Titre : L'Echo de France
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-07-26
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759978g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 juillet 1919 26 juillet 1919
Description : 1919/07/26 (N12761). 1919/07/26 (N12761).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1036990c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-15395
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/12/2015
A
^ 36 e ANNEE. — N° 12.761.
❖
ÎO Centimes
Édition de 5 heures
10 Centimes
♦
SAMEDI 26 JUILLET 1919.
LECHO DE
HENRY SIMOMD
{IIBBCTEUR-RÉDACTEUR EN CHER
PAUL SIMOND
DIRECTE DR' ADMINISTRATEUR
Mressc télégraphique : ÉCHORIS-PARIS
NOUVELLES DU MONDE ENTIER
Rédaction et Administration : 6, PLACE DE L’OPÉRA (9®)
Adresse télégraphique : ECHORIS-PARIS
TELEPHONE : Rédacteur en cheî. 101-52. — Administrateur, 102-45. — Rédaction. 102-79. — Entre minuit et 5 heures du matin. 101-58
VALENTIN SIMOND
FONDATEUR
ABONNEMENTS (6, Place de l’Opéra) Téléph. 102-94
Seine et Seine-et-Oise.. 3 mois 8 fr. 6 mois 15.50 i an 30 ft.
Départem. et Colonies.. — 9 fr. — 16.50 — 32fr.
Union Postale • — 10 fr. — 18 fr. — 35 ft,
POUR LA PUBLICITÉ, s'adresser Société « Echo de Paris-Publicité ». 20, rue Le Psletùr
LES PROBLÈMES DE LA VICTOIRE
Les salaires devant l’impôt
Ainsi que nous l’avons vu, tous les re
tenus peuvent être frappés par l’impôt,
sans qu’il y ait contact entre le fisc et les
(citoyens. Tous les produits du capital
peuvent être amputés du prélèvement
'nécessité par les charges budgétaires,
sans que fonctionne une inquisition ta
tillonne et déplaisante, sans qu’une ar
mée de comptables spécialisés ait à pré
parer les bilans que vérifiera une ar
mée de contrôleurs.
Le Parlement et la Nation, les élec
teurs et les élus, peuvent être mis en
présence d’un devoir simple, clair et net.
Tant pour cent do prélèvement sur le re
venu des capitaux invertis en terres,
tant sur les revenus des propriétés bâ
ties, tant sur les coupons de valeurs mo
bilières françaises, tant sur les intérêts
des titres étrangers..
Au total les revenus réels s’élèvent à
tant, ils payent tant, directement. A
chacun sa responsabilité; à tous la pos
sibilité de voir clair dans le système
fiscal et de payer en conséquence.
Un système démocratique 11e fonc
tionne que s’il y a l’intelligence, c’est-
à-dire la possibilité de comprendre et
d’apprécier. Un pays n’est pas en dé
mocratie quand 011 y trompe le peuple.
La vérité dissimulée apparaît certes un
jour ou l’autre, mais quand elle appa
raît trop tard, les conséquences des
fautes commises sont devenues inéluc
tables et c’est la masse qui paye les er
reurs de ses dirigeants ; c’est le peuple
qui, toujours, fait vivre à ses dépens les
flatteurs qui l’ont berné.
Les revenus que nous avons frappés
directement en tant que reyenus et sans
qu’ils puissent se soustraire aux prélève
ments imposés seront de nouveau frap
pés en môme temps que les salaires,
icette fois, lorsqu’ils vont s’employer en
acquisitions, en consommation, en jouis
sances. Mais ici les revenus, comme les
salaires, pourront, dans une très large
mesure, doser leur coopération contri
butive ; celle-ci dépendra du volume
des acquisitions, de leur valeur, du raf
finement des jouissances. Elle dépen
dra du luxe, des dépenses somptuaires
que consentira de sa propre volonté le
détenteur des revenus, le bénéficiaire de
gains ou de salaires.
Nous sommes donc en présence de la
différence fiscale essentielle, que nous
établissons entre les produits du capital
et les produits du travail. Les premiers
paieront une première fois intrinsèque
ment en eux-mêmes, parce que « reve
nus », puis ils paieront une . deuxième
fois avec les salaires, qui s’adjoindront
alors à eux au moment où chaque ci
toyens voudra prélever sur le travail
d’autrui ce qu’il ne produit pas lui-
même par son propre travail, ce qu’il
juge néanmoins nécessaire à l’entretien
ou l’agrément de sa vie.
L’impôt sur les acquisitions, sur les
jouissances est ainsi une indemnité que
chacun doit payer au profit de la col
lectivité, dans la mesure où il emploie à
son profit le travail d’autrui.
Les salaires ne doivent pas payer
d’impôt direct et obligatoire. L’Etat a
tout à perdre et rien à gagner à vouloir
tenter de semblables expériences. 11 per
cevra plus et favorisera l’accroissement
de la matière imposable en respectant,
sur ce point, la liberté, nous dirons les
caprices même, ou les préjugés des ci
toyens.
Le salaire en effet n’échappe pas en
fin de compte à l’impôt, mais dans notre
nouveau « code fiscal » il choisira sa
voie, la forme et la manière de sa coopé
ration.
Tout gain réalisé se transforme obli
gatoirement. Le bénéficiaire en emploie,
s’il peut, et s’il est sage, une partie eh
capital immobilisé ; il fait des écono
mies, il place son argent, il àchète une
maison, une terre, un titre mobilier, il
se crée un revenu. Le revenu va de suite
être taxé et au moment où le travail
leur transforme son gain en telle ou
telle catégorie de revenus, il saura exac
tement de quel pourcentage ce revenu
sera, par la suite, amputé.
Si le détenteur d’un salaire né réalise
pas d’économies, c’est qu’il aura em
ployé son gain à acquérir le produit du
travail des autres, il paiera, dès lors,
selon une gamme nuancée, que nous
exposerons, l’indemnité dont nous avons
reconnu le juste principe.
Frapper directement le salaire comme
011 le veut faire aujourd’hui, c’est frap
per l’initiative, diminuer l’esprit de pré
voyance, restreindre la capacité de pro
duction. C’est, enfin, provoquer des com
paraisons qui, tôt ou tard, emporteront
le v système entier, comme ces vieilles
maisons qui s’écroulent, malgré les badi
geonnages de façade et qui entraînent
dans leurs ruines les imprudents qui
persistent à s’y complaire.
Aujourd’hui, l’heureux héritier de
80,000 francs de rente en vieux 3 0/0 ou
en emprunts de guerre, 11e va rien payer
comme impôt cédulaire, ou comme im
pôt sur le coupon.
Tout au plus sera-t-il astreint à quel
que bribe de l’impôt général sur le re
venu, si tant est qu’il fasse déclaration
exacte et sincère.
Mais prenons un travailleur, ingé
nieur, médecin, commerçant, peu impor
te, un salarié enfin, qui ail bout d’une an
née de labeur aura réussi à apporter au
logis la même somme que notre rentier
a perçue en détachant ses coupons: l’im
pôt cédulaire le guette et lui ravit aussi
tôt une parti# non négligeable du pro
duit de son travail. Fait-il néanmoins
quelques économies pour sa vieillesse,
pour ses enfants, on va dire qu’il s’est
enrichi et on vous propose actuellement
de reviser tous les cinq ans les comptes
de cet insensé, qui ose travailler et éco
nomiser.
Voudra-t-il contracter une assurance
sur la vie, pour sa femme, pour sa fille,
pour constituer une garantie à un ban
quier, à un commanditaire, se faire du
crédit : l’impôt sur le salaire va le dé
pouiller d’une partie de son gain ; l’im
pôt général sur les revenus va jouer sur
les primes mêmes qu’il aura versées, en
fin l’impôt sur les contrats d’assurances,
sur les polices, sur le remboursement-
des .capitaux va encore rogner par tous
les bouts les fruits du travail et de la
prévoyance.
L’impôt direct sur le salaire prend ain
si par comparaison un caractère spécial
d’iniquité et il est aussi un impôt de dé
population, puisqu’il s’oppose directe
ment et visiblement à la constitution
d’un patrimoine familial.
D’ailleurs, est-il bien nécessaire d’in
sister davantage? La question est déjà ré
solue dans la pratique ; l’immense ma
jorité des salariés refuse de payer l’im
pôt sur le travail et, d’ores et déjà, le fisc
ne peut plus assurer ses perceptions. ■—
Pratiquement, l’administration des fi
nances ne touche rien sur l’agriculteur,
rien sur l’ouvrier, peu de chose sur ces
multiples professions où l’activité, l’in
telligence trouvent à chaque instant leur
récompense dans des rémunérations de
commissions, parts syndicales, différen
ce de cours, tous gains qui échappent à
toute investigation, à tout contrôle.
Que reste-t-il dans le troupeau où l’E
tat prétend tondre ses brebis ? Les fonc
tionnaires, soit ceux des services pu
blics, alors l’impôt se traduit par une re
prise sur les traitements, qui provoque
par contre-coup légitime une augmenta
tion des dits traitements ; soit les em
ployés des grandes usines, des adminis
trations privées, qui, eux aussi, sont ten
tés de récupérer ce qui leur est enlevé,
par une répercussion plus ou moins ra
pide sur les prix de toutes choses.
Devons-nous donc continuer à donner
l’exemple démoralisateur d’une loi non
appliquée et méprisée par des millions
de citoyens ? Devons-nous continuer
d’entretenir un nombre toujours crois
sant de commis lancés à la poursuite de
l’insaississable, et le tout pour irriter le
pays, semer la discorde, restreindre la
capacité générale de production et d’aô-
croissement de la richesse ?
Nous allons donc renoncer aux vai
nes investigations dans les affaires de
chacun. Dans ce pays où les enfants ne
connaissent jamais au juste la fortune et
les gains de leurs parents, nous ne pou
vons pas avoir la prétention de contrain
dre ces parents à déclarer à des agents
du fisc ce que leur testament seul‘révé
lera à leurs proches.
Les charges inéluctables que la défen
se victorieuse du pays nous aura impo
sées vont être réparties pour une frac
tion, que le Parlement fixera, entre tous
les produits du travail, dans la propor
tion et dans la mesure que les représen
tants du pays jugeront utile. Dans notre
esprit, les bases de eettè répartition se
ront, d’une part, le caractère de plus ou
moins grande nécessité des produits en
visagés ; d’autre part, la volonté de s’a
dapter au programme économique, dé
fini au préalable, de favoriser le déve
loppement des industries essentielles, de
permettre aux initiatives les plus fécon
des de se faire jour, d’inciter à la mise
en valeur des richesses du sol et du sous-
sol de la métropole et de ses colonies.
Là encore, comme dans le mécanisme
des impôts sur les revenus, nous essaie
rons d’établir un système clair avec un
minimum d’agents d’Etat immobilisés
dans la perception.
CUSTOS-.
DEMAIN
l'Echo de Paris publiera son Conte du
Dimanche :
« ©1? î i?e Cfyarçte pa^î... »
Par M. René Boylesve
UN RECORD POSTAL
110 kilomètres en 62 ans!
Une lettre partie de Beyssac (Corrèze)
le 15 juin 1857
pour Clermont-Ferrand arrive en 1919 !
Le record de la lenteur postale vient,
croyons-nous, d’être battu. 11 ne se passe
pas de mois, en effet, sans que la presse ci
te le cas d’une correspondance parvenue à
son destinataire cinq ou six ans, dix, quin
ze, vingt ans même après le jour où elle fut
mise à la poste. Mais ce sont bagatelles.
Cette fois, il s’agit d’un délai beaucoup
plus important: soixante-deux ans ! Soixan
te-deux ans pour accomplir cent dix kilo
mètres !
Le 15 juin 1857 M. de Saint-M... expé
diait de Beyssac, commune de Saint-Au
gustin (Corrôge) à sa femme, 7, place Mi-
ohel-de-l'Hospital; à Clermont-Ferrand,
une lettre.
Mme. de Saint-M... vécut jusqu’à un âge
avancé sans jamais avoir le plaisir de la
recevoir.
Le 10 juin dernier cependant un facteur
se présentait 7, place Michel-de-l’Hospital
et apportait la missive. Mme de Saint-M...
étant décédée depuis dix-huit ans, ce fut
sa 1111e, Mme de L... qui reçut la lettre, avec
LA DÉMOBILISATION
« Après avoir communié dans la douleur,
les deux peuples viennent de communier dans la Victoire »
A LIEGE (Phot. « Echo de Paris »)
Le bourgmestre souhaite la bienvenue au président de la République, qui, peu après, remit la croix ,de la Légion d'honneur aux armes de la Ville
(Sur l’estrade, de gauche à droite :
le maréchal Foch, la reine, M. Poincaré, le roi, Mme Poincaré, le prince Léopold et la jeune princesse)
M. Poincaré est rentré de Belgique hier
matin, à 8 h. 35. Il a été salué à la gare
du Nord par MM. Clemenceau, Leygues,
ministre de la marine ; l’amiral Lac'aze et
l’amiral Granclément, le général Berdoulat
Le président de la République descend
le premier du train. Il serre avec effusion
les mains que lui tend M. Clemenceau,
puis les deux présidents se dirigent vers
la sortie, suivis du maréchal Foch et du
général Weygand. Quand Mme Poincaré est
descendue de son wagon, une superbe gerbe
d’hortensias et de roses lui a été offerte-
Les nombreuses personnes présentes ont
fait une ovation à MM. Poincaré et Cle
menceau.
Télégramme de M. Poincaré
au roi des Belges
Avant de quitter le territoire belge,
le président de la République a fait parve
nir le télégramme suivant à S. M- le roi
des Belges à Bruxelles :
Je ne veux par quitter le sol de la Belgique
sans remercier, de toute mon âme, Votre Ma
jesté d’âvolr si étroitement associé la France
à la célébration de votre Fête nationale. Après
avoir si longtemps communié dans la douleur,
nos deux peuples viennent de communier, non
seulement dans la fierté de la victoire, mais
dans la joie de la paix retrouvée et du monde
libéré.
J’emporte un souvenir profondément ému c(e
l’incomparable accueil que m’ont fait à l’envi
la Flandre et la Wallonie.
L’ardente amitié que les représentants de la
Belgique ont témoignée à la France, les, mer
veilleuses réceptions que m’ont successivement
réservées les villes de Mons, de Bruxelles, de
Gand, de Malines, d’Anvers, de Liège, de Namur
et de Charleroi, les manifestations spontanées
des villages que nous avons traversés à l’im-
provistc, tout ce que j’ai vu, tout ce que j’ai
entendu m’a montré l’unanimité et la profon
deur des sentiments auxquels Votre Majesté a
donné, une fois de plus, une expression si tou
chante.
L’écho de ces acclamations enthousiastes
adressées à la France retentira dans le cœur de
tous mes concitoyens. Ils ne peuvent aimer ta
Belgique plus qu’ils ne l’aiment, mais ils seront
heureux de se sentir aussi complètement à
l’unisson avec elle.
En exprimant toute leur gratitude à votre
noble nation, je prie Votre Majesté et Sa Ma
jesté la reine de recevoir mes remerciements
et ceux de Mme Poincaré pour les trois jour
nées grandioses que nous venons de vivre au
près de vous.
Raymond Poincaré.
La réponse du roi des Belges
Bruxelles, 25 juillet- — Voici la réponse
du roi au télégramme du président de la
République :
Pai reçu le télégramme que Votre Excel
lence a eu la gracieuse pensée de m'adres
ser au moment où elle a quitté notre sol. Je
suis profondément heureux de l'impression
qu'elle emporte de la Belgique. A travers
l'hommage d’enthousiasme rendu à Votre Ex
cellence par. nos villes et nos campagnes de
Flandre et de Wallonie, la France héroïque
aura senti toute l'amitié de la nation belge.
Après avoir, vonnne le dit Votre Excellence,
communié dans la douleur et la victoire, le
peuple français et le peuple belge, unis par
un attachement profond et réciproque, com
munieront désormais dans l'œuvre ardente
de la paix cl dans les efforts communs qui
effaceront les désastres.
La reine et, moi tenons à redire encore à
Mme Poincaré le très grand plaisir qu’elle
nous a fait en voulant bien accompagner
Votre Excellence en Belgique. Albert.
Les édiles parisiens à Liège
(De notre envoyé spécial)
Liège, 25 juillet. — Le Conseil municipal
de Paris, en corps, conduit par son prési
dent,' M. Evain et par les échevins et
conseillers communaux de Lfége, s’est ren
du hier, en un pieux pèlerinage, aux rui
nes du fort de Lpncin. C’est le major Naes-
(Phot. « Echo de Paris »)
AU THEATRE DE VERDURE A LIEGE
Le maréchal Foch s'entretenant
avec le prince Charles.
sens lui-même qui a guidé à travers les
superstructures bouleversées de la forte
resse les visiteurs émus, empoignés par le
spectacle du cataclysme déchaîné par
l’éclatement des obus dams le magasin à
poudres.
Le fort est fendtu en deux*comme par
un coup de hache gigantesque. Les cou- !
pôles de la grosse et moyenne artillerie j
gisent, éventrees, retournées, et tandis que j
l'héroïque commandant, les larmes aux !
yeux et la voix tremblante, évoque les j
phases angoissantes de la résistance, l’as-;
sistance contemple, frappée de stupeur.
1 entassement des matériaux sous lesquels.
dorment encore plus de 400 des défenseurs |
du fort.
Près de l’entré?., un simple tertre fleuri
surmonté d’une croix est édifié à leur mé- i
moire. C’est là, sur ce monument dont la
simplicité doit plaire à l’âme des rudes
soldats morts pour la défense de la pa- j
trie, q.ue M. Evain, étreint lui-même pam
une émotion puissante qu’il a traduite en
phrases émouvantes, fit déposer la palmel
de bronz? offerte par la Ville de Paris aux j
morts héroïques de Liège. Et il sut trou
ver, en soldat qu’il fut, les mots qu’il fal- ;
lait pour glorifier les camarades qui, re
tardant. la ruée allemande, ont sauvé la
France et la civilisation.
Puis, après cette vision de guerre et
pour faire ressortir avec quoi acharne
ment scientifique, avec quelle rage froide
et réfléchie lis Allemands ont entendu
frapper à mort l’industrie de nos alliés, i
notre délégation du conseil municipal a
été conduite aux établissements Cockerill,
qui s’intitulent fièrement « le Creusot
belge ».
C’est à M. Greiner, président de cet éta
blissement, qu’incombait la douloureuse
mission de montrer avec quel raffinement
dans le mal, avec quel sadisme dans la des
truction, le Teuton s’est acharné à attein
dre dans ses œuvres vives une industrie
prospère. Non content de réquisitionner les
machines qui lui paraissaient utiles à son
industrie, l’ennemi brise, déchiquette sys
tématiquement les organes les plus délicats
d’une usine métallurgique moderne. Mo
teurs, hauts fourneaux, transformateurs
pour acier, presses hydrauj’ques et mar
teaux pilons, privés de Uutrs organes es
sentiels ou fendus par les explosions, jon
chent le sol ; les halls sont démolis ; les
fondations et massifs de maçonnerie qui
supportent les machines sont détruits. Le
Boche a frappé aux sources mêmes de la
production, immobilisant pour de longs
mois le plus puissant élément de renais
sance industrielle.
Voilà ce que M. Evain, au nom de Paris
et de la France entière, a su exprimer en
termes élevés à l’issue de sa visite. Mais
cette impression de tristesse s’atténue,
s’estompe au vent de l’enthousiasme dé
chaîné au passage de la délégation fran
çaise, enthousiasme que les mots sont im
puissants à traduire et qui dénote la vo
lonté du peuple belge de poursuivre, dans
une collaboration étroite avec son grand
voisin, l'œuvre de relèvement économique,
en lutte contre l’envahissement de l’indus
trie allemande.
G. ELIE-BERTHET.
Les classes 10 à 12:
du 8 au 29 août
Les classes 13 à17 inclus:
du 31 août au 4 octobre
M. Louis Deschamps, sous-secrétaire
d’Etat à la démobilisation, viènt d'arrêter
de la façon suivante la démobilisation du
huitième échelon :
Les militaires des classes 1910, 1911, 1912,
ainsi que. ceux rattachés à ces classes en
vertu des majorations, constitueront le
huitième échelon de démobilisation.
Ils seront renvoyés dans leurs foyers aux
dates ci-après .
Militaires de la classe 1910 et assimilés,
du S au 15 août.
Militaires de la classe 1911, du 16 au 22
août.
Militaires de la classe 1912, du 23 au 23
août.
Les dispositions générales du paragra
phe 2 de l'ordre particulier n° 4 du 2 juil
let continueront à s'appliquer au S 6 éche
lon.
Les militaires à diriger sur les centres
de placements prévus par la circulaire du
14 juin 1919 Seront mis en route le pre
mier jour de la période impartie pour la
démobilisation de la classe.
,La démobilisation des militaires des
classes 1913 à 1917 inclus se poursuivra
sans interruption du 31 août au 4 octobre.
Les dates de renvoi pour chaque classa
seront en temps utile fixées par des or*
dres ultérieurs.
La grève des mineurs anglais
est terminée
Londres, 25 juillet. — Le gouvernement
et le comité exécutif des mineurs sont d’ac
cord pour que, malgré la réduction de
10 % xîe rendement, le tarif du travail aux
pièces soit augmenté de 10 %, de manière
que les ouvriers ne subissent aucune ré
duction de salaire.
En conséquence, la Fédération invite
toutes les sections à reprendre loyalement
le travail (Havas.)
CE QUE VEUT LE PAYS
la stupéfaction que l’on peut concevoir.
Elle la lut avec intérêt mais malheureu
sement ce ne put être «avec profit. M. de
Saint- M... recommandait, en effet, entre
autres choses, à son épouse d’encourager
au travail un collégien de leur famille, le
jeune Roger.
Or, le jeune Roger n’a plus besoin d’être
stimulé dans ses études. Il est à la veille
d’avoir soixante-seize ans !
Gomment la lettre de M. de Saint-M... a-
t-elle pu demeurer autant d’années en rou
te ? c’est un mystère qui ne sera sans dou
te jamais élucidé !
Mais ce qui est vraiment admirable et
mérite que l’on s’incline bien bas devant là
perfection de notre administration des pos
tes c’est que cette lettre, malgré tout, est
arrivée, sinon à sa destinataire, du moins
à destination.
110 kilomètres en 62 ans ! somme toute
cela représente une vitesse moyenne encore
appréciable : 148 mètres par mois, 5 mè
tres par jour, 20 centimètres à l’heure !
Le record de la lenteur postale est, pour
l'instant, de 20 centimètres à l’heure. Et le
record de fond de 62 ans. Sportsmen, en
registrez ! P. G.
flboiîiî2Mei)ts de Villégiature
L’Echo de Paris met, pendant la pé
riode de villégiature, à la disposition de
ses lecteurs des abonnements parlant de
n’importe quelle date et finissant au gré
de l’abonné.
Le prix de ces abonnements est calculé
à raison de quatre-vingts centimes par
semaine.
Ces abonnements peuvent être pris à
nos guichets, 6, Place de l'Opéra, ou être
demandés par lettre accompagnée d’un
mandat postal
Les Bolcheviks répriment
les grèves en Russie
(De notre correspondant particulier)
Stockholm, 24 juillet.
Suivant des nouvelles de bonne source,
les Bolcheviks ont décidé d’envoyer plu
sieurs délégués secrets à la conférence so
cialiste internationale projetée en Suisse,
Sous prétexte d'exposer la situation de la
Russie soviétiste, ces délégués auront sur
tout pour mission de tenter d’organiser
des grèves dans toute l'Europe, en faveur
de la Russie bolchevique.
Les grandes masses du prolétariat russe
ont fini par perdre toute confiance dans
les assurances des chefs bolcheviks, concer
nant l'imminence de la révolution mon
diale. Lenine escomptait surtout les grèves
du 21 juillet ftoitr les présenter comme le
commencement de la révolution internatio
nale et bolchevique. Si ces grèves avaient
eu lieu, on en aurait, dans tous les cas, tiré
argument pour infuser un peu d'espérance
au prolétariat russe démoralisé.
Déjà, depuis deux mois, paraît-il, des en
voyés bolcheviks — Gïiilbettux eu tète —
étaient venus secrètement en Suisse pour
mendier aux extrémistes des partis socia
listes occidentaux, une manifestation quel
conque. Ces exhortations bolcheviques ne
manquent jamais, d’ailleurs çl’étre soute
nues par de solides subventions.
Tout en fomentant Vagitation ouvrière
dans le reste de l'Europe, les Bolcheviks
répriment impitoyablement les grèves en
Russie. Ainsi, le commissaire Ijevsk y est
allé avec une divis on de. tirailleurs, ré
primer la grève dans une trentaine d'cu
ti éprises de .la ville de Tver, qui était sans
eau, sans lumière, sans tramways, sans
journaux.Nevsky interdit tous les meetings,
arrêta les imprimeurs, et sous la menace
des canons et des mitrailleuses, il obligea
les grévistes à reprendre le- travail. En
'même temps, il réquisitionna le dixième des
ouvriers pour les . enrôler dans l'année
rouge.
Partout, d'ailleurs, la mobilisation géné
rale se poursuit, les usines de production
pour la défense nationale sont militarisées ;
ainsi que les ouvriers, les employés des ad
ministrations et toutes les personnes néces
saires à Vexploitation des mines de charbon
ou de naphte.
Le général Mannerheim combattu
par les agrariens finlandais
(De notre correspondant particulier'
Stockholm, 24 juillet. — Les socialistes
agrariens de Finlande estimant que le
chef de l'Etat doit appartenir à la race
finnoise et ne pas être un militaire, ont
formé un bloc pour lutter contre l'élection
du général Mannerheim à la présidence.
Parmi les autres membres de l'opposition,
beaucoup auraient voté pour Mannerheim
si la durée des fonctions présidentielles
n'était que de deux ans, mais ils n'osent
pas engager leurs votes pour une période
de sept années. Tout dépendra. au der
nier moment, de l'altitude des agrariens.
Celte opposition contre Mannerheim
provoque une violente agitation parmi, les
gardes blancs et ou parle tout bas à Ilel-
singfors de la possibilité d'une tentative
(f’e coup d'Etat, et de la proclamation
d'une dictature militaire dans le cas où
le général n’aurait pas la majorité. C'est
sans doute pour ne pas donner de consis
tance à ce bruit que Mannerheim a quitté
Ilelsingfors vendant la période qui pré
cède les élections.
Dans la longue plainte qui monte des
villes et des villages détruits, de la terre
menacée d’une longue stérilité, on discerne
certains accents pathétiques, capable® de
toucher les plus indifférents.
« Dans nos régions libérées, nous écrit
M. Georges Rousseau, c’est la misère com
me aù temps de l’occupation par l'ennemi.
Il y a cette seule différence que les habi
tants ne sont plus sous le joug allemand.
C’est toujours le même mode de ravitaille
ment qui n’a pas varié de beaucoup ses
produits, qualités et quantités. On dépen
se toujours, et on ne peut gagner un sou.
Habitant Sedan, je ne parlerai que de cette
région, quoique je sais que d’autres plus
dévastées sont plus malheureuses encore.
L’antique cité drapière qu’est Sedan a con
servé presque toutes ses usines, mais to
talement ou presque, vides de leur maté
riel. Les fabricants de Sedan, soucieux d(
faire revivre leur industrie, s’emploient e'.
cherchent tous les moyens possibles poui
trouver du matériel et remonter leurs usi
nes. Mais rien n’avance, et ils ne sont pai
beaucoup plus avancés qu’au lendemain ck
la signature de l'armistice. Deux sous-of
ficiers allemands, prisonniers à Sedan, di
saient il y a quelque temps : « Vous êtes
victorieux et vous ne savez pas profiter d(
votre situation. Si nous étions à votre pla
ce, il y a longtemps que Sedan remarche
rait. »
M. Stéphane Le Gentil : « Fils de culti
vateur, aîné de huit enfants, marié, et un
enfant, j'ai été mobilisé, comme tant d’au
tres, avec trois de mes frères tombes au
champ d'honneur. Nous voici rendus à la
vie civile. Mais notre chez nous n’existe
plus. L'angle Arras-Aihert-Pérorine n'est
plus qu’un chaos, dans nos campagnes, plus
d’habitations, on.n’y voit que monticules
de craie et de cailloux, la terre semble mor
te, car l’herbe n’y pousse même plus : At
tila a passé. Impossible de recultiver et les
quelques rares cultivateurs de contrées
moins dévastées rentrés entre Péronne et
Cambrai, dans des abris provisoires, se
verront presque certainement obligés de
quitter pour l’hiver. Et maintenant que la
paix est signée, l’Allemand rentre chez lui
et se remet au travail, et nous, est-ce avec
des mots magiques et de belles promesses
que nous allons vivre ?»
Ceux qui ont tant souffert dans leurs
affections les plus chères et dans leurs
biens, errant encore sur les chemins de
l'exil, ou revenus au pays, parmi les rui
nes de ce qui fut leur toyer, demandent,
— et qui ne les comprend ? — que la soi!
effrénée de plaisirs de quelques-uns n’in
sulte pas à leur détresse :
« La France est en fête, nous écrivait
l’un d’eux, il y a quelques jours. On vote
des millions pour les réjouissances. Les
courses ont repris toute leur splendeur !...
on semble ignorer qu’il existe, disséminés
dans toute la France, des malheureux qui,
depuis bientôt cinq années, ont quitté leur
chez eux, tous les objets familiers qui leur
étaient chers, leurs .souvenirs de famille,
leurs biens, pour ne jamais plus les re
trouver !... Que depuis cinq années ils
sont logés dans quelque chambre garnie,
sous la tutelle de propriétaires mercenai
res pour lesquels ils ne sont qu'un sujet
de spéculation
» Le réfugié, dans la partie de la
France qui a eu le bonheur de ne pas être
foulée par les vandales, est un être mé
connu, mal considéré, et surtout oublié...
On vote des indemnités de cherté de vie,
on augmente tous les traitements, -le bien-
^ 36 e ANNEE. — N° 12.761.
❖
ÎO Centimes
Édition de 5 heures
10 Centimes
♦
SAMEDI 26 JUILLET 1919.
LECHO DE
HENRY SIMOMD
{IIBBCTEUR-RÉDACTEUR EN CHER
PAUL SIMOND
DIRECTE DR' ADMINISTRATEUR
Mressc télégraphique : ÉCHORIS-PARIS
NOUVELLES DU MONDE ENTIER
Rédaction et Administration : 6, PLACE DE L’OPÉRA (9®)
Adresse télégraphique : ECHORIS-PARIS
TELEPHONE : Rédacteur en cheî. 101-52. — Administrateur, 102-45. — Rédaction. 102-79. — Entre minuit et 5 heures du matin. 101-58
VALENTIN SIMOND
FONDATEUR
ABONNEMENTS (6, Place de l’Opéra) Téléph. 102-94
Seine et Seine-et-Oise.. 3 mois 8 fr. 6 mois 15.50 i an 30 ft.
Départem. et Colonies.. — 9 fr. — 16.50 — 32fr.
Union Postale • — 10 fr. — 18 fr. — 35 ft,
POUR LA PUBLICITÉ, s'adresser Société « Echo de Paris-Publicité ». 20, rue Le Psletùr
LES PROBLÈMES DE LA VICTOIRE
Les salaires devant l’impôt
Ainsi que nous l’avons vu, tous les re
tenus peuvent être frappés par l’impôt,
sans qu’il y ait contact entre le fisc et les
(citoyens. Tous les produits du capital
peuvent être amputés du prélèvement
'nécessité par les charges budgétaires,
sans que fonctionne une inquisition ta
tillonne et déplaisante, sans qu’une ar
mée de comptables spécialisés ait à pré
parer les bilans que vérifiera une ar
mée de contrôleurs.
Le Parlement et la Nation, les élec
teurs et les élus, peuvent être mis en
présence d’un devoir simple, clair et net.
Tant pour cent do prélèvement sur le re
venu des capitaux invertis en terres,
tant sur les revenus des propriétés bâ
ties, tant sur les coupons de valeurs mo
bilières françaises, tant sur les intérêts
des titres étrangers..
Au total les revenus réels s’élèvent à
tant, ils payent tant, directement. A
chacun sa responsabilité; à tous la pos
sibilité de voir clair dans le système
fiscal et de payer en conséquence.
Un système démocratique 11e fonc
tionne que s’il y a l’intelligence, c’est-
à-dire la possibilité de comprendre et
d’apprécier. Un pays n’est pas en dé
mocratie quand 011 y trompe le peuple.
La vérité dissimulée apparaît certes un
jour ou l’autre, mais quand elle appa
raît trop tard, les conséquences des
fautes commises sont devenues inéluc
tables et c’est la masse qui paye les er
reurs de ses dirigeants ; c’est le peuple
qui, toujours, fait vivre à ses dépens les
flatteurs qui l’ont berné.
Les revenus que nous avons frappés
directement en tant que reyenus et sans
qu’ils puissent se soustraire aux prélève
ments imposés seront de nouveau frap
pés en môme temps que les salaires,
icette fois, lorsqu’ils vont s’employer en
acquisitions, en consommation, en jouis
sances. Mais ici les revenus, comme les
salaires, pourront, dans une très large
mesure, doser leur coopération contri
butive ; celle-ci dépendra du volume
des acquisitions, de leur valeur, du raf
finement des jouissances. Elle dépen
dra du luxe, des dépenses somptuaires
que consentira de sa propre volonté le
détenteur des revenus, le bénéficiaire de
gains ou de salaires.
Nous sommes donc en présence de la
différence fiscale essentielle, que nous
établissons entre les produits du capital
et les produits du travail. Les premiers
paieront une première fois intrinsèque
ment en eux-mêmes, parce que « reve
nus », puis ils paieront une . deuxième
fois avec les salaires, qui s’adjoindront
alors à eux au moment où chaque ci
toyens voudra prélever sur le travail
d’autrui ce qu’il ne produit pas lui-
même par son propre travail, ce qu’il
juge néanmoins nécessaire à l’entretien
ou l’agrément de sa vie.
L’impôt sur les acquisitions, sur les
jouissances est ainsi une indemnité que
chacun doit payer au profit de la col
lectivité, dans la mesure où il emploie à
son profit le travail d’autrui.
Les salaires ne doivent pas payer
d’impôt direct et obligatoire. L’Etat a
tout à perdre et rien à gagner à vouloir
tenter de semblables expériences. 11 per
cevra plus et favorisera l’accroissement
de la matière imposable en respectant,
sur ce point, la liberté, nous dirons les
caprices même, ou les préjugés des ci
toyens.
Le salaire en effet n’échappe pas en
fin de compte à l’impôt, mais dans notre
nouveau « code fiscal » il choisira sa
voie, la forme et la manière de sa coopé
ration.
Tout gain réalisé se transforme obli
gatoirement. Le bénéficiaire en emploie,
s’il peut, et s’il est sage, une partie eh
capital immobilisé ; il fait des écono
mies, il place son argent, il àchète une
maison, une terre, un titre mobilier, il
se crée un revenu. Le revenu va de suite
être taxé et au moment où le travail
leur transforme son gain en telle ou
telle catégorie de revenus, il saura exac
tement de quel pourcentage ce revenu
sera, par la suite, amputé.
Si le détenteur d’un salaire né réalise
pas d’économies, c’est qu’il aura em
ployé son gain à acquérir le produit du
travail des autres, il paiera, dès lors,
selon une gamme nuancée, que nous
exposerons, l’indemnité dont nous avons
reconnu le juste principe.
Frapper directement le salaire comme
011 le veut faire aujourd’hui, c’est frap
per l’initiative, diminuer l’esprit de pré
voyance, restreindre la capacité de pro
duction. C’est, enfin, provoquer des com
paraisons qui, tôt ou tard, emporteront
le v système entier, comme ces vieilles
maisons qui s’écroulent, malgré les badi
geonnages de façade et qui entraînent
dans leurs ruines les imprudents qui
persistent à s’y complaire.
Aujourd’hui, l’heureux héritier de
80,000 francs de rente en vieux 3 0/0 ou
en emprunts de guerre, 11e va rien payer
comme impôt cédulaire, ou comme im
pôt sur le coupon.
Tout au plus sera-t-il astreint à quel
que bribe de l’impôt général sur le re
venu, si tant est qu’il fasse déclaration
exacte et sincère.
Mais prenons un travailleur, ingé
nieur, médecin, commerçant, peu impor
te, un salarié enfin, qui ail bout d’une an
née de labeur aura réussi à apporter au
logis la même somme que notre rentier
a perçue en détachant ses coupons: l’im
pôt cédulaire le guette et lui ravit aussi
tôt une parti# non négligeable du pro
duit de son travail. Fait-il néanmoins
quelques économies pour sa vieillesse,
pour ses enfants, on va dire qu’il s’est
enrichi et on vous propose actuellement
de reviser tous les cinq ans les comptes
de cet insensé, qui ose travailler et éco
nomiser.
Voudra-t-il contracter une assurance
sur la vie, pour sa femme, pour sa fille,
pour constituer une garantie à un ban
quier, à un commanditaire, se faire du
crédit : l’impôt sur le salaire va le dé
pouiller d’une partie de son gain ; l’im
pôt général sur les revenus va jouer sur
les primes mêmes qu’il aura versées, en
fin l’impôt sur les contrats d’assurances,
sur les polices, sur le remboursement-
des .capitaux va encore rogner par tous
les bouts les fruits du travail et de la
prévoyance.
L’impôt direct sur le salaire prend ain
si par comparaison un caractère spécial
d’iniquité et il est aussi un impôt de dé
population, puisqu’il s’oppose directe
ment et visiblement à la constitution
d’un patrimoine familial.
D’ailleurs, est-il bien nécessaire d’in
sister davantage? La question est déjà ré
solue dans la pratique ; l’immense ma
jorité des salariés refuse de payer l’im
pôt sur le travail et, d’ores et déjà, le fisc
ne peut plus assurer ses perceptions. ■—
Pratiquement, l’administration des fi
nances ne touche rien sur l’agriculteur,
rien sur l’ouvrier, peu de chose sur ces
multiples professions où l’activité, l’in
telligence trouvent à chaque instant leur
récompense dans des rémunérations de
commissions, parts syndicales, différen
ce de cours, tous gains qui échappent à
toute investigation, à tout contrôle.
Que reste-t-il dans le troupeau où l’E
tat prétend tondre ses brebis ? Les fonc
tionnaires, soit ceux des services pu
blics, alors l’impôt se traduit par une re
prise sur les traitements, qui provoque
par contre-coup légitime une augmenta
tion des dits traitements ; soit les em
ployés des grandes usines, des adminis
trations privées, qui, eux aussi, sont ten
tés de récupérer ce qui leur est enlevé,
par une répercussion plus ou moins ra
pide sur les prix de toutes choses.
Devons-nous donc continuer à donner
l’exemple démoralisateur d’une loi non
appliquée et méprisée par des millions
de citoyens ? Devons-nous continuer
d’entretenir un nombre toujours crois
sant de commis lancés à la poursuite de
l’insaississable, et le tout pour irriter le
pays, semer la discorde, restreindre la
capacité générale de production et d’aô-
croissement de la richesse ?
Nous allons donc renoncer aux vai
nes investigations dans les affaires de
chacun. Dans ce pays où les enfants ne
connaissent jamais au juste la fortune et
les gains de leurs parents, nous ne pou
vons pas avoir la prétention de contrain
dre ces parents à déclarer à des agents
du fisc ce que leur testament seul‘révé
lera à leurs proches.
Les charges inéluctables que la défen
se victorieuse du pays nous aura impo
sées vont être réparties pour une frac
tion, que le Parlement fixera, entre tous
les produits du travail, dans la propor
tion et dans la mesure que les représen
tants du pays jugeront utile. Dans notre
esprit, les bases de eettè répartition se
ront, d’une part, le caractère de plus ou
moins grande nécessité des produits en
visagés ; d’autre part, la volonté de s’a
dapter au programme économique, dé
fini au préalable, de favoriser le déve
loppement des industries essentielles, de
permettre aux initiatives les plus fécon
des de se faire jour, d’inciter à la mise
en valeur des richesses du sol et du sous-
sol de la métropole et de ses colonies.
Là encore, comme dans le mécanisme
des impôts sur les revenus, nous essaie
rons d’établir un système clair avec un
minimum d’agents d’Etat immobilisés
dans la perception.
CUSTOS-.
DEMAIN
l'Echo de Paris publiera son Conte du
Dimanche :
« ©1? î i?e Cfyarçte pa^î... »
Par M. René Boylesve
UN RECORD POSTAL
110 kilomètres en 62 ans!
Une lettre partie de Beyssac (Corrèze)
le 15 juin 1857
pour Clermont-Ferrand arrive en 1919 !
Le record de la lenteur postale vient,
croyons-nous, d’être battu. 11 ne se passe
pas de mois, en effet, sans que la presse ci
te le cas d’une correspondance parvenue à
son destinataire cinq ou six ans, dix, quin
ze, vingt ans même après le jour où elle fut
mise à la poste. Mais ce sont bagatelles.
Cette fois, il s’agit d’un délai beaucoup
plus important: soixante-deux ans ! Soixan
te-deux ans pour accomplir cent dix kilo
mètres !
Le 15 juin 1857 M. de Saint-M... expé
diait de Beyssac, commune de Saint-Au
gustin (Corrôge) à sa femme, 7, place Mi-
ohel-de-l'Hospital; à Clermont-Ferrand,
une lettre.
Mme. de Saint-M... vécut jusqu’à un âge
avancé sans jamais avoir le plaisir de la
recevoir.
Le 10 juin dernier cependant un facteur
se présentait 7, place Michel-de-l’Hospital
et apportait la missive. Mme de Saint-M...
étant décédée depuis dix-huit ans, ce fut
sa 1111e, Mme de L... qui reçut la lettre, avec
LA DÉMOBILISATION
« Après avoir communié dans la douleur,
les deux peuples viennent de communier dans la Victoire »
A LIEGE (Phot. « Echo de Paris »)
Le bourgmestre souhaite la bienvenue au président de la République, qui, peu après, remit la croix ,de la Légion d'honneur aux armes de la Ville
(Sur l’estrade, de gauche à droite :
le maréchal Foch, la reine, M. Poincaré, le roi, Mme Poincaré, le prince Léopold et la jeune princesse)
M. Poincaré est rentré de Belgique hier
matin, à 8 h. 35. Il a été salué à la gare
du Nord par MM. Clemenceau, Leygues,
ministre de la marine ; l’amiral Lac'aze et
l’amiral Granclément, le général Berdoulat
Le président de la République descend
le premier du train. Il serre avec effusion
les mains que lui tend M. Clemenceau,
puis les deux présidents se dirigent vers
la sortie, suivis du maréchal Foch et du
général Weygand. Quand Mme Poincaré est
descendue de son wagon, une superbe gerbe
d’hortensias et de roses lui a été offerte-
Les nombreuses personnes présentes ont
fait une ovation à MM. Poincaré et Cle
menceau.
Télégramme de M. Poincaré
au roi des Belges
Avant de quitter le territoire belge,
le président de la République a fait parve
nir le télégramme suivant à S. M- le roi
des Belges à Bruxelles :
Je ne veux par quitter le sol de la Belgique
sans remercier, de toute mon âme, Votre Ma
jesté d’âvolr si étroitement associé la France
à la célébration de votre Fête nationale. Après
avoir si longtemps communié dans la douleur,
nos deux peuples viennent de communier, non
seulement dans la fierté de la victoire, mais
dans la joie de la paix retrouvée et du monde
libéré.
J’emporte un souvenir profondément ému c(e
l’incomparable accueil que m’ont fait à l’envi
la Flandre et la Wallonie.
L’ardente amitié que les représentants de la
Belgique ont témoignée à la France, les, mer
veilleuses réceptions que m’ont successivement
réservées les villes de Mons, de Bruxelles, de
Gand, de Malines, d’Anvers, de Liège, de Namur
et de Charleroi, les manifestations spontanées
des villages que nous avons traversés à l’im-
provistc, tout ce que j’ai vu, tout ce que j’ai
entendu m’a montré l’unanimité et la profon
deur des sentiments auxquels Votre Majesté a
donné, une fois de plus, une expression si tou
chante.
L’écho de ces acclamations enthousiastes
adressées à la France retentira dans le cœur de
tous mes concitoyens. Ils ne peuvent aimer ta
Belgique plus qu’ils ne l’aiment, mais ils seront
heureux de se sentir aussi complètement à
l’unisson avec elle.
En exprimant toute leur gratitude à votre
noble nation, je prie Votre Majesté et Sa Ma
jesté la reine de recevoir mes remerciements
et ceux de Mme Poincaré pour les trois jour
nées grandioses que nous venons de vivre au
près de vous.
Raymond Poincaré.
La réponse du roi des Belges
Bruxelles, 25 juillet- — Voici la réponse
du roi au télégramme du président de la
République :
Pai reçu le télégramme que Votre Excel
lence a eu la gracieuse pensée de m'adres
ser au moment où elle a quitté notre sol. Je
suis profondément heureux de l'impression
qu'elle emporte de la Belgique. A travers
l'hommage d’enthousiasme rendu à Votre Ex
cellence par. nos villes et nos campagnes de
Flandre et de Wallonie, la France héroïque
aura senti toute l'amitié de la nation belge.
Après avoir, vonnne le dit Votre Excellence,
communié dans la douleur et la victoire, le
peuple français et le peuple belge, unis par
un attachement profond et réciproque, com
munieront désormais dans l'œuvre ardente
de la paix cl dans les efforts communs qui
effaceront les désastres.
La reine et, moi tenons à redire encore à
Mme Poincaré le très grand plaisir qu’elle
nous a fait en voulant bien accompagner
Votre Excellence en Belgique. Albert.
Les édiles parisiens à Liège
(De notre envoyé spécial)
Liège, 25 juillet. — Le Conseil municipal
de Paris, en corps, conduit par son prési
dent,' M. Evain et par les échevins et
conseillers communaux de Lfége, s’est ren
du hier, en un pieux pèlerinage, aux rui
nes du fort de Lpncin. C’est le major Naes-
(Phot. « Echo de Paris »)
AU THEATRE DE VERDURE A LIEGE
Le maréchal Foch s'entretenant
avec le prince Charles.
sens lui-même qui a guidé à travers les
superstructures bouleversées de la forte
resse les visiteurs émus, empoignés par le
spectacle du cataclysme déchaîné par
l’éclatement des obus dams le magasin à
poudres.
Le fort est fendtu en deux*comme par
un coup de hache gigantesque. Les cou- !
pôles de la grosse et moyenne artillerie j
gisent, éventrees, retournées, et tandis que j
l'héroïque commandant, les larmes aux !
yeux et la voix tremblante, évoque les j
phases angoissantes de la résistance, l’as-;
sistance contemple, frappée de stupeur.
1 entassement des matériaux sous lesquels.
dorment encore plus de 400 des défenseurs |
du fort.
Près de l’entré?., un simple tertre fleuri
surmonté d’une croix est édifié à leur mé- i
moire. C’est là, sur ce monument dont la
simplicité doit plaire à l’âme des rudes
soldats morts pour la défense de la pa- j
trie, q.ue M. Evain, étreint lui-même pam
une émotion puissante qu’il a traduite en
phrases émouvantes, fit déposer la palmel
de bronz? offerte par la Ville de Paris aux j
morts héroïques de Liège. Et il sut trou
ver, en soldat qu’il fut, les mots qu’il fal- ;
lait pour glorifier les camarades qui, re
tardant. la ruée allemande, ont sauvé la
France et la civilisation.
Puis, après cette vision de guerre et
pour faire ressortir avec quoi acharne
ment scientifique, avec quelle rage froide
et réfléchie lis Allemands ont entendu
frapper à mort l’industrie de nos alliés, i
notre délégation du conseil municipal a
été conduite aux établissements Cockerill,
qui s’intitulent fièrement « le Creusot
belge ».
C’est à M. Greiner, président de cet éta
blissement, qu’incombait la douloureuse
mission de montrer avec quel raffinement
dans le mal, avec quel sadisme dans la des
truction, le Teuton s’est acharné à attein
dre dans ses œuvres vives une industrie
prospère. Non content de réquisitionner les
machines qui lui paraissaient utiles à son
industrie, l’ennemi brise, déchiquette sys
tématiquement les organes les plus délicats
d’une usine métallurgique moderne. Mo
teurs, hauts fourneaux, transformateurs
pour acier, presses hydrauj’ques et mar
teaux pilons, privés de Uutrs organes es
sentiels ou fendus par les explosions, jon
chent le sol ; les halls sont démolis ; les
fondations et massifs de maçonnerie qui
supportent les machines sont détruits. Le
Boche a frappé aux sources mêmes de la
production, immobilisant pour de longs
mois le plus puissant élément de renais
sance industrielle.
Voilà ce que M. Evain, au nom de Paris
et de la France entière, a su exprimer en
termes élevés à l’issue de sa visite. Mais
cette impression de tristesse s’atténue,
s’estompe au vent de l’enthousiasme dé
chaîné au passage de la délégation fran
çaise, enthousiasme que les mots sont im
puissants à traduire et qui dénote la vo
lonté du peuple belge de poursuivre, dans
une collaboration étroite avec son grand
voisin, l'œuvre de relèvement économique,
en lutte contre l’envahissement de l’indus
trie allemande.
G. ELIE-BERTHET.
Les classes 10 à 12:
du 8 au 29 août
Les classes 13 à17 inclus:
du 31 août au 4 octobre
M. Louis Deschamps, sous-secrétaire
d’Etat à la démobilisation, viènt d'arrêter
de la façon suivante la démobilisation du
huitième échelon :
Les militaires des classes 1910, 1911, 1912,
ainsi que. ceux rattachés à ces classes en
vertu des majorations, constitueront le
huitième échelon de démobilisation.
Ils seront renvoyés dans leurs foyers aux
dates ci-après .
Militaires de la classe 1910 et assimilés,
du S au 15 août.
Militaires de la classe 1911, du 16 au 22
août.
Militaires de la classe 1912, du 23 au 23
août.
Les dispositions générales du paragra
phe 2 de l'ordre particulier n° 4 du 2 juil
let continueront à s'appliquer au S 6 éche
lon.
Les militaires à diriger sur les centres
de placements prévus par la circulaire du
14 juin 1919 Seront mis en route le pre
mier jour de la période impartie pour la
démobilisation de la classe.
,La démobilisation des militaires des
classes 1913 à 1917 inclus se poursuivra
sans interruption du 31 août au 4 octobre.
Les dates de renvoi pour chaque classa
seront en temps utile fixées par des or*
dres ultérieurs.
La grève des mineurs anglais
est terminée
Londres, 25 juillet. — Le gouvernement
et le comité exécutif des mineurs sont d’ac
cord pour que, malgré la réduction de
10 % xîe rendement, le tarif du travail aux
pièces soit augmenté de 10 %, de manière
que les ouvriers ne subissent aucune ré
duction de salaire.
En conséquence, la Fédération invite
toutes les sections à reprendre loyalement
le travail (Havas.)
CE QUE VEUT LE PAYS
la stupéfaction que l’on peut concevoir.
Elle la lut avec intérêt mais malheureu
sement ce ne put être «avec profit. M. de
Saint- M... recommandait, en effet, entre
autres choses, à son épouse d’encourager
au travail un collégien de leur famille, le
jeune Roger.
Or, le jeune Roger n’a plus besoin d’être
stimulé dans ses études. Il est à la veille
d’avoir soixante-seize ans !
Gomment la lettre de M. de Saint-M... a-
t-elle pu demeurer autant d’années en rou
te ? c’est un mystère qui ne sera sans dou
te jamais élucidé !
Mais ce qui est vraiment admirable et
mérite que l’on s’incline bien bas devant là
perfection de notre administration des pos
tes c’est que cette lettre, malgré tout, est
arrivée, sinon à sa destinataire, du moins
à destination.
110 kilomètres en 62 ans ! somme toute
cela représente une vitesse moyenne encore
appréciable : 148 mètres par mois, 5 mè
tres par jour, 20 centimètres à l’heure !
Le record de la lenteur postale est, pour
l'instant, de 20 centimètres à l’heure. Et le
record de fond de 62 ans. Sportsmen, en
registrez ! P. G.
flboiîiî2Mei)ts de Villégiature
L’Echo de Paris met, pendant la pé
riode de villégiature, à la disposition de
ses lecteurs des abonnements parlant de
n’importe quelle date et finissant au gré
de l’abonné.
Le prix de ces abonnements est calculé
à raison de quatre-vingts centimes par
semaine.
Ces abonnements peuvent être pris à
nos guichets, 6, Place de l'Opéra, ou être
demandés par lettre accompagnée d’un
mandat postal
Les Bolcheviks répriment
les grèves en Russie
(De notre correspondant particulier)
Stockholm, 24 juillet.
Suivant des nouvelles de bonne source,
les Bolcheviks ont décidé d’envoyer plu
sieurs délégués secrets à la conférence so
cialiste internationale projetée en Suisse,
Sous prétexte d'exposer la situation de la
Russie soviétiste, ces délégués auront sur
tout pour mission de tenter d’organiser
des grèves dans toute l'Europe, en faveur
de la Russie bolchevique.
Les grandes masses du prolétariat russe
ont fini par perdre toute confiance dans
les assurances des chefs bolcheviks, concer
nant l'imminence de la révolution mon
diale. Lenine escomptait surtout les grèves
du 21 juillet ftoitr les présenter comme le
commencement de la révolution internatio
nale et bolchevique. Si ces grèves avaient
eu lieu, on en aurait, dans tous les cas, tiré
argument pour infuser un peu d'espérance
au prolétariat russe démoralisé.
Déjà, depuis deux mois, paraît-il, des en
voyés bolcheviks — Gïiilbettux eu tète —
étaient venus secrètement en Suisse pour
mendier aux extrémistes des partis socia
listes occidentaux, une manifestation quel
conque. Ces exhortations bolcheviques ne
manquent jamais, d’ailleurs çl’étre soute
nues par de solides subventions.
Tout en fomentant Vagitation ouvrière
dans le reste de l'Europe, les Bolcheviks
répriment impitoyablement les grèves en
Russie. Ainsi, le commissaire Ijevsk y est
allé avec une divis on de. tirailleurs, ré
primer la grève dans une trentaine d'cu
ti éprises de .la ville de Tver, qui était sans
eau, sans lumière, sans tramways, sans
journaux.Nevsky interdit tous les meetings,
arrêta les imprimeurs, et sous la menace
des canons et des mitrailleuses, il obligea
les grévistes à reprendre le- travail. En
'même temps, il réquisitionna le dixième des
ouvriers pour les . enrôler dans l'année
rouge.
Partout, d'ailleurs, la mobilisation géné
rale se poursuit, les usines de production
pour la défense nationale sont militarisées ;
ainsi que les ouvriers, les employés des ad
ministrations et toutes les personnes néces
saires à Vexploitation des mines de charbon
ou de naphte.
Le général Mannerheim combattu
par les agrariens finlandais
(De notre correspondant particulier'
Stockholm, 24 juillet. — Les socialistes
agrariens de Finlande estimant que le
chef de l'Etat doit appartenir à la race
finnoise et ne pas être un militaire, ont
formé un bloc pour lutter contre l'élection
du général Mannerheim à la présidence.
Parmi les autres membres de l'opposition,
beaucoup auraient voté pour Mannerheim
si la durée des fonctions présidentielles
n'était que de deux ans, mais ils n'osent
pas engager leurs votes pour une période
de sept années. Tout dépendra. au der
nier moment, de l'altitude des agrariens.
Celte opposition contre Mannerheim
provoque une violente agitation parmi, les
gardes blancs et ou parle tout bas à Ilel-
singfors de la possibilité d'une tentative
(f’e coup d'Etat, et de la proclamation
d'une dictature militaire dans le cas où
le général n’aurait pas la majorité. C'est
sans doute pour ne pas donner de consis
tance à ce bruit que Mannerheim a quitté
Ilelsingfors vendant la période qui pré
cède les élections.
Dans la longue plainte qui monte des
villes et des villages détruits, de la terre
menacée d’une longue stérilité, on discerne
certains accents pathétiques, capable® de
toucher les plus indifférents.
« Dans nos régions libérées, nous écrit
M. Georges Rousseau, c’est la misère com
me aù temps de l’occupation par l'ennemi.
Il y a cette seule différence que les habi
tants ne sont plus sous le joug allemand.
C’est toujours le même mode de ravitaille
ment qui n’a pas varié de beaucoup ses
produits, qualités et quantités. On dépen
se toujours, et on ne peut gagner un sou.
Habitant Sedan, je ne parlerai que de cette
région, quoique je sais que d’autres plus
dévastées sont plus malheureuses encore.
L’antique cité drapière qu’est Sedan a con
servé presque toutes ses usines, mais to
talement ou presque, vides de leur maté
riel. Les fabricants de Sedan, soucieux d(
faire revivre leur industrie, s’emploient e'.
cherchent tous les moyens possibles poui
trouver du matériel et remonter leurs usi
nes. Mais rien n’avance, et ils ne sont pai
beaucoup plus avancés qu’au lendemain ck
la signature de l'armistice. Deux sous-of
ficiers allemands, prisonniers à Sedan, di
saient il y a quelque temps : « Vous êtes
victorieux et vous ne savez pas profiter d(
votre situation. Si nous étions à votre pla
ce, il y a longtemps que Sedan remarche
rait. »
M. Stéphane Le Gentil : « Fils de culti
vateur, aîné de huit enfants, marié, et un
enfant, j'ai été mobilisé, comme tant d’au
tres, avec trois de mes frères tombes au
champ d'honneur. Nous voici rendus à la
vie civile. Mais notre chez nous n’existe
plus. L'angle Arras-Aihert-Pérorine n'est
plus qu’un chaos, dans nos campagnes, plus
d’habitations, on.n’y voit que monticules
de craie et de cailloux, la terre semble mor
te, car l’herbe n’y pousse même plus : At
tila a passé. Impossible de recultiver et les
quelques rares cultivateurs de contrées
moins dévastées rentrés entre Péronne et
Cambrai, dans des abris provisoires, se
verront presque certainement obligés de
quitter pour l’hiver. Et maintenant que la
paix est signée, l’Allemand rentre chez lui
et se remet au travail, et nous, est-ce avec
des mots magiques et de belles promesses
que nous allons vivre ?»
Ceux qui ont tant souffert dans leurs
affections les plus chères et dans leurs
biens, errant encore sur les chemins de
l'exil, ou revenus au pays, parmi les rui
nes de ce qui fut leur toyer, demandent,
— et qui ne les comprend ? — que la soi!
effrénée de plaisirs de quelques-uns n’in
sulte pas à leur détresse :
« La France est en fête, nous écrivait
l’un d’eux, il y a quelques jours. On vote
des millions pour les réjouissances. Les
courses ont repris toute leur splendeur !...
on semble ignorer qu’il existe, disséminés
dans toute la France, des malheureux qui,
depuis bientôt cinq années, ont quitté leur
chez eux, tous les objets familiers qui leur
étaient chers, leurs .souvenirs de famille,
leurs biens, pour ne jamais plus les re
trouver !... Que depuis cinq années ils
sont logés dans quelque chambre garnie,
sous la tutelle de propriétaires mercenai
res pour lesquels ils ne sont qu'un sujet
de spéculation
» Le réfugié, dans la partie de la
France qui a eu le bonheur de ne pas être
foulée par les vandales, est un être mé
connu, mal considéré, et surtout oublié...
On vote des indemnités de cherté de vie,
on augmente tous les traitements, -le bien-
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