Presse et revues
384 pages
ÉTUDE SUR MAHOMET.
53
maître est obligé d'affranchir son esclave après l'échéance du terme, qui
varie de dix-huit a vingt-quatre ans. Les cruautés du vice-roi d'Egypte et
autres potentats musulmans, exercées contre leurs esclaves, sont autant
d'abus contraires à la lettre du Koran.
Passons à l'article de la polygamie. Malgré la meilleure volonté d'être
impartial envers Mahomet, on ne peut alléger sa faute là-dessus, autre-
ment qu'en présentant des circonstances atténuantes. L'histoire de sa vie
privée, d'ailleurs si exemplaire et sobre, offre plusieurs exemples d'une
licence inexcusable, comme l'a fait observer M. Fortin d'Ivry. Nous ne sau-
rions non plus adhérer aux réponses que Mahomet jugea à propos de faire
aux Juifs qui lui reprochaient la polygamie, en leur disant qu'il ne
faisait que suivre l'exemple donné par d'autres prophètes, ses prédéces-
seurs, Abraham, Jacob, David et Salomon, qui eurent plusieurs fem-
mes. Savary, dans une note annexée à la surate me de sa traduction,
cite le témoignage d'un des commentateurs les plus en vogue, qui prouve
que du temps de Mahomet, les Arabes avaient huit et dix femmes, et que
celui-ci a resserré la polygamie dans des bornes plus étroites. « Craignez
«d'étre injustes envers vos femmes, dit-il; n'en épousez que deux, trois ou
«quatre. Si vous ne pouvez les maintenir avec équité, n'en épousez qu'une,
«ou bornez-vous à vos esclaves. )) H fit plus que cela; il tâcha de tout le poids
de son autorité d'annoblir et de relever la femme de l'abjecte condition où
elle était plongée depuis l'antiquité la plus reculée en Orient. Non-seulement
il n'a pas interdit au beau sexe l'entrée du paradis, car dans les drames re-
ligieux de Perse, nous voyons les femmes en descendre sur la terre pour
pleurer la mort de leurs enfants martyrisés; non-seulement il leur assure
leur quote-part en cas d'héritage, de divorce et de dot, mais il s'indigne
contre l'absurdité, contre les préjugés contraires à la dignité de la femme et
en vigueur chez ses compatriotes arabes. < Si quelqu'un d'entre eux, dit-il
« (Koran, ch. xvi), apprend la naissance d'une fille, la tristesse élève un
« nuage sur son front. Accablé de cette nouvelle, il se cache du peuple, in-
« certain s'il n'outragera pas le messager, ou s'il ne s'ensevelira pas dans
« la poussière. Leurs jugements ne sont-ils pas sacriléges? a (1).
Cet exemple de la mauvaise honte du père à qui on apporte la nouvelle
de la naissance d'un enfant femetle, prouve mieux que tout ce que nous
pourrions dire la dégradation de la femme du temps de Mahomet. La
femme, telle que nous la respectons aujourd'hui, grâce à l'Évangile et aux
(t) Et aitteurs Laissez aux femmes que vous devez répudier un asile dans vos
'maisons ne leur faites aucune violence pour les loger à l'étroit. Accordez à celles
qui sont enceintes tous tes soins convenables pendant le temps de leur grossesse. Si
*ette< allaitent vos enfants, donnez-leur une récompense rëgtée entre vous avec
'équité; s'il M trouve des obstacles, ayez recours à une nourrice.' ( Coran cb. Mv.)
L'explication du verset 223, chap. 2, que M. Fortin d'Ivry donne en latin (page 221)
sur la foi de je ne sais quel commentateur, scandaliserait tout bon musulman, à com-
menter par Mahomet lui-même.
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maître est obligé d'affranchir son esclave après l'échéance du terme, qui
varie de dix-huit a vingt-quatre ans. Les cruautés du vice-roi d'Egypte et
autres potentats musulmans, exercées contre leurs esclaves, sont autant
d'abus contraires à la lettre du Koran.
Passons à l'article de la polygamie. Malgré la meilleure volonté d'être
impartial envers Mahomet, on ne peut alléger sa faute là-dessus, autre-
ment qu'en présentant des circonstances atténuantes. L'histoire de sa vie
privée, d'ailleurs si exemplaire et sobre, offre plusieurs exemples d'une
licence inexcusable, comme l'a fait observer M. Fortin d'Ivry. Nous ne sau-
rions non plus adhérer aux réponses que Mahomet jugea à propos de faire
aux Juifs qui lui reprochaient la polygamie, en leur disant qu'il ne
faisait que suivre l'exemple donné par d'autres prophètes, ses prédéces-
seurs, Abraham, Jacob, David et Salomon, qui eurent plusieurs fem-
mes. Savary, dans une note annexée à la surate me de sa traduction,
cite le témoignage d'un des commentateurs les plus en vogue, qui prouve
que du temps de Mahomet, les Arabes avaient huit et dix femmes, et que
celui-ci a resserré la polygamie dans des bornes plus étroites. « Craignez
«d'étre injustes envers vos femmes, dit-il; n'en épousez que deux, trois ou
«quatre. Si vous ne pouvez les maintenir avec équité, n'en épousez qu'une,
«ou bornez-vous à vos esclaves. )) H fit plus que cela; il tâcha de tout le poids
de son autorité d'annoblir et de relever la femme de l'abjecte condition où
elle était plongée depuis l'antiquité la plus reculée en Orient. Non-seulement
il n'a pas interdit au beau sexe l'entrée du paradis, car dans les drames re-
ligieux de Perse, nous voyons les femmes en descendre sur la terre pour
pleurer la mort de leurs enfants martyrisés; non-seulement il leur assure
leur quote-part en cas d'héritage, de divorce et de dot, mais il s'indigne
contre l'absurdité, contre les préjugés contraires à la dignité de la femme et
en vigueur chez ses compatriotes arabes. < Si quelqu'un d'entre eux, dit-il
« (Koran, ch. xvi), apprend la naissance d'une fille, la tristesse élève un
« nuage sur son front. Accablé de cette nouvelle, il se cache du peuple, in-
« certain s'il n'outragera pas le messager, ou s'il ne s'ensevelira pas dans
« la poussière. Leurs jugements ne sont-ils pas sacriléges? a (1).
Cet exemple de la mauvaise honte du père à qui on apporte la nouvelle
de la naissance d'un enfant femetle, prouve mieux que tout ce que nous
pourrions dire la dégradation de la femme du temps de Mahomet. La
femme, telle que nous la respectons aujourd'hui, grâce à l'Évangile et aux
(t) Et aitteurs Laissez aux femmes que vous devez répudier un asile dans vos
'maisons ne leur faites aucune violence pour les loger à l'étroit. Accordez à celles
qui sont enceintes tous tes soins convenables pendant le temps de leur grossesse. Si
*ette< allaitent vos enfants, donnez-leur une récompense rëgtée entre vous avec
'équité; s'il M trouve des obstacles, ayez recours à une nourrice.' ( Coran cb. Mv.)
L'explication du verset 223, chap. 2, que M. Fortin d'Ivry donne en latin (page 221)
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