Titre : Le Mémorial bordelais : feuille politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Bordeaux)
Date d'édition : 1858-10-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328137853
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 octobre 1858 03 octobre 1858
Description : 1858/10/03 (N17561). 1858/10/03 (N17561).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5493431f
Source : Bibliothèque municipale de Bordeaux, P 351 Rés.
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/09/2021
(17561)
3 OCTOBRE 1858.
DIMANCHE
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MEMMORIA! BORDELAIS
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME, INDUSTRIEL, LITTERAIRE ET D’ANNONGES JUDICIAIRES
Le MÉMORIAL BORDELAIS a été désigné pour les insertions des annonces prescrites par le Code de procédure civile et par l’avis du Conseil d’État du 9 mai 1 807, approuvé par le décret du 1 er juin suivant, pour l’année 1 858
T
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A Paris, chez MM. Laffitte et G*, rue de la Banque, n° 20; Havas, rue Jean-Jacqe.
Rousseau, n° 3, et Isidor Fontaine, directeur del'Officede publicité départemer
rue de Trévise, 20.
Bordeaux, 2 Octobre.
DEPÉCHE TÉLÉGRAPHHQUN.
Paris, 2 octobre 1858.
Le ministre de l’intérieur à MM. les
préfets.
Nominations dans la magistrature ; pro
rogation au 30 septembre 1859 du délai
fixé par le décret du 22 septembre 1857 ,
relatif à l’importation des denrées alimen
taires.
Hier, l’Empereur, accompagné de l’Im
pératrice, a passé une revue au Champ-de-
Mars.
[Communiqué.)
e-ee
Dépéches télégraphiques privées.
Nous recevons les dépêches télégraphi
ques suivantes:
« Constantinople, 25 septembre.
» Lord Redcliffe est arrivé, mais il ne
fera ici qu’un séjour très-court.
» On mande de Téhéran, 31 août, que le
Sadrazam est tombé en disgrâce et a été
arrêté. Ferouk khan sera nommé probable
ment ministre des affaires étrangères. »
« Marseille, 1er octobre.
» On mande de Tripoli (Barbarie), à la
date du 18 septembre, que la Turquie n’en
voyant pas à la régence l’argent nécessaire
au paiement des troupes, un bataillon, dont
la paie était arriérée d’un jour, s’est révolté
et a essayé d’entraîner les autres soldats ;
mais cernés aussitôt, les rebelles ont été en
chaînés. Pendant ces événements, les Euro
péens se sont réfugiés dans les consulats, et
le gouverneur, après avoir rétabli l’ordre, a
demandé des renforts. »
« Lisbonne, 29 septembre.
» L’assemblée provinciale de Rio-Janeiro
avait été ajournée au 23 novembre, pour
s’être prononcée contre le président de la
province, Antonio Nicolao Folentino.
» Le change sur Londres était à 26 518
34 deniers pour mille reis. La Banque du
Brésil tire par ce steamer 500,000 livres
sterling, et le total des traites dont il est-
porteur est de 900,000 livres sterling.
» La Banque du Brésil avait repris le paie
ment de ses billets en or.
» La café se cotait de 4,4 00 à 4,800.
» La qualité du café de la nouvelle récolte
était excellente. On avait expédié pour l’Eu
rope, pendant le mois d’août, 51,515 sacs,
et pendant les huit premiers jours de sep
tembre 17,138 sacs.
» Le clipper français Impératrice du Bré
sil parti du Havre le 17 juillet, est arrivé
à Rio-Janeiro le 29 août. »
« Londres, 30 septembre.
» Un marchand grec , à Birmingham , a
été arrêté; il est accusé de fabriquer en
masse de la monnaie de cuivre turque.
» On fait les préparatifs pour établir un
câble sous-marin entre l’Angleterre et le
Hanovre.
» Les revenus du trimestre de juillet,
comparés au trimestre correspondant de l'an-
née dernière , présentent une diminution de
1,500,000 liv. st. due principalement à ce
que la taxe de guerre a cessé d’être perçue.
On remarque cependant une augmentation
de 900,000 liv. st. dans le timbre , et de
250,000 liv. st., dans différentes autres
sources des revenus publics. »
« Londres, I er octobre.
» On des nouvelles de New-York du 18
septembre.
» LeFulton apporte 300,000 dollars pour
la France. »
« Madrid, 30 septembre.
» Hier, a eu lieu l’adjudication mensuelle
de titres de la dette passive étrangère. Les
prix d’enchères se sont élevés jusqu’à 13 40.
Le prix fixé par le gouvernement était 13
90.
» La Bouse était en hausse et très-animée.
On a une grande confiance dans le ministre
des finances actuel. »
Havas.
Nous avons parlé il y a quelques jours
d’une excursion faite à Saint-Sébastien par
l'Empereur et l'Impératrice ; voici les dé
tails que nous donne à ce sujet le Messager de
Bayonne :
« L’excursion en Espagne que Leurs Majes
tés avaient l’intention de faire vendredi
n’ayant pu avoir lieu par suite de l’état de la
mer, a été exécutée lundi 27.
» Les deux vapeurs de l’Etat le Coligny et
le Pélican franchirent ce jour la barre à qua
tre heures du matin et vinrent jeter l’ancre
devant la villa impériale. A dix heures et de
mie, Leurs Majestés s’embarquèrent, et les
deux vapeurs se dirigèrent vers les côtes
d’Espagne.
» A une heure, on jetait l’ancre dans la
baie de Saint-Sébastien, et Leurs Majestés
descendirent à terre, où elles furent reçues
par les autorités espagnoles. La garnison
était sous les armes, le canon du Gastillo re
tentissait, et les cloches sonnaient à toute vo
lée. L’Empereur passa en revue les troupes,
et nomma chevalier de la Légion-d'Honneur
le colonel commandant la garnison.
» Leurs Majestés accompagnées de la popu-
lelion tout entière , qui se pressait sur leur
passage en poussant d’énergiques vivats, se
rendirent successivement à l’église cathédrale
et à V ayuntamiento.
» Après être restées environ deux heures à
Saint-Sébastien, Leurs Majestés retournèrent
à bord du Coligny , suivies des officiers de la
garnison et des principales autorités espagno
les, qu’elles avaient gracieusement invitées à
les accompagner dans la visite qu’elles allaient
rendre au couvent de Loyola.
» Vers cinq heures, les deux vapeurs s’ar
rêtaient devant le petit port de Zumaya.
» Dès le matin, un de nos concitoyens en
voyé par l’Empereur était arrivé sur ce point,
et, mettant en usage avec autant de zèle que
d'intelligence la connaissance qu’il possède
de toutes les provinces basques, il avait reuni
les voitures et les chevaux nécessaires pour
franchir les deux kilomètres qui séparent Zu-
maya de Loyola. Notre compatriote avait fait
préparer deux tanches montées chacune par six
vigoureux rameurs basques, qui, en fort peu
de temps, transportèrent sur le rivage LL.
MM. et les personnes qui les accompagnaient.
» Deux voilures-diligences à vingt places
chacune reçurent les personnes de la suite de
Leurs Majestés. L’Impératrice et la princese
Murat prirent place dans une petite améri
caine découverte, attelée de deux choveaux ;
l’Empereur monta sur le siège et conduisit
lui-même, en riant, les modestes coursiers.
» L’arrivée de LL. MM. avait été si bien
tenue secrète, qu’il ne se trouvait sur le ri
vage, au moment où elles débarquèrent, qu’un
lieutenant de carabineros et quatre de ses
hommes. Bientôt la nouvelle de la visite inat
tendue se répandit, et la population tout en
tière, charmée de la noble simplicité, de l’af
fabilité de nos souverains, accourut sur son
passage.
» Vers sept heures du soir, les augustes vi
siteurs arrivèrentau couvent de Loyola, après
avoir traversé en l’admirant le magnifique
pays qui se présente depuis la mer.
» Prévenus quelques instants avant, les
RR. PP. jésuites reçurent Leurs Majestés en
témoignant le bonheur qu’ils ressentaient de
leur visite.
» Pendant deux heures, Leurs Majestés vi
sitèrent cet établissement si grandiose, dont
la chapelle est citée comme un des monu
ments religieux les plus remarquables de
l’Espagne.
» Le retour à Zumaya se fit par une nuit
sereine. Tous les villages que l’on traversait
étaient sur pied ; les habitants saluaient Leurs
Majestés et les acclamaient joyeusement.
» L’alcade de Zumaya, entouré des nota
bles de l’endroit, attendait près du rivage. La
population tout entière, portant des torches,
poussait des vivats chaleureux.
» La mer était calme, et l’embarquement
se fit avec facilité. Les vapeurs, illuminés de
puis la pointe des mâts, partirent avec rapi
dité, suivis pendant longtemps par les cris de
la foule qui couvrait le rivage.
» Un splendide dîner était préparé à bord
du Coligny. L’Empereur y invita les person
nes qu’il avait engagées à l’accompagner.
» La nuit était d’une sérénité admirable,
éclairée par un splendide clair de lune ; on
éteignit l’illumination, pour mieux jouir de ce
magnifique spectacle.
» En approchant des côtes de France, les
autorités et les officiers espagnols prirent
congé de Leurs Majestés, et s’embarquèrent
sur une trincadoure qui les reconduisit à
Saint-Sébastien. Un peu avant trois heures
du matin, deux coups de canon tirés à bord
du Coligny annonçaient l’arrivée devant Biar
ritz. »
Pour extrait : Durand.
Il est curieux de lire les commentaires que
le voyage du prince Napoléon à Varsovie ins
pire déjà dans la capitale de l’Autriche. Voici
ce que l’on écrit de Vienne au Précurseur :
« Vienne, le 27 septembre.
« La nouvelle que le télégraphe vient de
nous apporter du voyage du prince Napoléon
à Varsovie produit une assez vive sensation.
Les quelques hommes politiques que j’ai pu
entretenir à ce sujet croient savoir que le cou
sin de l’Empereur est chargé auprès du czar
d’une mission relative au complément à don
ner à l’affaire de Villafranca qui, quoi qu’on
puisse faire pour en diminuer l’importance ,
constate néanmoins une sorte de coalition en
tre la France et la Russie, tendant à combat
tre la prépondérance commerciale , indus
trielle et politique que l’Angleterre et l’Autri
che s’efforcent de conquérir en Orient.
» Le gouvernement français, me disent-
ils, est plus que jamais porté à mêler étroite
ment ses intérêts à ceux de la Russie, en pré-
snce de ce fait surtout qui est manifeste au
jourd’hui que la Prusse tend à s’engager, par
suite de son alliance avec l’Angleterre , dans
la coalition formée par cette dernière puis
sance et l’Autriche comme contre-poids à la
pression que les deux empires de l’Ouest et
de l’Est paraissent vouloir exercer sur l’Eu
rope. Ge qui est positif, c’est que le bon ac
cord de la France et de la Russie dans la Mé
diterranée est prouvé par un fait que j’ap
prends à l’instant même, à savoir que la com
pagnie d’Odessa mettra ses tarifs aux mêmes
prix que les messageries impériales françai
ses , partout où les deux services se rencon
treront, tandis que ses tarifs seront abaissés
partout où elle se trouvera en concurrence
avec le Lloyd.
» P.-S. On me donne pour certain que le
prince Napoléon doit inviter le czar Alexandre
à se rendre en France. »
Pour extrait : Durand.
On mande de Varsovie, le 26 septembre, à
la Correspondance Bullier :
« L’empereur, entouré d’un brillant état-
major, s’est rendu hier sur la place de Powonzki.
Parmi les étrangers de distinction qui accom
pagnaient l’empereur on remarquait le prince
royal de Prusse, arrivé la veille au soirà Var
sovie , le prince Charles de Bavière et une
foule de généraux et officiers étrangers.
» Un magnifique soleil et une température
printanière ont favorisé cette fête militaire.
S. M. en arrivant a salué les troupes réunies
sous les armes depuis le matin par l’habituel
zdrastwoujeté rébyala (Comment allez-vous,
enfants!) et les troupes ont répondu par un
hourrah enthousiaste. Les manœuvres ont
commencé à 1 heure. 43 bataillons d’infante
rie, 28 escadrons de cavalerie et 64 pièces
d’artillerie ont fait des évolutions, puis ont
défilé devant l'empereurr
» A quatre heures du soir, l’empereur et
ses hôtes sont retournés au palais du Belvé
dère. Un dîner servi à cinq heures a réuni les
ministres, les sénateurs, les membres du con
seil de l'adminislration du royaume, les gé
néraux, les consuls étrangers, les chefs des
principales administrations, tous les maré
chaux de la noblesse du royaume de Pologne
invités à se rendre dans la capitale pour le
séjour de l'empereur. Le soir, il y a eu spec
tacle, au théâtre de la cour, à Lazienki. Le
parc de ce château, ainsi que toute la ville,
était brillamment illuminé. Au sortir du spec
tacle, l’empereur s’est promené dans la foule,
et vers minuit, un splendide feu d’artifice a
été tiré dans le parc.
» L’empereur s’est rendu aujourd’hui, en
compagnie de se3 augustes hôtes, à Skier-
niewicz, où une chasse magnifique avait été
préparée.
» On dit que le prince de Prusse fera au
jourd’hui ses adieux à l’empereur. On attend
ce soir l’arrivée du prince de Weimar, et
après-demain celle du prince Napoléon Bo
naparte. »
Tous les ans, à l’occasion de la fête de St-
Michel, l’honorable compagnie des marchands
de poisson [fishmonger) de Londres, donne un
grand banquet auquel sont invités un certain
nombre de personnages politiques On y a re
marqué surtout cette année la présence du
nouveau ministre de l’Inde, lord Stanley, et
du comte de Montebello.
Voici, d’après le Morning-Post du 30 sep
tembre, le compte-rendu de ce banquet :
« Hier a eu lieu à Fishmonger's-Hall , le
banquet annuel de la corporation des mar
chands de poisson de la Cité de Londres. Des
invitations avaient été adressées aux mem
bres du nouveau conseil des Indes, et l’on re
marquait parmi les assistants lord Stanley, le
lieutenant-colonel sir H. Rawlinson, K. G. G.
sir H. Montgomery, le capitaine Eastwick, M.
Mangles, M. P. et M. A. Arbuthmot dont la
présence rehaussait l’éclat de la réunion. De
nombreux visiteurs assistaient aussi au ban
quet, entre autres le comte de Montebello. La
présidence a été dévolue à M. T. Bodington ,
Prime Warden.
Après le repas, le président propose un
toast à l’armée et à la marine ; il rappelle à
ce propos les services rendus par sir H. Raw
linson, présent au banquet, et cite avec éloge
les noms des capitaines Pym et Collinson ,
distingués pour les travaux auxquels ils se
sont livrés à la recherche de sir John Fran
klin, et associe à leurs noms les regrets qu’il
éprouve pour la perte du lieutenant Bellot, de
la marine française.
Ce toast est accueilli avec beaucoup d’en
thousiasme.
Sir Henry Rawlinson : Je puis vous assu
rer que l’armée ne désire pas la guerre; per
sonne n’apprécie plus hautement les bienfaits
de la paix que ceux qui sont continuellement
en activité; mais en même temps l’armée an-
glaise ne manquera jamais de se tenir sur la
brèche quand l’honneur ou les institutions
du pays seront en danger. ( Applaudisse
ments.) L’armée n'a pas démenti son carac
tère dans les dernières affaires de l’Inde; elle
a au contraire élevé sa réputation. Je puis
vous affirmer par expérience que rien n’est
plus propre à exciter le courage des soldats ,
dans la guerre, que l’espoir qu’ils seront ap
préciés par leurs compatriotes dans la mère
patrie. (Applaudissements.)
Le capitaine Collinson : Je suis enchanté de
pouvoir joindre mon tribut déconsidération
pour les hommes de la marine qui ont si no
blement soutenu la renommée de leurs prédé
cesseurs. Vousavez vu que le matelot anglais,
quand l’occasion se présente , peut faire son
devoir aussi bien à terre qu’à la mer. ( Ap
plaudissements.) Vous avez appris avec sa
tisfaction comment la marine a prêté son con
cours pour étouffer la révolte dans l’Inde.
Le président propose ensuite un toast en
l’honneur de lord Stanley, dont il fait un cha
leureux éloge et des membres du nouveau
conseil de l’Inde.
Lord Stanley: Messieurs, le président a
bien voulu associer son nom à l’honneur fait
au gouvernement de l’Inde; je ne m’arrêterai
pas ici à rappeler ni même à indiquer les
controverses passées, mais je me permettrai
de dire que pendant les discussions parlemen
taires qui se sont terminées par la transmis
sion du gouvernement de l’Inde, de la com
pagnie au pouvoir exécutif de notre pays, ce
changement a constamment été représenté
par moi et par mes collègues comme une me
sure qui n’avait rien qui impliquât un blâme
contre l’administration de cette grande com
pagnie, dont le pouvoir centenaire est ex
piré. Vous l’avez considéré et je crois avec
raison , comme un changement naturel et
même nécessaire, amené par le temps et la
marche des événements. Je pense que ce
changement sera avantageux pour l’Inde.
J’espère qu’il conduira à introduire plus lar
gement dans ce pays l’esprit d’entreprise et
les idées de l’Europe ; mais je ne puis me
dissimuler, et je ne puis vous cacher que si
ce changement de gouvernement a multi
plié les occasions favorables pour le gouver
nement de ce pays, il a en même temps ac
cru dans la même proportion la responsa
bilité qui pèse sur nous. (Ecoutez ! écoutez !)
Nous avons à nous tenir en garde contre un
double danger. Nous avons à protéger l’Inde
contre les fluctuations de la politique parle
mentaire, et nous avons à garantir l’Angle
terre contre les risques plus indirects et plus
éloignés, mais non moins réels peut-être, qui
peuvent résulter des relations de son pouvoir
exécutif avec un pouvoir exécutif nécessaire
ment despotique. Je crois et je suis heureux
de croire que l’insurrection des quinze der
niers mois va s’éteignant peu à peu, ainsi que
l’exaspération des sentiments qui dominaient
dans notre pays contre les indigènes de l’Inde,
et qui, sans être pour nous un sujet d’éton
nement, doivent néanmoins inspirer des re
grets. Je crois pouvoir dire que cette exaspé
ration disparaît avec la cause à laquelle elle
devait son origine , et qu’à une époque qui
n’est pas éloignée, nous serons, si même nous
ne sommes pas déjà , dans une meilleure et
plus convenable disposition d’esprit.
Mais nous devons nous rappeler que ee
n’est pas par un mauvais vouloir ou par un
mauvais sentiment de notre part, mais bien
par des efforts mal éclairés ou mal dirigés en
vue de faire le bien, que l’influence de notre
gouvernement dans l’Inde est exposé au dan
ger. Nous considérons et nous devons sans
doute considérer lesindigènesde l’Inde comme
des personnes pour lesquelles nous devons
éprouver des sentiments de bienveillance, et
dans l’intérêt desquelles nous devons travail
ler. Mais cela n’est pas assez. Il ne suffit pas
que nous les considérions comme des êtres sur
lesquels notre bienveillance doit s’exercer,
comme des personnes en faveur desquelles
nous pouvons opérer des changements impor
tants. Nous devons les regarder aussi comme
des hommes avec lesquels, et non contre les
quels nous devons agir, des hommes qui ont
leurs sentiments à eux, des hommes qui, bien
que soumis à nous politiquement, ont le sen
timent de leurs propres droits et le respect de
leur indépendance (Applaudissements) ; des
hommes qui tiennent d’autant plus à leur in
dépendance intellectuelle et à leurs coutumes
nationales, qu’ils se sentent soumis à un joug
politique. (Applaudissements.)
Sans doute la position d’une race conqué
rante et gouvernante confère plusieurs avan
tages sous le rapport de l’influence qu’elle
peut exercer sur le pays conquis, mais cette
position a aussi ses désavantages, car elle
tend presque inévitablement à développer un
certain sentiment de supériorité, une certaine
arrogance, si ce n’est pas là employer une ex
pression trop forte, un certain mépris pour
des sentiments qu’il nous est absolument im
possible de partager, n’étant pas placés dans les
mêmes circonstances ; et je n’hésite pas à dire
que si nous ne modifions pas et ne tenons pas
dans les limites convenables ce sentiment de
supériorité nationale, si nous ne mettons pas
tous nos soins à respecter les préjugés de ceux
que nous devons gouverner ; bien plus, si
nous essayons d’introduire la force et l’in
fluence du gouvernement dans ce qui doit
être une affaire de conviction personnelle en
tre l’homme et sa conscience. (Applaudisse-
ments.) Si nous faisons cela, ou même si nous
sommes soupçonnés sur des motifs plausibles
de chercher à le faire ou même à le désirer ,
toutes nos tentatives d’amélioration seront
considérées comme des insultes et finiront
par produire plus de mal que de bien. ( Ap
plaudissements.)
Je suis sûr que dans cette enceinte, ces
paroles d'avertissement et toutes les précau
tions dont j’ai parlé sont inutiles ; mais au-
dehors , il est des lieux où elles ne sont pas
tout à fait superflues. Je dois vous remercier,
au nom de mes collègues, les membres du
conseil de l’Inde, et en considérant que la
moitié d’entre eux, au moins , a été nommée
par le gouvernement dont je fais partie. Peut-
être ne serait-ce pas à moi à faire leur éloge.
Je dirai cependant, parce que je puis le dire
en toute vérité, qu’en faisant le choix de ceux
qui doivent nous aider dans l’administration,
des affaires de l’Inde, nous n’avons pas tenu
compte des influences parlementaires, ni
même des convenances de la politique anglai
se, non plus que des amilés personnelles;
nous n’avons eu égard qu’aux services admi
nistratifs que nous pouvions attendre de ceux
que nous avons choisis comme représentant
les divers services de l’Inde. Je dois ajou
ter que je n’en ai pas moins des motifs d’être
satisfait de l’élection qui a été le dernier acte
gouvernemental de la Compagnie des Indes-
Orientales.
Pour qui considère la position de l’Inde, il
doit être évident que le travail que nous
avonsàaccomplir n’est pas peu dechose. Nous
avons une armée à réorganiser et un empire
à pacifier. J’avoue que quand je songe à toute
la responsabilité qui pèse sur nous en ce mo
ment et dans cette situation, et heureuse
ment pour moi je n’ai pas beaucoup de loisir
d’y songer, je suis presque épouvanté de la
difficulté de la tâche que nous avons entre
prise. Mais j’ai au moins la consolation de
penser que je suis entouré de personnes com
pétentes pour donner d’aussi bons et aussi
honnêtes conseils qu’en ait jamais reçu mi
nistre anglais. (Applaudissements.) Je crois,
en outre, que le public anglais est juste et
qu’il considérera au moins avec indulgence
les efforts tentés pour lui rendre service, lors
même que le succès obtenu ne serait pas pro
portionné à ces efforts. (Bruyants applaudis
sements.)
Le noble lord termine en proposant la
santé du Prime Warden.
Un loast est ensuite proposé en l’honneur
de la Chambre des communes; il y est ré
pondu par M. R. D. Mangies.
Le Prime Warden se lève de nouveau et
propose la santé d’un visiteur illustre , celle
du comte de Montebello, qui, dit-il, est un
représentant si distingué de la grande et no
ble nation, notre alliée, et qui, de plus, s’est
uni par les liens du mariage avec l’Angle-
terre. L’orateur s’étend sur les bienfaits d’une
intime union entre les deux nations.
Le comte de Montebello remercie en ces
termes l’assemblée du toast en son honneur :
Laissez-moi, messieurs , vous témoigner
toute ma gratitude pour le toast qui vient de
vous être proposé, et pour l’accueil que vous
avez bien voulu lui faire. Je suis heureux de
pouvoir vous assurer que les idées que vous
venez d’entendre si bien et si noblement ren
dues sont partagées dans mon pays par tout
ce qu’il renferme de cœurs généreux, d’es
prits éclairés.
Quant à moi, indépendamment du plaisir
que j’éprouve de me trouver en ce moment
en aussi honorable compagnie . je me félicite
de l’occasion qui m’est offerte d’exprimer
hautement mes sentiments au sujet de l’al
liance qui, dans l’intérêt de la civilisation et
du bonheur des peuples , unit les deux puis-
FEUILLETON DU MEMORIAL.
UN
MARIAGE SICILIEN
XIV.
— Souper avec les anges ! répéta desBruyè-
res aussi étonné que son ami Saint-Albin des
paroles de la du Perchoir.
Le mélancolique chevalier avait cependant
tourné la tête vers le lieu indiqué, et sa sur
prise augmenta en voyant à cinquante pas de
lui une porte s’ouvrir et un homme accourir
l’épée à la main avec l’intention évidente de
l’attaquer et peut-être de le frapper sans lui
laisser le loisir de se défendre.
Depuis la mort de sa femme , le chevalier
détestait la vie et fans rêver précisément aux
moyens de la quitter, il voulait se séparer du
monde et abriter sa douleur à l’ombre des
autels. Alors même , il touchait à son épée
pour s’en séparer , il venait de jurer de ne
s’en jamais servir, mais quand il vit arriver
sur lui un ennemi furieux, un fou, sans doute,
puisque les traits de cet homme lui étaient
inconnus, l’instinct de la conservation qui ne
s’éteint jamais complètement se réveilla en
lui , il assura son ceinturon à demi détaché
et tirant son épée, il se mit en grrde.
Ah ! ah ! dit la du Perchoir en riant de son
rire infernal, attention, monsieur le chevalier,
il me semble que l’épée de ce seigneur est
plus longue que la vôtre.
Elle avait prédit au chevalier une mort vio
lente et une mort par l’épée, elle le regardait
donc déjà comme perdu, et, selon son ex
pression, prêt à partir pour aller souper,avec
des anges.
L’abbé, fils d’un prince rempli de courage
et d’une danseuse dont le cœur valait mieux ,
que la tête, et qui n’était nullement timide,
l’abbé avait quelques-unes des qualités de
son père et de sa mère. Il était d’un caractère
hardi, et le danger ne l’intimidait pas. Dès
qu’il aperçut le comte sicilien, il voulut s’em
parer de l’épée du chevalier et courir sus à
l’ennemi ; mais des Bruyères était en garde et
le fer au poing. Alors l’abbé fit comme les hé
ros d’Homère qui, leur lance brisée, arra
chaient à la terre l’arme qu’ils destinaient à
accabler leur ennemi. L’abbé se baissa pour
s’emparer d’une grosse pierre qu’il voyait à
ses pieds ; mais la pierre, à moitié enterrée
dans le sol, se détachait difficilement, et avant
que l’abbé pût la soulever, les deux adversai
res étaient à deux pieds l’un de l’autre, le fer
à la main.
Le comte voulait se débarrasser d’un re
mords vivant, il voulait tuer à peu près loya
lement un homme qu’il avait cherché à em
poisonner. Le chevalier, au contraire, se re
gardant comme livré, par un hasard fâcheux,
aux attaques d’un fou, et serré de trop près
pour pouvoir fuir, aurait voulu au moins ren
dre le combat le moins grave possible ; il lui
semblait que l’abbé de Saint-Albin , au lieu
de s’amuser à arracher une pierre du sol, au
rait dû passer derrière l’assaillant, et par un
croc-en-jambe adroit, l’étendre sur le gazon;
alors on se jetterait sur ce lou, on le désar-
merait, et on le mettrait hors d état de nuire.
Plus le chevalier regardait la figure du
comte, belle, quoique altérée par la fureur,
plus il cherchait à ménager un adversaire
qu’il aurait au contraire attaqué avec fuieui
s’il l’eût connu. Ce combat , plus égal qu on
ne le croirait, ne pouvait pas durer. La colère
aveugle du Sicilien rendait inutile son habi
leté à manier l’épée ; le sangfroid du cheva
lier augmentait ses chances favorables. Les
deux fers se croisaient, grinçaient l’un contre
l’autre, et on les entendait glisser de la pointe
à la garde. Le jour baissait dans les allées qui
aboutissaient au rond-point, et à la sortie du
parc dont nous avons parlé s’avançaient en
parlant à haute voix les ouvriers qui quit
taient leur travail : ce bruit causa au Sicilien
un moment d’inquiétude, qui peut-être fut
aussi distrait en voyant à deux pas de lui
l’abbé de Saint-Albin, tenant à deux mains
une grosse pierre qu’il avait enfin déracinée
du sol. Le chevalier des Bruyères étendit le
bras, fit un pas en avant, et son épée perça
de part en part le comte, qui tomba en pous
sant un gémissement.
La du Perchoir laissa échapper un cri de
frayeur et de surprise ; le chevalier des
Bruyères sorti vainqueur et vivant de ce
combat, et ayant probablement tué le sei
gneur sicilien, c’était un événement mons
trueux et contraire aux prédictions de la de
vineresse.
Cependant, à peine le comte Guiscard fut-
il hors d’état de nuire et gisant sur le gazon,
que le bon sens rentra dans la tête aussi
jeune que légère de l’abbé.
— Hélas! pensa-t-il, que venons-nous de
faire, le chevalier et moi?
Il se mettait de moitié dans ce qui venait
de se passer, d’abord parce qu’il avait assisté
au combat, ensuite parce que si le chevalier
eût hésité un moment il s’emparait de l’épée
et combattait lui-même malgré son petit collet
et son habit violet.
— Nous sommes perdus si nous ne fuyons
au plus tôt, dit-il en prenant le chevalier par
le bras, tandis que celui-ci regardait attenti
vement son épée teinte du sang de son ad
versaire gisant devant lui.
— Viens, chevalier suis-moi, allons cher
cher un asile quelque part, non loin de
Versailles... Il ne faut pas que tu couches à
Versailles cette nuit... Un duel aujourd’hui ?
le jour des obsèques de Monseigneur le dau
phin ! et dans le parc même de Versailles !
Le roi sera impitoyable.
Dès que l’abbé avait vu tomber le comte
Guiscard, il avait, par un mouvement ins
tinctif, laissé s’échapper de ses mains la pierre
qu’il destinait à l’agresseur ; il donna alors
un coup de pied à cette pierre, comme pour
éloigner un complice dangereux, et s’appro
chant de la du Perchoir.
— Du Perchoir, lui dit-il connais-tu cet
homme? C’était un fou que ce coquin-là,
n’est-il pas vrai? Un homme qui s’était
échappé des Petites-Maisons... Sur ton âme ,
n’ouvre pas la bouche de tout ceci à qui que
ce soit au monde.
Et il glissa quelques louis dans la main de
la du Perchoir, puis s’approchant de son
oreille, il lui dit à voix basse :
— Et quant à cet homme, et il désignait
le comte dont le sang rougissait la terre ,
quant à cet homme... eh bien ! mon enfant,
tu le feras enterrer, cela te sera facile, n’est-
il pas vrai ? tu dois connaître des gens qui,
pour un peu d’argent, se chargeront mysté
rieusement de celte besogne... Tiens, voilà
les derniers louis que j’aie dans ma poche, et
si cela ne suffisait pas , viens me trouver au
Palais-Royal, à Paris, ou à Versailles même ;
lu demanderas Cauche... il te conduira au
près de moi.
Ensuite, prêtant l’oreille, il entendit le pas
des ouvriers qui se rapprochaient. Alors il
quitta la du Perchoir, prit le chevalier des
Bruyères par la main, et l’entraînant moitié
de gré, moitié de force, il lui fit traverser le
rond-point. Il ouvrit ensuite la petite porte
du parc et sortit avec son ami du domaine
royal.
— Pierre, Pierre, vous êtes toujours le co
cher de M. de Canillac?
— Oui, monsieur l’abbé.
— Et où allez- vous ainsi ?
-- A Paris, monsieur l’abbé.
— Très bien, mais la voilure est vide.
— Je vais chercher M. le marquis qui est
à Paris, mais qui compte coucher à Ver
sailles.
— Alors, Pierre, vous allez nous prendre
dans la voiture de M. le marquis, mon ami
et moi, et vous nous descendrez au Palais-
Royal.
— Très volontiers, monsieur l’abbé.
Le chevalier et l’abbé montèrent donc dans
le carrosse de M. de Canillac, ami du duc
d’Orléans, et dont l’influence commençait le
soir à l’heure où finissait celle du duc de Saint
Simon.
Le chevalier des Bruyères se plaça dans un
coin de la voiture, croisa les bras sur sa poi
trine, ferma les yeux et se mit à réfléchir à
sa position. Elle était, à son sens, aussi pleine
de douleur que de danger. Il pleurait une
femme adorée et ravie avant même qu’il put
la dire à lui ; il venait de tuer un homme,
peut-être un fou, mais quelqu’un de consi
dérable, s’il en jugeait par le luxe de ses vê
tements ; sans doute un grand seigneur étran
ger, dont les amis et les compatriotes cher
cheraient à venger la mort, et cela leur était
d’autant plus facile que le duel était irrégu
lier et avait eu lieu dans le parc de Versailles,
dans la demeure du roi, ce qui en augmen
tait la gravité.
Nous avons parlé de la distinction que l’on
faisait alors entre un duel et une rencontre.
Le chevalier des Bruyères ne l’ignorait pas,
et si jamais une rencontre fut évidente, c’était
celle dont le chevalier venait de se tirer par
un bonheur inespéré, mais il savait aussi que
plus le distinction était souvent subtile, plus
elle était toujours arbitraire. On avait subi
une rencontre ou on s’était battu en duel, se
lon qu’on était plus ou moins protégé ; il en
était ainsi dans les cours. Et qui protégeait le
chevalier? une seule personne, Madame; mais
Madame était sans crédit, sans pouvoir; le
roi l’estimait, mais l’écoutait peu. Il ne res
tait donc au chevalier que la fuite, et s’il ne
voulait pas retourner en Allemagne, il était
nécessaire qu’il se cachât dans quelque réduit
mystérieux, où la colère du roi ne pût pas
l’atteindre.
Les réflexions de l’abbé de Saint-Albin
étaient d’une autre nature et avaient une
teinte plus gaie. Il n’était point amoureux,
ni veuf avant d’être époux, et sa précoce jeu
nesse lui faisait souhaiter les aventures et les
périls d’une vie agitée. Il savait, ainsi que
son ami, qu’il s’était exposé à toute la colère
du roi, et c’était là un danger qui lui plai
sait. Le duc d’Orléans, son père, solliciterait
sa grâce, et s’il ne l’obtenait pas, on l’enver
rait en Italie, en Suède, en Pologne, au Nord
ou au Midi, où l’on voudrait : peu lui impor
tait. Si, enfin, il ne pouvait pas échapper à
un châtiment, il le subirait gaîment. Ce qui
pouvait lui arriver de pire, était d’être mis à
la Bastille.
— Il n’y aura pas grand mal à cela, se di
sait-il ; je suis jeune, et le roi est vieux : la
liberté ne se fera pas attendre.
Il calculait ensuite qu’aller à la Bastille pour
un duel, c’était s’éloigner d’un évêché et se
rapprocher d’un régiment. Au milieu de ces
calculs, il s’endormit.
— L’abbé, nous voici au Palais-Royal, que
veux-tu faire de moi? lui dit le chevalier eu
le réveillant.
L’abbé descendit de voiture , emprunta
quelques écus, au chevalier, pour les donner
au cocher deM. de Canillac; puis s’adressant
à son ami :
— Suis-moi, lui dit-il, et je vais te mettre
à l’abri des recors, des sergents et même de
messieurs de la connétablie, ainsi que de nos
seigneurs les maréchaux.
Et il prit avec le chevalier la rue Saint-
Honoré, en passant devant la barrière des
Sergents, lieu célèbre sous la Fronde, et que
3 OCTOBRE 1858.
DIMANCHE
sne ne n==== - = == =====
MEMMORIA! BORDELAIS
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME, INDUSTRIEL, LITTERAIRE ET D’ANNONGES JUDICIAIRES
Le MÉMORIAL BORDELAIS a été désigné pour les insertions des annonces prescrites par le Code de procédure civile et par l’avis du Conseil d’État du 9 mai 1 807, approuvé par le décret du 1 er juin suivant, pour l’année 1 858
T
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Dans LES départements , aux bureaux des Messageries nationales Gaillad et Compago
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Rousseau, n° 3, et Isidor Fontaine, directeur del'Officede publicité départemer
rue de Trévise, 20.
Bordeaux, 2 Octobre.
DEPÉCHE TÉLÉGRAPHHQUN.
Paris, 2 octobre 1858.
Le ministre de l’intérieur à MM. les
préfets.
Nominations dans la magistrature ; pro
rogation au 30 septembre 1859 du délai
fixé par le décret du 22 septembre 1857 ,
relatif à l’importation des denrées alimen
taires.
Hier, l’Empereur, accompagné de l’Im
pératrice, a passé une revue au Champ-de-
Mars.
[Communiqué.)
e-ee
Dépéches télégraphiques privées.
Nous recevons les dépêches télégraphi
ques suivantes:
« Constantinople, 25 septembre.
» Lord Redcliffe est arrivé, mais il ne
fera ici qu’un séjour très-court.
» On mande de Téhéran, 31 août, que le
Sadrazam est tombé en disgrâce et a été
arrêté. Ferouk khan sera nommé probable
ment ministre des affaires étrangères. »
« Marseille, 1er octobre.
» On mande de Tripoli (Barbarie), à la
date du 18 septembre, que la Turquie n’en
voyant pas à la régence l’argent nécessaire
au paiement des troupes, un bataillon, dont
la paie était arriérée d’un jour, s’est révolté
et a essayé d’entraîner les autres soldats ;
mais cernés aussitôt, les rebelles ont été en
chaînés. Pendant ces événements, les Euro
péens se sont réfugiés dans les consulats, et
le gouverneur, après avoir rétabli l’ordre, a
demandé des renforts. »
« Lisbonne, 29 septembre.
» L’assemblée provinciale de Rio-Janeiro
avait été ajournée au 23 novembre, pour
s’être prononcée contre le président de la
province, Antonio Nicolao Folentino.
» Le change sur Londres était à 26 518
34 deniers pour mille reis. La Banque du
Brésil tire par ce steamer 500,000 livres
sterling, et le total des traites dont il est-
porteur est de 900,000 livres sterling.
» La Banque du Brésil avait repris le paie
ment de ses billets en or.
» La café se cotait de 4,4 00 à 4,800.
» La qualité du café de la nouvelle récolte
était excellente. On avait expédié pour l’Eu
rope, pendant le mois d’août, 51,515 sacs,
et pendant les huit premiers jours de sep
tembre 17,138 sacs.
» Le clipper français Impératrice du Bré
sil parti du Havre le 17 juillet, est arrivé
à Rio-Janeiro le 29 août. »
« Londres, 30 septembre.
» Un marchand grec , à Birmingham , a
été arrêté; il est accusé de fabriquer en
masse de la monnaie de cuivre turque.
» On fait les préparatifs pour établir un
câble sous-marin entre l’Angleterre et le
Hanovre.
» Les revenus du trimestre de juillet,
comparés au trimestre correspondant de l'an-
née dernière , présentent une diminution de
1,500,000 liv. st. due principalement à ce
que la taxe de guerre a cessé d’être perçue.
On remarque cependant une augmentation
de 900,000 liv. st. dans le timbre , et de
250,000 liv. st., dans différentes autres
sources des revenus publics. »
« Londres, I er octobre.
» On des nouvelles de New-York du 18
septembre.
» LeFulton apporte 300,000 dollars pour
la France. »
« Madrid, 30 septembre.
» Hier, a eu lieu l’adjudication mensuelle
de titres de la dette passive étrangère. Les
prix d’enchères se sont élevés jusqu’à 13 40.
Le prix fixé par le gouvernement était 13
90.
» La Bouse était en hausse et très-animée.
On a une grande confiance dans le ministre
des finances actuel. »
Havas.
Nous avons parlé il y a quelques jours
d’une excursion faite à Saint-Sébastien par
l'Empereur et l'Impératrice ; voici les dé
tails que nous donne à ce sujet le Messager de
Bayonne :
« L’excursion en Espagne que Leurs Majes
tés avaient l’intention de faire vendredi
n’ayant pu avoir lieu par suite de l’état de la
mer, a été exécutée lundi 27.
» Les deux vapeurs de l’Etat le Coligny et
le Pélican franchirent ce jour la barre à qua
tre heures du matin et vinrent jeter l’ancre
devant la villa impériale. A dix heures et de
mie, Leurs Majestés s’embarquèrent, et les
deux vapeurs se dirigèrent vers les côtes
d’Espagne.
» A une heure, on jetait l’ancre dans la
baie de Saint-Sébastien, et Leurs Majestés
descendirent à terre, où elles furent reçues
par les autorités espagnoles. La garnison
était sous les armes, le canon du Gastillo re
tentissait, et les cloches sonnaient à toute vo
lée. L’Empereur passa en revue les troupes,
et nomma chevalier de la Légion-d'Honneur
le colonel commandant la garnison.
» Leurs Majestés accompagnées de la popu-
lelion tout entière , qui se pressait sur leur
passage en poussant d’énergiques vivats, se
rendirent successivement à l’église cathédrale
et à V ayuntamiento.
» Après être restées environ deux heures à
Saint-Sébastien, Leurs Majestés retournèrent
à bord du Coligny , suivies des officiers de la
garnison et des principales autorités espagno
les, qu’elles avaient gracieusement invitées à
les accompagner dans la visite qu’elles allaient
rendre au couvent de Loyola.
» Vers cinq heures, les deux vapeurs s’ar
rêtaient devant le petit port de Zumaya.
» Dès le matin, un de nos concitoyens en
voyé par l’Empereur était arrivé sur ce point,
et, mettant en usage avec autant de zèle que
d'intelligence la connaissance qu’il possède
de toutes les provinces basques, il avait reuni
les voitures et les chevaux nécessaires pour
franchir les deux kilomètres qui séparent Zu-
maya de Loyola. Notre compatriote avait fait
préparer deux tanches montées chacune par six
vigoureux rameurs basques, qui, en fort peu
de temps, transportèrent sur le rivage LL.
MM. et les personnes qui les accompagnaient.
» Deux voilures-diligences à vingt places
chacune reçurent les personnes de la suite de
Leurs Majestés. L’Impératrice et la princese
Murat prirent place dans une petite améri
caine découverte, attelée de deux choveaux ;
l’Empereur monta sur le siège et conduisit
lui-même, en riant, les modestes coursiers.
» L’arrivée de LL. MM. avait été si bien
tenue secrète, qu’il ne se trouvait sur le ri
vage, au moment où elles débarquèrent, qu’un
lieutenant de carabineros et quatre de ses
hommes. Bientôt la nouvelle de la visite inat
tendue se répandit, et la population tout en
tière, charmée de la noble simplicité, de l’af
fabilité de nos souverains, accourut sur son
passage.
» Vers sept heures du soir, les augustes vi
siteurs arrivèrentau couvent de Loyola, après
avoir traversé en l’admirant le magnifique
pays qui se présente depuis la mer.
» Prévenus quelques instants avant, les
RR. PP. jésuites reçurent Leurs Majestés en
témoignant le bonheur qu’ils ressentaient de
leur visite.
» Pendant deux heures, Leurs Majestés vi
sitèrent cet établissement si grandiose, dont
la chapelle est citée comme un des monu
ments religieux les plus remarquables de
l’Espagne.
» Le retour à Zumaya se fit par une nuit
sereine. Tous les villages que l’on traversait
étaient sur pied ; les habitants saluaient Leurs
Majestés et les acclamaient joyeusement.
» L’alcade de Zumaya, entouré des nota
bles de l’endroit, attendait près du rivage. La
population tout entière, portant des torches,
poussait des vivats chaleureux.
» La mer était calme, et l’embarquement
se fit avec facilité. Les vapeurs, illuminés de
puis la pointe des mâts, partirent avec rapi
dité, suivis pendant longtemps par les cris de
la foule qui couvrait le rivage.
» Un splendide dîner était préparé à bord
du Coligny. L’Empereur y invita les person
nes qu’il avait engagées à l’accompagner.
» La nuit était d’une sérénité admirable,
éclairée par un splendide clair de lune ; on
éteignit l’illumination, pour mieux jouir de ce
magnifique spectacle.
» En approchant des côtes de France, les
autorités et les officiers espagnols prirent
congé de Leurs Majestés, et s’embarquèrent
sur une trincadoure qui les reconduisit à
Saint-Sébastien. Un peu avant trois heures
du matin, deux coups de canon tirés à bord
du Coligny annonçaient l’arrivée devant Biar
ritz. »
Pour extrait : Durand.
Il est curieux de lire les commentaires que
le voyage du prince Napoléon à Varsovie ins
pire déjà dans la capitale de l’Autriche. Voici
ce que l’on écrit de Vienne au Précurseur :
« Vienne, le 27 septembre.
« La nouvelle que le télégraphe vient de
nous apporter du voyage du prince Napoléon
à Varsovie produit une assez vive sensation.
Les quelques hommes politiques que j’ai pu
entretenir à ce sujet croient savoir que le cou
sin de l’Empereur est chargé auprès du czar
d’une mission relative au complément à don
ner à l’affaire de Villafranca qui, quoi qu’on
puisse faire pour en diminuer l’importance ,
constate néanmoins une sorte de coalition en
tre la France et la Russie, tendant à combat
tre la prépondérance commerciale , indus
trielle et politique que l’Angleterre et l’Autri
che s’efforcent de conquérir en Orient.
» Le gouvernement français, me disent-
ils, est plus que jamais porté à mêler étroite
ment ses intérêts à ceux de la Russie, en pré-
snce de ce fait surtout qui est manifeste au
jourd’hui que la Prusse tend à s’engager, par
suite de son alliance avec l’Angleterre , dans
la coalition formée par cette dernière puis
sance et l’Autriche comme contre-poids à la
pression que les deux empires de l’Ouest et
de l’Est paraissent vouloir exercer sur l’Eu
rope. Ge qui est positif, c’est que le bon ac
cord de la France et de la Russie dans la Mé
diterranée est prouvé par un fait que j’ap
prends à l’instant même, à savoir que la com
pagnie d’Odessa mettra ses tarifs aux mêmes
prix que les messageries impériales françai
ses , partout où les deux services se rencon
treront, tandis que ses tarifs seront abaissés
partout où elle se trouvera en concurrence
avec le Lloyd.
» P.-S. On me donne pour certain que le
prince Napoléon doit inviter le czar Alexandre
à se rendre en France. »
Pour extrait : Durand.
On mande de Varsovie, le 26 septembre, à
la Correspondance Bullier :
« L’empereur, entouré d’un brillant état-
major, s’est rendu hier sur la place de Powonzki.
Parmi les étrangers de distinction qui accom
pagnaient l’empereur on remarquait le prince
royal de Prusse, arrivé la veille au soirà Var
sovie , le prince Charles de Bavière et une
foule de généraux et officiers étrangers.
» Un magnifique soleil et une température
printanière ont favorisé cette fête militaire.
S. M. en arrivant a salué les troupes réunies
sous les armes depuis le matin par l’habituel
zdrastwoujeté rébyala (Comment allez-vous,
enfants!) et les troupes ont répondu par un
hourrah enthousiaste. Les manœuvres ont
commencé à 1 heure. 43 bataillons d’infante
rie, 28 escadrons de cavalerie et 64 pièces
d’artillerie ont fait des évolutions, puis ont
défilé devant l'empereurr
» A quatre heures du soir, l’empereur et
ses hôtes sont retournés au palais du Belvé
dère. Un dîner servi à cinq heures a réuni les
ministres, les sénateurs, les membres du con
seil de l'adminislration du royaume, les gé
néraux, les consuls étrangers, les chefs des
principales administrations, tous les maré
chaux de la noblesse du royaume de Pologne
invités à se rendre dans la capitale pour le
séjour de l'empereur. Le soir, il y a eu spec
tacle, au théâtre de la cour, à Lazienki. Le
parc de ce château, ainsi que toute la ville,
était brillamment illuminé. Au sortir du spec
tacle, l’empereur s’est promené dans la foule,
et vers minuit, un splendide feu d’artifice a
été tiré dans le parc.
» L’empereur s’est rendu aujourd’hui, en
compagnie de se3 augustes hôtes, à Skier-
niewicz, où une chasse magnifique avait été
préparée.
» On dit que le prince de Prusse fera au
jourd’hui ses adieux à l’empereur. On attend
ce soir l’arrivée du prince de Weimar, et
après-demain celle du prince Napoléon Bo
naparte. »
Tous les ans, à l’occasion de la fête de St-
Michel, l’honorable compagnie des marchands
de poisson [fishmonger) de Londres, donne un
grand banquet auquel sont invités un certain
nombre de personnages politiques On y a re
marqué surtout cette année la présence du
nouveau ministre de l’Inde, lord Stanley, et
du comte de Montebello.
Voici, d’après le Morning-Post du 30 sep
tembre, le compte-rendu de ce banquet :
« Hier a eu lieu à Fishmonger's-Hall , le
banquet annuel de la corporation des mar
chands de poisson de la Cité de Londres. Des
invitations avaient été adressées aux mem
bres du nouveau conseil des Indes, et l’on re
marquait parmi les assistants lord Stanley, le
lieutenant-colonel sir H. Rawlinson, K. G. G.
sir H. Montgomery, le capitaine Eastwick, M.
Mangles, M. P. et M. A. Arbuthmot dont la
présence rehaussait l’éclat de la réunion. De
nombreux visiteurs assistaient aussi au ban
quet, entre autres le comte de Montebello. La
présidence a été dévolue à M. T. Bodington ,
Prime Warden.
Après le repas, le président propose un
toast à l’armée et à la marine ; il rappelle à
ce propos les services rendus par sir H. Raw
linson, présent au banquet, et cite avec éloge
les noms des capitaines Pym et Collinson ,
distingués pour les travaux auxquels ils se
sont livrés à la recherche de sir John Fran
klin, et associe à leurs noms les regrets qu’il
éprouve pour la perte du lieutenant Bellot, de
la marine française.
Ce toast est accueilli avec beaucoup d’en
thousiasme.
Sir Henry Rawlinson : Je puis vous assu
rer que l’armée ne désire pas la guerre; per
sonne n’apprécie plus hautement les bienfaits
de la paix que ceux qui sont continuellement
en activité; mais en même temps l’armée an-
glaise ne manquera jamais de se tenir sur la
brèche quand l’honneur ou les institutions
du pays seront en danger. ( Applaudisse
ments.) L’armée n'a pas démenti son carac
tère dans les dernières affaires de l’Inde; elle
a au contraire élevé sa réputation. Je puis
vous affirmer par expérience que rien n’est
plus propre à exciter le courage des soldats ,
dans la guerre, que l’espoir qu’ils seront ap
préciés par leurs compatriotes dans la mère
patrie. (Applaudissements.)
Le capitaine Collinson : Je suis enchanté de
pouvoir joindre mon tribut déconsidération
pour les hommes de la marine qui ont si no
blement soutenu la renommée de leurs prédé
cesseurs. Vousavez vu que le matelot anglais,
quand l’occasion se présente , peut faire son
devoir aussi bien à terre qu’à la mer. ( Ap
plaudissements.) Vous avez appris avec sa
tisfaction comment la marine a prêté son con
cours pour étouffer la révolte dans l’Inde.
Le président propose ensuite un toast en
l’honneur de lord Stanley, dont il fait un cha
leureux éloge et des membres du nouveau
conseil de l’Inde.
Lord Stanley: Messieurs, le président a
bien voulu associer son nom à l’honneur fait
au gouvernement de l’Inde; je ne m’arrêterai
pas ici à rappeler ni même à indiquer les
controverses passées, mais je me permettrai
de dire que pendant les discussions parlemen
taires qui se sont terminées par la transmis
sion du gouvernement de l’Inde, de la com
pagnie au pouvoir exécutif de notre pays, ce
changement a constamment été représenté
par moi et par mes collègues comme une me
sure qui n’avait rien qui impliquât un blâme
contre l’administration de cette grande com
pagnie, dont le pouvoir centenaire est ex
piré. Vous l’avez considéré et je crois avec
raison , comme un changement naturel et
même nécessaire, amené par le temps et la
marche des événements. Je pense que ce
changement sera avantageux pour l’Inde.
J’espère qu’il conduira à introduire plus lar
gement dans ce pays l’esprit d’entreprise et
les idées de l’Europe ; mais je ne puis me
dissimuler, et je ne puis vous cacher que si
ce changement de gouvernement a multi
plié les occasions favorables pour le gouver
nement de ce pays, il a en même temps ac
cru dans la même proportion la responsa
bilité qui pèse sur nous. (Ecoutez ! écoutez !)
Nous avons à nous tenir en garde contre un
double danger. Nous avons à protéger l’Inde
contre les fluctuations de la politique parle
mentaire, et nous avons à garantir l’Angle
terre contre les risques plus indirects et plus
éloignés, mais non moins réels peut-être, qui
peuvent résulter des relations de son pouvoir
exécutif avec un pouvoir exécutif nécessaire
ment despotique. Je crois et je suis heureux
de croire que l’insurrection des quinze der
niers mois va s’éteignant peu à peu, ainsi que
l’exaspération des sentiments qui dominaient
dans notre pays contre les indigènes de l’Inde,
et qui, sans être pour nous un sujet d’éton
nement, doivent néanmoins inspirer des re
grets. Je crois pouvoir dire que cette exaspé
ration disparaît avec la cause à laquelle elle
devait son origine , et qu’à une époque qui
n’est pas éloignée, nous serons, si même nous
ne sommes pas déjà , dans une meilleure et
plus convenable disposition d’esprit.
Mais nous devons nous rappeler que ee
n’est pas par un mauvais vouloir ou par un
mauvais sentiment de notre part, mais bien
par des efforts mal éclairés ou mal dirigés en
vue de faire le bien, que l’influence de notre
gouvernement dans l’Inde est exposé au dan
ger. Nous considérons et nous devons sans
doute considérer lesindigènesde l’Inde comme
des personnes pour lesquelles nous devons
éprouver des sentiments de bienveillance, et
dans l’intérêt desquelles nous devons travail
ler. Mais cela n’est pas assez. Il ne suffit pas
que nous les considérions comme des êtres sur
lesquels notre bienveillance doit s’exercer,
comme des personnes en faveur desquelles
nous pouvons opérer des changements impor
tants. Nous devons les regarder aussi comme
des hommes avec lesquels, et non contre les
quels nous devons agir, des hommes qui ont
leurs sentiments à eux, des hommes qui, bien
que soumis à nous politiquement, ont le sen
timent de leurs propres droits et le respect de
leur indépendance (Applaudissements) ; des
hommes qui tiennent d’autant plus à leur in
dépendance intellectuelle et à leurs coutumes
nationales, qu’ils se sentent soumis à un joug
politique. (Applaudissements.)
Sans doute la position d’une race conqué
rante et gouvernante confère plusieurs avan
tages sous le rapport de l’influence qu’elle
peut exercer sur le pays conquis, mais cette
position a aussi ses désavantages, car elle
tend presque inévitablement à développer un
certain sentiment de supériorité, une certaine
arrogance, si ce n’est pas là employer une ex
pression trop forte, un certain mépris pour
des sentiments qu’il nous est absolument im
possible de partager, n’étant pas placés dans les
mêmes circonstances ; et je n’hésite pas à dire
que si nous ne modifions pas et ne tenons pas
dans les limites convenables ce sentiment de
supériorité nationale, si nous ne mettons pas
tous nos soins à respecter les préjugés de ceux
que nous devons gouverner ; bien plus, si
nous essayons d’introduire la force et l’in
fluence du gouvernement dans ce qui doit
être une affaire de conviction personnelle en
tre l’homme et sa conscience. (Applaudisse-
ments.) Si nous faisons cela, ou même si nous
sommes soupçonnés sur des motifs plausibles
de chercher à le faire ou même à le désirer ,
toutes nos tentatives d’amélioration seront
considérées comme des insultes et finiront
par produire plus de mal que de bien. ( Ap
plaudissements.)
Je suis sûr que dans cette enceinte, ces
paroles d'avertissement et toutes les précau
tions dont j’ai parlé sont inutiles ; mais au-
dehors , il est des lieux où elles ne sont pas
tout à fait superflues. Je dois vous remercier,
au nom de mes collègues, les membres du
conseil de l’Inde, et en considérant que la
moitié d’entre eux, au moins , a été nommée
par le gouvernement dont je fais partie. Peut-
être ne serait-ce pas à moi à faire leur éloge.
Je dirai cependant, parce que je puis le dire
en toute vérité, qu’en faisant le choix de ceux
qui doivent nous aider dans l’administration,
des affaires de l’Inde, nous n’avons pas tenu
compte des influences parlementaires, ni
même des convenances de la politique anglai
se, non plus que des amilés personnelles;
nous n’avons eu égard qu’aux services admi
nistratifs que nous pouvions attendre de ceux
que nous avons choisis comme représentant
les divers services de l’Inde. Je dois ajou
ter que je n’en ai pas moins des motifs d’être
satisfait de l’élection qui a été le dernier acte
gouvernemental de la Compagnie des Indes-
Orientales.
Pour qui considère la position de l’Inde, il
doit être évident que le travail que nous
avonsàaccomplir n’est pas peu dechose. Nous
avons une armée à réorganiser et un empire
à pacifier. J’avoue que quand je songe à toute
la responsabilité qui pèse sur nous en ce mo
ment et dans cette situation, et heureuse
ment pour moi je n’ai pas beaucoup de loisir
d’y songer, je suis presque épouvanté de la
difficulté de la tâche que nous avons entre
prise. Mais j’ai au moins la consolation de
penser que je suis entouré de personnes com
pétentes pour donner d’aussi bons et aussi
honnêtes conseils qu’en ait jamais reçu mi
nistre anglais. (Applaudissements.) Je crois,
en outre, que le public anglais est juste et
qu’il considérera au moins avec indulgence
les efforts tentés pour lui rendre service, lors
même que le succès obtenu ne serait pas pro
portionné à ces efforts. (Bruyants applaudis
sements.)
Le noble lord termine en proposant la
santé du Prime Warden.
Un loast est ensuite proposé en l’honneur
de la Chambre des communes; il y est ré
pondu par M. R. D. Mangies.
Le Prime Warden se lève de nouveau et
propose la santé d’un visiteur illustre , celle
du comte de Montebello, qui, dit-il, est un
représentant si distingué de la grande et no
ble nation, notre alliée, et qui, de plus, s’est
uni par les liens du mariage avec l’Angle-
terre. L’orateur s’étend sur les bienfaits d’une
intime union entre les deux nations.
Le comte de Montebello remercie en ces
termes l’assemblée du toast en son honneur :
Laissez-moi, messieurs , vous témoigner
toute ma gratitude pour le toast qui vient de
vous être proposé, et pour l’accueil que vous
avez bien voulu lui faire. Je suis heureux de
pouvoir vous assurer que les idées que vous
venez d’entendre si bien et si noblement ren
dues sont partagées dans mon pays par tout
ce qu’il renferme de cœurs généreux, d’es
prits éclairés.
Quant à moi, indépendamment du plaisir
que j’éprouve de me trouver en ce moment
en aussi honorable compagnie . je me félicite
de l’occasion qui m’est offerte d’exprimer
hautement mes sentiments au sujet de l’al
liance qui, dans l’intérêt de la civilisation et
du bonheur des peuples , unit les deux puis-
FEUILLETON DU MEMORIAL.
UN
MARIAGE SICILIEN
XIV.
— Souper avec les anges ! répéta desBruyè-
res aussi étonné que son ami Saint-Albin des
paroles de la du Perchoir.
Le mélancolique chevalier avait cependant
tourné la tête vers le lieu indiqué, et sa sur
prise augmenta en voyant à cinquante pas de
lui une porte s’ouvrir et un homme accourir
l’épée à la main avec l’intention évidente de
l’attaquer et peut-être de le frapper sans lui
laisser le loisir de se défendre.
Depuis la mort de sa femme , le chevalier
détestait la vie et fans rêver précisément aux
moyens de la quitter, il voulait se séparer du
monde et abriter sa douleur à l’ombre des
autels. Alors même , il touchait à son épée
pour s’en séparer , il venait de jurer de ne
s’en jamais servir, mais quand il vit arriver
sur lui un ennemi furieux, un fou, sans doute,
puisque les traits de cet homme lui étaient
inconnus, l’instinct de la conservation qui ne
s’éteint jamais complètement se réveilla en
lui , il assura son ceinturon à demi détaché
et tirant son épée, il se mit en grrde.
Ah ! ah ! dit la du Perchoir en riant de son
rire infernal, attention, monsieur le chevalier,
il me semble que l’épée de ce seigneur est
plus longue que la vôtre.
Elle avait prédit au chevalier une mort vio
lente et une mort par l’épée, elle le regardait
donc déjà comme perdu, et, selon son ex
pression, prêt à partir pour aller souper,avec
des anges.
L’abbé, fils d’un prince rempli de courage
et d’une danseuse dont le cœur valait mieux ,
que la tête, et qui n’était nullement timide,
l’abbé avait quelques-unes des qualités de
son père et de sa mère. Il était d’un caractère
hardi, et le danger ne l’intimidait pas. Dès
qu’il aperçut le comte sicilien, il voulut s’em
parer de l’épée du chevalier et courir sus à
l’ennemi ; mais des Bruyères était en garde et
le fer au poing. Alors l’abbé fit comme les hé
ros d’Homère qui, leur lance brisée, arra
chaient à la terre l’arme qu’ils destinaient à
accabler leur ennemi. L’abbé se baissa pour
s’emparer d’une grosse pierre qu’il voyait à
ses pieds ; mais la pierre, à moitié enterrée
dans le sol, se détachait difficilement, et avant
que l’abbé pût la soulever, les deux adversai
res étaient à deux pieds l’un de l’autre, le fer
à la main.
Le comte voulait se débarrasser d’un re
mords vivant, il voulait tuer à peu près loya
lement un homme qu’il avait cherché à em
poisonner. Le chevalier, au contraire, se re
gardant comme livré, par un hasard fâcheux,
aux attaques d’un fou, et serré de trop près
pour pouvoir fuir, aurait voulu au moins ren
dre le combat le moins grave possible ; il lui
semblait que l’abbé de Saint-Albin , au lieu
de s’amuser à arracher une pierre du sol, au
rait dû passer derrière l’assaillant, et par un
croc-en-jambe adroit, l’étendre sur le gazon;
alors on se jetterait sur ce lou, on le désar-
merait, et on le mettrait hors d état de nuire.
Plus le chevalier regardait la figure du
comte, belle, quoique altérée par la fureur,
plus il cherchait à ménager un adversaire
qu’il aurait au contraire attaqué avec fuieui
s’il l’eût connu. Ce combat , plus égal qu on
ne le croirait, ne pouvait pas durer. La colère
aveugle du Sicilien rendait inutile son habi
leté à manier l’épée ; le sangfroid du cheva
lier augmentait ses chances favorables. Les
deux fers se croisaient, grinçaient l’un contre
l’autre, et on les entendait glisser de la pointe
à la garde. Le jour baissait dans les allées qui
aboutissaient au rond-point, et à la sortie du
parc dont nous avons parlé s’avançaient en
parlant à haute voix les ouvriers qui quit
taient leur travail : ce bruit causa au Sicilien
un moment d’inquiétude, qui peut-être fut
aussi distrait en voyant à deux pas de lui
l’abbé de Saint-Albin, tenant à deux mains
une grosse pierre qu’il avait enfin déracinée
du sol. Le chevalier des Bruyères étendit le
bras, fit un pas en avant, et son épée perça
de part en part le comte, qui tomba en pous
sant un gémissement.
La du Perchoir laissa échapper un cri de
frayeur et de surprise ; le chevalier des
Bruyères sorti vainqueur et vivant de ce
combat, et ayant probablement tué le sei
gneur sicilien, c’était un événement mons
trueux et contraire aux prédictions de la de
vineresse.
Cependant, à peine le comte Guiscard fut-
il hors d’état de nuire et gisant sur le gazon,
que le bon sens rentra dans la tête aussi
jeune que légère de l’abbé.
— Hélas! pensa-t-il, que venons-nous de
faire, le chevalier et moi?
Il se mettait de moitié dans ce qui venait
de se passer, d’abord parce qu’il avait assisté
au combat, ensuite parce que si le chevalier
eût hésité un moment il s’emparait de l’épée
et combattait lui-même malgré son petit collet
et son habit violet.
— Nous sommes perdus si nous ne fuyons
au plus tôt, dit-il en prenant le chevalier par
le bras, tandis que celui-ci regardait attenti
vement son épée teinte du sang de son ad
versaire gisant devant lui.
— Viens, chevalier suis-moi, allons cher
cher un asile quelque part, non loin de
Versailles... Il ne faut pas que tu couches à
Versailles cette nuit... Un duel aujourd’hui ?
le jour des obsèques de Monseigneur le dau
phin ! et dans le parc même de Versailles !
Le roi sera impitoyable.
Dès que l’abbé avait vu tomber le comte
Guiscard, il avait, par un mouvement ins
tinctif, laissé s’échapper de ses mains la pierre
qu’il destinait à l’agresseur ; il donna alors
un coup de pied à cette pierre, comme pour
éloigner un complice dangereux, et s’appro
chant de la du Perchoir.
— Du Perchoir, lui dit-il connais-tu cet
homme? C’était un fou que ce coquin-là,
n’est-il pas vrai? Un homme qui s’était
échappé des Petites-Maisons... Sur ton âme ,
n’ouvre pas la bouche de tout ceci à qui que
ce soit au monde.
Et il glissa quelques louis dans la main de
la du Perchoir, puis s’approchant de son
oreille, il lui dit à voix basse :
— Et quant à cet homme, et il désignait
le comte dont le sang rougissait la terre ,
quant à cet homme... eh bien ! mon enfant,
tu le feras enterrer, cela te sera facile, n’est-
il pas vrai ? tu dois connaître des gens qui,
pour un peu d’argent, se chargeront mysté
rieusement de celte besogne... Tiens, voilà
les derniers louis que j’aie dans ma poche, et
si cela ne suffisait pas , viens me trouver au
Palais-Royal, à Paris, ou à Versailles même ;
lu demanderas Cauche... il te conduira au
près de moi.
Ensuite, prêtant l’oreille, il entendit le pas
des ouvriers qui se rapprochaient. Alors il
quitta la du Perchoir, prit le chevalier des
Bruyères par la main, et l’entraînant moitié
de gré, moitié de force, il lui fit traverser le
rond-point. Il ouvrit ensuite la petite porte
du parc et sortit avec son ami du domaine
royal.
— Pierre, Pierre, vous êtes toujours le co
cher de M. de Canillac?
— Oui, monsieur l’abbé.
— Et où allez- vous ainsi ?
-- A Paris, monsieur l’abbé.
— Très bien, mais la voilure est vide.
— Je vais chercher M. le marquis qui est
à Paris, mais qui compte coucher à Ver
sailles.
— Alors, Pierre, vous allez nous prendre
dans la voiture de M. le marquis, mon ami
et moi, et vous nous descendrez au Palais-
Royal.
— Très volontiers, monsieur l’abbé.
Le chevalier et l’abbé montèrent donc dans
le carrosse de M. de Canillac, ami du duc
d’Orléans, et dont l’influence commençait le
soir à l’heure où finissait celle du duc de Saint
Simon.
Le chevalier des Bruyères se plaça dans un
coin de la voiture, croisa les bras sur sa poi
trine, ferma les yeux et se mit à réfléchir à
sa position. Elle était, à son sens, aussi pleine
de douleur que de danger. Il pleurait une
femme adorée et ravie avant même qu’il put
la dire à lui ; il venait de tuer un homme,
peut-être un fou, mais quelqu’un de consi
dérable, s’il en jugeait par le luxe de ses vê
tements ; sans doute un grand seigneur étran
ger, dont les amis et les compatriotes cher
cheraient à venger la mort, et cela leur était
d’autant plus facile que le duel était irrégu
lier et avait eu lieu dans le parc de Versailles,
dans la demeure du roi, ce qui en augmen
tait la gravité.
Nous avons parlé de la distinction que l’on
faisait alors entre un duel et une rencontre.
Le chevalier des Bruyères ne l’ignorait pas,
et si jamais une rencontre fut évidente, c’était
celle dont le chevalier venait de se tirer par
un bonheur inespéré, mais il savait aussi que
plus le distinction était souvent subtile, plus
elle était toujours arbitraire. On avait subi
une rencontre ou on s’était battu en duel, se
lon qu’on était plus ou moins protégé ; il en
était ainsi dans les cours. Et qui protégeait le
chevalier? une seule personne, Madame; mais
Madame était sans crédit, sans pouvoir; le
roi l’estimait, mais l’écoutait peu. Il ne res
tait donc au chevalier que la fuite, et s’il ne
voulait pas retourner en Allemagne, il était
nécessaire qu’il se cachât dans quelque réduit
mystérieux, où la colère du roi ne pût pas
l’atteindre.
Les réflexions de l’abbé de Saint-Albin
étaient d’une autre nature et avaient une
teinte plus gaie. Il n’était point amoureux,
ni veuf avant d’être époux, et sa précoce jeu
nesse lui faisait souhaiter les aventures et les
périls d’une vie agitée. Il savait, ainsi que
son ami, qu’il s’était exposé à toute la colère
du roi, et c’était là un danger qui lui plai
sait. Le duc d’Orléans, son père, solliciterait
sa grâce, et s’il ne l’obtenait pas, on l’enver
rait en Italie, en Suède, en Pologne, au Nord
ou au Midi, où l’on voudrait : peu lui impor
tait. Si, enfin, il ne pouvait pas échapper à
un châtiment, il le subirait gaîment. Ce qui
pouvait lui arriver de pire, était d’être mis à
la Bastille.
— Il n’y aura pas grand mal à cela, se di
sait-il ; je suis jeune, et le roi est vieux : la
liberté ne se fera pas attendre.
Il calculait ensuite qu’aller à la Bastille pour
un duel, c’était s’éloigner d’un évêché et se
rapprocher d’un régiment. Au milieu de ces
calculs, il s’endormit.
— L’abbé, nous voici au Palais-Royal, que
veux-tu faire de moi? lui dit le chevalier eu
le réveillant.
L’abbé descendit de voiture , emprunta
quelques écus, au chevalier, pour les donner
au cocher deM. de Canillac; puis s’adressant
à son ami :
— Suis-moi, lui dit-il, et je vais te mettre
à l’abri des recors, des sergents et même de
messieurs de la connétablie, ainsi que de nos
seigneurs les maréchaux.
Et il prit avec le chevalier la rue Saint-
Honoré, en passant devant la barrière des
Sergents, lieu célèbre sous la Fronde, et que
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