Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-07-23
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 juillet 1885 23 juillet 1885
Description : 1885/07/23 (A1,N7). 1885/07/23 (A1,N7).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5447898
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. — N° 7.
PEfiFfiGTORR DVU.GER '
' ÜEIVJ LEGAL
Le numéro 5 centimes. j» eu(É!
23 juillet 1885,
La Dépêche Algérienne
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Six mois
9
12
abonnements
Trois mois
Algérie 4.50
France.... ®
Alger, le 21 juillet 1885.
Politique du Jour
Il fallait s’y attendre.
Le discours de M. Clèmenceau a produit
un -terrible remue-ménage dans tous les
camps du parti républicain, en attendant
qu’il s’attire de vertes répliques du clan
monarchiste.
Blessés au vif, de ce rejet par trop cava
lier, convenons-en, les opportunistes à l’ai
de de leur organe favori, l’ennuyeuse Répu
blique, font [a leçon au député de Mont
martre. Se permettre de supprimer les op
portunistes, quelle abérration !
Vous auriez dû, M. Clèmenceau, ne pas
oublier les magnifiques paroles de concilia
tion, prononcées à Rennes, par l’ex-minis
tre de l’intérieur, le sémillant Walde’ k, qui
passe son temps emre un discours-program
me et ses chères études de droit civil. Heu
reux Waldeck.
M. Clèmenceau a eu tort de dire carré
ment sa pensée.
Son discours eût passé comme lettre
à la poste, s’il l’avait un peu plus fignolé,
édulcoré. Mais ailez donc demander de la
douceur à ce Saint-Just modernisé.
A peine la diatribe delà République s’est
elleenvoiée, que voilà le grave Débats qui,
par la plume froide et compassée de John
Lemoine, donne un formel démenti à M.
Clèmenceau Comment vous avez l’aplomb
de venir dire que nous faisons bande à
part, alors que nous disons comme Jésus :
laissez venir à moi les petits enfants. Ce
n’est pas laie fait d’un vrai parlementaire.
Le député de Montmartre est jugé main
tenant, traité d’anti-patriote par le journal
de M Banc et de brodeur par M. Lemoine ;
c’est un elîrondement.
Mais, M. Clèmenceau qui enlève à bout de
bras les ministères, résistera encore,nous en
avons la conviction, au choc de ce monu
mental pavé.
UNE RECRUE
JÏU PAOTI B5A»SC.%ÏJ
L’événement du jour, si nous en croyons
le Radical Algérien, serait la mise à la re
traite de M. le conseiller de Préfecture Hè-
rail, le doyen des fonctionnairesAcivils de
l’Algérie, en exercice.
Notre confrère en a perdu l’appétit ; il se
console cependant, de cette catastrophe, en
Un an
18
24
ADMINISTRATION
Ru 3 de la Marine, n° 9
ET RÉDACTION :
, ancien hôtel Bazin.
Toutes les communications relative^ aux annnonces et réclames doivent, ait
Algérie,être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger,.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
songeant aux services que ce fonctionnai
re retraité peut encore rendre à la liberté.
Ecoutons-le :
« M. Hérail quitte l’administration à 55
» ans, après 37 années de services en Algè-
» rie, où il a été successivement commissaire
» et conseiller général plusieurs fois élu ; il
b est dans toute la maturité et eans toute la
b vigueur de son âge. Ce sera un cham-
b pion autorisé et incontesté de nos liber-
» tés civiles et de notre émancipation mu-
b nicipale. b
Voilà un appoint qui n’est certes pas à
dédaigner et nous nous félicitons de la dé
cision de l’administration qui va permettre
à M. Hérail de partir en guerre pour la
conquête de nos libertés civiles et de notre
émancipation municipale.
Cette recrue nous est d’autant plus pré
cieuse, que si nous nous en rapportons aux
déclarations de notre confrère, le champion
de la liberté, républicain de la veille, tien
dra haut et ferme son drapeau.
Citons textuellement :
« Durant sa longue carrière, M. Hérail a
b constamment écrit dans tous les journaux
o de l’opposition et, pour nous, journalistes,
» c’est un confrère qui nous est rendu. Nous
t> saluons donc la venue parmi nous de M.
» Jacques Lafont et, quel que soit le dra-
» peau qu’il arbore, nous sommes convain-
b eu qu’il saura le tenir très haut et très
» ferme. C’est un républicain de la veille,
b dont les opinions libérales sont manifeste-
’ b ment connues. Peu de degrés nous sépa-
b rent. Que chacun de nous fasse un pas et
b nous pourrons nous toucher la main, b
Il y a des gens qui sont toujours du parti
du gouvernement, alors que d'autres sont
toujours du parti de l’opposition, quelque
soit le régime qui nous gouverne. M. le
conseiller de prèfecîure Hérail est de ces
derniers.-Sous le nom de Jacques Lafont,
ce salarié de l’Etat a combattu tour à tour
la monarchie constitutionnelle, l Empire et
la République, sur le budget desquels il
vivait, ce qui lui permettait de fournir de la
prose à boa compte.
Voilà un aveu dépouillé d’artifice : durant
sa longue carrière administrative et sans
jamais cesser d’émarger, M. Hérail a tou
jours écrit contre le gouvernement — quel
dévouement ! — et le Radical l’en félicite
très chaudement et il est prêt à lui donner
l’accolade.
Mais ce fif est pas tout, et Jacques Lafont,
qui a créé de nombreux villages ! a toujours
été le constaut défenseur des colons contre
« la sottise et l’arbitraire de l’administra-
» tion !! b
C’est écrit en toutes lettres dans le boni
ment de notre confrère de la rue de la Cas
bah.
Mais ce n’est pas tout encore, et ce fonc
tionnaire distingué, entre tous, a été le rap
porteur de la loi communale en 1866 et en
1867, le promoteur et le rapporteur de l’en
quête agricole de César Bertholon.
Nous avouons, à notre grande honte, que
nous ignorions absolument que M. Hérail
ait été député de l’Algérie sous l’Empire.
Nous avons beau cherché dans nos souve-
venirs et dans les journaux et ouvrages de
l’époque, nous ne voyons nulle part, que les
électeurs d’Alger aient donné à M. Hérail,
ôu à M. Jacques Lafont, le mandat de les
représenter, alors surtout, qu’à ce moment,
l’Algérie n’avait pas à nommer de députés
Mais du moment ou le Radical nous af
firme que son protégé a ôté rapporteur d’u
ne loi, c’est qu’il a été réellement député et
nous nous inclinons devant cette déclaration
solennelle qui ne souffre pas de réplique.
Après tous ces coups de tam-tam, on en
arrive par où on aurait dû commencer. Le
canton de Marengo Va déjà acclamé com
me son représentant au Conseil général.
Maie, comme le « servile b Garny en a
encore pour'un au, l’honorable conseiller
général Hérail ne pourra lui succéder qu’à
cette époque ; mais pas n’est besoin d’atten
dre le décret de convocation des électeurs,
M. Hérail est d’ores et déjà acclamé. C’est
toujours ça de fait.
A quand les élucubrations de l’écrivain
agricole, économiste, consciencieux et infa
tigable qui connaît « toutes les questions
b algériennes ».
Informations algériennes
Sur communication, la Chambre de Com
merce intorme les planteurs de tabacs de la
circonscription que les Magasins delà Régie
seront ouverts, pour la réception des pro
duits de la récolte de Î885, tous les jours
non fériés, à partir des dates suivantes :
Le 3 août, à Bône ;
Le 17 août, à Hussein-Dey ;
Le 1 er septembre, à Biidali
Les prix auxquels seront payés les tabacs*
sont fixés par cent kilogrammes, savoir :
1 er qualité 150 fr.
2 8 qualité 120 fr.
3° qualité 90 fr.
Non marchands, de 60à20
Conformément à l’art. 192 de la loi du 28
avril 1816, il sera aeeordé, pour les tabacs
de surchoix, une allocation de 10 fr. par 100
kilogrammes en sus du prix de première
qualité.
Les tabacs fias, légers, combustibles, peu
vent seuls être présentés à l’expertise ; les
tabacs grossiers, communs, d’espèces abâ
tardies et incombustibles, verts et d’une des
siccation insuffisante, seront rigoureusement
refusés.
X
Le budget de l’Algérie, pour 1886, sera
semblable dans son ensemble au budget de
l’année actuelle. Toutefois la répartition des
crédits ne sera point la même. La Kabylîe
aura certainement une part plus large l’an
née prochaine.
L’allocation de 100,000 francs pou’’ la rou
te de Tizi-Ouzou à Bougie sera maintenue
ainsi que les crédits pour les chemins de
Tisourda à Beni-Mansour, et de Dra-el-
Mizan à Tizi-Ouzou.
X
M. le Général commandant la subdivi
sion de Tlemcen a mis des militaires à la
disposition de MM. les membres de la Com
mission pour garder les vignes de M. Mol-
lier.
X
M. Jauffret, ancien sous-préfet de Mi-
liana, so ;s-prèfet honoraire, est nommé
chevalier de la Légion d’honneur, 35 ans
de services, dont 26 ans en Algérie, 1 pro
position.
X
Voici la seconde dépêche que M. Forcïoii
adresse au Républièain-: '
Chaleil , Constanline,
Premier démenti suffit, selon moi.
Ai adressé avant-hier au Procureur de r
la République, dès réception du numéro ,
Indépendant, eue plainte en faux
contre ce journal.
Amitiés,
Forcioli.
X
La Ligue nationale française de San-
Francisco, Californie, vient d’envoyer à la
société d’Alsace-Lorraiae de la province
d’Oran, la somme de 500 francs destinée à;
venir en aide aux alsaciens-lorrains sortant,
de la légion étrangère.
X
M. Pontois, président du tribunal de Tu—
Feuilleton de L.V DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 7.
LA
MÀRIIÈ1E
PAR
Georges OHNEÏ
Entré chez Gâtelier à seize ans, Carvajan
avait promptement découvert dans le com
merce des grains un puissant moyen d’ac
tion sur les populations des campagnes.
Ambitieux, il ne bornait pas ses désirs à
l’édification d’une fortune II rêvait de se
créer une situation importante dans le pays.
Avec une grande finesse, il s’était rendu
compte de l’évolution sociale qui se faisait
eu France. Il avait prévu l’avènement de la
bourgeoisie. Il voulait être bourgeois, deve
nir riche, et tenir tout l’arrondissement dans
sa main. Le marquis Honoré se heurtait
donc à uu adversaire redoutable, et ne s’en
doutait guère.
L’assemblée de La Neuville, qui a lieu le
jour de la Saint-Firmin, tomba, cette année-
là, le dimanche 23 septembre. C’est dans
cette petite ville, une occosion non seule
ment de se donner du plaisir, mais en
core de traiter des affaires. Les gros pro
priétaires et les fermiers du canton viennent
à la foire, qui dure quatre jours, et s’y li
vrent à un important commerce de chevaux,
de bestiaux et de céréales. Le père Gâtelier,
de tout temps, avait fait ses approvisionne
ment de l’hiver à la Saint-Firmin. Il voyait
là les cultivateurs et, devant une table du
café du Commerce, il passait ses marchés à
coups de petits verres. Pendant ces trois
jours, le grainetier ne dégrissait pas et, phé
nomène particulier, plus il était ivre, et
moins il était accommodant. A mesure que
sa bouche s’ouvrait, sa bourse se fermait.
Aussi, ou disait en manière de plaisanterie:
Quand le père Gâtelier est arrosé, son ven
deur esfià sec. Le troisième jour, le bon
homme était rond comme une futqille,
et ses achats étaient terminés. On le rap
portait alors chez lui, et il pouvait cuver
en paix toutes les tasses de café et foutes les
topettes d’eau-de-vie qu’il avait absor
bées.
Pendant que les vieux faisaient leurs af
faires, les jeunes s’occupaient de leur plai
sir. Et le bal ne désemplissait pas. C’était
alors sous une tente dressée devant la mai
rie que les danseurs prenaient leurs ébats.
Toute la bourgeoisie de La Neuville y ve
nait, et les grands propriétaires voisins y
paraissaient, par une familière condescen-
ce pour leurs fermiers, dont les femmes et
les filles rêvaient de cette fête pendant toute
l’année. Il était de tradition d’y danser au
moins une fois, et Carvajan pensait en fré
missant que le j*'une marquis allait pouvoir
s’approcher d’Edile, l’inviter, lui parler, sans
qu’il pût, lui, d’aucune façon, intervenir.
A sa grande surprise, le samedi, premier
jour de la fête, Honoré ne parut pas au bal.
Il se montra sur la place, causa avec ses
fermiers, fut empressé auprès de leurs filles,
dépensa de l’argent à toutes les boutiques
établies en plein vent, distribua ses acquisi
tions aux enfants qui se pressaient autour
de lui, trouva un mot charmant pour tous,
et se retira en prétextant une forte migraine.
Edile rit, dansa, se divertit, affe tant une
liberté d’esprit si grande que Jean, délivré
de ses appréhensions, ne se contraignit
plus. 11 en vint à croire que le caprice du
marquis n’avait eu qu’une durée éphémère,
et que quelque autre fantaisie le lui avait
fait oublier. Il reprit de la confiance et se
railla lui-même ; n’avait-il pas cru son ave
nir. compromis, son bonheur perdu ? Il mon
tra une gaieté inaccoutumée.
Le dimanche, il se livra aux jeux d’a
dresse préparés pour les jeunes gens, avec
l’ardeur passionnée qui lui était naturelle,
et gagna plusieurs prix. Le marquis n’avait
pas paru de la journée : on le disait malade.
Carvajan fut, pendant quelques heures,
complètement heureux, le cœur élargi, les
nerfs vibrants, la voix éclatante. Il dansa,
infatigable, et conduisant la fête. A minuit,
au moment où le bal était dans toute sou
animation, il chercha Edile pour l’inviter et
ne la rencontra pas. Il la demanda à tgus
les amis du père Gâtelier. Nul ne l’avait
vue. Les j imbes de Carvajan devinrent
tremblantes, sa vue se troubla, une horrible
palpitation l’étouffa. II eut le pressentiment
qu’d avait été joué, et que l’absence dut
marquis n’était qu’une feinte. Il courut ai*
café du Commerce et trouva son patron in*
capable d’assembler deux idées, hors d’état
de fah’e deux pas. Il se précipita vers la rue
du Marché, espérant qu’Edile, fatiguée, était,
rentrée à la maison. Il regarda de loin la
façade et la vit toute noire ; aucune lumière
dans la chambre de la jeune fille. H entra,
monta l’escalier, qui sonna lugubre sous
ses pieds, frappa à la porte, et n’obtint au
cune réponse II demeura un instant dans
ce silence, égaré, entendant son cœur battre
à coups précipités et sourds. Puis, écrasé
par son impuissance, il se laissa tomber sur
les marchas et pleura de rage autant que de
chagrin.
Il resta ainsi longtemps, écoutant au loin
la rumeur de la fête, les fanfares amorties
de l’orchestre, roulant de terribles projets
de vengeance. Puis une idée se fit jour dans
son cerveau obscurci par la colère. Edile
était peut-être à Clairefont : peut-être était-
il encore temps de l’arracher au marquis. Il
redescendit avec rapidité, et prit à toute
course le chemin escarpé du plateau. Il ne
mit pas plus d’un quart d’heure à gravir la,
rude montée et arriva comme un fou à la
grille, qu’il trouva ouverte. Une voiture
attelée de deux vigoureux postiers station*
nait devant le château. II entendit la por*.
tière se fermer avec un claquement qui
PEfiFfiGTORR DVU.GER '
' ÜEIVJ LEGAL
Le numéro 5 centimes. j» eu(É!
23 juillet 1885,
La Dépêche Algérienne
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Six mois
9
12
abonnements
Trois mois
Algérie 4.50
France.... ®
Alger, le 21 juillet 1885.
Politique du Jour
Il fallait s’y attendre.
Le discours de M. Clèmenceau a produit
un -terrible remue-ménage dans tous les
camps du parti républicain, en attendant
qu’il s’attire de vertes répliques du clan
monarchiste.
Blessés au vif, de ce rejet par trop cava
lier, convenons-en, les opportunistes à l’ai
de de leur organe favori, l’ennuyeuse Répu
blique, font [a leçon au député de Mont
martre. Se permettre de supprimer les op
portunistes, quelle abérration !
Vous auriez dû, M. Clèmenceau, ne pas
oublier les magnifiques paroles de concilia
tion, prononcées à Rennes, par l’ex-minis
tre de l’intérieur, le sémillant Walde’ k, qui
passe son temps emre un discours-program
me et ses chères études de droit civil. Heu
reux Waldeck.
M. Clèmenceau a eu tort de dire carré
ment sa pensée.
Son discours eût passé comme lettre
à la poste, s’il l’avait un peu plus fignolé,
édulcoré. Mais ailez donc demander de la
douceur à ce Saint-Just modernisé.
A peine la diatribe delà République s’est
elleenvoiée, que voilà le grave Débats qui,
par la plume froide et compassée de John
Lemoine, donne un formel démenti à M.
Clèmenceau Comment vous avez l’aplomb
de venir dire que nous faisons bande à
part, alors que nous disons comme Jésus :
laissez venir à moi les petits enfants. Ce
n’est pas laie fait d’un vrai parlementaire.
Le député de Montmartre est jugé main
tenant, traité d’anti-patriote par le journal
de M Banc et de brodeur par M. Lemoine ;
c’est un elîrondement.
Mais, M. Clèmenceau qui enlève à bout de
bras les ministères, résistera encore,nous en
avons la conviction, au choc de ce monu
mental pavé.
UNE RECRUE
JÏU PAOTI B5A»SC.%ÏJ
L’événement du jour, si nous en croyons
le Radical Algérien, serait la mise à la re
traite de M. le conseiller de Préfecture Hè-
rail, le doyen des fonctionnairesAcivils de
l’Algérie, en exercice.
Notre confrère en a perdu l’appétit ; il se
console cependant, de cette catastrophe, en
Un an
18
24
ADMINISTRATION
Ru 3 de la Marine, n° 9
ET RÉDACTION :
, ancien hôtel Bazin.
Toutes les communications relative^ aux annnonces et réclames doivent, ait
Algérie,être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger,.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants.
songeant aux services que ce fonctionnai
re retraité peut encore rendre à la liberté.
Ecoutons-le :
« M. Hérail quitte l’administration à 55
» ans, après 37 années de services en Algè-
» rie, où il a été successivement commissaire
» et conseiller général plusieurs fois élu ; il
b est dans toute la maturité et eans toute la
b vigueur de son âge. Ce sera un cham-
b pion autorisé et incontesté de nos liber-
» tés civiles et de notre émancipation mu-
b nicipale. b
Voilà un appoint qui n’est certes pas à
dédaigner et nous nous félicitons de la dé
cision de l’administration qui va permettre
à M. Hérail de partir en guerre pour la
conquête de nos libertés civiles et de notre
émancipation municipale.
Cette recrue nous est d’autant plus pré
cieuse, que si nous nous en rapportons aux
déclarations de notre confrère, le champion
de la liberté, républicain de la veille, tien
dra haut et ferme son drapeau.
Citons textuellement :
« Durant sa longue carrière, M. Hérail a
b constamment écrit dans tous les journaux
o de l’opposition et, pour nous, journalistes,
» c’est un confrère qui nous est rendu. Nous
t> saluons donc la venue parmi nous de M.
» Jacques Lafont et, quel que soit le dra-
» peau qu’il arbore, nous sommes convain-
b eu qu’il saura le tenir très haut et très
» ferme. C’est un républicain de la veille,
b dont les opinions libérales sont manifeste-
’ b ment connues. Peu de degrés nous sépa-
b rent. Que chacun de nous fasse un pas et
b nous pourrons nous toucher la main, b
Il y a des gens qui sont toujours du parti
du gouvernement, alors que d'autres sont
toujours du parti de l’opposition, quelque
soit le régime qui nous gouverne. M. le
conseiller de prèfecîure Hérail est de ces
derniers.-Sous le nom de Jacques Lafont,
ce salarié de l’Etat a combattu tour à tour
la monarchie constitutionnelle, l Empire et
la République, sur le budget desquels il
vivait, ce qui lui permettait de fournir de la
prose à boa compte.
Voilà un aveu dépouillé d’artifice : durant
sa longue carrière administrative et sans
jamais cesser d’émarger, M. Hérail a tou
jours écrit contre le gouvernement — quel
dévouement ! — et le Radical l’en félicite
très chaudement et il est prêt à lui donner
l’accolade.
Mais ce fif est pas tout, et Jacques Lafont,
qui a créé de nombreux villages ! a toujours
été le constaut défenseur des colons contre
« la sottise et l’arbitraire de l’administra-
» tion !! b
C’est écrit en toutes lettres dans le boni
ment de notre confrère de la rue de la Cas
bah.
Mais ce n’est pas tout encore, et ce fonc
tionnaire distingué, entre tous, a été le rap
porteur de la loi communale en 1866 et en
1867, le promoteur et le rapporteur de l’en
quête agricole de César Bertholon.
Nous avouons, à notre grande honte, que
nous ignorions absolument que M. Hérail
ait été député de l’Algérie sous l’Empire.
Nous avons beau cherché dans nos souve-
venirs et dans les journaux et ouvrages de
l’époque, nous ne voyons nulle part, que les
électeurs d’Alger aient donné à M. Hérail,
ôu à M. Jacques Lafont, le mandat de les
représenter, alors surtout, qu’à ce moment,
l’Algérie n’avait pas à nommer de députés
Mais du moment ou le Radical nous af
firme que son protégé a ôté rapporteur d’u
ne loi, c’est qu’il a été réellement député et
nous nous inclinons devant cette déclaration
solennelle qui ne souffre pas de réplique.
Après tous ces coups de tam-tam, on en
arrive par où on aurait dû commencer. Le
canton de Marengo Va déjà acclamé com
me son représentant au Conseil général.
Maie, comme le « servile b Garny en a
encore pour'un au, l’honorable conseiller
général Hérail ne pourra lui succéder qu’à
cette époque ; mais pas n’est besoin d’atten
dre le décret de convocation des électeurs,
M. Hérail est d’ores et déjà acclamé. C’est
toujours ça de fait.
A quand les élucubrations de l’écrivain
agricole, économiste, consciencieux et infa
tigable qui connaît « toutes les questions
b algériennes ».
Informations algériennes
Sur communication, la Chambre de Com
merce intorme les planteurs de tabacs de la
circonscription que les Magasins delà Régie
seront ouverts, pour la réception des pro
duits de la récolte de Î885, tous les jours
non fériés, à partir des dates suivantes :
Le 3 août, à Bône ;
Le 17 août, à Hussein-Dey ;
Le 1 er septembre, à Biidali
Les prix auxquels seront payés les tabacs*
sont fixés par cent kilogrammes, savoir :
1 er qualité 150 fr.
2 8 qualité 120 fr.
3° qualité 90 fr.
Non marchands, de 60à20
Conformément à l’art. 192 de la loi du 28
avril 1816, il sera aeeordé, pour les tabacs
de surchoix, une allocation de 10 fr. par 100
kilogrammes en sus du prix de première
qualité.
Les tabacs fias, légers, combustibles, peu
vent seuls être présentés à l’expertise ; les
tabacs grossiers, communs, d’espèces abâ
tardies et incombustibles, verts et d’une des
siccation insuffisante, seront rigoureusement
refusés.
X
Le budget de l’Algérie, pour 1886, sera
semblable dans son ensemble au budget de
l’année actuelle. Toutefois la répartition des
crédits ne sera point la même. La Kabylîe
aura certainement une part plus large l’an
née prochaine.
L’allocation de 100,000 francs pou’’ la rou
te de Tizi-Ouzou à Bougie sera maintenue
ainsi que les crédits pour les chemins de
Tisourda à Beni-Mansour, et de Dra-el-
Mizan à Tizi-Ouzou.
X
M. le Général commandant la subdivi
sion de Tlemcen a mis des militaires à la
disposition de MM. les membres de la Com
mission pour garder les vignes de M. Mol-
lier.
X
M. Jauffret, ancien sous-préfet de Mi-
liana, so ;s-prèfet honoraire, est nommé
chevalier de la Légion d’honneur, 35 ans
de services, dont 26 ans en Algérie, 1 pro
position.
X
Voici la seconde dépêche que M. Forcïoii
adresse au Républièain-: '
Chaleil , Constanline,
Premier démenti suffit, selon moi.
Ai adressé avant-hier au Procureur de r
la République, dès réception du numéro ,
Indépendant, eue plainte en faux
contre ce journal.
Amitiés,
Forcioli.
X
La Ligue nationale française de San-
Francisco, Californie, vient d’envoyer à la
société d’Alsace-Lorraiae de la province
d’Oran, la somme de 500 francs destinée à;
venir en aide aux alsaciens-lorrains sortant,
de la légion étrangère.
X
M. Pontois, président du tribunal de Tu—
Feuilleton de L.V DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
N° 7.
LA
MÀRIIÈ1E
PAR
Georges OHNEÏ
Entré chez Gâtelier à seize ans, Carvajan
avait promptement découvert dans le com
merce des grains un puissant moyen d’ac
tion sur les populations des campagnes.
Ambitieux, il ne bornait pas ses désirs à
l’édification d’une fortune II rêvait de se
créer une situation importante dans le pays.
Avec une grande finesse, il s’était rendu
compte de l’évolution sociale qui se faisait
eu France. Il avait prévu l’avènement de la
bourgeoisie. Il voulait être bourgeois, deve
nir riche, et tenir tout l’arrondissement dans
sa main. Le marquis Honoré se heurtait
donc à uu adversaire redoutable, et ne s’en
doutait guère.
L’assemblée de La Neuville, qui a lieu le
jour de la Saint-Firmin, tomba, cette année-
là, le dimanche 23 septembre. C’est dans
cette petite ville, une occosion non seule
ment de se donner du plaisir, mais en
core de traiter des affaires. Les gros pro
priétaires et les fermiers du canton viennent
à la foire, qui dure quatre jours, et s’y li
vrent à un important commerce de chevaux,
de bestiaux et de céréales. Le père Gâtelier,
de tout temps, avait fait ses approvisionne
ment de l’hiver à la Saint-Firmin. Il voyait
là les cultivateurs et, devant une table du
café du Commerce, il passait ses marchés à
coups de petits verres. Pendant ces trois
jours, le grainetier ne dégrissait pas et, phé
nomène particulier, plus il était ivre, et
moins il était accommodant. A mesure que
sa bouche s’ouvrait, sa bourse se fermait.
Aussi, ou disait en manière de plaisanterie:
Quand le père Gâtelier est arrosé, son ven
deur esfià sec. Le troisième jour, le bon
homme était rond comme une futqille,
et ses achats étaient terminés. On le rap
portait alors chez lui, et il pouvait cuver
en paix toutes les tasses de café et foutes les
topettes d’eau-de-vie qu’il avait absor
bées.
Pendant que les vieux faisaient leurs af
faires, les jeunes s’occupaient de leur plai
sir. Et le bal ne désemplissait pas. C’était
alors sous une tente dressée devant la mai
rie que les danseurs prenaient leurs ébats.
Toute la bourgeoisie de La Neuville y ve
nait, et les grands propriétaires voisins y
paraissaient, par une familière condescen-
ce pour leurs fermiers, dont les femmes et
les filles rêvaient de cette fête pendant toute
l’année. Il était de tradition d’y danser au
moins une fois, et Carvajan pensait en fré
missant que le j*'une marquis allait pouvoir
s’approcher d’Edile, l’inviter, lui parler, sans
qu’il pût, lui, d’aucune façon, intervenir.
A sa grande surprise, le samedi, premier
jour de la fête, Honoré ne parut pas au bal.
Il se montra sur la place, causa avec ses
fermiers, fut empressé auprès de leurs filles,
dépensa de l’argent à toutes les boutiques
établies en plein vent, distribua ses acquisi
tions aux enfants qui se pressaient autour
de lui, trouva un mot charmant pour tous,
et se retira en prétextant une forte migraine.
Edile rit, dansa, se divertit, affe tant une
liberté d’esprit si grande que Jean, délivré
de ses appréhensions, ne se contraignit
plus. 11 en vint à croire que le caprice du
marquis n’avait eu qu’une durée éphémère,
et que quelque autre fantaisie le lui avait
fait oublier. Il reprit de la confiance et se
railla lui-même ; n’avait-il pas cru son ave
nir. compromis, son bonheur perdu ? Il mon
tra une gaieté inaccoutumée.
Le dimanche, il se livra aux jeux d’a
dresse préparés pour les jeunes gens, avec
l’ardeur passionnée qui lui était naturelle,
et gagna plusieurs prix. Le marquis n’avait
pas paru de la journée : on le disait malade.
Carvajan fut, pendant quelques heures,
complètement heureux, le cœur élargi, les
nerfs vibrants, la voix éclatante. Il dansa,
infatigable, et conduisant la fête. A minuit,
au moment où le bal était dans toute sou
animation, il chercha Edile pour l’inviter et
ne la rencontra pas. Il la demanda à tgus
les amis du père Gâtelier. Nul ne l’avait
vue. Les j imbes de Carvajan devinrent
tremblantes, sa vue se troubla, une horrible
palpitation l’étouffa. II eut le pressentiment
qu’d avait été joué, et que l’absence dut
marquis n’était qu’une feinte. Il courut ai*
café du Commerce et trouva son patron in*
capable d’assembler deux idées, hors d’état
de fah’e deux pas. Il se précipita vers la rue
du Marché, espérant qu’Edile, fatiguée, était,
rentrée à la maison. Il regarda de loin la
façade et la vit toute noire ; aucune lumière
dans la chambre de la jeune fille. H entra,
monta l’escalier, qui sonna lugubre sous
ses pieds, frappa à la porte, et n’obtint au
cune réponse II demeura un instant dans
ce silence, égaré, entendant son cœur battre
à coups précipités et sourds. Puis, écrasé
par son impuissance, il se laissa tomber sur
les marchas et pleura de rage autant que de
chagrin.
Il resta ainsi longtemps, écoutant au loin
la rumeur de la fête, les fanfares amorties
de l’orchestre, roulant de terribles projets
de vengeance. Puis une idée se fit jour dans
son cerveau obscurci par la colère. Edile
était peut-être à Clairefont : peut-être était-
il encore temps de l’arracher au marquis. Il
redescendit avec rapidité, et prit à toute
course le chemin escarpé du plateau. Il ne
mit pas plus d’un quart d’heure à gravir la,
rude montée et arriva comme un fou à la
grille, qu’il trouva ouverte. Une voiture
attelée de deux vigoureux postiers station*
nait devant le château. II entendit la por*.
tière se fermer avec un claquement qui
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