Titre : L'Echo de France
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-09-26
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759978g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 septembre 1903 26 septembre 1903
Description : 1903/09/26. 1903/09/26.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k10340200
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-15395
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/09/2015
SAMEDI 26 SEPTEMBRE 1903.
ECHOS
Le général André tient à ne pas rater un
seul banquet : il veut être partout où l’on
mange et où l’on boit.
C’est ainsi qu’il se rendra dimanche pro
chain à Luzy, dans la Nièvre, pour inaugurer
le nouveau groupe scolaire de la commune.
Nous pouvons annoncer que dans le cou
rant du mois d’octobre, le ministre de la guerre
inaugurera, à Fouilly-les-Oies, un kiosque à
journaux ; à Trépigny-les-Citrouilles, un cha
let de nécessité ; en novembre, il posera à
Jouy-les-Chaussettes la première pierre d’une
colonne Rambuteau.
Tout cela avec discours et banquets à la
clef.
WW
Il faut revenir sur l’incident si caractéristi
que qui s’est produit au Congrès de la paix,
de Rouen. Les délégués allemands ont^ pro
posé — nous l’avons dit — au Congrès de
voter le principe de la reconnaissance du
statu quo international actuel. Les Français
ont répondu qu’ils ne pouvaient pas accepter
le traité de Francfort... On voit bien que M.
Jaurès n’était pas là !
Et cet incident montre mieux que toute dé
monstration que le rêve des Pacifiques n’est
qu’un... rêve. Jamais l’accord parfait ne s’éta
blira entre les nations. Le jour où les diffé
rents peuples voudront signer le fameux traité
de paix, l’Italie réclamera Trieste, l’Autriche
réclamera l’Italie, l’Allemagne réclamera l’Au
triche, le Danemarck réclamera le Sleswig-
Holstein, l’Espagne réclamera Gibraltar... Et
l’Irlande et 1 la Pologne secoueront leurs chaî
nes.
Quel peuple ne fait-il pas appel des arrêts
de la destinée ? Quels discours endormiront
ces souffrances, détruiront ces espoirs ?
WW
A son tour, M. Gustave Hubbard — qui
l’eût cru ? — est traité de réactionnaire. Au
fait n’est-on pas toujours le réactionnaire de
quelqu’un ?
A ce même Congrès des Pacifiques, M.
Gustave Hubbard a osé « faire appel
aux groupes religieux pour poursuivre
un même but avec les radicaux-socialistes et
les socialistes ». Il a même ajouté, cet affreux
clérical, que la République ne demande qu’à
marcher dans la voie de la paix « d’accord
avec toutes les religions ».
Et quoi encore, Monsieur Hubbard ? Le
comble, et c’est ce qui attriste Y Action, c’est
que l’abbé Allégret a déclaré : « La société
chrétienne, que je représente, a le même idéal
que M. Hubbard. »
Nous finissons par nous apercevoir qu’il
n’est pire cléricaux que les gens du bloc.
-WW
Nous parlons plus haut d’un incident carac
téristique qui s’est produit au Congrès de la
Paix de Rouen et qui prouve que les rivalités
et les rancunes internationales sont toujours
très vives:.
Si vous n’êtes pas édifiés, lisez cette petite
histoire. :
L’ancienne Société des Amis des Arts ex
pose en ce moment, dans les salons du Vieux-
Château, à Strasbourg, de très jolies collec
tions d’armes et d’uniformes français, appar
tenant à d’anciens Strasbourgeois et ayant
trait à l’histoire de Strasbourg.
Parmi ces collections se trouve une petite
armée de soldats français en carton, montés
sur blocs et formée des régiments qui avaient
tenu garnison à Strasbourg du temps des
F rançais.
Le propriétaire de cette armée tout inoffen
sive avait désigné chaque régiment au moyen
d’une pancarte écrite en français .
Dame police s’est offusquée d’une pareille
audace et a fait enlever d’office les inscrip
tions subversives.
Ces pauvres soldats de carton seront peut-
etre demain repoussés par delà 1a, frontière...
Dame ! s’ils allaient reprendre l’Alsace et la
Lorraine ?
ww
Les souverains italiens en France.
Le Messagero dit que les souverains d’Italie
partiront de Racconigi le 13 octobre, à onze
heures huit du soir. Ils arriveront à Turin à
minuit 25, le 14 octobre. Ils seront à Mo-
dane à 3 h. 30, à Chambéry à 5 h. 42, à Am-
berieux à 7 h. 17, à Bourg, à 7 h. 55, à Dijon,
à 10 h. 15, à Laroche à midi 15, à Paris à
2 h. du soir.
Les souverains voyageront sous la forme
privée jusqu’à Dijon, où le voyage prendra le
caractère officiel.
Le ministre des beaux-arts, M. Chaumié,
accompagné de M. Roujon, est allé, hier
après midi, au château de Versailles.
Arrivés à deux heures, M. Chaumié et M.
Roujon ont été reçus par M- de Nolhac, con
servateur du musée,'et M. Poirson, préfet de
Seine-et-Oise. Ils ont visité les salles et le
parc de Trianon, en vue des travaux à faire
pour la réception du roi d’Italie.
Le service du protocole viendra dans quel
ques jours arrêter définitivement l’ordre de la
cérémonie.
ww
On se montre étonné, à Pau, de voir que la
police a fait enlever les fleurs déposées autour
de la statue d’Henri IV, à l’occasion de l'an
niversaire de la bataille d’Arques. Il y a, en
effet, de quoi !
Mais cette bêtise n’est pas exclusivement
provinciale. Le gouvernement ne tolère pas, à
Paris, que des couronnes soient suspendues à
la grille de la colonne Vendôme.
Demain, M. Combes fera déboulonner le
Henri IV du Pont-Neuf, voire le Charlema
gne du Parvis Notre-Dame.
ww
M. Steijn se rendra probablement à Cannes
au commencement du mois prochain. Il avait
les jambes presque paralysées et il peut main
tenant marcher sans aide.
•
LA LAÏCISATION DES QUINZE - VINGTS
La Lanterne, qui, samedi dernier, avait
déjà prix à partie le directeur de l’hospice
des Quinze-Vingts, revient à la. charge ce
matin et accuse à nouveau M. Péphau de
s’opposer systématiquement à la laïcisa
tion de l’établissement qu’il dirige.
Nous n’avons pu rencontrer, le di
recteur des Quinze-Vingts, actuellement en
congé, et ses collaborateurs se montrent
naturellement fort réservés.
De l’enquête à laquelle nous nous som
mes livrés il résulte que M. Péphau a bien
reçu une lettre du ministre lui demandant
son avis sur la laïcisation, ce qui équivaut,
paraît-il, à un ordre de répondre favorable
ment.
Le directeur des Quinze-Vingts devra
remplacer par des infirmières laïques les
religieuses actuellement en service.
M. Péphau, dont le républicanisme ne
saurait être soupçonné, tenait aux religieu
ses parce qu’il savait que leurs soins
étaient au-dessus de tout reproche et que
les chirurgiens des Quinze-Vingts, dans
les opérations si délicates qu’ils pratiquent
journellement, ne pouvaient avoir de meil
leures collaboratrices.
La Lanterne s’est faite l’écho d’accusa
tions grossières contre les religieuses des
Quinze-Vingts. Toutes les personnes que
nous avons interrogées se sont contentées
d’en sourire et nous ont déclaré qu’il ne fal
lait tenir aucun compte de semblables po
tins.
-
L’Amiral Maréchal
Le président de la République avait dit,
en Algérie : « Je ne signe pas tout. » Pour
tant, trompant les espérances de ceux qui
voulaient croire qu’il saurait résister aux
actes d’arbitraire du ministre de la ma
rine, M. Loubet a signé, hier, le décret
que lui: a présenté M. Peljetan et, aujour
d’hui, on lit au Journal officiel :
Par décret en date du 23 septembre 1903,
rendu sur le rapport du ministre de la marine,
M. le vice-amiral Maréchal (Eugène-Albert) a
été placé dans la position de non-activité par
retrait d’emploi.
Hier, l’amiral Maréchal avait été infor
mé officiellement, par la lettre suivante,
de la mesure qui le frappe :
Le ministre de la marine à M. le vice-amiral
Maréchal, Paris.
Amiral,
Je vous informe que, par décret présidentiel
en date du 23 septembre 1903, vous êtes placé
en non-activité par retrait d’emploi.
Signé : Camille Pelletan.
Nous avons vu, ce matin, l’amiral Ma
réchal qui nous a fait, à ce propos, les dé
clarations suivantes :
— « Pour la deuxième fois, je suis
frappé sans avoir été entendu, sans avoir
été appelé à fournir des explications, et
même sans connaître officiellement les
raisons qui ont motivé la mesure dont je
viens d’être frappé.
» J’ai été destitué de mon commande
ment sans qu’on m’ait dit pourquoi. Je
suis, sans qu’on me dise pourquoi, mis en
non-activité par retrait d’emploi.
» C’est dans la presse, paraît-il, qu’un
officier général doit aujourd’hui chercher
les raisons de sa disgrâce ; car, les rai
sons invoquées contre moi, je ne les con
nais que par les journaux ; je ne les con
nais pas officiellement, et j’ai bien le droit
de m’étonner que le ministre de la marine
ait refusé de me recevoir, qu’il m’ait frap
pé sans m’avoir entendu.
» Lorsque, il y a une douzaine de jours,
je me suis présenté au ministère de la ma
rine pour demander une audience, M. Pel
letan m’a fait répondre non pas par un of
ficier d’ordonnance^ mais par un huissier
de son cabinet, qu’il ne pouvait me rece
voir et qu’il me convoquerait.
« J’ai attendu cette convocation ; elle
n’est point venue. Pour se justifier de ne
pas l’avoir fait parvenir, M. Pellietan a
allégué qu’il était en voyage. Seulement,
il a fait agir ou, à son défaut, M. Tissier
a fait agir contre moi, afin d’obtenir ma
mise en non-activité.
» Je voulais m’adresser au président de
la République. Par correction, j’ai cru de
voir, pour le faire, attendre dl’avoir été
reçu par le ministre de la marine. Hier,
enfin, n’avant toujours pas été convoqué
par M. Pelletan et comprenant que je ne
le serais pas, je me suis décidé à sollici
ter une audience de M. le président de la
République. Je suis allé dans l’après-midi
porter une demande à l’Elysée ; puis je
suis rentré chez moi et j’y ai trouvé la
lettre de M. Pelletan qui m’informait que
le président de la République avait signé
le décret me plaçant en non-activité.
» Il est donc bien exact que j’ai été frap
pé sans avoir été entendu, sans avoir été
mis a même de me défendre, sans avoir
connu officiellement les causes de ma dis
grâce. L’opinion publique fera justice de
ces procédés contraires à tous les usages,
contraires à toutes les convenances.
» M. Pelletan a déclaré à différents jour
naliste# que le ton des lettres que je lui
avais adressées était intolérable. Je con
viens, si l’on veut, que je me sois servi
dans m.es lettres à l’égard d’un ministre,
d’expressions peu courtoises et en dehors
des règles de la discipline. Je n de difficultés de le reconnaître. Mais il
faut bien se rappeler que mes lettres n’é
taient que des réponses. Si j’ai répondu
vertement à M. Pelletan, c’est parce qu’il
m’avait odieusement provoqué. Je l’ai dé
jà, dit et je le répète : depuis le commen
cement, M. Pelletan s’est conduit à mon
égard en agent provocateur. Je ne m’y
suis jamais trompé ; dès sa première let
tre, j’ai fait, devant mon entourage, cette
réflexion : « Vous verrez que nous ne ter
minerons pas ensemble la campagne et
que toute cette histoire finira par mon
rappel en France. »
» Dans ses lettres ,non seulement M. Pel
letan m’insultait, mais encore il insultait
mes officiers et tout le corps de la marine.
Mon devoir était de ne pas me laisser in
sulter sans répondre, et de prendre la dé
fense de mes officiers et du corps de la
marine. J’ai accompli mon devoir ; je l’ai
fait en termes un peu vifs. Mais ce n’est
pas moi qui ai commencé.
» Du reste, les termes de mes lettres, la
mission que j’avais confiée au comman
dant Hourst, l’incident de Tourane ne
sont que des prétextes. Je ne suis, dans
toute cette affaire, qu’une nouvelle victime
de la haine que M. Pelletan porte aux of
ficiers de la marine et, en réalité, je n’ai
jamais eu qu’un seul tort : celui d’être
vice-amiral.
<( Pour donner satisfaction aux appétits
: de sa clientèle, il faut, de temps en temps,
que M. Pelletan lui offre en sacrifice la
tête d’un amiral. Il a franné, d’abord, l’a
miral de Beaumont, préfet maritime de
Toulon. Il a frappé ensuite le contre-ami
ral Servan, qui commandait l’escadre de
l’Atlantique. Et puis, c’est moi qu’il a frap
pé. A qui le tour, maintenant ? »
Comme nous le questionnions sur ses in
tentions, l'amiral Maréchal nous a répon
du :
« La mesure qui me frappe, la mise en
non-activité par retrait d’emploi, est une
mesure disciplinaire. Elle est dans la for
me régulière, quoi qu’elle m’ait été appli
quée sans motif et dans des conditions
anormales. Je ne puis donc m’insurger
contre elle.
— Mais ne publierez-vous point le texte
complet des lettres qui ont été échangées
entre M. Pelletan et vous ?
— Non. Les fragments de cette correis-
1 pondance mi ont été publiés par les jour
naux ne leur ont pas été communiqués
par moi. J’entends bien persister dans
mon attitude; je ne ferai pas connaître le
texte de ces lettres. Je suis en non-activité,
mais j’ai encore deux années de service à
courir : ce n’est que le 5 novembre 1905
que ma carrière prendra fin. Je n’oublie
pas que je suis toujours soldat et j’attends
du ministre de la marine qui succédera à
M. Pelletan la justice à laquelle j’ai
droit. »
L’amiral Maréchal veut se renfermer
dans le silence. Il se tait ; mais d’autres
parleront et déjà l’on annonce que, dès la
rentrée, M. Amédée Reille, député du
Tarn, qui est un ancien officier de marine,
interpellera M. Pelletan.
Depuis quelque temps, nous prodiguons
à l’envi les monuments les honneurs, les
apothéoses ; à flots, nous répandons tant
de déclamations puériles ou grossières,
pour des gloires de carrefour ou des célé
brités de parti, qu’il y aurait de quoi dé
goûter à jamais de ces vaines représenta
tions données par les vivants aux dépens
des morts.
Ainsi Paris, si disposé cependant à faire
des grands hommes avec de minuscules
personnages dont les noms ne vivront pas
dans la postérité, a oublié de commémorer
la mémoire d’un de ses meilleurs enfants.
;C’est ainsi que le centenaire de Prosper
Mérimée, qui tombe le 28 septembre, court
le risque de passer inaperçu.
A l’exception d’un tout petit médaillon,
en plâtre, d’après David d’Angers,, qui figu
re à l’Ecole des Beaux-Arts,Prosper Méri
mée ne possède en France aucun autre
monument commémoratif que sa tombe,
dans le cimetière de Cannes, où il dort son
étemel sommeil. C’est peu, vous avouerez,
pour un auteur qui a écrit tant de jolies
choses et qui a laissé un chef-d’œuvre :
Colomba !
Prosper Mérimée vint au monde dans le
quartier Saint-Germain-des-Prés, tout près
de l’Ecole des eBaux-Arts, dont son père
était secrétaire. Enfant malingre et souf
freteux, on le mit assez tard au lycée Char
lemagne. Il travailla avec ardeur pour rat
traper les années perdues ; à dix-neuf ans,
il commençai tses études de droit.
Sans être riche, il jouissait pourtant
d’une aisance dorée qui lui assurait l’in-
dépendiance. Elle lui permit ainsi de me
ner la vie joyeuse d’étudiant : il ne s’en
fit point faute. Puis il s’éprit furieusement
de la maîtresse du grand Cuvier. La belle
fit longtemps la ©ourdie oreille ; un jour,
ECHOS
Le général André tient à ne pas rater un
seul banquet : il veut être partout où l’on
mange et où l’on boit.
C’est ainsi qu’il se rendra dimanche pro
chain à Luzy, dans la Nièvre, pour inaugurer
le nouveau groupe scolaire de la commune.
Nous pouvons annoncer que dans le cou
rant du mois d’octobre, le ministre de la guerre
inaugurera, à Fouilly-les-Oies, un kiosque à
journaux ; à Trépigny-les-Citrouilles, un cha
let de nécessité ; en novembre, il posera à
Jouy-les-Chaussettes la première pierre d’une
colonne Rambuteau.
Tout cela avec discours et banquets à la
clef.
WW
Il faut revenir sur l’incident si caractéristi
que qui s’est produit au Congrès de la paix,
de Rouen. Les délégués allemands ont^ pro
posé — nous l’avons dit — au Congrès de
voter le principe de la reconnaissance du
statu quo international actuel. Les Français
ont répondu qu’ils ne pouvaient pas accepter
le traité de Francfort... On voit bien que M.
Jaurès n’était pas là !
Et cet incident montre mieux que toute dé
monstration que le rêve des Pacifiques n’est
qu’un... rêve. Jamais l’accord parfait ne s’éta
blira entre les nations. Le jour où les diffé
rents peuples voudront signer le fameux traité
de paix, l’Italie réclamera Trieste, l’Autriche
réclamera l’Italie, l’Allemagne réclamera l’Au
triche, le Danemarck réclamera le Sleswig-
Holstein, l’Espagne réclamera Gibraltar... Et
l’Irlande et 1 la Pologne secoueront leurs chaî
nes.
Quel peuple ne fait-il pas appel des arrêts
de la destinée ? Quels discours endormiront
ces souffrances, détruiront ces espoirs ?
WW
A son tour, M. Gustave Hubbard — qui
l’eût cru ? — est traité de réactionnaire. Au
fait n’est-on pas toujours le réactionnaire de
quelqu’un ?
A ce même Congrès des Pacifiques, M.
Gustave Hubbard a osé « faire appel
aux groupes religieux pour poursuivre
un même but avec les radicaux-socialistes et
les socialistes ». Il a même ajouté, cet affreux
clérical, que la République ne demande qu’à
marcher dans la voie de la paix « d’accord
avec toutes les religions ».
Et quoi encore, Monsieur Hubbard ? Le
comble, et c’est ce qui attriste Y Action, c’est
que l’abbé Allégret a déclaré : « La société
chrétienne, que je représente, a le même idéal
que M. Hubbard. »
Nous finissons par nous apercevoir qu’il
n’est pire cléricaux que les gens du bloc.
-WW
Nous parlons plus haut d’un incident carac
téristique qui s’est produit au Congrès de la
Paix de Rouen et qui prouve que les rivalités
et les rancunes internationales sont toujours
très vives:.
Si vous n’êtes pas édifiés, lisez cette petite
histoire. :
L’ancienne Société des Amis des Arts ex
pose en ce moment, dans les salons du Vieux-
Château, à Strasbourg, de très jolies collec
tions d’armes et d’uniformes français, appar
tenant à d’anciens Strasbourgeois et ayant
trait à l’histoire de Strasbourg.
Parmi ces collections se trouve une petite
armée de soldats français en carton, montés
sur blocs et formée des régiments qui avaient
tenu garnison à Strasbourg du temps des
F rançais.
Le propriétaire de cette armée tout inoffen
sive avait désigné chaque régiment au moyen
d’une pancarte écrite en français .
Dame police s’est offusquée d’une pareille
audace et a fait enlever d’office les inscrip
tions subversives.
Ces pauvres soldats de carton seront peut-
etre demain repoussés par delà 1a, frontière...
Dame ! s’ils allaient reprendre l’Alsace et la
Lorraine ?
ww
Les souverains italiens en France.
Le Messagero dit que les souverains d’Italie
partiront de Racconigi le 13 octobre, à onze
heures huit du soir. Ils arriveront à Turin à
minuit 25, le 14 octobre. Ils seront à Mo-
dane à 3 h. 30, à Chambéry à 5 h. 42, à Am-
berieux à 7 h. 17, à Bourg, à 7 h. 55, à Dijon,
à 10 h. 15, à Laroche à midi 15, à Paris à
2 h. du soir.
Les souverains voyageront sous la forme
privée jusqu’à Dijon, où le voyage prendra le
caractère officiel.
Le ministre des beaux-arts, M. Chaumié,
accompagné de M. Roujon, est allé, hier
après midi, au château de Versailles.
Arrivés à deux heures, M. Chaumié et M.
Roujon ont été reçus par M- de Nolhac, con
servateur du musée,'et M. Poirson, préfet de
Seine-et-Oise. Ils ont visité les salles et le
parc de Trianon, en vue des travaux à faire
pour la réception du roi d’Italie.
Le service du protocole viendra dans quel
ques jours arrêter définitivement l’ordre de la
cérémonie.
ww
On se montre étonné, à Pau, de voir que la
police a fait enlever les fleurs déposées autour
de la statue d’Henri IV, à l’occasion de l'an
niversaire de la bataille d’Arques. Il y a, en
effet, de quoi !
Mais cette bêtise n’est pas exclusivement
provinciale. Le gouvernement ne tolère pas, à
Paris, que des couronnes soient suspendues à
la grille de la colonne Vendôme.
Demain, M. Combes fera déboulonner le
Henri IV du Pont-Neuf, voire le Charlema
gne du Parvis Notre-Dame.
ww
M. Steijn se rendra probablement à Cannes
au commencement du mois prochain. Il avait
les jambes presque paralysées et il peut main
tenant marcher sans aide.
•
LA LAÏCISATION DES QUINZE - VINGTS
La Lanterne, qui, samedi dernier, avait
déjà prix à partie le directeur de l’hospice
des Quinze-Vingts, revient à la. charge ce
matin et accuse à nouveau M. Péphau de
s’opposer systématiquement à la laïcisa
tion de l’établissement qu’il dirige.
Nous n’avons pu rencontrer, le di
recteur des Quinze-Vingts, actuellement en
congé, et ses collaborateurs se montrent
naturellement fort réservés.
De l’enquête à laquelle nous nous som
mes livrés il résulte que M. Péphau a bien
reçu une lettre du ministre lui demandant
son avis sur la laïcisation, ce qui équivaut,
paraît-il, à un ordre de répondre favorable
ment.
Le directeur des Quinze-Vingts devra
remplacer par des infirmières laïques les
religieuses actuellement en service.
M. Péphau, dont le républicanisme ne
saurait être soupçonné, tenait aux religieu
ses parce qu’il savait que leurs soins
étaient au-dessus de tout reproche et que
les chirurgiens des Quinze-Vingts, dans
les opérations si délicates qu’ils pratiquent
journellement, ne pouvaient avoir de meil
leures collaboratrices.
La Lanterne s’est faite l’écho d’accusa
tions grossières contre les religieuses des
Quinze-Vingts. Toutes les personnes que
nous avons interrogées se sont contentées
d’en sourire et nous ont déclaré qu’il ne fal
lait tenir aucun compte de semblables po
tins.
-
L’Amiral Maréchal
Le président de la République avait dit,
en Algérie : « Je ne signe pas tout. » Pour
tant, trompant les espérances de ceux qui
voulaient croire qu’il saurait résister aux
actes d’arbitraire du ministre de la ma
rine, M. Loubet a signé, hier, le décret
que lui: a présenté M. Peljetan et, aujour
d’hui, on lit au Journal officiel :
Par décret en date du 23 septembre 1903,
rendu sur le rapport du ministre de la marine,
M. le vice-amiral Maréchal (Eugène-Albert) a
été placé dans la position de non-activité par
retrait d’emploi.
Hier, l’amiral Maréchal avait été infor
mé officiellement, par la lettre suivante,
de la mesure qui le frappe :
Le ministre de la marine à M. le vice-amiral
Maréchal, Paris.
Amiral,
Je vous informe que, par décret présidentiel
en date du 23 septembre 1903, vous êtes placé
en non-activité par retrait d’emploi.
Signé : Camille Pelletan.
Nous avons vu, ce matin, l’amiral Ma
réchal qui nous a fait, à ce propos, les dé
clarations suivantes :
— « Pour la deuxième fois, je suis
frappé sans avoir été entendu, sans avoir
été appelé à fournir des explications, et
même sans connaître officiellement les
raisons qui ont motivé la mesure dont je
viens d’être frappé.
» J’ai été destitué de mon commande
ment sans qu’on m’ait dit pourquoi. Je
suis, sans qu’on me dise pourquoi, mis en
non-activité par retrait d’emploi.
» C’est dans la presse, paraît-il, qu’un
officier général doit aujourd’hui chercher
les raisons de sa disgrâce ; car, les rai
sons invoquées contre moi, je ne les con
nais que par les journaux ; je ne les con
nais pas officiellement, et j’ai bien le droit
de m’étonner que le ministre de la marine
ait refusé de me recevoir, qu’il m’ait frap
pé sans m’avoir entendu.
» Lorsque, il y a une douzaine de jours,
je me suis présenté au ministère de la ma
rine pour demander une audience, M. Pel
letan m’a fait répondre non pas par un of
ficier d’ordonnance^ mais par un huissier
de son cabinet, qu’il ne pouvait me rece
voir et qu’il me convoquerait.
« J’ai attendu cette convocation ; elle
n’est point venue. Pour se justifier de ne
pas l’avoir fait parvenir, M. Pellietan a
allégué qu’il était en voyage. Seulement,
il a fait agir ou, à son défaut, M. Tissier
a fait agir contre moi, afin d’obtenir ma
mise en non-activité.
» Je voulais m’adresser au président de
la République. Par correction, j’ai cru de
voir, pour le faire, attendre dl’avoir été
reçu par le ministre de la marine. Hier,
enfin, n’avant toujours pas été convoqué
par M. Pelletan et comprenant que je ne
le serais pas, je me suis décidé à sollici
ter une audience de M. le président de la
République. Je suis allé dans l’après-midi
porter une demande à l’Elysée ; puis je
suis rentré chez moi et j’y ai trouvé la
lettre de M. Pelletan qui m’informait que
le président de la République avait signé
le décret me plaçant en non-activité.
» Il est donc bien exact que j’ai été frap
pé sans avoir été entendu, sans avoir été
mis a même de me défendre, sans avoir
connu officiellement les causes de ma dis
grâce. L’opinion publique fera justice de
ces procédés contraires à tous les usages,
contraires à toutes les convenances.
» M. Pelletan a déclaré à différents jour
naliste# que le ton des lettres que je lui
avais adressées était intolérable. Je con
viens, si l’on veut, que je me sois servi
dans m.es lettres à l’égard d’un ministre,
d’expressions peu courtoises et en dehors
des règles de la discipline. Je n
faut bien se rappeler que mes lettres n’é
taient que des réponses. Si j’ai répondu
vertement à M. Pelletan, c’est parce qu’il
m’avait odieusement provoqué. Je l’ai dé
jà, dit et je le répète : depuis le commen
cement, M. Pelletan s’est conduit à mon
égard en agent provocateur. Je ne m’y
suis jamais trompé ; dès sa première let
tre, j’ai fait, devant mon entourage, cette
réflexion : « Vous verrez que nous ne ter
minerons pas ensemble la campagne et
que toute cette histoire finira par mon
rappel en France. »
» Dans ses lettres ,non seulement M. Pel
letan m’insultait, mais encore il insultait
mes officiers et tout le corps de la marine.
Mon devoir était de ne pas me laisser in
sulter sans répondre, et de prendre la dé
fense de mes officiers et du corps de la
marine. J’ai accompli mon devoir ; je l’ai
fait en termes un peu vifs. Mais ce n’est
pas moi qui ai commencé.
» Du reste, les termes de mes lettres, la
mission que j’avais confiée au comman
dant Hourst, l’incident de Tourane ne
sont que des prétextes. Je ne suis, dans
toute cette affaire, qu’une nouvelle victime
de la haine que M. Pelletan porte aux of
ficiers de la marine et, en réalité, je n’ai
jamais eu qu’un seul tort : celui d’être
vice-amiral.
<( Pour donner satisfaction aux appétits
: de sa clientèle, il faut, de temps en temps,
que M. Pelletan lui offre en sacrifice la
tête d’un amiral. Il a franné, d’abord, l’a
miral de Beaumont, préfet maritime de
Toulon. Il a frappé ensuite le contre-ami
ral Servan, qui commandait l’escadre de
l’Atlantique. Et puis, c’est moi qu’il a frap
pé. A qui le tour, maintenant ? »
Comme nous le questionnions sur ses in
tentions, l'amiral Maréchal nous a répon
du :
« La mesure qui me frappe, la mise en
non-activité par retrait d’emploi, est une
mesure disciplinaire. Elle est dans la for
me régulière, quoi qu’elle m’ait été appli
quée sans motif et dans des conditions
anormales. Je ne puis donc m’insurger
contre elle.
— Mais ne publierez-vous point le texte
complet des lettres qui ont été échangées
entre M. Pelletan et vous ?
— Non. Les fragments de cette correis-
1 pondance mi ont été publiés par les jour
naux ne leur ont pas été communiqués
par moi. J’entends bien persister dans
mon attitude; je ne ferai pas connaître le
texte de ces lettres. Je suis en non-activité,
mais j’ai encore deux années de service à
courir : ce n’est que le 5 novembre 1905
que ma carrière prendra fin. Je n’oublie
pas que je suis toujours soldat et j’attends
du ministre de la marine qui succédera à
M. Pelletan la justice à laquelle j’ai
droit. »
L’amiral Maréchal veut se renfermer
dans le silence. Il se tait ; mais d’autres
parleront et déjà l’on annonce que, dès la
rentrée, M. Amédée Reille, député du
Tarn, qui est un ancien officier de marine,
interpellera M. Pelletan.
Depuis quelque temps, nous prodiguons
à l’envi les monuments les honneurs, les
apothéoses ; à flots, nous répandons tant
de déclamations puériles ou grossières,
pour des gloires de carrefour ou des célé
brités de parti, qu’il y aurait de quoi dé
goûter à jamais de ces vaines représenta
tions données par les vivants aux dépens
des morts.
Ainsi Paris, si disposé cependant à faire
des grands hommes avec de minuscules
personnages dont les noms ne vivront pas
dans la postérité, a oublié de commémorer
la mémoire d’un de ses meilleurs enfants.
;C’est ainsi que le centenaire de Prosper
Mérimée, qui tombe le 28 septembre, court
le risque de passer inaperçu.
A l’exception d’un tout petit médaillon,
en plâtre, d’après David d’Angers,, qui figu
re à l’Ecole des Beaux-Arts,Prosper Méri
mée ne possède en France aucun autre
monument commémoratif que sa tombe,
dans le cimetière de Cannes, où il dort son
étemel sommeil. C’est peu, vous avouerez,
pour un auteur qui a écrit tant de jolies
choses et qui a laissé un chef-d’œuvre :
Colomba !
Prosper Mérimée vint au monde dans le
quartier Saint-Germain-des-Prés, tout près
de l’Ecole des eBaux-Arts, dont son père
était secrétaire. Enfant malingre et souf
freteux, on le mit assez tard au lycée Char
lemagne. Il travailla avec ardeur pour rat
traper les années perdues ; à dix-neuf ans,
il commençai tses études de droit.
Sans être riche, il jouissait pourtant
d’une aisance dorée qui lui assurait l’in-
dépendiance. Elle lui permit ainsi de me
ner la vie joyeuse d’étudiant : il ne s’en
fit point faute. Puis il s’éprit furieusement
de la maîtresse du grand Cuvier. La belle
fit longtemps la ©ourdie oreille ; un jour,
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