L'Assiette au beurre

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16 pages

Titre : L'Assiette au beurre

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1901-08-22

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327033728

Type : texte texte

Type : publication en série imprimée publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 22 août 1901 22 août 1901

Description : 1901/08/22. 1901/08/22.

Droits : Consultable en ligne

Identifiant : ark:/12148/bpt6k1047886q

Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES G-Z-337

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 01/08/2013

Rédacteur en che^des « TARTINES DE L’ASSIETTE AU BEURRE « : Camille de SAINTE-CROIX.

+ PROPOS DE SAUVAGES H Cette substance d’Irlande devait nourrir jadis 12.000.000

— Sire ! Je m’aperçois que votre Majesté Impériale
est douée, comme l’avait prévu la feue Queen, d’un admira
ble appétit.
De cette verte Erin, de ces Indes somptueuses, la
Grande Victoria, rogneuse implacable, n’a laissé que des os
de famine. De tout ce qu’elle a pressuré, ici et là, il reste
de précieuses conserves que nous tenons à votre dispo
sition.
— All right, Chamberlain !
— Glorieux Edouard, voyez ! Ce bon poulet du Cap
attend avec impatience d’être assez bien rôti pour vous être
servi. A quelle sauce le mangerez-vous?Connaissez-vous la
sauce Irlande ? Non? Vous ne lisez donc pas vos classiques,
glorieux Edouard ? La sauce Irlande fut obtenue par une
savante combinaison des lois agraires et de l’impôt. Là où
lon ne savait vaincre, 011 ruinait ; et l’on pouvait ensuite
fouiller à l’aise, prendre, proscrire ou tuer de faim.

d’Irlandais. C’est le suc puissant d’un pays très beau, très
doux et très fertile, race vigoureuse et vivace, où la
moyenne des enfants était de cinq par famille. Par l'exil, la
disette et les exécutions, sous le règne de votre chère ma
man, on put réduire cette population excessive aux trois
quarts. Il n’y a plus aujourd’hui que 3.500.000 nationaux de
cette île, vivant sur leur sol. En 1827, dix millions d’Irlan
dais payaient 6.000.000 liv. st. d’impôt. Les trois ou quatre
millions qui subsistent, paient aujourd’hui 12.000.000 liv. st.
Quand il n’en restera plus du tout, on n’aura plus besoin
d’impôt. Nos landlords n’auront qu’à pomper à même la
bonne substance d’Erin pour nous en rendre la bonne
sauce.
— All right, Chamberlain !
— Grand Empereur, il y a aussi la bonne sauce des
Indes. Celle-ci est plus dense encore et plus nourrissante
parce que, à proportion, il reste encore moins d’indigènes
indiens, pour plus de substance indienne que d’Irlandais

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