Titre : La Vie parisienne : moeurs élégantes, choses du jour, fantaisies, voyages, théâtres, musique, modes / par Marcellin
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864
Contributeur : Marcelin, Émile (1825-1887). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328892561
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 1864 1864
Description : 1864 (A2,N1)- (A2,N25). 1864 (A2,N1)- (A2,N25).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1256583w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC13-81
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/06/2016
11 juin 186li. LA. VIE PARISIENNE 337
les des monuments étrusques et des statues bysantines, de décorer
nos édifices de peintures primitives, de vouloir enfin que notre art soit
celui de nos voisins et de nos arrière grands-pères, de vouloir que
nous restions Français du dix-neuvième siècle en toute chose, et
qu'en fait d'art seulement, nous devenions Grecs, Égyptiens ou Ro-
mains, cette idée me paraît absurde.
L'Exposition de cette année constate l'agonie de plus en plus défini-
tive de tout ce qui n'est pas actuel et français, et, au contraire, une
vitalité excessive en tout ce qui touche à la peinture de genre. La
grande peinture patronée par l'Institut n'est point malade : elle se
meurt de sa belle mort, elle s'éteint comme une lampe il laquelle
l'huile manque. Il ne faut ni s'en plaindre ni s'en réjouir, il faut
constater le fait et surtout n'accuser personne. Que l'Institut se
gratte, cela se comprend, il doit éprouver des démangeaisons. Le
coup qui le frappe est cuisant : il se sent abandonné de tous, toutes
les sympathies lui échappent à la fois, et il se voit forcé d'admettre
dans son sein des membres qu'il considère comme d'une autre reli-
gion que lui ; ses privilèges les plus chers lui sont enlevées, son pres-
tige s'évanouit... Certes on comprend que l'Institut se gratte. Il n'y
a pourtant de la faute de personne, et l'administration n'a fait. qu'o-
béir à la force des choses en portant le coup. Et d'ailleurs pourquoi
dire cc coup ? « Il n'y a point eu de coup porté, le mur s'est écroulé
de lui-môme, et si l'administration est obligée de prendre une
pioche, ce ne sera que pour faciliter l'enlèvement des décombres.
Il est certain qu'au Salon de cette année, il y a bien des tendances
diverses et comme une sorte de confusion dans les tentatives de toutes
sortes des artistes. Mais n'est-ce point l'expression même de notre
milieu? Que de talent, que d'esprit dépensés dans ces mille petites
œuvres, dont quelques-uns sont des bijoux. Aucune d'elles n'a un
caractère tranché, distinct, et ne révèle un tempéramment vigoureux
de peintre; mais c'est qu'en effet, nulle part dans notre société mo-
derne, nous n'y trouvons de conviction profonde, de foi ardente et
d'individualité bien marquée. Nous grouillons dans un petit milieu
crotté où chacun veut sa part et s'arrache un morceau. Les arts font
comme nous, ils se tourmentent.
Ils s'inquiètent, produisent vite et il profusion. Les arts sont un mi-
roir où nous retrouvons nos goûts, nos idées, nos laideurs et nos qua-
lités, et nous sommes mal venus, en vérité, de nous plaindre si le mi-
roir dit la vérité. Et d'ailleurs, pourquoi regretter ce qui ne saurait
plus être ? Sont-ils donc bien regrettables ces éternels et pédants
bonshommes faisant beau torse en levant les bras en l'air, sous des
draps épingles dont on comptait les plis ? N'a-t-on pas assez usé de
toile pour reproduire les traits d'Agamemnon et d'Achille, de Néron
et de Cincinnatus? N'y a-t-il pas il trouver maintenant une pein-
ture vraiment française et de notre époque, qui ne relevât que d'elle-
même, et fût franchement notre peinture à nous.
Les maîtres français du XVllC et du xvuic siècles ont résolu le pro-
IJlème de leur temps, et ont réussi à s'habiller très-convenablement
sans déterrer les morts antiques pour leur voler leurs vêtements.
Chers grands peintres qui peignaient en perruque, mais qui peignaient
si bien ! que diriez-vous, vous si aimables, si spirituels, si faciles,
si français, imitateurs si convaincus de la nature fardée que
vous aviez sous les yeux, que diriez-vous si l'on vous montrait les
dessins péniblement austères que certains maîtres de l'art exécu-
tent à l'heure qu'il est de leur petit poinçon trempé dans du vinaigre ?
Si l'on vous montrait toutes leurs délicatesses archaïques, leurs ef-
forts affectés pour imiter un art enfoui sous terre, leurs tentatives
pédantes vers un idéal de convention dont ils n'ont jamais pu mon-
trer que le revers, leur intolérance farouche pour tout ce qui s'écarte
de leur ennuyeuse et banale personnalité et leurs prétentions à faire
des petits qui leur ressemblent? Vous ririez de bon cœur, chers maî-
tres ; et vous auriez raison de rire d'eux, car ils ont ri de vous. Ils ont
prétendu que vous dessiniez mal, parce que votre dessin, à vous, était
le sentiment, l'expression du mouvement et de la vie, au lieu d'être
une sèche épuration des contours convenus. Ils ont prétendu que Jean
Goujon manquait de caractère et de gravité : ils l'ont dit, je puis vous
l'assurer ; que Clodion, Coustou, Iloudon, ignoraient l'art de la sculp-
ture, et tout en grattaillant, ils mettaient au jour les jolies statues qui
sont à Versailles, ils ornaient nos fontaines, et se passaient la main
dans leurs rares cheveux qu'ils prenaient pour des lauriers.
A-t-on lieu de s'étonner que le public se soit enfin lassé des ten-
dances singulières qu'affectaient ces messieurs ; qu'il ait réclamé un
peu de vie et de mouvement dans cet art, qu'il ait souhaité que les
peintres ne fissent pas seulement de la peinture pour eux seuls,
mais aussi un peu pour lui, et qu'après des bâillements trop prolon-
gés, il ait fait des succès un peu exagérés peut-être, mais en somme
explicables à des artistes dont le talent protestait contre la routine
lugubre de ces messieurs? Les artistes ne doivent pas être une secte,
une communauté, des gens travaillant pour leur plaisir particulier à
des œuvres indifférentes à tous, excepté aux journalistes qu'on paie,
bizarre habitude, pour les discuter. Ils ne doivent pas être une bande
de bénédictins laborieux, ne songeant qu'à leur salut et se lamentant
sur l'indignité des pêcheurs qui sont au-delà du cloître.
Los artistes appartiennent à la société dans laquelle ils vivent. Ils
ont pour mission de l'égayer, de l'émouvoir et de la toucher, de la
consoler et de la charmer. Ils en sont le côté poétique et idéal, mais
à condition, et c'est là leur devoir, de s'identifier avec elle et de par-
ler son langage.
Le jour ou les jeunes artistes sont élevés dans un séminaire où on
leur enseigne à parler l'arabe, le grec ou le chinois, quand la majorité
des Français parle français, où on leur enseigne d'autres croyances,
une autre religion, d'autres idées que celles de tout le monde ; on
peut considérer tous cos jeunes tonsurés, si édifiants qu'ils soient
d'ailfeurs dans leur médiocrité, comme complètement inutiles, comme
nuisibles même, en ce qu'ils sont une source incessante de mélan-
colie et de tristesse pour leurs contemporains. Fort heureusement,
tout porte à croire que ces inconvénients vont cesser ; mais, franche-
ment, il n'est que temps. Ce collége de vestales mâles, chargé d'en-
tretenir la classique et pâle veilleuse dans notre milieu affairé, vivant,
spirituel, actif et éclairé au gaz, avait lieu d'étonner.
On ne les tue pas et l'on fait bien, mais on les gratte et c'est jus-
tice. Dieu veuille que cette rude friction ramène la circulation dans
leur sang, l'élasticité dans leurs membres, et fasse naître, dans leur
esprit, cette idée bien simple, que toute la science du monde ne vaut
pas une idée, que parler lentement n'est pas bien parler, et qu'on
n'est quelque chose que lorsqu'on est soi!
?..
DE L'INFLUENCE DE LA LETTRE COROT DANS LES ARTS
L'année dernière, le peintre COROT écrivait à un de ses amis une lettre char-
mante, originale, primesautière, qu'une indiscrétion livra à la publicité et qui
eut un très grand succès, précisément à cause de son caractère intime. Et les
voilà, peintres et sculpteurs, piqués de je ne sais quelle tarentule littéraire, qui,
tous, veulent avoir leur lettre et profitent de la publication de VAutographe
pour glisser aux amis chargés de remettre leurs croquis des épitres antidatées
ou dcs maximes qui n'ont ni queue ni tête.
Ainsi, à côté d'un fusain inspiré par un vieux chant breton, M. Yan Dar-
gent s'écrie : Lamennais est le plus grand génie littéraire des temps mo-
denws! A quel propos Lamennais vient-il éclairer le paysage de son génie
littéraire, et qu'est-ce que ce coq-à-l'âne peut ajouter à la splendeur d'un fu-
sain? Ah! que dans un moment de reconnaissance, M. Dargent ait parlé de de
La Yillemarqué, nous comprendrons qu'il y ait une corrélation entre son des-
sein et l'archéologue de la vieille Armorique.... Mais Lamennais, pourquoi
Lamennais?
Voici maintenant M. François Millet, un grand talent. Il lâche la lettre-
Corot, datée nécessairement de la forêt de Fontainebleau, et du 30 mai 1863.
— Malin! Quoiqu'cn dise la notice placée au liant de la page, tout cela est
amphigourique et boursoufllé ! — Quand on a la palette brillante de M. Millet,
on décrit la nature à coup de brosse,'et on réussit beaucoup mieux qu'en se
servant d'une plume. De tous nos écrivains, il n'y en a que deux auxquels je
permette de faire du paysage : Mme Sand et M. Erckmann-Chatnan. J'imagine
que M. Millet se moquerait tant soit peu de leurs prétentions, s'ils interrom-
paient une de leurs magnifiques descriptions par un croquis d'amateur : c'est
exactement l'effet que produit au public la lettre-Corot de M. Millet.
M. Daubigny ne tombe pas dans l'écueil et écrit tout simplement : D'après
mon tableau..., etc.
Mais revoici la lettre-Corot signée de M. Rousseau. Du précieux, du pré-
cieux : Ne pas dire de mal du petit bois devant ces trois gaillards (des peu-
pliers), et ne pas s'enhardir à trop de familiarités avec les peupliers, sous
peine de voir les l'onces prendre parti !
Page 6. — M. Bonnegrace affirme qu'il a mis, dans la « Manne dans le
désert, » toute son âme d'artiste, et il tenait à cœur que ce tableau fùt à la
hauteur de son (c Jésus parmi les docteurs. » — Eh bien! là, franchement,
Monsieur Bonnegrace, la modestie est une belle chose.
M. Clésinger n'y va pas de main morte non plus, et, au nom de Cicéron
(dont il cite la phrase), qui prétendait qu'Alexandre ne voulait son portrait
que de la main d'Appelle, et sa statue de Lysippe, afin que le héros s'as-
sociât Li la. gloire de l'artiste, il permet à César de s'associer à sa gloire à lui,
Clésinger.
Du haut du ciel, ta demeure dernière,
0 grand César, tu dois être content !
(VIRGILE.)
Mais le chef-d'œuvre, c'est la petite lettre de M. Bouguereau (10 avril
1.863, — toujours 1863!), une lettre surprise à l'intimité, pas écrite du tout
en vue de la postérité ! Chaque fois que je vois cette année 1863, je ne sais
pourquoi je me méfie du boniment.
Comme c'est simple et naturel ; en réponse à une invitation, M. Bouguereau
dit qu'il entrevoit la couleur, — qu'il a toujours aimé le travail ; — c'est
les des monuments étrusques et des statues bysantines, de décorer
nos édifices de peintures primitives, de vouloir enfin que notre art soit
celui de nos voisins et de nos arrière grands-pères, de vouloir que
nous restions Français du dix-neuvième siècle en toute chose, et
qu'en fait d'art seulement, nous devenions Grecs, Égyptiens ou Ro-
mains, cette idée me paraît absurde.
L'Exposition de cette année constate l'agonie de plus en plus défini-
tive de tout ce qui n'est pas actuel et français, et, au contraire, une
vitalité excessive en tout ce qui touche à la peinture de genre. La
grande peinture patronée par l'Institut n'est point malade : elle se
meurt de sa belle mort, elle s'éteint comme une lampe il laquelle
l'huile manque. Il ne faut ni s'en plaindre ni s'en réjouir, il faut
constater le fait et surtout n'accuser personne. Que l'Institut se
gratte, cela se comprend, il doit éprouver des démangeaisons. Le
coup qui le frappe est cuisant : il se sent abandonné de tous, toutes
les sympathies lui échappent à la fois, et il se voit forcé d'admettre
dans son sein des membres qu'il considère comme d'une autre reli-
gion que lui ; ses privilèges les plus chers lui sont enlevées, son pres-
tige s'évanouit... Certes on comprend que l'Institut se gratte. Il n'y
a pourtant de la faute de personne, et l'administration n'a fait. qu'o-
béir à la force des choses en portant le coup. Et d'ailleurs pourquoi
dire cc coup ? « Il n'y a point eu de coup porté, le mur s'est écroulé
de lui-môme, et si l'administration est obligée de prendre une
pioche, ce ne sera que pour faciliter l'enlèvement des décombres.
Il est certain qu'au Salon de cette année, il y a bien des tendances
diverses et comme une sorte de confusion dans les tentatives de toutes
sortes des artistes. Mais n'est-ce point l'expression même de notre
milieu? Que de talent, que d'esprit dépensés dans ces mille petites
œuvres, dont quelques-uns sont des bijoux. Aucune d'elles n'a un
caractère tranché, distinct, et ne révèle un tempéramment vigoureux
de peintre; mais c'est qu'en effet, nulle part dans notre société mo-
derne, nous n'y trouvons de conviction profonde, de foi ardente et
d'individualité bien marquée. Nous grouillons dans un petit milieu
crotté où chacun veut sa part et s'arrache un morceau. Les arts font
comme nous, ils se tourmentent.
Ils s'inquiètent, produisent vite et il profusion. Les arts sont un mi-
roir où nous retrouvons nos goûts, nos idées, nos laideurs et nos qua-
lités, et nous sommes mal venus, en vérité, de nous plaindre si le mi-
roir dit la vérité. Et d'ailleurs, pourquoi regretter ce qui ne saurait
plus être ? Sont-ils donc bien regrettables ces éternels et pédants
bonshommes faisant beau torse en levant les bras en l'air, sous des
draps épingles dont on comptait les plis ? N'a-t-on pas assez usé de
toile pour reproduire les traits d'Agamemnon et d'Achille, de Néron
et de Cincinnatus? N'y a-t-il pas il trouver maintenant une pein-
ture vraiment française et de notre époque, qui ne relevât que d'elle-
même, et fût franchement notre peinture à nous.
Les maîtres français du XVllC et du xvuic siècles ont résolu le pro-
IJlème de leur temps, et ont réussi à s'habiller très-convenablement
sans déterrer les morts antiques pour leur voler leurs vêtements.
Chers grands peintres qui peignaient en perruque, mais qui peignaient
si bien ! que diriez-vous, vous si aimables, si spirituels, si faciles,
si français, imitateurs si convaincus de la nature fardée que
vous aviez sous les yeux, que diriez-vous si l'on vous montrait les
dessins péniblement austères que certains maîtres de l'art exécu-
tent à l'heure qu'il est de leur petit poinçon trempé dans du vinaigre ?
Si l'on vous montrait toutes leurs délicatesses archaïques, leurs ef-
forts affectés pour imiter un art enfoui sous terre, leurs tentatives
pédantes vers un idéal de convention dont ils n'ont jamais pu mon-
trer que le revers, leur intolérance farouche pour tout ce qui s'écarte
de leur ennuyeuse et banale personnalité et leurs prétentions à faire
des petits qui leur ressemblent? Vous ririez de bon cœur, chers maî-
tres ; et vous auriez raison de rire d'eux, car ils ont ri de vous. Ils ont
prétendu que vous dessiniez mal, parce que votre dessin, à vous, était
le sentiment, l'expression du mouvement et de la vie, au lieu d'être
une sèche épuration des contours convenus. Ils ont prétendu que Jean
Goujon manquait de caractère et de gravité : ils l'ont dit, je puis vous
l'assurer ; que Clodion, Coustou, Iloudon, ignoraient l'art de la sculp-
ture, et tout en grattaillant, ils mettaient au jour les jolies statues qui
sont à Versailles, ils ornaient nos fontaines, et se passaient la main
dans leurs rares cheveux qu'ils prenaient pour des lauriers.
A-t-on lieu de s'étonner que le public se soit enfin lassé des ten-
dances singulières qu'affectaient ces messieurs ; qu'il ait réclamé un
peu de vie et de mouvement dans cet art, qu'il ait souhaité que les
peintres ne fissent pas seulement de la peinture pour eux seuls,
mais aussi un peu pour lui, et qu'après des bâillements trop prolon-
gés, il ait fait des succès un peu exagérés peut-être, mais en somme
explicables à des artistes dont le talent protestait contre la routine
lugubre de ces messieurs? Les artistes ne doivent pas être une secte,
une communauté, des gens travaillant pour leur plaisir particulier à
des œuvres indifférentes à tous, excepté aux journalistes qu'on paie,
bizarre habitude, pour les discuter. Ils ne doivent pas être une bande
de bénédictins laborieux, ne songeant qu'à leur salut et se lamentant
sur l'indignité des pêcheurs qui sont au-delà du cloître.
Los artistes appartiennent à la société dans laquelle ils vivent. Ils
ont pour mission de l'égayer, de l'émouvoir et de la toucher, de la
consoler et de la charmer. Ils en sont le côté poétique et idéal, mais
à condition, et c'est là leur devoir, de s'identifier avec elle et de par-
ler son langage.
Le jour ou les jeunes artistes sont élevés dans un séminaire où on
leur enseigne à parler l'arabe, le grec ou le chinois, quand la majorité
des Français parle français, où on leur enseigne d'autres croyances,
une autre religion, d'autres idées que celles de tout le monde ; on
peut considérer tous cos jeunes tonsurés, si édifiants qu'ils soient
d'ailfeurs dans leur médiocrité, comme complètement inutiles, comme
nuisibles même, en ce qu'ils sont une source incessante de mélan-
colie et de tristesse pour leurs contemporains. Fort heureusement,
tout porte à croire que ces inconvénients vont cesser ; mais, franche-
ment, il n'est que temps. Ce collége de vestales mâles, chargé d'en-
tretenir la classique et pâle veilleuse dans notre milieu affairé, vivant,
spirituel, actif et éclairé au gaz, avait lieu d'étonner.
On ne les tue pas et l'on fait bien, mais on les gratte et c'est jus-
tice. Dieu veuille que cette rude friction ramène la circulation dans
leur sang, l'élasticité dans leurs membres, et fasse naître, dans leur
esprit, cette idée bien simple, que toute la science du monde ne vaut
pas une idée, que parler lentement n'est pas bien parler, et qu'on
n'est quelque chose que lorsqu'on est soi!
?..
DE L'INFLUENCE DE LA LETTRE COROT DANS LES ARTS
L'année dernière, le peintre COROT écrivait à un de ses amis une lettre char-
mante, originale, primesautière, qu'une indiscrétion livra à la publicité et qui
eut un très grand succès, précisément à cause de son caractère intime. Et les
voilà, peintres et sculpteurs, piqués de je ne sais quelle tarentule littéraire, qui,
tous, veulent avoir leur lettre et profitent de la publication de VAutographe
pour glisser aux amis chargés de remettre leurs croquis des épitres antidatées
ou dcs maximes qui n'ont ni queue ni tête.
Ainsi, à côté d'un fusain inspiré par un vieux chant breton, M. Yan Dar-
gent s'écrie : Lamennais est le plus grand génie littéraire des temps mo-
denws! A quel propos Lamennais vient-il éclairer le paysage de son génie
littéraire, et qu'est-ce que ce coq-à-l'âne peut ajouter à la splendeur d'un fu-
sain? Ah! que dans un moment de reconnaissance, M. Dargent ait parlé de de
La Yillemarqué, nous comprendrons qu'il y ait une corrélation entre son des-
sein et l'archéologue de la vieille Armorique.... Mais Lamennais, pourquoi
Lamennais?
Voici maintenant M. François Millet, un grand talent. Il lâche la lettre-
Corot, datée nécessairement de la forêt de Fontainebleau, et du 30 mai 1863.
— Malin! Quoiqu'cn dise la notice placée au liant de la page, tout cela est
amphigourique et boursoufllé ! — Quand on a la palette brillante de M. Millet,
on décrit la nature à coup de brosse,'et on réussit beaucoup mieux qu'en se
servant d'une plume. De tous nos écrivains, il n'y en a que deux auxquels je
permette de faire du paysage : Mme Sand et M. Erckmann-Chatnan. J'imagine
que M. Millet se moquerait tant soit peu de leurs prétentions, s'ils interrom-
paient une de leurs magnifiques descriptions par un croquis d'amateur : c'est
exactement l'effet que produit au public la lettre-Corot de M. Millet.
M. Daubigny ne tombe pas dans l'écueil et écrit tout simplement : D'après
mon tableau..., etc.
Mais revoici la lettre-Corot signée de M. Rousseau. Du précieux, du pré-
cieux : Ne pas dire de mal du petit bois devant ces trois gaillards (des peu-
pliers), et ne pas s'enhardir à trop de familiarités avec les peupliers, sous
peine de voir les l'onces prendre parti !
Page 6. — M. Bonnegrace affirme qu'il a mis, dans la « Manne dans le
désert, » toute son âme d'artiste, et il tenait à cœur que ce tableau fùt à la
hauteur de son (c Jésus parmi les docteurs. » — Eh bien! là, franchement,
Monsieur Bonnegrace, la modestie est une belle chose.
M. Clésinger n'y va pas de main morte non plus, et, au nom de Cicéron
(dont il cite la phrase), qui prétendait qu'Alexandre ne voulait son portrait
que de la main d'Appelle, et sa statue de Lysippe, afin que le héros s'as-
sociât Li la. gloire de l'artiste, il permet à César de s'associer à sa gloire à lui,
Clésinger.
Du haut du ciel, ta demeure dernière,
0 grand César, tu dois être content !
(VIRGILE.)
Mais le chef-d'œuvre, c'est la petite lettre de M. Bouguereau (10 avril
1.863, — toujours 1863!), une lettre surprise à l'intimité, pas écrite du tout
en vue de la postérité ! Chaque fois que je vois cette année 1863, je ne sais
pourquoi je me méfie du boniment.
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dit qu'il entrevoit la couleur, — qu'il a toujours aimé le travail ; — c'est
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