Titre : L'Echo de France
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-07-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759978g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 juillet 1919 30 juillet 1919
Description : 1919/07/30 (N12765). 1919/07/30 (N12765).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k10369941
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-15395
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/12/2015
36® ANNEE. — N° 12.765.
lO Centimes
10 Centimes
MERCREDI 30 JUILLET 1919. ^
HENRY SIMOND
91KBCTEUR-RÉDACTEUR EH CHER
PAUL SIMOND
• IBECTEUR* ADMINISTRATEUR
idresse télégraphique : ÉCHORIS-PARIS
NOUVELLES DU MONDE,ENTIER
Rédaction et Administration : 6, PLACE DE L’OPÉRA (9*)
Adresse télégraphique i ECHORIS-PARIS
TELEPHONE : Rédacteur en cheî. 101-52. — Administrateur, 102-45. — Rédaction. 102-79. — Entre minuit et 5 heures du matin. 101-56
VALENTIN SIMOND
FONDATEUR
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Scfnc et Seine-et-Oise.. 3 mois 8 fr. 6 mois 15.50 i an 30tt
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POUR LA PUBLICITÉ, s'adresser Société «Écho de Paris-Fuàlicité». 20. rue Le PeiatUr
PROPOS & PROMENADES
Il était assis à la tarasse comble d’un
cale des boulevards. La chaise qu’il oc
cupait, dépassait à demi Remplacement
du trottoir, protégé par le store du café.
La pluie tombait, et l’eau du ciel gout
tait sur l’épaule de mon ami, qui 11e s’en
souciait point. Il souHait ; tout lui pa
raissait également agréable : le porto,
l’asfflubnce et la douche. Non sans peine,
je parvins jusqu'à lui ; et, comme je
rengageais à ne point se laisser tremper,
il me dit : « Ah ! qu’importe, mon cher !
les pluies d’été, à Paris, ne mouillent pas.
Après quatre années de Ijoues et d’ora
ges, cette vaporisation d’eau est unedéli
cate attention de la saison. Songez-y : la
paix est signée, la victoire est célébrée,
les beaux pavoisements disparaissent. Je
vous jure que je me réveille la nuit,
pour y rêver : les temps sont revenus,
Paris va être rendu aux Parisiens ! »
•Opprimé entre mon voisin de gauche,
revêtu de l’unifo|me moutarde des
Belges, et mon voisin de droite, venu
d’Argentine et qui parlait comme la
•tourterelle roucoule, je regardai au
tour de moi. Le masque du doute se posa
sur mon visage. Le Parisien confiant
s'efforça de le dénouer :
« J’anticipe ua peu, poul-jf-fre, mais
mon vieil instinct ne me trompe pas.
Je vous jure quë la chère ville se « dé
congestionne ». Je suis ici depuis un
quart d'heure. Eh bien !‘je n’ai vu passer
que six Américains, un petit Italien qui
portait la cape courte du ténor des, Hu
guenots, et pas un Anglais. Quel bon
heur de penser que, comme nos soldats,
les soldats de nos alliés vont tous, en
fin, retrouver leur famille, leur foyer,
leur cité! Dans trois mois, pour voir un
Tommy, il faudra aller à Londres ; et
• les dames de l’Y. M. G. A. joueront bien
tôt toutes au golf sur les terrains des
trente-huit Etats, sans porter d’initiales
sur l’épaule gauche. Par ma joie,J’ima
gine la leur. Je suis, bien certain que,
sur le^ front, vous avez connu comme'
mqj ces heures de nostalgie douce-
amère, pendant lesquelles l’idée de Pa
ris vous dominait, vous submergeait
presque. Nous eûmes longtemps, à la
popote, un cuisinier qui avait été co
cher de- fiacre. Parfois, j’allais le trou
ver, dans sa cagna encombrée ; et, tan
dis qu’il mélangeait lè riz au singe pour
en faire des gâteaux succulents, je cul
tivais mon spleen en lui posant des
colles : « Pasquier, lui demandais-je,
peux-tu m’énuméror dans l’ordre les
noms des rues qui débouchent rue de
Ilivoli, entre la place de la Concorde et
l’Hôtel de Ville ? » 11 oubliait la rue de
■Mondovi, et moi la rue Jean-«Tison.
Mais il savait que la devanture du res
taurant qui est au coin de la rue des
Saints-Pères et du quai, est, pat* l'auto
bus, défoncée huit fois dans les bonnes
années ët cinq fois dans les mauvaises.
Il me parlait de Fodeuredu pavé de bois
quand il .est neuf, et des jours où l’as
phalte est si prodigalement arrosée que
les chevaux avancent sur la chaussée
comme les acrobates sur la corde tendue.
Moi, je songeais à la couleur que prend
l’Obélisque à l’heure du couchant ; cette
pierre est si sensible à la lumière qu’on
peut dire d’elle qu’elle est « mimeuse »,
comme les botanistes le disent de cer
taines plantes;... Aujourd’hui, je 11e songe
plus. Je suis là. Et je découvre, sous tant
d’alluvions guerrières, une ville presque
harmonieuse, une ville presque par
faite: la seule ville ‘que je sache où le
peuple des souvenirs fait bon ménage
avec le peuple des projets... »
■JT
★ ★
La pluie avait ces$é. La manche du
veston de mon ami séchait doucement
aux rayons d’un soleil tendre et léger
comme le cœur de la rose-thé. Nous nous
levâmes. 11 reprit : « Savez-vous qu’il y
a eu toute l’année, à Paris, un endroit
où l’on ne rencontrait pas un étranger ;
un endroit où l’on pouvait se croire
transporté œn l’an 1912 ou 1913 ? 11
s’agit d’un petit cirque de la colline
Montmartre. Je le fréquentais assidû
ment. Ah! quel bon public de chez nous,
populaire, artiste et bourgeois tout en
semble ! Les clowns brillants et rapides
échangeaient une plaisanterie, comme
un bel écu neuf, contre une monnaie de
coups de pied. Ni jazz-bands démo
niaques, ni douteuses et plastiques.apo
théoses. Gomme on était bien là, ras
suré, récompensé, satisfait ! *— Hélas !
pour l’été, le cirque Médrano a mainte
nant fermé ses portes. J’imagine que la
troupe est au vert, et qu’elle prend des
'leçons de la nature. L’équilibriste rêve
anxieusement devant les jets d’eau ;
l’imitateur va écouter le merle, qui a
peut-ltre inventé de nouvelles manières
de siffler ; l’écuyère guette une centau-
resse sous les chênes ; et la petite dan
seuse do quinze ans, qui a débuté en
juin, pleure de dépit devant la libellule
dont les tours difficiles sont si facile
ment faits... »
Afin de le rapprocher de ses chers ba
ladins, j’offris au Parisien de partir, le
lendemain, avec moi pour les champs.
•Il 11e s’agissait point do dépasser la
grande banlieue ; aussi, après quelques
simagrées, il accepta.
Nous fîmes le trajet dans un wagon
sans stores, dépouillé d’une partie de ses
vitres. Mais ce n’était plus un train de
permissionnaires ; nous n’avions ni
rnuseft.es ni cantines ; nous nous sen
tions heureux. Le Parisien ne me cacha
pas que ses « campagnes » liti avaient
donné le goût de la campagne. Il savait,
maintenant distinguer les ormes des
charmes et les bons cèpes des cèpes em
poisonnés.
Devant la lampisterie d’une petite
gare, un coq magnifique chantait : « J|
déclame sa, Marseillaise personnelle, me
dit mon compagnon. Ne l’aimez-vous
pas, depuis la victoire, d’un amour par
ticulièrement vif et compréhensif, ce
brave petit coq gaulois ? Nos ennemis,
comme emblèmes, avaient des aigles.
Ge 11’est point une bête pour nous. Na
poléon Remprunta aux Césars, mais je
suis bien content de penser qu’il avait
aussi choisi l’abeille. Avec les lys de nos
rois, quelle satisfaisante trinité ! « Le
Goq, l’Abeille et le Lys » : ne. dirait-011
pas le titre d’une des meilleures fables
de La Fontaine ?'La beauté simple et
claire, le travail léger et diligent, la
fierté robustè et familière. Vraiment, il
faudrait ne pas faire mentir ces excel
lents emblèmes-là ! »
Le train stoppa. Une charmante dame
ouvrit la portière et prit place dans notre
compartiment. Elle posa à côté d’elle,
sur la banquette, une valise assez volu
mineuse, qu’elle ouvrit lorsque le train
reprit sa marche. Cette valise était pleine
de livres. Nous pensâmes d’abord que
la voyageuse avait prudemment fait sa
rafle chez les libraires avant que le vo
lume à sept francs atteigne la somme
de dix francs ou d’un louis. Mais la
dame se mit à dévorer cette bibliothèque
ambulante avec une hâte fiévreuse qui
nous ébahit. En une demi-lieure, elle
eut parcouru quatre romans, un ouvrage
d’histoire, trois recueils de vers. Parfois,
elle tirait de son sac une liasse faite de
coupures de journaux. Elle consultait
ces coupures, puis, revenant aux livres,
en compulsait les feuillets d’un air exi
geant. Une fois, un sourire de béatitude
décora son visage, et, d’un crayon triom
phant, elle inscrivit un nom sur line
coupure qu’elle sépara des autres et
qu’elle plia soigneusement.
Nous avions bientôt compris que cette
étrange lectrice suivait l’un de ces con
cours littéraires qui sont au goût du
jour, et où il s’agit de découvrir l’auteur
d’une citation ambiguë et rusée. Malgré
l’application de notre studieuse compa
gne, nous trouvâmes matière à lier con
versation./Elle ne le regretta pas, car
nous eûmes la chance de lui apprendre
qu’un vers qu’elle essayait de dénicher
dan'S le Saule élégiaque de MmeValmore
était tout bonnement un vers du Cid.
Elle arriva avant nous au but de son
voyage. Nous l’aidâmes à ranger >es
livres dans la. valise, « car, nous confia-
t-elle en nous quittant, je les garde pour
les lire quand le concours sera fini. Vous
pensez bien que je ne sais pas ce qu’il y
a là-dedans... Ils ne sont peut-être pas
tous aussi ennuyeux que celui-là... »
Elle nous montrait, parlant ainsi, les
Provinciales. Gette dame sincère n’etait
pas une dame sérieuse.
★
**
Le soir, j’étais dans mon jardin. Un
beau jardin retiré, tranquille et con
fiant. En m’y promenant sous les ar
bres, je me répétais cette phrase qui con
vient si bien à un endroit si délicieux :
« Je vous dirai seulement qu'à la porte
il y a un bois où en plein midi il n’entre
de jour que ce qu’il en faut pour n’être
pas nuit et pour empêcher que toutes les
couleurs ne soient noires. » Gette phrase
est de... Mais, en somme, pourquoi n’ins-
tiluerais-je pas un petit concours^à mon
tour ? J’oiTre une « discrétion » à la pre
mière personne qui me dira l’auteur de
cette phrase-là.
JEAN-LOUIS VA U DO YER.
^ CONTRE EA. VIE CHERE
Décisions du Conseil économique
LEUR SOPHISME
Au congrès syndicaliste
d’Amsterdam, les délégués
allemands et autrichiens
p’ont pas la vie agréable ni l’éloquence
facile, quand 011 les invite à se rappeler
l’histoire de la guerre, son prélude et son
•développement. Que dire et que faire ?
S’ils tâchent de dégager lcpr responsa
bilité personnelle en accusant les Empe
reurs et les Empires, ça ne prend pas :
l’on sait à merveille et on ne leur permet'
pas d’oublier que, jusqu’à la défaite, ils
ont été de mèche avec lest gouvernements
coupables. Cette complicité les impor
tune ; mais ils ne peuvent s’en débarras
ser.. Alors, la dialectique les conduit à
plaider, en même temps que pour eux,
pour les gouvernements qu’ils secon
daient : ils s’efforcent de démontrer que
l’Allemagne et l’Autriche ne. sont pas
criminelles, ne sont pas seules*criminel
les. A qui donc la faute ?... Mais -r— on
les attendait: là — au capitalisme ! Au
capitalisme des Empires centraux ? Pas
du tout : au capitalisme en général ; au
capitalisme de toutes les nations !... Ces
gaillards se défendent à leur façon, qui
ne vaut rien, qui est la seule quÿ leur
reste. 11 n’y aurait qu’à négliger leurs
sophismes désespérés/ si l’on n’avait à
constater aussi que leurs sophismes ont
trouvé} chez nous et dans les pays de
l’Entente, une crédulité complaisante,
une mcroyable i sympathie même, parmi
les meneurs socialistes. On connaît un
Certain nombre de cçs politiciens qui, dès
avant la fin de la guerre, substituaient à
la responsabilité allemande une respon
sabilité capitaliste répartie entre les di
vers pays. Mensonge détestable et qui a
deux conséquences : tirer d’affaire l’Al
lemagne ; et, dans les nations victorieu
ses, créer ou entretenir une hostilité de
classes. Il est aisé de voir coriibien de
telles impostures sont commodes 1 et'pro
fitables pour le chef des syndicalistes
allemands Legien, pour le chef des syn
dicalistes autrichiens Hueber. Qu’ils
plaident ainsi, c’est naturel"; mais que
leur cause ait, en France et dans les pays
alliés, des avocats, c’est insensé. — A. B.
Le conseil économique s'est réuni hier
matin à dix heures et demie, au ministère
de la guerre, sous la présidence de M. G.
Clemenceau.
MM. Klotz, ministre des finances ; Cia-
veille, ministre de§ travaux publics ; Col-
liard, ministre du 'travail ; Henry Simon,
ministre des colonies ; Noulens, ministre
de l'agriculture et du ravitaillement, et
Loucheur,- ministre de 1a, reconstitution in
dustrielle, y assistaient.
M- Jeanneney, sous-secrétaire d'Etat,
remplissait les fonctions de secrétaire.
Des mesures' importantes de cooraiua-
tion ont été prises sur le rapport de M. Cia-
veille, concernant la construction et l’ex
ploitation de la flotte marchande, ainsi que
le transport des denrées d’alimentation.
Plusieurs decisions ont été arrêtées à la
demande de M. Noulens, au sujet de la cons
truction de nouvelles baraques Vilgrain, de
la liquidatiQp des stocks américains acquis
par l’Etal, l’importation des moutons d’Al
gérie et des vins espagnols, l’approvision
nement en sucre. Un projet de décret con
cernant l’établissement, de cours normaux
des denrées sera soumis jeudi, au conseil
des ministres.
MM. Loucheur et Colliard ont entretenu
le conseil des mesures envisagées concer
nant la régie des cuirs et du logement.
Enfin, le conseil a pris connaissance dés
propositions soumises de Londres par M.
Vilgrain cl les a entièrehient approuvées.
(Communiqué.)
LES PROJETS DE N. NOULENS
Indépendamment des mesures prévues
dans le communiqué officiel que nous rap
portons plus haut et qui sont d’un carac
tère général, M. Noulens voudrait, en ce
q.ui regarde Paris, renforcer son ravitaille
ment et provoquer un abaissement des
cours. Il a en, spir ce sujet, une entrevue
avec les représentants des mandataires des
Halles. La question du ravitaillement dé
pend des transports, c’est-à-djre de M. Cla-
veille, mais la baisse des prix est subor
donnée, d’après le ministre, àti rétablis
sement de la criée et à la suppression de la
resserre. Il estime, et il n’est pas le seul,
que la resserre favorise les spéculations.
Quand, par suite de l’abondance des
marchandises, les mandataires craignent
un fléchissement, ils les retirent du mar
ché et les gardent jusqu’au lendemain et
même pendant plusieurs jours jusqu’à ce
que les cours se soient relevés. La vente à
la criée au fur et à mesure des arrivages
empêcherait évidemment ces manœuvres.
Il est fort probable qu’elle va être rétablie.
La suppression de la resserre s’ensuivrait-
Les mandataires soutiennent que ces me
sures resteront inopérantes parce que les
marchandises arrivent trop tard.
(( Si nous vendons à la criée les petites
quantités de denrées qui nous arrivent aux
premières heures du matin, les demandes
seraient tellement supérieures aux offres,
qu’une hausse immédiate se produirait du
fait même des consommateurs. Par contre,
les marchandises arrivant trop tard et de
vant être obligatoirement vendues, le se
raient à des prix tout à fait inférieurs. La
resserre avait Davantage de régulariser
les cours en permettant de garder pour le
lendemain matin les marchandises arri
vées trop tard. »
Bref, pour les mandataires, la solution
de la question dépend de la rapidité des
transports et surtout du camionnage dans
les gares. Cependant, ils sont prêts à faire
l’essai'loyal de la-criée à tous les pavillons.
Que le consommateur se défende
Il est d’une observation fréquente, sinon
constante, qu’autour même des Uàlles et
dans beaucoup de maisons d’approvision-,
nement, 011 trouve cfcs denrées en plus
grande abondance et à des prix supérieurs
à ceux pratiqués dans les pavillons. C’est
que ces marchands, spéculant sur la fai
blesse et, la passivité du public, achètent
directement et à n’importe quel prix aux
producteurs qui, tentés, acceptent leurs
suroffres.
L*f Hmsonimateur ne se rend pas très
exactement compte des conséquences de ce
trafic. H lui est difficile d’apprécier la dif
férence entre les prix de gros et les pr.ix de
détail. C’est pour mettre le public à même
de se défendre contre la haussé provoquée
par les intermédiaires, que M. Noulens va
prochainement faire signer un décret ren
dant obligatoire l'affichage quotidien des
prix cle gros dans les mairies, dans les
postes de policq et commissariats, sur la
voie publique. »
•Non moins obligatoire sera l'affichage
des prix de détail chez les commerçants ou
les revendeurs à la voiture. Connaissant
ainsi, chaque matin, le prix d'achat des
denrées aux Halles, le consommateur
verra lui-même si le prix de la vente au
détail est exagéré. Il est probable qu’il
n’aura pas à protester trop vivement, car
les marchands n’auront pas le front de
majorer publiquement, les denrées de 60, 80
et même 100 %, comme ils le font aujour
d’hui.
vLo double affichage imposé par M. Nou
lens, 11e peut manquer de refréner la spé
culation des petits intermédiaires. On at
tend beaucoup de cette mesure. Elle serait
toutefois \d’une efficacité relative si les
cours des Halles restaient élevés. Pour les
faire baisser le ministre va établir un ba
rème de taxations à la production et à la
vante en gros qui, accompagné du rétablis
sement de la vente à la criée, doit régula
riser les prix.
M. Noulens doit avoir aujourd’hui une
entrevue avec M. Raux, préfet de police, à
propos des mesures destinées à assurer
l’application des taxes projetées.
LES RÉVÉLATIONS DE WEIMAR
A LA COMMISSION DE LA PAIX
La rive gauche du Rhin
NOUVELLES DÉCLARATIONS
DE M. CLEMENCEAU
La Commission de la Paix* s’est réunie
hier, sous la présidence de M. Viviani, et a
communiqué J a note suivante :
M. Clemenceau, qu’accompagnail M. André
Tardieu est venu répondre au second question-/
naire que la commission lui avait transmis tou
chant la rive gauche du Rhin. Il a déposé sur le
bureau un mémoire dans lequel chaque ques
tion posée était traitée. M. Tardieu a donné lec
ture de ce mémoire et il s’est engagé à. son su
jet une discussion prolongée à laquelle ont pris
part MM. Charles Benoist, Augagneur,’ Dulreil,
Franklin-Bouillon, Puech, Paul Laffont, Magi
not, de Mun, et M. le rapporteur général.
La président du conseil a développé le mé
moire et répondu aux questions qu’il suscitait,
ainsi que M. André Tardieu.
. Le président du conseil a rappelé que le gou
vernement avait présenté un mémoire circons
tancié et étendu aux Alliés, touchant la néces
sité pour la France de détenir les tètes de pont
du Rhin, afin d’assurer pleinement sa sécurité.
C’est le 27 février que ce document a été pré
senté aux Alliés, qui en ont discuté jusqu'au
milieu de mars. A cette date, le gouvernement
français, d’accord avec les Alliés, a combiné di
vers systèmes d’ordre militaire qui assurent
pleinement la sécurité française et qui, s’ajou
tant l’un à l’autre, équivalent à la prise des
têtes de poni.
C’est en effet après la production de ce mé
moire. c’est-à-dire en mars, qu’a été accepté
par la Conférence l’ensemble des protections
matérielles et morales qui se retrouvent au
Traité de Paix et dans les traités de garantie ;
c’est à ce moment qu'il fut décidé : 1° que
l’occupation du Rhin aurait lieu pendant une
période maximum de lüCwnées ; 2° que l’ar
mée allemande serait réduite à. 100,000 hom
mes ; 3° que la rive gauche et la rive droite du
Rhin, celle-ci sur une largeur de 50 kilomètres,
seraient démilitarisées d’une manière perma
nente ; i° qu’aucun travail d’ordre militaire,
aucun rassemblement de troupes ne pourraient
%voir lieu dans cette zone sans que ce fait équi
vale, pour les 'Alliés, a un * casus federis ;
5“ que ides investigations permanentes et un
incessant contrôle permettraient aux Alliés de
surveiller l’obéissance à ces prescriptions.
A ces clauses incluses dans le traité sont
venus s’ajouter les traités d’assistance mili
taire immédiate et non limitée quant aux
effectifs et au matériel de l’Amérique et de
l’Angleterre.
MM. Clemenceau cl Tardieu, répondant à
différentes objections portant sur la rapidité
possible d’une concentration allemande et
l’éloignement des secours militaires des deux
pays alliés et associés ont fait valoir qu’il n’é
tait pas possible d’admettre qu’une armée
réduite à 100,000 hommes put, dans l’univer-
sedle indifférence (lu monde en général et de
la France eu particulier, s’élever à plusieurs
millions d’hommes armés et équipés prêts à
la guerre. ;
L’audition du président du conseil a duré
trois heures. La commission entendra au
jourd’hui 'es ministres des finances, de la
reconstitution industrielle, des régions libé
rées et M. Tardieu sur les clauses financières
et économiques.
Ajoutons que les déclarations de M. Cle
menceau ont produit très grande impres
sion. C’est l’avis de la plupart des mem
bres de la commission/
En concluant, le président du, Conseil a
déclaré qu’on pouvait tout à loisir criti
quer le gouvernement, l’attaquer et. le blâ
mer personnellement, à condition toutefois
qu’en raison des nécessités déjà signalées
et en considération aussi de F intérêt na
tional rien 11e soit dit ou fait qui puisse
être de nature à porter atteinte à nos al
liances dont nous pouvons encore avoir
besoin demain.
Les explications fournies ensuite par
M. Tardieu ont lait également très favora
ble impression en raison de leur docu
mentation et de leur précision.
D’après ce que l’on disait hier soir dans
les couloirs, il résulte que l’on peut con
sidérer que l’œuvre de la commission est
terminée ou à peu de chose près.
« Nous serons prêts pour discuter dans
quelques jours, a déclaré M. Viviani. Il
dépendra du gouvernement de dire s’il veut
que le traité soit discuté et ratifié le plus
tôt possible. Nous demanderons, nous, la
mise à l’ordre du jour du rapport de M.
Barthou dès qu’il aura été imprimé et dis
tribué'. »
Le débat s’ouvrirait le 11^ ou le 12 août
pour occuper plusieurs séances car il y aura
de nombreux orateurs, notamment sur la
Ligue des Nations, les clauses militaires et
financières ainsi que sur la question des ré
parations. Malgré cela on pense'quë le trai
té sera ratifié le 15'ou le 16 août.
M. Franklin-Bouillon persiste, à peu,
près seul, à soutenir que l'on ne peut dis
cuter avant le vote du Sénat américain. La
Chambre passera outre, ce n’est pas dou
teux.
En ce qui touche les rapports du maré
chal Eocli/communiqués à la commission,
ne seraient publiés que ceux qui sont rela
tifs à la question /de la rive gauche du
Rhin.
Le président Wilson a déposé hier au Sénat
la Convention franco-américaine
Washington, 29 juillet. — On annonce de
la Maison Blanche que le président Wilson
déposera le traité de convention franco-
aniêricaine aujourd'hui, au Sénat.
Le président n’assistera pas à la séance.
(Havas).
LE GOUVERNEMENT DE BELA KUN
OFFRIRAIT DE SE RETIRER
Bâle, 29 juillet. — On mande de Vienne :
A la suite de la défaite de l’armée rouge,
la situation du gouvernement hongrois est
très ébranlée.
Hier, un commissaire du peuple s’est pré
senté devant U> représentant de l'Entente
é Vienne et, a fait la proposition d'otivrir
des pourparlers ayant pour but la retraite
volontaire du gouvernement des conseils et
la formation d’un nouveau gouvernement.
La proposition a été transmise à Paris
par le colonel Cüningham, (Havas.)
LA MAÎN-D’ŒUVRE AUTRICHIENNE
DANS LES RÉGIONS DÉVASTÉES
Saint-Germain, 29 juillet. — Cet après-
midi, M. Loucheur s’est rencontré avec le
président Renner, au pavillon Henri IV.
Ils ont eu une conférence au sujet de rem
ploi des travailleurs autrichiens dans la
reconstitution des régions dévastées.
' L’entretien, qui avait commencé à 3 heu
res, s’est terminé à 6 h. 45.
La discussion qui se poursuit à Weimar
sur les révélations du ministre Erzberger
n’intéresse pas seulement la politique inté
rieure allemande. Sans doute, elle creuse
un fossé entre la droite et le .centre et con
solide le nouveau régime en ralliant â la
forme républicaine les éléments catholi
ques ; mais ce n’est là qu’un aspect secon
daire de la question. Le but essentiel de la
campagne est d’atteindre l’opinion publi
que des pays alliés et neutres ; une dépê
che de Berlin nous révèle l’espoir qu'on
nourrit là-bas et qui est, en apportant au
monde la preuve que la nouvelle Allema
gne ne peut être confondue avec celle des
junkers, de lui gagner la confiance de l’é
tranger.
Si l'on rapproche la controverse actuelle
du programme récemment exposé à la tri
bune de l'Assemblée par le ministre des
affaires étrangères Hermann Muller et, en
même temps, des tardifs regrets que con
sentent à. exprimer les délégués du syndi
calisme; allemand à Amsterdam, tout s’en
chaîne et s’explique : il s’agit évidemment
de rompre avec le passé et d’inaugurer
une politique nouvelle.
Avant d’avoir signé le traité, F Allema
gne refusait énergiquement de reconnaître
sa responsabilité dans la guerre. C’est sili
ce point qu’elle a fourni sa suprême résis
tance. Aujourd'hui, nous la voyons au con
traire jeter à la publicité tout ce q»i*peut
témoigner de l’ambition monstrueuse qui
fut celle de son gouvernement. Son minis
tre président Bauer lit en pleine assem
blée des documents qui établissent qu’en
octobre 1917 le chancelier Michaëlis, trouvé
trop modéré par les chefs militaires, enten
dait. garder Liège et consacrer par l’occu
pation militaire l’union économique de la
Belgique à l’Allemagne. On peut compter
que d’autres documents non moins décisifs
suivront et que les révélations, une fois
commencées, ne s’arrêteront, pas.
Nous aurions mauvaise grâce, en Fran
ce, à ne pas nous en réjouir, plüsqu’elles
montrent avec évidence qu’à aucun mo
ment de la guerre l’ennemi ne fut en dis
position de conclure une paix raisonnable,
et que toutes ses ouvertures n'étaient que
des manœuvres destinées à énerver notre
résistance. C’est donc l’éclatante justifica
tion de notre attitude. Mais il est certain
que, dans leurs révélations, les Allemands
n’obéissent pas à un souci de justice et de
vérité ; c’est, une fois de plus, une offen
sive morale qu’ils entreprennent ; ils veu
lent préparer dans la Ligue des Nations
une place à l’Allemagne régénérée. Leur
intérêt est trop évident pour que leur sin
cérité ne soit pas suspecte. Erzberger a
longtemps été l’approbateur et le complice
de ceux dont il flétrit aujourd’hui la con
duite : vainqueurs, il eût continué à les
suivre ; vaincus, il croit utile à sa patrie
de les dénoncer. Sa devise ne change pas :
Deutschland über ailes.
Que, dans une certaine mesure, le gou
vernement actuel de l'Allemagne soit de
bonne foi en proclamant qu’il a renoncé à
la politique de violence suivie par ses pré
décesseurs, cela n’a rien que de vraisem
blable : force est bien à un pays désarmé
de pratiquer une diplomatie pacifique.
On be saurait, pourtant, sur une simple
vraisemblance, renoncer à l’ensemble des
mesures de coercition qui ont été prises
contre l’Allemagne. A son égard, une lon
gue expérience enseigne la défiance, et les
preuves, mêmes fournies par elle, de son
ancienne duplicité, ne sont pas pour ins
pirer un autre sentiment. — M. T.
sommes pas au clair sur les points sur les
sommes pas au ciau s
quels les avis different..
M. Hermann Muller intervient
Berne, 29 juillet. — L'Assemblée natio
nale de Weimar a continué ses débats sur
les révélations de M. Erzberger.
M. Loebe, socialiste, propose que le pro
jet de loi sur lu, Haute Cour soit lié à la
discussion sur la politique générale.
Le Reichstag adopte à une grande ma
jorité. Le député Heintze demande que les
membres du Parlement soient exclus de
la commission d’enquête. Le ministre Da
vid combat cette proposition. Il annonce
que les documents concernant l'armistice
seront prochainement publiés.
.Le, député Gothein. — H est indéniable,
•messieurs, que te dernier porteur de la cou
ronne impériale, par suite de sori manque de
jugement, a plus compromis qu’amélioré nos
relations avec l’étranger. Il porte une part
essentielle dans la responsabilité des fautes
qui nous ont conduiis à /infortune. C'est
pourquoi nous défendrons jusqu’au bout la
forme républicaine de l'Etat.
LA NOTE ANGLAISE
M. Hermann Muller, ministre des affai
res étrangères, prend la parole et, rame
nant les débats aux démarches de paix de
Mgr Paeelli, nonce apostolique, il fait les
déclarations suivantes :
T,a lettre du nonce arriva le 5 septembre
seulement à Berlin. Pne demande du gou
vernement. anglais y était, jointe comme en-
nexe. Ce dernier document ne portait aucune
date et avait la teneur suivante :
« Nous n'avons pas eu encore le temps de
discuter avec nos Alliés la note de Sa Sain
teté et nous ne sommes pas en mesure de
faire connaître notre opinion sur la réponse
à, faire, aux propositions du Saint-Siège rela
tivement aux conditions de paix durable. A
notre avis, il n’y a aucune chance d'arriver
à unè telle paix 'aussi longtemps que les puis
sances centrales n’auront pas fait connaître
leurs buts essentiels de guerre ainsi qué le J
réparations et indemnités auxquelles elles se
raient prêtés, et enfin le moyen où le monde
pourrait être préservé d’un cataclysme sem
blable à celui dont il souffre actuellement.
Votre Eminence veut sans doute provoquer
ces déclarations.
k Même en ce qui concerne la Belgique —
et sur ce point, les puissances centrales re
connurent être dans leur loft — nous ne con
nûmes jamais de déclarations précises sur
leurs intentions de rétablir l’indépendance
complète de la Belgique et de réparer les
dômmages.
» Votre Eminence doit certainement, avoir pré
sente à• ta mémoire les déclarations faites
par les Alliés en réponse à la note du prési
dent Wilson. Une telle déclaration ne fut ja
mais faite. ni par r Allemagne, ni par VÀu-
triche. Une tentative de. mettre d’accord les
belligérants apparaît vaine tant que nous ne
Le ministre des affaires étrangères Mul
ler ajoute qu’il y eut une autre démarche
en vue de la paix par un diplomate espa
gnol. Elle fut antérieure à celle du nonce.
Le représentant britannique répondit à
ce diplomate qu’il ignorait l’attitude à
prendre et demanderait des instructions, à
condition de connaître lgs revendications
de l’Allemagne.
A la suite de ces entrevues eut lieu, le
11 septembre, un conseil de la Couronne
à Berlin.
11 ressort de tous les documents que le
question de la Belgique constituait le point
capital de la paix.
Le ministre Muller continue :
La façon dont l'Allemagne s'est comportée à
celte occasion n'a été qu’une manœuvre de von
Kuhtmann. II voulait remporter le succès sur le
front occidental, alin de relever le moral du
pays et aussi du front. Les Alliés, de leur côté,
étaient certains du succès de leur cause. Ils
avaient 'affirmé, avec Lloyd George, que le
« temps travaillait pour eux ». Voilà pourquoi
on voulait connaître exactement nos buis de
guerre. Nous constatons ainsi trois choses:
1° Que l’on a promis aux chefs de partis
de leur donner des précisions à Berlin 1
2° Que le chancelier Michaëlis n'a fait au
cune déclaration au sujet de la note Pac
celli ;
3° Que la réponse de Michaëlis à la note
était exactement le contraire, d’une déclara
tion précise.
Au 'sujet de ta façon dont Ludendorff con
duisit les opérations militaires, lp ministre
déclare que Ludendorff était, avec Von Tii-
pitz, un de ceux qui ont perdu le peuple al-
lemaiîtl. Quant à moi, je poursuivrai ma po
litique.tracée dans mon discours-programme,
aussi longtemps que mon opinion aura la
majorité de, cette assemblée.
En terminant, M. Hermann Muller dit
quelques mots sur l’assassinat du sergent
français Mannheim : « On comprend l'in
dignation de F Allemagne : un million d'a
mende est une chose inouïe contre laquelle
nous protestons. »
Les lettres de Michaëlis, Hindenburg
et Ludendorff
Le ministre président Bauer constate
que la politique criminelle des classes diri
geantes est responsable des conséquences
de la guerre jusqu’à la révolution. Le.re
tour à la monarchie est absolument hors
de question.
Les Anglais ont présenté certainement .
de vastes prétentions 1 , mais par contre
aussi iis se sont déclarés prêts à une en
tente dès que l’Allemagne aurait une fois
exposé clairement ses buts de guerre. Mais
le gouvernement allemand a toujours re
fusé, ou pour le moins évité une réponse.
Michaëlis et Ludendorff ont fait déjà des
déclarations sur la note communiquée par
ErAœrger. A l’égard de ces deux décla
rations, ia. drame... connaissance de deWX.
autres documents : 1° une lettre du 12 oc
tobre 1917, jour du conseil de la Couronne,
de 'Michaëlis à Hindenburg ; Michaëlis*
écrit notamment ce qui suit :
Les pourparlers d'hier sous la présidence l’Empereur étant terminés, je m empresse de
vous exprimer à vous et au général Ludendorff
l’expression de mes remerciements de m’avoir
soutenu tous depx avec autant de perspicacité
et en dehors de tout point de vue militaire seul,
afin de noué limitèr à des buts de guerre mo
dérés dans le cas où nous arriverions bientôt
en automne ou au printemps à des négociations
de paix. J'admets comme revendication du com
mandement suprême de l'armée que suivant
son avis, on demande comme moyens de pro
tection r de notre industrie existante en pre
mier lieu Liège et une bande de sécurité, et
d'autre, part que si VAllemagne fait tout ce qui
est nécessaire pour assurer l’union économique,
ec qui demandera naturellement plusieurs an
nées à partir du irrité de pair, les garanties mi
litaires doivent subsister. Comme il v a. lieu de
s’y attendre, les .visiteurs à tendance extrême
viennent au grand quartier. Je prie instam
ment Votre Excellence de leur faire connaître
notre point de vue. Il faut faire savoir à ces
gens ce que les ennemis projettent à notre
égard et ce que nous devons atteindre.
La réponse d’Hindenburg, du 15 octobre»,
dit notamment :
Je ne me dissimule pas que la renoncia
tion à la côle des Flandres sera ressentie par
la manne et de larges cercles dans la pa
trie, comme un coup dur qui ne pourra être
atténué que si les concessions promises à
la marine par Votre ExcèÏÏéhcë, * deviennent
une réalité. Avec Ludendorff, je vois une
compensation ' dans les points d’appui, dans
et en dehors de nos colonies. ,
L’incorporation économique de la Belgique
(> VAllemagne ne se fera pas. même après la
conclusion de la paix, sans une pression sur
la Belgique, 1 cet effet, on se servira d’une
occupation militaire de la Belgique de plu
sieurs années.*- Cette occupation militaire sera
aussi nécessaire si les Anglais et les Améri
cains évacuent la France : nous ne. pourrons
prendre les mesures militaires et administra
tives nécessaires que si nous sommes et res
tons à Liège, Je ne puis doue pas penser que
nous quittions Liège dans n’importe quel-
avenir plus ou moins rapproché et fixé par
la retraite.
M. Bauer dit en haussant la voix ; « Et
c’est cela que M. Michaëlis appelle des buts
de guerre modérés ! »
M. Bauer lit les ppinciipaux passages du
mémoire de Ludendorff annexé à la ré
ponse Hindenburg. Ludomdorff déclare no
tamment :
Nous devons tenir (fermement en' mains le
territoire des deux côtés de la Meuse, et au
sud jiusqu’à la Vith. Le moyen d’y parvenir
est la seule incorporation à l’empire alle
mand. 11 11e paraît, pas, provisoirement, y
avoir d’autre moyen. Nous devons encore re
pousser plus en arrière une armée fiq.nco-
anglo-helge. Cela 11e peut se produire que si
la Belgique est unie, étroitement à nous et
qu’elle" cherche aussi de notre côté l’union
politique. Une union économique ne pourra
fias être mise en œuvre sans une rude, pres
sion militaire d’une longue durée et sons
une prise de possession de Liège. La neutra
lisation de la Belgique est, un fantôme avec
lequel on ne doit pas compter.
11 ressort de ce document qu’aucune ré
ponse satisfaisante ne fut donnée concer
nant la Belgique.
Aucune puissance neutre du monde, en
considération de la participation croissante
de l'Amérique, n'aurait transmis une propo
sition politique aussi insuffisante concernant
la Belgique.
En même temps, le parti de la patrie fut
fondé pour soutenir les exigences de la
direction de l’armée qui était derrière le
parti de la patrie et lui fournir de erros
moyens financiers.
Un violent tumulte éclate. On entend les
cris : « Traîtres! Traîtres! » qui couvrent
les coups de sonnette du président.
Le peuple allemand, continue l’orateur, leür
demandera compte. Je demande d'où venaient
les fonds des réactionnaires et de la grosse in
dustrie. Nous avons recueilli un enseigncmrnt.
de cette guerre; c’est+que pour protéger notre
/
lO Centimes
10 Centimes
MERCREDI 30 JUILLET 1919. ^
HENRY SIMOND
91KBCTEUR-RÉDACTEUR EH CHER
PAUL SIMOND
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NOUVELLES DU MONDE,ENTIER
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POUR LA PUBLICITÉ, s'adresser Société «Écho de Paris-Fuàlicité». 20. rue Le PeiatUr
PROPOS & PROMENADES
Il était assis à la tarasse comble d’un
cale des boulevards. La chaise qu’il oc
cupait, dépassait à demi Remplacement
du trottoir, protégé par le store du café.
La pluie tombait, et l’eau du ciel gout
tait sur l’épaule de mon ami, qui 11e s’en
souciait point. Il souHait ; tout lui pa
raissait également agréable : le porto,
l’asfflubnce et la douche. Non sans peine,
je parvins jusqu'à lui ; et, comme je
rengageais à ne point se laisser tremper,
il me dit : « Ah ! qu’importe, mon cher !
les pluies d’été, à Paris, ne mouillent pas.
Après quatre années de Ijoues et d’ora
ges, cette vaporisation d’eau est unedéli
cate attention de la saison. Songez-y : la
paix est signée, la victoire est célébrée,
les beaux pavoisements disparaissent. Je
vous jure que je me réveille la nuit,
pour y rêver : les temps sont revenus,
Paris va être rendu aux Parisiens ! »
•Opprimé entre mon voisin de gauche,
revêtu de l’unifo|me moutarde des
Belges, et mon voisin de droite, venu
d’Argentine et qui parlait comme la
•tourterelle roucoule, je regardai au
tour de moi. Le masque du doute se posa
sur mon visage. Le Parisien confiant
s'efforça de le dénouer :
« J’anticipe ua peu, poul-jf-fre, mais
mon vieil instinct ne me trompe pas.
Je vous jure quë la chère ville se « dé
congestionne ». Je suis ici depuis un
quart d'heure. Eh bien !‘je n’ai vu passer
que six Américains, un petit Italien qui
portait la cape courte du ténor des, Hu
guenots, et pas un Anglais. Quel bon
heur de penser que, comme nos soldats,
les soldats de nos alliés vont tous, en
fin, retrouver leur famille, leur foyer,
leur cité! Dans trois mois, pour voir un
Tommy, il faudra aller à Londres ; et
• les dames de l’Y. M. G. A. joueront bien
tôt toutes au golf sur les terrains des
trente-huit Etats, sans porter d’initiales
sur l’épaule gauche. Par ma joie,J’ima
gine la leur. Je suis, bien certain que,
sur le^ front, vous avez connu comme'
mqj ces heures de nostalgie douce-
amère, pendant lesquelles l’idée de Pa
ris vous dominait, vous submergeait
presque. Nous eûmes longtemps, à la
popote, un cuisinier qui avait été co
cher de- fiacre. Parfois, j’allais le trou
ver, dans sa cagna encombrée ; et, tan
dis qu’il mélangeait lè riz au singe pour
en faire des gâteaux succulents, je cul
tivais mon spleen en lui posant des
colles : « Pasquier, lui demandais-je,
peux-tu m’énuméror dans l’ordre les
noms des rues qui débouchent rue de
Ilivoli, entre la place de la Concorde et
l’Hôtel de Ville ? » 11 oubliait la rue de
■Mondovi, et moi la rue Jean-«Tison.
Mais il savait que la devanture du res
taurant qui est au coin de la rue des
Saints-Pères et du quai, est, pat* l'auto
bus, défoncée huit fois dans les bonnes
années ët cinq fois dans les mauvaises.
Il me parlait de Fodeuredu pavé de bois
quand il .est neuf, et des jours où l’as
phalte est si prodigalement arrosée que
les chevaux avancent sur la chaussée
comme les acrobates sur la corde tendue.
Moi, je songeais à la couleur que prend
l’Obélisque à l’heure du couchant ; cette
pierre est si sensible à la lumière qu’on
peut dire d’elle qu’elle est « mimeuse »,
comme les botanistes le disent de cer
taines plantes;... Aujourd’hui, je 11e songe
plus. Je suis là. Et je découvre, sous tant
d’alluvions guerrières, une ville presque
harmonieuse, une ville presque par
faite: la seule ville ‘que je sache où le
peuple des souvenirs fait bon ménage
avec le peuple des projets... »
■JT
★ ★
La pluie avait ces$é. La manche du
veston de mon ami séchait doucement
aux rayons d’un soleil tendre et léger
comme le cœur de la rose-thé. Nous nous
levâmes. 11 reprit : « Savez-vous qu’il y
a eu toute l’année, à Paris, un endroit
où l’on ne rencontrait pas un étranger ;
un endroit où l’on pouvait se croire
transporté œn l’an 1912 ou 1913 ? 11
s’agit d’un petit cirque de la colline
Montmartre. Je le fréquentais assidû
ment. Ah! quel bon public de chez nous,
populaire, artiste et bourgeois tout en
semble ! Les clowns brillants et rapides
échangeaient une plaisanterie, comme
un bel écu neuf, contre une monnaie de
coups de pied. Ni jazz-bands démo
niaques, ni douteuses et plastiques.apo
théoses. Gomme on était bien là, ras
suré, récompensé, satisfait ! *— Hélas !
pour l’été, le cirque Médrano a mainte
nant fermé ses portes. J’imagine que la
troupe est au vert, et qu’elle prend des
'leçons de la nature. L’équilibriste rêve
anxieusement devant les jets d’eau ;
l’imitateur va écouter le merle, qui a
peut-ltre inventé de nouvelles manières
de siffler ; l’écuyère guette une centau-
resse sous les chênes ; et la petite dan
seuse do quinze ans, qui a débuté en
juin, pleure de dépit devant la libellule
dont les tours difficiles sont si facile
ment faits... »
Afin de le rapprocher de ses chers ba
ladins, j’offris au Parisien de partir, le
lendemain, avec moi pour les champs.
•Il 11e s’agissait point do dépasser la
grande banlieue ; aussi, après quelques
simagrées, il accepta.
Nous fîmes le trajet dans un wagon
sans stores, dépouillé d’une partie de ses
vitres. Mais ce n’était plus un train de
permissionnaires ; nous n’avions ni
rnuseft.es ni cantines ; nous nous sen
tions heureux. Le Parisien ne me cacha
pas que ses « campagnes » liti avaient
donné le goût de la campagne. Il savait,
maintenant distinguer les ormes des
charmes et les bons cèpes des cèpes em
poisonnés.
Devant la lampisterie d’une petite
gare, un coq magnifique chantait : « J|
déclame sa, Marseillaise personnelle, me
dit mon compagnon. Ne l’aimez-vous
pas, depuis la victoire, d’un amour par
ticulièrement vif et compréhensif, ce
brave petit coq gaulois ? Nos ennemis,
comme emblèmes, avaient des aigles.
Ge 11’est point une bête pour nous. Na
poléon Remprunta aux Césars, mais je
suis bien content de penser qu’il avait
aussi choisi l’abeille. Avec les lys de nos
rois, quelle satisfaisante trinité ! « Le
Goq, l’Abeille et le Lys » : ne. dirait-011
pas le titre d’une des meilleures fables
de La Fontaine ?'La beauté simple et
claire, le travail léger et diligent, la
fierté robustè et familière. Vraiment, il
faudrait ne pas faire mentir ces excel
lents emblèmes-là ! »
Le train stoppa. Une charmante dame
ouvrit la portière et prit place dans notre
compartiment. Elle posa à côté d’elle,
sur la banquette, une valise assez volu
mineuse, qu’elle ouvrit lorsque le train
reprit sa marche. Cette valise était pleine
de livres. Nous pensâmes d’abord que
la voyageuse avait prudemment fait sa
rafle chez les libraires avant que le vo
lume à sept francs atteigne la somme
de dix francs ou d’un louis. Mais la
dame se mit à dévorer cette bibliothèque
ambulante avec une hâte fiévreuse qui
nous ébahit. En une demi-lieure, elle
eut parcouru quatre romans, un ouvrage
d’histoire, trois recueils de vers. Parfois,
elle tirait de son sac une liasse faite de
coupures de journaux. Elle consultait
ces coupures, puis, revenant aux livres,
en compulsait les feuillets d’un air exi
geant. Une fois, un sourire de béatitude
décora son visage, et, d’un crayon triom
phant, elle inscrivit un nom sur line
coupure qu’elle sépara des autres et
qu’elle plia soigneusement.
Nous avions bientôt compris que cette
étrange lectrice suivait l’un de ces con
cours littéraires qui sont au goût du
jour, et où il s’agit de découvrir l’auteur
d’une citation ambiguë et rusée. Malgré
l’application de notre studieuse compa
gne, nous trouvâmes matière à lier con
versation./Elle ne le regretta pas, car
nous eûmes la chance de lui apprendre
qu’un vers qu’elle essayait de dénicher
dan'S le Saule élégiaque de MmeValmore
était tout bonnement un vers du Cid.
Elle arriva avant nous au but de son
voyage. Nous l’aidâmes à ranger >es
livres dans la. valise, « car, nous confia-
t-elle en nous quittant, je les garde pour
les lire quand le concours sera fini. Vous
pensez bien que je ne sais pas ce qu’il y
a là-dedans... Ils ne sont peut-être pas
tous aussi ennuyeux que celui-là... »
Elle nous montrait, parlant ainsi, les
Provinciales. Gette dame sincère n’etait
pas une dame sérieuse.
★
**
Le soir, j’étais dans mon jardin. Un
beau jardin retiré, tranquille et con
fiant. En m’y promenant sous les ar
bres, je me répétais cette phrase qui con
vient si bien à un endroit si délicieux :
« Je vous dirai seulement qu'à la porte
il y a un bois où en plein midi il n’entre
de jour que ce qu’il en faut pour n’être
pas nuit et pour empêcher que toutes les
couleurs ne soient noires. » Gette phrase
est de... Mais, en somme, pourquoi n’ins-
tiluerais-je pas un petit concours^à mon
tour ? J’oiTre une « discrétion » à la pre
mière personne qui me dira l’auteur de
cette phrase-là.
JEAN-LOUIS VA U DO YER.
^ CONTRE EA. VIE CHERE
Décisions du Conseil économique
LEUR SOPHISME
Au congrès syndicaliste
d’Amsterdam, les délégués
allemands et autrichiens
p’ont pas la vie agréable ni l’éloquence
facile, quand 011 les invite à se rappeler
l’histoire de la guerre, son prélude et son
•développement. Que dire et que faire ?
S’ils tâchent de dégager lcpr responsa
bilité personnelle en accusant les Empe
reurs et les Empires, ça ne prend pas :
l’on sait à merveille et on ne leur permet'
pas d’oublier que, jusqu’à la défaite, ils
ont été de mèche avec lest gouvernements
coupables. Cette complicité les impor
tune ; mais ils ne peuvent s’en débarras
ser.. Alors, la dialectique les conduit à
plaider, en même temps que pour eux,
pour les gouvernements qu’ils secon
daient : ils s’efforcent de démontrer que
l’Allemagne et l’Autriche ne. sont pas
criminelles, ne sont pas seules*criminel
les. A qui donc la faute ?... Mais -r— on
les attendait: là — au capitalisme ! Au
capitalisme des Empires centraux ? Pas
du tout : au capitalisme en général ; au
capitalisme de toutes les nations !... Ces
gaillards se défendent à leur façon, qui
ne vaut rien, qui est la seule quÿ leur
reste. 11 n’y aurait qu’à négliger leurs
sophismes désespérés/ si l’on n’avait à
constater aussi que leurs sophismes ont
trouvé} chez nous et dans les pays de
l’Entente, une crédulité complaisante,
une mcroyable i sympathie même, parmi
les meneurs socialistes. On connaît un
Certain nombre de cçs politiciens qui, dès
avant la fin de la guerre, substituaient à
la responsabilité allemande une respon
sabilité capitaliste répartie entre les di
vers pays. Mensonge détestable et qui a
deux conséquences : tirer d’affaire l’Al
lemagne ; et, dans les nations victorieu
ses, créer ou entretenir une hostilité de
classes. Il est aisé de voir coriibien de
telles impostures sont commodes 1 et'pro
fitables pour le chef des syndicalistes
allemands Legien, pour le chef des syn
dicalistes autrichiens Hueber. Qu’ils
plaident ainsi, c’est naturel"; mais que
leur cause ait, en France et dans les pays
alliés, des avocats, c’est insensé. — A. B.
Le conseil économique s'est réuni hier
matin à dix heures et demie, au ministère
de la guerre, sous la présidence de M. G.
Clemenceau.
MM. Klotz, ministre des finances ; Cia-
veille, ministre de§ travaux publics ; Col-
liard, ministre du 'travail ; Henry Simon,
ministre des colonies ; Noulens, ministre
de l'agriculture et du ravitaillement, et
Loucheur,- ministre de 1a, reconstitution in
dustrielle, y assistaient.
M- Jeanneney, sous-secrétaire d'Etat,
remplissait les fonctions de secrétaire.
Des mesures' importantes de cooraiua-
tion ont été prises sur le rapport de M. Cia-
veille, concernant la construction et l’ex
ploitation de la flotte marchande, ainsi que
le transport des denrées d’alimentation.
Plusieurs decisions ont été arrêtées à la
demande de M. Noulens, au sujet de la cons
truction de nouvelles baraques Vilgrain, de
la liquidatiQp des stocks américains acquis
par l’Etal, l’importation des moutons d’Al
gérie et des vins espagnols, l’approvision
nement en sucre. Un projet de décret con
cernant l’établissement, de cours normaux
des denrées sera soumis jeudi, au conseil
des ministres.
MM. Loucheur et Colliard ont entretenu
le conseil des mesures envisagées concer
nant la régie des cuirs et du logement.
Enfin, le conseil a pris connaissance dés
propositions soumises de Londres par M.
Vilgrain cl les a entièrehient approuvées.
(Communiqué.)
LES PROJETS DE N. NOULENS
Indépendamment des mesures prévues
dans le communiqué officiel que nous rap
portons plus haut et qui sont d’un carac
tère général, M. Noulens voudrait, en ce
q.ui regarde Paris, renforcer son ravitaille
ment et provoquer un abaissement des
cours. Il a en, spir ce sujet, une entrevue
avec les représentants des mandataires des
Halles. La question du ravitaillement dé
pend des transports, c’est-à-djre de M. Cla-
veille, mais la baisse des prix est subor
donnée, d’après le ministre, àti rétablis
sement de la criée et à la suppression de la
resserre. Il estime, et il n’est pas le seul,
que la resserre favorise les spéculations.
Quand, par suite de l’abondance des
marchandises, les mandataires craignent
un fléchissement, ils les retirent du mar
ché et les gardent jusqu’au lendemain et
même pendant plusieurs jours jusqu’à ce
que les cours se soient relevés. La vente à
la criée au fur et à mesure des arrivages
empêcherait évidemment ces manœuvres.
Il est fort probable qu’elle va être rétablie.
La suppression de la resserre s’ensuivrait-
Les mandataires soutiennent que ces me
sures resteront inopérantes parce que les
marchandises arrivent trop tard.
(( Si nous vendons à la criée les petites
quantités de denrées qui nous arrivent aux
premières heures du matin, les demandes
seraient tellement supérieures aux offres,
qu’une hausse immédiate se produirait du
fait même des consommateurs. Par contre,
les marchandises arrivant trop tard et de
vant être obligatoirement vendues, le se
raient à des prix tout à fait inférieurs. La
resserre avait Davantage de régulariser
les cours en permettant de garder pour le
lendemain matin les marchandises arri
vées trop tard. »
Bref, pour les mandataires, la solution
de la question dépend de la rapidité des
transports et surtout du camionnage dans
les gares. Cependant, ils sont prêts à faire
l’essai'loyal de la-criée à tous les pavillons.
Que le consommateur se défende
Il est d’une observation fréquente, sinon
constante, qu’autour même des Uàlles et
dans beaucoup de maisons d’approvision-,
nement, 011 trouve cfcs denrées en plus
grande abondance et à des prix supérieurs
à ceux pratiqués dans les pavillons. C’est
que ces marchands, spéculant sur la fai
blesse et, la passivité du public, achètent
directement et à n’importe quel prix aux
producteurs qui, tentés, acceptent leurs
suroffres.
L*f Hmsonimateur ne se rend pas très
exactement compte des conséquences de ce
trafic. H lui est difficile d’apprécier la dif
férence entre les prix de gros et les pr.ix de
détail. C’est pour mettre le public à même
de se défendre contre la haussé provoquée
par les intermédiaires, que M. Noulens va
prochainement faire signer un décret ren
dant obligatoire l'affichage quotidien des
prix cle gros dans les mairies, dans les
postes de policq et commissariats, sur la
voie publique. »
•Non moins obligatoire sera l'affichage
des prix de détail chez les commerçants ou
les revendeurs à la voiture. Connaissant
ainsi, chaque matin, le prix d'achat des
denrées aux Halles, le consommateur
verra lui-même si le prix de la vente au
détail est exagéré. Il est probable qu’il
n’aura pas à protester trop vivement, car
les marchands n’auront pas le front de
majorer publiquement, les denrées de 60, 80
et même 100 %, comme ils le font aujour
d’hui.
vLo double affichage imposé par M. Nou
lens, 11e peut manquer de refréner la spé
culation des petits intermédiaires. On at
tend beaucoup de cette mesure. Elle serait
toutefois \d’une efficacité relative si les
cours des Halles restaient élevés. Pour les
faire baisser le ministre va établir un ba
rème de taxations à la production et à la
vante en gros qui, accompagné du rétablis
sement de la vente à la criée, doit régula
riser les prix.
M. Noulens doit avoir aujourd’hui une
entrevue avec M. Raux, préfet de police, à
propos des mesures destinées à assurer
l’application des taxes projetées.
LES RÉVÉLATIONS DE WEIMAR
A LA COMMISSION DE LA PAIX
La rive gauche du Rhin
NOUVELLES DÉCLARATIONS
DE M. CLEMENCEAU
La Commission de la Paix* s’est réunie
hier, sous la présidence de M. Viviani, et a
communiqué J a note suivante :
M. Clemenceau, qu’accompagnail M. André
Tardieu est venu répondre au second question-/
naire que la commission lui avait transmis tou
chant la rive gauche du Rhin. Il a déposé sur le
bureau un mémoire dans lequel chaque ques
tion posée était traitée. M. Tardieu a donné lec
ture de ce mémoire et il s’est engagé à. son su
jet une discussion prolongée à laquelle ont pris
part MM. Charles Benoist, Augagneur,’ Dulreil,
Franklin-Bouillon, Puech, Paul Laffont, Magi
not, de Mun, et M. le rapporteur général.
La président du conseil a développé le mé
moire et répondu aux questions qu’il suscitait,
ainsi que M. André Tardieu.
. Le président du conseil a rappelé que le gou
vernement avait présenté un mémoire circons
tancié et étendu aux Alliés, touchant la néces
sité pour la France de détenir les tètes de pont
du Rhin, afin d’assurer pleinement sa sécurité.
C’est le 27 février que ce document a été pré
senté aux Alliés, qui en ont discuté jusqu'au
milieu de mars. A cette date, le gouvernement
français, d’accord avec les Alliés, a combiné di
vers systèmes d’ordre militaire qui assurent
pleinement la sécurité française et qui, s’ajou
tant l’un à l’autre, équivalent à la prise des
têtes de poni.
C’est en effet après la production de ce mé
moire. c’est-à-dire en mars, qu’a été accepté
par la Conférence l’ensemble des protections
matérielles et morales qui se retrouvent au
Traité de Paix et dans les traités de garantie ;
c’est à ce moment qu'il fut décidé : 1° que
l’occupation du Rhin aurait lieu pendant une
période maximum de lüCwnées ; 2° que l’ar
mée allemande serait réduite à. 100,000 hom
mes ; 3° que la rive gauche et la rive droite du
Rhin, celle-ci sur une largeur de 50 kilomètres,
seraient démilitarisées d’une manière perma
nente ; i° qu’aucun travail d’ordre militaire,
aucun rassemblement de troupes ne pourraient
%voir lieu dans cette zone sans que ce fait équi
vale, pour les 'Alliés, a un * casus federis ;
5“ que ides investigations permanentes et un
incessant contrôle permettraient aux Alliés de
surveiller l’obéissance à ces prescriptions.
A ces clauses incluses dans le traité sont
venus s’ajouter les traités d’assistance mili
taire immédiate et non limitée quant aux
effectifs et au matériel de l’Amérique et de
l’Angleterre.
MM. Clemenceau cl Tardieu, répondant à
différentes objections portant sur la rapidité
possible d’une concentration allemande et
l’éloignement des secours militaires des deux
pays alliés et associés ont fait valoir qu’il n’é
tait pas possible d’admettre qu’une armée
réduite à 100,000 hommes put, dans l’univer-
sedle indifférence (lu monde en général et de
la France eu particulier, s’élever à plusieurs
millions d’hommes armés et équipés prêts à
la guerre. ;
L’audition du président du conseil a duré
trois heures. La commission entendra au
jourd’hui 'es ministres des finances, de la
reconstitution industrielle, des régions libé
rées et M. Tardieu sur les clauses financières
et économiques.
Ajoutons que les déclarations de M. Cle
menceau ont produit très grande impres
sion. C’est l’avis de la plupart des mem
bres de la commission/
En concluant, le président du, Conseil a
déclaré qu’on pouvait tout à loisir criti
quer le gouvernement, l’attaquer et. le blâ
mer personnellement, à condition toutefois
qu’en raison des nécessités déjà signalées
et en considération aussi de F intérêt na
tional rien 11e soit dit ou fait qui puisse
être de nature à porter atteinte à nos al
liances dont nous pouvons encore avoir
besoin demain.
Les explications fournies ensuite par
M. Tardieu ont lait également très favora
ble impression en raison de leur docu
mentation et de leur précision.
D’après ce que l’on disait hier soir dans
les couloirs, il résulte que l’on peut con
sidérer que l’œuvre de la commission est
terminée ou à peu de chose près.
« Nous serons prêts pour discuter dans
quelques jours, a déclaré M. Viviani. Il
dépendra du gouvernement de dire s’il veut
que le traité soit discuté et ratifié le plus
tôt possible. Nous demanderons, nous, la
mise à l’ordre du jour du rapport de M.
Barthou dès qu’il aura été imprimé et dis
tribué'. »
Le débat s’ouvrirait le 11^ ou le 12 août
pour occuper plusieurs séances car il y aura
de nombreux orateurs, notamment sur la
Ligue des Nations, les clauses militaires et
financières ainsi que sur la question des ré
parations. Malgré cela on pense'quë le trai
té sera ratifié le 15'ou le 16 août.
M. Franklin-Bouillon persiste, à peu,
près seul, à soutenir que l'on ne peut dis
cuter avant le vote du Sénat américain. La
Chambre passera outre, ce n’est pas dou
teux.
En ce qui touche les rapports du maré
chal Eocli/communiqués à la commission,
ne seraient publiés que ceux qui sont rela
tifs à la question /de la rive gauche du
Rhin.
Le président Wilson a déposé hier au Sénat
la Convention franco-américaine
Washington, 29 juillet. — On annonce de
la Maison Blanche que le président Wilson
déposera le traité de convention franco-
aniêricaine aujourd'hui, au Sénat.
Le président n’assistera pas à la séance.
(Havas).
LE GOUVERNEMENT DE BELA KUN
OFFRIRAIT DE SE RETIRER
Bâle, 29 juillet. — On mande de Vienne :
A la suite de la défaite de l’armée rouge,
la situation du gouvernement hongrois est
très ébranlée.
Hier, un commissaire du peuple s’est pré
senté devant U> représentant de l'Entente
é Vienne et, a fait la proposition d'otivrir
des pourparlers ayant pour but la retraite
volontaire du gouvernement des conseils et
la formation d’un nouveau gouvernement.
La proposition a été transmise à Paris
par le colonel Cüningham, (Havas.)
LA MAÎN-D’ŒUVRE AUTRICHIENNE
DANS LES RÉGIONS DÉVASTÉES
Saint-Germain, 29 juillet. — Cet après-
midi, M. Loucheur s’est rencontré avec le
président Renner, au pavillon Henri IV.
Ils ont eu une conférence au sujet de rem
ploi des travailleurs autrichiens dans la
reconstitution des régions dévastées.
' L’entretien, qui avait commencé à 3 heu
res, s’est terminé à 6 h. 45.
La discussion qui se poursuit à Weimar
sur les révélations du ministre Erzberger
n’intéresse pas seulement la politique inté
rieure allemande. Sans doute, elle creuse
un fossé entre la droite et le .centre et con
solide le nouveau régime en ralliant â la
forme républicaine les éléments catholi
ques ; mais ce n’est là qu’un aspect secon
daire de la question. Le but essentiel de la
campagne est d’atteindre l’opinion publi
que des pays alliés et neutres ; une dépê
che de Berlin nous révèle l’espoir qu'on
nourrit là-bas et qui est, en apportant au
monde la preuve que la nouvelle Allema
gne ne peut être confondue avec celle des
junkers, de lui gagner la confiance de l’é
tranger.
Si l'on rapproche la controverse actuelle
du programme récemment exposé à la tri
bune de l'Assemblée par le ministre des
affaires étrangères Hermann Muller et, en
même temps, des tardifs regrets que con
sentent à. exprimer les délégués du syndi
calisme; allemand à Amsterdam, tout s’en
chaîne et s’explique : il s’agit évidemment
de rompre avec le passé et d’inaugurer
une politique nouvelle.
Avant d’avoir signé le traité, F Allema
gne refusait énergiquement de reconnaître
sa responsabilité dans la guerre. C’est sili
ce point qu’elle a fourni sa suprême résis
tance. Aujourd'hui, nous la voyons au con
traire jeter à la publicité tout ce q»i*peut
témoigner de l’ambition monstrueuse qui
fut celle de son gouvernement. Son minis
tre président Bauer lit en pleine assem
blée des documents qui établissent qu’en
octobre 1917 le chancelier Michaëlis, trouvé
trop modéré par les chefs militaires, enten
dait. garder Liège et consacrer par l’occu
pation militaire l’union économique de la
Belgique à l’Allemagne. On peut compter
que d’autres documents non moins décisifs
suivront et que les révélations, une fois
commencées, ne s’arrêteront, pas.
Nous aurions mauvaise grâce, en Fran
ce, à ne pas nous en réjouir, plüsqu’elles
montrent avec évidence qu’à aucun mo
ment de la guerre l’ennemi ne fut en dis
position de conclure une paix raisonnable,
et que toutes ses ouvertures n'étaient que
des manœuvres destinées à énerver notre
résistance. C’est donc l’éclatante justifica
tion de notre attitude. Mais il est certain
que, dans leurs révélations, les Allemands
n’obéissent pas à un souci de justice et de
vérité ; c’est, une fois de plus, une offen
sive morale qu’ils entreprennent ; ils veu
lent préparer dans la Ligue des Nations
une place à l’Allemagne régénérée. Leur
intérêt est trop évident pour que leur sin
cérité ne soit pas suspecte. Erzberger a
longtemps été l’approbateur et le complice
de ceux dont il flétrit aujourd’hui la con
duite : vainqueurs, il eût continué à les
suivre ; vaincus, il croit utile à sa patrie
de les dénoncer. Sa devise ne change pas :
Deutschland über ailes.
Que, dans une certaine mesure, le gou
vernement actuel de l'Allemagne soit de
bonne foi en proclamant qu’il a renoncé à
la politique de violence suivie par ses pré
décesseurs, cela n’a rien que de vraisem
blable : force est bien à un pays désarmé
de pratiquer une diplomatie pacifique.
On be saurait, pourtant, sur une simple
vraisemblance, renoncer à l’ensemble des
mesures de coercition qui ont été prises
contre l’Allemagne. A son égard, une lon
gue expérience enseigne la défiance, et les
preuves, mêmes fournies par elle, de son
ancienne duplicité, ne sont pas pour ins
pirer un autre sentiment. — M. T.
sommes pas au clair sur les points sur les
sommes pas au ciau s
quels les avis different..
M. Hermann Muller intervient
Berne, 29 juillet. — L'Assemblée natio
nale de Weimar a continué ses débats sur
les révélations de M. Erzberger.
M. Loebe, socialiste, propose que le pro
jet de loi sur lu, Haute Cour soit lié à la
discussion sur la politique générale.
Le Reichstag adopte à une grande ma
jorité. Le député Heintze demande que les
membres du Parlement soient exclus de
la commission d’enquête. Le ministre Da
vid combat cette proposition. Il annonce
que les documents concernant l'armistice
seront prochainement publiés.
.Le, député Gothein. — H est indéniable,
•messieurs, que te dernier porteur de la cou
ronne impériale, par suite de sori manque de
jugement, a plus compromis qu’amélioré nos
relations avec l’étranger. Il porte une part
essentielle dans la responsabilité des fautes
qui nous ont conduiis à /infortune. C'est
pourquoi nous défendrons jusqu’au bout la
forme républicaine de l'Etat.
LA NOTE ANGLAISE
M. Hermann Muller, ministre des affai
res étrangères, prend la parole et, rame
nant les débats aux démarches de paix de
Mgr Paeelli, nonce apostolique, il fait les
déclarations suivantes :
T,a lettre du nonce arriva le 5 septembre
seulement à Berlin. Pne demande du gou
vernement. anglais y était, jointe comme en-
nexe. Ce dernier document ne portait aucune
date et avait la teneur suivante :
« Nous n'avons pas eu encore le temps de
discuter avec nos Alliés la note de Sa Sain
teté et nous ne sommes pas en mesure de
faire connaître notre opinion sur la réponse
à, faire, aux propositions du Saint-Siège rela
tivement aux conditions de paix durable. A
notre avis, il n’y a aucune chance d'arriver
à unè telle paix 'aussi longtemps que les puis
sances centrales n’auront pas fait connaître
leurs buts essentiels de guerre ainsi qué le J
réparations et indemnités auxquelles elles se
raient prêtés, et enfin le moyen où le monde
pourrait être préservé d’un cataclysme sem
blable à celui dont il souffre actuellement.
Votre Eminence veut sans doute provoquer
ces déclarations.
k Même en ce qui concerne la Belgique —
et sur ce point, les puissances centrales re
connurent être dans leur loft — nous ne con
nûmes jamais de déclarations précises sur
leurs intentions de rétablir l’indépendance
complète de la Belgique et de réparer les
dômmages.
» Votre Eminence doit certainement, avoir pré
sente à• ta mémoire les déclarations faites
par les Alliés en réponse à la note du prési
dent Wilson. Une telle déclaration ne fut ja
mais faite. ni par r Allemagne, ni par VÀu-
triche. Une tentative de. mettre d’accord les
belligérants apparaît vaine tant que nous ne
Le ministre des affaires étrangères Mul
ler ajoute qu’il y eut une autre démarche
en vue de la paix par un diplomate espa
gnol. Elle fut antérieure à celle du nonce.
Le représentant britannique répondit à
ce diplomate qu’il ignorait l’attitude à
prendre et demanderait des instructions, à
condition de connaître lgs revendications
de l’Allemagne.
A la suite de ces entrevues eut lieu, le
11 septembre, un conseil de la Couronne
à Berlin.
11 ressort de tous les documents que le
question de la Belgique constituait le point
capital de la paix.
Le ministre Muller continue :
La façon dont l'Allemagne s'est comportée à
celte occasion n'a été qu’une manœuvre de von
Kuhtmann. II voulait remporter le succès sur le
front occidental, alin de relever le moral du
pays et aussi du front. Les Alliés, de leur côté,
étaient certains du succès de leur cause. Ils
avaient 'affirmé, avec Lloyd George, que le
« temps travaillait pour eux ». Voilà pourquoi
on voulait connaître exactement nos buis de
guerre. Nous constatons ainsi trois choses:
1° Que l’on a promis aux chefs de partis
de leur donner des précisions à Berlin 1
2° Que le chancelier Michaëlis n'a fait au
cune déclaration au sujet de la note Pac
celli ;
3° Que la réponse de Michaëlis à la note
était exactement le contraire, d’une déclara
tion précise.
Au 'sujet de ta façon dont Ludendorff con
duisit les opérations militaires, lp ministre
déclare que Ludendorff était, avec Von Tii-
pitz, un de ceux qui ont perdu le peuple al-
lemaiîtl. Quant à moi, je poursuivrai ma po
litique.tracée dans mon discours-programme,
aussi longtemps que mon opinion aura la
majorité de, cette assemblée.
En terminant, M. Hermann Muller dit
quelques mots sur l’assassinat du sergent
français Mannheim : « On comprend l'in
dignation de F Allemagne : un million d'a
mende est une chose inouïe contre laquelle
nous protestons. »
Les lettres de Michaëlis, Hindenburg
et Ludendorff
Le ministre président Bauer constate
que la politique criminelle des classes diri
geantes est responsable des conséquences
de la guerre jusqu’à la révolution. Le.re
tour à la monarchie est absolument hors
de question.
Les Anglais ont présenté certainement .
de vastes prétentions 1 , mais par contre
aussi iis se sont déclarés prêts à une en
tente dès que l’Allemagne aurait une fois
exposé clairement ses buts de guerre. Mais
le gouvernement allemand a toujours re
fusé, ou pour le moins évité une réponse.
Michaëlis et Ludendorff ont fait déjà des
déclarations sur la note communiquée par
ErAœrger. A l’égard de ces deux décla
rations, ia. drame... connaissance de deWX.
autres documents : 1° une lettre du 12 oc
tobre 1917, jour du conseil de la Couronne,
de 'Michaëlis à Hindenburg ; Michaëlis*
écrit notamment ce qui suit :
Les pourparlers d'hier sous la présidence
vous exprimer à vous et au général Ludendorff
l’expression de mes remerciements de m’avoir
soutenu tous depx avec autant de perspicacité
et en dehors de tout point de vue militaire seul,
afin de noué limitèr à des buts de guerre mo
dérés dans le cas où nous arriverions bientôt
en automne ou au printemps à des négociations
de paix. J'admets comme revendication du com
mandement suprême de l'armée que suivant
son avis, on demande comme moyens de pro
tection r de notre industrie existante en pre
mier lieu Liège et une bande de sécurité, et
d'autre, part que si VAllemagne fait tout ce qui
est nécessaire pour assurer l’union économique,
ec qui demandera naturellement plusieurs an
nées à partir du irrité de pair, les garanties mi
litaires doivent subsister. Comme il v a. lieu de
s’y attendre, les .visiteurs à tendance extrême
viennent au grand quartier. Je prie instam
ment Votre Excellence de leur faire connaître
notre point de vue. Il faut faire savoir à ces
gens ce que les ennemis projettent à notre
égard et ce que nous devons atteindre.
La réponse d’Hindenburg, du 15 octobre»,
dit notamment :
Je ne me dissimule pas que la renoncia
tion à la côle des Flandres sera ressentie par
la manne et de larges cercles dans la pa
trie, comme un coup dur qui ne pourra être
atténué que si les concessions promises à
la marine par Votre ExcèÏÏéhcë, * deviennent
une réalité. Avec Ludendorff, je vois une
compensation ' dans les points d’appui, dans
et en dehors de nos colonies. ,
L’incorporation économique de la Belgique
(> VAllemagne ne se fera pas. même après la
conclusion de la paix, sans une pression sur
la Belgique, 1 cet effet, on se servira d’une
occupation militaire de la Belgique de plu
sieurs années.*- Cette occupation militaire sera
aussi nécessaire si les Anglais et les Améri
cains évacuent la France : nous ne. pourrons
prendre les mesures militaires et administra
tives nécessaires que si nous sommes et res
tons à Liège, Je ne puis doue pas penser que
nous quittions Liège dans n’importe quel-
avenir plus ou moins rapproché et fixé par
la retraite.
M. Bauer dit en haussant la voix ; « Et
c’est cela que M. Michaëlis appelle des buts
de guerre modérés ! »
M. Bauer lit les ppinciipaux passages du
mémoire de Ludendorff annexé à la ré
ponse Hindenburg. Ludomdorff déclare no
tamment :
Nous devons tenir (fermement en' mains le
territoire des deux côtés de la Meuse, et au
sud jiusqu’à la Vith. Le moyen d’y parvenir
est la seule incorporation à l’empire alle
mand. 11 11e paraît, pas, provisoirement, y
avoir d’autre moyen. Nous devons encore re
pousser plus en arrière une armée fiq.nco-
anglo-helge. Cela 11e peut se produire que si
la Belgique est unie, étroitement à nous et
qu’elle" cherche aussi de notre côté l’union
politique. Une union économique ne pourra
fias être mise en œuvre sans une rude, pres
sion militaire d’une longue durée et sons
une prise de possession de Liège. La neutra
lisation de la Belgique est, un fantôme avec
lequel on ne doit pas compter.
11 ressort de ce document qu’aucune ré
ponse satisfaisante ne fut donnée concer
nant la Belgique.
Aucune puissance neutre du monde, en
considération de la participation croissante
de l'Amérique, n'aurait transmis une propo
sition politique aussi insuffisante concernant
la Belgique.
En même temps, le parti de la patrie fut
fondé pour soutenir les exigences de la
direction de l’armée qui était derrière le
parti de la patrie et lui fournir de erros
moyens financiers.
Un violent tumulte éclate. On entend les
cris : « Traîtres! Traîtres! » qui couvrent
les coups de sonnette du président.
Le peuple allemand, continue l’orateur, leür
demandera compte. Je demande d'où venaient
les fonds des réactionnaires et de la grosse in
dustrie. Nous avons recueilli un enseigncmrnt.
de cette guerre; c’est+que pour protéger notre
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