Titre : L'Echo de France
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-09-19
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759978g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 septembre 1903 19 septembre 1903
Description : 1903/09/19. 1903/09/19.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1034019b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-15395
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/09/2015
SAMEDI 19 SEPTEMBRE 1903.
Le général André chez les Trappistes.
Rassurez-vous, le général André n’a pas
pris le froc... Pendant les manœuvres du
Sud-Est, le général Metzinger offrit, dans une
hôtellerie adjacente au couvent, un lunch aux
généraux, aux officiers étrangers, au général
Pendezec, chef d’état-major général de l’ar
mée, arrivé de la veille avec son sous-chef,
le général Brun, enfin au général André. > Et
ce fut le clou !
Le général André fumait sa cigarette de
hors, après le déjeuner, au milieu des bons
Pères Trappistes allant, venant, frôlant le
malin à tout instant dans la personne du
ministre de la guerre impénitent. Pensaient-
ils seulement, ces moines bienfaisants et sim
ples dans leur robe de bure, à discrètement
exorciser leur gouvernemental visiteur? En
tous cas, les instantanés pris.du général An
dré, dans cette rencontre fatidique, sont ap
pelés à quelque succès.
WM
Les souverains italiens en France.
Le roi d’Italie sera accompagné par :
Le vice-amiral Morin, ministre des affaires
étrangères ;
Le lieutenant de vaisseau Heuken^feld-
Kaghek, aide de camp du vice-amiral Morin;
Le lieutenant général Ponzio-Vaglia, minis
tre de la maison royale;
Le comte Gianotti, préfet du palais, qui
occupe à la cour italienne la place qu’occupe
à la cour républicaine l'excellent M. Mollard;
Le lieutenant général Brusati, aide de camp
général du roi;
Le contre-amiral de Libero, aide de camp
général;
Le capitaine de corvette Leonardi y Casa-
lino e Pisnengo, aide de camp;
Le major Uboldi de Capei, aide de camp;
Le comte Bruschi-Falgari, maître des céré
monies;
Le docteur Quirico, médecin du roi.
La reine sera accompagnée par :
La duchesse Ascoli, dame de la cour;
La comtesse Guicciardini, dame de la
cour;
Le duc Ascoli, gentilhomme de la cour;
Le comte Guicciardini, gentilhomme de la
cour-
Nous tenons à faire remarquer que la
Liberté a été la première à annoncer, il y a
plusieurs mois, que la reine d’Italie viendrait
à Paris. Nous avons maintenu cette informa
tion, en dépit de tous les démentis. Les évé
nements nous ont donné raison.
Nous savions d’ailleurs que, à l’encontre
de ce qui avait été annoncé, la reine n’est pas
dans une situation qu’il est convenu d’appe
ler intéressante. Son état de santé étant ex
cellent, rien ne l’empêchait donc de venir vi
siter Paris, qu’elle admire et qu’elle aime et
où elle sera accueillie avec enthousiasme.
Suivant le Mattino, de Naples, le général
Dalstein, l’amiral Mallarmé, le chef de ba
taillon Fraisse, le capitaine Davin, le chef
de bataillon de Saint-James seront attachés
aux personnes des souverains italiens pen
dant leur séjour en France.
M. Piccioni, secrétaire d’ambassade, sera
attaché à la personne de l’amiral Morin, mi
nistre des affaires étrangères.
'WW
M. Loubet est terriblement imprudent.
C’est ainsi que, pour voir ses amis, il s’est
rendu, hier, à Dieulefit.
Que va dire VAction?
WW
Les fonctions du lord-maire actuel de Lon
dres expireront, selon la tradition, le mois
prochain.
On désigne déjà comme son succesur l’al-
u derman sir J.-Z. Ritchie, frère du chancelier
de l’Echiquier, qui vient — coïncidence cu
rieuse — de démissionner.
On lui sait gré de n’avoir jamais brigué *
un mandat législatif pour se _ consacrer exclu
sivement aux affaires municipales de la Cité,
auxquelles il participe très activement en sa
( qualité de président de la commission des
eaux.
WW
Après la fermeture...
On vient d’arrêter, à Dreux, une religieuse
qui demandait quelques secours dans certai
nes maisons charitables.
Interrogée par le procureur de la Républi
que, elle déclara se nommer Ablin Marie,
âgée de 41 ans* et appartenir à la Congréga
tion des sœurs de la Providence de Ruillé-sur-
Loir (Sarthe).
Puis, pressée de questions, elle fit au ma
gistrat le récit suivant :
« J’étais cuisinière à l’école de Bourbriac,
dans les Côtes-du-Nord. Mais, le I er septem
bre, l’école fut fermée et je me trouvai sans
asile, sans situation. Je pensais me rendre
à la maison-mère de Ruillé, mais la mère su
périeure me fit savoir que, faute de place, je
ne pourrais être reçue.
» Depuis, je vais à l’aventure, forcée de
demander l’aumône pour vivre...
» Je suis arrivée à Dreux hier soir à 3 h. 50;
j’ai demandé et obtenu l’hospitalité à l’hôtel
de Paris... »
Le parquet a fait jeter la religieuse en
prison.
Mais le jour où toutes les irisons regorge
ront de congréganistes, les prisons — deve
nues établissements religieux — ne devront-
elles pas être supprimées?
WW
Nous avons annoncé que le général André
allait se rendre à Saint-Emilion. Les électeurs
de Chambertin — dont M. André est le con
seiller général de division — ne voient nas
sans mauvaise humeur cette concession faite
à un cru rival...
Mais le général André est très éclectique :
le bordeaux, le champagne, le bourgogne lui
paraissent également délicieux. Seuls, les vins
d’Algérie lui déplaisent; aussi est-il certain
que le général André n’ira pas à Aïn-Sefra...
La place d’un ministre de la guerre y serait
cependant plus indiquée qu’à Saint-Emilion.
WW
Lors du procès intenté par Mme Humbert
à M. Cattauï, pour usure, l’avocat de ce der
nier parla avec émotion du « Français d’a
doption », du « Français de cœur » qu’il
défendait... Et avec quel lyrisme il rappela
que M. Cattauï avait été décoré pour services
rendus à l’influence française en Egypte!
Quoi qu’il en soit, le chef de la maison,
M. Maurice Cattauï, se soucie fort peu de la
F rance.
M. Cattauï, qui jouissait, depuis de nom
breuses années, de la « protection » de l’Au-
triche-Hongrie, vient d’adopter définitivement
la nationalité hongroise; if a prêté serment,
le 11 septembre, par-devant le second bourg
mestre de Budapest.
M. Cattauï, dont la fortune est évaluée à
cent millions de francs (les Humbert n’ont
donc pas tout pris), a remis à la municipalité
de sa nouvelle ville d’adoption une somme im
portante pour les pauvres- On lui prête aussi
l’intention de consacrer une grosse partie de
sa fortune à des œuvres de bienfaisance hon
groises.
WW
M. Sigismond Lacroix est un terrible hom
me... Il écrit, ce matin, dans le Radical:
Ah ! on parle des jacobins et de leurs pro
cédés ! Mais du temps des jacobins, c’est de
vant le tribunal révolutionnaire que la cam
pagne entreprise contre les fonds de l’Etat
français eût conduit leurs auteurs, et ils ne
l’auraient pas volé !
Et. ils ne Vauraient pas volé! Cette phrase
révèle un état d’esprit effrayant à une époque
de libre discussion. M. Sigismond Lacroix ad
mettrait donc l’introduction de la guillotine
dans les querelles politiques? C’est à croire
qu’il a l’âme du père IJbu...
M. Antide Boyer nous envoie cette lettre :
« Divers journaux m’attribuaient, l’année
dernière, un château à la Napoule, et, cette
année, un autre à la Bocca.
» La vérité est que je suis venu passer les
vacances avec mes enfants, près de Théoules,
dans une petite propriété de M. Auzet, qu’on
dénomme fort justement La Maisonnette. En
effet, celle-ci est si modeste qu’il a fallu y
faire ajouter une chambre pour pouvoir y lo
ger mes fils.
» Je proteste donc contre les commentai
res d’adversaires que je n’ai jamais combat
tus par le mensonge. »
C’est fort bien. Mais les châteaux de M.
Boyer, qui sont donc espagnols, tout comme
celui de Marcotte, sont dus à l’imagination
d’un journal aussi radical que méridional...
Est-ce notre faute si les amis de M. Antide
Boyer le transforment en châtelain ?
*w/v
En raison de la mise à la retraite du gé
néral Faure-Biguet, le poste de gouverneur
militaire de Paris devient vacant.
La Lanterne dit, à ce pronos, que deux
noms sont mis en avant : celui du général
Voyron et celui du général Peigné. Et elle
ajoute :
Il appartient aux compétences spéciales d’é
tablir leurs mérites militaires, mais il est eu
moins permis de remarquer, avant le choix du
gouvernement, que le général Peigné, qui est
un officier de haute valeur, a donné à la Répu
blique des gages non équivoques de son loya
lisme.
Le général Voyron a l’avantage d’être le can
didat de M. Loubet. C’est quelque chose. Mau
il ne faudrait pourtant pas que le président
de la République eût la prérogative reconnue
de placer ses amis et compatriotes dans les
postes les plus élevés de l’armée.
Le choix du général Peigné serait accueilli
avec satisfaction par les républicains.
La Lanterne a tort de ne pas préconiser
pour le poste de gouverneur de Paris le lé
gendaire caporal-bottier de Clermont-Ferrand,
le premier personnage de l’armée française
après le général André.
iteeoftte dans “Rosine”
Mlle Leconte, dont la nomination de so
ciétaire de la Comédie-Française fut ac
cueillie, il y a quelques mois, avec tant de
plaisir par ses amis, par ses collègues et
par le public, joue, ce soir, pour la, pre
mière fois, le rôle de Rosine du Barbier de
Séville, de Beaumarchais.
Rosine fut interprétée pendant plusieurs
années par Mme Baretta dont c’était un
des meilleurs rôles.
Je n’avais pas vu Mlle Leconte depuis le
jour de son avènement au sociétariat ; je
l’ai trouvée', ce matin, dans le même ravis
sement, dans le même enthousiasme.
— (( Il y a des choses qui sont écrites et
j’étais destinée à interpréter le rôle de Ro
sine. Songez que je n’avais pas seize ans,
quand je vins trouver Segond-Weber. et,
dans une audition, lui jouai le rôle. C’est
sur sa recommandation et à la suite de
cette interprétation que je fus engagée au
Château-d’Eau, où, au lieu de faire rire,
ce qui est le propre de mon caractère, je
passai mon temps dans les soupirs et dans
les larmes. Je vous ai déjà dit quelle peine
j’ai eue à interpréter un rôle* gai, les di
recteurs prétendant que je les jouerais en
dépit du bon sens. Ce fut dans les Demoi
selles de Saiiit-Cyr qu’on reconnut que je
pouvais faire autre chose que de pleurer.
Je ne songeais plus à la possibilité de re
prendre Rosine, lorsque, à la suite' de
mon interprétation d’Agathe, dans les Fo
lies amoureuses, M. Claretie pensa à moi
pour la reprise du Barbier de Séville.
— ,Et votre enthousiasme pour le rôle
n’a pas diminué ?
— Mon enthousiasme est plus grand que
jamais. Ce que je trouve exquis dans Ro
sine, c’est que, si elle est une ingénue, elle
n’est point l’ingénue naïve et légèrement
sotte que tant d’auteurs ont dépeinte. Ro
sine est pure, c’est vrai, mais on sent déjà
la révélation d’une délicieuse amoureuse.
Tenez, il faut que je vous cite quelques ré
pliques...
Je vous l’avoue, j’ai passé quelques mo
ments charmants. Mlle Leconte a totale
ment oublié la gravité d’une sociétaire :
elle n’est plus que Rosine, mais quelle
charmante Rosine !
— Beaumarchais ne la veut pas bégueu
le ou gnan-gnan ; il la veut tout à fait
aguichante : « Figurez-vous la plus jolie
petite mignonne, douce, tendre, accorte,
fraîche, agaçant l'appétit, pied furtif,
taille droite...» Agaçant l’appétit, sapristi!
c’est pourtant assez clair qu’elle est autre
chose qu’une ingénue.-
Rosine a du sang d’amoureuse dans les
veines ; l’amour sentimental est charmant,
mais on sent qu’elle désire davantage.
Et quand Figaro lui dit : « La pauvre
jeunesse est si malheureuse qu’aujour-
d’hui elle n’a que ce terrible choix : amour
sans repos ou repos sans amour... », elle
répond tout à fait déçue : « Oh ! repos
sans amour!... » -)
Vous la voyez plus rouée, plus femme
encore dans une scène avec le comte Al-
mavina. Au moment où elle l’aperçoit, elle
défaille, et le comte la prend dans ses
bras. Bartholo s’écrie alors : « Ah ! sei
gneur Almavina, elle se trouve mal ! » Et
Rosine répond : «Non, je ne me trouve pas
mal ».
Parbleu ! elle est dans les bras de celui
qu’elle aime. Puis plus loin : « Oui, le pied
m’a tourné, je me suis fait un mal hor
rible... Le coup m’a porté au cœur! »
Mlle Leconte vient de vivre toutes ces
scènes que je vous raconte si imparfaite
ment.
— Voyez-vous, Rosine, c’est notre
portrait à toutes, ajoute-t-elle ; dès que
l’amour est en jeu, la plus naïve et la plus
sotte devient rusée et fine. Mais nous te
nons à conserver notre conscience tran
quille et, comme Rosine, nous nous don
nons à nous-même d’excellentes raisons
pour permettre à notre caprice de diriger
notre manière d’agir. Rosine est de tous
les pays, elle est ingénue, elle est femme,
elle est amoureuse ; ce sont les trois rai
sons qui m’ont tellement séduite.
— Je vois que vous êtes en droit de
compter sur un succès.
Mlle Leconte redevient sérieuse :
— Est-ce qu’on peut savoir jamais !
D’abord nous n’avonjS répété que depuis
une semaine et toutes ces pièces de l’an
cien répertoire sont si difficiles ! Et puis,je
me rappelle que le Barbier de Séville fut
sifflé le soir de la première.
Mais moi qui ai assisté ce matin à une
interprétation presque complète, je vous
promets pour ce soir la plus délicieuse des
Rosines.
les Soirairs de Jules leiallois
Jules Levallois, qui vient de s’éteindre à
l’âge de soixante-quatorze ans, mérite
mieux que la mention brève d’une nécro
logie. C’est une figure curieuse et sympa
thique qui s’en va, celle de ce petit vieil
lard accueillant, au sourire doux et ironi
que. Très droit, malgré son grand âge,
coiffé d’une calotte d’où s’échappaient des
cheveux d’argent terminés en boucles, il
recevait avec beaucoup d’amabilité dans
son cabinet de travail de la rue Linné, au
milieu de ses chers souvenirs. Il causait
volontiers, et c’était un diseur charmant.
Nul n’a connu, mieux que Jules Leval
lois, les hommes de 1848 et du Second Em
pire : il avait tout de suite à la bouche l’a
necdote, le mot caractéristiaue qui suffi
sait à peindre un personnage. Trois hom
mes tenaient surtout une grande place
dans les souvenirs du critique : Sainte-
Beuve, Michelet et Edgar Quinet. Du pre
mier il avait été secrétaire pendant près
de deux ans, peu de temps après le 2 Dé
cembre :
« J’étais allé le voir un jour, me racon
te-t-il. Une idée de jeune homme, peut-être
un peu hardie : j’admirais beaucoup l’au
teur des Lundis, et je voulais le lui dire de
vive voix. Sainte-Beuve fut amusé. Bien
tôt il me proposait d’être son secrétaire.
J’acceptai, enchanté, et je n’eus qu’à me
louer de lui. Je l’ai quitté... oh! pour un
rien... un petit froissement d’amour-pro
pre. Mais j’étais trop indépendant pour
m’assujettir longtemps aux occupations
absorbantes de secrétaire. »
Le général André chez les Trappistes.
Rassurez-vous, le général André n’a pas
pris le froc... Pendant les manœuvres du
Sud-Est, le général Metzinger offrit, dans une
hôtellerie adjacente au couvent, un lunch aux
généraux, aux officiers étrangers, au général
Pendezec, chef d’état-major général de l’ar
mée, arrivé de la veille avec son sous-chef,
le général Brun, enfin au général André. > Et
ce fut le clou !
Le général André fumait sa cigarette de
hors, après le déjeuner, au milieu des bons
Pères Trappistes allant, venant, frôlant le
malin à tout instant dans la personne du
ministre de la guerre impénitent. Pensaient-
ils seulement, ces moines bienfaisants et sim
ples dans leur robe de bure, à discrètement
exorciser leur gouvernemental visiteur? En
tous cas, les instantanés pris.du général An
dré, dans cette rencontre fatidique, sont ap
pelés à quelque succès.
WM
Les souverains italiens en France.
Le roi d’Italie sera accompagné par :
Le vice-amiral Morin, ministre des affaires
étrangères ;
Le lieutenant de vaisseau Heuken^feld-
Kaghek, aide de camp du vice-amiral Morin;
Le lieutenant général Ponzio-Vaglia, minis
tre de la maison royale;
Le comte Gianotti, préfet du palais, qui
occupe à la cour italienne la place qu’occupe
à la cour républicaine l'excellent M. Mollard;
Le lieutenant général Brusati, aide de camp
général du roi;
Le contre-amiral de Libero, aide de camp
général;
Le capitaine de corvette Leonardi y Casa-
lino e Pisnengo, aide de camp;
Le major Uboldi de Capei, aide de camp;
Le comte Bruschi-Falgari, maître des céré
monies;
Le docteur Quirico, médecin du roi.
La reine sera accompagnée par :
La duchesse Ascoli, dame de la cour;
La comtesse Guicciardini, dame de la
cour;
Le duc Ascoli, gentilhomme de la cour;
Le comte Guicciardini, gentilhomme de la
cour-
Nous tenons à faire remarquer que la
Liberté a été la première à annoncer, il y a
plusieurs mois, que la reine d’Italie viendrait
à Paris. Nous avons maintenu cette informa
tion, en dépit de tous les démentis. Les évé
nements nous ont donné raison.
Nous savions d’ailleurs que, à l’encontre
de ce qui avait été annoncé, la reine n’est pas
dans une situation qu’il est convenu d’appe
ler intéressante. Son état de santé étant ex
cellent, rien ne l’empêchait donc de venir vi
siter Paris, qu’elle admire et qu’elle aime et
où elle sera accueillie avec enthousiasme.
Suivant le Mattino, de Naples, le général
Dalstein, l’amiral Mallarmé, le chef de ba
taillon Fraisse, le capitaine Davin, le chef
de bataillon de Saint-James seront attachés
aux personnes des souverains italiens pen
dant leur séjour en France.
M. Piccioni, secrétaire d’ambassade, sera
attaché à la personne de l’amiral Morin, mi
nistre des affaires étrangères.
'WW
M. Loubet est terriblement imprudent.
C’est ainsi que, pour voir ses amis, il s’est
rendu, hier, à Dieulefit.
Que va dire VAction?
WW
Les fonctions du lord-maire actuel de Lon
dres expireront, selon la tradition, le mois
prochain.
On désigne déjà comme son succesur l’al-
u derman sir J.-Z. Ritchie, frère du chancelier
de l’Echiquier, qui vient — coïncidence cu
rieuse — de démissionner.
On lui sait gré de n’avoir jamais brigué *
un mandat législatif pour se _ consacrer exclu
sivement aux affaires municipales de la Cité,
auxquelles il participe très activement en sa
( qualité de président de la commission des
eaux.
WW
Après la fermeture...
On vient d’arrêter, à Dreux, une religieuse
qui demandait quelques secours dans certai
nes maisons charitables.
Interrogée par le procureur de la Républi
que, elle déclara se nommer Ablin Marie,
âgée de 41 ans* et appartenir à la Congréga
tion des sœurs de la Providence de Ruillé-sur-
Loir (Sarthe).
Puis, pressée de questions, elle fit au ma
gistrat le récit suivant :
« J’étais cuisinière à l’école de Bourbriac,
dans les Côtes-du-Nord. Mais, le I er septem
bre, l’école fut fermée et je me trouvai sans
asile, sans situation. Je pensais me rendre
à la maison-mère de Ruillé, mais la mère su
périeure me fit savoir que, faute de place, je
ne pourrais être reçue.
» Depuis, je vais à l’aventure, forcée de
demander l’aumône pour vivre...
» Je suis arrivée à Dreux hier soir à 3 h. 50;
j’ai demandé et obtenu l’hospitalité à l’hôtel
de Paris... »
Le parquet a fait jeter la religieuse en
prison.
Mais le jour où toutes les irisons regorge
ront de congréganistes, les prisons — deve
nues établissements religieux — ne devront-
elles pas être supprimées?
WW
Nous avons annoncé que le général André
allait se rendre à Saint-Emilion. Les électeurs
de Chambertin — dont M. André est le con
seiller général de division — ne voient nas
sans mauvaise humeur cette concession faite
à un cru rival...
Mais le général André est très éclectique :
le bordeaux, le champagne, le bourgogne lui
paraissent également délicieux. Seuls, les vins
d’Algérie lui déplaisent; aussi est-il certain
que le général André n’ira pas à Aïn-Sefra...
La place d’un ministre de la guerre y serait
cependant plus indiquée qu’à Saint-Emilion.
WW
Lors du procès intenté par Mme Humbert
à M. Cattauï, pour usure, l’avocat de ce der
nier parla avec émotion du « Français d’a
doption », du « Français de cœur » qu’il
défendait... Et avec quel lyrisme il rappela
que M. Cattauï avait été décoré pour services
rendus à l’influence française en Egypte!
Quoi qu’il en soit, le chef de la maison,
M. Maurice Cattauï, se soucie fort peu de la
F rance.
M. Cattauï, qui jouissait, depuis de nom
breuses années, de la « protection » de l’Au-
triche-Hongrie, vient d’adopter définitivement
la nationalité hongroise; if a prêté serment,
le 11 septembre, par-devant le second bourg
mestre de Budapest.
M. Cattauï, dont la fortune est évaluée à
cent millions de francs (les Humbert n’ont
donc pas tout pris), a remis à la municipalité
de sa nouvelle ville d’adoption une somme im
portante pour les pauvres- On lui prête aussi
l’intention de consacrer une grosse partie de
sa fortune à des œuvres de bienfaisance hon
groises.
WW
M. Sigismond Lacroix est un terrible hom
me... Il écrit, ce matin, dans le Radical:
Ah ! on parle des jacobins et de leurs pro
cédés ! Mais du temps des jacobins, c’est de
vant le tribunal révolutionnaire que la cam
pagne entreprise contre les fonds de l’Etat
français eût conduit leurs auteurs, et ils ne
l’auraient pas volé !
Et. ils ne Vauraient pas volé! Cette phrase
révèle un état d’esprit effrayant à une époque
de libre discussion. M. Sigismond Lacroix ad
mettrait donc l’introduction de la guillotine
dans les querelles politiques? C’est à croire
qu’il a l’âme du père IJbu...
M. Antide Boyer nous envoie cette lettre :
« Divers journaux m’attribuaient, l’année
dernière, un château à la Napoule, et, cette
année, un autre à la Bocca.
» La vérité est que je suis venu passer les
vacances avec mes enfants, près de Théoules,
dans une petite propriété de M. Auzet, qu’on
dénomme fort justement La Maisonnette. En
effet, celle-ci est si modeste qu’il a fallu y
faire ajouter une chambre pour pouvoir y lo
ger mes fils.
» Je proteste donc contre les commentai
res d’adversaires que je n’ai jamais combat
tus par le mensonge. »
C’est fort bien. Mais les châteaux de M.
Boyer, qui sont donc espagnols, tout comme
celui de Marcotte, sont dus à l’imagination
d’un journal aussi radical que méridional...
Est-ce notre faute si les amis de M. Antide
Boyer le transforment en châtelain ?
*w/v
En raison de la mise à la retraite du gé
néral Faure-Biguet, le poste de gouverneur
militaire de Paris devient vacant.
La Lanterne dit, à ce pronos, que deux
noms sont mis en avant : celui du général
Voyron et celui du général Peigné. Et elle
ajoute :
Il appartient aux compétences spéciales d’é
tablir leurs mérites militaires, mais il est eu
moins permis de remarquer, avant le choix du
gouvernement, que le général Peigné, qui est
un officier de haute valeur, a donné à la Répu
blique des gages non équivoques de son loya
lisme.
Le général Voyron a l’avantage d’être le can
didat de M. Loubet. C’est quelque chose. Mau
il ne faudrait pourtant pas que le président
de la République eût la prérogative reconnue
de placer ses amis et compatriotes dans les
postes les plus élevés de l’armée.
Le choix du général Peigné serait accueilli
avec satisfaction par les républicains.
La Lanterne a tort de ne pas préconiser
pour le poste de gouverneur de Paris le lé
gendaire caporal-bottier de Clermont-Ferrand,
le premier personnage de l’armée française
après le général André.
iteeoftte dans “Rosine”
Mlle Leconte, dont la nomination de so
ciétaire de la Comédie-Française fut ac
cueillie, il y a quelques mois, avec tant de
plaisir par ses amis, par ses collègues et
par le public, joue, ce soir, pour la, pre
mière fois, le rôle de Rosine du Barbier de
Séville, de Beaumarchais.
Rosine fut interprétée pendant plusieurs
années par Mme Baretta dont c’était un
des meilleurs rôles.
Je n’avais pas vu Mlle Leconte depuis le
jour de son avènement au sociétariat ; je
l’ai trouvée', ce matin, dans le même ravis
sement, dans le même enthousiasme.
— (( Il y a des choses qui sont écrites et
j’étais destinée à interpréter le rôle de Ro
sine. Songez que je n’avais pas seize ans,
quand je vins trouver Segond-Weber. et,
dans une audition, lui jouai le rôle. C’est
sur sa recommandation et à la suite de
cette interprétation que je fus engagée au
Château-d’Eau, où, au lieu de faire rire,
ce qui est le propre de mon caractère, je
passai mon temps dans les soupirs et dans
les larmes. Je vous ai déjà dit quelle peine
j’ai eue à interpréter un rôle* gai, les di
recteurs prétendant que je les jouerais en
dépit du bon sens. Ce fut dans les Demoi
selles de Saiiit-Cyr qu’on reconnut que je
pouvais faire autre chose que de pleurer.
Je ne songeais plus à la possibilité de re
prendre Rosine, lorsque, à la suite' de
mon interprétation d’Agathe, dans les Fo
lies amoureuses, M. Claretie pensa à moi
pour la reprise du Barbier de Séville.
— ,Et votre enthousiasme pour le rôle
n’a pas diminué ?
— Mon enthousiasme est plus grand que
jamais. Ce que je trouve exquis dans Ro
sine, c’est que, si elle est une ingénue, elle
n’est point l’ingénue naïve et légèrement
sotte que tant d’auteurs ont dépeinte. Ro
sine est pure, c’est vrai, mais on sent déjà
la révélation d’une délicieuse amoureuse.
Tenez, il faut que je vous cite quelques ré
pliques...
Je vous l’avoue, j’ai passé quelques mo
ments charmants. Mlle Leconte a totale
ment oublié la gravité d’une sociétaire :
elle n’est plus que Rosine, mais quelle
charmante Rosine !
— Beaumarchais ne la veut pas bégueu
le ou gnan-gnan ; il la veut tout à fait
aguichante : « Figurez-vous la plus jolie
petite mignonne, douce, tendre, accorte,
fraîche, agaçant l'appétit, pied furtif,
taille droite...» Agaçant l’appétit, sapristi!
c’est pourtant assez clair qu’elle est autre
chose qu’une ingénue.-
Rosine a du sang d’amoureuse dans les
veines ; l’amour sentimental est charmant,
mais on sent qu’elle désire davantage.
Et quand Figaro lui dit : « La pauvre
jeunesse est si malheureuse qu’aujour-
d’hui elle n’a que ce terrible choix : amour
sans repos ou repos sans amour... », elle
répond tout à fait déçue : « Oh ! repos
sans amour!... » -)
Vous la voyez plus rouée, plus femme
encore dans une scène avec le comte Al-
mavina. Au moment où elle l’aperçoit, elle
défaille, et le comte la prend dans ses
bras. Bartholo s’écrie alors : « Ah ! sei
gneur Almavina, elle se trouve mal ! » Et
Rosine répond : «Non, je ne me trouve pas
mal ».
Parbleu ! elle est dans les bras de celui
qu’elle aime. Puis plus loin : « Oui, le pied
m’a tourné, je me suis fait un mal hor
rible... Le coup m’a porté au cœur! »
Mlle Leconte vient de vivre toutes ces
scènes que je vous raconte si imparfaite
ment.
— Voyez-vous, Rosine, c’est notre
portrait à toutes, ajoute-t-elle ; dès que
l’amour est en jeu, la plus naïve et la plus
sotte devient rusée et fine. Mais nous te
nons à conserver notre conscience tran
quille et, comme Rosine, nous nous don
nons à nous-même d’excellentes raisons
pour permettre à notre caprice de diriger
notre manière d’agir. Rosine est de tous
les pays, elle est ingénue, elle est femme,
elle est amoureuse ; ce sont les trois rai
sons qui m’ont tellement séduite.
— Je vois que vous êtes en droit de
compter sur un succès.
Mlle Leconte redevient sérieuse :
— Est-ce qu’on peut savoir jamais !
D’abord nous n’avonjS répété que depuis
une semaine et toutes ces pièces de l’an
cien répertoire sont si difficiles ! Et puis,je
me rappelle que le Barbier de Séville fut
sifflé le soir de la première.
Mais moi qui ai assisté ce matin à une
interprétation presque complète, je vous
promets pour ce soir la plus délicieuse des
Rosines.
les Soirairs de Jules leiallois
Jules Levallois, qui vient de s’éteindre à
l’âge de soixante-quatorze ans, mérite
mieux que la mention brève d’une nécro
logie. C’est une figure curieuse et sympa
thique qui s’en va, celle de ce petit vieil
lard accueillant, au sourire doux et ironi
que. Très droit, malgré son grand âge,
coiffé d’une calotte d’où s’échappaient des
cheveux d’argent terminés en boucles, il
recevait avec beaucoup d’amabilité dans
son cabinet de travail de la rue Linné, au
milieu de ses chers souvenirs. Il causait
volontiers, et c’était un diseur charmant.
Nul n’a connu, mieux que Jules Leval
lois, les hommes de 1848 et du Second Em
pire : il avait tout de suite à la bouche l’a
necdote, le mot caractéristiaue qui suffi
sait à peindre un personnage. Trois hom
mes tenaient surtout une grande place
dans les souvenirs du critique : Sainte-
Beuve, Michelet et Edgar Quinet. Du pre
mier il avait été secrétaire pendant près
de deux ans, peu de temps après le 2 Dé
cembre :
« J’étais allé le voir un jour, me racon
te-t-il. Une idée de jeune homme, peut-être
un peu hardie : j’admirais beaucoup l’au
teur des Lundis, et je voulais le lui dire de
vive voix. Sainte-Beuve fut amusé. Bien
tôt il me proposait d’être son secrétaire.
J’acceptai, enchanté, et je n’eus qu’à me
louer de lui. Je l’ai quitté... oh! pour un
rien... un petit froissement d’amour-pro
pre. Mais j’étais trop indépendant pour
m’assujettir longtemps aux occupations
absorbantes de secrétaire. »
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