Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-10-09
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 octobre 1885 09 octobre 1885
Description : 1885/10/09 (A1,N85). 1885/10/09 (A1,N85).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5432211
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
PREFECTURE D'ALGER
riEi’OT u:oal /
€
Première année. — N® 85.
Le numéro 25 centimes.
Vendredi, 9 octobre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
AL0ÉRIK 4.5© © 18
Francs... 6 125 S4
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
’t
Rue de la Marine, u° 9, ancien hôtel Bazin
Toates_ les communications relatifs ans annnoEC*» et récïsis®! dcüvcsf»
Algérie, être adressées à l'AGENCE HAVAS, boulevard de la iWptibli^as, JÙflVcl, t.
Kn France, les communications sont reçues savoir
A Marssillb, chex M. Gustave ALLARD, rue du BansSet, k ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C ie , place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants. '
La DEPECHE ALG-BRIKNNB1 est désignée pour l’ineorticm de» annonces légales judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 8 Octobre 1885.
LES
On prévoyait bien que la première appli
cation du retour au scrutin de liste ména
gerait des surprises électorales, mais per
sonne ne se doutait qu’elle entraînerait des
modifications aussi grandes que ceiles qui
sont le résultat du scrutin de dimanche
dernier. Les républicains se disaient : si
nous perdons quelques sièges dans certains
départements, nous en gagnerons dans
d’autres, et, somme toute, les partis res
teront numériquement, à la Chambre, ce
qu’ils étaient avant les élections.
Ces calculs se trouvent absolument dé
joués, et en admettant, ce qui du reste est
plus que probable, que le second tour assu
re la victoire complète des républicains en
ballottage, ceux-ci ne vont pas moins se
trouver, à la rentrée des Chambres, en pré
sence d’une minorité conservatrice avec
laquelle il faudra compter ou qui, du moins,
est de force à créer de graves embarras.
A qui ce revirement d’opinion, dans une
portion notable de la population de la Fran
ce, doit-il être imputé ? Quels sont les au
teurs du discrédit dans lequel la République
est tombée chez un grand nombre de ceux
qui l’avaient, sinon acclamée, du moins ac
ceptée ?
Les radicaux accusent naturellement le
dernier cabinet et le cabinet actuel. Ce sont,
disent-ils, les vrais, les seuls coupables. La
République, telle qu’elle est organisée, ne
répond pas aux aspirations de la France ;
c’est pourquoi les leaders de l’intransigeance
et du radicalisme, non contents d’avoir saisi
toutes les occasions de miner les ministères
républicains et de s’être alliés, pour les com
battre et les renverser, avec les droites, ont
entrepris, depuis l’ouverture de la période
électorale, une campagne, du Nord au Midi
de la France, en faveur des théories radica
les, campagne qui porte aujourd’hui ses
fruits.
Ou a fait assez de gorges chaudes de la
parole prophétique de M. Thiers : * la Répu
blique sera conservatrice ou elle ne sera
pas », et voilà qu’aujourd’hui les faits don
nent un premier avertissement. Il faut en
tenir compte.
Les vrais conservateurs doivent être les
républicains ; il ne faut pas qu’ils permet
tent à d’autres, monarchistes ou bonapar
tistes, d’usurper ce qualificatif. Ces derniers
ne sont que des révolutionnaires qui rêvent
le renversement de ce qui existe, et la subs
titution d’une autre forme de gouvernement
à celle que nous possédons depuis 1870, et
que la France entend conserver.
Les campagnes sont essentiellement con
servatrices et, en fait de changement, elles
seront pour la République tant qu’elle
leur donnera des garanties de stabilité et
qu’elles ne la verront pas divisée en sectes
toujours prêtes à s’entredévorer, et lorsque,
débarrassée des luttes intestines qui gran
dissent à l’ombre de sou drapeau, elle an
nihilera les ennemis de la Société, tels que
les anarchistes, qui n’attendent que le mo
ment propice pour se jeter à la fois sur les
républicains, les monarchistes et les bona
partistes.
Mais, en ce moment, l'heure n’est pas aux
paroles, elle est à l’action. Si les républi-
blicains sans épithète veulent sortir victo
rieusement de la crise actuelle, conserver
la prédominance à la Chambre et recon
quérir dans le pays celle qu’ils ont perdue,
ils n’ont qu’une chose à faire : s’entendre à
force de concessions mutuelles, de manière
à ce que, de dimanche en huit, ils opposent
une liste unique à la liste dite conservatrice,
liste qui ralliera certainement la majorité,
une fois la session ouverte ; ils doivent con
sacrer tous leurs instants, non pas à se dis
puter l’influence, mais à doter le pays des
réformes nécessaires, pratiques, qu’il attend
depuis si longtemps.
C’est à ce prix que la République rega
gnera le terrain perdu.
Ajoutons, en terminant, que si nous étions
déj 'i profondément heureux du succès des
candidats algériens élus dimanche, le résul
tat général des élections augmente encore
notre satisfaction ; car l’appoint de cinq
députés tels que ceux que l’Algérie envoie à
la Chambre, républicains à la fois modérés
et résolus, peut,danscertaines circonstances,
peser d’une façon sérieuse sur les résolutions
les plus graves et intéressant le pays tout
entier.
donnations algériennes
Nous avons appris hier soir que la com
mission sanitaire avait enfin émis l’avis que
la cessation de l’épidémie de Marseille im
posait la suppression des quarantaines et
leur remplacement par une simple visite à
bord.
X
Par décision du 23 septembre dernier, M.
le Gouverneur général a prorogé, pour
deux années, l’autorisation accordée à M.
Chaiiés Ba£eel!ier, par nu arreté gouverne
mental du 9 janvier 1883, de faire des re
cherches de mines de bitume, pét oie, soufre
et minéraux connexes dans des terrains do
maniaux faisant partie du territoire de la
commune mixte de Cassaigne et de disposer
des produits de ces recherches.
X
Le nouveau consul d’Espagne, M. Ernesto
Merlè, qui vient remplacer à Oran M. Ortiz
de Zugasti, est arrivé hier à Mers-el-Kebir
où le p- quebot qui l’a amené doit subir une
quarantaine de 24 heures.
M. Merlè débarquera probablement au
jourd’hui vers trois heures d@ l’après-midi.
X
Par décision du 22 septembre 1885, M. la
Gouverneur général a autorisé,pour une du
rée de deux années, M. Gerbaud à disposer
des minerais de ziac, plomb et autres mé
taux connexes à provenir des recherches
qu’il exécute sur des terrains lui apparie
nant ou avec le consentement des proprié
taires du sol sur les territoires des tribus de
Djeballa (commune mixte de Nôdromah) et
des Gulad Maazis (cercle de Marnia)
X
Aux termes d’un décret en date du 10
août 1885, il a été fait concession gratuite
au département d’Oran des lots numéros
et 37 urbains du centre deMereier-Laeombe,
d’une contenance ensemble de 15 ares lé
centiares, sur lesquels est édifiée la caserne
de gendarmerie de cette localité.
X
Nous apprenons que, grâce à l’initiative
de M. Louis Lavie, un nouveau comptoir
d’escompte va se créer à Gùelma.
Les adhésions sont reçues, à partir de ce
jour, chez M. Louis Lavie.
. ' X ’ '
Le Conseil municipal de Bône s’est réuni,,
avant-hier soir, à 4 heures, dans la salle
ordinaire de ses délibérations, pour procé
der à l’élection d’un deuxième adjoint en
remplae ment de M. Cordier, déedé.
Etaient présents 21 conseillers.
M. Legendre, ayant obtenu 13 voix contre
7 bulletins blancs déposés par la gauche et
un autre accordé à M. Cha ; x, a été pro
clamé deuxième adjoint au maire de Bône.
X
Par arrêté du gouverneur général, en date
du 23 septembre, Sa baie du Fort-Génois, A
JBôae, est et demeure spécialement affectée
au mouillage des navires mis eu quaran
taine par le service sanitaire maritime.
LETTRE DU KEF
TOUJOURS LA POLICE ! !
Monsieur le Rédacteur de la Dépêche~
Algérienne,
Lundi, 21 septembre, notre population
été témoin d’un acte de brutalité peu com
mun, de la part de la police. Vers les sept
heures du soir, M. C .. employé des Postes
était présent à l’acte de haute sauvagerie que
je vais vous narrer.
L’agent indigène Ali s’est rué à coups de
canne plombée sur un autre indigène con
nu au Kef sous le sobriquet da « caporal »,
Ce malheureux vieillard a été contusionné
à la tête et lancé contre une charrette.
Voici l'historique de cette honteuse agres
sion :
Une discussion ayant eu lieu entre deux;,
autres indigènes, 1 agent Ali, dans un état
complet d'ivresse, a insulté l’un d’eux et
menacé l’autre de le frapper.
Ce dernier, le dit « caporal», lui ayant
fait observer qu’il n’avait pas le droit de
l’insulter ou de le frapper, l’argousiD, outré,
lui administra une volée de coups.
L’employé des Postes et un autre citoyen,
M. Boulangier, protestèrent contre cette fa
çon d’agir.
Pour toute réponse, Ali, le protégé de M.
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 12.
* LES
DMIMOIM
PAR
k. MCOT et G. PRADEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
ESS DEUX TESTAMENTS
— Totss dites, capitaine,fit-il en arpentant
à grands pas la salle à manger, que ce sont
des baliveaux d’un an ?
— D’un an ou de dix-huit mois, monsieur
le duc ; vous m’excuserez, je ne suis point
an forestier très savant.
— Je vais y aller voir ce tantôt ; je me
sens mieux, je me sens vivre ; le cheval me
fera du bien. Dans une heure, vous me ferez
seller Cacique et je pousserai jusqu’à la
Croix-aux-Chouans.
— Je suis sûr, opina le capitaine, que
cette promenade vous sera salutaire, et vous
pourrez par vous-même juger du dégât.
— Viendrez-vous avec moi, capitaine ?
(1) Reproduction interdite aux journaux qui n’ont
pu traité avec la Société des Gens de Lettres.
— Je prierai monsieur le duc de m’excu
ser, mais un des poulains qui sont en pâtu
re au Trahoir s’est pris la jambe dans une
barrière ; il me faut voir ce que c’est.
Allain m’accompagnera.
Uue heure après, M. de Trémeur, suivi
de son fidèle serviteur, se dirigeait au petit
galop vers la Croix-aux-Chouans. Le vieux
Cacique poussait de temps en temps un
hennissement joyeux , la forêt était verte,
l’air était doux, et, n’eût été l’insulte faite à
ses bois, le duc eût trouvé la promenade
charmante.
Le capitaine n’avait point exagéré le dé
gât : des ormes, des pins, des chênes,
avaient été méchamment hachés, et cela en
grand nombre. Le duc, en voyant les mal
heureux arbres, sentit sa colère s’accroître.
Quant à Allain, il poussait des exclamations
de douleur.
A ce moment un bruit se fit entendre sous
la feuillée, et un être étrange apparut au
milieu des branches.
IV
LE BRACONNIER SANS SOUCI
Un tête en broussailles, comme celles des
quelles il sortait ; une barbe hirsurte, un
teint terreux, et au milieu de tout ce gris,
deux petits yeux caves, deux trous noirs,
perçants, qui regardaient en dessous avec
une expression sauvage et cruelle, rien
moins que rassurante : tel était l’être qui
apparut devant M. de Trémeur.
Derrière lui, un roquet griffon, qu’il
tenait en laisse grognait sourdement.
Le duc eut un mouvemént de saisisse
ment à la vue de ce paysan déguenillé, dans
lequel il venait de reconnaître Kernoch, ce
lui que quelques heures auparavant il accu
sait des déprédations commises.
La colère du duc reprit aussitôt le dessus;
il poussa Cacique droit sur l’homme, et,
d’une voix furieuse :
— C’est toi, misérable, cria-t-il, qui viens
couper mes arbres ?
Kercoch haussa les épaules.
— Vous savez bien que non, Trémeur,
dit-il d’une voix profonde ; je n’ai pas be
soin de votre bois, le mien me suffit.
Le duc, à cette familiarité étrange, répri
ma un mouvement de colère, mais se con
tenant :
— Ce n’est pas toi? tu mens ! Il n’y a que
toi qui rôdes chez moi, pour me prendre
mes fagots et mon gibier.
L’homme eut un sourire de dédain.
— Votre bois, Trémeur, est trop grand,
et, tout petit qu’est le mien, je vous dis
qu’il me suffit. Pour le gibier, vous ne m’a
vez jamais vu et vos gardes ne m’ont jamais
pris. Il y en a qui aiment le gibier, Tré
meur, — la voix de Kernoch. devint som-,
bre, — comme il y en a d’autres qui aiment
les belles filles, les femmes des autres...
J’aime mieux ceux qui aiment le gibier.
Le duc était devenu très pâle ; une écume
frangea le bout de ses lèvres et il leva au-
desus de la tête de l’homme son fouet de
chasse.
Celui-ci ne se gara point.
— Touchez pas, Trémeur ! touchez pas !
Vous ne me tuer z point, moi, tout grancL
seigneur que vous êtes ; ne portez pas la
main sur Kernoch. Ii sait bien des choses,
le vieux Kernoch , il en a bien vu de dures*
de tristes, et s’il voulait raconter ce qu’il
saff, il y en a qui portent le front haut et
qui le baisseraient vers la terre, comme vous
baissez le bras en ce moment, Trémeur ; et
bien vous faites !...
Le bras du duc était retombé à ses cô
tés.
— D’ailleurs, reprit l'homme, vous ne me
tueriez pas moi, vous De me feriez pas mou
rir !
— Le duc s’était tu ; d’instinct il regarda
en arrière pour savoir si Alain avait pu en
tendre ; mais le valet de chambre se tenait
à respectueuse distance et droit sur sa selle,
attendant d’un air soucieux et triste la fin
de cette scène.
Le cheval du duc ayant fait un mouve
ment, la griffonne, car c’en était une, fit
mine de vouloir s élancer sur lui et mon
trait une série de crocs monstres.
— Paix Groach (vieille femme), paix %
monsieur le duc ne veut point me faire de-
mal, ni à toi non plus. A quoi cela lui ser
virait-il d’abord ?
Il y eut un silence, durant lequel M. de
Trémeur essaya de se calmer et de se ren-
dre maître des sentiments qui s’agitaient eu
I lui.
Sans qu’il s’en rendit compte, cet homme
sinistre le troublait plus qu’il n’aurait pu 1$
riEi’OT u:oal /
€
Première année. — N® 85.
Le numéro 25 centimes.
Vendredi, 9 octobre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
AL0ÉRIK 4.5© © 18
Francs... 6 125 S4
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
’t
Rue de la Marine, u° 9, ancien hôtel Bazin
Toates_ les communications relatifs ans annnoEC*» et récïsis®! dcüvcsf»
Algérie, être adressées à l'AGENCE HAVAS, boulevard de la iWptibli^as, JÙflVcl, t.
Kn France, les communications sont reçues savoir
A Marssillb, chex M. Gustave ALLARD, rue du BansSet, k ;
A Paris, chez MM. AUDBOURG et C ie , place de la Bourse, 10,
Et par leurs correspondants. '
La DEPECHE ALG-BRIKNNB1 est désignée pour l’ineorticm de» annonces légales judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 8 Octobre 1885.
LES
On prévoyait bien que la première appli
cation du retour au scrutin de liste ména
gerait des surprises électorales, mais per
sonne ne se doutait qu’elle entraînerait des
modifications aussi grandes que ceiles qui
sont le résultat du scrutin de dimanche
dernier. Les républicains se disaient : si
nous perdons quelques sièges dans certains
départements, nous en gagnerons dans
d’autres, et, somme toute, les partis res
teront numériquement, à la Chambre, ce
qu’ils étaient avant les élections.
Ces calculs se trouvent absolument dé
joués, et en admettant, ce qui du reste est
plus que probable, que le second tour assu
re la victoire complète des républicains en
ballottage, ceux-ci ne vont pas moins se
trouver, à la rentrée des Chambres, en pré
sence d’une minorité conservatrice avec
laquelle il faudra compter ou qui, du moins,
est de force à créer de graves embarras.
A qui ce revirement d’opinion, dans une
portion notable de la population de la Fran
ce, doit-il être imputé ? Quels sont les au
teurs du discrédit dans lequel la République
est tombée chez un grand nombre de ceux
qui l’avaient, sinon acclamée, du moins ac
ceptée ?
Les radicaux accusent naturellement le
dernier cabinet et le cabinet actuel. Ce sont,
disent-ils, les vrais, les seuls coupables. La
République, telle qu’elle est organisée, ne
répond pas aux aspirations de la France ;
c’est pourquoi les leaders de l’intransigeance
et du radicalisme, non contents d’avoir saisi
toutes les occasions de miner les ministères
républicains et de s’être alliés, pour les com
battre et les renverser, avec les droites, ont
entrepris, depuis l’ouverture de la période
électorale, une campagne, du Nord au Midi
de la France, en faveur des théories radica
les, campagne qui porte aujourd’hui ses
fruits.
Ou a fait assez de gorges chaudes de la
parole prophétique de M. Thiers : * la Répu
blique sera conservatrice ou elle ne sera
pas », et voilà qu’aujourd’hui les faits don
nent un premier avertissement. Il faut en
tenir compte.
Les vrais conservateurs doivent être les
républicains ; il ne faut pas qu’ils permet
tent à d’autres, monarchistes ou bonapar
tistes, d’usurper ce qualificatif. Ces derniers
ne sont que des révolutionnaires qui rêvent
le renversement de ce qui existe, et la subs
titution d’une autre forme de gouvernement
à celle que nous possédons depuis 1870, et
que la France entend conserver.
Les campagnes sont essentiellement con
servatrices et, en fait de changement, elles
seront pour la République tant qu’elle
leur donnera des garanties de stabilité et
qu’elles ne la verront pas divisée en sectes
toujours prêtes à s’entredévorer, et lorsque,
débarrassée des luttes intestines qui gran
dissent à l’ombre de sou drapeau, elle an
nihilera les ennemis de la Société, tels que
les anarchistes, qui n’attendent que le mo
ment propice pour se jeter à la fois sur les
républicains, les monarchistes et les bona
partistes.
Mais, en ce moment, l'heure n’est pas aux
paroles, elle est à l’action. Si les républi-
blicains sans épithète veulent sortir victo
rieusement de la crise actuelle, conserver
la prédominance à la Chambre et recon
quérir dans le pays celle qu’ils ont perdue,
ils n’ont qu’une chose à faire : s’entendre à
force de concessions mutuelles, de manière
à ce que, de dimanche en huit, ils opposent
une liste unique à la liste dite conservatrice,
liste qui ralliera certainement la majorité,
une fois la session ouverte ; ils doivent con
sacrer tous leurs instants, non pas à se dis
puter l’influence, mais à doter le pays des
réformes nécessaires, pratiques, qu’il attend
depuis si longtemps.
C’est à ce prix que la République rega
gnera le terrain perdu.
Ajoutons, en terminant, que si nous étions
déj 'i profondément heureux du succès des
candidats algériens élus dimanche, le résul
tat général des élections augmente encore
notre satisfaction ; car l’appoint de cinq
députés tels que ceux que l’Algérie envoie à
la Chambre, républicains à la fois modérés
et résolus, peut,danscertaines circonstances,
peser d’une façon sérieuse sur les résolutions
les plus graves et intéressant le pays tout
entier.
donnations algériennes
Nous avons appris hier soir que la com
mission sanitaire avait enfin émis l’avis que
la cessation de l’épidémie de Marseille im
posait la suppression des quarantaines et
leur remplacement par une simple visite à
bord.
X
Par décision du 23 septembre dernier, M.
le Gouverneur général a prorogé, pour
deux années, l’autorisation accordée à M.
Chaiiés Ba£eel!ier, par nu arreté gouverne
mental du 9 janvier 1883, de faire des re
cherches de mines de bitume, pét oie, soufre
et minéraux connexes dans des terrains do
maniaux faisant partie du territoire de la
commune mixte de Cassaigne et de disposer
des produits de ces recherches.
X
Le nouveau consul d’Espagne, M. Ernesto
Merlè, qui vient remplacer à Oran M. Ortiz
de Zugasti, est arrivé hier à Mers-el-Kebir
où le p- quebot qui l’a amené doit subir une
quarantaine de 24 heures.
M. Merlè débarquera probablement au
jourd’hui vers trois heures d@ l’après-midi.
X
Par décision du 22 septembre 1885, M. la
Gouverneur général a autorisé,pour une du
rée de deux années, M. Gerbaud à disposer
des minerais de ziac, plomb et autres mé
taux connexes à provenir des recherches
qu’il exécute sur des terrains lui apparie
nant ou avec le consentement des proprié
taires du sol sur les territoires des tribus de
Djeballa (commune mixte de Nôdromah) et
des Gulad Maazis (cercle de Marnia)
X
Aux termes d’un décret en date du 10
août 1885, il a été fait concession gratuite
au département d’Oran des lots numéros
et 37 urbains du centre deMereier-Laeombe,
d’une contenance ensemble de 15 ares lé
centiares, sur lesquels est édifiée la caserne
de gendarmerie de cette localité.
X
Nous apprenons que, grâce à l’initiative
de M. Louis Lavie, un nouveau comptoir
d’escompte va se créer à Gùelma.
Les adhésions sont reçues, à partir de ce
jour, chez M. Louis Lavie.
. ' X ’ '
Le Conseil municipal de Bône s’est réuni,,
avant-hier soir, à 4 heures, dans la salle
ordinaire de ses délibérations, pour procé
der à l’élection d’un deuxième adjoint en
remplae ment de M. Cordier, déedé.
Etaient présents 21 conseillers.
M. Legendre, ayant obtenu 13 voix contre
7 bulletins blancs déposés par la gauche et
un autre accordé à M. Cha ; x, a été pro
clamé deuxième adjoint au maire de Bône.
X
Par arrêté du gouverneur général, en date
du 23 septembre, Sa baie du Fort-Génois, A
JBôae, est et demeure spécialement affectée
au mouillage des navires mis eu quaran
taine par le service sanitaire maritime.
LETTRE DU KEF
TOUJOURS LA POLICE ! !
Monsieur le Rédacteur de la Dépêche~
Algérienne,
Lundi, 21 septembre, notre population
été témoin d’un acte de brutalité peu com
mun, de la part de la police. Vers les sept
heures du soir, M. C .. employé des Postes
était présent à l’acte de haute sauvagerie que
je vais vous narrer.
L’agent indigène Ali s’est rué à coups de
canne plombée sur un autre indigène con
nu au Kef sous le sobriquet da « caporal »,
Ce malheureux vieillard a été contusionné
à la tête et lancé contre une charrette.
Voici l'historique de cette honteuse agres
sion :
Une discussion ayant eu lieu entre deux;,
autres indigènes, 1 agent Ali, dans un état
complet d'ivresse, a insulté l’un d’eux et
menacé l’autre de le frapper.
Ce dernier, le dit « caporal», lui ayant
fait observer qu’il n’avait pas le droit de
l’insulter ou de le frapper, l’argousiD, outré,
lui administra une volée de coups.
L’employé des Postes et un autre citoyen,
M. Boulangier, protestèrent contre cette fa
çon d’agir.
Pour toute réponse, Ali, le protégé de M.
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 12.
* LES
DMIMOIM
PAR
k. MCOT et G. PRADEL (1)
PREMIÈRE PARTIE
ESS DEUX TESTAMENTS
— Totss dites, capitaine,fit-il en arpentant
à grands pas la salle à manger, que ce sont
des baliveaux d’un an ?
— D’un an ou de dix-huit mois, monsieur
le duc ; vous m’excuserez, je ne suis point
an forestier très savant.
— Je vais y aller voir ce tantôt ; je me
sens mieux, je me sens vivre ; le cheval me
fera du bien. Dans une heure, vous me ferez
seller Cacique et je pousserai jusqu’à la
Croix-aux-Chouans.
— Je suis sûr, opina le capitaine, que
cette promenade vous sera salutaire, et vous
pourrez par vous-même juger du dégât.
— Viendrez-vous avec moi, capitaine ?
(1) Reproduction interdite aux journaux qui n’ont
pu traité avec la Société des Gens de Lettres.
— Je prierai monsieur le duc de m’excu
ser, mais un des poulains qui sont en pâtu
re au Trahoir s’est pris la jambe dans une
barrière ; il me faut voir ce que c’est.
Allain m’accompagnera.
Uue heure après, M. de Trémeur, suivi
de son fidèle serviteur, se dirigeait au petit
galop vers la Croix-aux-Chouans. Le vieux
Cacique poussait de temps en temps un
hennissement joyeux , la forêt était verte,
l’air était doux, et, n’eût été l’insulte faite à
ses bois, le duc eût trouvé la promenade
charmante.
Le capitaine n’avait point exagéré le dé
gât : des ormes, des pins, des chênes,
avaient été méchamment hachés, et cela en
grand nombre. Le duc, en voyant les mal
heureux arbres, sentit sa colère s’accroître.
Quant à Allain, il poussait des exclamations
de douleur.
A ce moment un bruit se fit entendre sous
la feuillée, et un être étrange apparut au
milieu des branches.
IV
LE BRACONNIER SANS SOUCI
Un tête en broussailles, comme celles des
quelles il sortait ; une barbe hirsurte, un
teint terreux, et au milieu de tout ce gris,
deux petits yeux caves, deux trous noirs,
perçants, qui regardaient en dessous avec
une expression sauvage et cruelle, rien
moins que rassurante : tel était l’être qui
apparut devant M. de Trémeur.
Derrière lui, un roquet griffon, qu’il
tenait en laisse grognait sourdement.
Le duc eut un mouvemént de saisisse
ment à la vue de ce paysan déguenillé, dans
lequel il venait de reconnaître Kernoch, ce
lui que quelques heures auparavant il accu
sait des déprédations commises.
La colère du duc reprit aussitôt le dessus;
il poussa Cacique droit sur l’homme, et,
d’une voix furieuse :
— C’est toi, misérable, cria-t-il, qui viens
couper mes arbres ?
Kercoch haussa les épaules.
— Vous savez bien que non, Trémeur,
dit-il d’une voix profonde ; je n’ai pas be
soin de votre bois, le mien me suffit.
Le duc, à cette familiarité étrange, répri
ma un mouvement de colère, mais se con
tenant :
— Ce n’est pas toi? tu mens ! Il n’y a que
toi qui rôdes chez moi, pour me prendre
mes fagots et mon gibier.
L’homme eut un sourire de dédain.
— Votre bois, Trémeur, est trop grand,
et, tout petit qu’est le mien, je vous dis
qu’il me suffit. Pour le gibier, vous ne m’a
vez jamais vu et vos gardes ne m’ont jamais
pris. Il y en a qui aiment le gibier, Tré
meur, — la voix de Kernoch. devint som-,
bre, — comme il y en a d’autres qui aiment
les belles filles, les femmes des autres...
J’aime mieux ceux qui aiment le gibier.
Le duc était devenu très pâle ; une écume
frangea le bout de ses lèvres et il leva au-
desus de la tête de l’homme son fouet de
chasse.
Celui-ci ne se gara point.
— Touchez pas, Trémeur ! touchez pas !
Vous ne me tuer z point, moi, tout grancL
seigneur que vous êtes ; ne portez pas la
main sur Kernoch. Ii sait bien des choses,
le vieux Kernoch , il en a bien vu de dures*
de tristes, et s’il voulait raconter ce qu’il
saff, il y en a qui portent le front haut et
qui le baisseraient vers la terre, comme vous
baissez le bras en ce moment, Trémeur ; et
bien vous faites !...
Le bras du duc était retombé à ses cô
tés.
— D’ailleurs, reprit l'homme, vous ne me
tueriez pas moi, vous De me feriez pas mou
rir !
— Le duc s’était tu ; d’instinct il regarda
en arrière pour savoir si Alain avait pu en
tendre ; mais le valet de chambre se tenait
à respectueuse distance et droit sur sa selle,
attendant d’un air soucieux et triste la fin
de cette scène.
Le cheval du duc ayant fait un mouve
ment, la griffonne, car c’en était une, fit
mine de vouloir s élancer sur lui et mon
trait une série de crocs monstres.
— Paix Groach (vieille femme), paix %
monsieur le duc ne veut point me faire de-
mal, ni à toi non plus. A quoi cela lui ser
virait-il d’abord ?
Il y eut un silence, durant lequel M. de
Trémeur essaya de se calmer et de se ren-
dre maître des sentiments qui s’agitaient eu
I lui.
Sans qu’il s’en rendit compte, cet homme
sinistre le troublait plus qu’il n’aurait pu 1$
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