Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1926-02-02
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 février 1926 02 février 1926
Description : 1926/02/02 (A42,N14785). 1926/02/02 (A42,N14785).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5459385
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
LE PETIT ALGERIEN
»
\ DÉPÔT LESA,
\
erienne
42 e ANNEE
N 3 14785
20
cent.
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MARDI 2 FEVRIER 1926
UA POLITIQUE
Au Pied_du Mur
Paris, 29 janvier .
Recevant les journalistes qu’il avait
convoqués pour leur fournir des explica
tions verbales sur ses . projets militaires,
M. -Painlevé leur a dit, entre autres cho
ses : « Les électeurs veulent le service d’un
an. »
Les électeurs veulent le service d’un an
de la même manière qu’ils veulent l’aboli
tion de la taxe sur le chiffre d’affaires. Ils
sont partisans de ce qui les arrange le
mieux dans leurs affaires privées et dans
leurs intérêts personnels.
C’est pour ce motif qu’il y a eu de tout
temps des démagogues, des flagorneurs du
peuple qui, pour capter ses faveurs, lui fai
saient intarissablement des promesses.
Ce qui se passait à Athènes, du temps
d’Aristophane, nous le voyons encore au
jourd’hui. L’homme ne change pas.
Ce n’est pas l’électeur qu’il faut blâmer
Ce sont ceux qui le trompent de propos dé
libéré et qui, pour conquérir des mandats,
lui jettent de la poudre aux yeux.
L’électeur a souvent pour excuse son
ignorance, sa méconnaissance des problè
mes généraux dont on ne lui laisse aper
cevoir qu’un aspect, et surtout les menson
ges qu’on lui débite.
Mais qqe faut-il penser d’hommes culti
vés, intelligents, anciens normaliens com
me celui-ci, savants éminents comme ce
lui-là, ayant déjà occupé de hautes char
ges, qui passent pour d’honnêtes gens, in
capables, dans la vie privée, de la moindre
indélicatesse, et qui, dans la vie. publique,
sont d’une improbité d esprit rare ?
Au printemps de 1924, il s’agissait pour
eux de reconquérir le pouvoir. Pour cela,
il fallait déconsidérer, rendre odieux le
parti au pouvoir. Le parti, on l’a accablé
sous les calomnies. On lui a reproché, en
tre autres choses, d’avoir accru les impôts
.et d’avoir fait du militarisme en n’abais
sant qu’à dix-huit mois la durée du ser
vice militaire.
Le suffrage universel s’est dit qu’après
tout, si des hommes considérables comme
MM. Painlevé et Herriot lui disaient cela,
ils avaient de bonnes raisons pour parler
ainsi, et qu’après tout, si on pouvait tirer
d’affaire la France au plus juste prix,
c’est-à-dire sans impôts nouveaux et en ré
duisant davantage — à un an, voire à six
mois — la durée du service militaire, il
n’y fallait pas manquer.
Anatole France, à qui on a fait des obsè
ques nationales, a écrit que la République
était le régime de la facilité. La Républi
que de MM. Painlevé et Herriot en tout
fcas. Est-il surprenant qu’il y ait des élec
teurs, beaucoup d’électeurs, pour estimer
que leur méthode est plus agréable que
celle de leurs adversaires ?
0Q0
Les difficultés ont commencé lorsque les
cartellistes ont été mis au pied du mur,
lorsqu’il a fallu faire honneur à la traite
tirée par les candidats du 11 mai sur les
ministres du lendemain.
Il a fallu réaliser les promesses électo
rales.
Grand embarras ! « Supprimons le dou
ble décime ! » se sont écriés les nouveaux
élus. Loin de le supprimer, ils l’ont multb
plié. Il en est de même présentement pour
la taxe sur le chiffre d’affaires.
Quant au service militaire, il a fallu,
peu ou prou, s’exécuter.
L autre jour, devant la presse assem
blée, M. le ministre de la guerre Painlevé
avait une attitude embarrassée. Il semblait
plaider les circonstances atténuantes.
Son principal argument fut celui-ci/.
— Il ne faut pas oublier que le service
d’un an a été réclamé par le suffrage uni-
verseL
En supposant que ce soit exact, il y a
Une chose qu’il faut ajouter : c’est que M.
jainlBvé a servi de caution à ceux qui ré
tamaient cela et que ceux qui ont voté
our les candidats « unannistes » ont mis
; /ur conscience à l’abri en se disant : « Du
jhoment qu’un patriote et un savant tel
%ie M. Painlevé trouve* cela bon et juste,
>*ous pouvons y aller. »
La responsabilité encourue par l’actuel
ministre de la guerre est lourde et l’on
comprend son embarras. Mais il n’a pas
le droit de s’abriter derrière le verdict du
suffrage universel et de dire : « Vous voyez,
nous ne pouvons pas faire autrement ;
c’eist le corps électoral qui veut cela. » Ce
verdict, c’est lui et ce sont ses amis qui
l'ont dicté au pays, qui se sont portés ga
rants que la réduction du service militaire
ne nuirait pas à la défense nationale.
Maintenant que le pays a été intoxiqué,
grâce à lui, par le virus non Seulement du
pacifisme, mais de l’antimilitarisme, M.
Painlevé parle à peu près comme parlerait
M. Maginot. Il plaide toutes sortes de cir
constances atténuantes. Il insiste sur la
nécessité de ne rien brusquer, de constituer
des cadres solides, de recruter des civils
pour^ les services administratifs, pour les
corvées, die se procurer des engagés, etc.
Je note en passant que l’un des argu
ments les plus forts invoqués en faveur du
service réduit, c’est que les jeunes gens
incorporés sont autant de bras enlevés à
l’agriculture, au commerce, à l’industrie.
Mais ces auxiliaires civils qu’on se pro
pose de recruter en grand nombre, ne se
ront-ils pas, eux aussi, arrachés à l’agri
culture, au commerce, à l’industrie.? Il
n’y aura rien de changé, à cet égard, sauf
que cela coûtera beaucoup plus cher au
budget.
oQo
La surenchère électorale ne profite qu’à
ceux qui la pratiquent. Elle est fatale au
pays où elle sévit. Le surenchérisseur, sur
pris eu flagrant délit, devrait être fouetté
sur la place publique pour manque de res
pect envers l’électeur qu’il trompe systé
matiquement, en vue d’un profit.
Ce qui est piquant, c’est de voir comment
les vainqueurs du 11 mai s’efforcent de se
dégager, sans en avoir l’air, de leurs en
gagements électoraux.
Ils ont solennellement promis la sup
pression de « l’inique » taxe sur le chiffre
d’affaires — inique, mais productive, puis
qu’elle a rapporté au Trésor, en 1925, plus
de 4 milliards et demi.
Il y a tantôt deux ans que cette promesse
a été faite. Elle n’a pas été tenue. Et voici
IBie M* Doutnex osfc ycau proposer de la
doubler. Vous savez comment il a été ac
cueilli par les gens du Cartel.
- Dans l’éspoir de les calmer, le ministre
des finances a donné un nom nouveau à
sa taxé de superposition II Ta appelée :
taxe sur les paiements.
Cela n’a pas suffi. La bataille s’est enga
gée. Elle se poursuit à l’heure où j’écris.
Mais pendant qu’à la tribune, devant la
galerie, les députés rompent des lances
oratoires, les négociations se poursuivent
dans la coulisse.
Lorsqu’on cherche, on finit par trouver.
On a trouvé, en effet. Les radicaux sont
allés dire à M. Briand :
— Nous ne voulons pas-vous renverser
(ils ne veulent pas parce qu’ils savent que
cela ferait mauvais effet dans le pays) ;
mais nous ne pouvons à aucun prix voter
la taxe sur les paiements de votre minis
tre des finances. Nous sommes trop enga
gés devant nos électeurs. Aidez-nous à
vous tirer d’affaire. Trouvez une transac
tion.
Ce qu’on a trouvé, vous le savez : c’est
la fusion die la taxe sur le chiffre d’affaires
et de la taxe sur les paiements en un seul
impôt qui s’appellerait : taxe à la produc
tion, et qui produirait à elle seule ce qu’en
attend des deux autres.
Au lieu d’être payée par le commerçant,
cette taxe sera acquittée par le produc
teur, par celui qui l’aura, fabriquée.
Pour le consommateur, rien de changé.
C’est sur lui que la charge retombera in
failliblement. Il le sait et il attend philo
sophiquement les événements.
Le commerçant, personnage redouté par
les députés à cause de son influence élec
torale, sera satisfait puisque la taxe, tant
honnie par lui, ne le concernera plus.
Tout le monde sera content, .sauf l’in
dustriel.
Le compte du consommateur est bon. On
ne s’occupe que d’accroître ses charges.
Louis Laroche.
BULLETIN DU JOUR
L’ALLEMA GNE IN SATIABLE
(De notre rédacteur parisien)
Paris, i 0T février .
Au moment de Vévacuation de Colonne,
la haute commission rhénane interalliée
a adressé au commissaire du Reich pour
les régions occupées, une communication
où elle exprimait le vœu que l'œuvre de
Locarno, à l'occasion de l'évacuation ne
fut pas troublée par des manifestations.
Les télégrammes reçus jusqu'ici ne don
nent pas l'impression que ce conseil ami
cal ait été suivi. Ils nous apprennent, qu'au
contraire, la journée de dimanche a été
marquée dans toute l'Allemagne par des
manifestations bruyantes ; que les orches
tres ont joué partout, notamment à Ber
lin, les chants nationalistes, tels que :
« Deutschlahd über Ailes » et la « Wacht
am Rhein ».
Aujourd'hui, à Cologne, les usines et les
écoles sont fermées en signe de fête natio
nale.
Tel est le cas que les allemands ont fait
de la recommandation de la haute com
mission interalliée. Mais cela n'a qu'une
importance relative. Il est naturel que les
allemands se réjouissent de l'évacuation
de Cologne. Cela veut-il dire qu'ils se
tiennent pour satisfaits ? Assurément non.
Dans un discours qu'il vient de pronon
cer à Dresde, M. Stresemann a tenu à pro
clamer que l'évacuation de la première
zone rhénane signifie le terme définitif de
cette politique des Clémenceau et des Poin =
caré, qui prétendaient rester sur le Rhin.
Les allemands, grâce à l'appui de nos
alliés, ont réussi en effet à faire échec
à la politique de sécurité rhénane qui fut
celle des négociateurs français du Traité
de Versailles. Notre maintien sur le Rhin
a cessé malheureusement d'être subordon
né à l'exécution des clauses de ce traité,
notamment celles qui ont trait aux répa
rations et au désarmement.
Nous évacuerons Coblence et Mayence
après Cologne. Toutefois, il ne faut pas
oublier que nous avons réannexé Stras
bourg et que cette ville est sur le Rhin,
mais la capitale de l'Alsace. Les Alle
mands considèrent que sa restitution à la
France n'est que temporaire. Ils encoura*
qent de toutes leurs forces le mouvement
autonomiste qui a quelques adeptes dans
nos provinces recouvrées ; mouvement qui
fort heureusement n'est que superficiel et,
comme le disait hier à Colmar, M. Jour
dain, ministre des pensions, repose sur de
simples malentendus.
Mais les Allemands n'entendent pas de
cette oreille. Ils ont la ferme volonté d'ex
ploiter à fond le malaise alsacien et voici
l'un des moyens de propagande dont ils
usent : Ils répandent à profusion une ima
ge de la Cathédrale de Strasbourg, au bas
de laquelle sont gravées ces paroles du
maréchal président, Von Hindenburg : « ce
qui a été allemand doit redevenir alle
mand. Souviens-toi jeunesse des écoles ! ».
Locarno a délivré les Allemands de leurs
préoccupations rhénanes. Nous ne sommes
plus à Cologne ; demain, nous ne serons
plus à Mayence, ancienne préfecture fran
çaise et après seront-ils au bout de leurs
vœux ? Non ! Il leur faudra Strasbourg
en même temps que Vienne.
Voilà le péril. Nous avons devant nous
une Allemagne insatiable. Les alliés ont
trop pris l'habitude de répondre « oui » à
toutes ses exigences. Il faudra se décider
enfin à lui opposer un « non » énergique.
Il semble que la récente entrevue
Briand-Chamberlain ait abouti à un résul
tat. On tient maintenant pour à peu près
certain que la réunion de la Commission
préparatoire du désarmement, fixée au, fa
février prochain, va être ajournée à trois
mois. Les anglais résistaient. Ils ont fini
par se rendre aux bonnes raisons de M.
Briand.
Notre armée est suffisamment réduite ,
gardons nous d'aller $Ius loin dans cette
voie périlleuse.
L. Marcellin,
—■ ■ ■ «» • ♦- ■■ ■ " —
LE CO MTE VOLP1
Rome, 1" février. — Le comte Volpi est
arrivé ici. Il a été reçu à^Ia gare par les
ministres de l’intérieur et des colonies, plu
sieurs sénateurs et députés. Le comte Volpi
s’est rendu iminédiatemetft auprès de M.
Mussolini, avec lequel il a eu une longue
entrevue/
La Crise
Financière
L’heure du gouvernement
Paris, 1 er février. —- Dans le Journal des
Débats :
Tous les gouvernements, à un moment de
leur existence, ont paru comprendre que le
secret d’un relèvement était dans 'le réta
blissement de la confiance et tous ont fait
appel à l’union. M. Herriot lui-même paria,
jadis die collabo ration des partis pour le sa
lut financier. M. Painlevé en fit autant et
c’est avant-hier que M. Briand, à son tour,
prononçait sur ce. sujet des paroles tout à
fait nettes. Le problème est résumé claire
ment par cette phrase d’un des rapporte
adressés il y a plusieurs mois au Sénat par
M. Henry Bérenger
« La situation de nos finances est telle
qu’elle réclame un quart de contrainte pour
■ J >2 milliards d’impôts et trois quarts de con
fiance pour 120 milliards de valeurs à court
terme, qui, en moyenne, se présentent au
cours d’une année aux guichets du trésor
pour être renouvelés ou remboursés..»
Mais, par cm. destin mystérieux, tous les
gouvernements qui ont essayé d’inspirer con
fiance, même quand ils ont réussi quelque
temps, ont fini par retomber sous la domi
nation des socialistes et par bamniir de nou
veau la foi renaissante de leurs créanciers.
Nous allons savoir, au cours de cette semai
ne, si le gouvernement Briand rompt cefib
série fatale, ou s’il est victime des mêmes
maléfices.
Nous allons savoir s’il y a dans notre pays
et à une heure décisive, des forces secrètes
supérieures à ce que la raison commande, à
ce que l’évidence montre.
Nous allons savoir si le Parlement et tes
pouvoirs publics tiennent compte des néces
sités des finances publiques ou des volontés
obscures des partis complices des entreprises
antisociales. La parole est au gouvernement,
d’abord, à la Chambre ensuite !
Une demande d’ajournement
Paris, 1 er février. -- M. Molinié, député de
l’Aveyron, à demandé l’ajournement des pro
jets financiers, en vue dè permettre au gou
vernement de déposer un nouveau projet
irstituam des mesures préliminaires indis
pensables pour* assurer le redressement finan-
cièr et la constitution d’un conseil supérieur
des finances dont les membres seraient pris
dans les diverses branches de la production
nationale et du travail.
Une interview
de M. Roux-Freissineng
L’opinion du député d’Oran sur la crise
Paris, 1 er février. — D’un rédacteur de
T« Agence Africaine »:
M. Roux-Freissineng, député d’Oran et
mçmbre de la Gauche Radicale, ne monte
à la tribune que lorsqu’il a une question
importante à exposer. On peut lui appli
quer cette piquante et judicieuse remarque
de M. Fournier-Salovèze : ,
« Si tous les députés en faisaient autant,
les travaux parlementaires s’en porte
raient beaucoup mieux ».
Juriste distingué, il jouit auprès de ses
collègues d’une autorité que chacune de
ses interventions justifie et l’on se rappelle
que son dernier discours eut lies honneurs
de l’affichage. Dans les circonstances ac
tuelles, il nous parait intéressant de con
naître l’opinion de cet esprit pondéré que
nulle passion ne vient jamais empêcher
d’examiner les événements ainsi qu’il con
vient à un véritable législateur.
— Je voudrais, nous dil-al, vous satisfaire
comme vous le désirez, mais, franchement,
cela ne m’est pas possible. Où allons-nous ?
Je n’en sais rien. Je crains toutefois que ce
ne soit vers Le gâchis le plus • complet. La si
tnation gouvernementale est, en effet, plus
qu’étrange, absolument anormale. Que
voyons-nous ? D’une part, le projet d’une
commission qui, après avoir été rapporté,
sera discuté ; d’autre part, un adversaire,
un projet du gouvernement qui, Lui, n’ayant
pas été rapporté, ne pourra être soumis à
la discussion.
— Et alors ? On va examiner chaque arti
cle du projet de la commission. Lorsque le
gouvernement ne l’acceptera pas — ce qùi
arrivera pour la poupart — il le repoussera
en faisant valoir, les raisons, en même temps
que les moyens différents qu’il propose. De
ce fait, nous voici engagés dans un débat
dont on ne peut prévoir la fin, ni surtout lie
résultat. J’ai bien peur que ce soit un mons
tre. Ce monstre, comment le Sénat /accueil
le ra-t-il ?...
Je croyais, j’espérais que l’union pouvait
se faire, que Les extrémistes de droite et de
gauche, à part, tous les républicains estime
raient le moment venu de laisser de côté tout
esprit de parti et toute ambition, pour ne
songer qu’à remédier à un état général dont
le pays souffre étrangement. Or, c’est au spec
tacle contraire que nous assistons. Ges dis
cussions interminables, oiseuses, fastidieu
ses, ont sur le pays une répercussion dont
on constate tous les jours les déplorables ef
f(ts. L’incertitude de l’avenir n’engendre pas
seulement la méfianqe. Elle étouffe, elle rui
nie Cette qualité, qui était la grande force de
la-France, l’esprit d'économie, l’épargne. A
l'heure actuelle, on dépense ce que l’on ga
gne, non point sans souci du lendemain, mais
au c ontra ire, parce qu’on redoute ce lende
-main, dont on 11 e sait de quoi il sera fait.
Comment en serait-il autrement quand, in
dépendamment d’une situation financière déjà
obscure, on voit surgir dans le projet de la
commission cette proposition de l’Etat héri
tier ? Voyez-vous l’Etat, en la circonstance
représenté par un de ses agents, receveur
d’enregistrement ou autre, se joindre aux
membres de la famille pour revendiquer sa
part dans une succession que, dans une piè
ce voisine, la mort vient d’ouvrir ? Une telle
proposition heurte des sentiments d’un carac-
re si intime, si sacré, qu’elle ne peut, à mon
avis, être adoptée.
Si, cependant, il en était autrement, les ré
sultats ~dans la pratique seraient insigni
fiants. Les possédants, en effet, prendraient
alors, pius que jamais, toutes les précau
tions, useraient de tous les subterfuges pour
assurer à leurs héritiers naturels ou à ceux de
leur choix, la propriété ou la jouissance de
leur fortune, en totalité ou en majeure par
tie. L’Etat ne pourrait faire valoir ses droits
que dans les cas de décès survenus avant que
le défunt ait pris ses dispositions testamen
taires. En tout cas, ce serait une source inta
rissable do procès, souvent scandaleux et la
confiance qui. bien qu’on le dise, a chez nous
la vie dure, recevrait là un coup mortel.
D’autres projets ? Ce n’est pas cela qui va
manquer. Chacun, aujourd’hui a le sien,
qu’il prétend meilleur que celui du voisin.
Il m’est donc difficile, dans un tel chaos,
de formuler une opinion. Mais, ce que ie
sais bien, c’est que jamais le gouvernement
n’a eu besoin comme aujourd’hui de cette
volonté, de cette énergie, qui, seules, -en des
temps pareils,. sont susceptibles de rétablir
une semblable situation financière.
Üe gouvemaiûÊnt aciufet mautoeia-t-il ç<&,
deux qualités auxquelles le pays aspire ? Je ^
le souhaite ! Nous serons d’ailleurs bientôt
fixés sûr ce point.
Vœux et protestations
A travers la France
Blois, l« r février. — Une réunion de com
merçants du département s’est tenue aujour
d'hui aux halles de Blois. Les quatre députés
du département étaient présents. Ils expli
quèrent l’attitude qu’ils ont prise dans la
question des impôts rétroactifs et autres.
L’assistance a fait, une ovation à M. Barillet,
adversaire des charges nouvelles imposées
au contribuable. A l’issue de oette réunion,
lies- commerçants ont défilé devant la préfec
ture. 1
Evreux, I er février. — Venus de tous les
points du département, les commerçants de
l’Eure se sont réunis pour protester contre
les nouvelles charges fiscales et les impôts
rétroactifs. Mme Georges Mans, présidente
de la Fédération des commerçants détail
lants de France ; M. Thevenot, président de
la Chambre syndicale des débitants de la
Seine, ont pris la parole .ainsi que plusieurs
parlementaires du département .
Moulins, ri r février. — L’Association com
merciale et industrielle de Moulins a donné
mandat à son Comité, si la loi du 4 décembre
n’est pas abrogée, de procéder au recollement
des feuilles d’impôt, afin, de les retourner,
le cas échéant, à F administration des contri
butions.
Tourcoing, te r février. — La Chambre de
commerce de Tourcoing a adressé une véhé
mente protestation au gouvernement contre
île projet de taxe à la production, nouvel ins
trument de supplice, pratiquement inaccep
table, écrasant lourdement encore le com
merce et l'industrie de base, atteignant spé
cialement les matières premières indispensa
bles, suscitant des représailles dans les pays
étrangers, augmentant encore F inégalité fisca
le entre les producteurs et les consomma
teurs et détruisant l’induslirle et le commerce
d’exportation.
Lille, 1 er février. — Le Syndicat de l’épice
rie de détail du Nord de la France a adressé
aux parlementaires du Nord une lettre dans
laquelle iil s’élève contre la taxe sur les paie
mente. Le syndicat fait valoir que le petit
commerce aura grandement à pâtiir de cette
taxe et demande qu’on la remplace par une
taxe unique à la production, à l’importation,
ou, au dernier stade de la transformation.
Bar-le-Duc, 'I er février. — L’Union commer
ciale et industrielle a, tenu ce matin, dans
/arrondissement de Bar-le-Duc, son assem
blée générale. Après le banquet, une réunion
a eu lieu, sous la présidence de M. Pol Che
valier, sénateur. Des discours ont été pronon
cés par M. Victor Constant, ancien député
de la Haute-Loire, qui protesta contre les
impôts rétroactifs de la loi du 4 déoembr
1925 ; par M. Billiet, sénateur, président de
/Union des intérêts économiques, qui récla
me des économies, la trêve des partis et a
demandé aux commerçants de s’unir.
Commentaires de Journaux
Paris, 1 er février. — Dans le Quotidien
(P. Bertrand). Au sujet de la lettre pasto
raie du cardinal Maurin:
Reconnaître à chaque citoyen le droit de
ne pas-payer une taxe qu’il condamne, c’est
proclamer la guerre civile et l'anarchie. Au
surplus, l’éminent prélat va jusqu’au bout
de sa pensée et il écrit que a chaque fois que
l’impôt dépasse une limite raisonnable, on ne
saurait en conscience rigoureusement con
damner la résistance passive, la dissimula
tion et l’évasion des capitaux ». Où est cette
raisonnable limite ? Il ne le dira pas !
Dan3 THumanite (Marcel Cachm) :
Il faut noter que le projet du Cartel com
porte, tout comme celui du gouvernement,
une accumulation d’impôts indirecte dont
on abuse contre le pays jusqu’à l’indigestion l
Pendant ce temps, on ne parle plus de pré
lèvement sur le capital ! On ne parle plus des
bénéfices des banquiers et des spéculateurs l
Ceux qui profitent des scandales financiers
de la guerre et de l’après-guerre ne sont mê
me plus verbalement menacés I Leurs fortu
nes sont désormais classées, admises, deve
nues honorables et sacrées ! Les capitaux
continuent de partir à l’étranger et nul ne
s’élève contre cet exode ! Les gaspillages de
l'impérialisme ne sont pas arrêtés. Le Maroc,
la Syrie, la Rhénanie, continuent d’engouf
frer des centaines de millions si péniblement
extraités des poches des pauvres gens !
allemand"'- dit ù C ® * Uj, 1 Tout le monde sait que pendant la, guerre
ne la Ruhr, au moment où le mark s'effon
drait -avec une vitesse vertigineuse, le gou
vernement français introduisit dans Le terri-
tome de la Sarre, la circulation du franc qui
devint obligatoire le juin 1923. A ce mo
ment germa dans le cerveau des nationalis
tes allemands, le projet insensé d’inonder la
France par la porte ouverte de la .Sarre, da
faux biliets français. Un plan fut élaboif
dans tous ses détails ; mais on manqua rtr
courage pour introduire nos Windisch-Urai*
dans la zene occupée. »
L’acte d’acciisalion
Paris, 1« février. — L’acte d’accusation
dans 1 affaire des faussaires hongrois vient
d’être signifié aux vingt-six inculpés,- dont
cinq sont en liberté. Le document comporte
soixante-dix-sept pages écrites à la machine
dont cinquante pages traitent des motifs.
Le prince Windisch-Graetz est accusé, en
qualité d’auteur principal. Dix employés de
i Institut cartographique, en premier lieu, le
conseiller Geroe, ainsi que le chef de la po
lice suspendu do ses fonctions Nadossy, le
secrétaire privé Raba, le chef pensionné et le
chef en exercice de l’Institut cartographi
que, MM, Hajts et Kurz, sont accusés en qua-
lite de complices, d’avoir commis des falsi
fications de monnaie. Voici quelques passa
ges essentiels de l’acte d’accusation :
Le prince Windisch-Graetz a fait contre-
faire en 1923-24, mais principalement pétulant
1 etc de 192o, environ 28.000 à 30.000 faux bil
lets de 1.000 francs français. Ayant décidé
fa falsification au commencement de 1923 il
se procura les machines et autres matériaux
necessaires en Allemagne et en Autriche à
Cologne et à Vienne et peut-être en d’autres
vdies, puis il fit fabriquer d’abord le papier
nécessaire ensuite les faux billets mêmes à
1 Institut cartographique, grâce à l’aide de
Geroe et de comparses disposés à collabcu
rer à cette opération.
En septembre 1925, tous les faux billets fa<
briqués furent transportés d’abord au lo<
gement de l’évêque Sadravecs, puis au pa
lais _ de Windisqh-Graetz et finalement dans
les jocaux de l’Union nationale.
Les faux billets furent comptés, puis-exa
mines avec soin et 8.000 billets choisis ainsi
furent transmis, aux fins d’écoulement, 4
Amsterdam, a la Haye, à Copenhague, à
Stockholm, à Varsovie et à Milan, aux in
culpes Jankovich, Marsovszki, ülcharvarv.
Andor et Schmetz.
IÆ PARLEMENT
Cha m bre
Séance du 1 er février
La séance est ouverte éous la présidence de
M, F, Bouisson.
La loi sup les loyers
Après avoir adopté sans débat un projet
concernant ie recouvrement des impôts in
directs en Alsace et Lorraine, on revient à
la discussion du projet sur les loyers.
Le rapporteur propose à la Chambre d’iîi-
sérer l’article 4 bis reproduisant l’amende
ment de M. F. Poucet pris en considération
par la Chambre et tendant à exclure de la
prorogation les locataires qui n’ont pas oc
cupé ©activement les iocaux pendant trois
mois au cours des deux années antérieures à
la promulgation de la loi.
La commission propose toutefois la modi
fication suivante : à moins que leur profes
sion, ou leur fonction ne justifie cette situa
tion.
L’article 4 bis est adopté.
Sur Faiticle 5, on discute longuement un
amendenent de M. Coucoureux tendant au
droit de reprise du propriétaire.
Repoussé par la commission et le gouver
nement, en la personne de MM. Levasseur,
haut commissaire, et Renoult, garde fies
sceaux, /amendement est, apres pointage
repoussé par 291 voix contre 237.
M. Balanant développe un amendement aux
termes duquel le droit à la prorogation ne
serait pas opposable aux victimes de la
guerre.
Le rapporteur accepte le second paragra
phe de l’amendement, ainsi conçu :
t Le droit à la prorogation n’est pas oppo
sable au propriétaire qui justifiera être dans
le cas de disposer du local occupé par le
locataire n’appartenant à aucune "des caté
gories définies au présent article en faveur
du preneur appartenant à l’une de ces caté-
f ories ou possédant la qualité d’ancien eom-
attant telle qu’elle est définie par l’article
2 du décret du 13 juillet 1923, portant règle
ment d’administration publique pour l’ap
plication île la loi du 30 janvier 1923. »
L’amendement, ainsi modifié, est adopté.
On repousse ensuite un amendement ten
dant à exclure les immeubles de rapport du
champ d’application du droit de reprise. j L ’acte d’accusation expose ensuite le rôle
Le rapporteur déclaré ne pouvoir accepter de chaque employé de HnStltut cârtoS
1 amendement, car il est très difficile de dé- plfiaiie dans la fahricatinri Xa fmiv tiiw
finir ce qu’est exactement /immeuble de rap- pJ iTnrn ™rJv n
port. Par 420 voix voix 131, /amendement de
M. Garchcrv n’est pas adopté.
On discute un amendement tendant à ajou
ter les mots « en ce qui concerne les locaux
d’habitation ».
Le rapporteur accepte le principe, mais de
mande qu’il soit rapporté à la fin de l’arti
cle.
Il en est ainsi décidé.
M. Guérin propose d’étendre le bénéfice de
l'article sur les locaux professionnels ou à
usage commercial et d’ajouter que le proprié
taire devra avoir un local suffisant.
Par 285 voix contre 250, /amendement est
repoussé. ,
Divers amendements ont le même sort. Fi
nalement, la suite de la discussion est ren
voyée à demain matin.
La séance est levée à 19 h, 10.
Le Banflitismejux Etats-Unis
LE MEME JOUR, A NEW-YORK, QUATRE
RAIDS DE BANDITS ET DOUZE
ARRESTATIONS
Nev 7 -York, 1 er février. — Douze redoutables
bandits ont effectué un raid dans diverses
parties de New-York, au cours des dernières
24 heures. Tous ont été surpris et reconnus
par des agents de la police et arrêtés après
des poursuites mouvementées en pleine ville.
Les quatre premiers attaquaient, revolver
au poing, une épicerie de la 8 e Avenue, lors
que deux policemen les aperçurent. Les mal
faiteurs décampèrent aussitôt en ouvrant le
feu sur les - agents. Atteints tous les deux,
ceux-ci ripostèrent cependant au tir des ban
dits, dont deux furent blessés, tandis que les
deux autres se rendaient en voyant accourir
plusieurs policemen.
Quatre autres criminels notoires, qui pas
saient en auto clans les rues de New-York,
furent identifiés par un détective qui, mon
tant lui-même dans un taxi, se mit à leur
poursuite tout le long de la 3 e Avenue.
Quand ils furent sur le point d’être rattra
pés, ils abandonnèrent leur voiture .encore en
marche et s’enfuirent en tirant sur le détec
tive, auquel s’étaient joints des agents.
Ceux-oi ouvrirent de leur côté le feu sur les
bandits, en blessant un à la mâchoire et cap
turant les autres.
Enfin, les quatre derniers, surpris égale
ment en auto, dans l’avenue Coiombus, se
rendirent sans offrir de résistance.
^aaaaaga aaaaaaaaaaaaaaaaaaaa a
L'ACTUALITE (par Henriot)
Hélas oui, elle baisse beaucoup.
— Vous parlez de la Rente P
— Non, de ma femme.
— C'est beaucoup moins importants
■—=
L’affaire des taux billets de banque
Un fait nouveau : il est certain aujour
d’hui que le comte Bethlen était de
connivence avec le prince Win-
disch Graetz et ses complices
Paris, 1 er février. — M. Henry Barby,
que le « Journal » avait chargé d’une en
quête sur l’affaire des faux-monnayeurs
hongrois, est revenu de Budapest. Il ap
porte l’affirmation suivante, dont il (est
inutile de souligner la gravité et dont voi
ci les principaux passages
Le comte Bethlen, président du Conseil
des ministres hongrois, n’ignorait rien des
entreprises criminelles menées derrière les
itrars d’une institution d’Etat par le prince
Windisch-Graetz et le chef de la police Nados-
sy contre le crédit de la France. Il les a con
nues, il les a encouragées. Tel est le fait
grave, mais incontestable, que je suis en me
sure de préciser.
Jusqu’ici la preuve manquait d'une aussi
coupable collusion, elle existe aujourd’hui ;
elle est depuis jeudi matin, entre les mains
de M. Briand et c’est l’aveu écrit du comte
Bethlen lui-même, de sa complicité.
Ce document n’est autre chose que la tra
duction transmise par le chiffre ae la délé
gation de France au Quai d’Orsay, dans la
nuit de mercredi à jeudi, d’une lettre que le
comte Bethlen, pâle et défait, a remise lui-
même à M. Clinchant, notre ministre à Bu
dapest.
On se doute que le premier ministre hon
grois ne s’est résigné à ce geste que con
traint et forcé, et parce qu’il sentait F’mpé
rieuse nécessité d’éviter le pire. Malgré, en
effet, toutes les tentatives du gouvernement
hongrois, qui s’est efforcé d’abord d’insinuer
que cette lettre, si compromettante, était apo
cryphe, cette lettre est rigoureusement au
thentique et il y a quelque part en lieu sûr
une reproduction photographique de cette let
tre écrite et signée de la main du comte
Bethlen lui-même.
Le destinataire, le baron Stgismond Pe-
renyi, est président de l’Association Nationale
des'sociétés irrédentistes et racistes hongroi-
Le procureur déclare que le crime commis
par Windisch-Graetz. Geroe et leurs -com
parses fut de propos délibéré, encouragé et
facilité par Nadossy qui exploita à cette oc-»
cas ion l’autorité dont il jouissait en tant aué
chef de la police.
Les machinations de Xadossy et de Rabâ
Paris, 1 er février. — M. Nadossy, dit Facta
d’accusation, a pris une part .active dans la
placement des faux billets en participant
aux pourparlers et en faisant l’acquisition
de six passeports roumains falsifiés.
Il a également amené le directeur d Caisse d’épargne, M. Baross, à lui faire une
avance de 4t)b millions de couronnes, desti
née à retirer 150 faux billets de ItOûi) francs»,
déposés dans une banque comme garantie^
d’un emprunt.
Raba, le secrétaire de Windisch-Graetz, \
participé à l’acquisition du matériel ainsi
que plusieurs individus qui devaient colla- 1
borer au placement des billets fabriqués. 1
Il les recommanda pour la prestation du ser
ment, à Fêvêgue Zadravecs, et il apporta la
malle contenant les faux billets dû domicile!
de l’évêque iZaclravecs à celui de Windisch-
Graetz.
Le rôle de l’évêque Zadravecs
L’évêque Zadravecs a facilité et encouragé
de propos délibéré le placement des faux bil
lets en assermentant Ferdinand WincMer,
Andor, les frères Olcharvary, Marsovszki et
Jankovich dans la pleine connaissance du
but de l'entreprise. II a autorisé le placement,,
le dénombrement et la vérification des faux;
billets dans sa propre demeure et v a parti
cipé D-ersonnelIement.
fl a également assisté à la conférence te
nue au palais du prince Windisch-Graetz
au sujet du placement, des faux billets.
Le procureur a proposé de maintenir em
état d’arrestation les personnes détenues,!
jusqu'à l’ouverture des débats judiciaires. 4
^ — ——-
L'ÉVâCUWK DE COLOGNE
UN MESSAGE DU PRESIDENT HINDENBURG
Berlin, 1 er février. — M. Braun, président du
conseil de Prusse, est parti ce matin pour
Cologne afin d’assister à la cérémonie qui
aura lieu à minuit pour célébrer le départ
des troupes alliées. Le président Hindenburg
a envoyé le message suivant à M. Fuchs, pré
sident de la province rhénane :
« Je vous prie de saluer de ma part la po
pulation de cette province et de lui expri
mer. ainsi qu’aux autorités, les renjercie-
ments du pays pour la résistance dont elle»
ont fait preuve dans des' temps pénibles. Le
vœu le plus ardent de tous les Allemands
est que le jour, de la liberté vienne, bientôt
pour le peste des territoires occupés. »
Cologne, 1 er février. — Malgré un temps
pluvieux, une foule nombreuse se massait
dès le début de la soirée sur la place du Dô
me. Les édifices publics et de nombreuses
maisons privées sont pavoisées. A minuit
précis, toutes les cloches se mirent à sonner
UCS suticrc.i mcucuiwico ou Ç trmto irnlôS
ses. Loin de ies désapprouver, le comte Be-
thlen a, de son propre aveu, fermé les yeux manifestais on s etenura aux territoire^
et couvert par son acquiescement tacite le
prince Windisch-Graetz, Nadossy et les au
tres inculpés qui n’apparaissent plus guère
que comme des comparses, maintenant qu’est
connue l’attitude du chef de leur gouverne
ment.
Tous ont été nantis d’un avocat raciste et
il est à prévoir qu’ils ne parleront guère et
qu’ils ne révéleront en tout cas rien d’impor
tant en présence des policiers français
tains qué leur mutisme leur sera compté lors
du jugement. Un seul d’entre eux, Raba, qui
est, comme on sait, un des principaux incul
pés, a choisi pour sa défense son avocat dans
le parti de l’opposition. Seul aussi et à main
tes reprises déjà. Il a fait des révélations im
portantes ; mais elles lui ont coûté cher, car
je tais que, roué de coups dans sa cellule
Raba a, chaque fois, payé rudement ses pro
pos inconsidérés. C’est un colosse Tout fait
craindre pourtant qu’il 11 e soit plus au nom
bre des vivants, lorsque viendra l’audience,
à moins que, remarque opportune qu’a cru
devoir faire à ce sujet M. Clinchant au com
te Jietlden, on ne sauve la vie à ce criminel
repentant.
Les faux moimayeurs n’ont fait que
reprendre un plan des nationalistes
allemands
Berlin, 1 er février. — S’il faut en croire la
« Sozial-Politiscbe », organe hebdomadaire
de l’aile gauche du parti socialiste allemand,
les faussaires hongrois n’om pas le mente de
l’originalité. Ce ne sont pas eux, en enet,
qui ont inventé le système d’agression moné
taire : ils n’ont fait que mettre en pratique,
peut-être avec le concours de certains grou
pes racistes allemands une inec née en Aile-
jnàfihÇ jpeidant /occupation .çle la Ruhr. Voit
encore occupes.
Berlin, 1® février .— Parlant à Dresde, dans
uns réunion d’étudiants, le ministre des af
faires étrangères. M. Stresemann a déclaré
notamment, que l’évacuation de la zone de
Cologne signifiait non seulement la fin de
l’oppression de millions d’Allemands, mais
aussi le terme définitif dé cette politique
dont le but était de rester sur le Rhin. « L«
e.er- départ des troupes d’occupation de cette zone
doit marquer, a-t-il dit, le début d’une poli*
que d’entente ».
LE 1 er FEVRIER SERA UN JOUR FERIE
Berlin, V r février. — Tous les journaux
sont remplis de comptes rendus des manifes
tations de la nuit dernière à Cologne, à l’oc
casion de Févacuation de la première zone
rhénane. Cette manifestation a, été transmise
par radio à tous les postes allemands. Les»
comptes rendus estiment a plus de 100.000,
personnes la foule massée devant la cathé--
Orale de Cologne et les r-ues avoisinantes:, j
Aujourd’hui, à midi, une Société d’aviation'
avait envoyé d'Essen et de Dusseldorf ■ deux;
grands .avions tri-rnoteurs survoler Cologne.
Après avoir fait deux fois le tour de la ca
thédrale, ces avions ont atterri sur l'aérodro
me de Cologne, où les aviateurs ont été reçus
par les autorités.
A Bonn, l’évacuation a été célébrée de mê
me qu’à Cologne, par des sonneries ‘de clo
ches et des manifestations patriotiques dans
les mes.
A Crefeld, la munksipaiité a décidé d’offrir,
à l’occasion de /évacuation, un don d’hon
neur en espèces à toutes les victimes de la
dernière guerre, ainsi qu’aux vétérans des
précédentes campagnes. ,
La journée du 1 er février a été déclarée jau/
férié dans tout le pays rhénan*
- t. .
»
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MARDI 2 FEVRIER 1926
UA POLITIQUE
Au Pied_du Mur
Paris, 29 janvier .
Recevant les journalistes qu’il avait
convoqués pour leur fournir des explica
tions verbales sur ses . projets militaires,
M. -Painlevé leur a dit, entre autres cho
ses : « Les électeurs veulent le service d’un
an. »
Les électeurs veulent le service d’un an
de la même manière qu’ils veulent l’aboli
tion de la taxe sur le chiffre d’affaires. Ils
sont partisans de ce qui les arrange le
mieux dans leurs affaires privées et dans
leurs intérêts personnels.
C’est pour ce motif qu’il y a eu de tout
temps des démagogues, des flagorneurs du
peuple qui, pour capter ses faveurs, lui fai
saient intarissablement des promesses.
Ce qui se passait à Athènes, du temps
d’Aristophane, nous le voyons encore au
jourd’hui. L’homme ne change pas.
Ce n’est pas l’électeur qu’il faut blâmer
Ce sont ceux qui le trompent de propos dé
libéré et qui, pour conquérir des mandats,
lui jettent de la poudre aux yeux.
L’électeur a souvent pour excuse son
ignorance, sa méconnaissance des problè
mes généraux dont on ne lui laisse aper
cevoir qu’un aspect, et surtout les menson
ges qu’on lui débite.
Mais qqe faut-il penser d’hommes culti
vés, intelligents, anciens normaliens com
me celui-ci, savants éminents comme ce
lui-là, ayant déjà occupé de hautes char
ges, qui passent pour d’honnêtes gens, in
capables, dans la vie privée, de la moindre
indélicatesse, et qui, dans la vie. publique,
sont d’une improbité d esprit rare ?
Au printemps de 1924, il s’agissait pour
eux de reconquérir le pouvoir. Pour cela,
il fallait déconsidérer, rendre odieux le
parti au pouvoir. Le parti, on l’a accablé
sous les calomnies. On lui a reproché, en
tre autres choses, d’avoir accru les impôts
.et d’avoir fait du militarisme en n’abais
sant qu’à dix-huit mois la durée du ser
vice militaire.
Le suffrage universel s’est dit qu’après
tout, si des hommes considérables comme
MM. Painlevé et Herriot lui disaient cela,
ils avaient de bonnes raisons pour parler
ainsi, et qu’après tout, si on pouvait tirer
d’affaire la France au plus juste prix,
c’est-à-dire sans impôts nouveaux et en ré
duisant davantage — à un an, voire à six
mois — la durée du service militaire, il
n’y fallait pas manquer.
Anatole France, à qui on a fait des obsè
ques nationales, a écrit que la République
était le régime de la facilité. La Républi
que de MM. Painlevé et Herriot en tout
fcas. Est-il surprenant qu’il y ait des élec
teurs, beaucoup d’électeurs, pour estimer
que leur méthode est plus agréable que
celle de leurs adversaires ?
0Q0
Les difficultés ont commencé lorsque les
cartellistes ont été mis au pied du mur,
lorsqu’il a fallu faire honneur à la traite
tirée par les candidats du 11 mai sur les
ministres du lendemain.
Il a fallu réaliser les promesses électo
rales.
Grand embarras ! « Supprimons le dou
ble décime ! » se sont écriés les nouveaux
élus. Loin de le supprimer, ils l’ont multb
plié. Il en est de même présentement pour
la taxe sur le chiffre d’affaires.
Quant au service militaire, il a fallu,
peu ou prou, s’exécuter.
L autre jour, devant la presse assem
blée, M. le ministre de la guerre Painlevé
avait une attitude embarrassée. Il semblait
plaider les circonstances atténuantes.
Son principal argument fut celui-ci/.
— Il ne faut pas oublier que le service
d’un an a été réclamé par le suffrage uni-
verseL
En supposant que ce soit exact, il y a
Une chose qu’il faut ajouter : c’est que M.
jainlBvé a servi de caution à ceux qui ré
tamaient cela et que ceux qui ont voté
our les candidats « unannistes » ont mis
; /ur conscience à l’abri en se disant : « Du
jhoment qu’un patriote et un savant tel
%ie M. Painlevé trouve* cela bon et juste,
>*ous pouvons y aller. »
La responsabilité encourue par l’actuel
ministre de la guerre est lourde et l’on
comprend son embarras. Mais il n’a pas
le droit de s’abriter derrière le verdict du
suffrage universel et de dire : « Vous voyez,
nous ne pouvons pas faire autrement ;
c’eist le corps électoral qui veut cela. » Ce
verdict, c’est lui et ce sont ses amis qui
l'ont dicté au pays, qui se sont portés ga
rants que la réduction du service militaire
ne nuirait pas à la défense nationale.
Maintenant que le pays a été intoxiqué,
grâce à lui, par le virus non Seulement du
pacifisme, mais de l’antimilitarisme, M.
Painlevé parle à peu près comme parlerait
M. Maginot. Il plaide toutes sortes de cir
constances atténuantes. Il insiste sur la
nécessité de ne rien brusquer, de constituer
des cadres solides, de recruter des civils
pour^ les services administratifs, pour les
corvées, die se procurer des engagés, etc.
Je note en passant que l’un des argu
ments les plus forts invoqués en faveur du
service réduit, c’est que les jeunes gens
incorporés sont autant de bras enlevés à
l’agriculture, au commerce, à l’industrie.
Mais ces auxiliaires civils qu’on se pro
pose de recruter en grand nombre, ne se
ront-ils pas, eux aussi, arrachés à l’agri
culture, au commerce, à l’industrie.? Il
n’y aura rien de changé, à cet égard, sauf
que cela coûtera beaucoup plus cher au
budget.
oQo
La surenchère électorale ne profite qu’à
ceux qui la pratiquent. Elle est fatale au
pays où elle sévit. Le surenchérisseur, sur
pris eu flagrant délit, devrait être fouetté
sur la place publique pour manque de res
pect envers l’électeur qu’il trompe systé
matiquement, en vue d’un profit.
Ce qui est piquant, c’est de voir comment
les vainqueurs du 11 mai s’efforcent de se
dégager, sans en avoir l’air, de leurs en
gagements électoraux.
Ils ont solennellement promis la sup
pression de « l’inique » taxe sur le chiffre
d’affaires — inique, mais productive, puis
qu’elle a rapporté au Trésor, en 1925, plus
de 4 milliards et demi.
Il y a tantôt deux ans que cette promesse
a été faite. Elle n’a pas été tenue. Et voici
IBie M* Doutnex osfc ycau proposer de la
doubler. Vous savez comment il a été ac
cueilli par les gens du Cartel.
- Dans l’éspoir de les calmer, le ministre
des finances a donné un nom nouveau à
sa taxé de superposition II Ta appelée :
taxe sur les paiements.
Cela n’a pas suffi. La bataille s’est enga
gée. Elle se poursuit à l’heure où j’écris.
Mais pendant qu’à la tribune, devant la
galerie, les députés rompent des lances
oratoires, les négociations se poursuivent
dans la coulisse.
Lorsqu’on cherche, on finit par trouver.
On a trouvé, en effet. Les radicaux sont
allés dire à M. Briand :
— Nous ne voulons pas-vous renverser
(ils ne veulent pas parce qu’ils savent que
cela ferait mauvais effet dans le pays) ;
mais nous ne pouvons à aucun prix voter
la taxe sur les paiements de votre minis
tre des finances. Nous sommes trop enga
gés devant nos électeurs. Aidez-nous à
vous tirer d’affaire. Trouvez une transac
tion.
Ce qu’on a trouvé, vous le savez : c’est
la fusion die la taxe sur le chiffre d’affaires
et de la taxe sur les paiements en un seul
impôt qui s’appellerait : taxe à la produc
tion, et qui produirait à elle seule ce qu’en
attend des deux autres.
Au lieu d’être payée par le commerçant,
cette taxe sera acquittée par le produc
teur, par celui qui l’aura, fabriquée.
Pour le consommateur, rien de changé.
C’est sur lui que la charge retombera in
failliblement. Il le sait et il attend philo
sophiquement les événements.
Le commerçant, personnage redouté par
les députés à cause de son influence élec
torale, sera satisfait puisque la taxe, tant
honnie par lui, ne le concernera plus.
Tout le monde sera content, .sauf l’in
dustriel.
Le compte du consommateur est bon. On
ne s’occupe que d’accroître ses charges.
Louis Laroche.
BULLETIN DU JOUR
L’ALLEMA GNE IN SATIABLE
(De notre rédacteur parisien)
Paris, i 0T février .
Au moment de Vévacuation de Colonne,
la haute commission rhénane interalliée
a adressé au commissaire du Reich pour
les régions occupées, une communication
où elle exprimait le vœu que l'œuvre de
Locarno, à l'occasion de l'évacuation ne
fut pas troublée par des manifestations.
Les télégrammes reçus jusqu'ici ne don
nent pas l'impression que ce conseil ami
cal ait été suivi. Ils nous apprennent, qu'au
contraire, la journée de dimanche a été
marquée dans toute l'Allemagne par des
manifestations bruyantes ; que les orches
tres ont joué partout, notamment à Ber
lin, les chants nationalistes, tels que :
« Deutschlahd über Ailes » et la « Wacht
am Rhein ».
Aujourd'hui, à Cologne, les usines et les
écoles sont fermées en signe de fête natio
nale.
Tel est le cas que les allemands ont fait
de la recommandation de la haute com
mission interalliée. Mais cela n'a qu'une
importance relative. Il est naturel que les
allemands se réjouissent de l'évacuation
de Cologne. Cela veut-il dire qu'ils se
tiennent pour satisfaits ? Assurément non.
Dans un discours qu'il vient de pronon
cer à Dresde, M. Stresemann a tenu à pro
clamer que l'évacuation de la première
zone rhénane signifie le terme définitif de
cette politique des Clémenceau et des Poin =
caré, qui prétendaient rester sur le Rhin.
Les allemands, grâce à l'appui de nos
alliés, ont réussi en effet à faire échec
à la politique de sécurité rhénane qui fut
celle des négociateurs français du Traité
de Versailles. Notre maintien sur le Rhin
a cessé malheureusement d'être subordon
né à l'exécution des clauses de ce traité,
notamment celles qui ont trait aux répa
rations et au désarmement.
Nous évacuerons Coblence et Mayence
après Cologne. Toutefois, il ne faut pas
oublier que nous avons réannexé Stras
bourg et que cette ville est sur le Rhin,
mais la capitale de l'Alsace. Les Alle
mands considèrent que sa restitution à la
France n'est que temporaire. Ils encoura*
qent de toutes leurs forces le mouvement
autonomiste qui a quelques adeptes dans
nos provinces recouvrées ; mouvement qui
fort heureusement n'est que superficiel et,
comme le disait hier à Colmar, M. Jour
dain, ministre des pensions, repose sur de
simples malentendus.
Mais les Allemands n'entendent pas de
cette oreille. Ils ont la ferme volonté d'ex
ploiter à fond le malaise alsacien et voici
l'un des moyens de propagande dont ils
usent : Ils répandent à profusion une ima
ge de la Cathédrale de Strasbourg, au bas
de laquelle sont gravées ces paroles du
maréchal président, Von Hindenburg : « ce
qui a été allemand doit redevenir alle
mand. Souviens-toi jeunesse des écoles ! ».
Locarno a délivré les Allemands de leurs
préoccupations rhénanes. Nous ne sommes
plus à Cologne ; demain, nous ne serons
plus à Mayence, ancienne préfecture fran
çaise et après seront-ils au bout de leurs
vœux ? Non ! Il leur faudra Strasbourg
en même temps que Vienne.
Voilà le péril. Nous avons devant nous
une Allemagne insatiable. Les alliés ont
trop pris l'habitude de répondre « oui » à
toutes ses exigences. Il faudra se décider
enfin à lui opposer un « non » énergique.
Il semble que la récente entrevue
Briand-Chamberlain ait abouti à un résul
tat. On tient maintenant pour à peu près
certain que la réunion de la Commission
préparatoire du désarmement, fixée au, fa
février prochain, va être ajournée à trois
mois. Les anglais résistaient. Ils ont fini
par se rendre aux bonnes raisons de M.
Briand.
Notre armée est suffisamment réduite ,
gardons nous d'aller $Ius loin dans cette
voie périlleuse.
L. Marcellin,
—■ ■ ■ «» • ♦- ■■ ■ " —
LE CO MTE VOLP1
Rome, 1" février. — Le comte Volpi est
arrivé ici. Il a été reçu à^Ia gare par les
ministres de l’intérieur et des colonies, plu
sieurs sénateurs et députés. Le comte Volpi
s’est rendu iminédiatemetft auprès de M.
Mussolini, avec lequel il a eu une longue
entrevue/
La Crise
Financière
L’heure du gouvernement
Paris, 1 er février. —- Dans le Journal des
Débats :
Tous les gouvernements, à un moment de
leur existence, ont paru comprendre que le
secret d’un relèvement était dans 'le réta
blissement de la confiance et tous ont fait
appel à l’union. M. Herriot lui-même paria,
jadis die collabo ration des partis pour le sa
lut financier. M. Painlevé en fit autant et
c’est avant-hier que M. Briand, à son tour,
prononçait sur ce. sujet des paroles tout à
fait nettes. Le problème est résumé claire
ment par cette phrase d’un des rapporte
adressés il y a plusieurs mois au Sénat par
M. Henry Bérenger
« La situation de nos finances est telle
qu’elle réclame un quart de contrainte pour
■ J >2 milliards d’impôts et trois quarts de con
fiance pour 120 milliards de valeurs à court
terme, qui, en moyenne, se présentent au
cours d’une année aux guichets du trésor
pour être renouvelés ou remboursés..»
Mais, par cm. destin mystérieux, tous les
gouvernements qui ont essayé d’inspirer con
fiance, même quand ils ont réussi quelque
temps, ont fini par retomber sous la domi
nation des socialistes et par bamniir de nou
veau la foi renaissante de leurs créanciers.
Nous allons savoir, au cours de cette semai
ne, si le gouvernement Briand rompt cefib
série fatale, ou s’il est victime des mêmes
maléfices.
Nous allons savoir s’il y a dans notre pays
et à une heure décisive, des forces secrètes
supérieures à ce que la raison commande, à
ce que l’évidence montre.
Nous allons savoir si le Parlement et tes
pouvoirs publics tiennent compte des néces
sités des finances publiques ou des volontés
obscures des partis complices des entreprises
antisociales. La parole est au gouvernement,
d’abord, à la Chambre ensuite !
Une demande d’ajournement
Paris, 1 er février. -- M. Molinié, député de
l’Aveyron, à demandé l’ajournement des pro
jets financiers, en vue dè permettre au gou
vernement de déposer un nouveau projet
irstituam des mesures préliminaires indis
pensables pour* assurer le redressement finan-
cièr et la constitution d’un conseil supérieur
des finances dont les membres seraient pris
dans les diverses branches de la production
nationale et du travail.
Une interview
de M. Roux-Freissineng
L’opinion du député d’Oran sur la crise
Paris, 1 er février. — D’un rédacteur de
T« Agence Africaine »:
M. Roux-Freissineng, député d’Oran et
mçmbre de la Gauche Radicale, ne monte
à la tribune que lorsqu’il a une question
importante à exposer. On peut lui appli
quer cette piquante et judicieuse remarque
de M. Fournier-Salovèze : ,
« Si tous les députés en faisaient autant,
les travaux parlementaires s’en porte
raient beaucoup mieux ».
Juriste distingué, il jouit auprès de ses
collègues d’une autorité que chacune de
ses interventions justifie et l’on se rappelle
que son dernier discours eut lies honneurs
de l’affichage. Dans les circonstances ac
tuelles, il nous parait intéressant de con
naître l’opinion de cet esprit pondéré que
nulle passion ne vient jamais empêcher
d’examiner les événements ainsi qu’il con
vient à un véritable législateur.
— Je voudrais, nous dil-al, vous satisfaire
comme vous le désirez, mais, franchement,
cela ne m’est pas possible. Où allons-nous ?
Je n’en sais rien. Je crains toutefois que ce
ne soit vers Le gâchis le plus • complet. La si
tnation gouvernementale est, en effet, plus
qu’étrange, absolument anormale. Que
voyons-nous ? D’une part, le projet d’une
commission qui, après avoir été rapporté,
sera discuté ; d’autre part, un adversaire,
un projet du gouvernement qui, Lui, n’ayant
pas été rapporté, ne pourra être soumis à
la discussion.
— Et alors ? On va examiner chaque arti
cle du projet de la commission. Lorsque le
gouvernement ne l’acceptera pas — ce qùi
arrivera pour la poupart — il le repoussera
en faisant valoir, les raisons, en même temps
que les moyens différents qu’il propose. De
ce fait, nous voici engagés dans un débat
dont on ne peut prévoir la fin, ni surtout lie
résultat. J’ai bien peur que ce soit un mons
tre. Ce monstre, comment le Sénat /accueil
le ra-t-il ?...
Je croyais, j’espérais que l’union pouvait
se faire, que Les extrémistes de droite et de
gauche, à part, tous les républicains estime
raient le moment venu de laisser de côté tout
esprit de parti et toute ambition, pour ne
songer qu’à remédier à un état général dont
le pays souffre étrangement. Or, c’est au spec
tacle contraire que nous assistons. Ges dis
cussions interminables, oiseuses, fastidieu
ses, ont sur le pays une répercussion dont
on constate tous les jours les déplorables ef
f(ts. L’incertitude de l’avenir n’engendre pas
seulement la méfianqe. Elle étouffe, elle rui
nie Cette qualité, qui était la grande force de
la-France, l’esprit d'économie, l’épargne. A
l'heure actuelle, on dépense ce que l’on ga
gne, non point sans souci du lendemain, mais
au c ontra ire, parce qu’on redoute ce lende
-main, dont on 11 e sait de quoi il sera fait.
Comment en serait-il autrement quand, in
dépendamment d’une situation financière déjà
obscure, on voit surgir dans le projet de la
commission cette proposition de l’Etat héri
tier ? Voyez-vous l’Etat, en la circonstance
représenté par un de ses agents, receveur
d’enregistrement ou autre, se joindre aux
membres de la famille pour revendiquer sa
part dans une succession que, dans une piè
ce voisine, la mort vient d’ouvrir ? Une telle
proposition heurte des sentiments d’un carac-
re si intime, si sacré, qu’elle ne peut, à mon
avis, être adoptée.
Si, cependant, il en était autrement, les ré
sultats ~dans la pratique seraient insigni
fiants. Les possédants, en effet, prendraient
alors, pius que jamais, toutes les précau
tions, useraient de tous les subterfuges pour
assurer à leurs héritiers naturels ou à ceux de
leur choix, la propriété ou la jouissance de
leur fortune, en totalité ou en majeure par
tie. L’Etat ne pourrait faire valoir ses droits
que dans les cas de décès survenus avant que
le défunt ait pris ses dispositions testamen
taires. En tout cas, ce serait une source inta
rissable do procès, souvent scandaleux et la
confiance qui. bien qu’on le dise, a chez nous
la vie dure, recevrait là un coup mortel.
D’autres projets ? Ce n’est pas cela qui va
manquer. Chacun, aujourd’hui a le sien,
qu’il prétend meilleur que celui du voisin.
Il m’est donc difficile, dans un tel chaos,
de formuler une opinion. Mais, ce que ie
sais bien, c’est que jamais le gouvernement
n’a eu besoin comme aujourd’hui de cette
volonté, de cette énergie, qui, seules, -en des
temps pareils,. sont susceptibles de rétablir
une semblable situation financière.
Üe gouvemaiûÊnt aciufet mautoeia-t-il ç<&,
deux qualités auxquelles le pays aspire ? Je ^
le souhaite ! Nous serons d’ailleurs bientôt
fixés sûr ce point.
Vœux et protestations
A travers la France
Blois, l« r février. — Une réunion de com
merçants du département s’est tenue aujour
d'hui aux halles de Blois. Les quatre députés
du département étaient présents. Ils expli
quèrent l’attitude qu’ils ont prise dans la
question des impôts rétroactifs et autres.
L’assistance a fait, une ovation à M. Barillet,
adversaire des charges nouvelles imposées
au contribuable. A l’issue de oette réunion,
lies- commerçants ont défilé devant la préfec
ture. 1
Evreux, I er février. — Venus de tous les
points du département, les commerçants de
l’Eure se sont réunis pour protester contre
les nouvelles charges fiscales et les impôts
rétroactifs. Mme Georges Mans, présidente
de la Fédération des commerçants détail
lants de France ; M. Thevenot, président de
la Chambre syndicale des débitants de la
Seine, ont pris la parole .ainsi que plusieurs
parlementaires du département .
Moulins, ri r février. — L’Association com
merciale et industrielle de Moulins a donné
mandat à son Comité, si la loi du 4 décembre
n’est pas abrogée, de procéder au recollement
des feuilles d’impôt, afin, de les retourner,
le cas échéant, à F administration des contri
butions.
Tourcoing, te r février. — La Chambre de
commerce de Tourcoing a adressé une véhé
mente protestation au gouvernement contre
île projet de taxe à la production, nouvel ins
trument de supplice, pratiquement inaccep
table, écrasant lourdement encore le com
merce et l'industrie de base, atteignant spé
cialement les matières premières indispensa
bles, suscitant des représailles dans les pays
étrangers, augmentant encore F inégalité fisca
le entre les producteurs et les consomma
teurs et détruisant l’induslirle et le commerce
d’exportation.
Lille, 1 er février. — Le Syndicat de l’épice
rie de détail du Nord de la France a adressé
aux parlementaires du Nord une lettre dans
laquelle iil s’élève contre la taxe sur les paie
mente. Le syndicat fait valoir que le petit
commerce aura grandement à pâtiir de cette
taxe et demande qu’on la remplace par une
taxe unique à la production, à l’importation,
ou, au dernier stade de la transformation.
Bar-le-Duc, 'I er février. — L’Union commer
ciale et industrielle a, tenu ce matin, dans
/arrondissement de Bar-le-Duc, son assem
blée générale. Après le banquet, une réunion
a eu lieu, sous la présidence de M. Pol Che
valier, sénateur. Des discours ont été pronon
cés par M. Victor Constant, ancien député
de la Haute-Loire, qui protesta contre les
impôts rétroactifs de la loi du 4 déoembr
1925 ; par M. Billiet, sénateur, président de
/Union des intérêts économiques, qui récla
me des économies, la trêve des partis et a
demandé aux commerçants de s’unir.
Commentaires de Journaux
Paris, 1 er février. — Dans le Quotidien
(P. Bertrand). Au sujet de la lettre pasto
raie du cardinal Maurin:
Reconnaître à chaque citoyen le droit de
ne pas-payer une taxe qu’il condamne, c’est
proclamer la guerre civile et l'anarchie. Au
surplus, l’éminent prélat va jusqu’au bout
de sa pensée et il écrit que a chaque fois que
l’impôt dépasse une limite raisonnable, on ne
saurait en conscience rigoureusement con
damner la résistance passive, la dissimula
tion et l’évasion des capitaux ». Où est cette
raisonnable limite ? Il ne le dira pas !
Dan3 THumanite (Marcel Cachm) :
Il faut noter que le projet du Cartel com
porte, tout comme celui du gouvernement,
une accumulation d’impôts indirecte dont
on abuse contre le pays jusqu’à l’indigestion l
Pendant ce temps, on ne parle plus de pré
lèvement sur le capital ! On ne parle plus des
bénéfices des banquiers et des spéculateurs l
Ceux qui profitent des scandales financiers
de la guerre et de l’après-guerre ne sont mê
me plus verbalement menacés I Leurs fortu
nes sont désormais classées, admises, deve
nues honorables et sacrées ! Les capitaux
continuent de partir à l’étranger et nul ne
s’élève contre cet exode ! Les gaspillages de
l'impérialisme ne sont pas arrêtés. Le Maroc,
la Syrie, la Rhénanie, continuent d’engouf
frer des centaines de millions si péniblement
extraités des poches des pauvres gens !
allemand"'- dit ù C ® * Uj, 1 Tout le monde sait que pendant la, guerre
ne la Ruhr, au moment où le mark s'effon
drait -avec une vitesse vertigineuse, le gou
vernement français introduisit dans Le terri-
tome de la Sarre, la circulation du franc qui
devint obligatoire le juin 1923. A ce mo
ment germa dans le cerveau des nationalis
tes allemands, le projet insensé d’inonder la
France par la porte ouverte de la .Sarre, da
faux biliets français. Un plan fut élaboif
dans tous ses détails ; mais on manqua rtr
courage pour introduire nos Windisch-Urai*
dans la zene occupée. »
L’acte d’acciisalion
Paris, 1« février. — L’acte d’accusation
dans 1 affaire des faussaires hongrois vient
d’être signifié aux vingt-six inculpés,- dont
cinq sont en liberté. Le document comporte
soixante-dix-sept pages écrites à la machine
dont cinquante pages traitent des motifs.
Le prince Windisch-Graetz est accusé, en
qualité d’auteur principal. Dix employés de
i Institut cartographique, en premier lieu, le
conseiller Geroe, ainsi que le chef de la po
lice suspendu do ses fonctions Nadossy, le
secrétaire privé Raba, le chef pensionné et le
chef en exercice de l’Institut cartographi
que, MM, Hajts et Kurz, sont accusés en qua-
lite de complices, d’avoir commis des falsi
fications de monnaie. Voici quelques passa
ges essentiels de l’acte d’accusation :
Le prince Windisch-Graetz a fait contre-
faire en 1923-24, mais principalement pétulant
1 etc de 192o, environ 28.000 à 30.000 faux bil
lets de 1.000 francs français. Ayant décidé
fa falsification au commencement de 1923 il
se procura les machines et autres matériaux
necessaires en Allemagne et en Autriche à
Cologne et à Vienne et peut-être en d’autres
vdies, puis il fit fabriquer d’abord le papier
nécessaire ensuite les faux billets mêmes à
1 Institut cartographique, grâce à l’aide de
Geroe et de comparses disposés à collabcu
rer à cette opération.
En septembre 1925, tous les faux billets fa<
briqués furent transportés d’abord au lo<
gement de l’évêque Sadravecs, puis au pa
lais _ de Windisqh-Graetz et finalement dans
les jocaux de l’Union nationale.
Les faux billets furent comptés, puis-exa
mines avec soin et 8.000 billets choisis ainsi
furent transmis, aux fins d’écoulement, 4
Amsterdam, a la Haye, à Copenhague, à
Stockholm, à Varsovie et à Milan, aux in
culpes Jankovich, Marsovszki, ülcharvarv.
Andor et Schmetz.
IÆ PARLEMENT
Cha m bre
Séance du 1 er février
La séance est ouverte éous la présidence de
M, F, Bouisson.
La loi sup les loyers
Après avoir adopté sans débat un projet
concernant ie recouvrement des impôts in
directs en Alsace et Lorraine, on revient à
la discussion du projet sur les loyers.
Le rapporteur propose à la Chambre d’iîi-
sérer l’article 4 bis reproduisant l’amende
ment de M. F. Poucet pris en considération
par la Chambre et tendant à exclure de la
prorogation les locataires qui n’ont pas oc
cupé ©activement les iocaux pendant trois
mois au cours des deux années antérieures à
la promulgation de la loi.
La commission propose toutefois la modi
fication suivante : à moins que leur profes
sion, ou leur fonction ne justifie cette situa
tion.
L’article 4 bis est adopté.
Sur Faiticle 5, on discute longuement un
amendenent de M. Coucoureux tendant au
droit de reprise du propriétaire.
Repoussé par la commission et le gouver
nement, en la personne de MM. Levasseur,
haut commissaire, et Renoult, garde fies
sceaux, /amendement est, apres pointage
repoussé par 291 voix contre 237.
M. Balanant développe un amendement aux
termes duquel le droit à la prorogation ne
serait pas opposable aux victimes de la
guerre.
Le rapporteur accepte le second paragra
phe de l’amendement, ainsi conçu :
t Le droit à la prorogation n’est pas oppo
sable au propriétaire qui justifiera être dans
le cas de disposer du local occupé par le
locataire n’appartenant à aucune "des caté
gories définies au présent article en faveur
du preneur appartenant à l’une de ces caté-
f ories ou possédant la qualité d’ancien eom-
attant telle qu’elle est définie par l’article
2 du décret du 13 juillet 1923, portant règle
ment d’administration publique pour l’ap
plication île la loi du 30 janvier 1923. »
L’amendement, ainsi modifié, est adopté.
On repousse ensuite un amendement ten
dant à exclure les immeubles de rapport du
champ d’application du droit de reprise. j L ’acte d’accusation expose ensuite le rôle
Le rapporteur déclaré ne pouvoir accepter de chaque employé de HnStltut cârtoS
1 amendement, car il est très difficile de dé- plfiaiie dans la fahricatinri Xa fmiv tiiw
finir ce qu’est exactement /immeuble de rap- pJ iTnrn ™rJv n
port. Par 420 voix voix 131, /amendement de
M. Garchcrv n’est pas adopté.
On discute un amendement tendant à ajou
ter les mots « en ce qui concerne les locaux
d’habitation ».
Le rapporteur accepte le principe, mais de
mande qu’il soit rapporté à la fin de l’arti
cle.
Il en est ainsi décidé.
M. Guérin propose d’étendre le bénéfice de
l'article sur les locaux professionnels ou à
usage commercial et d’ajouter que le proprié
taire devra avoir un local suffisant.
Par 285 voix contre 250, /amendement est
repoussé. ,
Divers amendements ont le même sort. Fi
nalement, la suite de la discussion est ren
voyée à demain matin.
La séance est levée à 19 h, 10.
Le Banflitismejux Etats-Unis
LE MEME JOUR, A NEW-YORK, QUATRE
RAIDS DE BANDITS ET DOUZE
ARRESTATIONS
Nev 7 -York, 1 er février. — Douze redoutables
bandits ont effectué un raid dans diverses
parties de New-York, au cours des dernières
24 heures. Tous ont été surpris et reconnus
par des agents de la police et arrêtés après
des poursuites mouvementées en pleine ville.
Les quatre premiers attaquaient, revolver
au poing, une épicerie de la 8 e Avenue, lors
que deux policemen les aperçurent. Les mal
faiteurs décampèrent aussitôt en ouvrant le
feu sur les - agents. Atteints tous les deux,
ceux-ci ripostèrent cependant au tir des ban
dits, dont deux furent blessés, tandis que les
deux autres se rendaient en voyant accourir
plusieurs policemen.
Quatre autres criminels notoires, qui pas
saient en auto clans les rues de New-York,
furent identifiés par un détective qui, mon
tant lui-même dans un taxi, se mit à leur
poursuite tout le long de la 3 e Avenue.
Quand ils furent sur le point d’être rattra
pés, ils abandonnèrent leur voiture .encore en
marche et s’enfuirent en tirant sur le détec
tive, auquel s’étaient joints des agents.
Ceux-oi ouvrirent de leur côté le feu sur les
bandits, en blessant un à la mâchoire et cap
turant les autres.
Enfin, les quatre derniers, surpris égale
ment en auto, dans l’avenue Coiombus, se
rendirent sans offrir de résistance.
^aaaaaga aaaaaaaaaaaaaaaaaaaa a
L'ACTUALITE (par Henriot)
Hélas oui, elle baisse beaucoup.
— Vous parlez de la Rente P
— Non, de ma femme.
— C'est beaucoup moins importants
■—=
L’affaire des taux billets de banque
Un fait nouveau : il est certain aujour
d’hui que le comte Bethlen était de
connivence avec le prince Win-
disch Graetz et ses complices
Paris, 1 er février. — M. Henry Barby,
que le « Journal » avait chargé d’une en
quête sur l’affaire des faux-monnayeurs
hongrois, est revenu de Budapest. Il ap
porte l’affirmation suivante, dont il (est
inutile de souligner la gravité et dont voi
ci les principaux passages
Le comte Bethlen, président du Conseil
des ministres hongrois, n’ignorait rien des
entreprises criminelles menées derrière les
itrars d’une institution d’Etat par le prince
Windisch-Graetz et le chef de la police Nados-
sy contre le crédit de la France. Il les a con
nues, il les a encouragées. Tel est le fait
grave, mais incontestable, que je suis en me
sure de préciser.
Jusqu’ici la preuve manquait d'une aussi
coupable collusion, elle existe aujourd’hui ;
elle est depuis jeudi matin, entre les mains
de M. Briand et c’est l’aveu écrit du comte
Bethlen lui-même, de sa complicité.
Ce document n’est autre chose que la tra
duction transmise par le chiffre ae la délé
gation de France au Quai d’Orsay, dans la
nuit de mercredi à jeudi, d’une lettre que le
comte Bethlen, pâle et défait, a remise lui-
même à M. Clinchant, notre ministre à Bu
dapest.
On se doute que le premier ministre hon
grois ne s’est résigné à ce geste que con
traint et forcé, et parce qu’il sentait F’mpé
rieuse nécessité d’éviter le pire. Malgré, en
effet, toutes les tentatives du gouvernement
hongrois, qui s’est efforcé d’abord d’insinuer
que cette lettre, si compromettante, était apo
cryphe, cette lettre est rigoureusement au
thentique et il y a quelque part en lieu sûr
une reproduction photographique de cette let
tre écrite et signée de la main du comte
Bethlen lui-même.
Le destinataire, le baron Stgismond Pe-
renyi, est président de l’Association Nationale
des'sociétés irrédentistes et racistes hongroi-
Le procureur déclare que le crime commis
par Windisch-Graetz. Geroe et leurs -com
parses fut de propos délibéré, encouragé et
facilité par Nadossy qui exploita à cette oc-»
cas ion l’autorité dont il jouissait en tant aué
chef de la police.
Les machinations de Xadossy et de Rabâ
Paris, 1 er février. — M. Nadossy, dit Facta
d’accusation, a pris une part .active dans la
placement des faux billets en participant
aux pourparlers et en faisant l’acquisition
de six passeports roumains falsifiés.
Il a également amené le directeur d
avance de 4t)b millions de couronnes, desti
née à retirer 150 faux billets de ItOûi) francs»,
déposés dans une banque comme garantie^
d’un emprunt.
Raba, le secrétaire de Windisch-Graetz, \
participé à l’acquisition du matériel ainsi
que plusieurs individus qui devaient colla- 1
borer au placement des billets fabriqués. 1
Il les recommanda pour la prestation du ser
ment, à Fêvêgue Zadravecs, et il apporta la
malle contenant les faux billets dû domicile!
de l’évêque iZaclravecs à celui de Windisch-
Graetz.
Le rôle de l’évêque Zadravecs
L’évêque Zadravecs a facilité et encouragé
de propos délibéré le placement des faux bil
lets en assermentant Ferdinand WincMer,
Andor, les frères Olcharvary, Marsovszki et
Jankovich dans la pleine connaissance du
but de l'entreprise. II a autorisé le placement,,
le dénombrement et la vérification des faux;
billets dans sa propre demeure et v a parti
cipé D-ersonnelIement.
fl a également assisté à la conférence te
nue au palais du prince Windisch-Graetz
au sujet du placement, des faux billets.
Le procureur a proposé de maintenir em
état d’arrestation les personnes détenues,!
jusqu'à l’ouverture des débats judiciaires. 4
^ — ——-
L'ÉVâCUWK DE COLOGNE
UN MESSAGE DU PRESIDENT HINDENBURG
Berlin, 1 er février. — M. Braun, président du
conseil de Prusse, est parti ce matin pour
Cologne afin d’assister à la cérémonie qui
aura lieu à minuit pour célébrer le départ
des troupes alliées. Le président Hindenburg
a envoyé le message suivant à M. Fuchs, pré
sident de la province rhénane :
« Je vous prie de saluer de ma part la po
pulation de cette province et de lui expri
mer. ainsi qu’aux autorités, les renjercie-
ments du pays pour la résistance dont elle»
ont fait preuve dans des' temps pénibles. Le
vœu le plus ardent de tous les Allemands
est que le jour, de la liberté vienne, bientôt
pour le peste des territoires occupés. »
Cologne, 1 er février. — Malgré un temps
pluvieux, une foule nombreuse se massait
dès le début de la soirée sur la place du Dô
me. Les édifices publics et de nombreuses
maisons privées sont pavoisées. A minuit
précis, toutes les cloches se mirent à sonner
UCS suticrc.i mcucuiwico ou Ç trmto irnlôS
ses. Loin de ies désapprouver, le comte Be-
thlen a, de son propre aveu, fermé les yeux manifestais on s etenura aux territoire^
et couvert par son acquiescement tacite le
prince Windisch-Graetz, Nadossy et les au
tres inculpés qui n’apparaissent plus guère
que comme des comparses, maintenant qu’est
connue l’attitude du chef de leur gouverne
ment.
Tous ont été nantis d’un avocat raciste et
il est à prévoir qu’ils ne parleront guère et
qu’ils ne révéleront en tout cas rien d’impor
tant en présence des policiers français
tains qué leur mutisme leur sera compté lors
du jugement. Un seul d’entre eux, Raba, qui
est, comme on sait, un des principaux incul
pés, a choisi pour sa défense son avocat dans
le parti de l’opposition. Seul aussi et à main
tes reprises déjà. Il a fait des révélations im
portantes ; mais elles lui ont coûté cher, car
je tais que, roué de coups dans sa cellule
Raba a, chaque fois, payé rudement ses pro
pos inconsidérés. C’est un colosse Tout fait
craindre pourtant qu’il 11 e soit plus au nom
bre des vivants, lorsque viendra l’audience,
à moins que, remarque opportune qu’a cru
devoir faire à ce sujet M. Clinchant au com
te Jietlden, on ne sauve la vie à ce criminel
repentant.
Les faux moimayeurs n’ont fait que
reprendre un plan des nationalistes
allemands
Berlin, 1 er février. — S’il faut en croire la
« Sozial-Politiscbe », organe hebdomadaire
de l’aile gauche du parti socialiste allemand,
les faussaires hongrois n’om pas le mente de
l’originalité. Ce ne sont pas eux, en enet,
qui ont inventé le système d’agression moné
taire : ils n’ont fait que mettre en pratique,
peut-être avec le concours de certains grou
pes racistes allemands une inec née en Aile-
jnàfihÇ jpeidant /occupation .çle la Ruhr. Voit
encore occupes.
Berlin, 1® février .— Parlant à Dresde, dans
uns réunion d’étudiants, le ministre des af
faires étrangères. M. Stresemann a déclaré
notamment, que l’évacuation de la zone de
Cologne signifiait non seulement la fin de
l’oppression de millions d’Allemands, mais
aussi le terme définitif dé cette politique
dont le but était de rester sur le Rhin. « L«
e.er- départ des troupes d’occupation de cette zone
doit marquer, a-t-il dit, le début d’une poli*
que d’entente ».
LE 1 er FEVRIER SERA UN JOUR FERIE
Berlin, V r février. — Tous les journaux
sont remplis de comptes rendus des manifes
tations de la nuit dernière à Cologne, à l’oc
casion de Févacuation de la première zone
rhénane. Cette manifestation a, été transmise
par radio à tous les postes allemands. Les»
comptes rendus estiment a plus de 100.000,
personnes la foule massée devant la cathé--
Orale de Cologne et les r-ues avoisinantes:, j
Aujourd’hui, à midi, une Société d’aviation'
avait envoyé d'Essen et de Dusseldorf ■ deux;
grands .avions tri-rnoteurs survoler Cologne.
Après avoir fait deux fois le tour de la ca
thédrale, ces avions ont atterri sur l'aérodro
me de Cologne, où les aviateurs ont été reçus
par les autorités.
A Bonn, l’évacuation a été célébrée de mê
me qu’à Cologne, par des sonneries ‘de clo
ches et des manifestations patriotiques dans
les mes.
A Crefeld, la munksipaiité a décidé d’offrir,
à l’occasion de /évacuation, un don d’hon
neur en espèces à toutes les victimes de la
dernière guerre, ainsi qu’aux vétérans des
précédentes campagnes. ,
La journée du 1 er février a été déclarée jau/
férié dans tout le pays rhénan*
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