Titre : L'Echo de France
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-07-29
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759978g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 juillet 1919 29 juillet 1919
Description : 1919/07/29 (N12764). 1919/07/29 (N12764).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1036993m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-15395
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/12/2015
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•dresse télégraphique : 1ÉCH0RIS-PARIS
NOUVELLES DU MONDE ENWER
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POUR U PUBUCITÉ. s’adresser Société « Écho de Pam-Publlctté ». 20. rue U Peietier
QUE VEUT UE PA VS ?
Après les Boches, l’Etat; c’est trop!
xc Que! yeu£ le pays ? »: [Vous posez la
question, mon 1 cher Directeur.*Eh bien 3
dans les réponses qui vous parviennent
des Flandres, d’Artois, de Picardie, de
• Champagne, de Lorraine, et même d’une
partie de l’Ile-de-Franee, dites-moi si
vous ne retrouvez pas ces Trois mots
comme un douloureux refrain : « Nous
voulons vivre ! »
Je n’accuse ici ni les hommes, ni les
institutions. D’autres hommes auraient-
ils mieux fait ? D’autres institutions se
seraient-elles mieux pliées aux circons
tances ? Je n’en sais rien. Tout ce que je
constate, c’est qu’à cent kilomètres de
Paris vous pouvez encore trouver le dé
sert !
Gomment faire renaître ces malheu
reuses provinces ?
Aujourd’hui, la mode exige que l’on
maudisse les services innombrables et
incohérents dfes Régions libérées.
Je reconnais que la désillusion est
grande, étant donné notre incorrigible
penchant de faire toujours confiance à
FEtat-Providence. Cette tendance natu
relle aux Français n’a pas été, j’imagine,
sans donner à- l’Administration un pré
texte pour intervenir à outrance.
Les Boches ont pillé, brûlé, démoli, et
ces mêmes pays dévastés sont, à pré
sent,, victimes de l’Etat !
L’Etat français ! Ce sont les postes et
télégraphes, c’est le ravitaillement, c’est
la main-d’œuvre, ce sont les baraques,
ee sont les camions. Nous avons vu
l’Etat gérer tous les chemins de fer. Il
est banquier, architecte, agriculteur,
maquignon. Il est tout. Tl veut tout faire,
et son char est enlisé.
Les beaux discours et les circulaires
étaient, en effet, parvenus à ébranler
jusqu’aux plus sceptiques, — car il y en
a, — sur la valeur de l’ingérence de
FEtat ; d’autant que la victoire avait
donné.l’impression, d’une méthode dans
l’organisation, qui pouvait être attribuée
a l’Etat. L’Histoire nous apprendra,, sans
doute, nn jour, que chez nous il faut sur
tout chercher la cause du succès dans la
valeur de l’individu.
Quelques semaines après l’armistice,
pour donner aux sinistrés encore mobi
lisés nn avant-goût de l’idylle qui les
attendait, il leur fut envoyé aux armées
une circulaire dont j’ai précieusement
conservé un exemplaire. Cette circulaire
avait pour but « d’indiquer aux nom
breux paysans et agriculteurs victimes
de l’invasion allemande, les moyens
pratiques de bénéficier du concours de
l’Etat ».
A voir ce document, le sinistré devient
presque un homme enviable ! Il peut se
ravitailler, obtenir des réparations ur
gentes et des baraquements provisoires,
se procurer du mobilier,, faire mettre ses
terres en état et effectuer des labours ur
gents, trouver de la main-d’œuvre, de
l’argent, du bétail et du matériel !...
Je lisais cette circulaire avec com
plaisance, alors que j’étais en Alsace,
délicieusement choyé par les habitants
du village de Niedcrnai auprès duquel
nos avions du 10 e corps étaient venus se
poser. Un jour, par une attention déli
cate que je n’oublierai jamais, M. le
curé Zimmer m’apportait 3,915 francs
que ses paroissiens lui avaient confiés
pour les infortunés habitants de la com
mune de Faverolles, située à la lisière
orientale de la forêt de Villers-Gotterets.
Démobilisé le 26 janvier, j’emportais
au fond du cœur cette foi ardente dans
l’avenir de la France, qui avait animé
tant de soldats au cours de la guerre,
et j’étais prêt à lutter de nouveau, dans
le rang, pour l’œuvre commune de res
tauration. Hélas ! six mois sont passés,
et quand je jette un coup d’œil sur les
résultats obtenus, je reste impressionné
devant leur insuffisance !
♦
**
En exposant ici certains motifs d’in
quiétude des sinistrés qui m’entourent,
je ne ferai assurément que traduire ceux
de bien d’autres, logés à la même en
seigne.
'Il semble que l’Etat ne fasse qu’inter-’
venir à contretemps.
Voici, par exemple, une façon de pro
céder que je vous laisse le soin de qua
lifier et qui se rencontre dans beaucoup
de communes. M. Gaston Ernest, fort
justement, s’en émeut dans Y Architec
ture du 15 juin.
Il s’agit de faire constater les dégâts
immobiliers, conformément à la loi du
5 juillet 1917.
« Dans une commune du département
de l’Aisne, à 15 kilomètres de Soissons,
dix sinistrés ont demandé un expert de
l’Etat ; cinq experts ont été nommés :
l’un d'eux habite Château-Thierry, un
autre dans la Nièvre, deux à Soissons,
un à Paris. L’un est fabricant de sucre;
l’autre fermier; un troisième ingé
nieur. »
Dans la commune de Faverolles
(Aisne), ce sont treize sinistrés qui de
mandent un expert de l’Etat. Sont dé
signés, nn même ingénieur pour dix
d’entre eux, et un architecte différent
pour clraeun des trois derniers.
11 va de soi que pas un seul de ces ex
perts ne préconise une méthode iden
tique. Les constats que leur présentent
les sinistrés sont pour les uns trop dé
taillés, pour les autres insuffisants.
H est donc une première réforme qui
s’impose. Pour les dégâts de même na-
tuero, il ne sera désigné qu’on seul ex
pert de l’Etat par commune dont la po
pulation n’excède pas un certain nom
bre d’habitants. Nous insistons en se
cond lieu pour que les sinistrés et leurs
u’chitectes sachent exactement jusqu’à
iuel degré de détail doit être poussée la
description des dégâts dans le constat
fait au nom des sinistrés pour être pré
senté à l’expert de l’Etat.
En passant, n’oublions pas de citer
cette chinoiserie qui dénote dans l’ad
ministration une mentalité d’une étroi
tesse virginale. Le 5 juin, les membres
de la coopérative de Dampleux écrivent
à la préfecture de l’Aisne pour réclamer
un expert de l’Etat. 'Cette lettre collec
tive porte trente-sept signatures. Le ca
binet du préfet l’enregistre le 12 juin.
Le 11 juillet seulement, la préfecture
répond que les propriétaires sinistrés de
Dampleux devront adresser chacun une
demande personnelle sous pli recom
mandé ! Alors, à quoi bon former une
coopérative ?
A
AA
Il est une autre question dont l’impor
tance semble être capitale, car elle pa
raît interdire à tout, sinistré sans res
sources la possibilité de reconstruire sa
maison. Cotte question est soulevée par
l’application de l’article 44 de la loi du
17 avril 1919 sur les dommages de
guerre.
Tout sinistré qui procède au remploi
peut demander un premier acompte de
25 p. 100 sur la somme qui lui est al
louée par l’Etat pour la porte qu’il a su
bie. Or, la perte subie est évaluée d’après
la valeur des choses en 1914. Prenons un
exemple : Voici le propriétaire d’une
maison de 15,000 francs, valeur 1914.
Cette maison est détruite. Le sinistré
peut toucher 25 p. 100*de la perte qu’il a
subie, soit 3,750 francs. Mais, comme
son immeuble, en 1919, vaut, avec l’élé
vation des prix, 45,000 francs au mini
mum, la somme de 3,750 francs repré
sente un peu moins du douzième de la
valeur actuelle de la reconstruction !
Quels sont, en outre, les ^délais pour
que cette somme dérisoire soit remise
au propriétaire ? Le premier acompte,
sur sa demande, lui sera versé deux
mois après que la commission canto
nale aura fixé le montant de l’indemnité
totale à laquelle il a droit !
« Le solde du montant de la perte su
bie — dit la loi — est versé par acomp
tes successifs au fur et à mesure de la
justification des travaux exécutés ou
des achats effectués,» Chacun de ces
versements a lieu dans le délai de deux
mois de la justification. »
Quant au montant des frais supplé
mentaires qui représentent la différence
entre les prix de 1914 et ceux de 1919, ils
sont aussi versés par acomptes et dans
les mêmes conditions.
Croyez-vous,, alors, qu’un sinistré
puisse décemment proposer une affaire
de ce genre à un architecte : « Voulez-
vous reconstruire ma maison ? En 1914,
elle valait 15,000 francs ; aujourd’hui,
elle me coûtera 45,000 francs. Si j’en fais
la demande, l’Etat, dans deux mois, me
versera 3,750 francs. Quand cette somme
aura été dépensée, sur justification des
travaux exécutés, vous pourrez toucher
en mon nom, au bout d’un nouveau dé
lai de deux mois, un nouvel acompte de
3,750 francs; et ainsi de suite jusqu’à ce
que vous ayez encaissé 15,000 francs.
Passé cette somme, les acomptes seront
de 7,500 francs, payables dans les
mêmes conditions et après les mêmes
délais, jusqu’au remboursement inté
gral des 45,000 francs qui me sont dus. »
En théorie, c’est ainsi que doivent se
présenter les choses, et c’est déjà désas
treux, mais en pratique ce sera bien pis,
car je* vous laisse à penser ce qu’aux
mains de notre Administration vont s’al
longer ces multiples délais...
Quels sont, sous de tels auspices, les
architectes prêts à assurer la direction
d’une série de travaux ? S’il y en a,
qu’ils se nomment ! M. Gaston Ernest,
quant à lui, ne craint pas d’écrire que
« lt^loi est inapplicable ».
A
A*
Ce. n’est pas, mon cher Directeur, dans
les limites de cette lettre qu’il m’est pos
sible de signaler tout, ce qui fait l’objet
des préoccupations de'nos malheureux
sinistrés. Puisque vous me le proposez,
nous continuerons, par la suite, à re
cueillir ici l’écho de leurs plaintes légi
times. Remercions à l’avance tous ceux
qui voudront bien nous aider dans cette
tâche, car il s’en trouvera, je suis'sûr,
pour nous indiquer les points essen
tiels et de détail qui entravent- l’œuvre
de restauration nécessaire. Ce travail de
collaboration rendra, j’espère, quelque
service, en permettant à l’Administra
tion, pavée deé&rneilleures intentions, de
s’harmoniser avec lefe besoins de ceux
qu’elle doit servir, et je souhaite qu’elle
nous réponde dans son nouveau Bulle
tin des Régions libérées.
M. Clemenceau, qui a été, dans la
guerre, un des plus beaux artisans de la
victoire, nous a promis, au cours d’un
récent voyage dans l’Aisne, de devenir
le plus grand architecte de la paix. Il
n'est pas homme à manquer à sa parole,
et nous l’attendons à l’œuvre.
Veuillez agréer., mon cher Directeur,
l’assurance de mon entier dévouement.
GUY DÉ LÜBERSAC.
AU JOUR LE JOUR
mro il
LA RÉCEPTION DU MARÉCHAL FOCH
A LA CITÉ DE LONDRES
Londres, 28 juillet. — La corporation de
la Cité fait de grands préparatifs pour la
réception du maréchal Foch.
L’itinéraire du cortège est orné de gra
cieux arceaux de verdure surmontés de
couronnes dorées avec la colombe de la
paix.
Avant de partir pour le Guidhall, le
maréchal Foch sera reçu par les souve
rains, mercredi matin à 10 h. 30.
Le conseil économique que présidera
M. Clemenceau est convoqué ce malin à
la présidence du conseil. Il s’agit là d’un
organisme nouveau, institué par décret
il y a une dizaine de jours et chargé d’as
surer la préparation et la réalisation
des mesures générales se rapportant au
ravitaillement en denrées de tonte na
ture, à la diminution de la tie chère, à
la répression de la spéculation et à la
renaissance des régions libérées.
Ce matin sont donc convoqués au mi
nistère de la guerre MM. Klotz, Claveille,
Louclieur, Clémentel, Noulens, Henry
Simond,CoUiard et Lebrun, ministres in
téressés aux graves questions écono
miques, ainsi que les sous-secrétaires
d’Etat compétents, voire des délégués
des diverses organisations patronales et
ouvrières.
Quel est l’objet de ceüe délibération ?
Il suffit de réfléchir aux dernières vi
sites de M. Clemenceau dans les régions
dévastées et à la promesse qu’il a faite
et qu’il s’est faite de mettre en œuvre
tout son pouvoir pour arriver à faire
baisser le prix de la vie, pour se corcd
vaincre de l’énergie déployée par le pré
sident du conseil pour réaliser l’œuvre à
laquelle il s’est, attelé.
Des décisions importantes seront-elles
prises ? Je n’ai pas pu le savoir.
En tout cas, le conseil des ministres
habituel du mardi, que préside M. Ray
mond Poincaré à l’Elysée, est ajourné à
demain ou après-demain.
*
A*
A ce conseil, le nouveau gouverneur
général d’Algérie sera-t-il désigné ?
C’est possible. M. Jonnart est à Paris
depuis quelques jours et ses pouvoirs
prennent fin précisément aujourd’hui.
Parmi les candidats dont il est ques
tion, on me cite M. A bel, député de Tou
lon, vice-président de la Chambre.
M. Abel a une très belle prestance,
son menton est orné d’une magnifique
barbe grisonnante, et il a été ministre
pendant vingt-quatre heures.
MARCEL MUTIN.
il la Commission de la Paix
DE QUELQUES MANŒUVRES
QUI SERONT DÉJOUÉES
La commission do la paix, réunie hier
sous la présidence de M. Viviani, a entendu
le ministre des affaires étrangères qu’as
sistaient MM. Jules Cambon et Fromageot,
et ensuite M. Colliard, ministre du travail.
M- Stephen Pichon a répondu à diverses
questions d’ordre juridique international.
Le ministre des affaires étrangères et
le ministre du travail, qu’assistait M. Fon
taine, directeur des services de son minis
tère, se sont ensuitd expliqués sur les con
ditions du travail international.
La commission a ensuite entendu les
conclusions du rapport de M. Henry Pâté
sur les clauses militaires. Le rapporteur
formule d’expresses réserves sur certaines
.de ces clauses ; et notamment il de
mande que, malgré tout, môme si on con
sent à réduire les charges militaires du
pays en hommes, rien ne soit négligé au
point de vue du matériel et des armements
peur assurer la défense nationale.
Le rapport conclut en général au ren
forcement du contrôle et des moyens (Fin
vestigation. que les articles 203 et 213 don
nent à la Société des Nations.
M. Clemenceau, président du conseil,
sera entendu cet après-midi sur la ques
tion de la rive gauche du Rhin et sur celles
des garanties militaires, des rapports du
maréchal Foch et des suites qu* furent
données à ces rapports par la Conférence
de la Paix.
M. Louis Barthou donnera, lundi pro
chain, lecture de son rapport général.
L'impression de tous les rapports serait
ensuite ordonnée et l’on suppose que la
Chambre pourra aborder vers le 10 août
la discussion du traité.
Ceci répond à certaine campagne de
couloirs et aux manœuvres que le titre ci-
dessus indique, manœuvres qui tendraient
à ajourner la discussion du traité .devant
la Chambre française jusqu’au jour où le
Sénat américain se serait prononcé.
La commission ne .semble pas vouloir
se prêter à cette tentative in extremis,
par laquelle les adversaires du ministère
Clemenceau et les partisans d’un ajourne
ment des 'élections, cherchaient simple
ment à gagner le temps nécessaire à leurs
opérations... où l’intérêt électoral domine
si bien l’intérêt national, qu’il n’est, même
pas besoin de féliciter la commission
d’avoir indiqué hier sa volonté de couper
court.
Il est d’ailleurs à présumer que, cet
après-midi, l’audition du président du con
seil apportera des indications et peut-être
des décisions catégoriques. C. G.
Les Souverains espagnols à Paris
C’est vraisemblablement en août pro T
Chain que le roi et la reine d’Espagne, al
lant en Belgique, s’arrêteront, à Paris, où
ils ne sont pas venus depuis 1914 ; ils feront
visite au président et, à Mme Poincaré.
LES HONGROIS REJETÉS
AU DELA DE LA THEISS
(Communiqué roumain) Bucarest, 26 juillet.
Sur le front de Bessarabie, coups de feu
et de mitrailleuses.
Sur le front de Hongrie, l'ennemi, qui
avait franchi la Theiss sur le front tout, en
tier, fut rejeté après des combats acharnés
qui durèrent du 20 au 26 juillet.
L’ennemi se maintient encore seulement
dans les secteurs de Rokamaz et de Szonoh.
La lutte continue axée violence. Nous avons
capturé 260 prisonniers, 2 canons, n mitrail
leuses, du "matériel et des munitions en abon
dance'. .
Nos pertes sont, de S officiers et de 60 sol
dats tués et de 12 officiers et 661 soldats
Hessés
L’IDÉE
PRINCIPALE
Ce qu’il y a de plus^ im
portant, de plus net aussi,
dans le manifeste du parti
radical, c’est la condamnation du bol
chevisme. Sur d’autres questions, la pen
sée du rédacteur a quelque incertitude et
s’embrouille avec prudence afin de mé
nager, vaille que vaille, les susceptibilités
des uns et des autres. Il fallait proba
blement trouver des formules assez va
gues pour que les opinions particulières
n’y fussent, point offensées. Quant au
bolchevisme, ces malignes précautions
n’étaient pas nécessaires, paraît-il ; et, en
somme, le parti radical « repousse toute
forme de bolchevisme, cette caricature
sanglante du marxisme allemand qui,
loin de panser les plaies et les désastres
causés par la guerre, ne ferait que les ag
graver et ne laisserait après elle que dé
ception, ruine et misère ». On peut et
l’on doit s’entendre là-dessus, comme
sur l’évidence. Le bolchevisme intégral a
fait et fait encore ses preuves en Russie:
quand une doctrine a réduit un grand
pays à la famine et à la terreur, cette
doctrine est jugée. Mais il y a, dans la
réalité ou dans la rêverie, d’autres sor
tes de bolchevisme et, si l’on veut, du
bolchevisme atténué, dissimulé, habillé
plus décemment, qui se présente un peu
moins mal et se procure ainsi des parti
sans naïfs ou complaisants. Le parti ra
dical ne se borne pas à condamner le bol
chevisme intégral : mais il condamne
«toute forme de bolchevisme »; autant
dire, toute espèce de désordre. Il aura
contre lui tous les révolutionnaires qui,
aux calamités de la guerre étrangère,
ajouteraient les calamités de la guerre
civile. Mais, sur ce point capital, au
moins s’accordera-t-il avec tous les bons
citoyens qui refusent de gaspiller les ré
sultats de la victoire et qui exigent que
l’immense sacrifice des soldats ait une
pleine conséquence nationale. Dans l’or
dre, toutes les réformes désirées sont à
examiner et, justes, ont les plus grandes
chances d’aboutir. Dans le désordre, au
cune ! Le désordre ne crée pas : il détruit.
Après cinq ans de guerre, la France est
à bout de destructions. C’est assurément
sur ce fait bien vu qu’en politique se
constituera un parti de la France.— A. B.
Les intrigues allemandes en Russie
Le gouvernement de Berlin prépare
activement la reprise des relations
économiques
(De notre correspondant spécial)
Stockholm, 27 juillet- — Les journaux
suiédois continuent de publier des télégram
mes suggestifs de Berlin, concernant Le ré
tablissement des relations économiques
entre l'AlIlemagne et la Russie, confirmant
pleinement toutes mes informations pu
bliées par l’Echo de Paris, le I e ' juillet
encore. Le gouvernement allemand, selon
la presse suédoise, a préféré s'asbtenir de
toute discussion à l’Assemblée nationale sur
les questions commerciales avec la Russie.
Il a conféré toute liberté d'action au géné
ral von der Goltz, pour agir contre les
bolcheviks, mais sans cesser pour cela de
rechercher, pour ses relations ultérieures
avec la Russie, une base plus positive (sic)
que le sauvetage de la Russie par l'amiral
Koltchak. Une fois de plus, le double jeu
de l'Allemagne apparaît dans son intégra
lité.
Selon mes renseignements, absolument
sûrs, le gouvernement allemand cherche
rait, à offrir ses services à la Ligue des
Nations, pour combattre solidairement le
bolchevisme, et ce, dans l'espoir d'obtenir
un adoucissement des conditions_.de paix.
Mais, en même temps, craignant d'être de
vancé sur les marchés russes par la con
currence américaine, le gouvernement al
lemand laisse le champ libre à ses indus
triels et à ses commerçants en Russie. Une
délégation allemande économique s'est ren
due'secrètement, en territoire russe, par
Varsovie et est revenue depuis quelques
jours, avec des offres extrêmement allé
chantes, élaborées par Krassine, le princi
pal partisan du rapprochement russo-alle
mand. . •. „
Un article qui vient, de paraître dans
ï’Algemeine Deutsche Zeitung éclaire à ce
sujet les dessous de la politique allemande•
Ce journal annonce l’éventualité de cer
taines modifications politiques et écono
miques du régime bolchevik en faveur des
étrangers (lisez des Allemands). Notamment
les capitaux étrangers consacrés aux en-
grand optimisme concernant la reprise
très prochaine des relations économiques
entre la Russie et VAllemagne.
DEUX LIVRES
DE MAURICE BARRÉS
Le livre de nos espérances réalisées,
F inoubliable récit de la rentrée des trou
pes françaises à Metz et à Strasbourg, —
et puis le livre de notre tâche de demain,
l’exposé de la situation française sur le
Rhin • voilà ce que Maurice Barrés nous
donne dans La Minute sacrée et dans
La France dams les pays rhénans.
Tous les jeunes garçons, toutes les jeu
nes filles doivent avoir dans leurs mains
ces deux ouvrages de grande poésie et
d’histoire qui leur disent, ce que lut la
tâche de leurs parents et ce que va etre
leur tâche propre. .
Ces deux livres sont édités a la Société
littéraire de France, 10, rue de 1 Odeon.
Nos'lecteurs pourront se les procurer
dans nos bureaux au prix de 3 francs cha
cun. Franco 3 fr. 35. Il n est pas 1; ’t
d’envoi contre remboursement.
L’UNION DELAFRANCE
ET DE LA BELGIQUE
(De notre correspondant particulier)
Bruxelles, 28 juillet. — Voici peut-être la
manifestation la plus significative jusqu'ici
du mouvement qui pousse la Belgique et la
France à s'unir pour la défense de leurs
intérêts communs. M. Laurence de Lalande
et M. Paul Lefairrc) tous deux ministres
plénipotentiaires, ont été reçus à Rrnxelles
en leur qualité de délégués du comité de
la rive gauche du Rhin, par le Comité de
politique nationale.
On sait l’action énergique et originale,
l’influence considérable et salutaire
qu'exerce en Belgique sur les questions de
politique extérieure ce groupe, qui a rallié
à sa cause en quelques mois 27a,000 adhé
rents. Son conseil executif a été bien ins
piré en invitant le Comité de la rive gau
che du Rhin à prendre, contact avec lui.
Au cours du long échange de vues gui eut
lieu dimanche matin et qui se poursuivit le
plus aimablement du monde dans l'après-
midi, sous les ombrages du parc de Ter-
vueren, les représentants des deux comités
ont marqué leur accord sur la jdupart des
questions que posent, au point de vue éco
nomique, le problème de Vinternationali
sation du Rhin et celui de Vadministration
des provinces occupées. Dans le nouveau
domaine qui s’ouvre à leur activité, la Bel
gique ci la France, doivent se soute fit r mu
tuellement et veiller à ce que les neutres
ne favorisent point la contrebande alle
mande. Henri Puttemans.
LES DÉNONCIATEURS DE LAON
L’AUTRICHE DEMANDE UN' DÉLAI
Le chancelier Renner vient d'adresser
au secrétariat de la conférence une note
demandant une prolongation de sept jours
au délai accordé à la délégation autri
chienne pour faire connaître sa réponse.
Deux autres notes ont été également en
voyées, l’une annonçant la démission de
M. Otto Bauer, que le. chancelier Renner
remplace à la direction des affaires étran
gères, l’autre protestant contre la pénurie
de charbon où se trouve Vienne à la suite
de l’inexécution des promesses faites par
ses voisins allemands, polonais et Tchéco
slovaques.
Avant de clore définitivement les débats
de ce procès, qui n’occupa pas moins de
trente-sept audiences, comme le colonel Le
duc posait une dernière fois aux accusés
la question traditionnelle :
— Avez-vous quelque- chose à ajouter
pour votre défense ? 1
Seul, le policier boche Thomas répondit.
Il demanda l’indulgence pour ses co-accu
sés.
— Sans cette horrible guerre, ajouta-t-il,
qui vous a été imposée par les Allemands,
tous ceux qui sont sur ces bancs seraient
restés de bons citoyens.
Et ces paroles avaient une saveur parti
culière, retentissant avec un fort accent tu-
desque dans le silence de la salle des as
sises. Où trouver un plus bel aveu sur la
responsabilité de la guerre ?
Puis, les membres du conseil se retirè
rent pour délibérer sur les 171 questions
qui leur étaient soumises. 11 était 1 h. 30.
Pendant plus de quatre heures et demie,
on attendit ; on attendit jusqu’à 6 heures
moins 10. Il y avait, beaucoup de monde
dans la salle lorsque le conseil rentra en
séance.
Près de nous, une très jeune fille, le
cœur serré d’émotion, dit à mi-voix, en re
gardant les juges :
- Couuue ils sont pâles 1 Us ont dû
être bien sévères.
La jeune fille ne trompait point, ils
avaient été sévères.
Voici les peines prononcées :
Georges Toqué, Alice Aubert, ReSclle,
Hélène Favre, Georges Lochet, Moïse Le
moine, Léandre Herbert. Gaston Xenet
sont condamnés à mort à l'unanimité.
Sont condamnés à mort par contumace •
Arthur-Noël Demaux, A- Werrebrouck et
la femme Deldique.
Emile Thomas s’en tire avec un an de
prison avec sursis.
La femme Werrebroucq est condamnée
à 20 ans de travaux forcés, avec interdic
tion de séjour. La veuve Tassot, Marguerite
Gireaudeau et Emile Lob j oi-s, à 10 ans ;
Joseph Romain à 7 ans ; Alice Tocfuié, Ga-
brielle Verlon, Emile Tassot, Maria Per-
nelle et Léon Baudant à 5 ans.
Louis Marguet, les époux Kirgis. la veuve
Kaltehbaclî et Marie Pétrot sont acquittés.
LES RÉVÉLATIONS D’ERZBERGER •
Michaëlis publie une note de Guillaumell
sur ‘ ‘ F annexion de la Belgique ’ ’ -
Les révélations de M. Erzberger conti
nuent de passionner l’Allemagne.
La proposition des socialistes majoritai
res demandant l’affichage des discours
d’Erzberger et de Hermann Muller a été
irepoussée par l’Assemblée nationale, ainsi
que la publication du compte rendu des
séances secrètes de la commission d’en
quête sur les causes et la conduite de la
guerre.
D’autre part la presse conservatrice ac
cablée riposte par la violence ej se déchaî
ne contre les anciens ministres.
Les attaques de la Tacgliche Rundschau
contre l’ex-chancelier Michaëlis, provo
quent une réponse sensationnelle de ce der
nier, où il met en cause le kaiser lui-mê
me. Voici sa déclaration :
« Je n'ai pas à ma disposition les docu
ments officiels relatifs à la lettre qui m’a
été adressée par le nonce Paccelli le 30 août
1917. J'ai conféré avec les secrétaires
d’Etat et les ministres sur les mesures à
prendre, à propos de cette lettre, et j’ai fait
un rapport à l’empereur. Le 1 er septembre a
eu lieu, à Berlin, un conseil de la couronne
en présence des représentants supérieurs
de l’armée et de la marine.
» Le résultat de cette discussion a été ré
sumé par l’empereur dans une remarque
de sa propre main, qui est ainsi conçue :
« L’annexion de la Belgique est une
chose délicate. La côte de Flandre, il est
vrai, est très importante et Zeebrugge ne
doit pas tomber entre les mains des An
glais. Mais la .côte belge seule ne peut pas
être tenue. Il faut réaliser une union éco
nomique entre la Belgique et l’Allemagne.
La Belgique, elle-même, y a le plus grand
intérêt. » ' S
» A la suite de la proposition du nonce,
je décidai, avec M. de Kuhlmann, qu’il y
avait lieu de faire exécuter des sondages
par une personnalité bien connue. Il fallait
se rendre compte si la volonté existait d’a
bandonner les anciens buts de paix an-
nexionistes et de négocier sur la base d’une
médiation. Le choix de l'intermédiaire tom
ba sur un diplomate neutre particulière
ment habile. Sa tache fut ainsi tracée : Les
conditions préalables des négociations avec
l’Angleterre seraient : qu’elle reconnût que
nos frontières resteraient intactes ; qiîe nos
colonies nous seraient rendues ; qu’aucune
indemnité ne pourrait être réclamée et
qu’il ne devrait pas y avoir de guerre éco
nomique succédant aux hostilités.
» C’était seulement grâce au secret le
plus absolu que ce premier coup de sonde
vers la paix pouvait être exécuté. A la ré
ception de la lettre du nonce, il a été éta
bli qu’Erzberger avait été averti avant moi
de la remise de ce document. Il fallait à
tout prix prévenir une> indiscrétion de sa
part. C’est pourquoi on a adopté à l’égard
de la lettre du nonce une attitude expecta
tive.
» Le danger des indiscrétions fut démon
tré par la suite. On divulgua ce qui s’était
passé au conseil de la Couronne, et la con
séquence fut que les représentants du gou
vernement britannique démentirent offi
ciellement qu’une offre de paix eût été
faite. »
La réponse du chancelier au Nonce
Voici :1e texte de la lettre, dont. M. Erz
berger a lu un passage, vendredi, par le
quel le chancelier Michaëlis opposa une fin
de non-recevoir aux ouvertures du nonc«
Paccelli :
j'ai en l'honneur de recevoir la lettre de Vo
tre Excellence du .30 du mois dernier et je vous
prie d’agréer l’expression de mon plus pro
fond remerciement pour l'aimable transmission
de cette communication intéressante. Ainsi que
je le lis dans la lettre de Votre Excellence. M.
le Cardinal secrétaire d’Etat veut poursuivre
ses efforts pour amener prochainement une paix
juste, et durable. Je prends connaissance de
cela avec une vive satisfaction, car les vœux
du gouvernement impérial s’accordent absolu
ment. avec les efforts de Son Eminence. Que Vo
tre Excellence me permette de faire remarquer
ce qui suit au sujet de la copie d’un télégram
me du gouvernement royal britannique à son
ambassadeur près du Saint-Siège. Le gouverne
ment impérial se joint à la conception que, pâr
l’exacte précision des buts de guerre, la voie
sera ouverte qui permettra l’union entre les
pays faisant la guerre, car une précision exacte
des conditions proposées permettra de se ren
dre compte, par un examen dans un esprit con
ciliant, si les oppositions existantes peuvent
être écartées. Afin de traiter les questions à étu-
~dier, il faudra sans aucun doute fixer un cer
tain ordre et sérier les "questions. A notre point
de vue aussi les questions relatives à la Belgi
que doivent être étudiées en premier lieu.
II apparaît chez nos adversaires une ten
dance générale à charger les puissances cen
trales de la seule responsabilité de 1a. guerre
et à parler d’elles sur un ton qui ferait croire
qu’elles ont à apparaître comme accusé devant
un tribunal. Nous nous sommes aperçus avec
un réel regret que, même dans le télégramme
du gouvernement royal britannique que Votre
Excellence m’a transmis, il y a des concep
tions qui répondent à ce qui' vient d’être ex
posé, et, cependant, il nous est arrivé parfois
des rapports, montrant que quelquefois aussi
dans les explications des principaux hommes
d’Etat anglais, des conceptions ont été mises
à jour qui peuvent être acceptées par nous, et
qui correspondaient au jugement que l’histoire
reconnaîtra un jour comme la vérité...
Si nos adversaires actuels disent qu’ils ont
communiqué leurs buts de guerre comme ré
ponse à la note du président Wilson, il n’est
pas superflu de signaler déjà maintenant à
ce sujet que les buts de guerre communiqués
alors ne peuvent pas être pris en considéra
tion comme base d’un échange d’opinions,
car ils se fondent sur des suppositions qui
ne se réaliseront jamais, grâce à la persévé
rance du peuple allemand, à savoir : l'ef
fondrement absolu de l’Allemagne et de ses
alliés.
Si l’Allemagne avait voulu publier ses buts
de guerre ou les communiquer à ses ad
versaires d’aujourd’hui, les contrastes des
exigences réciproques eussent été si gran
des que même la meilleure volonté eût douté
de l’union possible. Si l’on devait en arriver,
au moment présent, à des pourparlers sur la
possibilité de la paix, ils ne pourraient être
conduits que sur de nouvelles bases. Notam
ment sur la base qu'à l'heure actuelle aucun
des deux partis n'est vaincu et que rien ne,
serait exigé moralement, et politiquement de
ce qu'un peuple brave,même s’il était, vaincu,
ne pourrait supporter. Dans l'état actuel des
choses, nous ne sommes pas encore en me
sure de réaliser le vœu de Votre Excellence„
ni de donner la déclaration définie relative
aux projets du. gouvernement impérial cqn-
carnant la Belgique et les garanties désirées
par nous. La raison de cela u’est- en aucune
manière que le gouvernement, impérial n’pst
pas disposé à donner une telle explication
ou qu’il ne l’estime pas d’une importance
décisive pour la question de la paix ou qu’il
croit que les projets de garantie lui parais*
sant nécessaires, pourraient constituer un
obstacle insurmontable pour la question de
la paix, mais au contraire plutôt parce que
les conditions préliminaires qui constituent
la base nécessaire d’une telle déclaration pa
raissent ne pas être suffisamment éclaircies.
Le gouvernement impérial s’efforcera d’ob
tenir la clarté à ce sujet, et il espère dans un
lomps peu éloigné être à même de renseigner
Votre Excellence d’une manière précise sur les
projets et les exigences nécessaires du gouver
nement impérial, principalement en ce qui con
cerne la Belgique. Je dois exprimer maintenait!
apporter aux peuples les bienfaits de la paix
et sera couronnée de succès. Avec ma respec
tueuse considération, j’ai l’honneur de persé
vérer, etc., etc. ï) r Mic.haeus.
Le comte Czernin se plaint
de l’indiscrétion d’Erzberger
« Autant que je puis en juger d’après le
compte rendu de la presse, le discours-
d’Erzberger ne donne pas une image com
plète des événements ; beaucoup, d’inci
dents d’une importance considérable, n’y
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•dresse télégraphique : 1ÉCH0RIS-PARIS
NOUVELLES DU MONDE ENWER
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QUE VEUT UE PA VS ?
Après les Boches, l’Etat; c’est trop!
xc Que! yeu£ le pays ? »: [Vous posez la
question, mon 1 cher Directeur.*Eh bien 3
dans les réponses qui vous parviennent
des Flandres, d’Artois, de Picardie, de
• Champagne, de Lorraine, et même d’une
partie de l’Ile-de-Franee, dites-moi si
vous ne retrouvez pas ces Trois mots
comme un douloureux refrain : « Nous
voulons vivre ! »
Je n’accuse ici ni les hommes, ni les
institutions. D’autres hommes auraient-
ils mieux fait ? D’autres institutions se
seraient-elles mieux pliées aux circons
tances ? Je n’en sais rien. Tout ce que je
constate, c’est qu’à cent kilomètres de
Paris vous pouvez encore trouver le dé
sert !
Gomment faire renaître ces malheu
reuses provinces ?
Aujourd’hui, la mode exige que l’on
maudisse les services innombrables et
incohérents dfes Régions libérées.
Je reconnais que la désillusion est
grande, étant donné notre incorrigible
penchant de faire toujours confiance à
FEtat-Providence. Cette tendance natu
relle aux Français n’a pas été, j’imagine,
sans donner à- l’Administration un pré
texte pour intervenir à outrance.
Les Boches ont pillé, brûlé, démoli, et
ces mêmes pays dévastés sont, à pré
sent,, victimes de l’Etat !
L’Etat français ! Ce sont les postes et
télégraphes, c’est le ravitaillement, c’est
la main-d’œuvre, ce sont les baraques,
ee sont les camions. Nous avons vu
l’Etat gérer tous les chemins de fer. Il
est banquier, architecte, agriculteur,
maquignon. Il est tout. Tl veut tout faire,
et son char est enlisé.
Les beaux discours et les circulaires
étaient, en effet, parvenus à ébranler
jusqu’aux plus sceptiques, — car il y en
a, — sur la valeur de l’ingérence de
FEtat ; d’autant que la victoire avait
donné.l’impression, d’une méthode dans
l’organisation, qui pouvait être attribuée
a l’Etat. L’Histoire nous apprendra,, sans
doute, nn jour, que chez nous il faut sur
tout chercher la cause du succès dans la
valeur de l’individu.
Quelques semaines après l’armistice,
pour donner aux sinistrés encore mobi
lisés nn avant-goût de l’idylle qui les
attendait, il leur fut envoyé aux armées
une circulaire dont j’ai précieusement
conservé un exemplaire. Cette circulaire
avait pour but « d’indiquer aux nom
breux paysans et agriculteurs victimes
de l’invasion allemande, les moyens
pratiques de bénéficier du concours de
l’Etat ».
A voir ce document, le sinistré devient
presque un homme enviable ! Il peut se
ravitailler, obtenir des réparations ur
gentes et des baraquements provisoires,
se procurer du mobilier,, faire mettre ses
terres en état et effectuer des labours ur
gents, trouver de la main-d’œuvre, de
l’argent, du bétail et du matériel !...
Je lisais cette circulaire avec com
plaisance, alors que j’étais en Alsace,
délicieusement choyé par les habitants
du village de Niedcrnai auprès duquel
nos avions du 10 e corps étaient venus se
poser. Un jour, par une attention déli
cate que je n’oublierai jamais, M. le
curé Zimmer m’apportait 3,915 francs
que ses paroissiens lui avaient confiés
pour les infortunés habitants de la com
mune de Faverolles, située à la lisière
orientale de la forêt de Villers-Gotterets.
Démobilisé le 26 janvier, j’emportais
au fond du cœur cette foi ardente dans
l’avenir de la France, qui avait animé
tant de soldats au cours de la guerre,
et j’étais prêt à lutter de nouveau, dans
le rang, pour l’œuvre commune de res
tauration. Hélas ! six mois sont passés,
et quand je jette un coup d’œil sur les
résultats obtenus, je reste impressionné
devant leur insuffisance !
♦
**
En exposant ici certains motifs d’in
quiétude des sinistrés qui m’entourent,
je ne ferai assurément que traduire ceux
de bien d’autres, logés à la même en
seigne.
'Il semble que l’Etat ne fasse qu’inter-’
venir à contretemps.
Voici, par exemple, une façon de pro
céder que je vous laisse le soin de qua
lifier et qui se rencontre dans beaucoup
de communes. M. Gaston Ernest, fort
justement, s’en émeut dans Y Architec
ture du 15 juin.
Il s’agit de faire constater les dégâts
immobiliers, conformément à la loi du
5 juillet 1917.
« Dans une commune du département
de l’Aisne, à 15 kilomètres de Soissons,
dix sinistrés ont demandé un expert de
l’Etat ; cinq experts ont été nommés :
l’un d'eux habite Château-Thierry, un
autre dans la Nièvre, deux à Soissons,
un à Paris. L’un est fabricant de sucre;
l’autre fermier; un troisième ingé
nieur. »
Dans la commune de Faverolles
(Aisne), ce sont treize sinistrés qui de
mandent un expert de l’Etat. Sont dé
signés, nn même ingénieur pour dix
d’entre eux, et un architecte différent
pour clraeun des trois derniers.
11 va de soi que pas un seul de ces ex
perts ne préconise une méthode iden
tique. Les constats que leur présentent
les sinistrés sont pour les uns trop dé
taillés, pour les autres insuffisants.
H est donc une première réforme qui
s’impose. Pour les dégâts de même na-
tuero, il ne sera désigné qu’on seul ex
pert de l’Etat par commune dont la po
pulation n’excède pas un certain nom
bre d’habitants. Nous insistons en se
cond lieu pour que les sinistrés et leurs
u’chitectes sachent exactement jusqu’à
iuel degré de détail doit être poussée la
description des dégâts dans le constat
fait au nom des sinistrés pour être pré
senté à l’expert de l’Etat.
En passant, n’oublions pas de citer
cette chinoiserie qui dénote dans l’ad
ministration une mentalité d’une étroi
tesse virginale. Le 5 juin, les membres
de la coopérative de Dampleux écrivent
à la préfecture de l’Aisne pour réclamer
un expert de l’Etat. 'Cette lettre collec
tive porte trente-sept signatures. Le ca
binet du préfet l’enregistre le 12 juin.
Le 11 juillet seulement, la préfecture
répond que les propriétaires sinistrés de
Dampleux devront adresser chacun une
demande personnelle sous pli recom
mandé ! Alors, à quoi bon former une
coopérative ?
A
AA
Il est une autre question dont l’impor
tance semble être capitale, car elle pa
raît interdire à tout, sinistré sans res
sources la possibilité de reconstruire sa
maison. Cotte question est soulevée par
l’application de l’article 44 de la loi du
17 avril 1919 sur les dommages de
guerre.
Tout sinistré qui procède au remploi
peut demander un premier acompte de
25 p. 100 sur la somme qui lui est al
louée par l’Etat pour la porte qu’il a su
bie. Or, la perte subie est évaluée d’après
la valeur des choses en 1914. Prenons un
exemple : Voici le propriétaire d’une
maison de 15,000 francs, valeur 1914.
Cette maison est détruite. Le sinistré
peut toucher 25 p. 100*de la perte qu’il a
subie, soit 3,750 francs. Mais, comme
son immeuble, en 1919, vaut, avec l’élé
vation des prix, 45,000 francs au mini
mum, la somme de 3,750 francs repré
sente un peu moins du douzième de la
valeur actuelle de la reconstruction !
Quels sont, en outre, les ^délais pour
que cette somme dérisoire soit remise
au propriétaire ? Le premier acompte,
sur sa demande, lui sera versé deux
mois après que la commission canto
nale aura fixé le montant de l’indemnité
totale à laquelle il a droit !
« Le solde du montant de la perte su
bie — dit la loi — est versé par acomp
tes successifs au fur et à mesure de la
justification des travaux exécutés ou
des achats effectués,» Chacun de ces
versements a lieu dans le délai de deux
mois de la justification. »
Quant au montant des frais supplé
mentaires qui représentent la différence
entre les prix de 1914 et ceux de 1919, ils
sont aussi versés par acomptes et dans
les mêmes conditions.
Croyez-vous,, alors, qu’un sinistré
puisse décemment proposer une affaire
de ce genre à un architecte : « Voulez-
vous reconstruire ma maison ? En 1914,
elle valait 15,000 francs ; aujourd’hui,
elle me coûtera 45,000 francs. Si j’en fais
la demande, l’Etat, dans deux mois, me
versera 3,750 francs. Quand cette somme
aura été dépensée, sur justification des
travaux exécutés, vous pourrez toucher
en mon nom, au bout d’un nouveau dé
lai de deux mois, un nouvel acompte de
3,750 francs; et ainsi de suite jusqu’à ce
que vous ayez encaissé 15,000 francs.
Passé cette somme, les acomptes seront
de 7,500 francs, payables dans les
mêmes conditions et après les mêmes
délais, jusqu’au remboursement inté
gral des 45,000 francs qui me sont dus. »
En théorie, c’est ainsi que doivent se
présenter les choses, et c’est déjà désas
treux, mais en pratique ce sera bien pis,
car je* vous laisse à penser ce qu’aux
mains de notre Administration vont s’al
longer ces multiples délais...
Quels sont, sous de tels auspices, les
architectes prêts à assurer la direction
d’une série de travaux ? S’il y en a,
qu’ils se nomment ! M. Gaston Ernest,
quant à lui, ne craint pas d’écrire que
« lt^loi est inapplicable ».
A
A*
Ce. n’est pas, mon cher Directeur, dans
les limites de cette lettre qu’il m’est pos
sible de signaler tout, ce qui fait l’objet
des préoccupations de'nos malheureux
sinistrés. Puisque vous me le proposez,
nous continuerons, par la suite, à re
cueillir ici l’écho de leurs plaintes légi
times. Remercions à l’avance tous ceux
qui voudront bien nous aider dans cette
tâche, car il s’en trouvera, je suis'sûr,
pour nous indiquer les points essen
tiels et de détail qui entravent- l’œuvre
de restauration nécessaire. Ce travail de
collaboration rendra, j’espère, quelque
service, en permettant à l’Administra
tion, pavée deé&rneilleures intentions, de
s’harmoniser avec lefe besoins de ceux
qu’elle doit servir, et je souhaite qu’elle
nous réponde dans son nouveau Bulle
tin des Régions libérées.
M. Clemenceau, qui a été, dans la
guerre, un des plus beaux artisans de la
victoire, nous a promis, au cours d’un
récent voyage dans l’Aisne, de devenir
le plus grand architecte de la paix. Il
n'est pas homme à manquer à sa parole,
et nous l’attendons à l’œuvre.
Veuillez agréer., mon cher Directeur,
l’assurance de mon entier dévouement.
GUY DÉ LÜBERSAC.
AU JOUR LE JOUR
mro il
LA RÉCEPTION DU MARÉCHAL FOCH
A LA CITÉ DE LONDRES
Londres, 28 juillet. — La corporation de
la Cité fait de grands préparatifs pour la
réception du maréchal Foch.
L’itinéraire du cortège est orné de gra
cieux arceaux de verdure surmontés de
couronnes dorées avec la colombe de la
paix.
Avant de partir pour le Guidhall, le
maréchal Foch sera reçu par les souve
rains, mercredi matin à 10 h. 30.
Le conseil économique que présidera
M. Clemenceau est convoqué ce malin à
la présidence du conseil. Il s’agit là d’un
organisme nouveau, institué par décret
il y a une dizaine de jours et chargé d’as
surer la préparation et la réalisation
des mesures générales se rapportant au
ravitaillement en denrées de tonte na
ture, à la diminution de la tie chère, à
la répression de la spéculation et à la
renaissance des régions libérées.
Ce matin sont donc convoqués au mi
nistère de la guerre MM. Klotz, Claveille,
Louclieur, Clémentel, Noulens, Henry
Simond,CoUiard et Lebrun, ministres in
téressés aux graves questions écono
miques, ainsi que les sous-secrétaires
d’Etat compétents, voire des délégués
des diverses organisations patronales et
ouvrières.
Quel est l’objet de ceüe délibération ?
Il suffit de réfléchir aux dernières vi
sites de M. Clemenceau dans les régions
dévastées et à la promesse qu’il a faite
et qu’il s’est faite de mettre en œuvre
tout son pouvoir pour arriver à faire
baisser le prix de la vie, pour se corcd
vaincre de l’énergie déployée par le pré
sident du conseil pour réaliser l’œuvre à
laquelle il s’est, attelé.
Des décisions importantes seront-elles
prises ? Je n’ai pas pu le savoir.
En tout cas, le conseil des ministres
habituel du mardi, que préside M. Ray
mond Poincaré à l’Elysée, est ajourné à
demain ou après-demain.
*
A*
A ce conseil, le nouveau gouverneur
général d’Algérie sera-t-il désigné ?
C’est possible. M. Jonnart est à Paris
depuis quelques jours et ses pouvoirs
prennent fin précisément aujourd’hui.
Parmi les candidats dont il est ques
tion, on me cite M. A bel, député de Tou
lon, vice-président de la Chambre.
M. Abel a une très belle prestance,
son menton est orné d’une magnifique
barbe grisonnante, et il a été ministre
pendant vingt-quatre heures.
MARCEL MUTIN.
il la Commission de la Paix
DE QUELQUES MANŒUVRES
QUI SERONT DÉJOUÉES
La commission do la paix, réunie hier
sous la présidence de M. Viviani, a entendu
le ministre des affaires étrangères qu’as
sistaient MM. Jules Cambon et Fromageot,
et ensuite M. Colliard, ministre du travail.
M- Stephen Pichon a répondu à diverses
questions d’ordre juridique international.
Le ministre des affaires étrangères et
le ministre du travail, qu’assistait M. Fon
taine, directeur des services de son minis
tère, se sont ensuitd expliqués sur les con
ditions du travail international.
La commission a ensuite entendu les
conclusions du rapport de M. Henry Pâté
sur les clauses militaires. Le rapporteur
formule d’expresses réserves sur certaines
.de ces clauses ; et notamment il de
mande que, malgré tout, môme si on con
sent à réduire les charges militaires du
pays en hommes, rien ne soit négligé au
point de vue du matériel et des armements
peur assurer la défense nationale.
Le rapport conclut en général au ren
forcement du contrôle et des moyens (Fin
vestigation. que les articles 203 et 213 don
nent à la Société des Nations.
M. Clemenceau, président du conseil,
sera entendu cet après-midi sur la ques
tion de la rive gauche du Rhin et sur celles
des garanties militaires, des rapports du
maréchal Foch et des suites qu* furent
données à ces rapports par la Conférence
de la Paix.
M. Louis Barthou donnera, lundi pro
chain, lecture de son rapport général.
L'impression de tous les rapports serait
ensuite ordonnée et l’on suppose que la
Chambre pourra aborder vers le 10 août
la discussion du traité.
Ceci répond à certaine campagne de
couloirs et aux manœuvres que le titre ci-
dessus indique, manœuvres qui tendraient
à ajourner la discussion du traité .devant
la Chambre française jusqu’au jour où le
Sénat américain se serait prononcé.
La commission ne .semble pas vouloir
se prêter à cette tentative in extremis,
par laquelle les adversaires du ministère
Clemenceau et les partisans d’un ajourne
ment des 'élections, cherchaient simple
ment à gagner le temps nécessaire à leurs
opérations... où l’intérêt électoral domine
si bien l’intérêt national, qu’il n’est, même
pas besoin de féliciter la commission
d’avoir indiqué hier sa volonté de couper
court.
Il est d’ailleurs à présumer que, cet
après-midi, l’audition du président du con
seil apportera des indications et peut-être
des décisions catégoriques. C. G.
Les Souverains espagnols à Paris
C’est vraisemblablement en août pro T
Chain que le roi et la reine d’Espagne, al
lant en Belgique, s’arrêteront, à Paris, où
ils ne sont pas venus depuis 1914 ; ils feront
visite au président et, à Mme Poincaré.
LES HONGROIS REJETÉS
AU DELA DE LA THEISS
(Communiqué roumain) Bucarest, 26 juillet.
Sur le front de Bessarabie, coups de feu
et de mitrailleuses.
Sur le front de Hongrie, l'ennemi, qui
avait franchi la Theiss sur le front tout, en
tier, fut rejeté après des combats acharnés
qui durèrent du 20 au 26 juillet.
L’ennemi se maintient encore seulement
dans les secteurs de Rokamaz et de Szonoh.
La lutte continue axée violence. Nous avons
capturé 260 prisonniers, 2 canons, n mitrail
leuses, du "matériel et des munitions en abon
dance'. .
Nos pertes sont, de S officiers et de 60 sol
dats tués et de 12 officiers et 661 soldats
Hessés
L’IDÉE
PRINCIPALE
Ce qu’il y a de plus^ im
portant, de plus net aussi,
dans le manifeste du parti
radical, c’est la condamnation du bol
chevisme. Sur d’autres questions, la pen
sée du rédacteur a quelque incertitude et
s’embrouille avec prudence afin de mé
nager, vaille que vaille, les susceptibilités
des uns et des autres. Il fallait proba
blement trouver des formules assez va
gues pour que les opinions particulières
n’y fussent, point offensées. Quant au
bolchevisme, ces malignes précautions
n’étaient pas nécessaires, paraît-il ; et, en
somme, le parti radical « repousse toute
forme de bolchevisme, cette caricature
sanglante du marxisme allemand qui,
loin de panser les plaies et les désastres
causés par la guerre, ne ferait que les ag
graver et ne laisserait après elle que dé
ception, ruine et misère ». On peut et
l’on doit s’entendre là-dessus, comme
sur l’évidence. Le bolchevisme intégral a
fait et fait encore ses preuves en Russie:
quand une doctrine a réduit un grand
pays à la famine et à la terreur, cette
doctrine est jugée. Mais il y a, dans la
réalité ou dans la rêverie, d’autres sor
tes de bolchevisme et, si l’on veut, du
bolchevisme atténué, dissimulé, habillé
plus décemment, qui se présente un peu
moins mal et se procure ainsi des parti
sans naïfs ou complaisants. Le parti ra
dical ne se borne pas à condamner le bol
chevisme intégral : mais il condamne
«toute forme de bolchevisme »; autant
dire, toute espèce de désordre. Il aura
contre lui tous les révolutionnaires qui,
aux calamités de la guerre étrangère,
ajouteraient les calamités de la guerre
civile. Mais, sur ce point capital, au
moins s’accordera-t-il avec tous les bons
citoyens qui refusent de gaspiller les ré
sultats de la victoire et qui exigent que
l’immense sacrifice des soldats ait une
pleine conséquence nationale. Dans l’or
dre, toutes les réformes désirées sont à
examiner et, justes, ont les plus grandes
chances d’aboutir. Dans le désordre, au
cune ! Le désordre ne crée pas : il détruit.
Après cinq ans de guerre, la France est
à bout de destructions. C’est assurément
sur ce fait bien vu qu’en politique se
constituera un parti de la France.— A. B.
Les intrigues allemandes en Russie
Le gouvernement de Berlin prépare
activement la reprise des relations
économiques
(De notre correspondant spécial)
Stockholm, 27 juillet- — Les journaux
suiédois continuent de publier des télégram
mes suggestifs de Berlin, concernant Le ré
tablissement des relations économiques
entre l'AlIlemagne et la Russie, confirmant
pleinement toutes mes informations pu
bliées par l’Echo de Paris, le I e ' juillet
encore. Le gouvernement allemand, selon
la presse suédoise, a préféré s'asbtenir de
toute discussion à l’Assemblée nationale sur
les questions commerciales avec la Russie.
Il a conféré toute liberté d'action au géné
ral von der Goltz, pour agir contre les
bolcheviks, mais sans cesser pour cela de
rechercher, pour ses relations ultérieures
avec la Russie, une base plus positive (sic)
que le sauvetage de la Russie par l'amiral
Koltchak. Une fois de plus, le double jeu
de l'Allemagne apparaît dans son intégra
lité.
Selon mes renseignements, absolument
sûrs, le gouvernement allemand cherche
rait, à offrir ses services à la Ligue des
Nations, pour combattre solidairement le
bolchevisme, et ce, dans l'espoir d'obtenir
un adoucissement des conditions_.de paix.
Mais, en même temps, craignant d'être de
vancé sur les marchés russes par la con
currence américaine, le gouvernement al
lemand laisse le champ libre à ses indus
triels et à ses commerçants en Russie. Une
délégation allemande économique s'est ren
due'secrètement, en territoire russe, par
Varsovie et est revenue depuis quelques
jours, avec des offres extrêmement allé
chantes, élaborées par Krassine, le princi
pal partisan du rapprochement russo-alle
mand. . •. „
Un article qui vient, de paraître dans
ï’Algemeine Deutsche Zeitung éclaire à ce
sujet les dessous de la politique allemande•
Ce journal annonce l’éventualité de cer
taines modifications politiques et écono
miques du régime bolchevik en faveur des
étrangers (lisez des Allemands). Notamment
les capitaux étrangers consacrés aux en-
grand optimisme concernant la reprise
très prochaine des relations économiques
entre la Russie et VAllemagne.
DEUX LIVRES
DE MAURICE BARRÉS
Le livre de nos espérances réalisées,
F inoubliable récit de la rentrée des trou
pes françaises à Metz et à Strasbourg, —
et puis le livre de notre tâche de demain,
l’exposé de la situation française sur le
Rhin • voilà ce que Maurice Barrés nous
donne dans La Minute sacrée et dans
La France dams les pays rhénans.
Tous les jeunes garçons, toutes les jeu
nes filles doivent avoir dans leurs mains
ces deux ouvrages de grande poésie et
d’histoire qui leur disent, ce que lut la
tâche de leurs parents et ce que va etre
leur tâche propre. .
Ces deux livres sont édités a la Société
littéraire de France, 10, rue de 1 Odeon.
Nos'lecteurs pourront se les procurer
dans nos bureaux au prix de 3 francs cha
cun. Franco 3 fr. 35. Il n est pas 1; ’t
d’envoi contre remboursement.
L’UNION DELAFRANCE
ET DE LA BELGIQUE
(De notre correspondant particulier)
Bruxelles, 28 juillet. — Voici peut-être la
manifestation la plus significative jusqu'ici
du mouvement qui pousse la Belgique et la
France à s'unir pour la défense de leurs
intérêts communs. M. Laurence de Lalande
et M. Paul Lefairrc) tous deux ministres
plénipotentiaires, ont été reçus à Rrnxelles
en leur qualité de délégués du comité de
la rive gauche du Rhin, par le Comité de
politique nationale.
On sait l’action énergique et originale,
l’influence considérable et salutaire
qu'exerce en Belgique sur les questions de
politique extérieure ce groupe, qui a rallié
à sa cause en quelques mois 27a,000 adhé
rents. Son conseil executif a été bien ins
piré en invitant le Comité de la rive gau
che du Rhin à prendre, contact avec lui.
Au cours du long échange de vues gui eut
lieu dimanche matin et qui se poursuivit le
plus aimablement du monde dans l'après-
midi, sous les ombrages du parc de Ter-
vueren, les représentants des deux comités
ont marqué leur accord sur la jdupart des
questions que posent, au point de vue éco
nomique, le problème de Vinternationali
sation du Rhin et celui de Vadministration
des provinces occupées. Dans le nouveau
domaine qui s’ouvre à leur activité, la Bel
gique ci la France, doivent se soute fit r mu
tuellement et veiller à ce que les neutres
ne favorisent point la contrebande alle
mande. Henri Puttemans.
LES DÉNONCIATEURS DE LAON
L’AUTRICHE DEMANDE UN' DÉLAI
Le chancelier Renner vient d'adresser
au secrétariat de la conférence une note
demandant une prolongation de sept jours
au délai accordé à la délégation autri
chienne pour faire connaître sa réponse.
Deux autres notes ont été également en
voyées, l’une annonçant la démission de
M. Otto Bauer, que le. chancelier Renner
remplace à la direction des affaires étran
gères, l’autre protestant contre la pénurie
de charbon où se trouve Vienne à la suite
de l’inexécution des promesses faites par
ses voisins allemands, polonais et Tchéco
slovaques.
Avant de clore définitivement les débats
de ce procès, qui n’occupa pas moins de
trente-sept audiences, comme le colonel Le
duc posait une dernière fois aux accusés
la question traditionnelle :
— Avez-vous quelque- chose à ajouter
pour votre défense ? 1
Seul, le policier boche Thomas répondit.
Il demanda l’indulgence pour ses co-accu
sés.
— Sans cette horrible guerre, ajouta-t-il,
qui vous a été imposée par les Allemands,
tous ceux qui sont sur ces bancs seraient
restés de bons citoyens.
Et ces paroles avaient une saveur parti
culière, retentissant avec un fort accent tu-
desque dans le silence de la salle des as
sises. Où trouver un plus bel aveu sur la
responsabilité de la guerre ?
Puis, les membres du conseil se retirè
rent pour délibérer sur les 171 questions
qui leur étaient soumises. 11 était 1 h. 30.
Pendant plus de quatre heures et demie,
on attendit ; on attendit jusqu’à 6 heures
moins 10. Il y avait, beaucoup de monde
dans la salle lorsque le conseil rentra en
séance.
Près de nous, une très jeune fille, le
cœur serré d’émotion, dit à mi-voix, en re
gardant les juges :
- Couuue ils sont pâles 1 Us ont dû
être bien sévères.
La jeune fille ne trompait point, ils
avaient été sévères.
Voici les peines prononcées :
Georges Toqué, Alice Aubert, ReSclle,
Hélène Favre, Georges Lochet, Moïse Le
moine, Léandre Herbert. Gaston Xenet
sont condamnés à mort à l'unanimité.
Sont condamnés à mort par contumace •
Arthur-Noël Demaux, A- Werrebrouck et
la femme Deldique.
Emile Thomas s’en tire avec un an de
prison avec sursis.
La femme Werrebroucq est condamnée
à 20 ans de travaux forcés, avec interdic
tion de séjour. La veuve Tassot, Marguerite
Gireaudeau et Emile Lob j oi-s, à 10 ans ;
Joseph Romain à 7 ans ; Alice Tocfuié, Ga-
brielle Verlon, Emile Tassot, Maria Per-
nelle et Léon Baudant à 5 ans.
Louis Marguet, les époux Kirgis. la veuve
Kaltehbaclî et Marie Pétrot sont acquittés.
LES RÉVÉLATIONS D’ERZBERGER •
Michaëlis publie une note de Guillaumell
sur ‘ ‘ F annexion de la Belgique ’ ’ -
Les révélations de M. Erzberger conti
nuent de passionner l’Allemagne.
La proposition des socialistes majoritai
res demandant l’affichage des discours
d’Erzberger et de Hermann Muller a été
irepoussée par l’Assemblée nationale, ainsi
que la publication du compte rendu des
séances secrètes de la commission d’en
quête sur les causes et la conduite de la
guerre.
D’autre part la presse conservatrice ac
cablée riposte par la violence ej se déchaî
ne contre les anciens ministres.
Les attaques de la Tacgliche Rundschau
contre l’ex-chancelier Michaëlis, provo
quent une réponse sensationnelle de ce der
nier, où il met en cause le kaiser lui-mê
me. Voici sa déclaration :
« Je n'ai pas à ma disposition les docu
ments officiels relatifs à la lettre qui m’a
été adressée par le nonce Paccelli le 30 août
1917. J'ai conféré avec les secrétaires
d’Etat et les ministres sur les mesures à
prendre, à propos de cette lettre, et j’ai fait
un rapport à l’empereur. Le 1 er septembre a
eu lieu, à Berlin, un conseil de la couronne
en présence des représentants supérieurs
de l’armée et de la marine.
» Le résultat de cette discussion a été ré
sumé par l’empereur dans une remarque
de sa propre main, qui est ainsi conçue :
« L’annexion de la Belgique est une
chose délicate. La côte de Flandre, il est
vrai, est très importante et Zeebrugge ne
doit pas tomber entre les mains des An
glais. Mais la .côte belge seule ne peut pas
être tenue. Il faut réaliser une union éco
nomique entre la Belgique et l’Allemagne.
La Belgique, elle-même, y a le plus grand
intérêt. » ' S
» A la suite de la proposition du nonce,
je décidai, avec M. de Kuhlmann, qu’il y
avait lieu de faire exécuter des sondages
par une personnalité bien connue. Il fallait
se rendre compte si la volonté existait d’a
bandonner les anciens buts de paix an-
nexionistes et de négocier sur la base d’une
médiation. Le choix de l'intermédiaire tom
ba sur un diplomate neutre particulière
ment habile. Sa tache fut ainsi tracée : Les
conditions préalables des négociations avec
l’Angleterre seraient : qu’elle reconnût que
nos frontières resteraient intactes ; qiîe nos
colonies nous seraient rendues ; qu’aucune
indemnité ne pourrait être réclamée et
qu’il ne devrait pas y avoir de guerre éco
nomique succédant aux hostilités.
» C’était seulement grâce au secret le
plus absolu que ce premier coup de sonde
vers la paix pouvait être exécuté. A la ré
ception de la lettre du nonce, il a été éta
bli qu’Erzberger avait été averti avant moi
de la remise de ce document. Il fallait à
tout prix prévenir une> indiscrétion de sa
part. C’est pourquoi on a adopté à l’égard
de la lettre du nonce une attitude expecta
tive.
» Le danger des indiscrétions fut démon
tré par la suite. On divulgua ce qui s’était
passé au conseil de la Couronne, et la con
séquence fut que les représentants du gou
vernement britannique démentirent offi
ciellement qu’une offre de paix eût été
faite. »
La réponse du chancelier au Nonce
Voici :1e texte de la lettre, dont. M. Erz
berger a lu un passage, vendredi, par le
quel le chancelier Michaëlis opposa une fin
de non-recevoir aux ouvertures du nonc«
Paccelli :
j'ai en l'honneur de recevoir la lettre de Vo
tre Excellence du .30 du mois dernier et je vous
prie d’agréer l’expression de mon plus pro
fond remerciement pour l'aimable transmission
de cette communication intéressante. Ainsi que
je le lis dans la lettre de Votre Excellence. M.
le Cardinal secrétaire d’Etat veut poursuivre
ses efforts pour amener prochainement une paix
juste, et durable. Je prends connaissance de
cela avec une vive satisfaction, car les vœux
du gouvernement impérial s’accordent absolu
ment. avec les efforts de Son Eminence. Que Vo
tre Excellence me permette de faire remarquer
ce qui suit au sujet de la copie d’un télégram
me du gouvernement royal britannique à son
ambassadeur près du Saint-Siège. Le gouverne
ment impérial se joint à la conception que, pâr
l’exacte précision des buts de guerre, la voie
sera ouverte qui permettra l’union entre les
pays faisant la guerre, car une précision exacte
des conditions proposées permettra de se ren
dre compte, par un examen dans un esprit con
ciliant, si les oppositions existantes peuvent
être écartées. Afin de traiter les questions à étu-
~dier, il faudra sans aucun doute fixer un cer
tain ordre et sérier les "questions. A notre point
de vue aussi les questions relatives à la Belgi
que doivent être étudiées en premier lieu.
II apparaît chez nos adversaires une ten
dance générale à charger les puissances cen
trales de la seule responsabilité de 1a. guerre
et à parler d’elles sur un ton qui ferait croire
qu’elles ont à apparaître comme accusé devant
un tribunal. Nous nous sommes aperçus avec
un réel regret que, même dans le télégramme
du gouvernement royal britannique que Votre
Excellence m’a transmis, il y a des concep
tions qui répondent à ce qui' vient d’être ex
posé, et, cependant, il nous est arrivé parfois
des rapports, montrant que quelquefois aussi
dans les explications des principaux hommes
d’Etat anglais, des conceptions ont été mises
à jour qui peuvent être acceptées par nous, et
qui correspondaient au jugement que l’histoire
reconnaîtra un jour comme la vérité...
Si nos adversaires actuels disent qu’ils ont
communiqué leurs buts de guerre comme ré
ponse à la note du président Wilson, il n’est
pas superflu de signaler déjà maintenant à
ce sujet que les buts de guerre communiqués
alors ne peuvent pas être pris en considéra
tion comme base d’un échange d’opinions,
car ils se fondent sur des suppositions qui
ne se réaliseront jamais, grâce à la persévé
rance du peuple allemand, à savoir : l'ef
fondrement absolu de l’Allemagne et de ses
alliés.
Si l’Allemagne avait voulu publier ses buts
de guerre ou les communiquer à ses ad
versaires d’aujourd’hui, les contrastes des
exigences réciproques eussent été si gran
des que même la meilleure volonté eût douté
de l’union possible. Si l’on devait en arriver,
au moment présent, à des pourparlers sur la
possibilité de la paix, ils ne pourraient être
conduits que sur de nouvelles bases. Notam
ment sur la base qu'à l'heure actuelle aucun
des deux partis n'est vaincu et que rien ne,
serait exigé moralement, et politiquement de
ce qu'un peuple brave,même s’il était, vaincu,
ne pourrait supporter. Dans l'état actuel des
choses, nous ne sommes pas encore en me
sure de réaliser le vœu de Votre Excellence„
ni de donner la déclaration définie relative
aux projets du. gouvernement impérial cqn-
carnant la Belgique et les garanties désirées
par nous. La raison de cela u’est- en aucune
manière que le gouvernement, impérial n’pst
pas disposé à donner une telle explication
ou qu’il ne l’estime pas d’une importance
décisive pour la question de la paix ou qu’il
croit que les projets de garantie lui parais*
sant nécessaires, pourraient constituer un
obstacle insurmontable pour la question de
la paix, mais au contraire plutôt parce que
les conditions préliminaires qui constituent
la base nécessaire d’une telle déclaration pa
raissent ne pas être suffisamment éclaircies.
Le gouvernement impérial s’efforcera d’ob
tenir la clarté à ce sujet, et il espère dans un
lomps peu éloigné être à même de renseigner
Votre Excellence d’une manière précise sur les
projets et les exigences nécessaires du gouver
nement impérial, principalement en ce qui con
cerne la Belgique. Je dois exprimer maintenait!
apporter aux peuples les bienfaits de la paix
et sera couronnée de succès. Avec ma respec
tueuse considération, j’ai l’honneur de persé
vérer, etc., etc. ï) r Mic.haeus.
Le comte Czernin se plaint
de l’indiscrétion d’Erzberger
« Autant que je puis en juger d’après le
compte rendu de la presse, le discours-
d’Erzberger ne donne pas une image com
plète des événements ; beaucoup, d’inci
dents d’une importance considérable, n’y
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