip-
tion : République. Française. Le chiffre re-
présentatif de la valeur da timbre est écrit
sur un cartouche placé dans le coin de droi-
te, en haut. Sur le fond s'enlève le faisceau
des licteurs, couronné du bonnet phrygien
et encerclé dans une couronne de laurier.
Les timbres nouveaux seront, comme ceux
aujourd'hui en usage, monochromes. L'ad-
ministration avait pensé à les faire tirer en
deux couleurs, afin d'éviter les faux sans être
obligée d'employer le quadrillage gras que
portent les timbres actuels. M. Grasset a pré-
féré s'en tenir à un ton unique, tout en re-
courant à deux valeurs de ce ton ; les timbres
seront donc tirés en bleu sur bleu ou en vert
sur vert, etc , etc., ce qui donnera évidem-
ment aux vignettes un aspect nouveau, tout
en rendant impossible la falsification.
Voilà de belles émotions en perspective
pour les collectionneurs 1
A Madagascar
Le ministre des colonies a annoncé, jeudi,
à ses collègues, que M. Laroche, résident gé-
H
néral de France à Madagascar, quittera sous
peu de jours Tananarive pour rentrer en
France.
Le général Gallieni réunira entre ses
mains les pouvoirs de résident général et de
commandant en chef.
Cette décision est la conséquence des me-
sures prises par le ministre en vue de faire
face aux difficultés que nous rencontrons en
ce moment dans l'île.
Le mouvement insurrectionnel d'une par-
tie de la population hova implique la cons-
titution de l'Emyrne en territoire militaire.
Le général Gallieni, désigné pour prendre la
direction des troupes, se trouvait ainsi avoir
toute autorité sur la capitale et les territoires
environnants. Il n'y avait dès lors auoun in-
térêt à laisser côte à côte le résident général
et le commandant en chef du corps d'occupa-
tion.
On avait pensé pouvoir, dans ces condi-
tions, charger M Laroche d'une inspection
de nos établissements de la côte où notre au-
torité pouvait être utilement affirmée : ce
projet, qui a reçu un commencement d'exé-
cution a été abandonné, en raison de la si-
tuation générale de l'île.
L'idée de l'unité de direction, par suite,
devait prédominer. C'est ainsi que le géné-
ral Gallieni se trouve chargé des services de
la résidence générale.
Un ballon qui éclate
Un terrible accident est arrivé samedi à
M. Auguste Gouiran, aéronaute bien connu
en Angleterre.
Une fète avait lieu dans un champ voisin
de la ville d'Emikillen et J'ascension d'un
ballon figurait au programme.
Dans l'après-midi, le ballon, qui était de
dimensions considérables, fut amené, plein
de gaz, sur le terrain. Quelque temps après,
M. Auguste Goudran vint pour faire une ex-
perience prélimicaire. mais le bsllon s'était
à peine étevé à une pe:ite hauteur, quand
il éclata avec un bruit semblable à un coup
de canon, se fendit en deux, puis s'abattit
violemment sur le sol. La nacelle reçut un
terrible choc et lorsque les spectateurs re-
levèrent le malheureux aéronaute, il était
dains un état pitoyable.
Op/ne sait encore si on pourra le sauver.
Le complot Fenian
Les documents trouvés sur l'Irlandais
Ivory (Bell) permettent, paraît-il, de recons-
tituer en grande partie le plan concerté par
les dynamiteurs.
Les fenians, ayant l'intention de rouvrir
en Angleterre une ère de terreur, avaient
promis de faire sauter les principaux monu-
ments de Londres et des autres villes du
pays
A la suite de ce résultat des premières en-
quêtes sur le complot des fenians, les 1 a-
trouilles de police ont été doublées à Londres
aux abords de tous les monuments public^.
Le Parlement, la Chambre des communes,
Mansion-House, la Banque, le National Gal-
lery, le British Muséum, la cathédrale de
Saint-Paul et celle de Westminster sont
étroitement surveillés, — tous ces édifices se
trouvant mentionnés parmi les corrtspon-
dances tombées aux mains de la police.
Les troubles da Constantlnople
Malgré l'apparente accalmie dans laquelle
se trouve, maintenant, la capitale Ottomane,
les plus graves évènements sont toujours à
craindre du côté de l'Orient, olt des puissan-
ces étrangères et des rivalités religieuses en-
tretienúent une sourde effervescence.
Non seulement la Crète n'est pas soumise
et n'accepte nullement les prétendues con-
cussions du Sultan, mais en Macédoine, et
dans l'Asie turque, s'agitent dans l'ombre les
glus violentes passions révolutionnaires. A,
Constantinople, même, les Arméniens trem-
blent toujours, émigrent en masse vers la
Bulgarie et la Serbie, sous la protection du
Consulat et de l'ambassade de France. Les
musulmans eux-mêmes, fanatisés dans les
mosquées, par d'ardents prédicateurs, te dé-
fient presque du Sultan et l'on craint un sé-
rieux et violent mouvement contre ce faible
souverain.
Samedi, au cours d'une visite domiciliaire,
la police a découvert, à Scutari, quatre cents
bombes non chargées, un certain nombre de
documents révolutionnaires et le sceau du
comité hintchak On recherche maintenant
un dépôt d'explosifs signalé à Stamboul.
La police a aussi arrêté, sur les dénoncia-
tions de certains détenus, quatre-vingt-dix
personnes parmi lesquelles figureraient tous
les membres du comité révolutionnaire.
La question des sucres en Allemagne
On se souvient qu'en mai dernier le
Reichstag vota une loi qui élevait de 1 25 à
2 marks 50 la prime à l'exportation sur les
sucres manufacturés allemands. L'effet im-
mediat de cette mesure fut d'amener les
gouvernements de France, d'Angleterre et
des Etats Unis à prendre des dispositions
analogues. En conséquence, le prix du su-
cre en AlIenH\gne a baissé continuellement.
Au mois de mars, le sucre pour l'exporta-
tion et*it vendu a Hambourg 24 ma ks 50
les 100 kilos ; actuellement le prix n'est
plus que de 17 ma'ka 60.
Les fabricants de sucre ont pris l'alarme,
et dans une réunion tenue il y a quelques
jours à Berlin, ils ont adopte une résolu-
tion pour demander aIS gouvernement de
provoquer un arrangement international en
vue de l'abolition générale de toutes les
primes, directes ou indirectes, sur les sucres
manufacturés. Ifs font remarquer que la
deruière loi conduit à une surproluction
inévitbb'e.
Le c Vooruit » et les ouvriers
Une polémique des plus vives vient de se
produire en Be!gique entre le Vooruit et un
de ses confrères également collectiviste. Il
s'agissait de la gestion et du règlement de la
Société coopérative du Vooruit On affirmait
que dans les usines de cette Société, les ou-
vriers n'étaient pas mieux traités que dans
un établissement industriel particulier,
qu'Anseele, qui la dirigé, egt un véritable
tyran. Des lettres de Gand fournissaient des
détails et des documents à l'appui de ces as-
sertions, qui provoquaient dans la Belgique
autant d'émotion que de curiosité.
On a su depuis que l'auteur de cette cor-
respondance est le compagnon de Witte, un
des fondateurs du Parti ouvrier gantois et un
des plus actifs collaborateurs d'Anseele, au
temps où tous deux étaient d'accord. De
Witte dit, dans une déclaration adressée à un
meeting socialiste : « J'ai été au Vooruit,
qui est devenu par le fait de la tyrannie
d'Anseele, un enfer pour les ouvriers. Je suis
d'ailleurs convaincu que la manière dont on
conduit la propagande en Belgique doit ame-
ner pour les ouvriers des désastres tels que
ceux de la Commune. »
Il est certain que le Vooruit s'est n.is en
contradiction avec les principes collectivistes
qui ont présidé à sa création, car il y existe
une échelle des salaires pour les ouvriers qui
y sont employés. La journée de 8 heures
n'ett qu'à l'état de desideratum, par cette
raison qu'une certaine tâche assignée à cha-
que ouvrier doit être accomplie par lui et
F œilleton da J'ourxil\.l de Fourmie»
26 24 SEPTEMBRE i8S6
UNE ABSENTE
PAR PAUL MARROT
XV
Jeanne Lavaud débarqua donc à Paris
avec les soixante mille francs de bijoux et
les papiers de Mme de liochetaille. Ils pou-
vaient lui servir à établir une identité frau-
duleuse. La réserve de Mme de Rochetaille
était ainsi tombée sous sa main et elle gar-
dait de plus un secret capital à l'abri du-
quel elle pouvait agir sans craintes, le met-
teur en scène ne lui faisant point défaut.
Courdal était le compagnon sans vergogne,
habile à exploiter tructueusement tous ces
avantages. 11 donna à Jeanne les moyens
de la substitution de personne dont il avait
pris l'idée dans un célebre procès du jour.
Jeanne Lavaud fit des objections ; le
moyen lui paraissait dangereux, il n'avait
pas réussi au médecin ni à ses complices
que la cour d'assises de Seine-et-Oise ve-
nait de r ondamner, Courdal eut réponse à
ces objections.
— Mais précisément nous voyons par le
procès et la condamnation quelles précau-
tions ils ont, oublié de prendre. Nous, ins-
truits par leurs expériences, nous ne com-
mettrons point cet oubli, et ainsi nous
avons les profits de l'affaire sans les ris-
ques ; c'est en quoi d'ailleurs la publicité
des procès criminels est instructive. On
voit d'une façon détaillée ce qu'il faut éviter
de faire pour echapper à la justice. Je le dis
bien : nous ne risquons rien, Jeanne ; suis-
moi dof.c et tu seras de mon avis :
Tu es installée ici sous le nom de Mme 1
dtî Rochetaille, on te croit comtèsse, et tu
peux l'établir à l'aide de papiers probants.
Cependant on croit, on sait que la comtesse
de Rochetaille est partie de Vautrancey
avec sa demoiselle de compagnie, une cer-
taine Jeanne Lavaud.
Dans cette maison que tu habites, où tu
passes pour Mme de Rocheiaille, tu dois
donc avoir une Jeanne Lavaud auprès de
toi ; et pour qu'elle ne devienne point em-
barrassante par la suite, il faut qu'elle dis-
paraisse à son tour comme a disparu le
client fourni parle docteur L... pour frus-
trer l'assurance sur la vie dans l'affaire que
je te rappelle. Il n'y a pas là ombre de cri-
me ; tu feras, pendant cinq ou six mois, le
bonheur de quelque pauvre femme délaissée
et mourante ; tu. l'entoureras de soins, elle
consentira à passer pour Jeanne Lavaud
comme toi tu passes pour Mme de Roche-
taille. Quand le médecin donnera l'acte do
déeèj de Jeanne Lavaud, les papiers ne te
manqueront pas pour établir l'identité. Tu
as ceux de Mme de Rochetaille pour toi, tu
as aussi les tiens pour celle qui prendra ta
place. Tu le vois, tout s'emboîte à mer-
veille... Mais tu sembles réfléchir.,.
Gotirdal insista...
Remarque bien ceci : jamais je n'aurais
eu cette idée si tu te trouvais dans d'autres
conditions a l'égard du comte de Roche-
taille ; mais de ce côté tu n'as rien à re-
douter; ce n'est pas lui qui peut parler, tu
le tiens. Or, seul il aurait intérêt à parler,
s'il le pouvait. Dans l'affaire de l'assurance,
il y avait la compagnie qui est parvenue
par une enquête longue et adroite à décou-
vrir la vérité ; sans elle, sans l'habileté
qu'elle a déployée pour défendre sa forte
somme, le coup imaginé réussissait comme
le nôtre réussira.
Jeanne Lavaud se laissa convaincre ; elle
accapta auprès d'elle une malheureuse phti-
sique à peu près de son âge, qui consentit à
, jouer le rôle en échange des derniers soins
et abandonna volontiers son propre nom
pour être recueillie , absolument comme
dans le procès dont les détails avaient frappé
Courdai ; elle mourut bientôt, et avec elle
la personnalité de Jeanne Lavaud disparais-
sait, fortifiant ainsi la nouvelle incarnation
de Jeanne devenue comtesse de Roche-
taille.
Ni Courdal, ni la nouvelle comtesse d'ail-
leurs ne s'illusionnait nt sur la délicatesse
de la situation qu'ils créaient. 11 leur res-
tait encore à perfectionner le stratagème
pour en tirer profit. Jeanne Lavaud n'eut
pas à se repentir d écouter les conseils de
Courdal, elles les accepta complètement.
Jeanne — comme nous l'avons vu après
l'enterrement de la phtisique — copiait les
allures nobles, la façon de sa coiffer de Mme
de Rochetaille ; elle s'était mise en blonde
avec ce rien cendré qui donnait tant de dou-
ceur aux cheveux de la défunte châtelaine
de Vautraneey ; mais cela était pur jeu de
femme. Sans quelque coquetterie, le rôle
fût été trop lourd à porter, même par une
fe,.n?aa pratique comnij Jeanne Lavaud.
Puis, quelle amertume secrète, revètir la
personnalité de la comtesse, son titre, son
nom, sans prendrl1 aussi quelque pau de sa
grâje, jouer la noblesse.sans le physique de
l'emploi 1
| En réalité, ce n'était point en personne
f que Jeanne Lavaud pouvait faire valoir ses
| droits, ceux de Mme de Rochetaille, mais
f habilement de loin, par qaelque procura-
| tion frauduleuse ; l'important n'était point
\ 1. alitire et la ressemblance, mais les papiers
f et la signature.
i Or, les papiers, Jeanne les avait ; la si-
ï gnature, Courdal pouvait la fournir; et Jean-
| ne eHe-mëme, avec un maître aussi habile,
i ne tarderait point à signer avec perfection :
comtesse de Rochetaille. Jeanne ne répu-
; gna point à prendre des leçons d'un pro-
; fesseur aussi inventif et aussi aimable que
j Courdal.
11 lui dit, quelques jours après la mort de
la fausse Jeanne Lavaud :
—Voici le moment, chère amie, d'essayer
sa main. Si nous nous donnions le petit
* agrément d'annoncer notre mort à M. Va-
lentat.
— Vous croyez ?
— Vous le devez. C'ebt convenable. M.
Valentat s'intéressait beaucoup à Mlle La-
vaud, qui n'a pu quitter Vautrancey sans
lui adresser ses adieux. Mlle Lavaud
meurt.,. Il me paraît naturel...
— Voun tenez donc beaucoup à ce que je
sois morte pour M. Valentat, interrompit
Jeanne, quelle confiance 1
Courdal laissa sa plaisanterie et revint
au tutoiement , qu'ils abandonnaient par
jeu quelquefois.
— Bon 1 tu me crois encore jaloux. Je
veut simplement profiter dès à present de
la situation qui prend corps et se realise.
On ne saurait trop répandre la mort de
Jeanne Lavaud. M. Valeatat, en recevant
une lettre de Mme de Rochetaille lui an-
nonçant la mort de Mlle Lavaud, restera
p !n'IUadé de deux choses importantes : Que
Mme de Rochetaille est toujours vivante et
que Jeanne Lavaud est bien morte. C'est
dans notre jeu.
— Penses-tu donc que je n'y aie po nt
songé ?
Et courant à soa secrétaire,ielle en tira le
manuscrit que nous avons vu, un matin,
Valentat recevoir à Fonte-Claud de la gueu-
le de Gog.
Sous sa propre écriture Jeanne Lavaud y
S contrefaisait une Jeanne Lavaud mourante.
j Elle donnait tous les détails qu'elle jugeait
f bon d'accréditer.
\ — Voilà, n'est il pas vrai, qui acaompa.
| gaera bien la lettre de Mme de Rochetaille?
j — Je m'incline, répondit Courdal.
| —Tu t'inclinas. Et tu as prévu sans dou-
s te les conséquences ; tu &s coi-npr s qu'en
l recevant cette lettre, Valentat aHai' partir
î à la recherche de la comtesse de Roche-
; taille.
lj — Pourquoi cela ? Tu le confonds avec
: M. de Massiat.
' — Aucunement, M. de Massiat a été au-
trefois l'amant de Mme de Rochetaille, c'est
aujourd'hui une raison pour qu'il ne coure
plus après elle. Mais Valentat est un ami
du comte, un ami sincère ; il croit que Mme
' de Rjchetaille a simplement quitté son ma-
ri, et peut-ètre esperera-i-il, en agissant
discrètement à l'insu du comte, aider à un
rapprochement.
— Tout sera pour le mieux si Valentat
vient ici. Comme nous nous étions promis
un voyage aussitôt que tu ne serais plus re-
tenue par les soins à ta demoiselle de com-
pagnie, tu pars pour quelque temps sans
laisser d'adresse. Valentat arrive : t Ma-
dame la comtesse de Ro,.hetaille T — Elle
est en voyage. »
Donc elle existe. Je voyage, donc je suis.
— Et s'il doute, s'il insiste : c C'est bien
Mme de Rochetaille '?... une jeune femme t
des cheveux d'un blond cendre V.,, »
Courdal ajouta :
— ,.. Grandes manières ?...
Et se mettant à rire :
— Tu y tiens ! Ce n'est pas la première
fois d'ailleurs, que la coquetterie aura sauvé
une femme. Il est bien certain que M. le
baron Valentat ne va pas se livrer à une
pareille enquête chez le concierge. Mais, tu
as raison ; après tout, quand il s'agit de sa
sûreté il n'y a pas de petits détails, et je ne
trouve pas mauvais que tu essayes de te
rapprocher de ton signalement ! Mais le si-
gnalement, c'est le cacolet, c'est la diligen-
ce dans notre siècle de chemins de fer qui
possède la photograpie. Daguerre et ses »
disciples ont fait autant de tort aux signa- jj
loments qu'à la miniature ; ils ont nui a la |
fois au metier des peintres et à l'art des gen- (
| darmes. Crois-le bien mon amie ; le procu- S
a reur de la République da Poitiers s'est pro- |
! curé le portrait-carte des deux fugitives, et, |
I sans tarder, il les a communiques à la pré- ?
| fecture de police. J
| — Cest probable, en effet. i;
3 — J'en suis bûr. i
j] - Cotnment peux tu savoir ? [
} — Chut 1 interrompit Coudai et ne crains ■;
l rien de ce côté. Tout à l'heure tu m« fai-
sais uaa suprise en me montrant le manus-
crit in extremis préparé à l'usage de M.
Valentat, laisse-moi t'en réserver une pa-
reille, mon adorable comtesse, et ne médi-
sons pas de la police, surtout 1 p
t
XVI
.
Valentat se demandait comment il pour-
rait aider au rapprochement d1; son ami
avec Mme de Rochetaille, dont il conside-
rait toujours la lettre comme une sorte d'in-
vite discrète. Avec les seuls détails que
cette lettre contenait, il De doutait pas dd
retrouver la comtesse. Il ne racontera t pas
bien entendu, le motif de son voyage a Ro-
chetaille. Valentat passait dl:} temps en
temps une quinzaine à Paris et s'il pouvait
y revoir Mme de Rochetaille, il esterait
bien réussir.
Il lui parlerait de Vautraneey, des bons
changements survenus, de son mari, dei son
enfant, peu de M. de Rochetaille, beaucoup
d'Abel.
Par ce dernier souvenir surtout il comp-
tait l'entraîner vers un adoucissement de
sa résolution et lui faire envisager la né-
cessite d'un retour. Elle ne demandait, elle-
même, peut être aujourd'hui, qu'à être pres-
sentie et conseillée dans ce sens.
Il ne fallait point que M. de R ichetaille
se doutât de ce projet; C,aude s'en ouvrit
seulement à Marotte, et ils ea causèrent
longuement dans les allées du parc.
Gog les escortait, marchant a leurs côtés
ou les entourant de cercles de joie, l'oeil
partout mais sur eux d'abord.
— Vous avez une bonne idée, monsieur
Claud', dit Marcelle. Cependant avec cette
simple lettre, comment reussirez-vous à dé-
couvrir cù s'est retirée Mme de Roche-
taille ?
— Cette lettre me donna une in iication
précieuse : je gais où a été inhumée Mlle
Lavaud ; j'obtiendrai a la mairie de l'arron-
dissement l'acte de décès ; par là je con-
naîtrai la maison où elle est morte. Comme
elle s'est eteinte auprès de Mmtl de Roche-
taille, c'est le domicile de la comtesse que
j'aurai ainsi découvert, et je n'aurai plus
qu'à frapper à sa porte.
(La suite au prochain numéro).
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