Titre : L'Echo de France
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-07-27
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759978g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 juillet 1919 27 juillet 1919
Description : 1919/07/27 (N12762). 1919/07/27 (N12762).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1036991s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-15395
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/12/2015
^ 3G 8 ANNEE. — N° 12.762.
lO Centimes
Édition de 5 heures
10 Centimes
❖
DIMANCHE 27 JUILLET 1919.
HENRY SIMOND
Directeur-rédacteur en chie
PAUL SIMOND
RIRBCTECR'ADMINISIRATEDB
NOUVELLES DU MONDE ENTIER
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VALENTIN SIMOND
FONDATEUR
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CONTES DU DIMANCHE
«Oh! ne chante pas!»
Lorsque Valentin venait voir sa fian
cée, — c’est-à-dire tous les jours, — il
n’était reçu ni comme un étranger ni
comme un ami. Ayant été l’un et l’autre
successivement, avant la livraison du
,« solitaire », il se rendait parfaitement
compte de la différence. C’est en la qua
lité d’étranger qu’il avait été le mieux
accueilli. Point de prévenances qu’on ne
manifestât alors au beau jeune homme,
nouveau venu chez les Renaudière ; que
de sourires et que de grâces de la part
des parents et de la jeune fille ! et avec
quelle satisfaction on prononçait son
nom en présentant aux familiers « le
baron Bois-Jérôme ! ».
Introduit, à l’ancienneté, parmi le
chœur de ces intimes, Valentin Bois-Jé
rôme était demeuré l’un quelconque de
3eux-ci, très à l’aise dans la maison, re-
ienu fréquemment à dîner, jouant, de
visant et dansant avec la plus grande
liberté. Mais, ayant demandé la main de
Lucy Renaudière, et les accordailles ac
complies, du jour au lendemain tout
avait changé, et un protocole, surgi tout
& coup, dans une famille d’allures si ai
sées, réglait désormais la moindre ac
tion, le plus menu geste, comme si la
gerbe envoyée par Valentin et placée
chaque jour sur le piano répandait et
insinuait avec son parfum, des mœurs
nouvelles.
Tout d’abord, Mme Renaudière, à un
moment donné, faisait transporter la
gerbe, du piano sur un guéridon, ensuite
ouvrir le piano ; et Lucy était invitée à
chanter.
Nul ne se souvenait d’avoir aupara
vant entendu chanter Lucy. Mais elle
avait désormais un professeur, fameux,
qui venait le mâtin ; une répétitrice,
1 après-midi ; et Mme Renaudière, de
qui l’on ignorait le talent, accompagnait.
Les jeux étaient interrompus, les gais
propos, le badinage, les puériles folies
Si agréables jadis, tenus pour déplacés,
voire inconvenants ; la conversation
prenait, d’elle-même ou du seul parfum
répandu par la gerbe, un tour plus châ
tié ; il ne semblait étonnant à personne
que l’on s’ennuyât un peu : on traver
sait un état transitoire ; on était visi
blement en attenté ; en attente de quoi?
du mariage, cela va sans, dire, mais, im
médiatement, en attente du moment où
la fiancée chanterait.
Et la fiancée chantait.
Elle ne chantait ni bien ni mal, ce qui
est déjà très grave ; elle ne chantait ni
par vocation ni en révélant un goût per
sonnel ; elle ne chantait ni pour donner
du^ plaisir, ni pour en éprouver elle-
même. Elle chantait en qualité de jeune
fille et de fiancée. C’est un acte très par
ticulier qui n’étonne personne, qui
n’amuse personne, mais que chacun ac
cepte avec cette extraordinaire résigna
tion ù l’ennui qui caractérise les gens
bien élevés. Pas lin des habitués qui
bronchât, pas un qui hasardât une pa
role de rébellion, de regret pour le passé,
ni même de critique. Au fond de leur
instinct de fils de famille, tous ces
jeunes gens, dont quelques-uns pour
tant avaient le diable au corps, se sou
mettaient à ce rite étrange et tyran
nique. Ils approchaient de la cérémonie
du mariage, qui n’est pas drôle, mais à
ilaquelle, chacun se fait honneur d’as-
, sister ; et ils voyaient à ces soirées
soustraites aux folâtreries et consacrées
au chant, un aspect déjà des multiples
formes de politesse extérieure aux
quelles nul n’eût songé à se dérober, un
premier contrefort de cette montagne de
petits et grands actes convenus, que l’on
s’apprêtait à gravir sans murmurer de
même que sans penser.
Bien qu’elle n’eût été en rien préparée
à ce jeu, la charmante Lucy retrouvait
aussi au fond d’elle ces gestes ances
traux de modestie «et de pudeur qui em
pêchent une jeune fille de s’approcher
du piano de la même façon qu’elle le
fait, par exemple, de la table à thé, qui
la rendent gauche, hésitante, maniérée,
rougissante, presque agaçante, à la fin,
avec sa manie nouvelle de vous dire :
« Mais, je ne sais rien !... Non, c’est trop
bas... Je vais vous écorcher ça mes
amis... Mes pauvres yeux ne distinguent
même pas le texte... » ou bien : « Gela,
d’abord, devrait être chanté en italien ;
la traduction lui fait perdre la moitié de
sa valeur... » etc., etc.
— Allons ! va, ma fille, disait d’un ton
résolu Mme Renaudière.
Et Lucy y allait comme Iphigénie au
sacrifice.
Tout ce qui est chantable fut chanté
par la fiancée de Valentin Bois-Jérôme.
Depuis le « J’ai pardonné » jusqu’à la
« Berceuse » de Jocelyn :
Cachés dans cet asile où Dieu nous a conduits,
Unis par le malheur durant de longues nuits,
Nous reposons tous deux...
Ou bien :
Endors-toi ! et qu’un joyeux songe
Te parle au moins de mon amour !...
Et Lucie trouvait alors, mais trouvait
u ? justes dieux ! et en quels lieux se
crets ? trouvait des attitudes langoureu
ses, des expressions d’indicible tristesse
qu’au grand jamais aucun être humain
n’eût jugé les muscles (le son visage ca
pables seulement d’esquisser ! Elle était
de nature si gaie, si simple et si liostiie
même à toute Affectation! C’était à croire
qu’elle héritait, momentanément, de tou
tes les périodes de fiançailles traversées
par une lignée indéfinie d’aïeules, elles
aussi fiancées, momentanément canta
trices elles aussi, et momentanément in
supportables et mal à l’aise.
Tout à coup l’on vovait se redresser
Lucy, et elle paraissait au contraire sor
tir d’un souper de ribaudes :
O nuit enchanteresse !
Tout sourit à l'ivresse... etc.
Mais cette attitude satanique de feinte
débauche était plus stupéfiante encore
que les soupirs et les pâmoisons.
Le fiancé, assis d’une manière correc
te, solide gars musclé, emplissant bien
son smoking, applaudissait où il fallait
le faire, et ne disait rien, absolument
rien, remarquablement rien.
« Bravo ! » prononçait çà et là une
voix plate ; et l’aimable Lucy semblait
retomber de quelque Olympe d’OlTen-
bach et ne savoir plus où mettre le pied.
Mais, à peine terminé son morceau, à la
manière des artistes timides ou nerveux
qui cherchent à éviter les commentaires
difficiles, les compliments extorques,
elle parlait, elle-même annonçait le nu
méro suivant du programme et le para
phrasait déjà avant que l’on eût eu seu
lement le temps de respirer. Bousculant
sa chère maman, elle chantait:
Dans un sommeil que berçait ton image,
Je rêvais le bonheur, ardent mlra-c-a-gc...
— Qu’est-ce que c’est ? murmuraient
les ignorants.
Et Mme Renaudière, l’accompagnatri
ce, les yeux fixés sur sa musique
comme par des tentacules invisibles,
jetait au public en mots roulés comme
une boulette de papier légère :
— Après un rêve, de Gabriel Fauré.
Les regards de l’auditoire voyageaient
de la voûte palatiale ou de la langue de
Lucy, soit au « rêve » entrevu, soit au
maître enchanteur, soit à l’heureux fian
cé en possession d’une future femme
propre à emplir un vaste vaisseau de
sons enamourés, de trémolos qui font
fléchir les nerfs, autant qu’elle était apte
à mimer les désespérances,le clapotis la
custre, les enchantements nocturnes, la
fureur passionnée et la joviale ébriété.
Valentin ne soufflait mot ; impassible,
parfois blême, approuvant de la main,
du buste ou du front, un peu pareil à un
automate, on n’eût su dire s’il était ému
ou furieux. C’était un de ces jeunes hom
mes d’aujourd’hui, athlète à l’attitude pa
cifique.
Tout le temps que dura la période des
fiançailles, il ne se départit pas de sa ré
serve. Voulant épouser Lucy, il était, bien
entendu, de la cérémonie ; et c’était une
cérémonie prolongée, voilà tout.
*
■k*
Enfin le mariage eut lieu. Toutes
choses se passèrent exactement comme
elles le devaient. Les jeunes époux se
retirèrent, après cinq minutes de lunch,
dans l’appaHement qu’on avait installé
durant les intervalles entre les répéti
tions et les soirées. Le premier matin,
ils déjeunèrent en tête-à-tête, servis par
une femme de chambre qu’ils em
ployaient toute leur ingéniosité à éloi
gner ; ils trouvaient tout bon et tout
beau ; ils s’amusaient follement à se rap
procher l’ùn de l'autre, de très près,
même de trop près, .sous des prétextes
invraisemblables. L’après-midi passa
sans qu’ils s’aperçussent que les heures
coulaient. Et le repas du soir leur fut
aussi agréable que celui du malin.
Mais, après le dîner, Paul étant passé
dans son bureau choisir, couper et allu
mer un cigare, Lucy, machinalement,
presque à la manière d’une somnam
bule, en vertu, sans doute, d’une habi
tude déjà contractée, s’assit au piano,
et, sans hésitation, sans avertissement,'
comme sans partition, et favorisée par
une excellente mémoire, se mit à enton
ner à toute voix le refrain de la Ber
ceuse :
Oh ! ne t'éveille pas encore.
Pour qu'un bel ange, de ton rêve...
Soudain, Valentin parut, le cigare
mordu trop fort entre les dents visibles,
les doigts enfoncés entre les cheveux,
qu’il tenait ainsi droits ét hauts comme
des plumes- de corbeau hérissées ; il
présentait un masque effrayant. Et il
avait l’air d’un sauvage prêt à scalper
une créature vivante.
Il arracha de sa chevelure une de ses
mains ; il s’extirpa de la bouche le ci
gare gênant. Il déposa l’objet enflammé
au coin d’un meuble. Et, tout à coup, il
rendit des sons gutturaux et terribles :
— Oh ! ne chante pas ! ma petite
Lucy, ne chante pas ! je t’en supplie, ou
je te tords le cou...
Lucy, innocente, s’arrêta aussitôt et
dit :
— Mais alors, ç’a dû t’ennuyer beau
coup, ces soirées, mon chéri ?
Valentin, de sa main propre à briser
du fer, empoigna une chaise, une belle
chaise toute neuve, et anglaise, de chez
Maple ; et, la soulevant puis la reposant
à terre avec fracas, il la réduisit eu un
petit monceau de planchettes et de cuirs
mêlés.
Puis, son humeur apaisée par ce fait,
il reprit son cigare entre lé pouce et l’in
dex, et, avant même que de tirer dessus
pour le ranimer, par une attention gen
tille, il s’approcha de sa jeune femme et
la baisa tendrement.
RENE ROYLESVE.
De l’Académie française.
La Fête de la Reconnaissance nationale
AU JOUR LE JOUR
Le 14 juillet, dans une apothéose inou-1 monceau, le maréchal Focli, M. Lavisse et
bliable, Paris a fêté magnifiquement tous
nos héros, les morts et les vivants.
Mais toute la France n’était pas là et
il est resté dans tous nos départements.*
depuis les grandes villes jusqu’aux plus
humbles villages, un désir insatisfait, un
besoin impérieux de
manifester la grati
tude que tous les
Français doivent à
leurs héros vain
queurs.
Ce besoin est sur
tout très vif chez,
les enfants, parmi
la jeunesse des éco
les de toutes nos
provinces.
11 faut que cet
hommage de l’en
fance trouve l'occa
sion de” s’exprimer.
C’est pourquoi
l’Union des gran
des associations
françaises organise^
pour lés 2 et 3 août*
une grande mani
festation nationale
qui' permettra de
célébrer à la même
heure et dans tou
tes les communes
de France les libé
rateurs du terri
toire.
Ce seront les jour
nées de la recon
naissance nationale
aux soldais fran
çais.
S’adressant à la fois Le diplôme
aux vivants et aux
morts, ce sera l’hommage des enfants des
écoles aux combattants de la grande guer
re, ce sera la fête des fils des vainqueurs.
Le samedi 2 août, date anniversaire de
la déclaration de guerre, Paris fêtera à la
Sorbonne les vivants et les morts dans une
importante cérémonie à laquelle assiste
ront le président de la République, M. Cle-
M. Descbanal, représentant l’Etat, le gou
vernement, l'armée, l’Université, la nation.
Des poèmes de Jean Aicard et de Jean
Richepin seront récités ; on y exécutera le
chant de l'Arc de Triomphe, de Pierre
Chapelle, chant populaire que fredonne
ront toutes les lè
vres dans quelques
jours.
Un diplôme de
Jean Gorabœuf, prix
do Rome, sera remis
solennellement aux.,
municipalités pour
être" apposé dans
toutes • les écoles et
dans foutes les mai
ries,
11 .honorera la mé
moire de tous ceux
qui ont fait le sacri- :
iice.de leur vie et.
dont la mort glo
rieuse nous a donné
Ta victoire et la libé
ration du territoire.
Enfin, des insi
gnès seront distri
bués qui représente
ront l'Arc de Triom
phe, le casque du
poilu, le poilu lui-
même et porteront
cette inscription :
« Au soldat fran
çais, la. France re
connaissante ».
Le dimanche 3 août,
dans toutes les com
munes de France,des
salves d’artillerie,
des sonneries de clo
ches salueront te
poilu vainqueur. Des allocutions seront
prononcées par tous les maires et lecture
sera faite des déclarations officielles pro
noncées à Paris-
Dans toutes les mairies de France sera
également remis le diplôme où seront ins
crits les noms des braves tombés au champ
d’honneur.
LE GÉNÉRAL DE CASTELNAU A L’INSTITUT
Réception à ïAcadémie des Beaux-Arts
du vainqueur du Grand-Couronné
Les intentions
de M. Poincaré
Le 2G octobre — et non le 12, comme
il a été dit par erreur — est la date à la
quelle le gouvernement est d'avis de
procéder aux élections législatives.
M. Clemenceau a déclaré à la Cham
bre que toutes les élections, tant législa
tives que municipales, cantonales et sé
natoriales, devront être un fart accom
pli avant Vélection présidentielle. On
sait que les pouvoirs du jirésident Poin
caré expirent le il février 1920. C'est
donc au plus tard le 17 janvier 1920 que
le Congrès devra procéder, à Versailles,
à Vélection du nouveau président de la
République.
A ce propos, dans certains milieux
politiques d’ordinaire bien informés, on
prétend savoir qu’en raison des nobles
services rendus au pays par M. Poin
caré pendant la guerre et de la façon
splendide dont il a représenté la France,
comme l'atteste encore sa récente et
triomphale visite en Belgique, de nom
breux parlementaires pensent à renou
veler à Versailles les pouvoirs du pré
sident en exercice.
Ce bruit prenant de nouveau consis
tance, je suis autorisé à répéter cç que
j'ai annoncé, il y a déjà quelques mois :
M. Poincaré ne sera pas candidat à la
présidence de la République. Le prési
dent de la République a déclaré formel
lement que ses intentions.n’avaient pas
varié, fl est décidé à remettre ses pou
voirs, fan prochain, au successeur que
le Congrès lui aura désigné.
Mais ce n’est un mystère pour aucun
de ceux qui s’honorent de son amitié,
que M. Poincaré a l’intention de rentrer
dans la vie politique active.
*
**
L’Institut de France qui n’est que la
réunion des sommités intellectuelles du
pays a voulu après la grande guerre rece
voir parmi ses membres les grands chefs
dont les hautes qualités morales nous ont
donné la victoire. Joffre et Foch à l'Acadé
mie française, Pétain à l’Académie des
sciences morales et politiques, Castelnau
à l’Académie des Beaux-Arts.
C’est hier à quatre heures, dans la salle
des séances de l’Institut, que le secrétaire
perpétuel, M. Widor, introduisit après
lecture du décret présidentiel le général de
avait créé et devait ■ encore créer de chefs-
d'œuvre dans 1-e domaine infini de U beau
té, de la vérité et de la bonté.
Au dire de l’immortel Bossuet, l’art mili
taire est le premier de tou-s parce que c’est
â l’abri de ses œuvres que les autres peuvent
s’exercer librement. En m’accueillant dans
l’Académie des beaux-arts vous vous êtes sû
rement inspirés, messieurs, de la pensée de
l’orateur sacré du Grand Siècle. En même
temps, .vous avez eu égard aux cinquante an
nées de présence sous les drapeaux qui,
après m’avoir permis, de combattre jadis les
ennemis de la France en des jours de dé
tresse. m’ont valu le -privilège de contribuer,
En attendant, le président de fa Répu
blique se propose d’aller visiter, le 10 de
ce mois, comme il Va promis, les villes
de Dunkerque et de Hazebrouck.
’ Un autre et très cher désir du prési
dent Poincaré est d'aller, avant la fin
de /'année, faire une nouvelle visite à
l'Alsqce et à la Lorraine.
Il est également dans les intentions
du président de se rendre en Angleterre.
M. Poincaré a hâte de répondre à Vinvi-
l al ion pressante de T Université de G/as-
cow, qui l'a nommé recteur . avant la
guerre et qui a prorogé ses pouvoirs de
puis cinq ans afin de lut permettre de
prononcer son discours d'investiture.
Ce sera sans doute pour octobre, pen
dant la période électorale.
M. Clemenceau dans les régions
dévastées de la Somme
Continuant la série de ses visites dans
les départements dévastés, M. Clemen
ceau a pris, hier soir à dix heures, le
train pour la Somme.
M. Clemenceau, qui est accompagné
cette fois de MM. Klotz, ministre des
finances, député de la Somme ; Cla-
veille, ministre des travaux publies, et
Lebrun, ministre des régions libérées,
s'esl entretenu à la gare du Nord, de
vant son train, avec MM. Ignace, sous-
secrétaire d’Etat « la justice militaire,
Georges Mandel, chef de son cabinet, et
R aux, préfet de. police.
Le président du conseil paraissait
d’excellente humeur et était très dispos.
Il consacrera sa journée à visiter les
régions de Pérou ne, Rozières, Amiens,
Roi je et Montdidier. Il sera de retour ce
soir à Paris.
MARCEL I1UTIN.
- - - - -<$>— —
LES MARÉCHAUX FOCH ET PÉTAIN
CHEZ M. CLEMENCEAU
Le président du conseil a reçu hier, à la
fin de l’après-midi, le maréchal Foch et le
maréchal Pétain, avec qui il s’est entretenu
assez longuement.
LE CHARBON ANGLAIS
Londres, 2G juillet..— Selon des rapports
reçus do Cardiff, bien que le différend rru-
nier soit réglé, il ne s’ensuit pas que les
restrictions sur les exportations vont être
supprimées immédiatement.
11 n’y a pas de doute que ces restrictions
sur les exportations seront modifiées gra
duellement au cours do la semaine pro
chaine : mais il o c t difficile eue Us condi
tions normales soient rétablies avant la fin
d'août.
Le general de Castelnau écoulant le discours de M. Girault.
Castelnau parmi ses nouveaux confrères-
Cérémonie extrêmement simple qui ne
comporte ni invités ni curieux.
On a pu se demander pourquoi le général
de Castelneau allait siéger parmi des ar
tistes plutôt que parmi des savants, des
lettrés ou des administrateurs ; la réponse
est bien simple : c’est que T Académie des
Beaux-Arts a vu en lui, outre le représen
tant des nobles et vieilles traditions du
goût français que comporte son grand nom,
le. héros du Grand Couronné qui a sauvé
de l’invasion du barbare et d'une probable
destruction Nancy et le magnifique ensem
ble de la place Stanislas, une des plus par
faites créations de l’art du XVIII' siècle
avec ses palais, son Arc de Triomphe, ses
belles grilles et aussi ses églises et son
musée.
C’est ainsi que s’est exprimé M. Giraud,
président de l’Académie, qui a reçu le gé
néral en lui adressant un petit discours
fort éloquent, car l’architecte éminent
qu’est M., Giraud est aussi un parfait ora
teur.
Le général de Castelnau en remerciant
l’Académie a rejeté sur les armées qu’il a
commandées l’honneur qui lui est fait au
jourd’hui.
— Dans les actions de guerre dont vous
voulez bien évoquer le souvenir, je n’ai eu
d’autre mérite que de m’iiupiéuneiy en quel
que sorte, do la vaillance des admirables sol
dats et des chefs héroïques sons, mes ordres
pour leur demander, leur demander encore
et ioujèurK ios sublimes sacrifices, qu'ils on f
si généreusement consentis. Ce sont ou::, en
vérité, qui ont triomphé iT's entreprises scé
lérates perpétrées par les Germains contre la
noble race des Francs, contre tout ce que
son Urne éprise d’idéal et de juste ■ mesure
du moins pour une faible part, avec six de
mes fils, au triomphe de mon pays magni
fiquement vengé.
Jai vu, à la sortie de la séance, plusieurs
membres de l’Académie des Beaux-Arts.
Ils étaient très vivement impressionnés par
l'aisance, la bonne grâce de leur nouveau
collègue et par l’espèce de clarté si fran
çaise qui émane de cette forte personnalité.
Lé général de Castelnau, en effet, à peine
installé, a tout de suite commencé sa col
laboration aux travaux des académiciens.
On sait qu’il est président du comité qui
s’est formé pour l’aménagement et l'en
tretien des tombes de nos héros tombés sur
lé front. Il a signalé le caractère colossal
et orgueilleux des monuments que les Bo
ches ont élevés dans leurs cimetières qui
sont sur notre territoire. 11 ne faut pas
que nos morts, au point de vue de l’effet
produit sur les âmes simples, paraissent
moins bien traités et il faut que des monu
ments où la pierre et le marbre ne seront
pas davantage épargnés, s’élèvent dans
les cimetières où l'on se proposa de grou
per les tombes éparses. Le général de Cas- ;
telnau voudrait que ces monuments soient j
,empreints du caractère d’élégance, de no-
blesse et de mesure, dont le génie français a ;
toujours su marquer scs œuvres,qu'ills soient'
digues des héros qu’ils doivent honorer... |
Le général de Castelnau, comme on le :
voit, a tout de suite travaillé pour la r'ruu-j
ce, à l’Académie des Bèaux-Arts. Puisse ;
sa bienfaisante influence nous épargner la j
débauche redoutée dos sculptures poncivè*
et des monuments do style empreints de!
l'influence municlïoise, sous prétexte üoj
modernité !... j
EUGENE TA '
LES ALLIÉS ROMPENT
AVEC BELA KUN
Le Conseil suprême des alliés a arrêté
les termes de la déclaration suivante, qui
a été aussitôt lancée par radiogramme :
Les gouvernements alliés et associés sont
très désireux de conclure la paix avec le
peuple hongrois et de mettre fin à un état
de choses qui rend impossible la renais
sance économique de l'Europe centrale et
fait obstacle à toute tentative pour ravi
tailler la population. Il est même impossi
ble.de tenter cette œuvre avant qu’il n’y
ait en Hongrie un gouvernement représen
tant la peuple et exécutant, dans leur let
tre’ comme dans leur esprit, les engage
ments pris par lui avec les gouvernements
associés. Le régime Bêla Kun ne répond à
aucune de ces conditions ; non seulement
il a rompu l’armistice signé par la Hon
grie, mais il attaque en ce moment môme
une ^puissance amie et alliée.
Il appartient aux gouvernements associés
de prendre sous leur propre responsabilité
les mesures que comporte cet aspect par
ticulier de la. question-' Si des, vivras et
des approvisionnements doivent être four
nis, si le blocus doit être levé, si Vœuvre
de reconstitution économique doit être en
treprise, si la paix doit être établie, ce ne
saurait être qu’avec un gouvernement re
présentant le peuple hongrois ci non avec
un gouvernement dont l’autorité se fonde
sur ta terreur.
Les paissances associées croient oppor
tun d'ajouter que toute occupation étran
gère du territoire hongrois tel quil est dé
fini par la conférence dè la paix prendra
fin dès que le commandant en chef inter
allié estimera que les conditions de Var-
rhUiisb ont été exécutées d’une façon ma-
tis faisante.
L’AVENIR
DE LA SCIENCE
Inte:rogé par le Temps
sur le sort que semble ré
server à la recherche scien
tifique, en notre pays, la « société de
demain », le docteur Roux a répondu :
« Il me phraît certain qu’à la suite de
la guerre et de la vie chère, le recrute
ment des chercheurs désintéressés sera
très restreint en France. » Le docteur
Roux a premièrement signalé l’impor
tance de la recherche scientifique, dont
les Etats ont toujours besoin, dont
la France meurtrie a plus grand besoin
que jamais, s’il est vrai, s’il est évident
que (c le peuple qui se relèvera le plus
vite est celui qui se livrera avec le plus
d’ardeur aux travaux scientifiques ».
Cela posé, que faudrait-il ? « Mieux
organiser notre enseignement supérieur,
mieux outiller les laboratoires, mieux
payer ceux qui y travaillent. » Est-ce
difficile ? est-ce impossible ? En tout
cas, le docteur Roux ne compte pas que
ces réformes se fassent bientôt, puis
qu’il prévoit avec chagrin, comme l’un
des signes des nouveaux jours, la déser
tion des laboratoires. Un tel péril, dé
noncé par un tel savant, ne doit pas
laisser insensibles et distraits par de pe
tites rêveries les hommes qui ont à pré
server les intérêts et le renom de la
France. C’est leur affaire, de réorgani
ser notre enseignement supérieur : et,
s’ils possèdent la sagesse ou la vertu de
modestie, on les supplie de consulter
là-dessus le docteur Roux et les autres
maîtres de la pensée contemporaine.
C’est leur affaire d’outiller nos labo
ratoires ; et leur affaire d’aviser à en
qu’un professeur de Faculté soit aussi
bien payé que le contremaître à l’usine.
On leur dit qu’alors tout irait le mieux
du monde : s’ils ne le font pas, quelle
sera leur responsabilité devant l’avenir?
Imaginez la France victorieuse et qui
perdrait sa qualité de mère de la science,
titre que les Allemands lui avaient volé,
où donc ? à Sedan ; titre qu’elle est ea
mesure de reprendre, qu’elle mérite et
qui lui serait encore ôté, cette fois par
,1a faute de ses dirigeants ! Cette, éven
tualité est exécrable : et l’on refuse
d’agréer l’idée ou le projet d’une Fran
ce qui dédaigne la plus digne occupa
tion .de l’humanité en paix dans les mo
ments où elle ne prie pas. — A. R.
flboiwements de ïïillégiature
L’Echo de Paris met, pendant la pé
riode de villégiature, à la disposition de
ses .lecteurs des abonnements partant de
n’importe quelle date et finissant au gré
de l’abonné.
Le prix de ces abonnements est calculé
à raison de quatre-vingts centimes par
semaine.
Ces abonnements peuvent être pris à
nos guichets, 6, Place de l’Opéra, ou être
demandés par lettre accompagnée d’un
mandat postal.
AU CONGRÈS RADICAL
L’accord ne règne pas
Après la séance du matin, toute absorbée
par les travaux des commissions, le congrès
du parti radical et radical-socialiste a con
sacré sa séance d’hier après-midi à fa dis
cussion de sa tactique électorale, sous la
présidence de M. Herriot, sénateur du
Rhône et maire de Lyon.
La presse n’était pas admise à ces dis
cussions de famille. Il nous est cependant
revend assez d'échos de tout'ce qui s’y est
dit pour que nous puissions constater que
ce n'est pas la concorde qui les a inspiras,
M. Franklin-Bouillon, après la lecture
du rapport de M. J.-L. Bonnet, qui était
sur la question c’est-à-dire sur les allian
ces du parti aux prochaines élections, a
repris violemment sa charge d’il y a quel
ques jours à la Chambre contre la présence
de M. Clemenceau à la tête du gouverne
ment.. 11 a voulu inviter son parti tout
entier à refuser désormais son concours,
au gouvernement.
M. René Renoult, chef des radicaux de
meures fidèles au ministère, lui a répli
qué. 11 a chçrchô, non sans impression
ner fortement son auditoire, à faire ac
cepter par son parti la remise de l’attaque
contre M. Clemenceau, au lendemain de
la ratification,du traité de paix. Ce jour-
là, une grande discussion politique pourra
être instituée à la Chambre et le parti
radical et radical-socialiste y prendra
son attitude définitive.
Ce discours de M. René Renoult est ré
sumé dans son ensemble, par l'ordre du
jour suivant, qui n obtenu une visible ma
jorité :
Le Comité exécutif du parti radical et radical-
socialiste, fidèle à ses principes et à son passé,
Affirme qu’il est. prêt à faciliter l’union do
tous les partis de gauche résolus à collaborer
dans l'ordre et la légalité au relèvement natio
nal.
Et re déclare décidé à répudier tout élu ou
tout candidat, qui accepterait de figurer sur une
liste électorale aux côtés de ceux qui n'ont ces
sé do combattre la République laïque, démocra
tique et .sociale. ,
Il est signé par MM. Renoult, Renard,
Dalimiér, etc.
Un second Airùre, du jour,‘émanant de
M. Franklin-Bu^pwn„ et exprimant, quoi
que à mots couvrît-, la volonté du parti
radical et ratUral-e 'Cialiste de refuser sa
collaboration avec M. Clemenceau, a été
également adopté. En voici le texte :
Lé Parti radical et radical-socialiste,
Fier-d’être, rosie jusqu'au bout fidèle à
Du n ion sacrée nour la défense nationale.
Invite formellement ses élus, en vue des
élections' prochaines, à exiger immédiate
ment la suppression de l'état de siège et la
lO Centimes
Édition de 5 heures
10 Centimes
❖
DIMANCHE 27 JUILLET 1919.
HENRY SIMOND
Directeur-rédacteur en chie
PAUL SIMOND
RIRBCTECR'ADMINISIRATEDB
NOUVELLES DU MONDE ENTIER
Adresse télégraphique : ÉCHORIS-PARIS
Rédaction et Administration : 6, PLACE DE L’OPÉRA (9®)
Adresse télégraphique : ECHORIS-PARIS
TÉLÉPHONA : Rédacteur en chef. 101-52. — Administrateur, 102-45. — Rédaction. 102-79. — Entre minuit et 5 heures du matin. 101-58
VALENTIN SIMOND
FONDATEUR
ABONNEMENTS (6, Place de l’Opéra) Téléph. 102-94
Seine et Seine-et-Oise.. 3 mois 8 fr. 6 mois 15.50 1 an 30ff.
Départem. et Colonies.. — 9 fr. — 16.50 — 32 fr.
Union Postale . — 10 fr. — 18 fr. — 35f£
POUR LA PUBLICITÉ, s'adresser Société « Écho de Paris-Publicité», 20, rue LePetetiw
CONTES DU DIMANCHE
«Oh! ne chante pas!»
Lorsque Valentin venait voir sa fian
cée, — c’est-à-dire tous les jours, — il
n’était reçu ni comme un étranger ni
comme un ami. Ayant été l’un et l’autre
successivement, avant la livraison du
,« solitaire », il se rendait parfaitement
compte de la différence. C’est en la qua
lité d’étranger qu’il avait été le mieux
accueilli. Point de prévenances qu’on ne
manifestât alors au beau jeune homme,
nouveau venu chez les Renaudière ; que
de sourires et que de grâces de la part
des parents et de la jeune fille ! et avec
quelle satisfaction on prononçait son
nom en présentant aux familiers « le
baron Bois-Jérôme ! ».
Introduit, à l’ancienneté, parmi le
chœur de ces intimes, Valentin Bois-Jé
rôme était demeuré l’un quelconque de
3eux-ci, très à l’aise dans la maison, re-
ienu fréquemment à dîner, jouant, de
visant et dansant avec la plus grande
liberté. Mais, ayant demandé la main de
Lucy Renaudière, et les accordailles ac
complies, du jour au lendemain tout
avait changé, et un protocole, surgi tout
& coup, dans une famille d’allures si ai
sées, réglait désormais la moindre ac
tion, le plus menu geste, comme si la
gerbe envoyée par Valentin et placée
chaque jour sur le piano répandait et
insinuait avec son parfum, des mœurs
nouvelles.
Tout d’abord, Mme Renaudière, à un
moment donné, faisait transporter la
gerbe, du piano sur un guéridon, ensuite
ouvrir le piano ; et Lucy était invitée à
chanter.
Nul ne se souvenait d’avoir aupara
vant entendu chanter Lucy. Mais elle
avait désormais un professeur, fameux,
qui venait le mâtin ; une répétitrice,
1 après-midi ; et Mme Renaudière, de
qui l’on ignorait le talent, accompagnait.
Les jeux étaient interrompus, les gais
propos, le badinage, les puériles folies
Si agréables jadis, tenus pour déplacés,
voire inconvenants ; la conversation
prenait, d’elle-même ou du seul parfum
répandu par la gerbe, un tour plus châ
tié ; il ne semblait étonnant à personne
que l’on s’ennuyât un peu : on traver
sait un état transitoire ; on était visi
blement en attenté ; en attente de quoi?
du mariage, cela va sans, dire, mais, im
médiatement, en attente du moment où
la fiancée chanterait.
Et la fiancée chantait.
Elle ne chantait ni bien ni mal, ce qui
est déjà très grave ; elle ne chantait ni
par vocation ni en révélant un goût per
sonnel ; elle ne chantait ni pour donner
du^ plaisir, ni pour en éprouver elle-
même. Elle chantait en qualité de jeune
fille et de fiancée. C’est un acte très par
ticulier qui n’étonne personne, qui
n’amuse personne, mais que chacun ac
cepte avec cette extraordinaire résigna
tion ù l’ennui qui caractérise les gens
bien élevés. Pas lin des habitués qui
bronchât, pas un qui hasardât une pa
role de rébellion, de regret pour le passé,
ni même de critique. Au fond de leur
instinct de fils de famille, tous ces
jeunes gens, dont quelques-uns pour
tant avaient le diable au corps, se sou
mettaient à ce rite étrange et tyran
nique. Ils approchaient de la cérémonie
du mariage, qui n’est pas drôle, mais à
ilaquelle, chacun se fait honneur d’as-
, sister ; et ils voyaient à ces soirées
soustraites aux folâtreries et consacrées
au chant, un aspect déjà des multiples
formes de politesse extérieure aux
quelles nul n’eût songé à se dérober, un
premier contrefort de cette montagne de
petits et grands actes convenus, que l’on
s’apprêtait à gravir sans murmurer de
même que sans penser.
Bien qu’elle n’eût été en rien préparée
à ce jeu, la charmante Lucy retrouvait
aussi au fond d’elle ces gestes ances
traux de modestie «et de pudeur qui em
pêchent une jeune fille de s’approcher
du piano de la même façon qu’elle le
fait, par exemple, de la table à thé, qui
la rendent gauche, hésitante, maniérée,
rougissante, presque agaçante, à la fin,
avec sa manie nouvelle de vous dire :
« Mais, je ne sais rien !... Non, c’est trop
bas... Je vais vous écorcher ça mes
amis... Mes pauvres yeux ne distinguent
même pas le texte... » ou bien : « Gela,
d’abord, devrait être chanté en italien ;
la traduction lui fait perdre la moitié de
sa valeur... » etc., etc.
— Allons ! va, ma fille, disait d’un ton
résolu Mme Renaudière.
Et Lucy y allait comme Iphigénie au
sacrifice.
Tout ce qui est chantable fut chanté
par la fiancée de Valentin Bois-Jérôme.
Depuis le « J’ai pardonné » jusqu’à la
« Berceuse » de Jocelyn :
Cachés dans cet asile où Dieu nous a conduits,
Unis par le malheur durant de longues nuits,
Nous reposons tous deux...
Ou bien :
Endors-toi ! et qu’un joyeux songe
Te parle au moins de mon amour !...
Et Lucie trouvait alors, mais trouvait
u ? justes dieux ! et en quels lieux se
crets ? trouvait des attitudes langoureu
ses, des expressions d’indicible tristesse
qu’au grand jamais aucun être humain
n’eût jugé les muscles (le son visage ca
pables seulement d’esquisser ! Elle était
de nature si gaie, si simple et si liostiie
même à toute Affectation! C’était à croire
qu’elle héritait, momentanément, de tou
tes les périodes de fiançailles traversées
par une lignée indéfinie d’aïeules, elles
aussi fiancées, momentanément canta
trices elles aussi, et momentanément in
supportables et mal à l’aise.
Tout à coup l’on vovait se redresser
Lucy, et elle paraissait au contraire sor
tir d’un souper de ribaudes :
O nuit enchanteresse !
Tout sourit à l'ivresse... etc.
Mais cette attitude satanique de feinte
débauche était plus stupéfiante encore
que les soupirs et les pâmoisons.
Le fiancé, assis d’une manière correc
te, solide gars musclé, emplissant bien
son smoking, applaudissait où il fallait
le faire, et ne disait rien, absolument
rien, remarquablement rien.
« Bravo ! » prononçait çà et là une
voix plate ; et l’aimable Lucy semblait
retomber de quelque Olympe d’OlTen-
bach et ne savoir plus où mettre le pied.
Mais, à peine terminé son morceau, à la
manière des artistes timides ou nerveux
qui cherchent à éviter les commentaires
difficiles, les compliments extorques,
elle parlait, elle-même annonçait le nu
méro suivant du programme et le para
phrasait déjà avant que l’on eût eu seu
lement le temps de respirer. Bousculant
sa chère maman, elle chantait:
Dans un sommeil que berçait ton image,
Je rêvais le bonheur, ardent mlra-c-a-gc...
— Qu’est-ce que c’est ? murmuraient
les ignorants.
Et Mme Renaudière, l’accompagnatri
ce, les yeux fixés sur sa musique
comme par des tentacules invisibles,
jetait au public en mots roulés comme
une boulette de papier légère :
— Après un rêve, de Gabriel Fauré.
Les regards de l’auditoire voyageaient
de la voûte palatiale ou de la langue de
Lucy, soit au « rêve » entrevu, soit au
maître enchanteur, soit à l’heureux fian
cé en possession d’une future femme
propre à emplir un vaste vaisseau de
sons enamourés, de trémolos qui font
fléchir les nerfs, autant qu’elle était apte
à mimer les désespérances,le clapotis la
custre, les enchantements nocturnes, la
fureur passionnée et la joviale ébriété.
Valentin ne soufflait mot ; impassible,
parfois blême, approuvant de la main,
du buste ou du front, un peu pareil à un
automate, on n’eût su dire s’il était ému
ou furieux. C’était un de ces jeunes hom
mes d’aujourd’hui, athlète à l’attitude pa
cifique.
Tout le temps que dura la période des
fiançailles, il ne se départit pas de sa ré
serve. Voulant épouser Lucy, il était, bien
entendu, de la cérémonie ; et c’était une
cérémonie prolongée, voilà tout.
*
■k*
Enfin le mariage eut lieu. Toutes
choses se passèrent exactement comme
elles le devaient. Les jeunes époux se
retirèrent, après cinq minutes de lunch,
dans l’appaHement qu’on avait installé
durant les intervalles entre les répéti
tions et les soirées. Le premier matin,
ils déjeunèrent en tête-à-tête, servis par
une femme de chambre qu’ils em
ployaient toute leur ingéniosité à éloi
gner ; ils trouvaient tout bon et tout
beau ; ils s’amusaient follement à se rap
procher l’ùn de l'autre, de très près,
même de trop près, .sous des prétextes
invraisemblables. L’après-midi passa
sans qu’ils s’aperçussent que les heures
coulaient. Et le repas du soir leur fut
aussi agréable que celui du malin.
Mais, après le dîner, Paul étant passé
dans son bureau choisir, couper et allu
mer un cigare, Lucy, machinalement,
presque à la manière d’une somnam
bule, en vertu, sans doute, d’une habi
tude déjà contractée, s’assit au piano,
et, sans hésitation, sans avertissement,'
comme sans partition, et favorisée par
une excellente mémoire, se mit à enton
ner à toute voix le refrain de la Ber
ceuse :
Oh ! ne t'éveille pas encore.
Pour qu'un bel ange, de ton rêve...
Soudain, Valentin parut, le cigare
mordu trop fort entre les dents visibles,
les doigts enfoncés entre les cheveux,
qu’il tenait ainsi droits ét hauts comme
des plumes- de corbeau hérissées ; il
présentait un masque effrayant. Et il
avait l’air d’un sauvage prêt à scalper
une créature vivante.
Il arracha de sa chevelure une de ses
mains ; il s’extirpa de la bouche le ci
gare gênant. Il déposa l’objet enflammé
au coin d’un meuble. Et, tout à coup, il
rendit des sons gutturaux et terribles :
— Oh ! ne chante pas ! ma petite
Lucy, ne chante pas ! je t’en supplie, ou
je te tords le cou...
Lucy, innocente, s’arrêta aussitôt et
dit :
— Mais alors, ç’a dû t’ennuyer beau
coup, ces soirées, mon chéri ?
Valentin, de sa main propre à briser
du fer, empoigna une chaise, une belle
chaise toute neuve, et anglaise, de chez
Maple ; et, la soulevant puis la reposant
à terre avec fracas, il la réduisit eu un
petit monceau de planchettes et de cuirs
mêlés.
Puis, son humeur apaisée par ce fait,
il reprit son cigare entre lé pouce et l’in
dex, et, avant même que de tirer dessus
pour le ranimer, par une attention gen
tille, il s’approcha de sa jeune femme et
la baisa tendrement.
RENE ROYLESVE.
De l’Académie française.
La Fête de la Reconnaissance nationale
AU JOUR LE JOUR
Le 14 juillet, dans une apothéose inou-1 monceau, le maréchal Focli, M. Lavisse et
bliable, Paris a fêté magnifiquement tous
nos héros, les morts et les vivants.
Mais toute la France n’était pas là et
il est resté dans tous nos départements.*
depuis les grandes villes jusqu’aux plus
humbles villages, un désir insatisfait, un
besoin impérieux de
manifester la grati
tude que tous les
Français doivent à
leurs héros vain
queurs.
Ce besoin est sur
tout très vif chez,
les enfants, parmi
la jeunesse des éco
les de toutes nos
provinces.
11 faut que cet
hommage de l’en
fance trouve l'occa
sion de” s’exprimer.
C’est pourquoi
l’Union des gran
des associations
françaises organise^
pour lés 2 et 3 août*
une grande mani
festation nationale
qui' permettra de
célébrer à la même
heure et dans tou
tes les communes
de France les libé
rateurs du terri
toire.
Ce seront les jour
nées de la recon
naissance nationale
aux soldais fran
çais.
S’adressant à la fois Le diplôme
aux vivants et aux
morts, ce sera l’hommage des enfants des
écoles aux combattants de la grande guer
re, ce sera la fête des fils des vainqueurs.
Le samedi 2 août, date anniversaire de
la déclaration de guerre, Paris fêtera à la
Sorbonne les vivants et les morts dans une
importante cérémonie à laquelle assiste
ront le président de la République, M. Cle-
M. Descbanal, représentant l’Etat, le gou
vernement, l'armée, l’Université, la nation.
Des poèmes de Jean Aicard et de Jean
Richepin seront récités ; on y exécutera le
chant de l'Arc de Triomphe, de Pierre
Chapelle, chant populaire que fredonne
ront toutes les lè
vres dans quelques
jours.
Un diplôme de
Jean Gorabœuf, prix
do Rome, sera remis
solennellement aux.,
municipalités pour
être" apposé dans
toutes • les écoles et
dans foutes les mai
ries,
11 .honorera la mé
moire de tous ceux
qui ont fait le sacri- :
iice.de leur vie et.
dont la mort glo
rieuse nous a donné
Ta victoire et la libé
ration du territoire.
Enfin, des insi
gnès seront distri
bués qui représente
ront l'Arc de Triom
phe, le casque du
poilu, le poilu lui-
même et porteront
cette inscription :
« Au soldat fran
çais, la. France re
connaissante ».
Le dimanche 3 août,
dans toutes les com
munes de France,des
salves d’artillerie,
des sonneries de clo
ches salueront te
poilu vainqueur. Des allocutions seront
prononcées par tous les maires et lecture
sera faite des déclarations officielles pro
noncées à Paris-
Dans toutes les mairies de France sera
également remis le diplôme où seront ins
crits les noms des braves tombés au champ
d’honneur.
LE GÉNÉRAL DE CASTELNAU A L’INSTITUT
Réception à ïAcadémie des Beaux-Arts
du vainqueur du Grand-Couronné
Les intentions
de M. Poincaré
Le 2G octobre — et non le 12, comme
il a été dit par erreur — est la date à la
quelle le gouvernement est d'avis de
procéder aux élections législatives.
M. Clemenceau a déclaré à la Cham
bre que toutes les élections, tant législa
tives que municipales, cantonales et sé
natoriales, devront être un fart accom
pli avant Vélection présidentielle. On
sait que les pouvoirs du jirésident Poin
caré expirent le il février 1920. C'est
donc au plus tard le 17 janvier 1920 que
le Congrès devra procéder, à Versailles,
à Vélection du nouveau président de la
République.
A ce propos, dans certains milieux
politiques d’ordinaire bien informés, on
prétend savoir qu’en raison des nobles
services rendus au pays par M. Poin
caré pendant la guerre et de la façon
splendide dont il a représenté la France,
comme l'atteste encore sa récente et
triomphale visite en Belgique, de nom
breux parlementaires pensent à renou
veler à Versailles les pouvoirs du pré
sident en exercice.
Ce bruit prenant de nouveau consis
tance, je suis autorisé à répéter cç que
j'ai annoncé, il y a déjà quelques mois :
M. Poincaré ne sera pas candidat à la
présidence de la République. Le prési
dent de la République a déclaré formel
lement que ses intentions.n’avaient pas
varié, fl est décidé à remettre ses pou
voirs, fan prochain, au successeur que
le Congrès lui aura désigné.
Mais ce n’est un mystère pour aucun
de ceux qui s’honorent de son amitié,
que M. Poincaré a l’intention de rentrer
dans la vie politique active.
*
**
L’Institut de France qui n’est que la
réunion des sommités intellectuelles du
pays a voulu après la grande guerre rece
voir parmi ses membres les grands chefs
dont les hautes qualités morales nous ont
donné la victoire. Joffre et Foch à l'Acadé
mie française, Pétain à l’Académie des
sciences morales et politiques, Castelnau
à l’Académie des Beaux-Arts.
C’est hier à quatre heures, dans la salle
des séances de l’Institut, que le secrétaire
perpétuel, M. Widor, introduisit après
lecture du décret présidentiel le général de
avait créé et devait ■ encore créer de chefs-
d'œuvre dans 1-e domaine infini de U beau
té, de la vérité et de la bonté.
Au dire de l’immortel Bossuet, l’art mili
taire est le premier de tou-s parce que c’est
â l’abri de ses œuvres que les autres peuvent
s’exercer librement. En m’accueillant dans
l’Académie des beaux-arts vous vous êtes sû
rement inspirés, messieurs, de la pensée de
l’orateur sacré du Grand Siècle. En même
temps, .vous avez eu égard aux cinquante an
nées de présence sous les drapeaux qui,
après m’avoir permis, de combattre jadis les
ennemis de la France en des jours de dé
tresse. m’ont valu le -privilège de contribuer,
En attendant, le président de fa Répu
blique se propose d’aller visiter, le 10 de
ce mois, comme il Va promis, les villes
de Dunkerque et de Hazebrouck.
’ Un autre et très cher désir du prési
dent Poincaré est d'aller, avant la fin
de /'année, faire une nouvelle visite à
l'Alsqce et à la Lorraine.
Il est également dans les intentions
du président de se rendre en Angleterre.
M. Poincaré a hâte de répondre à Vinvi-
l al ion pressante de T Université de G/as-
cow, qui l'a nommé recteur . avant la
guerre et qui a prorogé ses pouvoirs de
puis cinq ans afin de lut permettre de
prononcer son discours d'investiture.
Ce sera sans doute pour octobre, pen
dant la période électorale.
M. Clemenceau dans les régions
dévastées de la Somme
Continuant la série de ses visites dans
les départements dévastés, M. Clemen
ceau a pris, hier soir à dix heures, le
train pour la Somme.
M. Clemenceau, qui est accompagné
cette fois de MM. Klotz, ministre des
finances, député de la Somme ; Cla-
veille, ministre des travaux publies, et
Lebrun, ministre des régions libérées,
s'esl entretenu à la gare du Nord, de
vant son train, avec MM. Ignace, sous-
secrétaire d’Etat « la justice militaire,
Georges Mandel, chef de son cabinet, et
R aux, préfet de. police.
Le président du conseil paraissait
d’excellente humeur et était très dispos.
Il consacrera sa journée à visiter les
régions de Pérou ne, Rozières, Amiens,
Roi je et Montdidier. Il sera de retour ce
soir à Paris.
MARCEL I1UTIN.
- - - - -<$>— —
LES MARÉCHAUX FOCH ET PÉTAIN
CHEZ M. CLEMENCEAU
Le président du conseil a reçu hier, à la
fin de l’après-midi, le maréchal Foch et le
maréchal Pétain, avec qui il s’est entretenu
assez longuement.
LE CHARBON ANGLAIS
Londres, 2G juillet..— Selon des rapports
reçus do Cardiff, bien que le différend rru-
nier soit réglé, il ne s’ensuit pas que les
restrictions sur les exportations vont être
supprimées immédiatement.
11 n’y a pas de doute que ces restrictions
sur les exportations seront modifiées gra
duellement au cours do la semaine pro
chaine : mais il o c t difficile eue Us condi
tions normales soient rétablies avant la fin
d'août.
Le general de Castelnau écoulant le discours de M. Girault.
Castelnau parmi ses nouveaux confrères-
Cérémonie extrêmement simple qui ne
comporte ni invités ni curieux.
On a pu se demander pourquoi le général
de Castelneau allait siéger parmi des ar
tistes plutôt que parmi des savants, des
lettrés ou des administrateurs ; la réponse
est bien simple : c’est que T Académie des
Beaux-Arts a vu en lui, outre le représen
tant des nobles et vieilles traditions du
goût français que comporte son grand nom,
le. héros du Grand Couronné qui a sauvé
de l’invasion du barbare et d'une probable
destruction Nancy et le magnifique ensem
ble de la place Stanislas, une des plus par
faites créations de l’art du XVIII' siècle
avec ses palais, son Arc de Triomphe, ses
belles grilles et aussi ses églises et son
musée.
C’est ainsi que s’est exprimé M. Giraud,
président de l’Académie, qui a reçu le gé
néral en lui adressant un petit discours
fort éloquent, car l’architecte éminent
qu’est M., Giraud est aussi un parfait ora
teur.
Le général de Castelnau en remerciant
l’Académie a rejeté sur les armées qu’il a
commandées l’honneur qui lui est fait au
jourd’hui.
— Dans les actions de guerre dont vous
voulez bien évoquer le souvenir, je n’ai eu
d’autre mérite que de m’iiupiéuneiy en quel
que sorte, do la vaillance des admirables sol
dats et des chefs héroïques sons, mes ordres
pour leur demander, leur demander encore
et ioujèurK ios sublimes sacrifices, qu'ils on f
si généreusement consentis. Ce sont ou::, en
vérité, qui ont triomphé iT's entreprises scé
lérates perpétrées par les Germains contre la
noble race des Francs, contre tout ce que
son Urne éprise d’idéal et de juste ■ mesure
du moins pour une faible part, avec six de
mes fils, au triomphe de mon pays magni
fiquement vengé.
Jai vu, à la sortie de la séance, plusieurs
membres de l’Académie des Beaux-Arts.
Ils étaient très vivement impressionnés par
l'aisance, la bonne grâce de leur nouveau
collègue et par l’espèce de clarté si fran
çaise qui émane de cette forte personnalité.
Lé général de Castelnau, en effet, à peine
installé, a tout de suite commencé sa col
laboration aux travaux des académiciens.
On sait qu’il est président du comité qui
s’est formé pour l’aménagement et l'en
tretien des tombes de nos héros tombés sur
lé front. Il a signalé le caractère colossal
et orgueilleux des monuments que les Bo
ches ont élevés dans leurs cimetières qui
sont sur notre territoire. 11 ne faut pas
que nos morts, au point de vue de l’effet
produit sur les âmes simples, paraissent
moins bien traités et il faut que des monu
ments où la pierre et le marbre ne seront
pas davantage épargnés, s’élèvent dans
les cimetières où l'on se proposa de grou
per les tombes éparses. Le général de Cas- ;
telnau voudrait que ces monuments soient j
,empreints du caractère d’élégance, de no-
blesse et de mesure, dont le génie français a ;
toujours su marquer scs œuvres,qu'ills soient'
digues des héros qu’ils doivent honorer... |
Le général de Castelnau, comme on le :
voit, a tout de suite travaillé pour la r'ruu-j
ce, à l’Académie des Bèaux-Arts. Puisse ;
sa bienfaisante influence nous épargner la j
débauche redoutée dos sculptures poncivè*
et des monuments do style empreints de!
l'influence municlïoise, sous prétexte üoj
modernité !... j
EUGENE TA '
LES ALLIÉS ROMPENT
AVEC BELA KUN
Le Conseil suprême des alliés a arrêté
les termes de la déclaration suivante, qui
a été aussitôt lancée par radiogramme :
Les gouvernements alliés et associés sont
très désireux de conclure la paix avec le
peuple hongrois et de mettre fin à un état
de choses qui rend impossible la renais
sance économique de l'Europe centrale et
fait obstacle à toute tentative pour ravi
tailler la population. Il est même impossi
ble.de tenter cette œuvre avant qu’il n’y
ait en Hongrie un gouvernement représen
tant la peuple et exécutant, dans leur let
tre’ comme dans leur esprit, les engage
ments pris par lui avec les gouvernements
associés. Le régime Bêla Kun ne répond à
aucune de ces conditions ; non seulement
il a rompu l’armistice signé par la Hon
grie, mais il attaque en ce moment môme
une ^puissance amie et alliée.
Il appartient aux gouvernements associés
de prendre sous leur propre responsabilité
les mesures que comporte cet aspect par
ticulier de la. question-' Si des, vivras et
des approvisionnements doivent être four
nis, si le blocus doit être levé, si Vœuvre
de reconstitution économique doit être en
treprise, si la paix doit être établie, ce ne
saurait être qu’avec un gouvernement re
présentant le peuple hongrois ci non avec
un gouvernement dont l’autorité se fonde
sur ta terreur.
Les paissances associées croient oppor
tun d'ajouter que toute occupation étran
gère du territoire hongrois tel quil est dé
fini par la conférence dè la paix prendra
fin dès que le commandant en chef inter
allié estimera que les conditions de Var-
rhUiisb ont été exécutées d’une façon ma-
tis faisante.
L’AVENIR
DE LA SCIENCE
Inte:rogé par le Temps
sur le sort que semble ré
server à la recherche scien
tifique, en notre pays, la « société de
demain », le docteur Roux a répondu :
« Il me phraît certain qu’à la suite de
la guerre et de la vie chère, le recrute
ment des chercheurs désintéressés sera
très restreint en France. » Le docteur
Roux a premièrement signalé l’impor
tance de la recherche scientifique, dont
les Etats ont toujours besoin, dont
la France meurtrie a plus grand besoin
que jamais, s’il est vrai, s’il est évident
que (c le peuple qui se relèvera le plus
vite est celui qui se livrera avec le plus
d’ardeur aux travaux scientifiques ».
Cela posé, que faudrait-il ? « Mieux
organiser notre enseignement supérieur,
mieux outiller les laboratoires, mieux
payer ceux qui y travaillent. » Est-ce
difficile ? est-ce impossible ? En tout
cas, le docteur Roux ne compte pas que
ces réformes se fassent bientôt, puis
qu’il prévoit avec chagrin, comme l’un
des signes des nouveaux jours, la déser
tion des laboratoires. Un tel péril, dé
noncé par un tel savant, ne doit pas
laisser insensibles et distraits par de pe
tites rêveries les hommes qui ont à pré
server les intérêts et le renom de la
France. C’est leur affaire, de réorgani
ser notre enseignement supérieur : et,
s’ils possèdent la sagesse ou la vertu de
modestie, on les supplie de consulter
là-dessus le docteur Roux et les autres
maîtres de la pensée contemporaine.
C’est leur affaire d’outiller nos labo
ratoires ; et leur affaire d’aviser à en
qu’un professeur de Faculté soit aussi
bien payé que le contremaître à l’usine.
On leur dit qu’alors tout irait le mieux
du monde : s’ils ne le font pas, quelle
sera leur responsabilité devant l’avenir?
Imaginez la France victorieuse et qui
perdrait sa qualité de mère de la science,
titre que les Allemands lui avaient volé,
où donc ? à Sedan ; titre qu’elle est ea
mesure de reprendre, qu’elle mérite et
qui lui serait encore ôté, cette fois par
,1a faute de ses dirigeants ! Cette, éven
tualité est exécrable : et l’on refuse
d’agréer l’idée ou le projet d’une Fran
ce qui dédaigne la plus digne occupa
tion .de l’humanité en paix dans les mo
ments où elle ne prie pas. — A. R.
flboiwements de ïïillégiature
L’Echo de Paris met, pendant la pé
riode de villégiature, à la disposition de
ses .lecteurs des abonnements partant de
n’importe quelle date et finissant au gré
de l’abonné.
Le prix de ces abonnements est calculé
à raison de quatre-vingts centimes par
semaine.
Ces abonnements peuvent être pris à
nos guichets, 6, Place de l’Opéra, ou être
demandés par lettre accompagnée d’un
mandat postal.
AU CONGRÈS RADICAL
L’accord ne règne pas
Après la séance du matin, toute absorbée
par les travaux des commissions, le congrès
du parti radical et radical-socialiste a con
sacré sa séance d’hier après-midi à fa dis
cussion de sa tactique électorale, sous la
présidence de M. Herriot, sénateur du
Rhône et maire de Lyon.
La presse n’était pas admise à ces dis
cussions de famille. Il nous est cependant
revend assez d'échos de tout'ce qui s’y est
dit pour que nous puissions constater que
ce n'est pas la concorde qui les a inspiras,
M. Franklin-Bouillon, après la lecture
du rapport de M. J.-L. Bonnet, qui était
sur la question c’est-à-dire sur les allian
ces du parti aux prochaines élections, a
repris violemment sa charge d’il y a quel
ques jours à la Chambre contre la présence
de M. Clemenceau à la tête du gouverne
ment.. 11 a voulu inviter son parti tout
entier à refuser désormais son concours,
au gouvernement.
M. René Renoult, chef des radicaux de
meures fidèles au ministère, lui a répli
qué. 11 a chçrchô, non sans impression
ner fortement son auditoire, à faire ac
cepter par son parti la remise de l’attaque
contre M. Clemenceau, au lendemain de
la ratification,du traité de paix. Ce jour-
là, une grande discussion politique pourra
être instituée à la Chambre et le parti
radical et radical-socialiste y prendra
son attitude définitive.
Ce discours de M. René Renoult est ré
sumé dans son ensemble, par l'ordre du
jour suivant, qui n obtenu une visible ma
jorité :
Le Comité exécutif du parti radical et radical-
socialiste, fidèle à ses principes et à son passé,
Affirme qu’il est. prêt à faciliter l’union do
tous les partis de gauche résolus à collaborer
dans l'ordre et la légalité au relèvement natio
nal.
Et re déclare décidé à répudier tout élu ou
tout candidat, qui accepterait de figurer sur une
liste électorale aux côtés de ceux qui n'ont ces
sé do combattre la République laïque, démocra
tique et .sociale. ,
Il est signé par MM. Renoult, Renard,
Dalimiér, etc.
Un second Airùre, du jour,‘émanant de
M. Franklin-Bu^pwn„ et exprimant, quoi
que à mots couvrît-, la volonté du parti
radical et ratUral-e 'Cialiste de refuser sa
collaboration avec M. Clemenceau, a été
également adopté. En voici le texte :
Lé Parti radical et radical-socialiste,
Fier-d’être, rosie jusqu'au bout fidèle à
Du n ion sacrée nour la défense nationale.
Invite formellement ses élus, en vue des
élections' prochaines, à exiger immédiate
ment la suppression de l'état de siège et la
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