Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-10-10
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 octobre 1885 10 octobre 1885
Description : 1885/10/10 (A1,N86). 1885/10/10 (A1,N86).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543222c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
AmÉRrR
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
.. 4.50 O
Un an
18
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les comtnanieations relatives aux annnoncsî et réclame* ésimiA
Algérie, être adressées à l’ AGENCE HAVAS, boulevard da la République, r
En France, les commmiication.4 sont reçues savoir :
A Marseilijb, chel M. Gcstavx ALLARD, me du Baasset, 4 ;
A Paris, cher MM. AUBEOURG et G 1 », place de la Bourse, 4.0,
Et par leurs correspondants.
Fhanok..
. © IS
E4
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE ©st désignée pour l’insertian des annonces légale» judiciaires ©t autres exigées pour la validité dos procédures et contrat».
Alger, le 9 Octobre 1885.
Aiger le 8 octobre 1885,
Mes Chers Concitoyens,
Vous venez de me confier, de
Bouveau, la mission de vous repré
senter au Parlement : je vous en
remercie. Vous pouvez être assu
rés que je saurai, comme par le
passé, soutenir vos intérêts et
défendre l’Algérie et la Républi
que.
On a essayé de jeter la désunion
parmi nous ; on a voulu donner à
mon élection une signification
qu’elle n’avait pas, qu’elle n’a ja
mais eue, qu’elle ne pouvait pas
avoir, étant donnés ma personne,
mes paroles et mes actes.
Vous avez fait justice de ces
manœuvres ; vous vous êtes rap
pelé ma conduite au Parlement
pendant les quatre dernières an
nées, les services que j'ai été
assez heureux de rendre au pays
et à la République et vous m’a
vez accordé une nouvelle marque
de confiance dont je suis fier.
Nous avons plus que jamais
besoin d’être unis ; plus que jamais
nous devons concentrer nos for
ces devant les ennemis de nos
institutions que le pays s’est li
brement données. Renonçons à
toutes les divisions d’hier dont
nous ne devons pas même conser
ver le souvenir, et ne nous rap
pelons qu’une chose c’est que sur
cette terre française, il n’y a que
des Français toujours unis lors
qu’il s’agit de défendre l’Algérie
et la République.
Vive la République !
Alfred LETELLIER.
TROP DE PROGRAMMES !
Une grande cause de faiblesse pour nos
adversaires, dans la lutte électorale, était, je
ne dirai pas l’absence de programme, mais
la variété des programmes.
Comment voter pour ces soi-disant radi
caux, dont les uns veulent la suppression de
la présidence de la République et de tous
les ministres et les autres le maintien de ces
rouages de gouvernement ?
Comment voter indifféremment pour M.
Trolard qui ne veut pas entendre parler du
Gouvernement général de l’Algérie ou pour
M. Marchai qui veut qu’on le fortifie avec
un Parlement colonial votant les dépenses
de la colonie ?
Et remarquez que ces hommes, qui se di
sent fidèles aux principes, sont toujours
prêts à les abandonner.
Ainsi, M. Marchai, le candidat d’un pro
gramme, déclarait, deux jours avant l’élec
tion, qu’il était prêt à s'effacer devant M.
Trolard, si ce dernier ne renonçait pas à la
candidature.
M. Marchai était donc résolu à renoncer
au gouvernement générai et à sa consolida
tion. li abandonnait ainsi le programme
dont il était le candidat, disait-il.
Il est, vrai que cette renonciation n’était
pas d’une absolue nécessité ; ce sont du
moins les radicaux qui Font dit.
Cela importe peu. Cette renonciation, vraie
ou prétendue, prouve le peu de cas que M.
Marchai faisait de son programme.
S il y avait eu ballottage d’ailleurs, on en
aurait pu dire autant à l’égard des radicaux
qui suivent la noble bannière du sieur Bas
set. Ils préparaient aussi leur évolution et,
pour avoir l’air d’obtenir un succès, ils se
seraient inévitablement ralliés à la candida
ture de l’adversaire du citoyen Le Lièvre.
Le programme de la démocratie radicale
eût été mis au panier et les 2,671 électeurs
qui, en votant pour Le Lièvre, avaient volé
oa croyaient avoir voté la suppression du
Gouvernement général, n’auraient pas hésité
à votêr son maintien et même la création
d’un.Parl^ment colonial en donnant leurs
suffrages à M. Marchai.
Mais que dis-je ? Est ce que ces deux pro
grammes n’ont pas été abandonnés à la
dernière heure par l’appel à l’anti-sémi-
tisme ?
Tous tes anti-juifs, ont-ils dit, devront
voter pour nos candidats.
Mais, comme parmi les anti-juifs il y a
beaucoup de cléricaux, de monarchistes et
très peu de républicains, il eût été difficile,
en cas de succès des radicaux, de définir au
juste quel était le programme que tes élec
teurs avaient voulu adopter.
Tout cela était ridicule et il n’était pas
possible que tes électeurs si intelligents du
département d’Alger donnassent la majorité
à ces grotesques politiciens.
Informations algérieoaes
La saison théâtrale à Oran a commencé
avec la nouvelle troupe de M. Bressol.es, le
jeudi 8 octobre, par les Mousquetaires au
Couvent.
X
Nous ne savons pas encore si l’honorable
M. Dessoliers se présentera devant les élec
teurs au s rulia de ballottage.
Mais ou parle déjà de la candidature de
M. Eugler ou de celle de M. Raphaël Ma-
négat, auditeur au Conseil d’Etat.
s X
Le bruit court à Oran que M, Vagnon,
maire de Mostaganem, aurait manifesté â
quelques amis son désir de recueillir la
succession électorale de M. Dessoliers dans
1e cas où celui-ci se retirerait définitive
ment.
X
Le Conseil municipal de Tunis vient d’ê
tre saisi de nouvelles propositions relative
ment à la question des eaux. On croit qu’el
les donneront satisfaction à la population,
X
Le Ministre de la marine vient de décider
l’envoi,en mission à Alger,de M, l’ingénieur
de l ro classe Saglîo, pour y étudier la ques
tion de la rétrocession à la Marine des ate
liers et magasins qu’elle possédait autre
fois.
Le maître entrepreneur Robert, du port de
Cherbourg, et M. Boussignol, conducteur
des travaux hydrauliques à Brest, seront
adjoints à M. Saglio et devront se trouver
avec lui à Paris, 1e 6 octobre, pour y rece—
voir leurs instructions.
X
Le mouvement dans le personnel des offi
ciers ministériels en Algérie, sera sign&
1e 12 courant.
X
On attribue au gouvernement marocain
l’intention de remplacer l’équipage de son
navire Hassani, par des Allemands.
Cette nouvelle est vivement commentée à
Tanger.
X
Le caïd Maclean, officier anglais, instruc
teur de la cavalerie du sultan, a quitté
Mazâgan en route pour le Maroc, où il doit
rejoindre 1e sultan ,
La famille du caïd Maclean a sacrifié un
veau sur le tombeau du marabout Ben Àm-
ram, patron de la ville.
La séance du Conseil général a été ouverte
hier à 2 heures du soir.
30 membres étaient présents ; MM. Rau-
zières, Borély La Sapie et Alphandéry s’é
taient fait excuser.
En l’absence de M. Borély La Sapie, la
séance a été ouverte par M. Aumérat, le?
plus âgé des membres présents.
Au premier tour de scrutin, M. Mauguia
ayant obtenu 27 suffrages, a été proclamé
président par M. Aumerat, qui l’a invité 4
venir prendre le siège de la présidence.
MM. Garny et Obitz ont été élus vice-
présidents.
MM. Fourrjer, Koziell et Houbè ont été
élus secrétaires :
Les commissions ont été nommées comme
suit :
PREMIÈRE COMMISSION
Travaux.—Colonisation.
MM. Manguin,
Obitz,
Koziell,
Alphandéry,
Bourlter,
Marchai,
Robe,
A ltairac,
Mongellas,
Fôraud,
Ben Dif,
Ali ben Omar.
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N’ 13.
PAR
L ÜACOT Cl G. FMDEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
Cacique, pour rentrer à l’écurie, allon
geait son allure, quand M. de Trémeur le
mit tout d’un coup au pas, puis fiait par
l’arrêter. Son attention venait d’ôtre attirée
par une personne qui s’était assise sur 1e
talus de la ligne et qu’un coude de la route
avait jusque-là cachée.
C’était une jeune femme, tout en noir,
mise avec simplicité et, malgré cela, por
tant sa pauvre toilette avec une suprême
distinction.
A la vue des deux cavaliers, elle se leva
précipitamment et elle apparut au duc eu
pleine lumière. Elle était d’une merveilleuse
Swauté. Son teint chaud d’un blanc mat
(1) Reproduction interdite aux journaux qui s’ont
traité avec la Société des Gens de Lettres,
avait ôté doré par le soleil, du Midi ; deux
grands yeux noirs, doux et te niés, éclai
raient son visage du dessin le plus par, et
des cheveux de ia couleur des yeux s’échap
paient en grosses torsades sous un pauvre
petit chapeau de crêpe.
E le tenait à la main une légère sacoche
de voyage et ses bottines souillées par la
boue et la poussière témoignaient de ia lon
gue route qu’elle venait de parcourir.
S'avançant vers M. de Trémeur, qui avait
mis le chapeau à la main, au premier mou
vement de l’inconnue :
— Seriez-vous assez boa, monsieur, dît -
elle d’une voix chaude et. sonore, dont te
timbre de cristal produisit une sensation
étrange sur te duc, seriez-vous assez bon
pour me dire si je ne me suis point égarée ?
— Puis-je vous demander à mon tour,
madame, où vous allez ?
- Je me rends, répondit-elle, au château
de Trémeur.
y
LA PRÉDICTION.
La surprise de M. de Trémeur fut extrê
me. Il voyait peu ses voisins, avait brisé
ses relations proches ou lointaines, ne rece
vait point, ne donnait point de fêtes : une
visite au château de Trémeur était donc un
évènement et devait piquer sa curiosité.
Il demeurait là, en admiration devant
cette merveilleuse créature. Il ne la con
naissait point, il ne l’avait jamais vue ; de
cela il était bien et dûment certain. Que
pouvait-elle avoir â faire à Trémeur ? Qui
l’adressait au château ? Comment enfin une
jeune femme aussi belle, aussi distinguée,
pouvait-elle voyager seule, à pied, avec un
aussi mince bagage, indice d’une absolue
pauvreté !
Toutes ces questions se pressaient à l’envi
dans 1 esprit $iu duc et, tout en comprenant
combien son silence était embarrassant pour
son interlocutrice, il se taisait, cherchant ia
solution du problème qui se dressait devant
lui.
L’admiration de M de Trémeur devint
par trop évidente : il ne pouvait détacher
ses yeux de l’admirable visage de l’incon
nue. Celle-ci, sous le poids de ce brûlant
regard, abaissa ses paupières , une légère
rougeur colora son teint, et elle donna tou
tes tes marques d’un évident embarras.
A ia fin, la jeune femme releva les yeux
comme pour protester contre ce qu’avait
d’inconvenant 1 admiration par trop prolon
gée de M. de Trémeur ; ce fut au tour de.
celui-ci d’abaisser son regard, et, rappelé à
lui par ce simple mouvement, il se décida à
répondre à la première question qui lui
avait été adressée.
— Non, madame, vous ne vous êtes point
égarée ; c’est bien cette ligne de la forêt qui
conduit à Trémeur ; mais permettez-moi de
vous faire remarquer que vous en êtes en
core fort éloignée ; je vous ai aperçue assise
sur 1e talus de la route, vous étiez donc
fatiguée ? car il fait froid encore et la fati
gue seule a dû vous contraindre à vous ar
rêter à cet endroit désert ; or, vous avez?
encore une lieu et demie avant d’arriver an.
château. -
— Une lieue et demie ! dit-elle conster
née.
— Au moins, et je l’avoue, il n’est pas
prudent pour une jeune femme de traverser
seule une forêt à cette heure. Je ne veux:
point vous effrayer ordre mesure, je ne veux
point vous di a que vous seriez exposée â
être dévorée par les loups, mais enfin vous:
pouvez éprouver une terreur, être affolé®
par une borde de cerfs, une bande de san
gliers, quelq ses loups eux-mêmes qui vien
draient rôder * ni urde vous, comme autour
du petit Chaperon rouge — et le due eut un
léger sourire en essayant de plaisanter. I{
y aurait donc de la cruauté, reprit il, à vous
abandonner dans cette situation critique, et
voulez-vous m’autoriser à me mettre à votr®
entière disposition ?
La jeune femme eut l’air embarrassé »
elle se tut à son tour durant un moment ;
puis relevant ses grands yeux calmes et
profonds :
— Je ne sais si je dois accepter votre*
offre, monsieur, je n’ai pas l’honneur d’êtr®
connue de vous, et d uo autre côté...
— Vous ne me connaissez p s davantage^
répliqua vivement 1e duc. Oh ! madame,
permettez-moi de vous dire que par les
grands chemins, tes règles de la politesse et
de l’étiquette peuvent être écourtées, et
pour vous en donner la preuve pour mon
trer qu’en moi vous pouvez avoir plein®
confiance, je vous dirai tout d’abord qua
il
l
(
f
AmÉRrR
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
.. 4.50 O
Un an
18
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les comtnanieations relatives aux annnoncsî et réclame* ésimiA
Algérie, être adressées à l’ AGENCE HAVAS, boulevard da la République, r
En France, les commmiication.4 sont reçues savoir :
A Marseilijb, chel M. Gcstavx ALLARD, me du Baasset, 4 ;
A Paris, cher MM. AUBEOURG et G 1 », place de la Bourse, 4.0,
Et par leurs correspondants.
Fhanok..
. © IS
E4
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE ©st désignée pour l’insertian des annonces légale» judiciaires ©t autres exigées pour la validité dos procédures et contrat».
Alger, le 9 Octobre 1885.
Aiger le 8 octobre 1885,
Mes Chers Concitoyens,
Vous venez de me confier, de
Bouveau, la mission de vous repré
senter au Parlement : je vous en
remercie. Vous pouvez être assu
rés que je saurai, comme par le
passé, soutenir vos intérêts et
défendre l’Algérie et la Républi
que.
On a essayé de jeter la désunion
parmi nous ; on a voulu donner à
mon élection une signification
qu’elle n’avait pas, qu’elle n’a ja
mais eue, qu’elle ne pouvait pas
avoir, étant donnés ma personne,
mes paroles et mes actes.
Vous avez fait justice de ces
manœuvres ; vous vous êtes rap
pelé ma conduite au Parlement
pendant les quatre dernières an
nées, les services que j'ai été
assez heureux de rendre au pays
et à la République et vous m’a
vez accordé une nouvelle marque
de confiance dont je suis fier.
Nous avons plus que jamais
besoin d’être unis ; plus que jamais
nous devons concentrer nos for
ces devant les ennemis de nos
institutions que le pays s’est li
brement données. Renonçons à
toutes les divisions d’hier dont
nous ne devons pas même conser
ver le souvenir, et ne nous rap
pelons qu’une chose c’est que sur
cette terre française, il n’y a que
des Français toujours unis lors
qu’il s’agit de défendre l’Algérie
et la République.
Vive la République !
Alfred LETELLIER.
TROP DE PROGRAMMES !
Une grande cause de faiblesse pour nos
adversaires, dans la lutte électorale, était, je
ne dirai pas l’absence de programme, mais
la variété des programmes.
Comment voter pour ces soi-disant radi
caux, dont les uns veulent la suppression de
la présidence de la République et de tous
les ministres et les autres le maintien de ces
rouages de gouvernement ?
Comment voter indifféremment pour M.
Trolard qui ne veut pas entendre parler du
Gouvernement général de l’Algérie ou pour
M. Marchai qui veut qu’on le fortifie avec
un Parlement colonial votant les dépenses
de la colonie ?
Et remarquez que ces hommes, qui se di
sent fidèles aux principes, sont toujours
prêts à les abandonner.
Ainsi, M. Marchai, le candidat d’un pro
gramme, déclarait, deux jours avant l’élec
tion, qu’il était prêt à s'effacer devant M.
Trolard, si ce dernier ne renonçait pas à la
candidature.
M. Marchai était donc résolu à renoncer
au gouvernement générai et à sa consolida
tion. li abandonnait ainsi le programme
dont il était le candidat, disait-il.
Il est, vrai que cette renonciation n’était
pas d’une absolue nécessité ; ce sont du
moins les radicaux qui Font dit.
Cela importe peu. Cette renonciation, vraie
ou prétendue, prouve le peu de cas que M.
Marchai faisait de son programme.
S il y avait eu ballottage d’ailleurs, on en
aurait pu dire autant à l’égard des radicaux
qui suivent la noble bannière du sieur Bas
set. Ils préparaient aussi leur évolution et,
pour avoir l’air d’obtenir un succès, ils se
seraient inévitablement ralliés à la candida
ture de l’adversaire du citoyen Le Lièvre.
Le programme de la démocratie radicale
eût été mis au panier et les 2,671 électeurs
qui, en votant pour Le Lièvre, avaient volé
oa croyaient avoir voté la suppression du
Gouvernement général, n’auraient pas hésité
à votêr son maintien et même la création
d’un.Parl^ment colonial en donnant leurs
suffrages à M. Marchai.
Mais que dis-je ? Est ce que ces deux pro
grammes n’ont pas été abandonnés à la
dernière heure par l’appel à l’anti-sémi-
tisme ?
Tous tes anti-juifs, ont-ils dit, devront
voter pour nos candidats.
Mais, comme parmi les anti-juifs il y a
beaucoup de cléricaux, de monarchistes et
très peu de républicains, il eût été difficile,
en cas de succès des radicaux, de définir au
juste quel était le programme que tes élec
teurs avaient voulu adopter.
Tout cela était ridicule et il n’était pas
possible que tes électeurs si intelligents du
département d’Alger donnassent la majorité
à ces grotesques politiciens.
Informations algérieoaes
La saison théâtrale à Oran a commencé
avec la nouvelle troupe de M. Bressol.es, le
jeudi 8 octobre, par les Mousquetaires au
Couvent.
X
Nous ne savons pas encore si l’honorable
M. Dessoliers se présentera devant les élec
teurs au s rulia de ballottage.
Mais ou parle déjà de la candidature de
M. Eugler ou de celle de M. Raphaël Ma-
négat, auditeur au Conseil d’Etat.
s X
Le bruit court à Oran que M, Vagnon,
maire de Mostaganem, aurait manifesté â
quelques amis son désir de recueillir la
succession électorale de M. Dessoliers dans
1e cas où celui-ci se retirerait définitive
ment.
X
Le Conseil municipal de Tunis vient d’ê
tre saisi de nouvelles propositions relative
ment à la question des eaux. On croit qu’el
les donneront satisfaction à la population,
X
Le Ministre de la marine vient de décider
l’envoi,en mission à Alger,de M, l’ingénieur
de l ro classe Saglîo, pour y étudier la ques
tion de la rétrocession à la Marine des ate
liers et magasins qu’elle possédait autre
fois.
Le maître entrepreneur Robert, du port de
Cherbourg, et M. Boussignol, conducteur
des travaux hydrauliques à Brest, seront
adjoints à M. Saglio et devront se trouver
avec lui à Paris, 1e 6 octobre, pour y rece—
voir leurs instructions.
X
Le mouvement dans le personnel des offi
ciers ministériels en Algérie, sera sign&
1e 12 courant.
X
On attribue au gouvernement marocain
l’intention de remplacer l’équipage de son
navire Hassani, par des Allemands.
Cette nouvelle est vivement commentée à
Tanger.
X
Le caïd Maclean, officier anglais, instruc
teur de la cavalerie du sultan, a quitté
Mazâgan en route pour le Maroc, où il doit
rejoindre 1e sultan ,
La famille du caïd Maclean a sacrifié un
veau sur le tombeau du marabout Ben Àm-
ram, patron de la ville.
La séance du Conseil général a été ouverte
hier à 2 heures du soir.
30 membres étaient présents ; MM. Rau-
zières, Borély La Sapie et Alphandéry s’é
taient fait excuser.
En l’absence de M. Borély La Sapie, la
séance a été ouverte par M. Aumérat, le?
plus âgé des membres présents.
Au premier tour de scrutin, M. Mauguia
ayant obtenu 27 suffrages, a été proclamé
président par M. Aumerat, qui l’a invité 4
venir prendre le siège de la présidence.
MM. Garny et Obitz ont été élus vice-
présidents.
MM. Fourrjer, Koziell et Houbè ont été
élus secrétaires :
Les commissions ont été nommées comme
suit :
PREMIÈRE COMMISSION
Travaux.—Colonisation.
MM. Manguin,
Obitz,
Koziell,
Alphandéry,
Bourlter,
Marchai,
Robe,
A ltairac,
Mongellas,
Fôraud,
Ben Dif,
Ali ben Omar.
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N’ 13.
PAR
L ÜACOT Cl G. FMDEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
Cacique, pour rentrer à l’écurie, allon
geait son allure, quand M. de Trémeur le
mit tout d’un coup au pas, puis fiait par
l’arrêter. Son attention venait d’ôtre attirée
par une personne qui s’était assise sur 1e
talus de la ligne et qu’un coude de la route
avait jusque-là cachée.
C’était une jeune femme, tout en noir,
mise avec simplicité et, malgré cela, por
tant sa pauvre toilette avec une suprême
distinction.
A la vue des deux cavaliers, elle se leva
précipitamment et elle apparut au duc eu
pleine lumière. Elle était d’une merveilleuse
Swauté. Son teint chaud d’un blanc mat
(1) Reproduction interdite aux journaux qui s’ont
traité avec la Société des Gens de Lettres,
avait ôté doré par le soleil, du Midi ; deux
grands yeux noirs, doux et te niés, éclai
raient son visage du dessin le plus par, et
des cheveux de ia couleur des yeux s’échap
paient en grosses torsades sous un pauvre
petit chapeau de crêpe.
E le tenait à la main une légère sacoche
de voyage et ses bottines souillées par la
boue et la poussière témoignaient de ia lon
gue route qu’elle venait de parcourir.
S'avançant vers M. de Trémeur, qui avait
mis le chapeau à la main, au premier mou
vement de l’inconnue :
— Seriez-vous assez boa, monsieur, dît -
elle d’une voix chaude et. sonore, dont te
timbre de cristal produisit une sensation
étrange sur te duc, seriez-vous assez bon
pour me dire si je ne me suis point égarée ?
— Puis-je vous demander à mon tour,
madame, où vous allez ?
- Je me rends, répondit-elle, au château
de Trémeur.
y
LA PRÉDICTION.
La surprise de M. de Trémeur fut extrê
me. Il voyait peu ses voisins, avait brisé
ses relations proches ou lointaines, ne rece
vait point, ne donnait point de fêtes : une
visite au château de Trémeur était donc un
évènement et devait piquer sa curiosité.
Il demeurait là, en admiration devant
cette merveilleuse créature. Il ne la con
naissait point, il ne l’avait jamais vue ; de
cela il était bien et dûment certain. Que
pouvait-elle avoir â faire à Trémeur ? Qui
l’adressait au château ? Comment enfin une
jeune femme aussi belle, aussi distinguée,
pouvait-elle voyager seule, à pied, avec un
aussi mince bagage, indice d’une absolue
pauvreté !
Toutes ces questions se pressaient à l’envi
dans 1 esprit $iu duc et, tout en comprenant
combien son silence était embarrassant pour
son interlocutrice, il se taisait, cherchant ia
solution du problème qui se dressait devant
lui.
L’admiration de M de Trémeur devint
par trop évidente : il ne pouvait détacher
ses yeux de l’admirable visage de l’incon
nue. Celle-ci, sous le poids de ce brûlant
regard, abaissa ses paupières , une légère
rougeur colora son teint, et elle donna tou
tes tes marques d’un évident embarras.
A ia fin, la jeune femme releva les yeux
comme pour protester contre ce qu’avait
d’inconvenant 1 admiration par trop prolon
gée de M. de Trémeur ; ce fut au tour de.
celui-ci d’abaisser son regard, et, rappelé à
lui par ce simple mouvement, il se décida à
répondre à la première question qui lui
avait été adressée.
— Non, madame, vous ne vous êtes point
égarée ; c’est bien cette ligne de la forêt qui
conduit à Trémeur ; mais permettez-moi de
vous faire remarquer que vous en êtes en
core fort éloignée ; je vous ai aperçue assise
sur 1e talus de la route, vous étiez donc
fatiguée ? car il fait froid encore et la fati
gue seule a dû vous contraindre à vous ar
rêter à cet endroit désert ; or, vous avez?
encore une lieu et demie avant d’arriver an.
château. -
— Une lieue et demie ! dit-elle conster
née.
— Au moins, et je l’avoue, il n’est pas
prudent pour une jeune femme de traverser
seule une forêt à cette heure. Je ne veux:
point vous effrayer ordre mesure, je ne veux
point vous di a que vous seriez exposée â
être dévorée par les loups, mais enfin vous:
pouvez éprouver une terreur, être affolé®
par une borde de cerfs, une bande de san
gliers, quelq ses loups eux-mêmes qui vien
draient rôder * ni urde vous, comme autour
du petit Chaperon rouge — et le due eut un
léger sourire en essayant de plaisanter. I{
y aurait donc de la cruauté, reprit il, à vous
abandonner dans cette situation critique, et
voulez-vous m’autoriser à me mettre à votr®
entière disposition ?
La jeune femme eut l’air embarrassé »
elle se tut à son tour durant un moment ;
puis relevant ses grands yeux calmes et
profonds :
— Je ne sais si je dois accepter votre*
offre, monsieur, je n’ai pas l’honneur d’êtr®
connue de vous, et d uo autre côté...
— Vous ne me connaissez p s davantage^
répliqua vivement 1e duc. Oh ! madame,
permettez-moi de vous dire que par les
grands chemins, tes règles de la politesse et
de l’étiquette peuvent être écourtées, et
pour vous en donner la preuve pour mon
trer qu’en moi vous pouvez avoir plein®
confiance, je vous dirai tout d’abord qua
il
l
(
f
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.27%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.27%.
- Auteurs similaires Alger Alger /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Alger" or dc.contributor adj "Alger")Annuaire de la viticulture de l'Afrique du Nord : Algérie, Tunisie, Maroc : anciennement "Les vins algériens" : listes officielles des viticulteurs... /ark:/12148/bpt6k11917241.highres Bulletin des arrêts de la Chambre de révision musulmane de la Cour d'appel d'Alger /ark:/12148/bpt6k5191176h.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bd6t543222c/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bd6t543222c/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bd6t543222c/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bd6t543222c/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bd6t543222c
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bd6t543222c
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bd6t543222c/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest