Titre : L'Orchestre : revue quotidienne des théâtres
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-02-01
Contributeur : Nannan, Adolphe. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328294988
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1879 01 février 1879
Description : 1879/02/01 (A29)-1879/02/28. 1879/02/01 (A29)-1879/02/28.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k120444s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-136
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/12/2007
Du 24 Février au 3 Mars 1879.
BIBLIOGRAPHIE DRAMATIQUE
La mo Je est venue de publier, en volumes,
des pièces non représentées, soit que l'au-
teur ait jugé lui-même que la fantaisie de
la composition ne comportait pas la scène,
soit qu'aucun théâtre ne lui ait paru ac-
tuellement convenir au genre d'ouvrage
qu'il avait conçu. Ils deviennent de plus en
plus nombreux les livres composés ainsi, et,
comme, en somme, ils appartiennent à la
littérature dramatique, je dois les signaler
aux lecteurs de l'Orchestre. Ils font partie
du répertoire de ce Spectacle dans un fau-
teuil, qu'Alfred de Musset avait imaginé,
et ce charmant poëte a donné l'exemple de
ce genre de production. Or, ce qui prouve
son intérêt, c'est que, depuis sa mort, plu-
sieurs de ses petites comédies, qui n'avaient
jamais vu le jour de la rampe, ont été adop-
tées à la scène et lui font le plus grand
honneur.
Parcourons donc les derniers ouvrages
de ce genre qui sont sur ma table. Voici
d'abord le Thédtre de fantaisie, de Gustave
Nadaud, publié, ces jours-ci, par la maison
Tresse. Je n'ai pas à faire l'éloge du chanson-
nier ingénieux dont la verve a défrayé les
échos de la lyre familière pendant vingt ans.
Rimeur agréable, conteur spirituel, Nadaud
est une figure sympathique, entre toutes,
dans l'art contemporain. Pandore sera peut-
être immortel à l'égal des types secondaires
de Béranger, car son successeur n'a jamais
abordé la vraie satire et rien n'est plus
innocent que ses railleries. Le même esprit
aimable et sans malice se retrouve dans les
petites pièces réunies sous le titre que je
rappelais tout à l'heure. Plusieurs se prê-
tent à merveille à ce genre de divertisse-
ment distingué qu'on appelle la comédie de
salon. Les autres sont de vrais bluettes,
toujours charmantes à lire. Somme toute,
un volume qui mérite d'être dans toutes
les mains.
Le Théâtre bizarre, de M. Pallefroi, édité
par M. Ollendorff, devra choisir ses lecteurs,
car la fantaisie en est beaucoup plus libre
que celle du volume précédent. Il se com-
pose de trois pièces seulement. Dans l'une,
on voit la reine de Sycione, Laïs, décou-
vrir sa vocation véritable, en causant avec
Phryné, et se convertir à l'aimable profes-
sion de celle-ci, qu'elle trouve infiniment
préférable à celle d'épouse d'un vieux roi.
Dans l'autre, on voit l'athlète Clitomaque,
dont toute la vigueur résidait dans sa conti-
nence, céder aux charmes de la belle Myr-
rha, être roulé honteusement dans l'arène
par les rivaux qu'il avait cent fois vaincus,
et proclamer que son infamie lui est la plus
agréable du monde. Dans la troisième, Aris-
tote est attelé, comme une simple bourrique,
au char d'une fillette, à la plus grande joie
d'Alexandre, son élève. On voit que la note
est sceptique, voire même un peu leste.
Mais ce que je veux louer sans réserve,
c'est la facture des vers, qui est soignée,
élégante et d'un vrai poëte; c'est la tenue
littéraire excellente do cet élégant petit
volume, fait, j'en conviens, beaucoup plus
pour les joies paisibles de la bibliothèque
que pour le triomphe bruyant de la scène.
J'en dirai autant de Lady Tempest, grande
fantaisie dramatique en vers, de M. Émile
Montégut, qui vient de paraître à la Biblio-
thèque Charpentier. C'est une pièce très
sombre, semée d'incidents terribles, ayant
une prétention shakespearienne évidente,
qu'elle réalise par moments, mais qui, en
somme, procède surtout d'Alfred de Musset.
Après une série de crimes sans nom, l'hé-
roïne se précipite, en blasphémant, dans un
gouffre. Il y a de très sérieuses beautés dans
ce livre, au point de vuo du style, surtout,
qui est élevé, châtié, sonore et nous montre,
dans son auteur, un homme qui écrira ex-
cellemment, pour le théâtre, quand il le
voudra.
Je veux citer aussi, dans le beau livre de
Mme Judith Gautier, paru à la même Bi-
bliothèque et ayant pour titre les Peuples
étrangers, une très curieuse étude sur le
théâtre chinois. Héritière du génie pater-
nel, la fille du grand poëte décrit avec un
charme infini ces troupes errantes qu'une
jonquo riante transporte sur les fleuves
et qu'accueille la joie des riverains. Les
échantillons qu'elle nous donna de l'art
dramatique du Céleste Empire sont les plus
curieux du monde. Ce n'e.-t i as par la com-
position qu'ils brillent, et ils ne réalisent t
guère le type de ce qu'on est convenu d'ap-
peler une pièce biîin faite. Mais on y trouve
beaucoup d'observation dans les caractères,
et la figure de l'avare chinois, d'après le
morceau qu'elle cite, n'a rien à envier au
portrait de notre Harpagon. C'est par sa
saveur descriptive que brille ce livre, un
vrai modèle de beau langage et qui n'éton-
nera pas les lecteurs du Livre de Jade, du
Dragon impérial et de l'Usurpateur, ces
volumes exquis par lesquels cet écrivain
charmant et érud.t à la fois a affirmé déjà
son goût pour l'extrême Orient.
Je ne passerai pas sous silence le Théâtre
de Levage, que l'éditeur artiste Lemerre
vient de faire paraître dans sa Petite Biblio-
thèque littéraire, – un bijou typographique
entre tant de bijoux. –Une excellente Notice
de notre collabarateur Frédéric Dillaye orne
l'ouvrage; elle abonde en curieux détails
sur l'auteur de Turcaret et se recommande
par l'élégance de la forme. De plus, elle est
concise, rare qualité dans ce genre de pro-
d uctions. Cette édition du Théâtre de Lesage
peut donc être considérée comme la plus
parfaite qui ait encore paru et celle que
les lettrés doivent rechercher surtout.
Ludovic HANS.
FRANGAIS
Un acto charmant de MM. Meilhac et
Ludovic Halévy a été fort applaudi. Nous
reviendrons sur «le Petit Hôtel » mais,
dès aujourd'hui, nous voulons en constater
le double succès de pièce et d'interpréta-
tion. L. H.
GAITÉ
LES AMANTS DE VÉRONE, drame lyrique en
5 a>:(es et 6 tableaux, paroles et musique da
M. le marquis d'Ivry. Reprise.
Le Théâtre Lyrique n'a pas dit son der-
nier chant, n'a pas lancé sa dernière note;
il y a encore de beaux soirs pour lui, main-
tenant surtout que le voici revenu au square
des Arts-et-Métiers, où il va pouvoir de-
venir en quelque sorte cet opéra populaire,
rêvé avec tant d'enthousiasme et de jus-
tesse par M. Léonca Détroyat.
Tout le monde ne va pas au théâtre Ita-
lien, mais tout le monde peut aller à la Gai té;
aussi «les Amants de Vérone» vont-ils,
nous n'en doutons pas, trouver là toute la
consécration de leur succès de Ventadour.
Capoul a suivi héroïquement dans ces pa-
rages la belle partition de M. le marquis
d'Ivry, à laquelle il a voué toutes ses in-
fluences et aussi tout son talent; c'est lui
qui l'a lancée, qui l'a fait connaître, qui l'a
fait applaudir, et le chaleureux accueil
qu'ella a reçu a bien récompensé de sa per-
sistance et de ses efforts notre vaillant ar-
tiste.
La reprise Je l'oeuvre en question a été
excellente; elle n'a rien perdu dans le dé-
ménagement au contraire, elle a peut-être
gagné à être transplantée dans un cadre
un peu plus restreint. Le quatrième acte a
produit son effet ordinaire,-ou plutôt ex-
traordinaire, et le fameux duel est tou-
jours étonnant.
Capoul apporte dans le rôle de Roméo
tout le charme de sa voix sympathique,
tous las élans de sa passion, toute sa ten-
dresse. Qui n'a pas vu Roméo interprété
par lui ne connait pas Roméo. Mlle Émilie
Ambre est une Juliette hors ligne, chan-
tant bien, et pleine de maestria on l'a ac-
clamée, avec Capoul, dans la scène finale
du Tombeau.
MM. Dufriche, Mouret, Froment, Chris-
toph et Mlle Lhéritier, très remarquable
dans le rôle de la nourrice, complètent
l'interprétation de façon àce qu'elle ne laisse
rien à désirer.
Voilà une tentative éminemment artis-
tique et qui, nous l'espérons bien, sera
fructueuse. L.-Félix SAVARD.
RENAISSANCE
HÉLOISE ET ABÉLARD, opéra-comique en trois
actes; paroles dii Clairville et M. Busnack;
musique de M. Heuri Lilolff. Reprise.
La représentation du 20 étant la reprise
d'une pièce qui obtint un grand succès vers
la fin de l'année 1872, nous sommes heu-
reux de n'avoir pas à en analyser le sujet
scabreux et nous pouvons glisser, sans re-
mords, sur les crudités de l'intrigue pour
constater l'énorme succès de cette reprise.
Elle a été fort brillante et a, de nouveau,
mis en relief la jolie partition de Litolff, qui
n'a jamais paru plus fraîche, plus mélodi-
que, plus amoureuse.
Citons, parmi les morceaux entendus
avec plus de plaisir au premibi1 acte, les
couplets d'Héloïse et le choeur des Trouba-
dours au second, la chanson à boire ;'e
Fulbert et le quatuorque précède le fameux
duo latin, et au troisième, les deux couplets
d'Abélard et la délicieuse valse « Viens,
mon rêve I » Tout cela a charmé, enlevé le
public, qui paraissait goûter tous ces mor-
ceaux comme s'il ne les avait jamais en-
tendus.
L'interprétation n'a pas peu contribué au
succès de cette représentation, à laquelle
deux importants débuts donnaient un at-
trait de plus, ceux de Mlles Jane Hading et
Alix Reine.
La première nous est connue nous l'a-
vons vue dans la dernière reprise de «la
Petite Mariée, » où elle joua quelque temps
le rôle de Granier; elle y parut charmante,
mais un peu maniérée; aujourd'hui, elle a
fait de grands progrès, la voix a pris de
l'ampleur et, si l'effet parait encore cherché,
on sent que le naturel va se faire jour et
que l'opérette va compter une étoile de plus;
elle a détaillé avec beaucoup de goût ses
couplets de la Barbière et chanté la valse
ravissante du troisième acte avec un feu
qui lui a valu une véritable ovation-|
Mlle Alix Reine a vu aussi le succès
lui sourire. Bonne voix, joli physique,
Mlle Reine a joué avec un aplomb et un
brio irrésistibles le rôle de Bortrade peut-
être souligne-t-elle un peu trop, mais c'est
la un excès de zèle qu'on ne saurait blâmer
pour un premier début.
Vauthier avait à vaincre une réelle diffi-
culté remplacer l'excellent Milher dans le
rôle de Fulbert, il s'est acquitté de sa tâche
avec esprit et talent, et le rôle du chanoine
sera uue de ses meilleures compositions
il a droit à tous nos compliments. A la jolie
voix que nous lui connaissions, M. Urbain
a joint, dans le rôle d'Abélard, un talent
d'acteur que nous ne lui connaissions pa,s
et qui l'a fait chaleureusement applau-
dir à différentes reprises; on lui a rede-
mandé, avec raison, ses couplets du troi-
sième acte; M. Lary, qui a composé un
Éginhard des plus plaisants, M. Pacra,
Mmes Piccolo et Dianie, et tout le bataillon
féminin dont dispose M. Koning et qui a
donné tout entier, complètent et justifient
le succès de cette brillante reprise.
Arthur VERNEUIL.
BOUFFES PARISIENS
Joli succès pour «la Marquise des Rues,» »
dont le livret est amusant, dont la partition
est alerte et pimpante comme les meilleures
de Hervé.
Nous y reviendrons. a. P.
NOUVEAUTÉS
Bonne reprise de « Coco. » Il est si amu-
sant ce vaudeville où se reconnaît la bonne
humeur du regretté Clairville, et M. Au-
guste Cœdès l'a émaillé d'une musique si
pimpante 1 M. Brasseur a bien fait de rendre
au public un ouvrage dont le succès était
loin d'être épuisé, qui avait inauguré si
heureusement sa jolie salle et qui préparera
un accueil favorable à « Fatiniza, » l'œuvre
de Soupé, qui a eu un si grand succès en
Belgique, et que MM. Delacour et Waldec
sont en train d'adapter à notre scène. L'ou-
vrage est vivement poussé, et nous ne pou-
vons qu'inviter le public à profiter de cette
réapparition rapide de « Coco» sur le théâtre
de ses premiers succès. L. H.
AM31GU-COMIQUE
Le succès de « l'Assommoir est décidé-
ment très grand jamais les recettes de
l'Ambigu n'avaient atteint les chiffres ma-
jestueux que le drame de MM. Busnach et
Gastineau réalise en ce moment.
La pièce naturaliste tirée du roman de
M. Zola est un hors-d'œuvre qui allèche la
curiosité parisienne; on ne s'aborde plus
qu'avec la phrase sempiternelle c Avez-
vous vu i'Assommoh" ? qu'en pensez-vous?n
et chacun de courir à l'ambigu louer des
places pour pouvoir en connaissance de cause
ajouter aux commentaires déjà si nombreux
soulevés par ce drame.
Nous avons, dans un précédent article,
critiqué « l'Assommoir » comme pièce, et,
tout en regrettant la brutalité des types
mis en scène, nous nous sommes incliné
devant sa remarquable interprétation et
surtout devant l'intérêt de ses dix tableaux
rendus avec une originalité et une fidélité
qui font le plus grand honneur à M. Cha-
brillat.
Les différences entre le roman et le drame
sont considérables; il a fallu réduire pour
le cadre exigu de la scène l'œuvre si puis-
samment conçue de M. Zola, et les auteurs
ont habilement vaincu cette difficulté.
Maintenant, en approfondissant la ques-
tion, on est heureux de reconnaître que ce
monde d'ivrognes et de misérab'.es forme,
dans la classe travailleuse, l'exception les
chutes de caractères sont nombreuses,
mais si le monde des ouvriers ressemblait
à ce que nous montre «l'Assommoir,» rien
ne se finirait, et Paris serait bientôt un
désert.
Mais le vrai succès de ce drame, succès
matétiel, est l'exposé des tableaux de la vie
ordinaire.
Le lavoir avec ses vrais baquets, son
vrai linge (nous n'avons pu nous rensei-
gner si le naturalisme avait poussé jusqu'à
le faire porter), son vrai savon, sont parfaits.
Le chantier d'une maison en construction
est très exact, les ouvriers se font passer
les briques du bas au haut des échelles.
Le comptoir de l'Assommoir, où l'on débite
l'eau-de-vie, est saisissant, et jusqu'à Mes-
Bottes qui mange du pain et du fromage,
tout est d'une rare exactitude.
Le scène du delirium tremens soulève
bien quelque dégoût, mais la curiosité l'em-
porte, et le public blasé y trouve matière
à satisfaire sa soif d'émotions. Mlle Hélène
Petit, MM. Gil-Naza, Dailly, Mmes Lina
Munte et Schmidt y sont tous les soirs très
applaudis.
«L'Assommoir» ouvre-il l'ère du natu-
ralisme ? nous ne le croyons pas, car le vrai
public, celui pour qui le spectacle est une
distraction intelligente, lui préférera une
pièce moins extraordinaire mais plus hu-
maine. L.BLOCH.
F0LIE5-IYTRI3WY
Excellente réouverture sous la direction
de M. Savary. On a joué avec grand succès
« le Royaume des Femmes, » luxueusement
monté, une amusante opérette nouvelle
intitulée « Prix de Rome, et le « Crime
dans une valise, n un vaudeville très drôle
de Félix Savard, représenté naguère aux
Folies-Dramatiques.
Les artistes sont pleins de verve citons
notamment M. Budas, qui est désopilant et
très fin toujours, MM. Ancelin, Dorgat, Bou-
vard, Hurtaux, Mlles Coraly, Mario Cap et
la gentille Varenne. Jean DE LORR.
MONTMARTRE BATÎGNOILES
« Marceau et « les Misérables, » deux
pièces irrésistibles Aussi, grand succès
sur toute la ligne t
M. Boéjat nous a paru froid dans le rôle
de Marceau, qui réclame, au contraire, une
chaleur et un entrain des plus soutenus;
M. David a fait une très heureuse rentrée
dans le rôle de Pascal; Mme Abbadie est
très consciencieuse dans celui de Geneviève
Mme Boéjat a fort drôlement joué le rôle de
Galoubet; n'oublions pas non plus M. et
Mme Durand, tous deux très amusants dans
ceux de Beaugency et de Croquette.
MM. Rhodé, Berthelot, Person s'acquit-
tent convenablement des rôles de Kléber,
Fauvel et Robespierre, ainsi que M. For-
tuné, un tout jeune débutant, qui, dans le
court rôle de Bonaparte, a fait preuve d'un3
réelle bonne volonté.
A Batignolles, «les Misérables» ont re-
trouvé leur succès de l'an dernier; lea in-
terprètes sont restés les mêmes et ont reçu
du public le même accueil sympathique, la
petite Daubray en tête, dont on ne cessa
d'applaudir la gentillesse, et voire même le
talent. Arthur VERNEUIL.
CIRQUE D'HIVER
« La Fête sur la glace » continue do faire
courir tout Paris. C'est une des meilleures,
en effet, et des plus brillantes de ces jolies
pantomimes enfantines que la troupe de
M. Franconi a si bien mises à la mode.
Toutes les scènes de la vie élégante, au
moment des grands froids, sont représen-
tées là avec une vérité parfaite. La mise
en scène est vraiment féerique et fait le
plus grand honneur au goût de la direc-
tion. Mais là n'est pas le seul attrait des
soirées que nous offre le Cirque d'Hiver.
Il faut citer tout le programme pour don-
ner une idée juste des attractions qui y
sont actuellement réunies. Qu'il me suffise
de rappeler les noms des Lockhart, de
Mlle Price, etc., pour qu'on soit assuré
que le programme tout entier est à la hau-
teur du joli intermède que je citais plus
haut. Jean de LORR.
CIRQUE FERNANDO
La direction vient de donner la grande
pantomime d'une «Noce à Roulettes. » L'ac-
cueil du public s'est traduit par un succès
de fou rire. S'il est vrai que les ombres re-
viennent parfois sur la terre pour caresser
le souvenir de leurs goûts de prédilection,
celle de Théophile Gautier a dû quitter son
poétique séjour cl; venir s'égayer follement
à l'aspect de cette farce italienne, dont elle
aimait tant les divagations échevelées.
Nous sommes eu pleine noce. On impose
à la mariée un jeune homme qu'elle n'aime
pas. Le notaire est là la dot est sur la
table avec le contrat. On va signer, et cette
union, qui n'est qu'un marché, puisque
l'entente des âmes n'a pas été consultée,
est bien prête à être consommée. Mais l'élu
du cœur de la mariée arrive comme une
tempête. Il renverse la table, le contrat, le
notaire, la belle-mère, le futur, et s'enfuit
emportant les sacs d'écus de la dot et enle-
vant la jeune fille.
Toute cette partie est exécutée avec un
entrain que ne désavouerait pas les Hanlon,
et fait le plus grand honneur à Charles
Ducos, un Don Juan bien jeune, mais bien
audacieux.
On met les gendarmes à la poursuite de
ces heureux d'amour. La belle-mère et le
marié évincé guident leurs pas. Naturelle-
ment, l'autorité est bernée à la grande joie
des spectateurs. Les gendarmes sont mis
dans un tel état qu'ils renoncent à la par-
tie, ce qui est bien pardonnable pour des
agents montés sur da simples patins à rou-
lettes.
La belle-mère et le futur victimé conti-
nuent seuls la poursuite. Mal leur en prend,
car le jeune homrta aimé leur détache un
ours (toujours à roulettes). Ils ont à passer
un quart d'heure difficile.
Je vous recommande une scène do pom-
piers elle est exhilarante.
Au tableau suivant, la belle-mère revient
en calèche à quatre chevaux (de plus en plus
à roulettes)., Don Juan se présente avec un
sabre qu'il doit avoir ravi à la statue du
Commandeur; i! coupe en deux la calèche
et la belle-mère. Chevaux et nouveaux
gendarmes prennent la fuite.
La belle-mère, restée seule dans le ma-
nége voit compléter son infortune par l'en-
trée d'un singe, qui se livre autour d'elle à
toutes les impudences permises aux qua-
drumanes parmi lesquels M.Litfcrô cherche
ses ancêtres.
Tout s'arrange à la fin par un grand qua-
drille, auquel prennent part la mariée et
l'élu de son choix, la belle-mère et le marié
remercié, les invités, les gendarmes, les
pompiers, l'ours, le singe, etc.
Comme on le voit, c'est le comique à ou-
trance. Rien que l'idée de mettre des patins
à roulettes aux gendarmes, aux pompiers,
à l'ours et au singe est tout un poëme et
fait honneur à l'imagination du directeur.
La mise en scène a été fort bien réglée
par M. Louis Fernando, et les costumes
hollandais, dessinés par M. de Seck, sont
d'une exactitude absolue.
La pantomime est très bien rendue par
MM. Charles Ducos, en Don Juan, Fratel-
lini, en belle-mère, Adolphe de Seck, en
marié malheureux. Les gendarmes, Térésa
et Alberto, sont légendaires. Quelle poigno,
mais quelle maladresse t Chiarini fait le
singe d'uno façon que n'aurait pas désa-
vouée MM. Montero ou Fernando père, les
créateurs du rôle.
La mariée, Mlle Rosa Ducos, est d'autant
plus charmante que son costume, lui allant
du reste fort bien, ne lui plaît pas. Cette
impression, reflétée sur sa physionomie,
laisse voir des lueurs de timidité, qui sont
toutes de circonstance. Elle remplit cepen-
dant toutes les parties et suit toutes les
nuances du rôle en grande artiste.
En résumé, la direction tient là un réel
succès. GLADIATEUR II.
ELDORADO
Salle comble tous les soirs pour applaudir
«La-é-ou-u?» l'amusante Revue de 1878.
Beaucoup de gaîté, et du meilleur aloi,
des couplets bien amenés, des mots drôles,
des airs charmants tout cela interprété
par des artistes de talent; tel est le bilan
de cette Revue, montée avec un soin qui
fait honneur à l'intelligente direction de
l'Eldorado.
Depuis quelques jours, l'attrait de la
Revue est renouvelé par l'addition de
deux scènes très bien venues dans l'une,
Mme Roland imite une actrice Men con-
nue, peint, sculpte, déclame, etc., etc., le
tout de la façon la plus drôlatique qu'on
puisse voir; la seconde, « la Poupée na-
geuse, a dans Mlle Dupare une charmante
interprète.
Prochainement, troisièmescène nouvelle
celle-là pour Mlle Amiati.
Le grand succès de la Revue n'empêche
pas la direction de renouveler le répertoire
chantant, dans lequel Mmes Amiati (Mon
Bien-Aimé), Bonnaire (Mon Fernand), Du-
parc (Si ce n'est que ça!), Paazoti, Maria
Pacra, Méglas, Marthe Lys, MM. Ducastel,
Victorin Armand, Hurbain, Thiéron (la
Grande Républque), Velly, etc., se font
applaudir tous les soirs. J. t*.
GRAND CONCERT PARISIEN
Mardi-gras, 100" et dernière représenta-
tion de la Revue «S. G. D. 0., » c'est-à-dire
un des plus grands succès de Café-Concert.
Avant de voir la toile se baisser pour la der-
nière fois sur ce petit tableau qui a servi
de cadre aux actualités de l'année 1878,
qu'on me permette de féliciter les artistes:
Mmes Demay, Lemonnier, Perly, Brigliano,
Marie Bosc, Djaly, Blokette et la petite
Jeanne, qui se sont toutes montrées char-
mantes, gracieuses et prouvant, chose rare
au théâtre de genre, qu'elles savaient chan-
ter le couplet avec esprit et souvent avec
talent. Du côté des hommes, la part était
moins importante, mais, pour cela, nous ne
devons pas moins féliciter MM. Brigliano,
Jably, Teste, Rivoire et Mercier de la façon
avec laquelle ils ont tenu leur rôle. Comme
dans toutes les Revues de fin d'année, il y
a un compère; c'est Mathieu à qui incom-
bait cet emploi il s'en est acquitté avec
beaucoup de gaîté et d'entrain. En un mot,
auteur et artistes méritent des éloges; cela
fait également le plus grand honneur à
M. Bournay, l'intelligent régisseur.
Mercredi 24, programme nouveau. Outre
la première représentation d'un vaudevj)
charmant, on annonce plusieurs chanson-
nettes nouvelles, entre autres «Garçon,
un bock 1 » par Brigliano « Un Gommeux
de Falaise, par Jably; une grande scène
d'imitation, par Chaillier, etc., etc. Nous
causerons de toutes ces nouveautés, lundi
prochain. E. M.
CONCERT DU XIXe SIÈCLE
Plessis est décidément un Protée étour-
dissant les types les plus multiples nais-
sent sous son chapeau comme les roses en
mai. Tout Paris voudra voir ce comédien à
qui Gil-Naza n'a pas marchandé les éloges
pour la façon dont il rend la scène de folie
dans son personnage de Coupeau.
Une simplo question à MM. d'Ennery,
Ferdinand Dugué et autres auteurs drama-
tiques Pourquoi M. Plessis ne joue-t-il pas
BIBLIOGRAPHIE DRAMATIQUE
La mo Je est venue de publier, en volumes,
des pièces non représentées, soit que l'au-
teur ait jugé lui-même que la fantaisie de
la composition ne comportait pas la scène,
soit qu'aucun théâtre ne lui ait paru ac-
tuellement convenir au genre d'ouvrage
qu'il avait conçu. Ils deviennent de plus en
plus nombreux les livres composés ainsi, et,
comme, en somme, ils appartiennent à la
littérature dramatique, je dois les signaler
aux lecteurs de l'Orchestre. Ils font partie
du répertoire de ce Spectacle dans un fau-
teuil, qu'Alfred de Musset avait imaginé,
et ce charmant poëte a donné l'exemple de
ce genre de production. Or, ce qui prouve
son intérêt, c'est que, depuis sa mort, plu-
sieurs de ses petites comédies, qui n'avaient
jamais vu le jour de la rampe, ont été adop-
tées à la scène et lui font le plus grand
honneur.
Parcourons donc les derniers ouvrages
de ce genre qui sont sur ma table. Voici
d'abord le Thédtre de fantaisie, de Gustave
Nadaud, publié, ces jours-ci, par la maison
Tresse. Je n'ai pas à faire l'éloge du chanson-
nier ingénieux dont la verve a défrayé les
échos de la lyre familière pendant vingt ans.
Rimeur agréable, conteur spirituel, Nadaud
est une figure sympathique, entre toutes,
dans l'art contemporain. Pandore sera peut-
être immortel à l'égal des types secondaires
de Béranger, car son successeur n'a jamais
abordé la vraie satire et rien n'est plus
innocent que ses railleries. Le même esprit
aimable et sans malice se retrouve dans les
petites pièces réunies sous le titre que je
rappelais tout à l'heure. Plusieurs se prê-
tent à merveille à ce genre de divertisse-
ment distingué qu'on appelle la comédie de
salon. Les autres sont de vrais bluettes,
toujours charmantes à lire. Somme toute,
un volume qui mérite d'être dans toutes
les mains.
Le Théâtre bizarre, de M. Pallefroi, édité
par M. Ollendorff, devra choisir ses lecteurs,
car la fantaisie en est beaucoup plus libre
que celle du volume précédent. Il se com-
pose de trois pièces seulement. Dans l'une,
on voit la reine de Sycione, Laïs, décou-
vrir sa vocation véritable, en causant avec
Phryné, et se convertir à l'aimable profes-
sion de celle-ci, qu'elle trouve infiniment
préférable à celle d'épouse d'un vieux roi.
Dans l'autre, on voit l'athlète Clitomaque,
dont toute la vigueur résidait dans sa conti-
nence, céder aux charmes de la belle Myr-
rha, être roulé honteusement dans l'arène
par les rivaux qu'il avait cent fois vaincus,
et proclamer que son infamie lui est la plus
agréable du monde. Dans la troisième, Aris-
tote est attelé, comme une simple bourrique,
au char d'une fillette, à la plus grande joie
d'Alexandre, son élève. On voit que la note
est sceptique, voire même un peu leste.
Mais ce que je veux louer sans réserve,
c'est la facture des vers, qui est soignée,
élégante et d'un vrai poëte; c'est la tenue
littéraire excellente do cet élégant petit
volume, fait, j'en conviens, beaucoup plus
pour les joies paisibles de la bibliothèque
que pour le triomphe bruyant de la scène.
J'en dirai autant de Lady Tempest, grande
fantaisie dramatique en vers, de M. Émile
Montégut, qui vient de paraître à la Biblio-
thèque Charpentier. C'est une pièce très
sombre, semée d'incidents terribles, ayant
une prétention shakespearienne évidente,
qu'elle réalise par moments, mais qui, en
somme, procède surtout d'Alfred de Musset.
Après une série de crimes sans nom, l'hé-
roïne se précipite, en blasphémant, dans un
gouffre. Il y a de très sérieuses beautés dans
ce livre, au point de vuo du style, surtout,
qui est élevé, châtié, sonore et nous montre,
dans son auteur, un homme qui écrira ex-
cellemment, pour le théâtre, quand il le
voudra.
Je veux citer aussi, dans le beau livre de
Mme Judith Gautier, paru à la même Bi-
bliothèque et ayant pour titre les Peuples
étrangers, une très curieuse étude sur le
théâtre chinois. Héritière du génie pater-
nel, la fille du grand poëte décrit avec un
charme infini ces troupes errantes qu'une
jonquo riante transporte sur les fleuves
et qu'accueille la joie des riverains. Les
échantillons qu'elle nous donna de l'art
dramatique du Céleste Empire sont les plus
curieux du monde. Ce n'e.-t i as par la com-
position qu'ils brillent, et ils ne réalisent t
guère le type de ce qu'on est convenu d'ap-
peler une pièce biîin faite. Mais on y trouve
beaucoup d'observation dans les caractères,
et la figure de l'avare chinois, d'après le
morceau qu'elle cite, n'a rien à envier au
portrait de notre Harpagon. C'est par sa
saveur descriptive que brille ce livre, un
vrai modèle de beau langage et qui n'éton-
nera pas les lecteurs du Livre de Jade, du
Dragon impérial et de l'Usurpateur, ces
volumes exquis par lesquels cet écrivain
charmant et érud.t à la fois a affirmé déjà
son goût pour l'extrême Orient.
Je ne passerai pas sous silence le Théâtre
de Levage, que l'éditeur artiste Lemerre
vient de faire paraître dans sa Petite Biblio-
thèque littéraire, – un bijou typographique
entre tant de bijoux. –Une excellente Notice
de notre collabarateur Frédéric Dillaye orne
l'ouvrage; elle abonde en curieux détails
sur l'auteur de Turcaret et se recommande
par l'élégance de la forme. De plus, elle est
concise, rare qualité dans ce genre de pro-
d uctions. Cette édition du Théâtre de Lesage
peut donc être considérée comme la plus
parfaite qui ait encore paru et celle que
les lettrés doivent rechercher surtout.
Ludovic HANS.
FRANGAIS
Un acto charmant de MM. Meilhac et
Ludovic Halévy a été fort applaudi. Nous
reviendrons sur «le Petit Hôtel » mais,
dès aujourd'hui, nous voulons en constater
le double succès de pièce et d'interpréta-
tion. L. H.
GAITÉ
LES AMANTS DE VÉRONE, drame lyrique en
5 a>:(es et 6 tableaux, paroles et musique da
M. le marquis d'Ivry. Reprise.
Le Théâtre Lyrique n'a pas dit son der-
nier chant, n'a pas lancé sa dernière note;
il y a encore de beaux soirs pour lui, main-
tenant surtout que le voici revenu au square
des Arts-et-Métiers, où il va pouvoir de-
venir en quelque sorte cet opéra populaire,
rêvé avec tant d'enthousiasme et de jus-
tesse par M. Léonca Détroyat.
Tout le monde ne va pas au théâtre Ita-
lien, mais tout le monde peut aller à la Gai té;
aussi «les Amants de Vérone» vont-ils,
nous n'en doutons pas, trouver là toute la
consécration de leur succès de Ventadour.
Capoul a suivi héroïquement dans ces pa-
rages la belle partition de M. le marquis
d'Ivry, à laquelle il a voué toutes ses in-
fluences et aussi tout son talent; c'est lui
qui l'a lancée, qui l'a fait connaître, qui l'a
fait applaudir, et le chaleureux accueil
qu'ella a reçu a bien récompensé de sa per-
sistance et de ses efforts notre vaillant ar-
tiste.
La reprise Je l'oeuvre en question a été
excellente; elle n'a rien perdu dans le dé-
ménagement au contraire, elle a peut-être
gagné à être transplantée dans un cadre
un peu plus restreint. Le quatrième acte a
produit son effet ordinaire,-ou plutôt ex-
traordinaire, et le fameux duel est tou-
jours étonnant.
Capoul apporte dans le rôle de Roméo
tout le charme de sa voix sympathique,
tous las élans de sa passion, toute sa ten-
dresse. Qui n'a pas vu Roméo interprété
par lui ne connait pas Roméo. Mlle Émilie
Ambre est une Juliette hors ligne, chan-
tant bien, et pleine de maestria on l'a ac-
clamée, avec Capoul, dans la scène finale
du Tombeau.
MM. Dufriche, Mouret, Froment, Chris-
toph et Mlle Lhéritier, très remarquable
dans le rôle de la nourrice, complètent
l'interprétation de façon àce qu'elle ne laisse
rien à désirer.
Voilà une tentative éminemment artis-
tique et qui, nous l'espérons bien, sera
fructueuse. L.-Félix SAVARD.
RENAISSANCE
HÉLOISE ET ABÉLARD, opéra-comique en trois
actes; paroles dii Clairville et M. Busnack;
musique de M. Heuri Lilolff. Reprise.
La représentation du 20 étant la reprise
d'une pièce qui obtint un grand succès vers
la fin de l'année 1872, nous sommes heu-
reux de n'avoir pas à en analyser le sujet
scabreux et nous pouvons glisser, sans re-
mords, sur les crudités de l'intrigue pour
constater l'énorme succès de cette reprise.
Elle a été fort brillante et a, de nouveau,
mis en relief la jolie partition de Litolff, qui
n'a jamais paru plus fraîche, plus mélodi-
que, plus amoureuse.
Citons, parmi les morceaux entendus
avec plus de plaisir au premibi1 acte, les
couplets d'Héloïse et le choeur des Trouba-
dours au second, la chanson à boire ;'e
Fulbert et le quatuorque précède le fameux
duo latin, et au troisième, les deux couplets
d'Abélard et la délicieuse valse « Viens,
mon rêve I » Tout cela a charmé, enlevé le
public, qui paraissait goûter tous ces mor-
ceaux comme s'il ne les avait jamais en-
tendus.
L'interprétation n'a pas peu contribué au
succès de cette représentation, à laquelle
deux importants débuts donnaient un at-
trait de plus, ceux de Mlles Jane Hading et
Alix Reine.
La première nous est connue nous l'a-
vons vue dans la dernière reprise de «la
Petite Mariée, » où elle joua quelque temps
le rôle de Granier; elle y parut charmante,
mais un peu maniérée; aujourd'hui, elle a
fait de grands progrès, la voix a pris de
l'ampleur et, si l'effet parait encore cherché,
on sent que le naturel va se faire jour et
que l'opérette va compter une étoile de plus;
elle a détaillé avec beaucoup de goût ses
couplets de la Barbière et chanté la valse
ravissante du troisième acte avec un feu
qui lui a valu une véritable ovation-|
Mlle Alix Reine a vu aussi le succès
lui sourire. Bonne voix, joli physique,
Mlle Reine a joué avec un aplomb et un
brio irrésistibles le rôle de Bortrade peut-
être souligne-t-elle un peu trop, mais c'est
la un excès de zèle qu'on ne saurait blâmer
pour un premier début.
Vauthier avait à vaincre une réelle diffi-
culté remplacer l'excellent Milher dans le
rôle de Fulbert, il s'est acquitté de sa tâche
avec esprit et talent, et le rôle du chanoine
sera uue de ses meilleures compositions
il a droit à tous nos compliments. A la jolie
voix que nous lui connaissions, M. Urbain
a joint, dans le rôle d'Abélard, un talent
d'acteur que nous ne lui connaissions pa,s
et qui l'a fait chaleureusement applau-
dir à différentes reprises; on lui a rede-
mandé, avec raison, ses couplets du troi-
sième acte; M. Lary, qui a composé un
Éginhard des plus plaisants, M. Pacra,
Mmes Piccolo et Dianie, et tout le bataillon
féminin dont dispose M. Koning et qui a
donné tout entier, complètent et justifient
le succès de cette brillante reprise.
Arthur VERNEUIL.
BOUFFES PARISIENS
Joli succès pour «la Marquise des Rues,» »
dont le livret est amusant, dont la partition
est alerte et pimpante comme les meilleures
de Hervé.
Nous y reviendrons. a. P.
NOUVEAUTÉS
Bonne reprise de « Coco. » Il est si amu-
sant ce vaudeville où se reconnaît la bonne
humeur du regretté Clairville, et M. Au-
guste Cœdès l'a émaillé d'une musique si
pimpante 1 M. Brasseur a bien fait de rendre
au public un ouvrage dont le succès était
loin d'être épuisé, qui avait inauguré si
heureusement sa jolie salle et qui préparera
un accueil favorable à « Fatiniza, » l'œuvre
de Soupé, qui a eu un si grand succès en
Belgique, et que MM. Delacour et Waldec
sont en train d'adapter à notre scène. L'ou-
vrage est vivement poussé, et nous ne pou-
vons qu'inviter le public à profiter de cette
réapparition rapide de « Coco» sur le théâtre
de ses premiers succès. L. H.
AM31GU-COMIQUE
Le succès de « l'Assommoir est décidé-
ment très grand jamais les recettes de
l'Ambigu n'avaient atteint les chiffres ma-
jestueux que le drame de MM. Busnach et
Gastineau réalise en ce moment.
La pièce naturaliste tirée du roman de
M. Zola est un hors-d'œuvre qui allèche la
curiosité parisienne; on ne s'aborde plus
qu'avec la phrase sempiternelle c Avez-
vous vu i'Assommoh" ? qu'en pensez-vous?n
et chacun de courir à l'ambigu louer des
places pour pouvoir en connaissance de cause
ajouter aux commentaires déjà si nombreux
soulevés par ce drame.
Nous avons, dans un précédent article,
critiqué « l'Assommoir » comme pièce, et,
tout en regrettant la brutalité des types
mis en scène, nous nous sommes incliné
devant sa remarquable interprétation et
surtout devant l'intérêt de ses dix tableaux
rendus avec une originalité et une fidélité
qui font le plus grand honneur à M. Cha-
brillat.
Les différences entre le roman et le drame
sont considérables; il a fallu réduire pour
le cadre exigu de la scène l'œuvre si puis-
samment conçue de M. Zola, et les auteurs
ont habilement vaincu cette difficulté.
Maintenant, en approfondissant la ques-
tion, on est heureux de reconnaître que ce
monde d'ivrognes et de misérab'.es forme,
dans la classe travailleuse, l'exception les
chutes de caractères sont nombreuses,
mais si le monde des ouvriers ressemblait
à ce que nous montre «l'Assommoir,» rien
ne se finirait, et Paris serait bientôt un
désert.
Mais le vrai succès de ce drame, succès
matétiel, est l'exposé des tableaux de la vie
ordinaire.
Le lavoir avec ses vrais baquets, son
vrai linge (nous n'avons pu nous rensei-
gner si le naturalisme avait poussé jusqu'à
le faire porter), son vrai savon, sont parfaits.
Le chantier d'une maison en construction
est très exact, les ouvriers se font passer
les briques du bas au haut des échelles.
Le comptoir de l'Assommoir, où l'on débite
l'eau-de-vie, est saisissant, et jusqu'à Mes-
Bottes qui mange du pain et du fromage,
tout est d'une rare exactitude.
Le scène du delirium tremens soulève
bien quelque dégoût, mais la curiosité l'em-
porte, et le public blasé y trouve matière
à satisfaire sa soif d'émotions. Mlle Hélène
Petit, MM. Gil-Naza, Dailly, Mmes Lina
Munte et Schmidt y sont tous les soirs très
applaudis.
«L'Assommoir» ouvre-il l'ère du natu-
ralisme ? nous ne le croyons pas, car le vrai
public, celui pour qui le spectacle est une
distraction intelligente, lui préférera une
pièce moins extraordinaire mais plus hu-
maine. L.BLOCH.
F0LIE5-IYTRI3WY
Excellente réouverture sous la direction
de M. Savary. On a joué avec grand succès
« le Royaume des Femmes, » luxueusement
monté, une amusante opérette nouvelle
intitulée « Prix de Rome, et le « Crime
dans une valise, n un vaudeville très drôle
de Félix Savard, représenté naguère aux
Folies-Dramatiques.
Les artistes sont pleins de verve citons
notamment M. Budas, qui est désopilant et
très fin toujours, MM. Ancelin, Dorgat, Bou-
vard, Hurtaux, Mlles Coraly, Mario Cap et
la gentille Varenne. Jean DE LORR.
MONTMARTRE BATÎGNOILES
« Marceau et « les Misérables, » deux
pièces irrésistibles Aussi, grand succès
sur toute la ligne t
M. Boéjat nous a paru froid dans le rôle
de Marceau, qui réclame, au contraire, une
chaleur et un entrain des plus soutenus;
M. David a fait une très heureuse rentrée
dans le rôle de Pascal; Mme Abbadie est
très consciencieuse dans celui de Geneviève
Mme Boéjat a fort drôlement joué le rôle de
Galoubet; n'oublions pas non plus M. et
Mme Durand, tous deux très amusants dans
ceux de Beaugency et de Croquette.
MM. Rhodé, Berthelot, Person s'acquit-
tent convenablement des rôles de Kléber,
Fauvel et Robespierre, ainsi que M. For-
tuné, un tout jeune débutant, qui, dans le
court rôle de Bonaparte, a fait preuve d'un3
réelle bonne volonté.
A Batignolles, «les Misérables» ont re-
trouvé leur succès de l'an dernier; lea in-
terprètes sont restés les mêmes et ont reçu
du public le même accueil sympathique, la
petite Daubray en tête, dont on ne cessa
d'applaudir la gentillesse, et voire même le
talent. Arthur VERNEUIL.
CIRQUE D'HIVER
« La Fête sur la glace » continue do faire
courir tout Paris. C'est une des meilleures,
en effet, et des plus brillantes de ces jolies
pantomimes enfantines que la troupe de
M. Franconi a si bien mises à la mode.
Toutes les scènes de la vie élégante, au
moment des grands froids, sont représen-
tées là avec une vérité parfaite. La mise
en scène est vraiment féerique et fait le
plus grand honneur au goût de la direc-
tion. Mais là n'est pas le seul attrait des
soirées que nous offre le Cirque d'Hiver.
Il faut citer tout le programme pour don-
ner une idée juste des attractions qui y
sont actuellement réunies. Qu'il me suffise
de rappeler les noms des Lockhart, de
Mlle Price, etc., pour qu'on soit assuré
que le programme tout entier est à la hau-
teur du joli intermède que je citais plus
haut. Jean de LORR.
CIRQUE FERNANDO
La direction vient de donner la grande
pantomime d'une «Noce à Roulettes. » L'ac-
cueil du public s'est traduit par un succès
de fou rire. S'il est vrai que les ombres re-
viennent parfois sur la terre pour caresser
le souvenir de leurs goûts de prédilection,
celle de Théophile Gautier a dû quitter son
poétique séjour cl; venir s'égayer follement
à l'aspect de cette farce italienne, dont elle
aimait tant les divagations échevelées.
Nous sommes eu pleine noce. On impose
à la mariée un jeune homme qu'elle n'aime
pas. Le notaire est là la dot est sur la
table avec le contrat. On va signer, et cette
union, qui n'est qu'un marché, puisque
l'entente des âmes n'a pas été consultée,
est bien prête à être consommée. Mais l'élu
du cœur de la mariée arrive comme une
tempête. Il renverse la table, le contrat, le
notaire, la belle-mère, le futur, et s'enfuit
emportant les sacs d'écus de la dot et enle-
vant la jeune fille.
Toute cette partie est exécutée avec un
entrain que ne désavouerait pas les Hanlon,
et fait le plus grand honneur à Charles
Ducos, un Don Juan bien jeune, mais bien
audacieux.
On met les gendarmes à la poursuite de
ces heureux d'amour. La belle-mère et le
marié évincé guident leurs pas. Naturelle-
ment, l'autorité est bernée à la grande joie
des spectateurs. Les gendarmes sont mis
dans un tel état qu'ils renoncent à la par-
tie, ce qui est bien pardonnable pour des
agents montés sur da simples patins à rou-
lettes.
La belle-mère et le futur victimé conti-
nuent seuls la poursuite. Mal leur en prend,
car le jeune homrta aimé leur détache un
ours (toujours à roulettes). Ils ont à passer
un quart d'heure difficile.
Je vous recommande une scène do pom-
piers elle est exhilarante.
Au tableau suivant, la belle-mère revient
en calèche à quatre chevaux (de plus en plus
à roulettes)., Don Juan se présente avec un
sabre qu'il doit avoir ravi à la statue du
Commandeur; i! coupe en deux la calèche
et la belle-mère. Chevaux et nouveaux
gendarmes prennent la fuite.
La belle-mère, restée seule dans le ma-
nége voit compléter son infortune par l'en-
trée d'un singe, qui se livre autour d'elle à
toutes les impudences permises aux qua-
drumanes parmi lesquels M.Litfcrô cherche
ses ancêtres.
Tout s'arrange à la fin par un grand qua-
drille, auquel prennent part la mariée et
l'élu de son choix, la belle-mère et le marié
remercié, les invités, les gendarmes, les
pompiers, l'ours, le singe, etc.
Comme on le voit, c'est le comique à ou-
trance. Rien que l'idée de mettre des patins
à roulettes aux gendarmes, aux pompiers,
à l'ours et au singe est tout un poëme et
fait honneur à l'imagination du directeur.
La mise en scène a été fort bien réglée
par M. Louis Fernando, et les costumes
hollandais, dessinés par M. de Seck, sont
d'une exactitude absolue.
La pantomime est très bien rendue par
MM. Charles Ducos, en Don Juan, Fratel-
lini, en belle-mère, Adolphe de Seck, en
marié malheureux. Les gendarmes, Térésa
et Alberto, sont légendaires. Quelle poigno,
mais quelle maladresse t Chiarini fait le
singe d'uno façon que n'aurait pas désa-
vouée MM. Montero ou Fernando père, les
créateurs du rôle.
La mariée, Mlle Rosa Ducos, est d'autant
plus charmante que son costume, lui allant
du reste fort bien, ne lui plaît pas. Cette
impression, reflétée sur sa physionomie,
laisse voir des lueurs de timidité, qui sont
toutes de circonstance. Elle remplit cepen-
dant toutes les parties et suit toutes les
nuances du rôle en grande artiste.
En résumé, la direction tient là un réel
succès. GLADIATEUR II.
ELDORADO
Salle comble tous les soirs pour applaudir
«La-é-ou-u?» l'amusante Revue de 1878.
Beaucoup de gaîté, et du meilleur aloi,
des couplets bien amenés, des mots drôles,
des airs charmants tout cela interprété
par des artistes de talent; tel est le bilan
de cette Revue, montée avec un soin qui
fait honneur à l'intelligente direction de
l'Eldorado.
Depuis quelques jours, l'attrait de la
Revue est renouvelé par l'addition de
deux scènes très bien venues dans l'une,
Mme Roland imite une actrice Men con-
nue, peint, sculpte, déclame, etc., etc., le
tout de la façon la plus drôlatique qu'on
puisse voir; la seconde, « la Poupée na-
geuse, a dans Mlle Dupare une charmante
interprète.
Prochainement, troisièmescène nouvelle
celle-là pour Mlle Amiati.
Le grand succès de la Revue n'empêche
pas la direction de renouveler le répertoire
chantant, dans lequel Mmes Amiati (Mon
Bien-Aimé), Bonnaire (Mon Fernand), Du-
parc (Si ce n'est que ça!), Paazoti, Maria
Pacra, Méglas, Marthe Lys, MM. Ducastel,
Victorin Armand, Hurbain, Thiéron (la
Grande Républque), Velly, etc., se font
applaudir tous les soirs. J. t*.
GRAND CONCERT PARISIEN
Mardi-gras, 100" et dernière représenta-
tion de la Revue «S. G. D. 0., » c'est-à-dire
un des plus grands succès de Café-Concert.
Avant de voir la toile se baisser pour la der-
nière fois sur ce petit tableau qui a servi
de cadre aux actualités de l'année 1878,
qu'on me permette de féliciter les artistes:
Mmes Demay, Lemonnier, Perly, Brigliano,
Marie Bosc, Djaly, Blokette et la petite
Jeanne, qui se sont toutes montrées char-
mantes, gracieuses et prouvant, chose rare
au théâtre de genre, qu'elles savaient chan-
ter le couplet avec esprit et souvent avec
talent. Du côté des hommes, la part était
moins importante, mais, pour cela, nous ne
devons pas moins féliciter MM. Brigliano,
Jably, Teste, Rivoire et Mercier de la façon
avec laquelle ils ont tenu leur rôle. Comme
dans toutes les Revues de fin d'année, il y
a un compère; c'est Mathieu à qui incom-
bait cet emploi il s'en est acquitté avec
beaucoup de gaîté et d'entrain. En un mot,
auteur et artistes méritent des éloges; cela
fait également le plus grand honneur à
M. Bournay, l'intelligent régisseur.
Mercredi 24, programme nouveau. Outre
la première représentation d'un vaudevj)
charmant, on annonce plusieurs chanson-
nettes nouvelles, entre autres «Garçon,
un bock 1 » par Brigliano « Un Gommeux
de Falaise, par Jably; une grande scène
d'imitation, par Chaillier, etc., etc. Nous
causerons de toutes ces nouveautés, lundi
prochain. E. M.
CONCERT DU XIXe SIÈCLE
Plessis est décidément un Protée étour-
dissant les types les plus multiples nais-
sent sous son chapeau comme les roses en
mai. Tout Paris voudra voir ce comédien à
qui Gil-Naza n'a pas marchandé les éloges
pour la façon dont il rend la scène de folie
dans son personnage de Coupeau.
Une simplo question à MM. d'Ennery,
Ferdinand Dugué et autres auteurs drama-
tiques Pourquoi M. Plessis ne joue-t-il pas
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