Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-08-06
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 août 1885 06 août 1885
Description : 1885/08/06 (A1,N21). 1885/08/06 (A1,N21).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5448030
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
PRfiFKC TljRP D'U.GRH
DEPOT LEGAL
Première année. — N° 21.
Le numéro £> centimes.
Jeudi, 6 août 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
France 6 12 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, «g
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C io , place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DEPECHE ALGERIENNE est désignée pour l’insertion des annonces lég-ales. judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 5 Août 1885.
A partir cle ce jour, 5 août, « 3_.a.
DÉPÊCHE ALGÉRIENNE » pu
bliera, en tête d.e ses colonnes, nne
biographie des hommes politiques
les plus en vue.
Nous commençons la série par la
biographie de M. Jules Ferry.
LES HOUES DD JOOR
1.
JVI. JULES FERRY
DÉPOTÉ DES VOSGES
M. Jules Ferry est né à Saiat-Dié, le 5
avril 1832.
Après avoir fait ses études de droit à Pa
ris, il se fit inscrire au barreau en 1854, et
bientôt il entra comme collaborateur au
journal la Gazet'e des Tribunaux En 1861,
Il publia, en société avec MM. Clamageran,
Dréolle, Floquet et Hér, ld, un Manuel élec
toral qui eut un certain retentissement et
fut tiré à de nombreuses éditions.
Compromis dans le procès intenté par le
gouvernement contre le comité des Treize,
il fut condamné, en 1864, pour délit d’asso
ciation illicite, et, c’est quelques mois plus
tard,' qu’entré à la rédaction du Temps, il
commençait contre le préfet de la Seine,
une campagne demeurée célèbre. Suite
d’articles violeots, mordants, incisifs et qui
devait immortaliser le titre sous lequel leur
auteur les publiait plus lard en librairie:
Les Comptes fantastiques d’Haussmann.
Porté candidat de la & circonscription de
la ’ Seine, aux élections de 1869, M. Jules
Ferry fut élu, contre MM. A. Cochain et
Guérould et il alla siéger sur les bancs de
la gauche, à côté de son maître, Jules Fa
vre- Au nombre des propositions qu’il sou
mit à la Chambre, il importe de citer la
proposition relative à l’élection du Conseil
municipal de Paris et celle tendant à l’abo
lition de la juridiction de la haute cour de
justice, laquelle venait d’acquitter le prince
Pierre Bonaparte, coupable d’avoir assassi
né Victor Noir.
Au mois de mai 1870, il fonda le comité
démocratique parisien anti-plébiscitaire.
Ajoutons qu’il fut de ceux qui, au mois de
juillet de la même anuée, s’élevèrent le plus
énergiquement contre l’idée d’une guerre
avec l'Allemagne.
La révolution du 4 Septembre appela M.
Jules Ferry au gouvernement provisoire rie
la Défende Nationale. Nommé préfet de la
Seine le 6 du même mois, il devait être re
nommé le 24 mai 1871, à ces mêmes fonc
tions que, d’ailleurs, il ne conserva que dix
jours pour céder sa place à M. Léon Say.
Rentré dans les rangs de la gauche, le 24
mai 1873, et élu député de l’arrosdissement
de Saint-Dié le 20 février 1876, c’est dans le
cours de cette même année qu’il prit pour
la première fois le portefeuille de l’instruc
tion publique.
Il fit depuis partie de divers cabinets ; en
dernier lieu, notamment, il présida le con
seil des ministres, d'abord avec le porte
feuille de l’instruction publique, ensuite avec
celui des affaires étrangères.
Nous croirions inutile d’insister sur cette
période connue du rôle politique de M. Ju
les Ferry.
Ardent au travail qui ne le trouve jamais
fatigué, M. Jules Ferry a justifié les prévi
sions que Gambetta, qui l’avait vu à l’œuvre
en 1870. avait formulées à son égard.
C’est un homme politique d’une rare va
leur, et la guerre â outrance qui lui est ac
tuellement faite par les intransigeants, en
allant contre le but qu’ils poursuivent, res
tituera à M. Jules Ferry les sympathies qui
avaient pu s’éloigner de lui un instant.
M Ferry avait épousé eu 1876, Mlle Ris-
ler, femme d’un tact exquis, d’une intelli
gence extrême, et dont les nombreux fami
liers de la maison ont pu apprécier maintes
fois l’esprit, l’élégance et la grâce. L’ancien
président du conseil est devenu ainsi, par
alliance, le petit-fils de Kestner, l’un des
plus considérables fabricants de produits
chimiques du monde entier, et l’un des plus
purs républicains qu’ait frappés le 2 Dé
cembre.
Un bon Point au Sénat
Il y a pas mal de gens et de très bons
esprits même qui pensent que le Sénat est
une institution qui fait double emploi et que
dans une démocratie comme la nôtre, une
assemblée unique est très suffisante. J’ai
été longtemps et je n’oserais affirmer, que
je ne suis pas encore de cet avis. Cependant
il faut bien reconnaître que dans l’af
faire de la Caisse des chemins vicinaux, le
Sénat vient de rendre un grand service à
l’Algérie.
On sait que sur les 40 millions qui nous
avaient été réservés par la loi sur celte do
tation, la Chambre des députés nous a
retranché 20 millions au profit des chemins
vicinaux des communes de la métropole,
sur la proposition du ministre de l’intérieur
et avec l’assentiment des députés de l’Al
gérie.
Le prétexte était que ce qui restait à em
ployer était plus que suffisant pour les be
soins de notre vicinalilé, prétexte basé sur
des chiffres erronés fournis par le ministre
et qui, depuis longtemps ont été réfutés par
quelques organes de la presse algérienne et
par les Conseils généraux et, notamment,
par celui d’Alger. La raison vraie est qu’il
fallait, au moment des élections générales,
donner un point d’appui à un certain nom
bre de députés de la métropole, dont la
réélection était compromise.
Ce sacrifice a été consenti par M. Thom
son, représentant d’ailleurs un département
qui ne sera pas sensiblement touché par ce
désir de justice, puisque tout récemment il
vient d’obtenir l’autorisation de prélever
cinq millions à la dite caisse et a le temps
de voir venir.
Il est vrai que M. Thomson a fait des ré
serves, et que le ministre de l’intérieur a
déclaré que les 20 millions seraient restitués
à l’Algérie et figureraient dans le projet de
loi que l’on prépare pour une nouvelle dota
tion à la Caisse des chemins vicinaux.
Mais n’est-ce pas là une garantie illu
soire ? Le ministère actuel peut-il prendre
des engagements pour l’avenir ? Est-il
assuré d’un lendemain ? La majorité de la
Chambre actuelle est-elle certaine de reve
nir après les élections générales ?
Que deviendront nos vingt millions si,
par hasard, les adversaires de la politique
coloniale, les Clemenceau, les Yves Guyot,
les Rochefort et autres correligionnaires de
M. Sabatier arrivaient à la Cnambre ? Que
deviendraient-ils surtout si, par malheur,
les Dramard, les Lisbonne et autres diffa
mateurs des colons algériens pouvaient voir
quelques-uns de leurs amis dans les anti
chambres des sous-chefs de bureau.
Certes, je ne doute pas du triomphe de la
politique républicaine recommandée par
Gambetta, suivie par Jules Ferry et que
M. Brisson continue ; mais je ne puis ou
blier que c’est le succès de ces messieurs
que M.Basset espère, MM. Lisbonne et Dra
mard sont ses amis, et que le Radical algé
rien donne volontiers l’hospitalité à leurs
grossières injures contre nos colons.
Le Sénat a compris l’injustiee qu’on allait
commettre envers nous et a refusé de s’y
associer.
Li Chambre des députés va donc être
appelée à voter de nouveau sur cette impor
tante affaire. Consentira-t-elle à se déju
ger ?
Il ne faut pas l’espérer, surtout si comme
on l’annonce le gouvernement se prononce
contre le vote du Sénat. Mais, du moins,
cette assemblée nous aura donné une preuve
de sa bonne volonté a notre égard, et nous
aurons la certitude que lorsque le futur
projet de loi sera mis en discussion, nous
pourrons compter sur i« Sénat.
Remarquons, en terminant, que nos In
transigeants gardent le silence *sur cette
affaire,la Chambre veut nous prendre 20 mil
lions sur nos chemins vicinaux et ils ne s’en
plaignent pas, le Sénat veut nous les ren
dre et ils n’en expriment pas la moindre
satisfaction. On dirait que l’Algérie n’y est
nullement intéressée.
La décoration Jais, voilà leur affaire.
Pour eux, les destinées futures de l’Algé
rie sont attachées à cette décoration.
Quant aux vingt millions des chemins
vicinaux, ils ne s’eu soucient point.
Savent-ils seulement de quoi il s’agit?
mr-mr -I . —■ ■ -
informations algériennes
M. Muston, directeur de l’Agence Havas,
a reçu la somme de 1,300 fr., provenant de
la souscription faite en 1884, sous le patro
nage de la municipalité de Batna, au profit
des famil'es françaises, victimes du choléra.
X
Le Ministre de l'instruction publique vient
de décerner une mention honorable, sur
l’avis du Conseil départemental d’Oran, à
Madame Doassans, directrice dû l’école des
filles de Karguentah.
X
Les quarantaines imposées aux navires
de provenances espagnoles sont faites d’une
façon très sérieuse au cap Matifou.
Depuis le commencement du mois de juil
let, 27 navires de tout tonnage ont purgé
leur quarantaine. Le capitaine Philippe,
directeur du lazaret, de Matifou, n’est mal
heureusement aidé dans sa tâche que par un
seul garde.
Cela est insuffisant, et nous espérons que
l’autorité supérieure n’attendra pas urne ca
tastrophe pour arranger le lazaret de Mati
fou.
X
Sont nommés commissaires de police :
A Tunis, M. Pelluet •
A La Goulette, M. Influence, ancien
commissaire aux dékgatiuus judiciaires à.
Alger.
X
Le générai Delebecque, commandant en
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 21.
LA
PAR
Georges OHNET
Et lui, libre, insouciant la veille encore,
n’ayant d’autre désir que celui d’oublier le
passé et de s’accommoder du présent, de vi
vre calme en fermant les yeux aux choses
mauvaises, il était en un instant, dès le pre
mier jour, jeté au milieu d’orages plus vio
lents que tous ceux jusqu’ici affrontés. Une
puissance inconnue s’emparait de lui, le
subjugait, le faisait sa chose. Et voilà qu’il
se trouvait une seconde fois aux prises avec
son père, et plus terriblement que jamais.
On le lui avait bien dit : il arrivait au mi
lieu de la bataille. Clairefont contre Carva
jan. Le duel, engagé depuis trente ans, en
était aux dernières passes, et il fallait que
l’un des deux eombattafits tombât.
Il connaissait maintenant complètement
l’histoire de son père et du marquis Fleury,
en descendant de la Grande Marnière, lui
avait tout conté.
Il avait pu, à l’aide de ses propres souve
nirs, combler les lacunes du récit. Et bien
des détails qui avaient frappé obscurément
son esprit d’enfant devenaient maintenant
lumineux. Il voyait Carvajan et Clairefont
aux prises, nouveaux Montaign et Capulet,
dans une guerre implacable. Les moyens
mis en œuvre étaient différents, comme l’é
poque, le pays et les mœurs. On était à La
Neuville et non à Vérone, en 1880, et non
en 1300. Les armes n’étaient plus l’èp- e et
la dague, mais le terrible argent Ou ne
faisait-point couler le sang qui éclabousse
au grand jour, mais l’encre qui salit dans
l’ombre. Ce n’était pas une hostilité fran
che, déclarée, activa et bruyante, mais une
lutte sourde, patiente et hypocrite, plus
dangereuse que l’autre, et plus acharnée.
Il se rendait un compte exact des forces
en présence et les voyait disproportionnées.
D’un côté, le marquis, pauvre homme à l’â
me tendre et à l’esprit troublé, ne sachant
ni calculer, ni prévoir, ballotté au hasard
de ses utopies, sacrifiant le positif au chi
mérique, et, de l’autre, Carvajan, ce cœur
de pierre, ce cerveau froid et lucide, ne se
décidant jamais qu’à coup sûr, et ne recu
lant plus, une fois engagé. C’était le com
bat d’un nain et d’un géant. La victoire était
décidée d’avance.
Et Pascal savait par quels moyens les
confédérés se préparaient à l’obtenir. Il
était au cenire même de l’attaque, lui qui
s’intéressait secrètement à la bande de four
mis qui s’acharnent sur une bête morte et
la dépouillent de sa chair jusqu’à ce que les
os soient nets et blancs. Ï1 savait ce qu’ils
tenaient déjà. Tondeur avait acheté la scie
rie des bois de La Saucelle, celte fameuse
scierie à vapeur qui avait tant fait baisser
le salaire des bûcherons. Dumontier, le
beau-frère de Carvajan., avait prêté ceut
Vingt mille francs, avec hypothèque sur les
admirables prairies que traverse la Thelle.
Fleury, lame damnée de Carvajan, le Père
Joseph cle ce Richelieu, n’avait pas avancé
de fonds, mais avait sa part faite pour les
bons offices qu’il rendait continuellement,
comme greffier de la justice de paix, faisant
fonction de commissaire-priseur dans les
ventes auxquelles aboutissaient presque tou
tes les affaires d’argent entreprises par le
banquier. Pourtois convoitait l’eDtourage de
son auberge et aspirait à voir les travaux
reprendre à la Grande Marnière; car, de
puis que les fours à chaux étaient éteints et
que les ouvriers avaient été congédiés, il ne
faisait plus de recettes, et les tables de sa
salle étaient vides.
Quant à Carvajan, il lui fallait la terre,
l’argent, l’honneur et le bonheur d’Honorê
de Clairefont. Les désastres les plus effroya
bles lui paraissaient à peine suffisants. Il
voulait voir, abattu à ses pieds, cet homme,
qui l’avait humilié, et marcher sur lui. A
cette exquise jouissance morale, il ne lui
déplaisait pas d’aiouter, car il était toujours
pratique, môme dans la vengeance, la satis
faction matérielle de réaliser une spécula
tion admirable. Possesseur du domaine de
Clairefont, il était maître du pay*, dominait
l’opinion, entrait au Conseil général, se
faisait nommer député, et, exploitant la
Grande Marnière avec les développements
qu’il saurait donner à l’affaire, il créait une
puissance industrielle qui devait assurer à
son fondateur un avenir sans bornes.
Pascal savait à quoi s’en tenir sur l’ambi
tion de son père. L’ex-garçon de magasin
avait un orgueil silencieux et sauvage qui
lui faisait juger toutes les grandeurs réser
vées à sa haute capacité. Les obstacles ne
le gênaient point : il les tournait ou les ren
versait II éta t de ces hommes qui, partis
de rien, arrivent â tout, et ne s’arrêtent
jamais, faute de moyens. Il osait et, quand
il avait échoué une fois, recommençait jus
qu’à ce qu’il eût réussi.
Depuis que Pascal était revenu, le ban
quier se montrait agité. Il avait modifié
ses habitudes, s’arrêtait pour parler aux
gens dans la rue, et ne tarissait pas sur la
joie qu’il éprouvait de posséder son fils. La
maison de la rue du Marché prit un autre
aspect. Les fenêtres, ordinairement closes,,
s’ouvrirent, et le logis perdit son air de
mystère et de défiance. Bien plus, Carvajan
se mit sur le pied de recevoir.
— Je ne veux pas que mon garçon s’en
nuie chez moi, dit-il à ceux qui firent pa
raître un peu de surprise. Il est jeune, il a
besoin de distraction. Pour un vieux loup
comme moi, la maison est assez agréable ;
mais, pour lui, elle a besoin d’être égayée :
je veux qu’il y vienne des dames... Eh 1
eh ! Pascal a trente ans : il faut qu’il songe
au mariage...
Cette idée de marier son fils s’était empa
rée de lui subitement. Il en parlait volon
tiers. Et il s’occupait de la mettre à exécu
tion.
11 avait fait des grâces inusitées aux Le-
DEPOT LEGAL
Première année. — N° 21.
Le numéro £> centimes.
Jeudi, 6 août 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 O 18
France 6 12 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, «g
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C io , place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
La DEPECHE ALGERIENNE est désignée pour l’insertion des annonces lég-ales. judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 5 Août 1885.
A partir cle ce jour, 5 août, « 3_.a.
DÉPÊCHE ALGÉRIENNE » pu
bliera, en tête d.e ses colonnes, nne
biographie des hommes politiques
les plus en vue.
Nous commençons la série par la
biographie de M. Jules Ferry.
LES HOUES DD JOOR
1.
JVI. JULES FERRY
DÉPOTÉ DES VOSGES
M. Jules Ferry est né à Saiat-Dié, le 5
avril 1832.
Après avoir fait ses études de droit à Pa
ris, il se fit inscrire au barreau en 1854, et
bientôt il entra comme collaborateur au
journal la Gazet'e des Tribunaux En 1861,
Il publia, en société avec MM. Clamageran,
Dréolle, Floquet et Hér, ld, un Manuel élec
toral qui eut un certain retentissement et
fut tiré à de nombreuses éditions.
Compromis dans le procès intenté par le
gouvernement contre le comité des Treize,
il fut condamné, en 1864, pour délit d’asso
ciation illicite, et, c’est quelques mois plus
tard,' qu’entré à la rédaction du Temps, il
commençait contre le préfet de la Seine,
une campagne demeurée célèbre. Suite
d’articles violeots, mordants, incisifs et qui
devait immortaliser le titre sous lequel leur
auteur les publiait plus lard en librairie:
Les Comptes fantastiques d’Haussmann.
Porté candidat de la & circonscription de
la ’ Seine, aux élections de 1869, M. Jules
Ferry fut élu, contre MM. A. Cochain et
Guérould et il alla siéger sur les bancs de
la gauche, à côté de son maître, Jules Fa
vre- Au nombre des propositions qu’il sou
mit à la Chambre, il importe de citer la
proposition relative à l’élection du Conseil
municipal de Paris et celle tendant à l’abo
lition de la juridiction de la haute cour de
justice, laquelle venait d’acquitter le prince
Pierre Bonaparte, coupable d’avoir assassi
né Victor Noir.
Au mois de mai 1870, il fonda le comité
démocratique parisien anti-plébiscitaire.
Ajoutons qu’il fut de ceux qui, au mois de
juillet de la même anuée, s’élevèrent le plus
énergiquement contre l’idée d’une guerre
avec l'Allemagne.
La révolution du 4 Septembre appela M.
Jules Ferry au gouvernement provisoire rie
la Défende Nationale. Nommé préfet de la
Seine le 6 du même mois, il devait être re
nommé le 24 mai 1871, à ces mêmes fonc
tions que, d’ailleurs, il ne conserva que dix
jours pour céder sa place à M. Léon Say.
Rentré dans les rangs de la gauche, le 24
mai 1873, et élu député de l’arrosdissement
de Saint-Dié le 20 février 1876, c’est dans le
cours de cette même année qu’il prit pour
la première fois le portefeuille de l’instruc
tion publique.
Il fit depuis partie de divers cabinets ; en
dernier lieu, notamment, il présida le con
seil des ministres, d'abord avec le porte
feuille de l’instruction publique, ensuite avec
celui des affaires étrangères.
Nous croirions inutile d’insister sur cette
période connue du rôle politique de M. Ju
les Ferry.
Ardent au travail qui ne le trouve jamais
fatigué, M. Jules Ferry a justifié les prévi
sions que Gambetta, qui l’avait vu à l’œuvre
en 1870. avait formulées à son égard.
C’est un homme politique d’une rare va
leur, et la guerre â outrance qui lui est ac
tuellement faite par les intransigeants, en
allant contre le but qu’ils poursuivent, res
tituera à M. Jules Ferry les sympathies qui
avaient pu s’éloigner de lui un instant.
M Ferry avait épousé eu 1876, Mlle Ris-
ler, femme d’un tact exquis, d’une intelli
gence extrême, et dont les nombreux fami
liers de la maison ont pu apprécier maintes
fois l’esprit, l’élégance et la grâce. L’ancien
président du conseil est devenu ainsi, par
alliance, le petit-fils de Kestner, l’un des
plus considérables fabricants de produits
chimiques du monde entier, et l’un des plus
purs républicains qu’ait frappés le 2 Dé
cembre.
Un bon Point au Sénat
Il y a pas mal de gens et de très bons
esprits même qui pensent que le Sénat est
une institution qui fait double emploi et que
dans une démocratie comme la nôtre, une
assemblée unique est très suffisante. J’ai
été longtemps et je n’oserais affirmer, que
je ne suis pas encore de cet avis. Cependant
il faut bien reconnaître que dans l’af
faire de la Caisse des chemins vicinaux, le
Sénat vient de rendre un grand service à
l’Algérie.
On sait que sur les 40 millions qui nous
avaient été réservés par la loi sur celte do
tation, la Chambre des députés nous a
retranché 20 millions au profit des chemins
vicinaux des communes de la métropole,
sur la proposition du ministre de l’intérieur
et avec l’assentiment des députés de l’Al
gérie.
Le prétexte était que ce qui restait à em
ployer était plus que suffisant pour les be
soins de notre vicinalilé, prétexte basé sur
des chiffres erronés fournis par le ministre
et qui, depuis longtemps ont été réfutés par
quelques organes de la presse algérienne et
par les Conseils généraux et, notamment,
par celui d’Alger. La raison vraie est qu’il
fallait, au moment des élections générales,
donner un point d’appui à un certain nom
bre de députés de la métropole, dont la
réélection était compromise.
Ce sacrifice a été consenti par M. Thom
son, représentant d’ailleurs un département
qui ne sera pas sensiblement touché par ce
désir de justice, puisque tout récemment il
vient d’obtenir l’autorisation de prélever
cinq millions à la dite caisse et a le temps
de voir venir.
Il est vrai que M. Thomson a fait des ré
serves, et que le ministre de l’intérieur a
déclaré que les 20 millions seraient restitués
à l’Algérie et figureraient dans le projet de
loi que l’on prépare pour une nouvelle dota
tion à la Caisse des chemins vicinaux.
Mais n’est-ce pas là une garantie illu
soire ? Le ministère actuel peut-il prendre
des engagements pour l’avenir ? Est-il
assuré d’un lendemain ? La majorité de la
Chambre actuelle est-elle certaine de reve
nir après les élections générales ?
Que deviendront nos vingt millions si,
par hasard, les adversaires de la politique
coloniale, les Clemenceau, les Yves Guyot,
les Rochefort et autres correligionnaires de
M. Sabatier arrivaient à la Cnambre ? Que
deviendraient-ils surtout si, par malheur,
les Dramard, les Lisbonne et autres diffa
mateurs des colons algériens pouvaient voir
quelques-uns de leurs amis dans les anti
chambres des sous-chefs de bureau.
Certes, je ne doute pas du triomphe de la
politique républicaine recommandée par
Gambetta, suivie par Jules Ferry et que
M. Brisson continue ; mais je ne puis ou
blier que c’est le succès de ces messieurs
que M.Basset espère, MM. Lisbonne et Dra
mard sont ses amis, et que le Radical algé
rien donne volontiers l’hospitalité à leurs
grossières injures contre nos colons.
Le Sénat a compris l’injustiee qu’on allait
commettre envers nous et a refusé de s’y
associer.
Li Chambre des députés va donc être
appelée à voter de nouveau sur cette impor
tante affaire. Consentira-t-elle à se déju
ger ?
Il ne faut pas l’espérer, surtout si comme
on l’annonce le gouvernement se prononce
contre le vote du Sénat. Mais, du moins,
cette assemblée nous aura donné une preuve
de sa bonne volonté a notre égard, et nous
aurons la certitude que lorsque le futur
projet de loi sera mis en discussion, nous
pourrons compter sur i« Sénat.
Remarquons, en terminant, que nos In
transigeants gardent le silence *sur cette
affaire,la Chambre veut nous prendre 20 mil
lions sur nos chemins vicinaux et ils ne s’en
plaignent pas, le Sénat veut nous les ren
dre et ils n’en expriment pas la moindre
satisfaction. On dirait que l’Algérie n’y est
nullement intéressée.
La décoration Jais, voilà leur affaire.
Pour eux, les destinées futures de l’Algé
rie sont attachées à cette décoration.
Quant aux vingt millions des chemins
vicinaux, ils ne s’eu soucient point.
Savent-ils seulement de quoi il s’agit?
mr-mr -I . —■ ■ -
informations algériennes
M. Muston, directeur de l’Agence Havas,
a reçu la somme de 1,300 fr., provenant de
la souscription faite en 1884, sous le patro
nage de la municipalité de Batna, au profit
des famil'es françaises, victimes du choléra.
X
Le Ministre de l'instruction publique vient
de décerner une mention honorable, sur
l’avis du Conseil départemental d’Oran, à
Madame Doassans, directrice dû l’école des
filles de Karguentah.
X
Les quarantaines imposées aux navires
de provenances espagnoles sont faites d’une
façon très sérieuse au cap Matifou.
Depuis le commencement du mois de juil
let, 27 navires de tout tonnage ont purgé
leur quarantaine. Le capitaine Philippe,
directeur du lazaret, de Matifou, n’est mal
heureusement aidé dans sa tâche que par un
seul garde.
Cela est insuffisant, et nous espérons que
l’autorité supérieure n’attendra pas urne ca
tastrophe pour arranger le lazaret de Mati
fou.
X
Sont nommés commissaires de police :
A Tunis, M. Pelluet •
A La Goulette, M. Influence, ancien
commissaire aux dékgatiuus judiciaires à.
Alger.
X
Le générai Delebecque, commandant en
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 21.
LA
PAR
Georges OHNET
Et lui, libre, insouciant la veille encore,
n’ayant d’autre désir que celui d’oublier le
passé et de s’accommoder du présent, de vi
vre calme en fermant les yeux aux choses
mauvaises, il était en un instant, dès le pre
mier jour, jeté au milieu d’orages plus vio
lents que tous ceux jusqu’ici affrontés. Une
puissance inconnue s’emparait de lui, le
subjugait, le faisait sa chose. Et voilà qu’il
se trouvait une seconde fois aux prises avec
son père, et plus terriblement que jamais.
On le lui avait bien dit : il arrivait au mi
lieu de la bataille. Clairefont contre Carva
jan. Le duel, engagé depuis trente ans, en
était aux dernières passes, et il fallait que
l’un des deux eombattafits tombât.
Il connaissait maintenant complètement
l’histoire de son père et du marquis Fleury,
en descendant de la Grande Marnière, lui
avait tout conté.
Il avait pu, à l’aide de ses propres souve
nirs, combler les lacunes du récit. Et bien
des détails qui avaient frappé obscurément
son esprit d’enfant devenaient maintenant
lumineux. Il voyait Carvajan et Clairefont
aux prises, nouveaux Montaign et Capulet,
dans une guerre implacable. Les moyens
mis en œuvre étaient différents, comme l’é
poque, le pays et les mœurs. On était à La
Neuville et non à Vérone, en 1880, et non
en 1300. Les armes n’étaient plus l’èp- e et
la dague, mais le terrible argent Ou ne
faisait-point couler le sang qui éclabousse
au grand jour, mais l’encre qui salit dans
l’ombre. Ce n’était pas une hostilité fran
che, déclarée, activa et bruyante, mais une
lutte sourde, patiente et hypocrite, plus
dangereuse que l’autre, et plus acharnée.
Il se rendait un compte exact des forces
en présence et les voyait disproportionnées.
D’un côté, le marquis, pauvre homme à l’â
me tendre et à l’esprit troublé, ne sachant
ni calculer, ni prévoir, ballotté au hasard
de ses utopies, sacrifiant le positif au chi
mérique, et, de l’autre, Carvajan, ce cœur
de pierre, ce cerveau froid et lucide, ne se
décidant jamais qu’à coup sûr, et ne recu
lant plus, une fois engagé. C’était le com
bat d’un nain et d’un géant. La victoire était
décidée d’avance.
Et Pascal savait par quels moyens les
confédérés se préparaient à l’obtenir. Il
était au cenire même de l’attaque, lui qui
s’intéressait secrètement à la bande de four
mis qui s’acharnent sur une bête morte et
la dépouillent de sa chair jusqu’à ce que les
os soient nets et blancs. Ï1 savait ce qu’ils
tenaient déjà. Tondeur avait acheté la scie
rie des bois de La Saucelle, celte fameuse
scierie à vapeur qui avait tant fait baisser
le salaire des bûcherons. Dumontier, le
beau-frère de Carvajan., avait prêté ceut
Vingt mille francs, avec hypothèque sur les
admirables prairies que traverse la Thelle.
Fleury, lame damnée de Carvajan, le Père
Joseph cle ce Richelieu, n’avait pas avancé
de fonds, mais avait sa part faite pour les
bons offices qu’il rendait continuellement,
comme greffier de la justice de paix, faisant
fonction de commissaire-priseur dans les
ventes auxquelles aboutissaient presque tou
tes les affaires d’argent entreprises par le
banquier. Pourtois convoitait l’eDtourage de
son auberge et aspirait à voir les travaux
reprendre à la Grande Marnière; car, de
puis que les fours à chaux étaient éteints et
que les ouvriers avaient été congédiés, il ne
faisait plus de recettes, et les tables de sa
salle étaient vides.
Quant à Carvajan, il lui fallait la terre,
l’argent, l’honneur et le bonheur d’Honorê
de Clairefont. Les désastres les plus effroya
bles lui paraissaient à peine suffisants. Il
voulait voir, abattu à ses pieds, cet homme,
qui l’avait humilié, et marcher sur lui. A
cette exquise jouissance morale, il ne lui
déplaisait pas d’aiouter, car il était toujours
pratique, môme dans la vengeance, la satis
faction matérielle de réaliser une spécula
tion admirable. Possesseur du domaine de
Clairefont, il était maître du pay*, dominait
l’opinion, entrait au Conseil général, se
faisait nommer député, et, exploitant la
Grande Marnière avec les développements
qu’il saurait donner à l’affaire, il créait une
puissance industrielle qui devait assurer à
son fondateur un avenir sans bornes.
Pascal savait à quoi s’en tenir sur l’ambi
tion de son père. L’ex-garçon de magasin
avait un orgueil silencieux et sauvage qui
lui faisait juger toutes les grandeurs réser
vées à sa haute capacité. Les obstacles ne
le gênaient point : il les tournait ou les ren
versait II éta t de ces hommes qui, partis
de rien, arrivent â tout, et ne s’arrêtent
jamais, faute de moyens. Il osait et, quand
il avait échoué une fois, recommençait jus
qu’à ce qu’il eût réussi.
Depuis que Pascal était revenu, le ban
quier se montrait agité. Il avait modifié
ses habitudes, s’arrêtait pour parler aux
gens dans la rue, et ne tarissait pas sur la
joie qu’il éprouvait de posséder son fils. La
maison de la rue du Marché prit un autre
aspect. Les fenêtres, ordinairement closes,,
s’ouvrirent, et le logis perdit son air de
mystère et de défiance. Bien plus, Carvajan
se mit sur le pied de recevoir.
— Je ne veux pas que mon garçon s’en
nuie chez moi, dit-il à ceux qui firent pa
raître un peu de surprise. Il est jeune, il a
besoin de distraction. Pour un vieux loup
comme moi, la maison est assez agréable ;
mais, pour lui, elle a besoin d’être égayée :
je veux qu’il y vienne des dames... Eh 1
eh ! Pascal a trente ans : il faut qu’il songe
au mariage...
Cette idée de marier son fils s’était empa
rée de lui subitement. Il en parlait volon
tiers. Et il s’occupait de la mettre à exécu
tion.
11 avait fait des grâces inusitées aux Le-
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