Titre : La Marseillaise : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1877-06-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328118460
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 juin 1877 16 juin 1877
Description : 1877/06/16 (N65). 1877/06/16 (N65).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5728481g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-154
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/12/2022
SAMEDI
LA MARSEILLAISE
16 JUIN
qu’il avait conquise et dont ses talents le ren
daient digne.
En 1853, Edmond Adam participa, à titre
de secrétaire général, à la direction du Comp
toir d’escompte, dont son ami Pagnerre avait
été le principal créateur en 1848.
Edmond Adam remplit ces fonctions jus
qu’en 1866 ; puis, jusqu’à la chute de l’em
pire, il vécut dans une heureuse retraite, sur
les plages du golfe Juan, avec sa femme, con
nue dans les lettres sous le pseudonyme de
Mme Juliette Lamber, et tous deux en appa
rence étrangers aux choses de la politique.
j Après le A septembre 1870, il fut appelé à la
préfecture de police ; mais il ne fut en place
que du 11 au 31 octobre. Il donna sa démis
sion à la suite des troubles qui éclatèrent à
cette dernière date, et qu’il avait essayé d’a-
paiser par des conseils de conciliation.
Le 8 février 1871, 72,25 suffrages appelè
rent Edmond Adam à représenter le départe
ment de la Seine.
On sait que, siégeant à l’extrême gauche,
tour à tour vice-président et président de l’U
nion républicaine, il servit avec un zèle infa
tigable la cause de la démocratie. Ce zèle ne
se ralentit pas au Sénat, où les suflrages de
l’Assemblée le portèrent, le 12 décembre 1875.
Ce décès porte à trois le nombre des séna
teurs inamovibles à remplacer par le Sénat.
Les obsèques civiles de M. Edmond Adam
auront lieu aujourd’hui vendredi à quatre
heures de l’après-midi.
- ~--=--x ===90====%=e=san==- --=-------—
Le ministère provisoire de la Répu
blique a résolu de pousser l’arbitraire jus
qu’aux dernières limites.
Il a jugé que ce n’était pas assez de vio
ler le droit sacré de réunion privée, de
poursuivre devant les tribunaux les anar
chistes qui prêchent le respect de la Cons
titution et de jeter, chaque jour, un nou
veau défi à la France républicaine. Main
tenant, il a résolu d’imposer silence à tous
ceux qui ont juré de défendre la Révolu
tion par tous les moyens légaux.
Non content d’avoir soumis à toutes les
investigations de la police des jeunes gens
dont le tort fut de rappeler un professeur
réactionnaire au respect de nos grandes
figures historiques ; d’avoir entassé sur
leur compte rapports sur rapports et ca
lomnies sur calomnies; il en arrive à dé
créter que tout étudiant, convaincu d’a
voir pris part, de quelque façon, aux ma
nifestations politiques, sera rayé de la liste
des écoles.
Cet incroyable procédé d’intimidation
n’a pas lieu de nous surprendre. On ne
sait que trop combien de stupidités peu
vent entrer dans certains cerveaux troublés
par le fétichisme gouvernemental, et nous
nous rappelons que le président actuel du
conseil ne craignit pas de prêcher à la
jeunesse — dans un discours resté célèbre
— l’indifférence politique et la morale des
intérêts. Nous avons appris, en outre, que
les lois sont choses fort peu respectables et
qu’il faut être bien idiot pour s’y arrêter.
N’est-ce pas, M. Granier?
Le gouvernement peut donc se permet
tre toutes les illégalités, toutes les igno
minies. Elles ne peuvent ajouter beaucoup
aux sentiments que ses précédents ont
inspirés à l’opinion publique. Nous nous
contenterons de protester chaque fois
qu’on voudra nous enlever une parcelle de
notre droit.
A ceux qui nous diront que la jeunesse
des écoles ne doit pas s’occuper des ques
tions vitales, qui intéressent la liberté de
tous, nous répondrons : que la qualité d’é
tudiant n’a jamais empêché d’être citoyen
— que le droit d’adresse appartient à tout
le monde et que personne — pas même
M. Brunet — ne peut légalement interdire
une réunion privée.
Le gouvernement a compté sans doute
sur la peur pour imposer silence aux légiti
mes revendications decesjeunesgensqui se
déclarent prêts à combattre le despotisme,
sous quelque masque qu’il se déguise. Et
c’est pour cela qu’il les soumet au contrôle
de la police, les obligeant à taire leur pen
sée, à réprimer jusqu’à leurs épanche
ments les plus intimes, sous peine d’être
frappés sur une délation clandestine — les
traitant, en un mot, comme on traite les
ennemis de la société.
Il devrait pourtant savoir que la jeunesse,
instruite par vingt années de servitude, a
juré de ne pas abdiquer ses convictions
démocratiques et qu’on ne réussira jamais
à lui faire mépriser ce qu’elle adore, c’est-
à-dire les principes de la Révolution.
Puisse-t-on méditer en haut lieu ce que
disait Lamennais à une époque ressemblant
par plus d’un point à la nôtre :
« Nous sommes à l’un de ces moments
suprêmes où les choses, plus fortes que
les hommes, les dominent et entraînent la
société où elle doit aller C’est alors qu’il
faut se donner le spectacle des pouvoirs
qui, retirés dans leur habileté stupide, se
préparent, lorsque le ciel prend un aspect
sinistre, que les flots s’agitent, montent et
grondent, à barricader l’océan et à ruser
avec la tempête. »
ST-PICHON.
— Avez-vous reçu le manuscrit qui |
vous a été envoyé ?
— Je l’ai lu... "
— Obéirez-vous?...
— J’obéirai...
■— C’est bien !
Alors Milon, rejetant en arrière son
mas .eau, plongea sa main dans sa vaste
poche et en tira une énorme clef...
Voici, dit-il, d’Aumale, vous allez
partir pour l’Angleterre...
— Moi!...
— Dans une heure! un vapeur, chauffé '
à 128 atmosphères, vous attend sous le
pont des Arts...
— Mais de l’or... je n’ai pas l’habitude
de faire des avances...
Rouher-Milon eut un sourire mépri
sant, et on eût pu l’entendre murmu
rer :
— Vieux pingre !
Mais reprenant son sang-froid :
— Voici, dit-il, une boulette de mie
de pain qui contient, en or, la somme de
cent mille francs... Prenez... et partez...
— Mais, vous-même...
— Je reste et je veille...
D’Aumale s’inclina profondément.
— Le Maître sera content, dit-il.
Une heure après, il roulait en chaise
de poste sur la route de Calais à Dou
vres.
En vain, il avait tâché d’obtenir du
rabais. Il avait déjà dépensé quarante
francs, et son cœur se serrait... Mais le
but était là... encore quelques minutes...
Dans une salle basse, Wanda dansait,
apprenant à Marmouset le pas du Con
servateur en riolle.
— Wanda, écoute, dit tout à coup
Marmouset, tressaillant.
— C’est un rat, fit Wanda avec dou
ceur.
— Non ! c’est l’homme !...
— Quoi! Milon aurait réussi... déjà?
— Silence...
La porte s’ouvrit, et le général de di
vision entra... Il tenait à la main l’é
norme clef !...
— Enfin ! hurla Marmouset, avec un
cri de fauve se ruant sur la gazelle.
Et ils allaient..., tous trois..., à tra
vers la nuit, qui se faisait plus épaisse...
C’était le cimetière de Chislehurst...
La lune blanchissait, et les tombes
dressées semblaient des fantômes...
— J’ai peur !... murmura Wanda.
— Va te coucher, lui dit Marmouset.
Wanda se raidit contre l’angoisse qui
le mordait au cœur.
— C’est là, dit Marmouset.
Et, dans la serrure de la chapelle,
Marmouset plongea la clef lourde, qui
grinça...
On entendit un grand cri !...
Et, vingt-cinq minutes après, Rocam-
bole passait, fier, entouré de ses fidèles,
sur le boulevard Montmartre.
Il voulut parler, mais la foule l’inter
rompit et cria :
— Oui, maître!...
Et voilà pourquoi le général de divi
sion était allé à Londres.
Thomas VIRELOQUE.
MORT DE M. EDMOND ADAM
Dans la nuit de mercredi à jeudi, à deux
heures du matin, M. Edmond Adam est mort
à son domicile du boulevard Poissonnière,
maison Sallandrouze.
Depuis plus de trois semaines, M. E. Adam
souffrait d’un anthrax à la nuque, ce qui lui
interdisait la position horizontale et lui cau
sait d’atroces douleurs qui lui ôtaient le som
meil et l’appétit.
Depuis deux jours son état s’était aggravé,
mais on espérait qu’il pourrait supporter une
nouvelle opération.
La nuit dernière, vers minuit, des étouffe
ments le prirent à la gorge, et ce fut avec
quelque peine qu’il put s’entretenir avec sa
femme, ses enfants et quelques amis qui n’a
vaient pas quitté son chevet. Il avait toute sa
connaissance et ne semblait pas prévoir une
fin si prochaine, car sa principale préoccupa
tion était de connaître les événements politi
ques et de savoir ce qui se passerait samedi à
la rentrée des Chambres.
Bien que le plus grand repos lui fut recom
mandé, son impatience de ne pouvoir assister
à la séance de rentrée se manifestait à chaque
instant par des paroles et des gestes.
A deux heures moins un quart, sa voix alla
en s’affaiblissant; quelques plaintes sortirent
de son gosier, et il rejeta la tête en arrière
pour ne plus la relever.
Aussitôt on envoya prévenir M. Thiers, qui
était levé quand on lui apporta la nouvelle.
On sait que M. Adam était un des familiers
de l’hôtel de la place Saint-Georges. M. Thiers
se montra très affecté.
Puis on télégraphia à Henri Rochefort, à
Genève, qui répondit aussitôt que ne pouvant
venir lui-même, son gendre, son fils et sa fille
allaient partir pour Paris.
On sait que M. Ed. Adam est le tuteur des
enfants de notre ami, et que ce fut lui qui fut,
pour ainsi dire, à la fois l’exécuteur testamen
taire d’Henri Rochefort, lors de son départ
pour la Nouvelle-Calédonie, et son sauveur
lors de son évasion de Nouméa.
M. Victor Hugo a fait demander à Mme Ed.
Adam la permission de venir lui présenter ses
compliments de condoléance.
Sur le carnet d’inscription, nous avons re
levé, à l’heure où nous mettons sous presse,
plus de 400 signatures, en tête desquelles nous
remarquons celles de M. Thiers, Mme Thiers,
Mlle Dosne, tous les secrétaires de M. Thiers,
MM. P irthélemy Saint-Hilaire, Krantz, Noël
Parfait la rédaction du Temps, la rédaction
du Rappel, A. Heine, G. Thomson, J. Grévy,
Spu Le; Cochut, Gambetta, Grévy, etc.
Edmond Adam était né en 1816 au Bel-Hel-
louin, dans le département de l’Eure ; en sor
tant du collège de Rouen, il vint faire son droit
à Paris; puis il s’essaya à Angers, dans le
journalisme, et avec assez de succès pour être
appelé, en 1846, à la rédaction du National.
Après 1848, Edmond Adam fut nommé ad
joint d’Armand Marrast à la mairie de Paris ;
il devint ensuite secrétaire général de la pré
fecture de la Seine et conseiller d’Etat. Mais,
à la suite des événements du 2 décembre 1851,
il fut soudainement dépossédé de la position
INEORMATIONs
Encore faudra-t-il pour cela que le jour du
banquet soit fixé.
Il est à peu près certain que les candidats
républicains aux deux sièges sénatoriaux va
cants seront M. Alfred André etM. Valette.
L’agence Maclean, nous communique l’infor-
mation suivante :
« Le sénateurs constitutionnels et un certain
nombre de membres du centre droit du Sénat
ont eu une nouvelle réunion hier chez M. le
comte de Bondy pour examiner la situatipn, et
aussi pour statuer sur la part qui, en cas de
dissolution, devra être faite à l’opinion con
servatrice constitutionnelle dans les choix des
candidatures officielles à la prochaine Cham
bre des députés.
» Les membres présents ont décidé de gar
der le secret sur leurs délibérations; néan
moins, nous croyons savoir : 1° que le duc
d’Audiffret-Pasquier a prononcé un important
discours ; 2° que la réunion, tout en se mon
trant décidée, comme par le passé, à suivre le
maréchal, ne donera son adhésion définitive à
la politique du ministère qu’à de certaines con
ditions bien déterminées; remplacer gla candi-
dature de M. Lucien Brun par celle de M. de
La[R.shefoucauld-Bisaccia.
On sait que M. de Fourtou, qui dit qu’on ne
vit que d’affaires, a été directeur d’une des
principales sociétés de M. Debrousses pour
l’organisation des chemins de fer fameux des
tinés à exploiter l’alpha.
On se demande si l’honorable ministre,
passé depuis à l’Orléans, a conservé de nom
breux intérêts dans cette première corp»gnie
algérienne.
Il serait peut-être plus intéressant de savoir
cela que d’interroger M. d’Hozier afin de con
naître par quelle filiation M. Bardy s’appelle
de Fourtou.
Le remuant Oscar Bardy de Fourtou de Ri
bérac vient d’ordonner à ses agents de s’occu
per des bibliothèques populaires.
Ils devront épurer le personnel de ces bi
bliothèques, « centres d’in fection socialiste et
radicale », dit le joyeux Fourtou, et si cette
épuration ne suffit pas, faire fermer ces éta
blissements.
Prière au ministre provisoire de l’intérieur
de ne pas oublier la mésavanture du préfet
dégommé Pougny avec M. Gaulthier de Ru-
milly, l’honorable doyen du Sénat.
La plupart des bibliothèques sont des pro
priétés privées, et ni M. Fourtou ni ses séides
n’ont le droit d’y mettre le nez.
M. Lavauden, préfet de la Drôme, adresse
un communiqué à l’Union républicaine et au
Journal de Valence relativement à la ques
tion du colportage.
Le document officiel brille par une absence
complète de raisons légales et par deux jolies
fautes d’orthographe.
M. le préfet du Gard vient de faire afficher
un arrêté, en date du 10 juin 1877, portant ce
qui suit :
Article 1 er . Tous les distributeurs ou col
porteurs de livres, journaux, écrits, bro
chures, gravures et lithographies, en exercice
dans le département du Gard, sont tenus,
dans un délai de quinzaine, à partir de ce
four, de faire renouveler leurs autorisations
de colportage à la préfecture.
Art. 2. Passé le délai indiqué dans l’article
précédent, toutes les autorisations de colpor-
tage délivrées antérieurement au présent ar
rêté seront annulées et les distributeurs ou
colporteurs, qui ne se seront pas munis d’une
autorisation nouvelle, seront poursuivis comme
exerçant illégalement.
Les préfets du Jura, de la Charente et de la
Seine-Înférieure, viennent d’envoyer une cir
culaire au sujet de la propagation des fausses
nouvelles.
Il résulte de ces documents que les autori
sations dont sont munis les colporteurs, seront
considérées comme nulles et non avenues à
partir d’une date fixée.
On lit dans la République française :
« Les journaux de la coalition bonaparto-
orléano-légitimo-cléricale demandent en chœur
la révocation du maire d’Amiens, M. René Go-
blet, qui a commis le crime impardonnable de
recevoir chez lui son ami M. Gambetta, de lui
offrir à dîner, et de faire une conférence —
ô horreur ! — sur l’utilité des bibliothèques !
» Le véritable péché de M. Goblet, c’est
d’être républicain.
» On le révoquera. Et après? Il faut un
maire ; et, dans le conseil municipal d’Amiens,
il n’y a pas un seul conseiller qui ne soit ré
publicain ; pas un n’accepterait l’écharpe en
levée à M. Goblet.
» Il y a, il est vrai, un expédient : c’est de
faire remplir les fonctions de maire par le con
seiller qui a réuni le plus de voix. Or, le pre
mier conseiller sur la liste, c’est précisément
M. Goblet. »
A la suite des réunions plus ou moins pu
bliques tenues par M. Varambon, député du
Rhône, l’autorité préfectorale vient de faire
fermer deux cafés où s’étaient tenues ces réu
nions.
L’un est le café de l’Univers, tenu à Vaulx-
en-Velin par Mme veuve Drus; l’autre est un
café de Villeurbane.
Nous lisons dans le Phare du littoral (de
Nice) du 12 juin :
« Nous apprenons que M. Hippolyte Benoît,
commissaire spécial des chemins de fer et des
ports, qui jouit dans notre ville de l’estime de
tous et qui a été décoré, il y a environ un an,
pour les services rendus pendant une longue
carrière honorablement remplie, vient d’être
subitement et brutalement révoqué. En lui si
gnifiant cette révocation, on a pris envers lui
la mesure la plus injurieuse qui puisse être
prise envers un magistrat : on a procédé à une
perquisition dans ses papiers.
» La ville est profondément émue de cette
révocation qui ne peut avoir d’autre cause que
les sentiments libéraux bien connus deM. Be
noît et sa scrupuleuse fidélité à l’esprit des
institutions qui nous régissent.
» Nous apprenons également que M. Layet,
commissaire spécial à Menton, vient d’être mis
à la retraite.
La Pall Mail Gazette annonce que la Suède
vient de rétrocéder à la France l’île Saint-
Barthélemy, une des Antilles, que la France
avait abandonnée en 1784 à la Suède. Cette île
a une population de 3,000 blancs, d’origine
française, et de 120,000 noirs ; on y cultive le
sucre, le tabac, le coton, etc.
Les bureaux des gauches de la Chambre des
députés nous communiquent le procès-verbal
suivant de la réunion qui a eu lieu hier :
« Les bureaux des gauches de la Chambre
des députés se sont réunis ce matin à 9 heures
pour s’entendre sur les conditions dans les
quelles sera engagée samedi prochain la dis
cussion de l’interpellation déposée le 17 mai.
» Les résolutions ont été prises d’un com
mun accord entre tous les membres présents.
» Les bureaux des gauches estiment que
pour que la discussion de samedi prochain porte
tous ses fruits, le calme le plus absolu doit ré
gner dans la Chambre et en dehors de la
Chambre ; en conséquence, les bons citoyens
sont invités à se mettre en garde contre tout
piège, qui pourrait leur être tendu par les en
nemis de la République, et particulièrement à
s’abstenir de se rendre aux gares de Paris pour
le départ et le retour des députés. »
Les membres des bureaux dont les noms
A la séance de l’Elysée d’hier soir, le minis
tère provisoire a décidé, à la majorité de qua
tre voix contre trois (petite majorité, mes
sieurs !) que, si la Chambre refusait de voter
le budget, le projet de dissolution serait im
médiatement déposé sur le bureau du Sénat.
A part la démission du ministère, le moyen
de faire autrement, S. V. P.?
Il aurait été décidé en outre que M. Oscar
Bardy de Fourtou de Ribérac répondrait, sa
medi à l’interpellation de M. Gambetta, dont
la discussion sera acceptée par le gouverne
ment.
Nous prédisons au ministre périgourdin un
joli succès.
Toujours au même conseil des ministres,
une idée abracadabrante aurait obtenu les
honneurs de la discussion.
Il s’agirait tout simplement d’un projet de
loi qui serait soumis à la Chambre, relatif à un
emprunt, réalisable de suite, qui aurait pour
but de faire cesser la crise commerciale et
d’activer la reprise des affaires.
Quelques ministres auraient avoué que ce
projet avait peu de chances d’être accepté,
mais le membre le plus influent du cabinet
aurait insisté énergiquement.
Jusqu’à plus ample informé, nous ne pou
vons croire à l’exactitude de cette charen-
tonnade.
Le gouvernement interdira le banquet mu
nicipal que plusieurs conseillers municipaux
ont décidé d’offrir aux présidents des groupes
républicains des deux Chambres et aux maires
de Paris.
suivent assistaient à la réunion; MM. de Mar- 14
cère, de Rémusat, Bardoux et Drumel repré- j ,
sentant le centre gauche; MM. Devoucoux,
Albert Grévy, Bernard-Lavergne, Jules Ferry, |
Cochery, Tirard, Journault et Camille Sée et |
gauche républicaine ; MM. Floquet, Lepère, |
Brisson, Spuller, Dréo, l’union républicaine,
et enfin MM. Louis Blanc, Madier de Montjau
et Lockroy représentant l’extrême gauche.
On remarquera que les membres des bu
reaux ont recommandé aux républicains de ne
pas se rendre à la gare St-Lazare au départ
ou à l’arrivée des députés. Cette précaution
n’était pas inutile; on avait été prévenu que
les bonapartistes avaient préparé des scènes de
désordres, où les anciens agents de MM. Pietri
et consorts auraient joué un rôle des plus
actifs.
Les députés des différents groupes de la
gauche se sont réunis, hier, dans l’après-midi ;
leurs présidents ont rendu compte à leurs col
lègues de leurs travaux pendant la proroga
tion. La discussion a porté ensuite sur les dif
férentes questions à l’ordre du jour: l’inter
pellation, l’ordre du jour, et notamment sur
le compte de liquidation. L’accord s’est établi
sur tous les points, aussi bien que dans la réu
nion des bureaux.
Au sujet du compte de liquidation, quelques
dissidences s’étaient d’abord produites ; à l’ex
trême gauche, comme à l’union et à la gauche
républicaine, plusieurs députés demandaient
que la Chambre des députés se bornât à rati
fier les dépenses effectuées, et n’accordât au
gouvernement que les sommes nécessaires pour
subvenir aux travaux pendant un ou deux
mois.
MM. Louis Blanc, Gambetta, Cochery ont
dans les différents groupes combattu ce sys
tème et ils l’ont emporté. Ils ont fait observer
que le gouvernement se prévaudrait de ce re
fus des députés de la gauche de voter le com
pte de liquidation et qu’il importait de ne pas
lui donner cette arme pour le jour des élec
tions générales.
Les quatre bureaux des gauches de la Cham
bre des députés se réuniront ce soir à 9 heures
dans les galeries Nadar pour arrêter d’une fa
çon définitive le plan de campagne pour la
séance de samedi. À moins de modifications, qui
pourraient être décidées à la dernière heure,
MM. Gambetta, Albert Grévy et de Marcère
prendront part à la discussion.
La commission du budget s’est réunie hier;
elle a entendu les observations présentées par
le ministre de la guerre sur le compte de li-
quidarion.
I.A GWJEMEEA
irait dans l’annexion de quelques
3 et l’affranchissement de la souve-
de la Porte.
D’après la Gazette nationale de Berlin,
le passage définitif du Danube aurait été
fixé au 23 de ce mois. Nous n’avons pas
besoin de faire remarquer une fois de plus
qu’il faut un peu se tenir en garde contre
toutes ces nouvelles, ou du moins ne les
accepter que sous bénéfice d’inventaire,
comme nous l’avons fait hier pour la dé
pêche annonçant la défaite de 60,000 rus
ses. Ajoutons cependant, qu’un important
organe russe, le Golos confirme le dire de
la Gazette nationale ; l’heure décisive,
dit-il, est proche et dans quelques jours le
télégraphe aura annoncé le passage du
fleuve.
Jusque là, il faut se contenter de
signaler les canonnades qui continuent
entre les deux rives du fleuve. Les Turcs
ont de nouveau bombardé les batteries
russes installées près de Giurgewo, qui
n’ont pas répondu. Le même jour, vers
11 heures du matin, un échange de coups
de canon a eu lieu entre les batteries tur
ques de Nicopolis et les batteries roumai
nes d’Islatz.
En Asie les Russes ont, d’après le Daily
Telegraph, entrepris le siège de Batoum et
la ville ne saurait tarder à être prise si les
Turcs n’envoient pas des renforts immé
diats.
Une dépêche d’Erzeroum reçue à Cons
tantinople, hier soir, annonce qu’une
grande bataille est engagée devant Kars.
Cette grande bataille doit être simple
ment une sortie de la garnison, car il n’y
a pas devant Kars une armée tt /que ca
pable d’engager une grande bat: ille. On
sait que la seule armée turque connue en
Asie est celle qui est commandée par
Moukhtar-Pacha et qui occupe toute la
chaîne du Soghanly-Dagh, depuis Olfi jus
qu’à Deli-Baba. Des débris des troupes
d’Ardahan, 2,000 hommes environ, sont
venus se joindre à celte armée.
Des dépêches turques annoncent que le
vapeur Constantin, quittant Odessa le 10
juin avec le vapeur Vladimir, des cha
loupes porte-torpilles, s’est approché de
Soulina, où il rencontra trois cuirassés
turcs. Il lança des chaloupes, dont une,
s’attaquant au cuirassé turc le plus voisin,
fit éclater la torpille. Le résultat de l’ex
plosion n’est pas connu. On croit que la
torpille s’est heurtée à un obstacle.
Les vaisseaux turcs ont ouvert une ca
nonnade de mitraille sans tuer personne.
Toutes les embarcations sont rentrées à
Odessa, à l’exception d’une chaloupe, à la
recherche de laquelle est partie l’Argo
naute.
En Roumanie, la dissension paraît s’ac
centuer de plus en plus entre les alliés.
Les progressistes et la majorité de la
Chambre blâment ouvertement la nouvelle
convention, par laquelle le prince Charles
a mis l’armée roumaine à la discrétion de
l’état-major russe.
Les nouvelles les plus alarmantes sont
répandues dans le public. On parle de coup
d’Etat qui serait tenté contre les Chambres
et de la mise en état de siège de toute la
Roumanie.
A Constantinople, la situation est de
de plus en plus tendue. Il règne, paraît-il,
une grande agitation populaire par suite
du maintien au pouvoir de Redif-Pacha et
de Mahmoud-Damat-Pacha.
C’est une réprobation générale contre les
deux ministres, et l’on demande à grands
cris le rappel de Midhat-Pacha.
On craint que la situation ne s’aggrave
encore.
La Chambre sera prorogée la semaine
prochaine après avoir voté le budget.
Le Tagblatt publie une dépêche de Bel
grade, d’après laquelle le conseil des mi
nistres serbe serait tombé d’accord sur
l’envoi d’une note au prince Gortschakoff.
Cotte note déclarerait que la Serbie ne peut
maintenir sa neutralité qu’à la condition
de recevoir la promesse d’être indemnisée
à la conclusion de la paix, L’indemnité
plainte du ministère public contre le Réveil ’ :
Dauphiné, inculpé de fausses nouvelles. »
Vendredi, cinq signataires sont assignés
comme témoins, une vingtaine samedi, trente
environ lundi.
Aujourd’hui, quatre-vingt-quinze personnes
ont comparu davant le juge d’instruction, je
devrais dire devant les juges d’instruction, car
on les a multipliés pour la circonstance, et à
M. Caffarel, le titulaire, ont été adjoints MM.
Rostaing, Werbel juges, et Chabaud, juge sup
pléant.
On voit que le ministère de colère essaie
toujours d’intimider les citoyens qui se
plaignent de l’arrêt des affaires, causé par
le coup de tête du 16 Mai.
Ainsi, à propos d’un procès de presse,
un juge d’instruction croit nécessaire d’ap- -
peler en témoignage quatre-vingt quinze
négociants, qui n’ont fait qu’user de leur
droit.
Eh bien, tant mieux, devant l’unanimité
de toutes ces dépositions, le ministère verra
une fois de plus combien il est impopu
laire, et le pays saura iappeler à M. de
Mac-Mahon que l’opinion publique est
seule souveraine en France et qu’elle n’a
pas varié depuis un mois.
NOTES D’UN VOYAGEUR
En écoutant chacun, je me rends parfaite
ment compte du mécontentement de vos gou
vernants et de leurs rigueurs, à l’égard de la
presse étrangère. Malheureusement pour eux
il est plus facile de supprimer les journaux
que l’opinion.
J’avais cru un moment à une impression
passagère, souffle d’irritation, qu’emporte une
préoccupation nouvelle. Il n’en est rien. L’An
glais se sent atteint dans ses intérêts et par
l’acte et par les hommes du 16 mai. J’ajoute
qu’il l’est également dans son fétichisme par
lementaire.
Tout peuple doté d’un gouvernement parle
mentaire a fait ipso facto la moitié du chemin
qui le sépare de l’Angleterre. En rompant avec
ce régime, M. Mac-Mahon a non-seulement
oublié sa parole, mais il a faussé compagnie à
la puissance dont l’amitié était le plus utile à
la France.
Du reste, jamais unanimité plus complète ne
s est manifestée à l’égard d’un fait politique.
L’Allemagne elle-même cède le pas à l’Angle
terre dans le concert de malédictions. Bro-
glie fait ici l’office d’un caniche traversant un
jeu de quilles. Troubler les affaires ! Aussi
entend-on de tous côtés :
« Ah ! on ne dira pas que les Français sont
impatients, fiévreux, révolutionnaires, ingou
vernables. Depuis la libération du territoire,
ils ont assez donné au monde l’exemple du
travail, de l’ordre et de la soumission aux lois.
Cette fois, ce n’est pas le peuple, mais bien
ceux qui le gouvernent qui sont réactionnaires.
Pauvre Français ! ta grandeur et la prospérité,
si nécessaires aux autres peuples, ne pou
vaient s’accorder avec les ambitions et les
avidités des prétendants et de l’Eglise. Et il
faut que tout le monde souffre pour ces con
voitises coupables ; nous comme les autres ! »
Voilà ce qu’on entend en haut, en bas, par
tout, et l’on ajoute :
« La solidarité des marchés est-elle un vain
mot? Doit-on laisser à quelques ambitieux le
droit indiscuté de troubler les affaires de tout
le monde? Faut-il que nos capitaux et nos ou
vriers chôment parce qu’il a plu à un duc fran
çais de rêver une combinaison politique res
semblant comme deux gouttes d’eau à une
spéculation financière? A ce compte, nous se
rions les dupes! »
Dupe en affaires, est pour tout bon Anglais
le dernier des outrages.
Il y a eu de nombreux échanges de commu
nications entre le Foreign Office et Berlin.
Les deux pays se sentant également atteints
par la substitution du régime personnel au ré
gime parlementaire, s’entendent sur les me
sures à prendre. Soyez convaincus qu’en cas
de rupture avec l’Allemagne, l’Angleterre ne
nous sera pas sympathique.
Les Anglais n’ont pas oublié ces jours né
fastes où il suffisait d’un mot, d’un signe, de
Napoléon III, pour mettre en mouvement flot
tes et armées, et en pièces les maisons les
plus solides. Ce sont les intérêts alarmés qui
ont fait le vide autour de la France à ses heu
res d’épreuve.
Que le maréchal se vante de la confiance
que sa parole inspire à l’Europe, ceci est son
affaire est non la nôtre. Du moment que son
intelligence et sa volonté ne sont pas à la hau
teur de son honnêteté, peu nous importe
celle-ci.
Ce dont l’Europe et spécialement l’Allema
gne et l’Angleterre ne veulent à aucun prix,
c’est un régime personnel en France. Or, la
conviction profonde, absolue, dans tous les
pays que j’ai traversés, est que la faiblesse
politique du maréchal s’est abandonnée à de
plus habiles pour préparer une restauration
quelconque. On ignore laquelle, mais on est
convaincu du fait. Et les déclarations du prési
dent, quelque emphatiques, officielles et répé
tées qu’elles puissent être, ne signifient plus
rien. L’homme qui avait affirmé le respect des
majorités avec autant d’éclat et qui les dissout
avec autant de sans-gêne, est fini pour les ca
binets européens, justement parce qu’on le
croit honnête. S’il ne l’était pas, on lui suppo
serait quelque arrière-pensée personnelle, et
le but expliquerait la contradiction. Ici rien
de semblable. On lui a persuadé qu’il agissait
honnêtement, et il le croit. Rien de plus dan
gereux pour la paix et la tranquillité publique
que de confier des pouvoirs étendus à de sem
blables faiblesses. L’honnêteté estcertainement
quelque chose, mais la capacité est beaucoup
plus pour qui prétend gouverner.
Le tort de la Constitution française a été de
laisser à l’exécutif des pouvoirs dont ne
jouissent même pas des monarques constitu
tionnels, et celui de la presse cléricale de dé
clarer franchement, mais prématurément, que
l’acte du 16 mai n’était que le premier coup
porté au parlementarisme, destiné à disparaître
tout-à-fait.
Aujourd’hui l’Allemagne, l’Angleterre et
l’Italie veulent des garanties et non des pa
roles.
De là les soufflets répétés que votre gouver
nement reçoit et qu’il ne sait comment dissi
muler.
Ainsi de la note affichée dans la salle des
Pas-Perdus à la requête de l’Allemagne et de
l’Italie, et aussi de l’expulsion de don Carlos,
accordée non à M. de Mollins, mais à la léga
tion allemande. Le fait est ici tenu pour cer
tain.
Or l’équilibre des giffles n’a jamais constitué
la stabilité de la force.
Un de nos confrères républicains a reçu
une lettre, dont nous extrayons ce pas
sage :
Après l’acte du 16 Mai, les industriels et
commerçants de la ville de Vienne, en face de
la tournure désastreuse qu’avaient subitement
prise les affaires en draperie, s’étaient crus en
droit d’envoyer une adresse au président de la
République pour attirer son attention sur la
fâcheuse position qui leur était faite par les
événements.
Cette adresse, qu’un grand nombre de jour
naux de Paris et de la province ont reproduite,
était conçue en termes fort respectueux et
donnait de la situation un tableau aussi exact
que possible.
Tout s’était passé régulièrement : l’adresse,
revêtue de cent signatures bien et’dûment lé-
galisées, avait été envoyée par la poste au pré
sident de la République. Une copie en avait
été communiquée au Réveil du Dauphiné, qui
l’avait reproduite, et les signataires atten
daient paisiblement l’effet de leur démarche,
lorsque, à leur grand étonnement, les assigna
tions se mirent à pleuvoir.
Asssignations conçues en ces termes :
« A l’effet de faire sa déclaration sur
les faits et circonstances mentionnés en la
LA PETITE GUERRE
Vous savez si vilain Veuillot s’est ja
mais fait faute d’évoquer le spectre
rouge dans sa feuille crasseuse, s’il a crié
aux partageax, s’il a exploité Péril so
cial, Cataclysme révolutionnaire. Hy
dre de l'anarchie, etc., etc. !...
Aujourd’hui, voilà qu’il nous chante
une autre gamme : spectre rouge, péril
social, hydre et cataclysme, autant de
farces inventées à plaisir par les con
servateurs aux abois... Il l’avoue. Il l’a
voue carrément.
« Le radicalisme, dit-il, qui compte
bon nombre de millionnaires dans ses
rangs, n'en veut pas directement à la
propriété, car tout le monde aujour
d’hui, y compris ses propres partisans,
est ou peut être propriétaire. Il ne me
nace la famille que dans le lien reli
gieux et indissoluble du mariage ; il ne
tend pas à renverser la loi qui est Vœu
vre du suffaage universel, ni les gou
vernements qui relèvent delà souverai
neté du peuple C’est à la religion seule
qu’il en veut... Il ne nous en coûte pas
de le reconnaître, il n'y a pas de péril
social en dehors du danger que le ra
dicalisme fait courir à la religion... »
L’aveu est bon à retenir, et nous nous
empressons d’en prendre bonne note en
vue des polémiques futures.
Mais comment les co-pétardiers du
16 vont-ils prendre la chose? Voilà que
Y Univers leur enlève du coup le plus
clair de leurs arguments, la plus puis
sante de leurs armes !
..
Comment entraînerez-vous mainte
nant les conservateurs naïfs dans votre
aventure?... Les prétendus dangers que
court la religion seront-ils auprès d’eux
un excitant assez fort? Peu probable. Ils
savent bien que ces prétendus dangers
sont tout aussi illusoires que ceux cou
rus par la famille et par la proprilliété,
et que, pour supprimer quelques aumô
niers militaires, on ne les empêchera
pas d’aller à la messe s’ils y tiennent
absolument...
*
* *
Il y a plus, cet aveu de vilain Veuillot
est la contradiction formelle de la parole
de M. de Mac-Mahon, de cette parole,
dont personne ne doute dans les deux
mondes, chez les Lapons comme chez
les Cafres, comme chez les Topinam
bours...
C’est au nom du péril social que le
pétard du 16 mai a été tiré. S’il n’y a
pas de péril social, le 16 Mai n’a pas
d’excuse.
Pas d’excuse, le 16 Mai !... Mais alors
le maréchal... Oh ! Veuillot, insulter le
maréchal !...
Veuillot, Veuillot, pour un moment
de demi-franchise que tu as eu, voilà que
tu t’es mis dans de jolis draps !...
*.
La Défense, elle aussi, a eu son accès
de demi-franchise!... Elle aussi elle a
fait ses aveux...
« Au point où nous en sommes, disait-
elle hier, il est urgent que l'inquiétude,
que les menaces radicales font peser
sur les affaires et sur les intérêts, soit
promptement dissipée. »
Ne nous arrêtons pas à ce que me
naces radicales a de ridicule, mais rete
nons le reste...
Quelque inquiétude pèse donc sur les
affaires et sur les intérêts ? Vous le re-
connaissez enfin?... Mais si nous étions
criminels en le disant; qu’êtes-vous donc,
vous autres ?
»,
* $
Et cette même Défense ne nous di
sait-elle pas le même soir?
« Voulez-vous conserver la maré
chal! Voulez-vous le renverser? »
Vous admettez-donc qu’on puisse dire
au maréchal : nous ne voulons pas de
vous !... Que nous avez-vous donc chan-
té jusqu’ici qu’il ne se retirerait dans
aucun cas?...
M’est avis, ma pauvre Défense, que
vous ne savez plus trop ce que vous di
tes... Et cela pourrait bien tenir à ce
que vous ne savez plus trop où vous en
êtes.
* *
C’est comme Mayol de Lupé... Il est
insaisissable ce Mayol... Avant-hier :
confiance sans bornes. Hier : confian
ce... mitigée. Aujourd’hui : méfiance.
Demain, la confiance renaîtra.
Plus variable qu’un baromètre en ces
jours d’orage, le bon Mayol...
A Af
Mais si la confiance de Mayol est in
termittente, celle de Beslay fils est à
jet continu.
LA MARSEILLAISE
16 JUIN
qu’il avait conquise et dont ses talents le ren
daient digne.
En 1853, Edmond Adam participa, à titre
de secrétaire général, à la direction du Comp
toir d’escompte, dont son ami Pagnerre avait
été le principal créateur en 1848.
Edmond Adam remplit ces fonctions jus
qu’en 1866 ; puis, jusqu’à la chute de l’em
pire, il vécut dans une heureuse retraite, sur
les plages du golfe Juan, avec sa femme, con
nue dans les lettres sous le pseudonyme de
Mme Juliette Lamber, et tous deux en appa
rence étrangers aux choses de la politique.
j Après le A septembre 1870, il fut appelé à la
préfecture de police ; mais il ne fut en place
que du 11 au 31 octobre. Il donna sa démis
sion à la suite des troubles qui éclatèrent à
cette dernière date, et qu’il avait essayé d’a-
paiser par des conseils de conciliation.
Le 8 février 1871, 72,25 suffrages appelè
rent Edmond Adam à représenter le départe
ment de la Seine.
On sait que, siégeant à l’extrême gauche,
tour à tour vice-président et président de l’U
nion républicaine, il servit avec un zèle infa
tigable la cause de la démocratie. Ce zèle ne
se ralentit pas au Sénat, où les suflrages de
l’Assemblée le portèrent, le 12 décembre 1875.
Ce décès porte à trois le nombre des séna
teurs inamovibles à remplacer par le Sénat.
Les obsèques civiles de M. Edmond Adam
auront lieu aujourd’hui vendredi à quatre
heures de l’après-midi.
- ~--=--x ===90====%=e=san==- --=-------—
Le ministère provisoire de la Répu
blique a résolu de pousser l’arbitraire jus
qu’aux dernières limites.
Il a jugé que ce n’était pas assez de vio
ler le droit sacré de réunion privée, de
poursuivre devant les tribunaux les anar
chistes qui prêchent le respect de la Cons
titution et de jeter, chaque jour, un nou
veau défi à la France républicaine. Main
tenant, il a résolu d’imposer silence à tous
ceux qui ont juré de défendre la Révolu
tion par tous les moyens légaux.
Non content d’avoir soumis à toutes les
investigations de la police des jeunes gens
dont le tort fut de rappeler un professeur
réactionnaire au respect de nos grandes
figures historiques ; d’avoir entassé sur
leur compte rapports sur rapports et ca
lomnies sur calomnies; il en arrive à dé
créter que tout étudiant, convaincu d’a
voir pris part, de quelque façon, aux ma
nifestations politiques, sera rayé de la liste
des écoles.
Cet incroyable procédé d’intimidation
n’a pas lieu de nous surprendre. On ne
sait que trop combien de stupidités peu
vent entrer dans certains cerveaux troublés
par le fétichisme gouvernemental, et nous
nous rappelons que le président actuel du
conseil ne craignit pas de prêcher à la
jeunesse — dans un discours resté célèbre
— l’indifférence politique et la morale des
intérêts. Nous avons appris, en outre, que
les lois sont choses fort peu respectables et
qu’il faut être bien idiot pour s’y arrêter.
N’est-ce pas, M. Granier?
Le gouvernement peut donc se permet
tre toutes les illégalités, toutes les igno
minies. Elles ne peuvent ajouter beaucoup
aux sentiments que ses précédents ont
inspirés à l’opinion publique. Nous nous
contenterons de protester chaque fois
qu’on voudra nous enlever une parcelle de
notre droit.
A ceux qui nous diront que la jeunesse
des écoles ne doit pas s’occuper des ques
tions vitales, qui intéressent la liberté de
tous, nous répondrons : que la qualité d’é
tudiant n’a jamais empêché d’être citoyen
— que le droit d’adresse appartient à tout
le monde et que personne — pas même
M. Brunet — ne peut légalement interdire
une réunion privée.
Le gouvernement a compté sans doute
sur la peur pour imposer silence aux légiti
mes revendications decesjeunesgensqui se
déclarent prêts à combattre le despotisme,
sous quelque masque qu’il se déguise. Et
c’est pour cela qu’il les soumet au contrôle
de la police, les obligeant à taire leur pen
sée, à réprimer jusqu’à leurs épanche
ments les plus intimes, sous peine d’être
frappés sur une délation clandestine — les
traitant, en un mot, comme on traite les
ennemis de la société.
Il devrait pourtant savoir que la jeunesse,
instruite par vingt années de servitude, a
juré de ne pas abdiquer ses convictions
démocratiques et qu’on ne réussira jamais
à lui faire mépriser ce qu’elle adore, c’est-
à-dire les principes de la Révolution.
Puisse-t-on méditer en haut lieu ce que
disait Lamennais à une époque ressemblant
par plus d’un point à la nôtre :
« Nous sommes à l’un de ces moments
suprêmes où les choses, plus fortes que
les hommes, les dominent et entraînent la
société où elle doit aller C’est alors qu’il
faut se donner le spectacle des pouvoirs
qui, retirés dans leur habileté stupide, se
préparent, lorsque le ciel prend un aspect
sinistre, que les flots s’agitent, montent et
grondent, à barricader l’océan et à ruser
avec la tempête. »
ST-PICHON.
— Avez-vous reçu le manuscrit qui |
vous a été envoyé ?
— Je l’ai lu... "
— Obéirez-vous?...
— J’obéirai...
■— C’est bien !
Alors Milon, rejetant en arrière son
mas .eau, plongea sa main dans sa vaste
poche et en tira une énorme clef...
Voici, dit-il, d’Aumale, vous allez
partir pour l’Angleterre...
— Moi!...
— Dans une heure! un vapeur, chauffé '
à 128 atmosphères, vous attend sous le
pont des Arts...
— Mais de l’or... je n’ai pas l’habitude
de faire des avances...
Rouher-Milon eut un sourire mépri
sant, et on eût pu l’entendre murmu
rer :
— Vieux pingre !
Mais reprenant son sang-froid :
— Voici, dit-il, une boulette de mie
de pain qui contient, en or, la somme de
cent mille francs... Prenez... et partez...
— Mais, vous-même...
— Je reste et je veille...
D’Aumale s’inclina profondément.
— Le Maître sera content, dit-il.
Une heure après, il roulait en chaise
de poste sur la route de Calais à Dou
vres.
En vain, il avait tâché d’obtenir du
rabais. Il avait déjà dépensé quarante
francs, et son cœur se serrait... Mais le
but était là... encore quelques minutes...
Dans une salle basse, Wanda dansait,
apprenant à Marmouset le pas du Con
servateur en riolle.
— Wanda, écoute, dit tout à coup
Marmouset, tressaillant.
— C’est un rat, fit Wanda avec dou
ceur.
— Non ! c’est l’homme !...
— Quoi! Milon aurait réussi... déjà?
— Silence...
La porte s’ouvrit, et le général de di
vision entra... Il tenait à la main l’é
norme clef !...
— Enfin ! hurla Marmouset, avec un
cri de fauve se ruant sur la gazelle.
Et ils allaient..., tous trois..., à tra
vers la nuit, qui se faisait plus épaisse...
C’était le cimetière de Chislehurst...
La lune blanchissait, et les tombes
dressées semblaient des fantômes...
— J’ai peur !... murmura Wanda.
— Va te coucher, lui dit Marmouset.
Wanda se raidit contre l’angoisse qui
le mordait au cœur.
— C’est là, dit Marmouset.
Et, dans la serrure de la chapelle,
Marmouset plongea la clef lourde, qui
grinça...
On entendit un grand cri !...
Et, vingt-cinq minutes après, Rocam-
bole passait, fier, entouré de ses fidèles,
sur le boulevard Montmartre.
Il voulut parler, mais la foule l’inter
rompit et cria :
— Oui, maître!...
Et voilà pourquoi le général de divi
sion était allé à Londres.
Thomas VIRELOQUE.
MORT DE M. EDMOND ADAM
Dans la nuit de mercredi à jeudi, à deux
heures du matin, M. Edmond Adam est mort
à son domicile du boulevard Poissonnière,
maison Sallandrouze.
Depuis plus de trois semaines, M. E. Adam
souffrait d’un anthrax à la nuque, ce qui lui
interdisait la position horizontale et lui cau
sait d’atroces douleurs qui lui ôtaient le som
meil et l’appétit.
Depuis deux jours son état s’était aggravé,
mais on espérait qu’il pourrait supporter une
nouvelle opération.
La nuit dernière, vers minuit, des étouffe
ments le prirent à la gorge, et ce fut avec
quelque peine qu’il put s’entretenir avec sa
femme, ses enfants et quelques amis qui n’a
vaient pas quitté son chevet. Il avait toute sa
connaissance et ne semblait pas prévoir une
fin si prochaine, car sa principale préoccupa
tion était de connaître les événements politi
ques et de savoir ce qui se passerait samedi à
la rentrée des Chambres.
Bien que le plus grand repos lui fut recom
mandé, son impatience de ne pouvoir assister
à la séance de rentrée se manifestait à chaque
instant par des paroles et des gestes.
A deux heures moins un quart, sa voix alla
en s’affaiblissant; quelques plaintes sortirent
de son gosier, et il rejeta la tête en arrière
pour ne plus la relever.
Aussitôt on envoya prévenir M. Thiers, qui
était levé quand on lui apporta la nouvelle.
On sait que M. Adam était un des familiers
de l’hôtel de la place Saint-Georges. M. Thiers
se montra très affecté.
Puis on télégraphia à Henri Rochefort, à
Genève, qui répondit aussitôt que ne pouvant
venir lui-même, son gendre, son fils et sa fille
allaient partir pour Paris.
On sait que M. Ed. Adam est le tuteur des
enfants de notre ami, et que ce fut lui qui fut,
pour ainsi dire, à la fois l’exécuteur testamen
taire d’Henri Rochefort, lors de son départ
pour la Nouvelle-Calédonie, et son sauveur
lors de son évasion de Nouméa.
M. Victor Hugo a fait demander à Mme Ed.
Adam la permission de venir lui présenter ses
compliments de condoléance.
Sur le carnet d’inscription, nous avons re
levé, à l’heure où nous mettons sous presse,
plus de 400 signatures, en tête desquelles nous
remarquons celles de M. Thiers, Mme Thiers,
Mlle Dosne, tous les secrétaires de M. Thiers,
MM. P irthélemy Saint-Hilaire, Krantz, Noël
Parfait la rédaction du Temps, la rédaction
du Rappel, A. Heine, G. Thomson, J. Grévy,
Spu Le; Cochut, Gambetta, Grévy, etc.
Edmond Adam était né en 1816 au Bel-Hel-
louin, dans le département de l’Eure ; en sor
tant du collège de Rouen, il vint faire son droit
à Paris; puis il s’essaya à Angers, dans le
journalisme, et avec assez de succès pour être
appelé, en 1846, à la rédaction du National.
Après 1848, Edmond Adam fut nommé ad
joint d’Armand Marrast à la mairie de Paris ;
il devint ensuite secrétaire général de la pré
fecture de la Seine et conseiller d’Etat. Mais,
à la suite des événements du 2 décembre 1851,
il fut soudainement dépossédé de la position
INEORMATIONs
Encore faudra-t-il pour cela que le jour du
banquet soit fixé.
Il est à peu près certain que les candidats
républicains aux deux sièges sénatoriaux va
cants seront M. Alfred André etM. Valette.
L’agence Maclean, nous communique l’infor-
mation suivante :
« Le sénateurs constitutionnels et un certain
nombre de membres du centre droit du Sénat
ont eu une nouvelle réunion hier chez M. le
comte de Bondy pour examiner la situatipn, et
aussi pour statuer sur la part qui, en cas de
dissolution, devra être faite à l’opinion con
servatrice constitutionnelle dans les choix des
candidatures officielles à la prochaine Cham
bre des députés.
» Les membres présents ont décidé de gar
der le secret sur leurs délibérations; néan
moins, nous croyons savoir : 1° que le duc
d’Audiffret-Pasquier a prononcé un important
discours ; 2° que la réunion, tout en se mon
trant décidée, comme par le passé, à suivre le
maréchal, ne donera son adhésion définitive à
la politique du ministère qu’à de certaines con
ditions bien déterminées; remplacer gla candi-
dature de M. Lucien Brun par celle de M. de
La[R.shefoucauld-Bisaccia.
On sait que M. de Fourtou, qui dit qu’on ne
vit que d’affaires, a été directeur d’une des
principales sociétés de M. Debrousses pour
l’organisation des chemins de fer fameux des
tinés à exploiter l’alpha.
On se demande si l’honorable ministre,
passé depuis à l’Orléans, a conservé de nom
breux intérêts dans cette première corp»gnie
algérienne.
Il serait peut-être plus intéressant de savoir
cela que d’interroger M. d’Hozier afin de con
naître par quelle filiation M. Bardy s’appelle
de Fourtou.
Le remuant Oscar Bardy de Fourtou de Ri
bérac vient d’ordonner à ses agents de s’occu
per des bibliothèques populaires.
Ils devront épurer le personnel de ces bi
bliothèques, « centres d’in fection socialiste et
radicale », dit le joyeux Fourtou, et si cette
épuration ne suffit pas, faire fermer ces éta
blissements.
Prière au ministre provisoire de l’intérieur
de ne pas oublier la mésavanture du préfet
dégommé Pougny avec M. Gaulthier de Ru-
milly, l’honorable doyen du Sénat.
La plupart des bibliothèques sont des pro
priétés privées, et ni M. Fourtou ni ses séides
n’ont le droit d’y mettre le nez.
M. Lavauden, préfet de la Drôme, adresse
un communiqué à l’Union républicaine et au
Journal de Valence relativement à la ques
tion du colportage.
Le document officiel brille par une absence
complète de raisons légales et par deux jolies
fautes d’orthographe.
M. le préfet du Gard vient de faire afficher
un arrêté, en date du 10 juin 1877, portant ce
qui suit :
Article 1 er . Tous les distributeurs ou col
porteurs de livres, journaux, écrits, bro
chures, gravures et lithographies, en exercice
dans le département du Gard, sont tenus,
dans un délai de quinzaine, à partir de ce
four, de faire renouveler leurs autorisations
de colportage à la préfecture.
Art. 2. Passé le délai indiqué dans l’article
précédent, toutes les autorisations de colpor-
tage délivrées antérieurement au présent ar
rêté seront annulées et les distributeurs ou
colporteurs, qui ne se seront pas munis d’une
autorisation nouvelle, seront poursuivis comme
exerçant illégalement.
Les préfets du Jura, de la Charente et de la
Seine-Înférieure, viennent d’envoyer une cir
culaire au sujet de la propagation des fausses
nouvelles.
Il résulte de ces documents que les autori
sations dont sont munis les colporteurs, seront
considérées comme nulles et non avenues à
partir d’une date fixée.
On lit dans la République française :
« Les journaux de la coalition bonaparto-
orléano-légitimo-cléricale demandent en chœur
la révocation du maire d’Amiens, M. René Go-
blet, qui a commis le crime impardonnable de
recevoir chez lui son ami M. Gambetta, de lui
offrir à dîner, et de faire une conférence —
ô horreur ! — sur l’utilité des bibliothèques !
» Le véritable péché de M. Goblet, c’est
d’être républicain.
» On le révoquera. Et après? Il faut un
maire ; et, dans le conseil municipal d’Amiens,
il n’y a pas un seul conseiller qui ne soit ré
publicain ; pas un n’accepterait l’écharpe en
levée à M. Goblet.
» Il y a, il est vrai, un expédient : c’est de
faire remplir les fonctions de maire par le con
seiller qui a réuni le plus de voix. Or, le pre
mier conseiller sur la liste, c’est précisément
M. Goblet. »
A la suite des réunions plus ou moins pu
bliques tenues par M. Varambon, député du
Rhône, l’autorité préfectorale vient de faire
fermer deux cafés où s’étaient tenues ces réu
nions.
L’un est le café de l’Univers, tenu à Vaulx-
en-Velin par Mme veuve Drus; l’autre est un
café de Villeurbane.
Nous lisons dans le Phare du littoral (de
Nice) du 12 juin :
« Nous apprenons que M. Hippolyte Benoît,
commissaire spécial des chemins de fer et des
ports, qui jouit dans notre ville de l’estime de
tous et qui a été décoré, il y a environ un an,
pour les services rendus pendant une longue
carrière honorablement remplie, vient d’être
subitement et brutalement révoqué. En lui si
gnifiant cette révocation, on a pris envers lui
la mesure la plus injurieuse qui puisse être
prise envers un magistrat : on a procédé à une
perquisition dans ses papiers.
» La ville est profondément émue de cette
révocation qui ne peut avoir d’autre cause que
les sentiments libéraux bien connus deM. Be
noît et sa scrupuleuse fidélité à l’esprit des
institutions qui nous régissent.
» Nous apprenons également que M. Layet,
commissaire spécial à Menton, vient d’être mis
à la retraite.
La Pall Mail Gazette annonce que la Suède
vient de rétrocéder à la France l’île Saint-
Barthélemy, une des Antilles, que la France
avait abandonnée en 1784 à la Suède. Cette île
a une population de 3,000 blancs, d’origine
française, et de 120,000 noirs ; on y cultive le
sucre, le tabac, le coton, etc.
Les bureaux des gauches de la Chambre des
députés nous communiquent le procès-verbal
suivant de la réunion qui a eu lieu hier :
« Les bureaux des gauches de la Chambre
des députés se sont réunis ce matin à 9 heures
pour s’entendre sur les conditions dans les
quelles sera engagée samedi prochain la dis
cussion de l’interpellation déposée le 17 mai.
» Les résolutions ont été prises d’un com
mun accord entre tous les membres présents.
» Les bureaux des gauches estiment que
pour que la discussion de samedi prochain porte
tous ses fruits, le calme le plus absolu doit ré
gner dans la Chambre et en dehors de la
Chambre ; en conséquence, les bons citoyens
sont invités à se mettre en garde contre tout
piège, qui pourrait leur être tendu par les en
nemis de la République, et particulièrement à
s’abstenir de se rendre aux gares de Paris pour
le départ et le retour des députés. »
Les membres des bureaux dont les noms
A la séance de l’Elysée d’hier soir, le minis
tère provisoire a décidé, à la majorité de qua
tre voix contre trois (petite majorité, mes
sieurs !) que, si la Chambre refusait de voter
le budget, le projet de dissolution serait im
médiatement déposé sur le bureau du Sénat.
A part la démission du ministère, le moyen
de faire autrement, S. V. P.?
Il aurait été décidé en outre que M. Oscar
Bardy de Fourtou de Ribérac répondrait, sa
medi à l’interpellation de M. Gambetta, dont
la discussion sera acceptée par le gouverne
ment.
Nous prédisons au ministre périgourdin un
joli succès.
Toujours au même conseil des ministres,
une idée abracadabrante aurait obtenu les
honneurs de la discussion.
Il s’agirait tout simplement d’un projet de
loi qui serait soumis à la Chambre, relatif à un
emprunt, réalisable de suite, qui aurait pour
but de faire cesser la crise commerciale et
d’activer la reprise des affaires.
Quelques ministres auraient avoué que ce
projet avait peu de chances d’être accepté,
mais le membre le plus influent du cabinet
aurait insisté énergiquement.
Jusqu’à plus ample informé, nous ne pou
vons croire à l’exactitude de cette charen-
tonnade.
Le gouvernement interdira le banquet mu
nicipal que plusieurs conseillers municipaux
ont décidé d’offrir aux présidents des groupes
républicains des deux Chambres et aux maires
de Paris.
suivent assistaient à la réunion; MM. de Mar- 14
cère, de Rémusat, Bardoux et Drumel repré- j ,
sentant le centre gauche; MM. Devoucoux,
Albert Grévy, Bernard-Lavergne, Jules Ferry, |
Cochery, Tirard, Journault et Camille Sée et |
gauche républicaine ; MM. Floquet, Lepère, |
Brisson, Spuller, Dréo, l’union républicaine,
et enfin MM. Louis Blanc, Madier de Montjau
et Lockroy représentant l’extrême gauche.
On remarquera que les membres des bu
reaux ont recommandé aux républicains de ne
pas se rendre à la gare St-Lazare au départ
ou à l’arrivée des députés. Cette précaution
n’était pas inutile; on avait été prévenu que
les bonapartistes avaient préparé des scènes de
désordres, où les anciens agents de MM. Pietri
et consorts auraient joué un rôle des plus
actifs.
Les députés des différents groupes de la
gauche se sont réunis, hier, dans l’après-midi ;
leurs présidents ont rendu compte à leurs col
lègues de leurs travaux pendant la proroga
tion. La discussion a porté ensuite sur les dif
férentes questions à l’ordre du jour: l’inter
pellation, l’ordre du jour, et notamment sur
le compte de liquidation. L’accord s’est établi
sur tous les points, aussi bien que dans la réu
nion des bureaux.
Au sujet du compte de liquidation, quelques
dissidences s’étaient d’abord produites ; à l’ex
trême gauche, comme à l’union et à la gauche
républicaine, plusieurs députés demandaient
que la Chambre des députés se bornât à rati
fier les dépenses effectuées, et n’accordât au
gouvernement que les sommes nécessaires pour
subvenir aux travaux pendant un ou deux
mois.
MM. Louis Blanc, Gambetta, Cochery ont
dans les différents groupes combattu ce sys
tème et ils l’ont emporté. Ils ont fait observer
que le gouvernement se prévaudrait de ce re
fus des députés de la gauche de voter le com
pte de liquidation et qu’il importait de ne pas
lui donner cette arme pour le jour des élec
tions générales.
Les quatre bureaux des gauches de la Cham
bre des députés se réuniront ce soir à 9 heures
dans les galeries Nadar pour arrêter d’une fa
çon définitive le plan de campagne pour la
séance de samedi. À moins de modifications, qui
pourraient être décidées à la dernière heure,
MM. Gambetta, Albert Grévy et de Marcère
prendront part à la discussion.
La commission du budget s’est réunie hier;
elle a entendu les observations présentées par
le ministre de la guerre sur le compte de li-
quidarion.
I.A GWJEMEEA
irait dans l’annexion de quelques
3 et l’affranchissement de la souve-
de la Porte.
D’après la Gazette nationale de Berlin,
le passage définitif du Danube aurait été
fixé au 23 de ce mois. Nous n’avons pas
besoin de faire remarquer une fois de plus
qu’il faut un peu se tenir en garde contre
toutes ces nouvelles, ou du moins ne les
accepter que sous bénéfice d’inventaire,
comme nous l’avons fait hier pour la dé
pêche annonçant la défaite de 60,000 rus
ses. Ajoutons cependant, qu’un important
organe russe, le Golos confirme le dire de
la Gazette nationale ; l’heure décisive,
dit-il, est proche et dans quelques jours le
télégraphe aura annoncé le passage du
fleuve.
Jusque là, il faut se contenter de
signaler les canonnades qui continuent
entre les deux rives du fleuve. Les Turcs
ont de nouveau bombardé les batteries
russes installées près de Giurgewo, qui
n’ont pas répondu. Le même jour, vers
11 heures du matin, un échange de coups
de canon a eu lieu entre les batteries tur
ques de Nicopolis et les batteries roumai
nes d’Islatz.
En Asie les Russes ont, d’après le Daily
Telegraph, entrepris le siège de Batoum et
la ville ne saurait tarder à être prise si les
Turcs n’envoient pas des renforts immé
diats.
Une dépêche d’Erzeroum reçue à Cons
tantinople, hier soir, annonce qu’une
grande bataille est engagée devant Kars.
Cette grande bataille doit être simple
ment une sortie de la garnison, car il n’y
a pas devant Kars une armée tt /que ca
pable d’engager une grande bat: ille. On
sait que la seule armée turque connue en
Asie est celle qui est commandée par
Moukhtar-Pacha et qui occupe toute la
chaîne du Soghanly-Dagh, depuis Olfi jus
qu’à Deli-Baba. Des débris des troupes
d’Ardahan, 2,000 hommes environ, sont
venus se joindre à celte armée.
Des dépêches turques annoncent que le
vapeur Constantin, quittant Odessa le 10
juin avec le vapeur Vladimir, des cha
loupes porte-torpilles, s’est approché de
Soulina, où il rencontra trois cuirassés
turcs. Il lança des chaloupes, dont une,
s’attaquant au cuirassé turc le plus voisin,
fit éclater la torpille. Le résultat de l’ex
plosion n’est pas connu. On croit que la
torpille s’est heurtée à un obstacle.
Les vaisseaux turcs ont ouvert une ca
nonnade de mitraille sans tuer personne.
Toutes les embarcations sont rentrées à
Odessa, à l’exception d’une chaloupe, à la
recherche de laquelle est partie l’Argo
naute.
En Roumanie, la dissension paraît s’ac
centuer de plus en plus entre les alliés.
Les progressistes et la majorité de la
Chambre blâment ouvertement la nouvelle
convention, par laquelle le prince Charles
a mis l’armée roumaine à la discrétion de
l’état-major russe.
Les nouvelles les plus alarmantes sont
répandues dans le public. On parle de coup
d’Etat qui serait tenté contre les Chambres
et de la mise en état de siège de toute la
Roumanie.
A Constantinople, la situation est de
de plus en plus tendue. Il règne, paraît-il,
une grande agitation populaire par suite
du maintien au pouvoir de Redif-Pacha et
de Mahmoud-Damat-Pacha.
C’est une réprobation générale contre les
deux ministres, et l’on demande à grands
cris le rappel de Midhat-Pacha.
On craint que la situation ne s’aggrave
encore.
La Chambre sera prorogée la semaine
prochaine après avoir voté le budget.
Le Tagblatt publie une dépêche de Bel
grade, d’après laquelle le conseil des mi
nistres serbe serait tombé d’accord sur
l’envoi d’une note au prince Gortschakoff.
Cotte note déclarerait que la Serbie ne peut
maintenir sa neutralité qu’à la condition
de recevoir la promesse d’être indemnisée
à la conclusion de la paix, L’indemnité
plainte du ministère public contre le Réveil ’ :
Dauphiné, inculpé de fausses nouvelles. »
Vendredi, cinq signataires sont assignés
comme témoins, une vingtaine samedi, trente
environ lundi.
Aujourd’hui, quatre-vingt-quinze personnes
ont comparu davant le juge d’instruction, je
devrais dire devant les juges d’instruction, car
on les a multipliés pour la circonstance, et à
M. Caffarel, le titulaire, ont été adjoints MM.
Rostaing, Werbel juges, et Chabaud, juge sup
pléant.
On voit que le ministère de colère essaie
toujours d’intimider les citoyens qui se
plaignent de l’arrêt des affaires, causé par
le coup de tête du 16 Mai.
Ainsi, à propos d’un procès de presse,
un juge d’instruction croit nécessaire d’ap- -
peler en témoignage quatre-vingt quinze
négociants, qui n’ont fait qu’user de leur
droit.
Eh bien, tant mieux, devant l’unanimité
de toutes ces dépositions, le ministère verra
une fois de plus combien il est impopu
laire, et le pays saura iappeler à M. de
Mac-Mahon que l’opinion publique est
seule souveraine en France et qu’elle n’a
pas varié depuis un mois.
NOTES D’UN VOYAGEUR
En écoutant chacun, je me rends parfaite
ment compte du mécontentement de vos gou
vernants et de leurs rigueurs, à l’égard de la
presse étrangère. Malheureusement pour eux
il est plus facile de supprimer les journaux
que l’opinion.
J’avais cru un moment à une impression
passagère, souffle d’irritation, qu’emporte une
préoccupation nouvelle. Il n’en est rien. L’An
glais se sent atteint dans ses intérêts et par
l’acte et par les hommes du 16 mai. J’ajoute
qu’il l’est également dans son fétichisme par
lementaire.
Tout peuple doté d’un gouvernement parle
mentaire a fait ipso facto la moitié du chemin
qui le sépare de l’Angleterre. En rompant avec
ce régime, M. Mac-Mahon a non-seulement
oublié sa parole, mais il a faussé compagnie à
la puissance dont l’amitié était le plus utile à
la France.
Du reste, jamais unanimité plus complète ne
s est manifestée à l’égard d’un fait politique.
L’Allemagne elle-même cède le pas à l’Angle
terre dans le concert de malédictions. Bro-
glie fait ici l’office d’un caniche traversant un
jeu de quilles. Troubler les affaires ! Aussi
entend-on de tous côtés :
« Ah ! on ne dira pas que les Français sont
impatients, fiévreux, révolutionnaires, ingou
vernables. Depuis la libération du territoire,
ils ont assez donné au monde l’exemple du
travail, de l’ordre et de la soumission aux lois.
Cette fois, ce n’est pas le peuple, mais bien
ceux qui le gouvernent qui sont réactionnaires.
Pauvre Français ! ta grandeur et la prospérité,
si nécessaires aux autres peuples, ne pou
vaient s’accorder avec les ambitions et les
avidités des prétendants et de l’Eglise. Et il
faut que tout le monde souffre pour ces con
voitises coupables ; nous comme les autres ! »
Voilà ce qu’on entend en haut, en bas, par
tout, et l’on ajoute :
« La solidarité des marchés est-elle un vain
mot? Doit-on laisser à quelques ambitieux le
droit indiscuté de troubler les affaires de tout
le monde? Faut-il que nos capitaux et nos ou
vriers chôment parce qu’il a plu à un duc fran
çais de rêver une combinaison politique res
semblant comme deux gouttes d’eau à une
spéculation financière? A ce compte, nous se
rions les dupes! »
Dupe en affaires, est pour tout bon Anglais
le dernier des outrages.
Il y a eu de nombreux échanges de commu
nications entre le Foreign Office et Berlin.
Les deux pays se sentant également atteints
par la substitution du régime personnel au ré
gime parlementaire, s’entendent sur les me
sures à prendre. Soyez convaincus qu’en cas
de rupture avec l’Allemagne, l’Angleterre ne
nous sera pas sympathique.
Les Anglais n’ont pas oublié ces jours né
fastes où il suffisait d’un mot, d’un signe, de
Napoléon III, pour mettre en mouvement flot
tes et armées, et en pièces les maisons les
plus solides. Ce sont les intérêts alarmés qui
ont fait le vide autour de la France à ses heu
res d’épreuve.
Que le maréchal se vante de la confiance
que sa parole inspire à l’Europe, ceci est son
affaire est non la nôtre. Du moment que son
intelligence et sa volonté ne sont pas à la hau
teur de son honnêteté, peu nous importe
celle-ci.
Ce dont l’Europe et spécialement l’Allema
gne et l’Angleterre ne veulent à aucun prix,
c’est un régime personnel en France. Or, la
conviction profonde, absolue, dans tous les
pays que j’ai traversés, est que la faiblesse
politique du maréchal s’est abandonnée à de
plus habiles pour préparer une restauration
quelconque. On ignore laquelle, mais on est
convaincu du fait. Et les déclarations du prési
dent, quelque emphatiques, officielles et répé
tées qu’elles puissent être, ne signifient plus
rien. L’homme qui avait affirmé le respect des
majorités avec autant d’éclat et qui les dissout
avec autant de sans-gêne, est fini pour les ca
binets européens, justement parce qu’on le
croit honnête. S’il ne l’était pas, on lui suppo
serait quelque arrière-pensée personnelle, et
le but expliquerait la contradiction. Ici rien
de semblable. On lui a persuadé qu’il agissait
honnêtement, et il le croit. Rien de plus dan
gereux pour la paix et la tranquillité publique
que de confier des pouvoirs étendus à de sem
blables faiblesses. L’honnêteté estcertainement
quelque chose, mais la capacité est beaucoup
plus pour qui prétend gouverner.
Le tort de la Constitution française a été de
laisser à l’exécutif des pouvoirs dont ne
jouissent même pas des monarques constitu
tionnels, et celui de la presse cléricale de dé
clarer franchement, mais prématurément, que
l’acte du 16 mai n’était que le premier coup
porté au parlementarisme, destiné à disparaître
tout-à-fait.
Aujourd’hui l’Allemagne, l’Angleterre et
l’Italie veulent des garanties et non des pa
roles.
De là les soufflets répétés que votre gouver
nement reçoit et qu’il ne sait comment dissi
muler.
Ainsi de la note affichée dans la salle des
Pas-Perdus à la requête de l’Allemagne et de
l’Italie, et aussi de l’expulsion de don Carlos,
accordée non à M. de Mollins, mais à la léga
tion allemande. Le fait est ici tenu pour cer
tain.
Or l’équilibre des giffles n’a jamais constitué
la stabilité de la force.
Un de nos confrères républicains a reçu
une lettre, dont nous extrayons ce pas
sage :
Après l’acte du 16 Mai, les industriels et
commerçants de la ville de Vienne, en face de
la tournure désastreuse qu’avaient subitement
prise les affaires en draperie, s’étaient crus en
droit d’envoyer une adresse au président de la
République pour attirer son attention sur la
fâcheuse position qui leur était faite par les
événements.
Cette adresse, qu’un grand nombre de jour
naux de Paris et de la province ont reproduite,
était conçue en termes fort respectueux et
donnait de la situation un tableau aussi exact
que possible.
Tout s’était passé régulièrement : l’adresse,
revêtue de cent signatures bien et’dûment lé-
galisées, avait été envoyée par la poste au pré
sident de la République. Une copie en avait
été communiquée au Réveil du Dauphiné, qui
l’avait reproduite, et les signataires atten
daient paisiblement l’effet de leur démarche,
lorsque, à leur grand étonnement, les assigna
tions se mirent à pleuvoir.
Asssignations conçues en ces termes :
« A l’effet de faire sa déclaration sur
les faits et circonstances mentionnés en la
LA PETITE GUERRE
Vous savez si vilain Veuillot s’est ja
mais fait faute d’évoquer le spectre
rouge dans sa feuille crasseuse, s’il a crié
aux partageax, s’il a exploité Péril so
cial, Cataclysme révolutionnaire. Hy
dre de l'anarchie, etc., etc. !...
Aujourd’hui, voilà qu’il nous chante
une autre gamme : spectre rouge, péril
social, hydre et cataclysme, autant de
farces inventées à plaisir par les con
servateurs aux abois... Il l’avoue. Il l’a
voue carrément.
« Le radicalisme, dit-il, qui compte
bon nombre de millionnaires dans ses
rangs, n'en veut pas directement à la
propriété, car tout le monde aujour
d’hui, y compris ses propres partisans,
est ou peut être propriétaire. Il ne me
nace la famille que dans le lien reli
gieux et indissoluble du mariage ; il ne
tend pas à renverser la loi qui est Vœu
vre du suffaage universel, ni les gou
vernements qui relèvent delà souverai
neté du peuple C’est à la religion seule
qu’il en veut... Il ne nous en coûte pas
de le reconnaître, il n'y a pas de péril
social en dehors du danger que le ra
dicalisme fait courir à la religion... »
L’aveu est bon à retenir, et nous nous
empressons d’en prendre bonne note en
vue des polémiques futures.
Mais comment les co-pétardiers du
16 vont-ils prendre la chose? Voilà que
Y Univers leur enlève du coup le plus
clair de leurs arguments, la plus puis
sante de leurs armes !
..
Comment entraînerez-vous mainte
nant les conservateurs naïfs dans votre
aventure?... Les prétendus dangers que
court la religion seront-ils auprès d’eux
un excitant assez fort? Peu probable. Ils
savent bien que ces prétendus dangers
sont tout aussi illusoires que ceux cou
rus par la famille et par la proprilliété,
et que, pour supprimer quelques aumô
niers militaires, on ne les empêchera
pas d’aller à la messe s’ils y tiennent
absolument...
*
* *
Il y a plus, cet aveu de vilain Veuillot
est la contradiction formelle de la parole
de M. de Mac-Mahon, de cette parole,
dont personne ne doute dans les deux
mondes, chez les Lapons comme chez
les Cafres, comme chez les Topinam
bours...
C’est au nom du péril social que le
pétard du 16 mai a été tiré. S’il n’y a
pas de péril social, le 16 Mai n’a pas
d’excuse.
Pas d’excuse, le 16 Mai !... Mais alors
le maréchal... Oh ! Veuillot, insulter le
maréchal !...
Veuillot, Veuillot, pour un moment
de demi-franchise que tu as eu, voilà que
tu t’es mis dans de jolis draps !...
*.
La Défense, elle aussi, a eu son accès
de demi-franchise!... Elle aussi elle a
fait ses aveux...
« Au point où nous en sommes, disait-
elle hier, il est urgent que l'inquiétude,
que les menaces radicales font peser
sur les affaires et sur les intérêts, soit
promptement dissipée. »
Ne nous arrêtons pas à ce que me
naces radicales a de ridicule, mais rete
nons le reste...
Quelque inquiétude pèse donc sur les
affaires et sur les intérêts ? Vous le re-
connaissez enfin?... Mais si nous étions
criminels en le disant; qu’êtes-vous donc,
vous autres ?
»,
* $
Et cette même Défense ne nous di
sait-elle pas le même soir?
« Voulez-vous conserver la maré
chal! Voulez-vous le renverser? »
Vous admettez-donc qu’on puisse dire
au maréchal : nous ne voulons pas de
vous !... Que nous avez-vous donc chan-
té jusqu’ici qu’il ne se retirerait dans
aucun cas?...
M’est avis, ma pauvre Défense, que
vous ne savez plus trop ce que vous di
tes... Et cela pourrait bien tenir à ce
que vous ne savez plus trop où vous en
êtes.
* *
C’est comme Mayol de Lupé... Il est
insaisissable ce Mayol... Avant-hier :
confiance sans bornes. Hier : confian
ce... mitigée. Aujourd’hui : méfiance.
Demain, la confiance renaîtra.
Plus variable qu’un baromètre en ces
jours d’orage, le bon Mayol...
A Af
Mais si la confiance de Mayol est in
termittente, celle de Beslay fils est à
jet continu.
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