Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-09-23
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 septembre 1885 23 septembre 1885
Description : 1885/09/23 (A1,N69). 1885/09/23 (A1,N69).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544851v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
1
pr. p.
D'AI.Gl’H
DEl’OT LEGAL
-JO
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
t
Mercredi, 23 septembre 1885,
Première année. — N° 69.
AT.ftÜTUK . . .
ABONNEMENTS :
Trois mois Sii mois
4.50 9
Un an
18
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives anx annnonces et réclame* doivœrt, ©$
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Aigja «
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bauss 9 t, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et G 1 », place de la Bourse, 10,
Rr a nor. _..
. & 13
24
Et par leurs correspondants.
La DEPECHE ALQ-ÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et oontrats
/
Alger, le 22 Septembre 1885.
AFFAIRE MER-MARCHAL
l,e Tribnnal de commerce d’Al
ger, à la requête de M. Mer, ex-
admiuistrateur du 3* ETIT ,
vient de condamner par défaut,
3H. Marclaal à payer la somme de
7,500 francs à M. Mer, a de plus
annulé la Société du PETITJL11A et a nommé M. Eallemand,
liquidateur général.
Notre feuilleton, LA GRANDE
MARNIÈRE, tirant à sa fin, nous
commencerons prochainement :
Les Braises île Un
Roman dû à la plume autorisée de
MM. Racot et Georges Pradel qui
occupent' actuellement une haute place
dans le journalisme parisien.
Nous ne préjugeons pas en affirmant
que nos lecteurs feront un excellent
accueil à ce livre aussi élégamment
écrit qu’intéressant.
TbOURÜER CLERICAL
M. Bourlier a pris la ferme résolution de
répondre lui-même aux récits calomnieux
qui pourront être faits contre lui par les
journaux de ses concurrents.
Il a déjà mis le moyen en pratique à l’é
gard du Radical Algérien et du Petit
Colon, et le moyen a réussi. Je dois dire,
tout de suite, pour rendre justice à qui de
droit, que le Radical Algérien n’a pas fait
la moindre difficulté pour insérer la réponse
de M. Bourlier.
Le Petit Colon, malgré le caractère de
candidat adverse de son rédacteur en chef,
n’a pas cru devoir employer le même pro
cédé ; il a fallu le ministère d’un huissier
pour l’obliger à se démentir.
Le terrain était donc déblayé en ce qui
concerne les calomnies, surtout celles tou
chant à l’honorabilité.
Les amis de M. Bourlier n’ont plus qu’à
le défendre sur le terrain de la politique
générale et algérienne.
On ne sera certainement pas étonné que
le Radical ne l’ayant pas choisi pour can
didat, comme autrefois,le trai e de clérical.
Il est de règle dans ce journal de considérer
comme cléricaux, tous ceux qui oublient
d’assister au banquet des libres-penseurs,
la jour du Vendredi dit Saint, afin d’y man
ger une tranche de saucisson ; — chacun
sait que, sans cet acte de courage, on n’est
pas initié aux mystères de la libre-pensée,
Donc qu’on lui fasse un crime de manquer
trop souvent à cette touchante cérémonie,
je n’y vois pas d’inconvénients de la part
des fanatiques de cette petite église.
Mais les libres-penseurs qui ne sont pas
enrôlés sous la banière du citoyen Boute-
maille — et ils sont heureusement en grand
nombre — ne pensent pas comme le Radi
cal et ne croient pas au cléricalisme des
gens qui préfèrent dîner chez eux et y man
ger ce qui leur plaît.
Maïs le Radical Algérien va plus loin.
M. Bourlier est clérical, dit-il, et il l’avoue.
M. Bourlier n’a jamais fait un pareil
aveu. Il le peut d’autant moins, qu’à aucune
époque, dans aucune circonstance, il n’a
fait acte de cléricalisme.
Je l’ai toujours entendu parler et vu agir
en libre-penseur.
Il a déclaré tout récemment, et de la fa
çon la plus expresse au Comité central ré
publicain, qu’il était partisan de la sépara
tion des églises et de l’Etat. Il a fait la mê
me déclaration à Ténès, à Orléansville, à
Bouïra et partout, avec la seule exception
que pour le culte musulman,
Ce n’est pas là, ce me semble êtrê clérical.
D’ailleurs, M. Bourlier est, comme il vient
de le rappeler avec beaucoup d’à-propos
dans un de ses discours, maire depuis 14
ans de la commune de Saint-Pierre et Saint-
Paul, et cependant, malgré deux saints pa
trons aussi bien posés dans le Paradis, la
commune administrée par M. Bourlier n’a
. pas d’église ëft ne subventionne aucun des
servant.
Comprend^on un maire clérical qui n’a
pu,en 14 ans, trouver dans son budget quel
ques mifliers de francs pour son église.sans
dompter les subventions de l’Etat qu’il au
rait pu obtenir en raison de l’influence qu’on
l’accuse, de posséder ?
Gela est d’autant plus extraordinaire, que
je connais des maires radicaux, libres-pen
seurs, qui ont fait les plus grands efforts
pour satisfaire, sous le rapport du culte
catholique, leurs administrés.
Je n’en citerai qu'un, le citoyen Boute-
œaille, maire de Bouïnan.
Cet excellent libre-penseur qui est, je
crois, président de la Libre-Pensée d’Alger
et qui est allé la représenter à Rome, s’est/
empressé de mettre sa maison de Bouïnan
à la disposition du culte catholique et
n;éprouve aucun scrupule à en toucher un
loyer annuel.
Oh ! je me garderai bien de dire que
M. Boutemailie est un maire clérical, mais
convenez que par ses actes, M. Bourlier l’est
moins que lui encore ?
— — - ——
M. SAMARY
Nous empruntons au Réveil, de Chérchell,
le portrait suivant qui est aussi élégamment
stylé que peu flatteur pour l’onduleux ar
chitecte des palais gouvernementaux :
« Un ancien dont la sagesse ne faisait
doute pour personne disait un jour : « Mé
fiez-vous dé l’homme qui n’a pas d’enne
mis ».
» M. Samary est dans ce cas, et nous l’a
vouons sans peine, nous nous méfions de
lui.
» En apprenant que le Comité des com
munes l’avait désigné bon premier com
me candidat à la députation, nous avons été
stupéfait
*> Quels sont les titres de considération
qu’il peut invoquer vis-à-vis des électeurs?
Il les connaît sans doute, mais nous les
ignorons.
» M. Samary a été tour à four modéré
opportuniste, radical et socialiste.
» Architecte deM. Albert Grévy, ce der
nier emporta avec lui, en perdant son
poste de Gouverneur, la fortune naissante
de son protégé. M. Samary était alors mo
déré, bien plus, familier du pouvoir.
» Peu de temps après, il avait ses petites
entrées à lAkhbar, à la Vigie et particu
lièrement à la Solidarité : en 1881, il pa
tron ait chaudement la candidature de M *
Letellier contre celle de M, Curson, socia
liste, C’était la période de l’opportunisme.
» Aujourd’hui il est radical par le comité
qui le patrone et par son alliance avec M.
Marchai; socialiste, il l’est ou feint de l’être’
par ses relations continuelles avec les chaîné
bres syndicales dont il fait partie ; à certain
moment, il composait avec le père Finie!
tout le syndicat des maçons d’Alger : m!
Samary ôtait secrétaire-trésorier de la dite
chambre, tandis que son Copain en était le
président. Il n y avait aucun adhérent, par
suite aucune cotisation ; la caisse de la
chambre ôtait alimentée par une subvention
gouvernementale ou municipale.
» Au physique, M. Samary ressemble à
un grand cierge recourbé dans le haut sa
figure maigre et décolorée exprime la ruse ;
son nez très prononcé est perpétuellement
orné d un lorgnon qui couvre des yeux
glauques où le feu ne brille jamais. Les na
rines, obstruées sans doute, font que les
paroles mielleuses prononcées à voix basse,
sont entrecoupées par un reniflement sac*,
cadô qui n’a rien d’agréable pour ses audi
teurs. Au moral, M. Samarv n’est pss plus
sympathique : beaucoup d’orgueil, beaucoup
d’ambition que rien na justifie ; mince ba
gage de science, opinions politiques et phi
losophiques qui se modifient suivant les eir*.
constances.
» En résumé, piètre candidat. »
Informations algériennes
Des manoeuvres de cavalerie, sous les or
dres do général de Pitray, auront lieu du
1 er octobre prochain au 10 du même mois,*
On attend à Bel-Abbès six escadrons, dont
4 camperont autour de la ville sous les
allées qui entourent les remparts, et les
deux autres seront logés au quartier des
spahis.
Les manœuvres auront lieu dans les
champs qui séparent la ville de SiduLhas-
sen. Nous serons heureux de voir ces belles
troupes venir passer quelques jours parmi
nous et leur souhaitons d’avance une cor
diale bienvenue.
X
JT
I
iftf
Feuilleton de LA MPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 69.
LA
6MIBE KÂRNIËRE
PAR
Georges OHNET
Pascal s’efforça d’être calme ; il voulut sa
voir quelle lâcheté on osait espérer de lui.
— Qu’entendez -vous par là?
Fleury gratta furieusement ses cheveux
indisciplinés ;
— C’est vous qui ôtes le maître de la si
tuation. Il faut donc être modéré... Cédez-
nous la Grande-Marnière.
— Rendez la liberté à Robert de Claire-
îont !
*— Vous savez bien que, maintenant, c’est
impossible.
— Oui ! il est plus facile de faire le mal
que de le réparer !
— Ne consentiriez-vous pas à revoir M,
Car va j an ?
— A quoi bon ?
— Un accord peut se conclure.
— Jamais sur les bases que vous propo
sez.
— Donnerez-vous donc ce spectacle déso
lant d’un fils combattant contre son père ?
— En l’empêchant de commettre des actes
que je réprouve, ce sont les intérêts de son
honneur que je prends contre lui-même.
— C’est votre dernier mot ?
— Mon père a entendu tout ce que j’avais
à lui dire... Maintenant je n’ai plus qu’à
agir.
— Prenez garde 1
— Oh ! je sais ce que je peux attendre de
votre cupidité déçue. Vous ne reculerez pas
devant le choix des moyens... Yous n’hési
terez pas à calomnier, â corrompre. La vè-
rité ne s’en fera pas moins jour. Je ne né
gligerai rien pour qu’il eu soit ainsi.
Fleury fit un geste de colère, puis se tour
nant vers Pascal :
— La paix ou la guerre? Une dernière
fois, je vous tends la main...
Pascal regarda le greffier avec un écrasant
mépris, et haussant les épaules :
— A quoi bon ? je n’ai rien à mettre de
dans 1
Et sans ajouter une parole, sans se re
tourner, il poursuivit son chemin.
Cependant les menaces de Fleury n’a
vaient pas été platoniques. Les témoins
étaient travaillés avec une audace éhontée.
Les Tubœuf, de Couvrechamps, avaient
reçu, à plusieurs reprises, la visite de Ton
deur. Celui-ci s’était enquis de leurs besoins
et les avait longuement interrogés sur la
rencontre qu’ils avaient faite de Robert et
de Rose, en rentrant de l’assemblée. Tu
bœuf, ouvrier maçon, avait à compter avec
Tondeur, et il se montrait, depuis la visite
du marchand de bois, très animé et très
loquace. Le docteur Margueron avait été
pratiqué par Dumor/âer et Leglorieux. Il
avait une grande fille et point de fortune
On s’était laissé entraîner jusqu’à lui faire
entrevoir un brillant mariage. Oa ne lui
demandait rien, on s’en rapportait à sa sa
gacité ; mais il était évident que la condam
nation de M. de Clsirefont devait lui être
très profitable. Le médecin avait écouté
beaucoup, parlé peu. Et la conviction qu'il
avait de l’innocence de Robert s’êlait accrue
de tocs les efforts faits pour établir la cul
pabilité. Le valet d’écurie, que le comte
avait autrefois presque assommé, s’était
éloigné du pays. Sa trace avait été suivie, et
sa présence était signalée à Mortagne, d’où
on allait le faire venir pour déposer.
Ainsi les manœuvres de la partie adverse
étaient poussées avec une activité exlrême.
Le bruit courait déjà dans la ville qu’un
éminent avocat, connu comme la plus ter
rible langue du barreau de Pâtis, devait
soutenir les intérêts de Chassevent, qui se
portait partie civile. Tous ces récits, rap
portés à Clairefont par les Saint-André et
les Tourette qui, décidément, avaient pris
fait et cause pour leurs amis, jetaient la
tante de Saint-Maurice dans des transes
horribles. Elle aurait voulu voir Pascal :
— Si encore nous pouvions causer avec
lui, savoir ce qu’il pense, ce qu’il espère! Le
métier d’un avocat consiste à rassurer ses
clients d’abord, et à gagner leur procès en
suite. Qu’est-ce que c’est que cet avocat
invisible ? L’influence morale de son nom,
c’est très bien 1 Mais, moi, je n’aurai con
fiance en lui que quand il aura parlé, en ma
présence, pendant une heure, sans débrider
Antoinette, cédant aux instances de sa
tante, dut écrireâ M e Maiézeau pour le mier
d’amener Pascal.
Ce fut une des émotions les plus violentes
que le jeune homme eût jamais ressenties
lorsqu’il descendit avec le notaire à la grille
de la cour d’honneur. La trace des affiches
jaunes se voyait encore sur les piliers
C’était près du massif de l’entrée qu’un soir*
rôdant le long du mur du parc, il avait en
tendu, à son approche, le lévrier gronder et
Antoinette parler doucement pour le cal
mer. Il arriva dans le vestibule, sans savoir
comment il avait traversé la cour; une porta
s ouvrit, et il aperçut dans le salon la tante
Isabelle, le marquis et la jeune fille. Un
nuage obscurcit ses yeux, le sang siffla dans
ses oreilles, il lui sembla qu i! marchait an
milieu des flammes. U distingua la voix de
Maiézeau qui disait ;
— Monsieur Pascal Carvajaa, que je vous
présente, Monsieur le marquis... Mademoi
selle, Monsieur Pascal Carvajan...
Le marquis, pâle sous ses cheveux blancs
sans se lever, agita la main avec un air
riant et dit :
— Qu’il soit le bienvenu.
Le jeune homme s’inclina, et s’assit au-
près de la cheminée, sur une chaise. qu’An-
toinette lui avança. Le château De s'eflon-
dra pas sur la tête de ce Carvajan qui
devenait l’hôte de Clairefont. La vieille
demeure reconnut en lui un ami : elle se fit
souriante et hospitalière. Le premier quart
d’heure de cette visite se passa, pour Pas-
l
pr. p.
D'AI.Gl’H
DEl’OT LEGAL
-JO
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
t
Mercredi, 23 septembre 1885,
Première année. — N° 69.
AT.ftÜTUK . . .
ABONNEMENTS :
Trois mois Sii mois
4.50 9
Un an
18
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives anx annnonces et réclame* doivœrt, ©$
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Aigja «
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bauss 9 t, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et G 1 », place de la Bourse, 10,
Rr a nor. _..
. & 13
24
Et par leurs correspondants.
La DEPECHE ALQ-ÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et oontrats
/
Alger, le 22 Septembre 1885.
AFFAIRE MER-MARCHAL
l,e Tribnnal de commerce d’Al
ger, à la requête de M. Mer, ex-
admiuistrateur du 3* ETIT ,
vient de condamner par défaut,
3H. Marclaal à payer la somme de
7,500 francs à M. Mer, a de plus
annulé la Société du PETIT
liquidateur général.
Notre feuilleton, LA GRANDE
MARNIÈRE, tirant à sa fin, nous
commencerons prochainement :
Les Braises île Un
Roman dû à la plume autorisée de
MM. Racot et Georges Pradel qui
occupent' actuellement une haute place
dans le journalisme parisien.
Nous ne préjugeons pas en affirmant
que nos lecteurs feront un excellent
accueil à ce livre aussi élégamment
écrit qu’intéressant.
TbOURÜER CLERICAL
M. Bourlier a pris la ferme résolution de
répondre lui-même aux récits calomnieux
qui pourront être faits contre lui par les
journaux de ses concurrents.
Il a déjà mis le moyen en pratique à l’é
gard du Radical Algérien et du Petit
Colon, et le moyen a réussi. Je dois dire,
tout de suite, pour rendre justice à qui de
droit, que le Radical Algérien n’a pas fait
la moindre difficulté pour insérer la réponse
de M. Bourlier.
Le Petit Colon, malgré le caractère de
candidat adverse de son rédacteur en chef,
n’a pas cru devoir employer le même pro
cédé ; il a fallu le ministère d’un huissier
pour l’obliger à se démentir.
Le terrain était donc déblayé en ce qui
concerne les calomnies, surtout celles tou
chant à l’honorabilité.
Les amis de M. Bourlier n’ont plus qu’à
le défendre sur le terrain de la politique
générale et algérienne.
On ne sera certainement pas étonné que
le Radical ne l’ayant pas choisi pour can
didat, comme autrefois,le trai e de clérical.
Il est de règle dans ce journal de considérer
comme cléricaux, tous ceux qui oublient
d’assister au banquet des libres-penseurs,
la jour du Vendredi dit Saint, afin d’y man
ger une tranche de saucisson ; — chacun
sait que, sans cet acte de courage, on n’est
pas initié aux mystères de la libre-pensée,
Donc qu’on lui fasse un crime de manquer
trop souvent à cette touchante cérémonie,
je n’y vois pas d’inconvénients de la part
des fanatiques de cette petite église.
Mais les libres-penseurs qui ne sont pas
enrôlés sous la banière du citoyen Boute-
maille — et ils sont heureusement en grand
nombre — ne pensent pas comme le Radi
cal et ne croient pas au cléricalisme des
gens qui préfèrent dîner chez eux et y man
ger ce qui leur plaît.
Maïs le Radical Algérien va plus loin.
M. Bourlier est clérical, dit-il, et il l’avoue.
M. Bourlier n’a jamais fait un pareil
aveu. Il le peut d’autant moins, qu’à aucune
époque, dans aucune circonstance, il n’a
fait acte de cléricalisme.
Je l’ai toujours entendu parler et vu agir
en libre-penseur.
Il a déclaré tout récemment, et de la fa
çon la plus expresse au Comité central ré
publicain, qu’il était partisan de la sépara
tion des églises et de l’Etat. Il a fait la mê
me déclaration à Ténès, à Orléansville, à
Bouïra et partout, avec la seule exception
que pour le culte musulman,
Ce n’est pas là, ce me semble êtrê clérical.
D’ailleurs, M. Bourlier est, comme il vient
de le rappeler avec beaucoup d’à-propos
dans un de ses discours, maire depuis 14
ans de la commune de Saint-Pierre et Saint-
Paul, et cependant, malgré deux saints pa
trons aussi bien posés dans le Paradis, la
commune administrée par M. Bourlier n’a
. pas d’église ëft ne subventionne aucun des
servant.
Comprend^on un maire clérical qui n’a
pu,en 14 ans, trouver dans son budget quel
ques mifliers de francs pour son église.sans
dompter les subventions de l’Etat qu’il au
rait pu obtenir en raison de l’influence qu’on
l’accuse, de posséder ?
Gela est d’autant plus extraordinaire, que
je connais des maires radicaux, libres-pen
seurs, qui ont fait les plus grands efforts
pour satisfaire, sous le rapport du culte
catholique, leurs administrés.
Je n’en citerai qu'un, le citoyen Boute-
œaille, maire de Bouïnan.
Cet excellent libre-penseur qui est, je
crois, président de la Libre-Pensée d’Alger
et qui est allé la représenter à Rome, s’est/
empressé de mettre sa maison de Bouïnan
à la disposition du culte catholique et
n;éprouve aucun scrupule à en toucher un
loyer annuel.
Oh ! je me garderai bien de dire que
M. Boutemailie est un maire clérical, mais
convenez que par ses actes, M. Bourlier l’est
moins que lui encore ?
— — - ——
M. SAMARY
Nous empruntons au Réveil, de Chérchell,
le portrait suivant qui est aussi élégamment
stylé que peu flatteur pour l’onduleux ar
chitecte des palais gouvernementaux :
« Un ancien dont la sagesse ne faisait
doute pour personne disait un jour : « Mé
fiez-vous dé l’homme qui n’a pas d’enne
mis ».
» M. Samary est dans ce cas, et nous l’a
vouons sans peine, nous nous méfions de
lui.
» En apprenant que le Comité des com
munes l’avait désigné bon premier com
me candidat à la députation, nous avons été
stupéfait
*> Quels sont les titres de considération
qu’il peut invoquer vis-à-vis des électeurs?
Il les connaît sans doute, mais nous les
ignorons.
» M. Samary a été tour à four modéré
opportuniste, radical et socialiste.
» Architecte deM. Albert Grévy, ce der
nier emporta avec lui, en perdant son
poste de Gouverneur, la fortune naissante
de son protégé. M. Samary était alors mo
déré, bien plus, familier du pouvoir.
» Peu de temps après, il avait ses petites
entrées à lAkhbar, à la Vigie et particu
lièrement à la Solidarité : en 1881, il pa
tron ait chaudement la candidature de M *
Letellier contre celle de M, Curson, socia
liste, C’était la période de l’opportunisme.
» Aujourd’hui il est radical par le comité
qui le patrone et par son alliance avec M.
Marchai; socialiste, il l’est ou feint de l’être’
par ses relations continuelles avec les chaîné
bres syndicales dont il fait partie ; à certain
moment, il composait avec le père Finie!
tout le syndicat des maçons d’Alger : m!
Samary ôtait secrétaire-trésorier de la dite
chambre, tandis que son Copain en était le
président. Il n y avait aucun adhérent, par
suite aucune cotisation ; la caisse de la
chambre ôtait alimentée par une subvention
gouvernementale ou municipale.
» Au physique, M. Samary ressemble à
un grand cierge recourbé dans le haut sa
figure maigre et décolorée exprime la ruse ;
son nez très prononcé est perpétuellement
orné d un lorgnon qui couvre des yeux
glauques où le feu ne brille jamais. Les na
rines, obstruées sans doute, font que les
paroles mielleuses prononcées à voix basse,
sont entrecoupées par un reniflement sac*,
cadô qui n’a rien d’agréable pour ses audi
teurs. Au moral, M. Samarv n’est pss plus
sympathique : beaucoup d’orgueil, beaucoup
d’ambition que rien na justifie ; mince ba
gage de science, opinions politiques et phi
losophiques qui se modifient suivant les eir*.
constances.
» En résumé, piètre candidat. »
Informations algériennes
Des manoeuvres de cavalerie, sous les or
dres do général de Pitray, auront lieu du
1 er octobre prochain au 10 du même mois,*
On attend à Bel-Abbès six escadrons, dont
4 camperont autour de la ville sous les
allées qui entourent les remparts, et les
deux autres seront logés au quartier des
spahis.
Les manœuvres auront lieu dans les
champs qui séparent la ville de SiduLhas-
sen. Nous serons heureux de voir ces belles
troupes venir passer quelques jours parmi
nous et leur souhaitons d’avance une cor
diale bienvenue.
X
JT
I
iftf
Feuilleton de LA MPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 69.
LA
6MIBE KÂRNIËRE
PAR
Georges OHNET
Pascal s’efforça d’être calme ; il voulut sa
voir quelle lâcheté on osait espérer de lui.
— Qu’entendez -vous par là?
Fleury gratta furieusement ses cheveux
indisciplinés ;
— C’est vous qui ôtes le maître de la si
tuation. Il faut donc être modéré... Cédez-
nous la Grande-Marnière.
— Rendez la liberté à Robert de Claire-
îont !
*— Vous savez bien que, maintenant, c’est
impossible.
— Oui ! il est plus facile de faire le mal
que de le réparer !
— Ne consentiriez-vous pas à revoir M,
Car va j an ?
— A quoi bon ?
— Un accord peut se conclure.
— Jamais sur les bases que vous propo
sez.
— Donnerez-vous donc ce spectacle déso
lant d’un fils combattant contre son père ?
— En l’empêchant de commettre des actes
que je réprouve, ce sont les intérêts de son
honneur que je prends contre lui-même.
— C’est votre dernier mot ?
— Mon père a entendu tout ce que j’avais
à lui dire... Maintenant je n’ai plus qu’à
agir.
— Prenez garde 1
— Oh ! je sais ce que je peux attendre de
votre cupidité déçue. Vous ne reculerez pas
devant le choix des moyens... Yous n’hési
terez pas à calomnier, â corrompre. La vè-
rité ne s’en fera pas moins jour. Je ne né
gligerai rien pour qu’il eu soit ainsi.
Fleury fit un geste de colère, puis se tour
nant vers Pascal :
— La paix ou la guerre? Une dernière
fois, je vous tends la main...
Pascal regarda le greffier avec un écrasant
mépris, et haussant les épaules :
— A quoi bon ? je n’ai rien à mettre de
dans 1
Et sans ajouter une parole, sans se re
tourner, il poursuivit son chemin.
Cependant les menaces de Fleury n’a
vaient pas été platoniques. Les témoins
étaient travaillés avec une audace éhontée.
Les Tubœuf, de Couvrechamps, avaient
reçu, à plusieurs reprises, la visite de Ton
deur. Celui-ci s’était enquis de leurs besoins
et les avait longuement interrogés sur la
rencontre qu’ils avaient faite de Robert et
de Rose, en rentrant de l’assemblée. Tu
bœuf, ouvrier maçon, avait à compter avec
Tondeur, et il se montrait, depuis la visite
du marchand de bois, très animé et très
loquace. Le docteur Margueron avait été
pratiqué par Dumor/âer et Leglorieux. Il
avait une grande fille et point de fortune
On s’était laissé entraîner jusqu’à lui faire
entrevoir un brillant mariage. Oa ne lui
demandait rien, on s’en rapportait à sa sa
gacité ; mais il était évident que la condam
nation de M. de Clsirefont devait lui être
très profitable. Le médecin avait écouté
beaucoup, parlé peu. Et la conviction qu'il
avait de l’innocence de Robert s’êlait accrue
de tocs les efforts faits pour établir la cul
pabilité. Le valet d’écurie, que le comte
avait autrefois presque assommé, s’était
éloigné du pays. Sa trace avait été suivie, et
sa présence était signalée à Mortagne, d’où
on allait le faire venir pour déposer.
Ainsi les manœuvres de la partie adverse
étaient poussées avec une activité exlrême.
Le bruit courait déjà dans la ville qu’un
éminent avocat, connu comme la plus ter
rible langue du barreau de Pâtis, devait
soutenir les intérêts de Chassevent, qui se
portait partie civile. Tous ces récits, rap
portés à Clairefont par les Saint-André et
les Tourette qui, décidément, avaient pris
fait et cause pour leurs amis, jetaient la
tante de Saint-Maurice dans des transes
horribles. Elle aurait voulu voir Pascal :
— Si encore nous pouvions causer avec
lui, savoir ce qu’il pense, ce qu’il espère! Le
métier d’un avocat consiste à rassurer ses
clients d’abord, et à gagner leur procès en
suite. Qu’est-ce que c’est que cet avocat
invisible ? L’influence morale de son nom,
c’est très bien 1 Mais, moi, je n’aurai con
fiance en lui que quand il aura parlé, en ma
présence, pendant une heure, sans débrider
Antoinette, cédant aux instances de sa
tante, dut écrireâ M e Maiézeau pour le mier
d’amener Pascal.
Ce fut une des émotions les plus violentes
que le jeune homme eût jamais ressenties
lorsqu’il descendit avec le notaire à la grille
de la cour d’honneur. La trace des affiches
jaunes se voyait encore sur les piliers
C’était près du massif de l’entrée qu’un soir*
rôdant le long du mur du parc, il avait en
tendu, à son approche, le lévrier gronder et
Antoinette parler doucement pour le cal
mer. Il arriva dans le vestibule, sans savoir
comment il avait traversé la cour; une porta
s ouvrit, et il aperçut dans le salon la tante
Isabelle, le marquis et la jeune fille. Un
nuage obscurcit ses yeux, le sang siffla dans
ses oreilles, il lui sembla qu i! marchait an
milieu des flammes. U distingua la voix de
Maiézeau qui disait ;
— Monsieur Pascal Carvajaa, que je vous
présente, Monsieur le marquis... Mademoi
selle, Monsieur Pascal Carvajan...
Le marquis, pâle sous ses cheveux blancs
sans se lever, agita la main avec un air
riant et dit :
— Qu’il soit le bienvenu.
Le jeune homme s’inclina, et s’assit au-
près de la cheminée, sur une chaise. qu’An-
toinette lui avança. Le château De s'eflon-
dra pas sur la tête de ce Carvajan qui
devenait l’hôte de Clairefont. La vieille
demeure reconnut en lui un ami : elle se fit
souriante et hospitalière. Le premier quart
d’heure de cette visite se passa, pour Pas-
l
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