Titre : La Marseillaise : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1877-06-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328118460
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 juin 1877 15 juin 1877
Description : 1877/06/15 (N64). 1877/06/15 (N64).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t57284803
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-154
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/12/2022
VENDREDI
LA MARSEILLAISE
15 JUIF
milliers de mécontents qui songent au
jour de la revanche... et elle est proche,
sachez-le bien !...
Restez !... mais,je vous le répète,vous
n’y êtes plus ! plus du tout !
THOMAS VIRELOQUE.
============ ==== ==== I
Le Gaulois publiait hier la note sui
vante :
On nous annonce qu’une révolution impor
tante se prépare au journal le Soir. (
La rédaction actuelle céderait la place à l’an
cienne rédaction du Salut, composée, comme
on sait, de MM. Clément Duvernois, Lara-Mi-
not, de Maugny, etc.
M. Vührer resterait directeur du Journal
transformé.
Les deux nouveaux rédacteurs annoncés
sont : MM. Clément Duvernois et Lara-
Minot.
M. Clément Duvernois est l’ancien mi
nistre de l’Empire qui a été condamné à
deux ans de prison pour escroquerie, il
sort de Poissy.
Quant à M. Lara-Minot, il y a une couple
d’années, il eut quelques démêlés avec le
chemin de fer de l’Ouest, au sujet d’un
permis de circulation accordé par l'admi-
nistration à ce personnage, quand il était
secrétaire rédacteur à l'Assemblée. Ces
fonctions ayant été retirées à M. Lara-Mi-
not, l’histoire ne nous dit pas pourquoi, il
continua à voyager avec son permis qui
cessait alors d’être valable.
Le dénouement de cette affaire eut lieu
en police correctionnelle également.
Notons, que d’après nos renseignements,
le Soir devient pour quatre mois le jour
nal officiel de la présidence. Ces deux es
timables messieurs sont donc appelés à
soutenir la politique de l’Elysée.
Nous demandons la grâce de Gabriel
Hugelmann et du capitaine Grimai, qui
sont eux aussi deux journalistes; ils man
quent à la rédaction du Soir ; il faut qu’ils
en fassent partie le plus vite possible.
===============--—— -
Voici comment un renseignement offi
cieux nous fait l’historique de la grève de
Nœux :
La grève de Nœux est en voie d’apaisement ;
quelques arrestations ont dû être faites. Le
tribunal correctionnel a condamné hier un des
grévistes à dix-huit mois de prison, quatre à
un an, un à dix mois, deux à six mois.
Les feuilles élyséennes ne seront pas en
core satisfaites et rappelleront que les fu
sillades d’Aubin et de la Ricamarie apai
saient plus sérieusement les grèves.
Pour nous, la communication de l’a
gence Havas nous fait songer que l’ordre
régna jadis à Varsovie.
S T FORMAT IONS
Le ministère de colère se réunira tous les
jours à l’Elysée pour arrêter, modifier et re-
fire les plans de la bataille qu’il se propose
de livrer samedi à la Chambre et au Sénat.
Un petit mouvement sous-préfectoral s’éta
lait ce matin en tête de l’Officiel (ce n’est pas
le dernier, oh! non !)
Mais, M. Oscar Hardy de Fourtou de Ribérac
s’est enfin ému des nombreuses démissions des
fonctionnaires qu’il a récemment nommés et
pour éviter de se faire plus longtemps moquer
de lui, le ministre provisoire a résolu de n'en-
voyer au Journal officiel les noms de ses élus
qu'après leur installation dans les départe
ments.
Un journal de la faction élyséenne publiait
hier cette information :
« L’intention de M. Caillaux avait été de
demander à être entendu aujourd’hui par la
commission du budget.
« L’honorable ministre des finances voulait
insister sur la nécessité, pour la Chambre des
députés, de voter le contingent des quatre con
tributions directes avant la session des conseils
généraux.
« Mais, après avis de ses collègues, M. Cail
laux a renoncé à ce projet.
« Le gouvernement entend laisser à la
Chambre toute la responsabilité des décisions
à intervenir à propos du budget. »
Nous répondrons au gouvernement qu'effec-
tivement la Chambre ne craint aucunement de
prendre toute la responsabilité de ses déci
sions.
Les différents groupes de la gauche se sont
réunis hier dans le local ordinaire de leurs
séances ; la discussion a porté, principalement,
sur le compte de liquidation, sur l’interpella
tion qui sera portée à la tribune le jour de
de la rentrée, et l’ordre du jour dont elle sera
suivie.
La grande majorité des députés républicains
paraît disposée à voter le compte de liquida
tion, afin de ne laisser en souffrance aucun des
services qui dépendent du budget de la guerre
ou du budget de la marine; toutefois aucune
résolution définitive n’a été prise, en raison du
petit nombre de députés qui ont, jusqu’à pré
sent, pris part aux délibérations.
Dans la réunion du centre gauche, la ques
tion de l'interpellation eet de l'ordre du jour a
été longuement discutée. Plusieurs députés ont
émis cette opinion que chaque groupe devait,
par un de ses membres, prendre part au débat,
afin de bien montrer an pays et en même temps
aux adversaires de la République que toutes
les nuances du parti républicain ne faisaient
plus qu’un tout homogène, un grand parti ré
gula à défendre la République et à maintenir
la paix au dehors.
Les bureaux des quatre groupes de la gauche
se réuniront aujourd'hui à 9 heures du matin,
dans une des galeries Nadar, rue d’Anjou-
S tint-Honoré, afin d’arrêter la rédaction défi
nitive de l’ordre du jour de défiance contre la
politique du ministère. On nous apprend que
la rédaction suivante est proposée et qu’elle
sera très probablement adoptée :
« La Chambre des députés, considérant que
la politique du cabinet actuel a déjà été con
damnée par, le pays, que ses derniers actes
n’ont fait qu’accentuer sa politique anti-répu
blicaine et anti-libérale, déclare qu’elle ne
peut lui accorder sa confiance et passe à l’or-
dre du jour.
On nous apprend que dans la réunion des
bureaux des gauches du Sénat qui a eu lieu
hier chez M. Emmanuel Arago, la majorité des
membres présents a engagé M. Bérenger a re
noncer à son interpellation; le sénateur de la
Drôme se serait rendu aux raisons que ses
amis politiques ont fait valoir.
La commission du budget se réunira aujour-
d’hui en assemblée générale pour entendre le
ministre de la guerre au sujet du compte de
liquidation.
Nous annonçons plus haut que AL Clément
Duvernois, doublé de Al. Lara-Minot, vient de
prendre la direction du Soir, destiné à deve ¬
nir un organe officieux. Il n’est pas inutile
d’ajouter que cette négociation a été entreprise
et menée à bien par un des hommes les plus
marquants et les plus habiles du parti bona
partiste, AL de Saint-Paul, ancien secrétaire
général du ministère de l’intérieur sous l’Em-
pire et qui pendant longtemps a été le minis-
tre effectif. M. de Saint-Paul avait toujours
gardé à la présidence d’excellentes relations,
qui lui ont permis de mettre M. Duvernois en
rapport avec un personnage de la présidence
qui, sans faire partie officiellement du gou
vernement, a exercé une action importante
sur les résolutions prises ces derniers temps.
Ce personnage — d’après des informations que
nous avons tout lieu de croire exactes — au
rait témoigné beaucoup de sympathie à M. Du
vernois et lui aurait fait entrevoir, en échange
des services qu’il pouvait rendre, la possibilité
de revenir peut-être sur son jugement.
Les brochures sur M. de Mac-Mahon, que l’on
veut faire accepter à tout prix comme le sau
veur nécessaire, vont se succéder. A côté de
celle dont nous parlions hier, on va bientôt
faire paraître une petite plaquette de format
exiguë qui contiendra la biographie du maré
chal, depuis la prise d’Alger, qui marque le
début de sa carrière, jusqu’à la prise de Sedan,
par les Prussiens.
Celte brochure sortira comme la dernière
des presses de AL Dalloz, directeur du Moni
teur universel, dont on se rappelle la brusque
volte-face, que l’on commence à comprendre,et
aura pour auteur, M. Gustave Claudin.
Le baron Baude, ambassadeur de France
près le Vatican, serait maintenu à son poste
provisoirement.
Il paraît que deux membres influents du
parti légitimiste au Sénat auraient exigé cette
nouvelle concession du gouvernement du ma
réchal.
C’est égal, M. le baron Baude pourrait bien
ne pas attendre longtemps la fin de ce provi
soire.
On a annoncé que le général Chanzy, ve
nant de Marseille, serait arrivé à Paris mer
credi matin à 8 heures.
On invitait même le gouverneur de l’Algé
rie à ne pas regagner son poste avant que la
dissolution ne soit résolue dans un sens ou
dans l’autre.
D’autre part, un journal prétend que le gé
néral Chanzy est toujours à Alger, et que ce
serait le passage de Mme Chanzy à Marseille
qui aurait donné lieu à l’inexactitude de cette
nouvelle.
AL Dufaure, dans les nombreux entretiens
qu’il a eus depuis plusieurs jours avec ses
amis, s’est prononcé très nettement contre la
dissolution ; il la considère comme étant con
traire aux intérêts du pays et à l’esprit de la
Constitution. Il n’a pas laissé ignorer qu’il
avait l’intention de prendre la parole dans la
discussion.
Les ouvertures faites par le gouvernement
aux membres du centre gauche le moins avan
cé, ont complètement échoué, et M. Mathieu
Bodet a été chargé de déclarer aux ministres
qu’en aucun cas son groupe ne s’isolerait de
l’union intime des trois gauches.
On lit dans l'Indépendant de Loir-et-Cher :
M. le général Riffault, qui, comme on le sait,
fait partie du groupe constitutionnel du Sénat,
a déclaré, en réponse à la demande, qui lui
était adressée, au nom d’un groupe important
d’électeurs d‘Ouzouer-le-Marché, qu’il ne vo
tera pas la dissolution.
L’attitude et le langage de MM. Louis Blanc
et Floquet, à la réunion qui s’est tenue hier
chez Al. Arago, ont été fort remarqués.
C’est un symptôme de plus de l’accord ab
solu qui existe entre tous les organes de la
gauche et un gage assuré de la victoire défi
nitive.
A1M. de Nadaillac et de Nervo trouvent de
nombreux imitateurs.
Voici ce qui s’est passé dans la Drôme, qui a
M. Lavauden comme préfet :
« Vendredi, par ordre supérieur, une mal
heureuse marchande de journaux de Tain, qui
commettait le crime de vendre les journaux
républicains, a été emmenée entre deux gen
darmes à la gendarmerie où elle a reçu les
plus sévères admonestations.
» Son mari, colporteur régulièrement auto
risé, a dû faire renouveler sa permission sur
les données indiquées par les paroles suivantes
du préfet de la Drôme :
« Vous pouvez obtenir une autorisation,
» mais à là condition que vous ne vendrez que
» les journaux permis par l’administration. »
On nous écrit de Châteauneuf-sur-Loire :
» M. le préfet du Loiret, dont on connaît
bien les ti ndances, vient de retirer sans ex
plications et sans motifs l’autorisation qu’il
avait donnée lui-même à de pauvres colpor
teurs, — ils avaient le tort de vendre sous la
République d’honnêtes journaux républicains
qui leur étaient demandés. Vains efforts! —
Le mot d’ordre est donné et bien donné, —
la loi des majorités est la règle de tous les
gouvernements parlementaires : — Réélec
tion assurée sur toute la ligne !
Nous, préfet de Lot-et-Garonne, chevalier
de la Légion d’honneur,
Vu l’article 6 de la loi du 27 juillet 1849,
Vu les instructions ministérielles en date du
k juin courant,
Arrêtons :
Art. 1er. — A partir du 1 er juillet prochain,
toutes les permissions de colportage actuelle
ment existantes et délivrées ou visées par la
préfecture de Lot-et-Garonne, seront considé
rées comme nulles et non avenues.
Art. 2.— Toute personne désireuse de se
livrer, après cette date, au colportage d’écrits,
devra nous adresser une demande en temps
utile, soit directement pour l’arrondissement
d’Agen, soit par l’intermédiaire des sous-pré
fets pour les autres arrondissements.
Art. 3. — MM. les sous-préfets, maires, offi
ciers et commandants de brigade de gendar
merie sont chargés, chacun en ce qui le con
cerne, de l’exécution du présent arrêté, qui
sera inséré au Recueil des actes administratifs
de la Préfecture.
Agen, le 6 juin 1877.
Le préfet de Lot-et-Garonne,
Ch. Aylies.
Révoquez, révoquez, messieurs les ministres
de caprice, il en restera toujours quelque
chose :
On annonce la révocation de Al. Huguet, sé
nateur républicain, de ses fonctions de maire
de Boulogne, pour s’être associé à une mani
festation contre le gouvernement du maréchal.
Encore un maire que la chose n’attristera
pas plus quelle ne le surprendra :
La révocation de M. René Goblet, maire
d’Amiens, est chose décidée.
L Officiel publiera la semaine prochaine
cette révocation avec plusieurs autres.
, M. de Cumont... non, M. Brunet (Joseph),
l’Espoir de la Corrèze, vient de décider que
tout étudiant qui se joindrait à une manifesta
tion quelconque, soit par des actes, soit en ap
posant sa signature sur une adresse politique,
seraitîmmédiatement rayé des listes des écoles.
Une dépêche reçue de Darmstadt annonce
que le grand-duc Louis III de Hesse est mort,
aujourd’hui, à dix heures et demie.
On assure que le général Cialdini, ambassa
deur d’Italie, sera de retour, aujourd’hui, à
Paris.
Voici le bulletin de la santé de Al. Edmond
Adam, d’aujourd’hui) rédigé par MM. Clavel
et Déclat, ses médecins :
« Pas plus mal. Etat toujours très grave. »
On lit dans la Patrie :
L’Union républicaine, de Valence, et le
Journal de Valence sont poursuivis pour la
reproduction d’une adresse des négociants de
Valence au président de la République. La
pièce serait apocryphe.
Décidément, si le fait est établi par les tri
bunaux, il faudra considérer le faux comme
un procédé gouvernemental à l’usage de cer
tains républicains.
Nous regrettons que nos confrères de
Valence se soient laissés prendre à un piège
aussi grossier. A la Marseillaise, on nous
a apporté également des adresses de pré
tendus employés de commerce, mais com
me les suppôts de la police avaient oublié
de fabriquer des signatures, et que le do
cument qu’ils nous confiaient était vierge
de noms, nous avons tout simplement
montré la porte aux ignobles policiers.
Quant à la Patrie, qui a la sottise d’a
jouter que le faux est un procédé gouver
nemental, nous la renvoyons au Français
et à la correspondance du Times.
LE JOURNAL OFFICIEL
Par décret du président de la Républi
que, sont nommés :
Préfets :
Meurthe-et-Moselle. — AL Delorme (Achille),
préfet de la Haute-Garonne, en remplace
ment de Al. Gigot, mis en disponibilité sur sa
demande.
Haute-Garonne. — M. le baron de Behr,
ancien préfet, en remplacement de M. De
lorme, nommé préfet de Meurthe-et-Moselle.
Somme. — M. le baron de Cardon de San-
drans, ancien préfet, en remplacement de M.
de Toustain du Manoir, appelé, sur sa de
mande, à d’autres fonctions.
Sous-préfets :
Drôme. — M. le baron de Bar, secrétaire
général de l’Isère, à Montélimar, en remplace
ment de M. Touchebœuf, nommé secrétaire
général de l’Isère.
Aveyron. — M. Chartier, sous-préfet d’Am-
bert, à Villefranche, en remplacement de M. de
La Loyère, mis en disponibilité sur sa de
mande .
Puy-de-Dôme. — Al. Gey, chef de cabinet
de préfet, à Ambert, en remplacement de M.
Chartier, nommé sous-préfet de Villefranche.
M. Moignon, ancien conseiller de préfecture,
à Issoire, en remplacement de M. Pissis, mis
en disponibilité sur sa demande.
Finistère. — Al. d’Urville de la Londe, an
cien sous-préfet, à Châteaulin, en remplace
ment de M. de Tilly, non acceptant.
Deux-Sèvres, — M. Paul Lestrade, ancien
attaché au ministère de l’intérieur, à Melle, en
remplacement de M. Le Pommelec, qui reçoit
une autre destination.
Aube. — M. Delcer (Léon), ancien chef de
cabinet de préfet, à Arcis-sur-Aube, en rem
placement de Al. Lugagne, mis en disponi
bilité.
Allier. — M. Stouls, sous-préfet de Blaye, à
La Palisse, en remplacement de M. le comte de
Butler, non-acceptant.
Gironde. —M. le baron duRepaire(Edouard),
à Blaye, en remplacement de AL Stouls, nom
mé sous-préfet de La Palisse.
Vosges. — M. Chenest, conseiller de préfec
ture du Lot, à Mirecourt, en remplacement de
M. Coffinier, non acceptant.
Hérault. — M. Faure de la Ferrière, con
seiller de préfecture de l’Ariége, à Saint-Pons,
en remplacement de M. de Peyronnencq, nom
mé sous-préfet de Moissac.
Tarn-et-Garonne. ■— M. de Peyronnencq,
sous-préfet de Saint-Pons, à Moissac, en rem
placement de M. Bellot des Minières, nommé
sous préfet de Philippeville (Algérie).
Secrétaires généraux.
Haute- Garonne. — M. Sabatié-Garat, an
cien sous-préfet, en remplacement de AL Lau-
rens (Paul).
Isère. —Al. Touchebœuf, sous-préfet de Mon
télimar, en remplacement de M. le baron de
Bar, nommé sous-préfet de Montélimar.
Yonne. — AL Grouvelle, ancien magistrat,
en remplacement de M. Barbier, appelé, sur
sa demande, à d’autres fonctions.
Loire. — M. Genest, secrétaire général de la
Haute-Marne, en remplacement de M. Bossu,
appelé à d’autres fonctions.
Haute-Marne. — M. d’Anfreville, conseiller
de préfecture du Lot, en remplacement de M.
Genest, nommé secrétaire général de la Loire.
Conseillers de préfecture
Corse. — M. Pitti-Ferrandi, secrétaire du
conseil général de la Corse, en remplacement
de M. Elisi de Saint-Albert, qui reçoit une au
tre destination.
M. Flach, avocat, en remplacement de M. Ca-
zalis, appelé à d’autres fonctions.
Eure-et-Loir. — M. Perronne, licencié en
droit, chef du cabinet du préfet d’Eure-et-Loir,
en remplacement de AL Dornau, nommé se
crétaire général de la Meuse.
Jura. — M. Purnot, ancien sous-préfet, en
remplacement de M. Assézat de Bouteyre, pré
cédemment nommé sous-préfet de Montfort.
Nord. — M. Derbigny, ancien conseiller de
préfecture, en remplacement de M. Pichon.
Par décret en date du 12 juin 1877, M. Belot
des Minières, sous-préfet de Moissac, a été
nommé sous-préfet de l’arrondissement de
Philippeville, département de Constantine, en
remplacement de M. Choisnel, admis à faire
valoir ses droits à la retraite et nommé sous-
préfet honoraire.
L’Opinione, parlant de la situation de la
France, s’exprime de la manière suivante :
« L’acte accompli par le maréchal de Mac-Ma
hon n’est une menace pour aucun État étran
ger. Les cléricaux qui sont au pouvoir sont
forcés de montrer une grande modération et
te sentent plus faibles qu’ils ne le disent. Nous
croyons que,s’ils le pouvaient, ils déclareraient
la guerre à l’Allemagne et à l’Italie, mais la
situation politique de l’Europe les force à
suivre une politique prudente. Du reste, la
France a le bonheur de ne pas pouvoir suppor
ter le cléricalisme. Elle n’en veut pas, et lors
qu’il se croit le maître, un coup subit le ren
verse. Les fils de Voltaire ne restent pas
longtemps les disciples de Saint-Ignace.
On écrit de Berlin à la Gazette de Magde-
bourg :
« Très probablement M. de Bismarck n’ira
pas à Varzin, cette résidence éloignée rendant
difficile ses relations personnelles avec les am
bassadeurs allemands et étrangers, devenues
indispensables en ces derniers temps. En quit- 1
tant Kissingen, le prince s’arrêtera, par con
séquent, pour un certain temps, quelque part
dans l’Allemagne du Sud, par exemple dans
les hautes montagnes de la Bavière, et il ne
retournera à Varzin que lorsque les affaires
d’Orient se seront assez débrouillées pour ne
plus exiger des entretiens personnels, comme
actuellement et pendant plusieurs semaines
encore.
Les journaux bavarois annoncent qu’ensuite
des attaques dirigées récemment contre le
gouvernement de l’Allemagne et surtout de
l’expression : Attila allemand, dont on s’est
servi, la municipalité de Munich a défendu la
procession projetée en l’honneur du jubilé de
Pie IX dans les rues de la capitale. Elle a
également refusé l’autorisation à la proces
sion que, depuis 1871, les Sociétés catholiques,
sous la conduite de M. Sigl, font tous les ans
au village de Berg-am-Laim.
Mocquard et les Fould, quelle collection, quel
bouquet de vertus modestes! Tous des violet
tes, n’est-il pas vrai ?
Après ce trait il n’y a plus qu’à tirer l’é
chelle. Le livre est jugé, et l’homme aussi.
On retire parfois, dit-on, des perles du fu
mier ; il y a aussi des enseignements à retirer
de ces mensonges.
Les étrangers, les compatriotes de l’homme
à gages qui a écrit cette ordure, ne sont pas
les derniers à les y voir. Laissons parler
l’Athenæam de samedi :
« Il y a, dit-il, bien des traits dans le der
nier volume de M. Jerrold, qui ont un rapport
direct avec ce qui se passe actuellement en
France. M. Jerrold, qui écrivait avant que le
cabinet Simon eût été congédié, décrit les évé
nements de l’automne de 1849 dans des termes
qui pourraient s’appliquer à l’acte du maré
chal ; — « Le prince (c’est Badingue) prit la
résolution, non-seulement de se séparer de
conseillers tièdes et peu sympathiques, mais
de rompre audacieusement avec les chefs
(leaders} de la majorité; et il chargea deux
hommes qui lui étaient personnellement dé
voués de former un ministère. »
L’analogie est évidente. Je ferai cependant
une question. Les deux hommes, que le maré
chal retour de Selan a chargés de former un
ministère, sont-ils aussi dévoués à sa personne
que les deux, dont il est question, l’étaient à
l’échappé de Ham ?
Peut-être M. d’Aumale pour le duc de Bro-
glie, et Oreillard IV pour M. de Fourtou, se
raient-ils plus en état de répondre à cette
question que le duc de Magenta lui-même.
Quoi qu’il en soit, il est curieux de compa
rer le message présidentiel du 31 octobre
1819 avec le dernier message de M. Mac-Mahon
à l’Assemblée. Même désir de protéger la Ré
publique contre les mauvaises passions et l’a
narchie ; même expression de regret pour des
tentatives de compromis qui n’ont abouti qu’à
de plus larges différences ; même résolution
de substituer son appréciation personnelle à
celle du pays, et de prendre en main le rôle de
sauveur.
Sauveur de quoi? De l’Etat, sans doute, de
la patrie, de la société! — Grandes choses qui
prospéraient tout à l’heure, et qui ne sont en
danger que depuis qu’on les sauve.
On raconte que des individus musculeux et
bons nageurs jettent de temps à autre des
passants à la Seine, pour les en retirer en
suite, et réclamer la prime. Ne serait-ce pas
aussi la prime de sauvetage que ces sauveurs
veulent sauver? Ils risquent, sans doute, de
noyer le passant, qui est la France, et de ne
retirer qu’un cadavre. Mais les affamés n’y
regardent pas de si près, et qu’est-ce que la
destinée d’un peuple devant les appétits de
leur estomac?
Décidément cette histoire de M. Blanchard
Jerrold est à lire et à méditer. Quelque odeur
qu’exhalent le héros et son historien, quelque
écœurant que soit l’air qui circule à travers
ces pages, quoiqu’on y sente à chaque ligne le
souffle fétide de cette fille de sacristie que le
neveu du brigand de Brumaire associa à ses
crimes, il y a dans ce livre des choses qu’il
est, aujourd’hui plus que jamais, opportun de
rappeler.
Lisez la période de 1848 à 1850, et comptez
les attendrissements de Louis Napoléon à l’as
pect de la République qui lui rouvre les portes
de la France et le reçoit fraternellement sur
son sein, qu’il se prépare à poignarder. Comp
tez les assurances spontanées, les serments
volontaires, les déclarations d’amour, les pro
fessions de foi enthousiastes, sans compter ce
serment solennel dont Armand Marrast prit à
témoin un Dieu qui, s il n était pas sourd, au
rait dû, sous peine d’être Satan lui-même,
foudroyer sur-le-champ l’audacieux parjure.
Et puis, songez au 4 décembre !
Loin de moi la pensée d’élever un soupçon
sur la pureté des intentions de celui qui, pour
le quart d’heure a, en France, un gouverne
ment à lui ! Loin de moi le désir présomp
tueux de faire entendre dans le concert eu
ropéen une voix discordante : personne en
Europe ne met en doute la parole du maré
chal ; le maréchal lui-même l’a affirmé, après
information sans doute, après s’être assuré
que chacun,— y compris moi qui suis en
Europe tout comme lui, — croit en lui ni plus
ni moins qu’en l’Evangile.
Mais la France n’a pas besoin de sauveur,
elle saura bien se sauver toute seule.
Elle se sauvera en même temps de cette
tourbe de préfets, sous-préfets, procureurs et
juges qui, au coup de baguette de Durangel,
se sont abattus sur tout le territoire en bran
dissant les circulaires Fourtou. Et pour cela,
elle n’aura pas besoin, la France, de rempla
cer la légalité par la force, la justice par le
chassepot; elle n’emploiera ni soldats ivres ni
canons bourrés de mitraille ; elle ne tuera ni
vieillards, ni enfants à la mamelle de leurs
mères; il ne lui faudra qu’un petit papier
glissé dans une urne, au jour des élections.
Ils voudraient faire croire que la France a
besoin d’autres armes. C’est avoir une trop
haute idée de vous-mêmes, messieurs, et la
naïveté, décidément, est trop forte.
L’honorable Bonnet-Duverdier est accusé,
que dis-je, est condamné, parce qu’il aurait
fait le geste de coucher en joue je ne sais
quelle invisible idée flottant au fond d’une
salle, et représentant aux yeux visionnaires
d’un mouchard trop poétique le président de la
République. De bonne foi, croyez-vous le pré
sident du conseil municipal de Paris si fou ?
Le rire et l’indignation se partagent l’esprit ;
mais après tout — et c’est ce qui vous déplaît,
messieurs — le rire l’emporte, et l’on dit de
ces méchantes tentatives quelles sont réel
lement trop bêtes.
Un homme se pend ; je coupe la corde, et
cet homme m’accuse d’avoir voulu l’assas
siner.
Cela ne se voit guère dans la vie ordinaire ;
mais, en politique, cela se voit tous les jours.
Laissons donc les gens se suicider en paix ;
mais, l’opération faite, mettons les scellés sur
leurs dépouilles, car il est de par le monde des
intrigants qui voudraient changer la chaise du
président en un trône de roi, et un im-
bécille entouré de coquins qui espère hériter
du chapeau du maréchal, pour s’en faire un
bonnet d’âne d’empereur.
H.-G. Bernard.
LES ÉLECTIONS MUNICIPALES A ROME
On lit dans l’Italie, du 11 :
Ce matin, à 8 heures, lorsque les électeurs
libéraux se sont rendus aux salles de vote; ils
ont constaté qu’ils ne s’étaient pas levés assez
tôt.
Les catholiques, fidèles à la consigne reçue,
étaient déjà là, en masse, attendant comme un
seul homme, et de pied ferme, l’arrivée de
leurs adversaires.
Quelques regards obliques et menaçants ont
été échangés de part et d’autre ; on s’est me
suré, on s’est compté rapidement ; après quoi,
sans inconvénients, sans désordres, on a pro
cédé à la nomination des sièges présidentiels.
La victoire est restée aux catholiques :
vingt-trois sièges ont été enlevés par eux sans
coup férir, les sept autres sont restés aux libé
raux; mais, là aussi, les libéraux n’ont rem-
orté qu’une victoire incomplète; s’ils ont eu
e président, ils ont dû supporter le secrétaire
ou tout au moins un scrutateur du parti con
traire.
Avouons que les catholiques ont su bien
faire les choses ; ils se sont montrés plus dis
ciplinés que les libéraux. Quand le mot d’or
dre est donné, ils obéissent pour le moment et
ce avec un ensemble parfait. La constitution
des sièges électoraux ne peut certainement
pas avoir d’influence sur le résultat final du
vote; cela n’a pas empêché cependant de jeter
l’alarme dans le clan libérel.
Les membres les plus zélés de ce parti se
sont répandus dans la ville, courant à droite
et à gauche à la recherche des amis indolents
pour les traîner sans pitié aux urnes.
Ces élections auront un avantage : celui de
nous faire connaître au juste combien le parti
catholique compte d’adhérents à Rome. Nous
le saurons « au juste », parce que tous, sans
exception, ont fait leur devoir.
Tous les journaux de Rome, sans exception,
constatent le même fait. Ils ne peuvent pas
encore donner le résultat des élections, mais
nous trouvons deux dépêches à ce sujet dans
la Gazette d’Italie et dans la Gazette de Turin
du 12.
Voici la dépêche de la Gazette d’Italie :
« Rome, 11 juin.
» Aujourd’hui a été proclamé le résultat des
élections d’hier. Tous les candidats de là liste
libérale, gouvernementale, ont triomphé. Le
dernier candidat de cette liste a obtenu A, 576
voix : le prince Borghèse, qui venait le pre
mier de la liste cléricale, n’en a obtenu que
3,472. »
La dépêche de la Gazette de Turin est ainsi
conçue :
« Election administrative — victoire écla
tante — la liste libérale triomphe de la liste
cléricale avec une majorité de plus de 2,000
voix. »
LETTRE D’ANGLETERRE
(Correspondance particulière)
12 juin 1877.
Les affaires da France, occupent beaucoup
les esprits. Il serait intéressant de résumer
l’opinion de la presse et du public sur ce su-
j et. On verrait que la conduite du maréchal
qui s’est illustré par ses défaites devant létran-
ger et ses victoires sur ses compatriotes, est
appréciée, ici, avec les mêmes sentiments qu’en
France; que le jeu des Fourtou et des de Bro-
glie est percé à jour, et que le Journal des
Débats n’avait pas besoin d’afficher sur. 3 mi
nistère l’étiquette immoralité pour qui a sût
parfaitement, en Europe, combien les belles
âmes de ces politiciens d’aventures sont étran
gères à toute autre notion.
Malheureusement, il serait téméraire d’en
treprendre. cette tâche, si juste et si utile
qu’elle soit. La Marseillaise a déjà subi assez
de condamnations pour son compte ; il est su
perflu d’attirer sur elle d’autres orages en re
produisant ce qui se dit et s’écrit ici couram
ment. Chose pénible à constater ! La vaste ap
titude du chef de l’exécutif à conduire les af
faires rencontre des incrédules. Quant à ses
amis et à ses ministres actuels, ce qui s’im
prime en un jour sur leur compte a bien, je
dois le confesser, quoi qu’il m’en coûte, toutes
les marques de la vérité la plus palpable, mais
suffirait pour fournir toute la presse républi
caine de France de procès pendant quinze
jours.
Puisque, dans les temps étranges que nous
traversons, on ne peut parler ni de AL Four
tou, ni de l’académicien de Broglie, ni même
de l’homme qui dit « mon gouvernement »,
sans parler politique, et qu’un honnête homme
ne saurait parler politique sans trouver des
juges pour le mettre en prison et lui prendre
son argent, parlons un peu littérature.
M. Blanchard Jerrold vient de publier le
quatrième volume de son histoire badingouine :
The life of Napoléon the Third.
Il y a une opinion commune en Angleterre :
c’est qu’aucun historien français n’est exact,
ni même impartial. Il serait difficile, en effet,
de trouver, depuis Coquille jusqu’à Granier
père, un plus bel exemple d’exactitude et d’im
partialité que celui qui nous est offert par
l’anglais Blanchard Jerrold...
Savez-vous ce que, sous la plume de ce fa
vori de l’Espagnole, devient le sombre coquin,
qui, après avoir médité le coup pendant toute
sa vie, égorgea une belle nuit toutes nos liber
tés et nous traîna pendant vingt ans, à travers
le sang et la boue, jusqu’au cloaque de Sedan,
où, du moins, il n’a pu engloutir, à son regret,
ni le nom ni l’honneur de la France? — Ce
sinistre bandit couronné, la plus noire figure,
la conscience la plus tortueusement criminelle
qui ait souillé l’histoire depuis les Borgia, —
et je ne sais si ceux-ci méritent bien l’outrage
d’une telle comparaison, — ce type qui com
binait tous les vices, tous les crimes, toutes les
bassesses et toutes les cruautés pour en com
poser l’ensemble hideux qui est l’idéal de
l’Empereur moderne, — l’anglais B. Jerrold
l’appelle « un homme innocent et confiant ! »
Il était, dit-il, entouré d’hommes « candides et
sincères ». O candeur de Fialin! Sincérité de
Maupas!... Leroy, qu’on appela Saint-Arnauld,
n’était-il pas un bon jeune homme? Les Fleu
ry, les Morny, les Magne et les Magnan, les
Une dépêche arrivée ce soir et confirmée
par les renseignements transmis par le mi
nistère, annonce qu’un corps de 60,000
Russes qui avait essayé de forcer le passa
ge du Danube à Silistrie, a été repoussé
après avoir subi des pertes considérables.
Ce serait le commencement des actions
militaires, et ce début ne serait pas favora
ble aux Russes. Il ne s’agirait plus ici, si
le fait se confirme, d’une simple démons ¬
tration, car le chiffre des combattants est
trop important pour que cette hypothèse
soit admissible, mais d’une action impor
tante qui se serait terminée par un échec
grave pour l’armée envahissante. Au reste,
il ne faudrait pas s’empresser de conclure
trop vite non plus, car, on l’a prévu du
reste, cette tentative ne restera pas isolée
et elle va être suivie d’autres opérations si
multanées.
On peut être étonné que les Russes aient
choisi pour prélude à leurs opérations, une
tentative dirigée sur Silistrie, qui est une
des places les mieux fortifiées du quadri
latère turc et qui, pendant la guerre de
1828 et en 185/, opposa une résistance des
plus énergiques au prince Paskiewick et
au prince Gortschakoff, si nous avons
bonne mémoire. Les Russes paraissaient
avoir renoncé à l’idée d’opérer de ce côté ;
il n’en serait rien, d’après les nouvelles de
ce soir et dans ce cas, leur échec paraîtrait
assez vraisemblable.
Ce qu’il y a de plus important à retenir
dans cette nouvelle, c’est qu’elle marque
véritablement le début de la période active
de la guerre sur le Danube.
On annonce de Bucarest, que deux ca
nonnières turques qui étaient retenues
dans le canal de Matchin, viennent de s’é
chapper. Il paraît aussi, d’après des nou
velles venues de Bucarest, que, au mépris
de la convention qui interdisait le passage
de cette dernière ville aux troupes russes,
celles-ci traversent librement la ville et y
établissent des dépôts. Il est certain, mal
gré les télégrammes intéressés, que la
froideur s’accentue entre les Russes et la
population roumaine.
Le prince Gortschakoff, a reçu hier des
déléguésbulgares, il leuraprésentéle prince
Czerkawski comme gouverneur futur de la
Bulgarie, et a déclaré que dès que le Da
nube serait franchi, on procéderait à l’orga
nisation du pays sur la base : 1° du réta
blissement de l’autonomie communale ;
2° l’institution de cercles d’intendance mi
litaires pendant la guerre, et 3° adminis
tration temporaire par des fonctionnaires
russes.
C’est aller un peu vite en besogne et
même, après les victoires de l’armée russe,
il est probable que l’Europe devra interve
nir,lorsqu’on procédera à un arrangement
définitif.
En Asie, l’armée turque s’est concentrée
en avant d’Erzeroum, dans une position
qui commande la route de cette dernière
ville, et elle reçoit d’Europe des renforts
nombreux. Les Russes n’en sont pas moins
à Olti, et, d’après la situation respective
des armées, lorsque leur marche en avant
recommencera, ils se heurteront forcément
à l’armée commandée par Moukhtar-Pa-
cha. Un léger engagement aurait déjà eu
lieu à Olti entre les avant-gardes russes et
des tcherkesses de l’armée turque.
On n’a pas de nouveaux détails sur les
opérations dans le Monténégro, mais les
dépêches de Saint-Pétersbourg reconnais
sent la défaite des Monténégrins, qui ont
perdu plus de six cents hommes, et qui ont
dû se retirer partout devant l’armée
turque.
——============---—
LA PETITE GUERRE
Vous vous souvenez, sous l’Empire,
chaque fois que le gouvernement était à
la veille d’engager quelque grosse partie-
hasardeuse, chaque fois qu’il s’agissait
de faire avaler au pays quelque forte pi
lule, une brochure paraissait...
Longtemps annoncée, prônée à l’a
vance par les feuilles policières , cette
brochure faisait toujours événement.
Elle se présentait comme devant résu
mer la question, l’éclairer, se mettre à
la portée de toutes les intelligences. Cou
rant au-devant des objections, elle les
pulvérisait, n’en faisait qu’une bouchée.
Anonyme, toujours !... Cela lui don
nait un petit air mystérieux qui forçait
la vente. Il n’était pas défendu d’ail
leurs, de chercher à soulever le voile
derrière lequel se cachait l’écrivain.
L’indiscrétion sur ce point était permise
à la presse. Pour la circonstance, la ri
gueur ordinaire des lois se relâchait...
— C’est le prince Napoléon ! disait
l’un.
— Mieux que cela ! disait l’autre.
— L’Empereur, peut-être?
— Eh! eh!...
On ne disait pas non. Les mieux ren-
seignés affirmaient :
— C’est M. de La Guéronnière!
C’était, paraît-il, en effet, M. de La
Guéronnière !...
*"*
Ce qu’il en a écrit de ces brochures,
ce pauvre M. de la Guéronnière, ce que
sa plume de courtisan en a craché de ces
mensonges!... Dentu seul pourrait le
dire !...
-"s
L’Empire avait tellement avili, ridi
culisé le procédé, qu’il était présumable
qu’à l’avenir, aucun gouvernement n’o
serait plus jamais s’en servir comme
moyen d’action sur l’opinion publi
que...
Ah ! certes, beaucoup de façons gou
vernementales empruntées au régime de
Décembre ont été remises en œuvre de
puis sept ans, mais remarquez ceci:
nous n’avions plus revu le coup de la
brochure
M. de la Guéronnière avait-il emporté
le secret dans la tombe ?
***
Non, car de nouveau voici le coup de
la brochure!
Depuis huit jours, on nous l’annon
çait. Anonyme, comme les brochures de
la Guéronnière, portant comme les bro
chures de la Guéronnière un titre à
grand tralala : Le maréchal devant la
France !... Elle a paru !...
Le format est le même. La forme est
.a même. L’auteur procède comme tou
jours par alinéas courts et rapides, vi
sant à l’effet :
« La question est nettement posée.
LA MARSEILLAISE
15 JUIF
milliers de mécontents qui songent au
jour de la revanche... et elle est proche,
sachez-le bien !...
Restez !... mais,je vous le répète,vous
n’y êtes plus ! plus du tout !
THOMAS VIRELOQUE.
============ ==== ==== I
Le Gaulois publiait hier la note sui
vante :
On nous annonce qu’une révolution impor
tante se prépare au journal le Soir. (
La rédaction actuelle céderait la place à l’an
cienne rédaction du Salut, composée, comme
on sait, de MM. Clément Duvernois, Lara-Mi-
not, de Maugny, etc.
M. Vührer resterait directeur du Journal
transformé.
Les deux nouveaux rédacteurs annoncés
sont : MM. Clément Duvernois et Lara-
Minot.
M. Clément Duvernois est l’ancien mi
nistre de l’Empire qui a été condamné à
deux ans de prison pour escroquerie, il
sort de Poissy.
Quant à M. Lara-Minot, il y a une couple
d’années, il eut quelques démêlés avec le
chemin de fer de l’Ouest, au sujet d’un
permis de circulation accordé par l'admi-
nistration à ce personnage, quand il était
secrétaire rédacteur à l'Assemblée. Ces
fonctions ayant été retirées à M. Lara-Mi-
not, l’histoire ne nous dit pas pourquoi, il
continua à voyager avec son permis qui
cessait alors d’être valable.
Le dénouement de cette affaire eut lieu
en police correctionnelle également.
Notons, que d’après nos renseignements,
le Soir devient pour quatre mois le jour
nal officiel de la présidence. Ces deux es
timables messieurs sont donc appelés à
soutenir la politique de l’Elysée.
Nous demandons la grâce de Gabriel
Hugelmann et du capitaine Grimai, qui
sont eux aussi deux journalistes; ils man
quent à la rédaction du Soir ; il faut qu’ils
en fassent partie le plus vite possible.
===============--—— -
Voici comment un renseignement offi
cieux nous fait l’historique de la grève de
Nœux :
La grève de Nœux est en voie d’apaisement ;
quelques arrestations ont dû être faites. Le
tribunal correctionnel a condamné hier un des
grévistes à dix-huit mois de prison, quatre à
un an, un à dix mois, deux à six mois.
Les feuilles élyséennes ne seront pas en
core satisfaites et rappelleront que les fu
sillades d’Aubin et de la Ricamarie apai
saient plus sérieusement les grèves.
Pour nous, la communication de l’a
gence Havas nous fait songer que l’ordre
régna jadis à Varsovie.
S T FORMAT IONS
Le ministère de colère se réunira tous les
jours à l’Elysée pour arrêter, modifier et re-
fire les plans de la bataille qu’il se propose
de livrer samedi à la Chambre et au Sénat.
Un petit mouvement sous-préfectoral s’éta
lait ce matin en tête de l’Officiel (ce n’est pas
le dernier, oh! non !)
Mais, M. Oscar Hardy de Fourtou de Ribérac
s’est enfin ému des nombreuses démissions des
fonctionnaires qu’il a récemment nommés et
pour éviter de se faire plus longtemps moquer
de lui, le ministre provisoire a résolu de n'en-
voyer au Journal officiel les noms de ses élus
qu'après leur installation dans les départe
ments.
Un journal de la faction élyséenne publiait
hier cette information :
« L’intention de M. Caillaux avait été de
demander à être entendu aujourd’hui par la
commission du budget.
« L’honorable ministre des finances voulait
insister sur la nécessité, pour la Chambre des
députés, de voter le contingent des quatre con
tributions directes avant la session des conseils
généraux.
« Mais, après avis de ses collègues, M. Cail
laux a renoncé à ce projet.
« Le gouvernement entend laisser à la
Chambre toute la responsabilité des décisions
à intervenir à propos du budget. »
Nous répondrons au gouvernement qu'effec-
tivement la Chambre ne craint aucunement de
prendre toute la responsabilité de ses déci
sions.
Les différents groupes de la gauche se sont
réunis hier dans le local ordinaire de leurs
séances ; la discussion a porté, principalement,
sur le compte de liquidation, sur l’interpella
tion qui sera portée à la tribune le jour de
de la rentrée, et l’ordre du jour dont elle sera
suivie.
La grande majorité des députés républicains
paraît disposée à voter le compte de liquida
tion, afin de ne laisser en souffrance aucun des
services qui dépendent du budget de la guerre
ou du budget de la marine; toutefois aucune
résolution définitive n’a été prise, en raison du
petit nombre de députés qui ont, jusqu’à pré
sent, pris part aux délibérations.
Dans la réunion du centre gauche, la ques
tion de l'interpellation eet de l'ordre du jour a
été longuement discutée. Plusieurs députés ont
émis cette opinion que chaque groupe devait,
par un de ses membres, prendre part au débat,
afin de bien montrer an pays et en même temps
aux adversaires de la République que toutes
les nuances du parti républicain ne faisaient
plus qu’un tout homogène, un grand parti ré
gula à défendre la République et à maintenir
la paix au dehors.
Les bureaux des quatre groupes de la gauche
se réuniront aujourd'hui à 9 heures du matin,
dans une des galeries Nadar, rue d’Anjou-
S tint-Honoré, afin d’arrêter la rédaction défi
nitive de l’ordre du jour de défiance contre la
politique du ministère. On nous apprend que
la rédaction suivante est proposée et qu’elle
sera très probablement adoptée :
« La Chambre des députés, considérant que
la politique du cabinet actuel a déjà été con
damnée par, le pays, que ses derniers actes
n’ont fait qu’accentuer sa politique anti-répu
blicaine et anti-libérale, déclare qu’elle ne
peut lui accorder sa confiance et passe à l’or-
dre du jour.
On nous apprend que dans la réunion des
bureaux des gauches du Sénat qui a eu lieu
hier chez M. Emmanuel Arago, la majorité des
membres présents a engagé M. Bérenger a re
noncer à son interpellation; le sénateur de la
Drôme se serait rendu aux raisons que ses
amis politiques ont fait valoir.
La commission du budget se réunira aujour-
d’hui en assemblée générale pour entendre le
ministre de la guerre au sujet du compte de
liquidation.
Nous annonçons plus haut que AL Clément
Duvernois, doublé de Al. Lara-Minot, vient de
prendre la direction du Soir, destiné à deve ¬
nir un organe officieux. Il n’est pas inutile
d’ajouter que cette négociation a été entreprise
et menée à bien par un des hommes les plus
marquants et les plus habiles du parti bona
partiste, AL de Saint-Paul, ancien secrétaire
général du ministère de l’intérieur sous l’Em-
pire et qui pendant longtemps a été le minis-
tre effectif. M. de Saint-Paul avait toujours
gardé à la présidence d’excellentes relations,
qui lui ont permis de mettre M. Duvernois en
rapport avec un personnage de la présidence
qui, sans faire partie officiellement du gou
vernement, a exercé une action importante
sur les résolutions prises ces derniers temps.
Ce personnage — d’après des informations que
nous avons tout lieu de croire exactes — au
rait témoigné beaucoup de sympathie à M. Du
vernois et lui aurait fait entrevoir, en échange
des services qu’il pouvait rendre, la possibilité
de revenir peut-être sur son jugement.
Les brochures sur M. de Mac-Mahon, que l’on
veut faire accepter à tout prix comme le sau
veur nécessaire, vont se succéder. A côté de
celle dont nous parlions hier, on va bientôt
faire paraître une petite plaquette de format
exiguë qui contiendra la biographie du maré
chal, depuis la prise d’Alger, qui marque le
début de sa carrière, jusqu’à la prise de Sedan,
par les Prussiens.
Celte brochure sortira comme la dernière
des presses de AL Dalloz, directeur du Moni
teur universel, dont on se rappelle la brusque
volte-face, que l’on commence à comprendre,et
aura pour auteur, M. Gustave Claudin.
Le baron Baude, ambassadeur de France
près le Vatican, serait maintenu à son poste
provisoirement.
Il paraît que deux membres influents du
parti légitimiste au Sénat auraient exigé cette
nouvelle concession du gouvernement du ma
réchal.
C’est égal, M. le baron Baude pourrait bien
ne pas attendre longtemps la fin de ce provi
soire.
On a annoncé que le général Chanzy, ve
nant de Marseille, serait arrivé à Paris mer
credi matin à 8 heures.
On invitait même le gouverneur de l’Algé
rie à ne pas regagner son poste avant que la
dissolution ne soit résolue dans un sens ou
dans l’autre.
D’autre part, un journal prétend que le gé
néral Chanzy est toujours à Alger, et que ce
serait le passage de Mme Chanzy à Marseille
qui aurait donné lieu à l’inexactitude de cette
nouvelle.
AL Dufaure, dans les nombreux entretiens
qu’il a eus depuis plusieurs jours avec ses
amis, s’est prononcé très nettement contre la
dissolution ; il la considère comme étant con
traire aux intérêts du pays et à l’esprit de la
Constitution. Il n’a pas laissé ignorer qu’il
avait l’intention de prendre la parole dans la
discussion.
Les ouvertures faites par le gouvernement
aux membres du centre gauche le moins avan
cé, ont complètement échoué, et M. Mathieu
Bodet a été chargé de déclarer aux ministres
qu’en aucun cas son groupe ne s’isolerait de
l’union intime des trois gauches.
On lit dans l'Indépendant de Loir-et-Cher :
M. le général Riffault, qui, comme on le sait,
fait partie du groupe constitutionnel du Sénat,
a déclaré, en réponse à la demande, qui lui
était adressée, au nom d’un groupe important
d’électeurs d‘Ouzouer-le-Marché, qu’il ne vo
tera pas la dissolution.
L’attitude et le langage de MM. Louis Blanc
et Floquet, à la réunion qui s’est tenue hier
chez Al. Arago, ont été fort remarqués.
C’est un symptôme de plus de l’accord ab
solu qui existe entre tous les organes de la
gauche et un gage assuré de la victoire défi
nitive.
A1M. de Nadaillac et de Nervo trouvent de
nombreux imitateurs.
Voici ce qui s’est passé dans la Drôme, qui a
M. Lavauden comme préfet :
« Vendredi, par ordre supérieur, une mal
heureuse marchande de journaux de Tain, qui
commettait le crime de vendre les journaux
républicains, a été emmenée entre deux gen
darmes à la gendarmerie où elle a reçu les
plus sévères admonestations.
» Son mari, colporteur régulièrement auto
risé, a dû faire renouveler sa permission sur
les données indiquées par les paroles suivantes
du préfet de la Drôme :
« Vous pouvez obtenir une autorisation,
» mais à là condition que vous ne vendrez que
» les journaux permis par l’administration. »
On nous écrit de Châteauneuf-sur-Loire :
» M. le préfet du Loiret, dont on connaît
bien les ti ndances, vient de retirer sans ex
plications et sans motifs l’autorisation qu’il
avait donnée lui-même à de pauvres colpor
teurs, — ils avaient le tort de vendre sous la
République d’honnêtes journaux républicains
qui leur étaient demandés. Vains efforts! —
Le mot d’ordre est donné et bien donné, —
la loi des majorités est la règle de tous les
gouvernements parlementaires : — Réélec
tion assurée sur toute la ligne !
Nous, préfet de Lot-et-Garonne, chevalier
de la Légion d’honneur,
Vu l’article 6 de la loi du 27 juillet 1849,
Vu les instructions ministérielles en date du
k juin courant,
Arrêtons :
Art. 1er. — A partir du 1 er juillet prochain,
toutes les permissions de colportage actuelle
ment existantes et délivrées ou visées par la
préfecture de Lot-et-Garonne, seront considé
rées comme nulles et non avenues.
Art. 2.— Toute personne désireuse de se
livrer, après cette date, au colportage d’écrits,
devra nous adresser une demande en temps
utile, soit directement pour l’arrondissement
d’Agen, soit par l’intermédiaire des sous-pré
fets pour les autres arrondissements.
Art. 3. — MM. les sous-préfets, maires, offi
ciers et commandants de brigade de gendar
merie sont chargés, chacun en ce qui le con
cerne, de l’exécution du présent arrêté, qui
sera inséré au Recueil des actes administratifs
de la Préfecture.
Agen, le 6 juin 1877.
Le préfet de Lot-et-Garonne,
Ch. Aylies.
Révoquez, révoquez, messieurs les ministres
de caprice, il en restera toujours quelque
chose :
On annonce la révocation de Al. Huguet, sé
nateur républicain, de ses fonctions de maire
de Boulogne, pour s’être associé à une mani
festation contre le gouvernement du maréchal.
Encore un maire que la chose n’attristera
pas plus quelle ne le surprendra :
La révocation de M. René Goblet, maire
d’Amiens, est chose décidée.
L Officiel publiera la semaine prochaine
cette révocation avec plusieurs autres.
, M. de Cumont... non, M. Brunet (Joseph),
l’Espoir de la Corrèze, vient de décider que
tout étudiant qui se joindrait à une manifesta
tion quelconque, soit par des actes, soit en ap
posant sa signature sur une adresse politique,
seraitîmmédiatement rayé des listes des écoles.
Une dépêche reçue de Darmstadt annonce
que le grand-duc Louis III de Hesse est mort,
aujourd’hui, à dix heures et demie.
On assure que le général Cialdini, ambassa
deur d’Italie, sera de retour, aujourd’hui, à
Paris.
Voici le bulletin de la santé de Al. Edmond
Adam, d’aujourd’hui) rédigé par MM. Clavel
et Déclat, ses médecins :
« Pas plus mal. Etat toujours très grave. »
On lit dans la Patrie :
L’Union républicaine, de Valence, et le
Journal de Valence sont poursuivis pour la
reproduction d’une adresse des négociants de
Valence au président de la République. La
pièce serait apocryphe.
Décidément, si le fait est établi par les tri
bunaux, il faudra considérer le faux comme
un procédé gouvernemental à l’usage de cer
tains républicains.
Nous regrettons que nos confrères de
Valence se soient laissés prendre à un piège
aussi grossier. A la Marseillaise, on nous
a apporté également des adresses de pré
tendus employés de commerce, mais com
me les suppôts de la police avaient oublié
de fabriquer des signatures, et que le do
cument qu’ils nous confiaient était vierge
de noms, nous avons tout simplement
montré la porte aux ignobles policiers.
Quant à la Patrie, qui a la sottise d’a
jouter que le faux est un procédé gouver
nemental, nous la renvoyons au Français
et à la correspondance du Times.
LE JOURNAL OFFICIEL
Par décret du président de la Républi
que, sont nommés :
Préfets :
Meurthe-et-Moselle. — AL Delorme (Achille),
préfet de la Haute-Garonne, en remplace
ment de Al. Gigot, mis en disponibilité sur sa
demande.
Haute-Garonne. — M. le baron de Behr,
ancien préfet, en remplacement de M. De
lorme, nommé préfet de Meurthe-et-Moselle.
Somme. — M. le baron de Cardon de San-
drans, ancien préfet, en remplacement de M.
de Toustain du Manoir, appelé, sur sa de
mande, à d’autres fonctions.
Sous-préfets :
Drôme. — M. le baron de Bar, secrétaire
général de l’Isère, à Montélimar, en remplace
ment de M. Touchebœuf, nommé secrétaire
général de l’Isère.
Aveyron. — M. Chartier, sous-préfet d’Am-
bert, à Villefranche, en remplacement de M. de
La Loyère, mis en disponibilité sur sa de
mande .
Puy-de-Dôme. — Al. Gey, chef de cabinet
de préfet, à Ambert, en remplacement de M.
Chartier, nommé sous-préfet de Villefranche.
M. Moignon, ancien conseiller de préfecture,
à Issoire, en remplacement de M. Pissis, mis
en disponibilité sur sa demande.
Finistère. — Al. d’Urville de la Londe, an
cien sous-préfet, à Châteaulin, en remplace
ment de M. de Tilly, non acceptant.
Deux-Sèvres, — M. Paul Lestrade, ancien
attaché au ministère de l’intérieur, à Melle, en
remplacement de M. Le Pommelec, qui reçoit
une autre destination.
Aube. — M. Delcer (Léon), ancien chef de
cabinet de préfet, à Arcis-sur-Aube, en rem
placement de Al. Lugagne, mis en disponi
bilité.
Allier. — M. Stouls, sous-préfet de Blaye, à
La Palisse, en remplacement de M. le comte de
Butler, non-acceptant.
Gironde. —M. le baron duRepaire(Edouard),
à Blaye, en remplacement de AL Stouls, nom
mé sous-préfet de La Palisse.
Vosges. — M. Chenest, conseiller de préfec
ture du Lot, à Mirecourt, en remplacement de
M. Coffinier, non acceptant.
Hérault. — M. Faure de la Ferrière, con
seiller de préfecture de l’Ariége, à Saint-Pons,
en remplacement de M. de Peyronnencq, nom
mé sous-préfet de Moissac.
Tarn-et-Garonne. ■— M. de Peyronnencq,
sous-préfet de Saint-Pons, à Moissac, en rem
placement de M. Bellot des Minières, nommé
sous préfet de Philippeville (Algérie).
Secrétaires généraux.
Haute- Garonne. — M. Sabatié-Garat, an
cien sous-préfet, en remplacement de AL Lau-
rens (Paul).
Isère. —Al. Touchebœuf, sous-préfet de Mon
télimar, en remplacement de M. le baron de
Bar, nommé sous-préfet de Montélimar.
Yonne. — AL Grouvelle, ancien magistrat,
en remplacement de M. Barbier, appelé, sur
sa demande, à d’autres fonctions.
Loire. — M. Genest, secrétaire général de la
Haute-Marne, en remplacement de M. Bossu,
appelé à d’autres fonctions.
Haute-Marne. — M. d’Anfreville, conseiller
de préfecture du Lot, en remplacement de M.
Genest, nommé secrétaire général de la Loire.
Conseillers de préfecture
Corse. — M. Pitti-Ferrandi, secrétaire du
conseil général de la Corse, en remplacement
de M. Elisi de Saint-Albert, qui reçoit une au
tre destination.
M. Flach, avocat, en remplacement de M. Ca-
zalis, appelé à d’autres fonctions.
Eure-et-Loir. — M. Perronne, licencié en
droit, chef du cabinet du préfet d’Eure-et-Loir,
en remplacement de AL Dornau, nommé se
crétaire général de la Meuse.
Jura. — M. Purnot, ancien sous-préfet, en
remplacement de M. Assézat de Bouteyre, pré
cédemment nommé sous-préfet de Montfort.
Nord. — M. Derbigny, ancien conseiller de
préfecture, en remplacement de M. Pichon.
Par décret en date du 12 juin 1877, M. Belot
des Minières, sous-préfet de Moissac, a été
nommé sous-préfet de l’arrondissement de
Philippeville, département de Constantine, en
remplacement de M. Choisnel, admis à faire
valoir ses droits à la retraite et nommé sous-
préfet honoraire.
L’Opinione, parlant de la situation de la
France, s’exprime de la manière suivante :
« L’acte accompli par le maréchal de Mac-Ma
hon n’est une menace pour aucun État étran
ger. Les cléricaux qui sont au pouvoir sont
forcés de montrer une grande modération et
te sentent plus faibles qu’ils ne le disent. Nous
croyons que,s’ils le pouvaient, ils déclareraient
la guerre à l’Allemagne et à l’Italie, mais la
situation politique de l’Europe les force à
suivre une politique prudente. Du reste, la
France a le bonheur de ne pas pouvoir suppor
ter le cléricalisme. Elle n’en veut pas, et lors
qu’il se croit le maître, un coup subit le ren
verse. Les fils de Voltaire ne restent pas
longtemps les disciples de Saint-Ignace.
On écrit de Berlin à la Gazette de Magde-
bourg :
« Très probablement M. de Bismarck n’ira
pas à Varzin, cette résidence éloignée rendant
difficile ses relations personnelles avec les am
bassadeurs allemands et étrangers, devenues
indispensables en ces derniers temps. En quit- 1
tant Kissingen, le prince s’arrêtera, par con
séquent, pour un certain temps, quelque part
dans l’Allemagne du Sud, par exemple dans
les hautes montagnes de la Bavière, et il ne
retournera à Varzin que lorsque les affaires
d’Orient se seront assez débrouillées pour ne
plus exiger des entretiens personnels, comme
actuellement et pendant plusieurs semaines
encore.
Les journaux bavarois annoncent qu’ensuite
des attaques dirigées récemment contre le
gouvernement de l’Allemagne et surtout de
l’expression : Attila allemand, dont on s’est
servi, la municipalité de Munich a défendu la
procession projetée en l’honneur du jubilé de
Pie IX dans les rues de la capitale. Elle a
également refusé l’autorisation à la proces
sion que, depuis 1871, les Sociétés catholiques,
sous la conduite de M. Sigl, font tous les ans
au village de Berg-am-Laim.
Mocquard et les Fould, quelle collection, quel
bouquet de vertus modestes! Tous des violet
tes, n’est-il pas vrai ?
Après ce trait il n’y a plus qu’à tirer l’é
chelle. Le livre est jugé, et l’homme aussi.
On retire parfois, dit-on, des perles du fu
mier ; il y a aussi des enseignements à retirer
de ces mensonges.
Les étrangers, les compatriotes de l’homme
à gages qui a écrit cette ordure, ne sont pas
les derniers à les y voir. Laissons parler
l’Athenæam de samedi :
« Il y a, dit-il, bien des traits dans le der
nier volume de M. Jerrold, qui ont un rapport
direct avec ce qui se passe actuellement en
France. M. Jerrold, qui écrivait avant que le
cabinet Simon eût été congédié, décrit les évé
nements de l’automne de 1849 dans des termes
qui pourraient s’appliquer à l’acte du maré
chal ; — « Le prince (c’est Badingue) prit la
résolution, non-seulement de se séparer de
conseillers tièdes et peu sympathiques, mais
de rompre audacieusement avec les chefs
(leaders} de la majorité; et il chargea deux
hommes qui lui étaient personnellement dé
voués de former un ministère. »
L’analogie est évidente. Je ferai cependant
une question. Les deux hommes, que le maré
chal retour de Selan a chargés de former un
ministère, sont-ils aussi dévoués à sa personne
que les deux, dont il est question, l’étaient à
l’échappé de Ham ?
Peut-être M. d’Aumale pour le duc de Bro-
glie, et Oreillard IV pour M. de Fourtou, se
raient-ils plus en état de répondre à cette
question que le duc de Magenta lui-même.
Quoi qu’il en soit, il est curieux de compa
rer le message présidentiel du 31 octobre
1819 avec le dernier message de M. Mac-Mahon
à l’Assemblée. Même désir de protéger la Ré
publique contre les mauvaises passions et l’a
narchie ; même expression de regret pour des
tentatives de compromis qui n’ont abouti qu’à
de plus larges différences ; même résolution
de substituer son appréciation personnelle à
celle du pays, et de prendre en main le rôle de
sauveur.
Sauveur de quoi? De l’Etat, sans doute, de
la patrie, de la société! — Grandes choses qui
prospéraient tout à l’heure, et qui ne sont en
danger que depuis qu’on les sauve.
On raconte que des individus musculeux et
bons nageurs jettent de temps à autre des
passants à la Seine, pour les en retirer en
suite, et réclamer la prime. Ne serait-ce pas
aussi la prime de sauvetage que ces sauveurs
veulent sauver? Ils risquent, sans doute, de
noyer le passant, qui est la France, et de ne
retirer qu’un cadavre. Mais les affamés n’y
regardent pas de si près, et qu’est-ce que la
destinée d’un peuple devant les appétits de
leur estomac?
Décidément cette histoire de M. Blanchard
Jerrold est à lire et à méditer. Quelque odeur
qu’exhalent le héros et son historien, quelque
écœurant que soit l’air qui circule à travers
ces pages, quoiqu’on y sente à chaque ligne le
souffle fétide de cette fille de sacristie que le
neveu du brigand de Brumaire associa à ses
crimes, il y a dans ce livre des choses qu’il
est, aujourd’hui plus que jamais, opportun de
rappeler.
Lisez la période de 1848 à 1850, et comptez
les attendrissements de Louis Napoléon à l’as
pect de la République qui lui rouvre les portes
de la France et le reçoit fraternellement sur
son sein, qu’il se prépare à poignarder. Comp
tez les assurances spontanées, les serments
volontaires, les déclarations d’amour, les pro
fessions de foi enthousiastes, sans compter ce
serment solennel dont Armand Marrast prit à
témoin un Dieu qui, s il n était pas sourd, au
rait dû, sous peine d’être Satan lui-même,
foudroyer sur-le-champ l’audacieux parjure.
Et puis, songez au 4 décembre !
Loin de moi la pensée d’élever un soupçon
sur la pureté des intentions de celui qui, pour
le quart d’heure a, en France, un gouverne
ment à lui ! Loin de moi le désir présomp
tueux de faire entendre dans le concert eu
ropéen une voix discordante : personne en
Europe ne met en doute la parole du maré
chal ; le maréchal lui-même l’a affirmé, après
information sans doute, après s’être assuré
que chacun,— y compris moi qui suis en
Europe tout comme lui, — croit en lui ni plus
ni moins qu’en l’Evangile.
Mais la France n’a pas besoin de sauveur,
elle saura bien se sauver toute seule.
Elle se sauvera en même temps de cette
tourbe de préfets, sous-préfets, procureurs et
juges qui, au coup de baguette de Durangel,
se sont abattus sur tout le territoire en bran
dissant les circulaires Fourtou. Et pour cela,
elle n’aura pas besoin, la France, de rempla
cer la légalité par la force, la justice par le
chassepot; elle n’emploiera ni soldats ivres ni
canons bourrés de mitraille ; elle ne tuera ni
vieillards, ni enfants à la mamelle de leurs
mères; il ne lui faudra qu’un petit papier
glissé dans une urne, au jour des élections.
Ils voudraient faire croire que la France a
besoin d’autres armes. C’est avoir une trop
haute idée de vous-mêmes, messieurs, et la
naïveté, décidément, est trop forte.
L’honorable Bonnet-Duverdier est accusé,
que dis-je, est condamné, parce qu’il aurait
fait le geste de coucher en joue je ne sais
quelle invisible idée flottant au fond d’une
salle, et représentant aux yeux visionnaires
d’un mouchard trop poétique le président de la
République. De bonne foi, croyez-vous le pré
sident du conseil municipal de Paris si fou ?
Le rire et l’indignation se partagent l’esprit ;
mais après tout — et c’est ce qui vous déplaît,
messieurs — le rire l’emporte, et l’on dit de
ces méchantes tentatives quelles sont réel
lement trop bêtes.
Un homme se pend ; je coupe la corde, et
cet homme m’accuse d’avoir voulu l’assas
siner.
Cela ne se voit guère dans la vie ordinaire ;
mais, en politique, cela se voit tous les jours.
Laissons donc les gens se suicider en paix ;
mais, l’opération faite, mettons les scellés sur
leurs dépouilles, car il est de par le monde des
intrigants qui voudraient changer la chaise du
président en un trône de roi, et un im-
bécille entouré de coquins qui espère hériter
du chapeau du maréchal, pour s’en faire un
bonnet d’âne d’empereur.
H.-G. Bernard.
LES ÉLECTIONS MUNICIPALES A ROME
On lit dans l’Italie, du 11 :
Ce matin, à 8 heures, lorsque les électeurs
libéraux se sont rendus aux salles de vote; ils
ont constaté qu’ils ne s’étaient pas levés assez
tôt.
Les catholiques, fidèles à la consigne reçue,
étaient déjà là, en masse, attendant comme un
seul homme, et de pied ferme, l’arrivée de
leurs adversaires.
Quelques regards obliques et menaçants ont
été échangés de part et d’autre ; on s’est me
suré, on s’est compté rapidement ; après quoi,
sans inconvénients, sans désordres, on a pro
cédé à la nomination des sièges présidentiels.
La victoire est restée aux catholiques :
vingt-trois sièges ont été enlevés par eux sans
coup férir, les sept autres sont restés aux libé
raux; mais, là aussi, les libéraux n’ont rem-
orté qu’une victoire incomplète; s’ils ont eu
e président, ils ont dû supporter le secrétaire
ou tout au moins un scrutateur du parti con
traire.
Avouons que les catholiques ont su bien
faire les choses ; ils se sont montrés plus dis
ciplinés que les libéraux. Quand le mot d’or
dre est donné, ils obéissent pour le moment et
ce avec un ensemble parfait. La constitution
des sièges électoraux ne peut certainement
pas avoir d’influence sur le résultat final du
vote; cela n’a pas empêché cependant de jeter
l’alarme dans le clan libérel.
Les membres les plus zélés de ce parti se
sont répandus dans la ville, courant à droite
et à gauche à la recherche des amis indolents
pour les traîner sans pitié aux urnes.
Ces élections auront un avantage : celui de
nous faire connaître au juste combien le parti
catholique compte d’adhérents à Rome. Nous
le saurons « au juste », parce que tous, sans
exception, ont fait leur devoir.
Tous les journaux de Rome, sans exception,
constatent le même fait. Ils ne peuvent pas
encore donner le résultat des élections, mais
nous trouvons deux dépêches à ce sujet dans
la Gazette d’Italie et dans la Gazette de Turin
du 12.
Voici la dépêche de la Gazette d’Italie :
« Rome, 11 juin.
» Aujourd’hui a été proclamé le résultat des
élections d’hier. Tous les candidats de là liste
libérale, gouvernementale, ont triomphé. Le
dernier candidat de cette liste a obtenu A, 576
voix : le prince Borghèse, qui venait le pre
mier de la liste cléricale, n’en a obtenu que
3,472. »
La dépêche de la Gazette de Turin est ainsi
conçue :
« Election administrative — victoire écla
tante — la liste libérale triomphe de la liste
cléricale avec une majorité de plus de 2,000
voix. »
LETTRE D’ANGLETERRE
(Correspondance particulière)
12 juin 1877.
Les affaires da France, occupent beaucoup
les esprits. Il serait intéressant de résumer
l’opinion de la presse et du public sur ce su-
j et. On verrait que la conduite du maréchal
qui s’est illustré par ses défaites devant létran-
ger et ses victoires sur ses compatriotes, est
appréciée, ici, avec les mêmes sentiments qu’en
France; que le jeu des Fourtou et des de Bro-
glie est percé à jour, et que le Journal des
Débats n’avait pas besoin d’afficher sur. 3 mi
nistère l’étiquette immoralité pour qui a sût
parfaitement, en Europe, combien les belles
âmes de ces politiciens d’aventures sont étran
gères à toute autre notion.
Malheureusement, il serait téméraire d’en
treprendre. cette tâche, si juste et si utile
qu’elle soit. La Marseillaise a déjà subi assez
de condamnations pour son compte ; il est su
perflu d’attirer sur elle d’autres orages en re
produisant ce qui se dit et s’écrit ici couram
ment. Chose pénible à constater ! La vaste ap
titude du chef de l’exécutif à conduire les af
faires rencontre des incrédules. Quant à ses
amis et à ses ministres actuels, ce qui s’im
prime en un jour sur leur compte a bien, je
dois le confesser, quoi qu’il m’en coûte, toutes
les marques de la vérité la plus palpable, mais
suffirait pour fournir toute la presse républi
caine de France de procès pendant quinze
jours.
Puisque, dans les temps étranges que nous
traversons, on ne peut parler ni de AL Four
tou, ni de l’académicien de Broglie, ni même
de l’homme qui dit « mon gouvernement »,
sans parler politique, et qu’un honnête homme
ne saurait parler politique sans trouver des
juges pour le mettre en prison et lui prendre
son argent, parlons un peu littérature.
M. Blanchard Jerrold vient de publier le
quatrième volume de son histoire badingouine :
The life of Napoléon the Third.
Il y a une opinion commune en Angleterre :
c’est qu’aucun historien français n’est exact,
ni même impartial. Il serait difficile, en effet,
de trouver, depuis Coquille jusqu’à Granier
père, un plus bel exemple d’exactitude et d’im
partialité que celui qui nous est offert par
l’anglais Blanchard Jerrold...
Savez-vous ce que, sous la plume de ce fa
vori de l’Espagnole, devient le sombre coquin,
qui, après avoir médité le coup pendant toute
sa vie, égorgea une belle nuit toutes nos liber
tés et nous traîna pendant vingt ans, à travers
le sang et la boue, jusqu’au cloaque de Sedan,
où, du moins, il n’a pu engloutir, à son regret,
ni le nom ni l’honneur de la France? — Ce
sinistre bandit couronné, la plus noire figure,
la conscience la plus tortueusement criminelle
qui ait souillé l’histoire depuis les Borgia, —
et je ne sais si ceux-ci méritent bien l’outrage
d’une telle comparaison, — ce type qui com
binait tous les vices, tous les crimes, toutes les
bassesses et toutes les cruautés pour en com
poser l’ensemble hideux qui est l’idéal de
l’Empereur moderne, — l’anglais B. Jerrold
l’appelle « un homme innocent et confiant ! »
Il était, dit-il, entouré d’hommes « candides et
sincères ». O candeur de Fialin! Sincérité de
Maupas!... Leroy, qu’on appela Saint-Arnauld,
n’était-il pas un bon jeune homme? Les Fleu
ry, les Morny, les Magne et les Magnan, les
Une dépêche arrivée ce soir et confirmée
par les renseignements transmis par le mi
nistère, annonce qu’un corps de 60,000
Russes qui avait essayé de forcer le passa
ge du Danube à Silistrie, a été repoussé
après avoir subi des pertes considérables.
Ce serait le commencement des actions
militaires, et ce début ne serait pas favora
ble aux Russes. Il ne s’agirait plus ici, si
le fait se confirme, d’une simple démons ¬
tration, car le chiffre des combattants est
trop important pour que cette hypothèse
soit admissible, mais d’une action impor
tante qui se serait terminée par un échec
grave pour l’armée envahissante. Au reste,
il ne faudrait pas s’empresser de conclure
trop vite non plus, car, on l’a prévu du
reste, cette tentative ne restera pas isolée
et elle va être suivie d’autres opérations si
multanées.
On peut être étonné que les Russes aient
choisi pour prélude à leurs opérations, une
tentative dirigée sur Silistrie, qui est une
des places les mieux fortifiées du quadri
latère turc et qui, pendant la guerre de
1828 et en 185/, opposa une résistance des
plus énergiques au prince Paskiewick et
au prince Gortschakoff, si nous avons
bonne mémoire. Les Russes paraissaient
avoir renoncé à l’idée d’opérer de ce côté ;
il n’en serait rien, d’après les nouvelles de
ce soir et dans ce cas, leur échec paraîtrait
assez vraisemblable.
Ce qu’il y a de plus important à retenir
dans cette nouvelle, c’est qu’elle marque
véritablement le début de la période active
de la guerre sur le Danube.
On annonce de Bucarest, que deux ca
nonnières turques qui étaient retenues
dans le canal de Matchin, viennent de s’é
chapper. Il paraît aussi, d’après des nou
velles venues de Bucarest, que, au mépris
de la convention qui interdisait le passage
de cette dernière ville aux troupes russes,
celles-ci traversent librement la ville et y
établissent des dépôts. Il est certain, mal
gré les télégrammes intéressés, que la
froideur s’accentue entre les Russes et la
population roumaine.
Le prince Gortschakoff, a reçu hier des
déléguésbulgares, il leuraprésentéle prince
Czerkawski comme gouverneur futur de la
Bulgarie, et a déclaré que dès que le Da
nube serait franchi, on procéderait à l’orga
nisation du pays sur la base : 1° du réta
blissement de l’autonomie communale ;
2° l’institution de cercles d’intendance mi
litaires pendant la guerre, et 3° adminis
tration temporaire par des fonctionnaires
russes.
C’est aller un peu vite en besogne et
même, après les victoires de l’armée russe,
il est probable que l’Europe devra interve
nir,lorsqu’on procédera à un arrangement
définitif.
En Asie, l’armée turque s’est concentrée
en avant d’Erzeroum, dans une position
qui commande la route de cette dernière
ville, et elle reçoit d’Europe des renforts
nombreux. Les Russes n’en sont pas moins
à Olti, et, d’après la situation respective
des armées, lorsque leur marche en avant
recommencera, ils se heurteront forcément
à l’armée commandée par Moukhtar-Pa-
cha. Un léger engagement aurait déjà eu
lieu à Olti entre les avant-gardes russes et
des tcherkesses de l’armée turque.
On n’a pas de nouveaux détails sur les
opérations dans le Monténégro, mais les
dépêches de Saint-Pétersbourg reconnais
sent la défaite des Monténégrins, qui ont
perdu plus de six cents hommes, et qui ont
dû se retirer partout devant l’armée
turque.
——============---—
LA PETITE GUERRE
Vous vous souvenez, sous l’Empire,
chaque fois que le gouvernement était à
la veille d’engager quelque grosse partie-
hasardeuse, chaque fois qu’il s’agissait
de faire avaler au pays quelque forte pi
lule, une brochure paraissait...
Longtemps annoncée, prônée à l’a
vance par les feuilles policières , cette
brochure faisait toujours événement.
Elle se présentait comme devant résu
mer la question, l’éclairer, se mettre à
la portée de toutes les intelligences. Cou
rant au-devant des objections, elle les
pulvérisait, n’en faisait qu’une bouchée.
Anonyme, toujours !... Cela lui don
nait un petit air mystérieux qui forçait
la vente. Il n’était pas défendu d’ail
leurs, de chercher à soulever le voile
derrière lequel se cachait l’écrivain.
L’indiscrétion sur ce point était permise
à la presse. Pour la circonstance, la ri
gueur ordinaire des lois se relâchait...
— C’est le prince Napoléon ! disait
l’un.
— Mieux que cela ! disait l’autre.
— L’Empereur, peut-être?
— Eh! eh!...
On ne disait pas non. Les mieux ren-
seignés affirmaient :
— C’est M. de La Guéronnière!
C’était, paraît-il, en effet, M. de La
Guéronnière !...
*"*
Ce qu’il en a écrit de ces brochures,
ce pauvre M. de la Guéronnière, ce que
sa plume de courtisan en a craché de ces
mensonges!... Dentu seul pourrait le
dire !...
-"s
L’Empire avait tellement avili, ridi
culisé le procédé, qu’il était présumable
qu’à l’avenir, aucun gouvernement n’o
serait plus jamais s’en servir comme
moyen d’action sur l’opinion publi
que...
Ah ! certes, beaucoup de façons gou
vernementales empruntées au régime de
Décembre ont été remises en œuvre de
puis sept ans, mais remarquez ceci:
nous n’avions plus revu le coup de la
brochure
M. de la Guéronnière avait-il emporté
le secret dans la tombe ?
***
Non, car de nouveau voici le coup de
la brochure!
Depuis huit jours, on nous l’annon
çait. Anonyme, comme les brochures de
la Guéronnière, portant comme les bro
chures de la Guéronnière un titre à
grand tralala : Le maréchal devant la
France !... Elle a paru !...
Le format est le même. La forme est
.a même. L’auteur procède comme tou
jours par alinéas courts et rapides, vi
sant à l’effet :
« La question est nettement posée.
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