Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-09-09
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 septembre 1885 09 septembre 1885
Description : 1885/09/09 (A1,N55). 1885/09/09 (A1,N55).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5448379
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 9 18
France 6 125 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives anx annnonces et réclames doivent, m>
Algérie,être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la Répnbliqae, AJ^nr,.'
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, ehei M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chex MM. AÜDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et oontrats
Alger, le 8 Septembre 1885.
1W ■■■ ■■■■■— mi-ii ■ ii
HOUES DO JOUR
XXXV
M. EDOUARD LOCKROY
Quarante-cinq ans, une tête expressive et
curieuse, dont l’étique maigreur est deve
nue proverbiale.
Fils d’un des plus féconds de nos auteurs
dramatiques, Edouard Lockroy se destina
d’abord à la peinture et commença des
études de dessin, que, du reste, il abandon
na presque aussitôt pour se lancer dans le
journalisme dont le nom et la situation de
son père étaient faits pour lui faciliter l’en
trée.
D’abord rédacteur à l’ancien Figaro, il
passa ensuite au Diable à quatre, où une
série d’articles mordants et incisifs, en mê
me temps qu’elle attirait sur sa personne
l’attention de l’autorité, le conduisait tout
droit à la rédaction du Rappel, dont il est
demeuré, jusqu’à ce jour, le collaborateur
actif et spirituel.
Très énergique, d’une bravoure extrême,
il a joué pendant la guerre un rôle des
moins platoniques, et se fit remarquer par
sa belle conduite aux affaires de Champigny
et de Buzenval. Nommé député de la Seine
à l’Assemblée nationale, il vint siéger à
l’extrême gauche, où il combattit énergi
quement les préliminaires de la paix, puis
signa la proclamation des maires de Paris
au lendemain du 18 Mars 1871.
Momentanément arrêté après les affaires
de la Commune, il fut relâché presque im
médiatement, et presqu’immédiateraent fut
élu conseiller municipal du XI e , aux élec
tions du 22 juillet. C’est peu de temps après
qu’il prit la rédaction en chef du journal le
Peuple souverain, journal auotidieu à un
sou, dans lequel un article signé par lui et
intitulé : Mort aux traîtres, lui valut en
Cour d’assises un procès suivi d’acquitte
ment.
Ce ne fut d’ailleurs pas la seule fois que
M. Edourd Lockroy eut maille à partir avec
la justice, car moins d’un an après, le 28
mars 1878. il était condamné à uu mois de
prison et 500 francs d’amende pour un article
Intitulé la Libération du territoire, sans
parler des huit jours d’emprisonnement qu’il
avait déjà attrappés pour s’être battu en
duel avec M. de Cassagnac.
Elu une première fois, le 27 avril 1873,
député des Bouches-du-Rhône, il était, le
20 février 1876, envoyé de nouveau à la
Chambre, et par le XV1D arrondissement
de Paris et par la première circonscription
de l’arrondissemedt d’Aix-en-Provence, au
profit duquel il opta.
On sait le rôle actif que M. Lockroy a
joué dans de multiples circonstances et il
serait superflu de rappeler ici les nombreux
discours qu’il prononça, notamment dans la
discussioa sur l’amnislio qu’il réclamait avec
énergie et qu’il vota pleine et entière.
Marié depuis près de dix ans à la veuve
de Charles Hugo, M. Edouard Lockroy a
réuni une certaine quantité de ses innom
brables articles, en brochures et en volu
mes : A bas le progrès, les Aigles du, Capi
tole, etc., etc.
On a souvent reproché aux gouvernements
qui se sont succédé depuis 1830, de n’avoir
rien fait pour l’instruction des Indigènes et,
en fait, les résultats obtenus permettent et
expliquent ces reproches.
Nous ne sommes même pas sortis, à
l’heure actuelle, en ce qui touche l’appli
cation aux Indigènes du décret spécial à
l’Algérie, de la période de préparation, et
les difficultés budgétaires aidant, on peut
prévoir que de longues années se passeront
encore avant que, dans le Tell, tous les
jeunes musulmans soient astreints à fré
quenter les écoles.
C’est assurément là un fait regrettable de
tous points, mais dont la responsabilité
n’incombe pas à l’administration qui ne peut
mettre en mesure que les moyens d’action
dont elle dispose. .
Or, ces moyens sont très limités. Quoique
comprenant parfaitement l’intérêt qui s’at
tache à la vulgarisation de l’in>truction chez
les Indigènes, le Gouvernement se montre
avare de crédits nouveaux, et lorsqu’il en
consent, il n’en indique pas toujours un em
ploi judicieux. Nous pouvons citer, comme
preuve, l’importance exagérée donnée à
certaines maisons d’école de la Kabylie et,
par suite, la dépense disproportionnée avec
le but visé que leur construction a entraî
née.
D’autre part, le jour où l’oa s’est décidé à
ne plus faire de l’instruction des Indigènes
une question de sélection, et à convier tous
les jeunes enfants à participer à ses bien
faits, les maîtres manquaient absolument.
Or, c’est toute une légion d’instituteurs spé
ciaux qu’il faut recruter et former avant de
songer à envahir une seconde fois le Tell,
mais cette fois avec le livre à la main, au
lieu du fusil.
Si, par une sorte de miracle, tout était
prêt demain au point de vue matériel pour
l’application du décret sur l’enseignement
dans l’universalité des tribus, on se trouve
rait encore, et pendant de longues années,
arrêté par l’insuffisance du personnel ensei
gnant.
Il était du reste difficile qu’il en fût autre
ment avec le système que l’empire avait
mis en pratique de faire porter, en ce qui
touchait l’instruction des Indigènes, tous les
efforts tous les sacrifices du gouvernement
sur les quelques centaines d’éièves soigneu
sement triés sur le volet, réunis à grands
frais dans les collèges arabes, et marqués
d’avance pour occuper, à la fin de leurs
études, des postes importants dans la haute
administration.
On se leurrait de l’espoir que, dans leur
reconnaissance pour la France et compre
nant sa supériorité, ces jeunes gens s’em
ploieraient à nous concilier l’esprit de leurs
correligionnaires et à servir d’intermédiaires
zélés et fidèles entre eux et nous. On sait
combien ces espérances ont été déçues et
quelles furent de ce côté les désillusions.
Pas un d8 ces élèves, croyons-nous, n’eut
môme l’idée de rendre aux siens le bien
fait qu’il avait reçu de la France, en leur
enseignant, à son tour, ce qui lui avait été
enseigné.
Il est bon cependant de le dire, les mesu
res adoptées par le gouverneur actuel en
vue de constituer un personnel enseignant,
ont produit de bons effets.Un noyau est déjà
sorti des écoles normales spéciales, noyau
qui ne peut que grossir chaque année et for
mer la boule de neige. Plus nous allons
d’ailleurs et moins oa rencontre de répu
gnances de la part des jeunes Kabyles à di
riger leur avenir vers l’instruction. De bons
moniteurs sont sortis des rangs des élèves,
et jouissent de la considération de leurs
concitoyens. C’est là un pas énorme. D’au
tre part, les promesses faites, les .engage
ments pris ont été tenus dans la mesure du
possible. Si nous sommes bien informé, un
nombre assez important d’écoles sera ouvert
à la rentrée prochaine dans les tribus, pour
permettre une expérimentation complète du
système et des méthodes adoptées, ce qui
est un point capital.
En somme, on peut légitimement espérer
que l’on ne sortira plus de la bonne voie, et
que le but aujourd’hui bien déterminé sera
poursuivi sinon avec taut l’entrain que Tous;
pourrait souhaiter,du moins sans à-coups et
sans temps d’arrêt.
Informations algériennes
Nous apprenons la mort à Bône, à l’âga
de 81 ans, de M. le commandant en retraite
Cornitis de Yinoux, officier de la Légion
d’honneur, ancien commandant de la place
de Bône.
Ses obsèques ont eu lieu dans cette ville,
en présence d’une nombreuse affluence, et,
sur la tombe, M. le commandant Rousseau,
son ancien frère d’armes, a retracé en ter
mes émus la vie militaire si bien remplie
de ce vieux serviteur du pays.
X
Nous apprenons que le cuirassé le Bayard
a quitté le mouillage des Salines d’Hvères,
à destination d’Oran, où il vient se ravitail
ler en charbon.
Le Bayard sara sans doute dans les eaux
d’Oran aujourd’hui, mardi.
X
M. Pic, commissaire de police du Sig. est
promu à la 2 e classe de son emploi.
X
Les électeurs municipaux de la commune
de Bône sont convoqués pour le 20 septem
bre courant, à l’effet de procéder à l’élection
de deux conseillers, en remplacement de
MM. Raouet et Cordier, décédés.
Dans le délai de quinzaine qui suivra
cette élection, le Conseil devra faire choix
d’un deuxième adjoint, en remplacement (fe
M. Cordier.
X
Nous avons récemment annoncé que
M. Yernet, inspecteur divisionnaire des
douanes de la circonscription de Bône,
avait été élevé à la première classe de soa
grade'
Nous apprenons que ce chef de servie©
vient d’être nommé commandeur de l’ordre
du Nicham, par le bey de Tunis, sur la pro
position de notre ministre-résident.
X
Depuis samedi on parle à Oran d’une ma
nifestation patriotique organisée par les
Espagnols.
Une demande d’autorisation aurait ét&
adressée à M. le Préfet pour un des pre
miers jours de cette semaine,
X
Feuilleton de LA. DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 55.
LA
GRANDE «ARRIÈRE
PAR
Georges OHNET
Mais l’inventeur, avec la ténacité et la
candeur d’un maniaque, se mit à développer
ses projets, à énumérer ses chances de
réussite.
Il avait oublié à qui il s’adressait, dans
quel moment terrible il parlait, il ne pensait
plus qu’à sou .appareil, et il en décrivait les
mérites. Il n’existait plus rien au monde
pour lui que son fourneau. Il attira le ban
quier dans le coin du laboratoire où se trou
vait le brûleur, et lui proposa de le faire
fonctionner en sa présence. Et il s’animait,
débordant à la fois d’enthousiasme et de
confiance.
La voix coupante de Carvajan calma subi
tement le marquis.
Mais sous quel prétexte voulez-vous
que je vous donne de l'argent pour exploiter
votre invention?... Yais-je m’amuser à
vous fournir des cartouches pour que vous
me fassiez plus commodément la guerre?
Je vois bien votre intérêt dans tout ;ceci...
Mais le mien, où est-il ? Je ne suis pas hom
me à me payer de mots creux, de théories
humanitaires... Le progrès, l’industrie, très
joli tout ça ! Mais, moi d’abord ! Bien ne me
prouve que vous tirerez bon parti des fonds
que vous me demandez... Et j’ai assez d’ar
gent dehors... Vous me devez, mou cher
monsieur, près de quatre cent mille francs,
dont cent soixante mille à payer ce matin
même... Etes-vous en mesure ?
Le marquis courba le front, puis, très
bas ;
— Non, Monsieur...
— Alors, serviteur ! On ne dérange pas
les gens pour leur compter des calembre
daines... Et quand on ne peut pas payer ses
dettes, on ne se donne pas des airs de génie..
Ab! ah! le brûleur... Il bst à moi, d’ail
leurs, comme tout ce qui est ici. Et je ne
sais pas pourquoi, s’il est bon, je ne l’ex
ploiterais pas moi-même...
— Vous !
— Mais oui, moi ! Je pense, monsieur le
marquis, que le moment est arrivé de neplus
finasser... Vous n’espérez pas que vous
roulerez un vieux malin tel que moi ?...
Et cependant vous l’avez essayé, je le dis à
votre honneur. Je vous croyais moins de
défense... Maintenant, c’est fini, n'est-ce
pas ? Vous ne conservez plus aucune illu
sion ? Il n’y a qu’à ramasser vos cliques et
vos claques et à vou3 en aller de votre gen
tilhommière !...
Le tyran se planta devant M. de Claire
font, et, illuminé par une effroyable joie :
-T- Vous m’avez, il y a trente ans, fait
jeter hors de chez vous. Aujourd’hui, c’est
mou tour... Un huissier est en bas qui
instrumente...
Il éclata d’un rire injurieux, et, les mains
dans les poches de son pantalon, avec un
horrible sans gêne, il marcha de long en
large, s’étalant, comme si déjà il eût été le
maître.
Le marquis avait écouté plein de stupeur,
cette violente apostrophe. Les illusions qu’il
conservait encore se dissipèrent en une se
conde, comme les nuages se dispersent sous
un souffle de tempête. Il revint à la raison,
il retrouva sa clairvoyance, il rougit de s’ê
tre abaissé à discuter avec Carvajan. Il ne
vit plus en lui le prêteur toujours disposé à
faire une spéculation avantageuse : il re
trouva l’ennemi patient et acharné de sa
maison.
— Je me suis trompé, dit-il avec dédain,
je croyais posséder encore de quoi tenter
votre cupidité.
— Oh ! oh ! des insolences, fit le banquier
froidement, c’est un grand luxe que vos
moyens ne vous permettent plus, mon cher
monsieur. Quand on est le débiteur des
gens, il faut les payer autrement qu’en mau
vaises paroles.
— Vous pouvez abuser de ma situation,
Monsieur, dit le marquis avec amertume.
Je suis dans vos mains, et je dois m’atten
dre à tout, puisque les mieos m’ont les
premiers abandonné. Quels égards puis-je
espérer d’un étranger, quand ma fille me
ferme sa bourse et que mon fils s’éloigne de
moi?... Au surplus, brisons là... Nous
n’avons plus rien à nous dire.
Carvajan fit. un geste de surprise, paisr
son visage s’illumina d’une diabolique sa
tisfaction.
— Pardon ! reprit il vivement .. Je vous,
vois dans une erreur dont il faut que je vous
tire.. . Vous accusez à tort votre fille et vo
tre fils... Vous avez, sans doute, demandé k.
Mlle de Clairefont de vous sortir d’embar
ras, et elle s’y est refusée, prétendez-vous t
Elle avait de bonnes raisons pour cela. L’ar
gent que vous lui demandiez, il y a beau
temps qu’elle l’a donné!... Ah! vous vous
plaignez de son ingratitude !... Eh bien S
elle s’est ruinée pour vous, et sans bruit, en
suppliant qu’on ne vous révélât pas remploi
qu’elle faisait de sa fortune... Voilà ce que
vous appelez vous fermer sa bourse !...
Le marquis ne prononça pas une parole,,
pas un soupir. Une vague de sang lui mon
ta au cerveau ; il devint pourpre, puis li
vide. Il jeta à Carvajan le regard d’une vic
time à son assassin. Il lui sembla que sou
cœur était tordu dans sa poitrine. Il fit quel
ques pas, et, inconscient, oubliant que lei
bourreau était là, il s’assit dans son grand
fauteuil et, sur le dossier, roula sa tête avec
égarement.
Le maire l’avait suivi, jouissant délicieu
sement des tortures de sou ennemi, le do
minant, l’écrasant du poids de sa haine.
— Quant à votre fils, poursuivit-il, s’il
n’est pas auprès de vous, ce n’est pas de son
plein gré, croyez-le bien. Il a été arrêté
hier, et conduit à Rouen entre deux gen
darmes !...
(A SMîrre.)
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 9 18
France 6 125 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives anx annnonces et réclames doivent, m>
Algérie,être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la Répnbliqae, AJ^nr,.'
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, ehei M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chex MM. AÜDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et oontrats
Alger, le 8 Septembre 1885.
1W ■■■ ■■■■■— mi-ii ■ ii
HOUES DO JOUR
XXXV
M. EDOUARD LOCKROY
Quarante-cinq ans, une tête expressive et
curieuse, dont l’étique maigreur est deve
nue proverbiale.
Fils d’un des plus féconds de nos auteurs
dramatiques, Edouard Lockroy se destina
d’abord à la peinture et commença des
études de dessin, que, du reste, il abandon
na presque aussitôt pour se lancer dans le
journalisme dont le nom et la situation de
son père étaient faits pour lui faciliter l’en
trée.
D’abord rédacteur à l’ancien Figaro, il
passa ensuite au Diable à quatre, où une
série d’articles mordants et incisifs, en mê
me temps qu’elle attirait sur sa personne
l’attention de l’autorité, le conduisait tout
droit à la rédaction du Rappel, dont il est
demeuré, jusqu’à ce jour, le collaborateur
actif et spirituel.
Très énergique, d’une bravoure extrême,
il a joué pendant la guerre un rôle des
moins platoniques, et se fit remarquer par
sa belle conduite aux affaires de Champigny
et de Buzenval. Nommé député de la Seine
à l’Assemblée nationale, il vint siéger à
l’extrême gauche, où il combattit énergi
quement les préliminaires de la paix, puis
signa la proclamation des maires de Paris
au lendemain du 18 Mars 1871.
Momentanément arrêté après les affaires
de la Commune, il fut relâché presque im
médiatement, et presqu’immédiateraent fut
élu conseiller municipal du XI e , aux élec
tions du 22 juillet. C’est peu de temps après
qu’il prit la rédaction en chef du journal le
Peuple souverain, journal auotidieu à un
sou, dans lequel un article signé par lui et
intitulé : Mort aux traîtres, lui valut en
Cour d’assises un procès suivi d’acquitte
ment.
Ce ne fut d’ailleurs pas la seule fois que
M. Edourd Lockroy eut maille à partir avec
la justice, car moins d’un an après, le 28
mars 1878. il était condamné à uu mois de
prison et 500 francs d’amende pour un article
Intitulé la Libération du territoire, sans
parler des huit jours d’emprisonnement qu’il
avait déjà attrappés pour s’être battu en
duel avec M. de Cassagnac.
Elu une première fois, le 27 avril 1873,
député des Bouches-du-Rhône, il était, le
20 février 1876, envoyé de nouveau à la
Chambre, et par le XV1D arrondissement
de Paris et par la première circonscription
de l’arrondissemedt d’Aix-en-Provence, au
profit duquel il opta.
On sait le rôle actif que M. Lockroy a
joué dans de multiples circonstances et il
serait superflu de rappeler ici les nombreux
discours qu’il prononça, notamment dans la
discussioa sur l’amnislio qu’il réclamait avec
énergie et qu’il vota pleine et entière.
Marié depuis près de dix ans à la veuve
de Charles Hugo, M. Edouard Lockroy a
réuni une certaine quantité de ses innom
brables articles, en brochures et en volu
mes : A bas le progrès, les Aigles du, Capi
tole, etc., etc.
On a souvent reproché aux gouvernements
qui se sont succédé depuis 1830, de n’avoir
rien fait pour l’instruction des Indigènes et,
en fait, les résultats obtenus permettent et
expliquent ces reproches.
Nous ne sommes même pas sortis, à
l’heure actuelle, en ce qui touche l’appli
cation aux Indigènes du décret spécial à
l’Algérie, de la période de préparation, et
les difficultés budgétaires aidant, on peut
prévoir que de longues années se passeront
encore avant que, dans le Tell, tous les
jeunes musulmans soient astreints à fré
quenter les écoles.
C’est assurément là un fait regrettable de
tous points, mais dont la responsabilité
n’incombe pas à l’administration qui ne peut
mettre en mesure que les moyens d’action
dont elle dispose. .
Or, ces moyens sont très limités. Quoique
comprenant parfaitement l’intérêt qui s’at
tache à la vulgarisation de l’in>truction chez
les Indigènes, le Gouvernement se montre
avare de crédits nouveaux, et lorsqu’il en
consent, il n’en indique pas toujours un em
ploi judicieux. Nous pouvons citer, comme
preuve, l’importance exagérée donnée à
certaines maisons d’école de la Kabylie et,
par suite, la dépense disproportionnée avec
le but visé que leur construction a entraî
née.
D’autre part, le jour où l’oa s’est décidé à
ne plus faire de l’instruction des Indigènes
une question de sélection, et à convier tous
les jeunes enfants à participer à ses bien
faits, les maîtres manquaient absolument.
Or, c’est toute une légion d’instituteurs spé
ciaux qu’il faut recruter et former avant de
songer à envahir une seconde fois le Tell,
mais cette fois avec le livre à la main, au
lieu du fusil.
Si, par une sorte de miracle, tout était
prêt demain au point de vue matériel pour
l’application du décret sur l’enseignement
dans l’universalité des tribus, on se trouve
rait encore, et pendant de longues années,
arrêté par l’insuffisance du personnel ensei
gnant.
Il était du reste difficile qu’il en fût autre
ment avec le système que l’empire avait
mis en pratique de faire porter, en ce qui
touchait l’instruction des Indigènes, tous les
efforts tous les sacrifices du gouvernement
sur les quelques centaines d’éièves soigneu
sement triés sur le volet, réunis à grands
frais dans les collèges arabes, et marqués
d’avance pour occuper, à la fin de leurs
études, des postes importants dans la haute
administration.
On se leurrait de l’espoir que, dans leur
reconnaissance pour la France et compre
nant sa supériorité, ces jeunes gens s’em
ploieraient à nous concilier l’esprit de leurs
correligionnaires et à servir d’intermédiaires
zélés et fidèles entre eux et nous. On sait
combien ces espérances ont été déçues et
quelles furent de ce côté les désillusions.
Pas un d8 ces élèves, croyons-nous, n’eut
môme l’idée de rendre aux siens le bien
fait qu’il avait reçu de la France, en leur
enseignant, à son tour, ce qui lui avait été
enseigné.
Il est bon cependant de le dire, les mesu
res adoptées par le gouverneur actuel en
vue de constituer un personnel enseignant,
ont produit de bons effets.Un noyau est déjà
sorti des écoles normales spéciales, noyau
qui ne peut que grossir chaque année et for
mer la boule de neige. Plus nous allons
d’ailleurs et moins oa rencontre de répu
gnances de la part des jeunes Kabyles à di
riger leur avenir vers l’instruction. De bons
moniteurs sont sortis des rangs des élèves,
et jouissent de la considération de leurs
concitoyens. C’est là un pas énorme. D’au
tre part, les promesses faites, les .engage
ments pris ont été tenus dans la mesure du
possible. Si nous sommes bien informé, un
nombre assez important d’écoles sera ouvert
à la rentrée prochaine dans les tribus, pour
permettre une expérimentation complète du
système et des méthodes adoptées, ce qui
est un point capital.
En somme, on peut légitimement espérer
que l’on ne sortira plus de la bonne voie, et
que le but aujourd’hui bien déterminé sera
poursuivi sinon avec taut l’entrain que Tous;
pourrait souhaiter,du moins sans à-coups et
sans temps d’arrêt.
Informations algériennes
Nous apprenons la mort à Bône, à l’âga
de 81 ans, de M. le commandant en retraite
Cornitis de Yinoux, officier de la Légion
d’honneur, ancien commandant de la place
de Bône.
Ses obsèques ont eu lieu dans cette ville,
en présence d’une nombreuse affluence, et,
sur la tombe, M. le commandant Rousseau,
son ancien frère d’armes, a retracé en ter
mes émus la vie militaire si bien remplie
de ce vieux serviteur du pays.
X
Nous apprenons que le cuirassé le Bayard
a quitté le mouillage des Salines d’Hvères,
à destination d’Oran, où il vient se ravitail
ler en charbon.
Le Bayard sara sans doute dans les eaux
d’Oran aujourd’hui, mardi.
X
M. Pic, commissaire de police du Sig. est
promu à la 2 e classe de son emploi.
X
Les électeurs municipaux de la commune
de Bône sont convoqués pour le 20 septem
bre courant, à l’effet de procéder à l’élection
de deux conseillers, en remplacement de
MM. Raouet et Cordier, décédés.
Dans le délai de quinzaine qui suivra
cette élection, le Conseil devra faire choix
d’un deuxième adjoint, en remplacement (fe
M. Cordier.
X
Nous avons récemment annoncé que
M. Yernet, inspecteur divisionnaire des
douanes de la circonscription de Bône,
avait été élevé à la première classe de soa
grade'
Nous apprenons que ce chef de servie©
vient d’être nommé commandeur de l’ordre
du Nicham, par le bey de Tunis, sur la pro
position de notre ministre-résident.
X
Depuis samedi on parle à Oran d’une ma
nifestation patriotique organisée par les
Espagnols.
Une demande d’autorisation aurait ét&
adressée à M. le Préfet pour un des pre
miers jours de cette semaine,
X
Feuilleton de LA. DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 55.
LA
GRANDE «ARRIÈRE
PAR
Georges OHNET
Mais l’inventeur, avec la ténacité et la
candeur d’un maniaque, se mit à développer
ses projets, à énumérer ses chances de
réussite.
Il avait oublié à qui il s’adressait, dans
quel moment terrible il parlait, il ne pensait
plus qu’à sou .appareil, et il en décrivait les
mérites. Il n’existait plus rien au monde
pour lui que son fourneau. Il attira le ban
quier dans le coin du laboratoire où se trou
vait le brûleur, et lui proposa de le faire
fonctionner en sa présence. Et il s’animait,
débordant à la fois d’enthousiasme et de
confiance.
La voix coupante de Carvajan calma subi
tement le marquis.
Mais sous quel prétexte voulez-vous
que je vous donne de l'argent pour exploiter
votre invention?... Yais-je m’amuser à
vous fournir des cartouches pour que vous
me fassiez plus commodément la guerre?
Je vois bien votre intérêt dans tout ;ceci...
Mais le mien, où est-il ? Je ne suis pas hom
me à me payer de mots creux, de théories
humanitaires... Le progrès, l’industrie, très
joli tout ça ! Mais, moi d’abord ! Bien ne me
prouve que vous tirerez bon parti des fonds
que vous me demandez... Et j’ai assez d’ar
gent dehors... Vous me devez, mou cher
monsieur, près de quatre cent mille francs,
dont cent soixante mille à payer ce matin
même... Etes-vous en mesure ?
Le marquis courba le front, puis, très
bas ;
— Non, Monsieur...
— Alors, serviteur ! On ne dérange pas
les gens pour leur compter des calembre
daines... Et quand on ne peut pas payer ses
dettes, on ne se donne pas des airs de génie..
Ab! ah! le brûleur... Il bst à moi, d’ail
leurs, comme tout ce qui est ici. Et je ne
sais pas pourquoi, s’il est bon, je ne l’ex
ploiterais pas moi-même...
— Vous !
— Mais oui, moi ! Je pense, monsieur le
marquis, que le moment est arrivé de neplus
finasser... Vous n’espérez pas que vous
roulerez un vieux malin tel que moi ?...
Et cependant vous l’avez essayé, je le dis à
votre honneur. Je vous croyais moins de
défense... Maintenant, c’est fini, n'est-ce
pas ? Vous ne conservez plus aucune illu
sion ? Il n’y a qu’à ramasser vos cliques et
vos claques et à vou3 en aller de votre gen
tilhommière !...
Le tyran se planta devant M. de Claire
font, et, illuminé par une effroyable joie :
-T- Vous m’avez, il y a trente ans, fait
jeter hors de chez vous. Aujourd’hui, c’est
mou tour... Un huissier est en bas qui
instrumente...
Il éclata d’un rire injurieux, et, les mains
dans les poches de son pantalon, avec un
horrible sans gêne, il marcha de long en
large, s’étalant, comme si déjà il eût été le
maître.
Le marquis avait écouté plein de stupeur,
cette violente apostrophe. Les illusions qu’il
conservait encore se dissipèrent en une se
conde, comme les nuages se dispersent sous
un souffle de tempête. Il revint à la raison,
il retrouva sa clairvoyance, il rougit de s’ê
tre abaissé à discuter avec Carvajan. Il ne
vit plus en lui le prêteur toujours disposé à
faire une spéculation avantageuse : il re
trouva l’ennemi patient et acharné de sa
maison.
— Je me suis trompé, dit-il avec dédain,
je croyais posséder encore de quoi tenter
votre cupidité.
— Oh ! oh ! des insolences, fit le banquier
froidement, c’est un grand luxe que vos
moyens ne vous permettent plus, mon cher
monsieur. Quand on est le débiteur des
gens, il faut les payer autrement qu’en mau
vaises paroles.
— Vous pouvez abuser de ma situation,
Monsieur, dit le marquis avec amertume.
Je suis dans vos mains, et je dois m’atten
dre à tout, puisque les mieos m’ont les
premiers abandonné. Quels égards puis-je
espérer d’un étranger, quand ma fille me
ferme sa bourse et que mon fils s’éloigne de
moi?... Au surplus, brisons là... Nous
n’avons plus rien à nous dire.
Carvajan fit. un geste de surprise, paisr
son visage s’illumina d’une diabolique sa
tisfaction.
— Pardon ! reprit il vivement .. Je vous,
vois dans une erreur dont il faut que je vous
tire.. . Vous accusez à tort votre fille et vo
tre fils... Vous avez, sans doute, demandé k.
Mlle de Clairefont de vous sortir d’embar
ras, et elle s’y est refusée, prétendez-vous t
Elle avait de bonnes raisons pour cela. L’ar
gent que vous lui demandiez, il y a beau
temps qu’elle l’a donné!... Ah! vous vous
plaignez de son ingratitude !... Eh bien S
elle s’est ruinée pour vous, et sans bruit, en
suppliant qu’on ne vous révélât pas remploi
qu’elle faisait de sa fortune... Voilà ce que
vous appelez vous fermer sa bourse !...
Le marquis ne prononça pas une parole,,
pas un soupir. Une vague de sang lui mon
ta au cerveau ; il devint pourpre, puis li
vide. Il jeta à Carvajan le regard d’une vic
time à son assassin. Il lui sembla que sou
cœur était tordu dans sa poitrine. Il fit quel
ques pas, et, inconscient, oubliant que lei
bourreau était là, il s’assit dans son grand
fauteuil et, sur le dossier, roula sa tête avec
égarement.
Le maire l’avait suivi, jouissant délicieu
sement des tortures de sou ennemi, le do
minant, l’écrasant du poids de sa haine.
— Quant à votre fils, poursuivit-il, s’il
n’est pas auprès de vous, ce n’est pas de son
plein gré, croyez-le bien. Il a été arrêté
hier, et conduit à Rouen entre deux gen
darmes !...
(A SMîrre.)
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