Titre : Courrier des théâtres : littérature, beaux-arts, sciences ...
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1841-11-20
Contributeur : Descombes, Charles-Maurice (1782-1862). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32751100d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 novembre 1841 20 novembre 1841
Description : 1841/11/20 (A25,N8368). 1841/11/20 (A25,N8368).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5401604f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-5398
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2023
arrivera encore cette fois ce qui est arrivé en 1667, deux
ans après la première représentation de cet ouvrage, la
quelle eut lieu le 15 février 1665, le public préférera la
pièce en vers. Elle a, pour lui, plus d’attraits, plus de gaî
té, plus de brillant et moins de cette sévérité philosophi
que qui rembrunit l’œuvre en prose. Molière, d’ailleurs,
n’a jamais compté parmi ses ouvrages de prédilection,
cette espèce de traduction du Trompeur de Séville ou le
Convié de pierre (fiombibado di pietra), par l’auteur espa-
gnolTirso de Molina. Il ne l’a faite, en grande partie, que
pour détourner, au profit de son théâtre, la foule qui se
portait à celui des Italiens, où ce canevas était brillam
ment représenté. S’il eût pu y mettre tout le temps dési
rable, Molière en aurait beaucoup mieux fait disparaître
l’étrangeté, les scènes en seraient liées entre elles avec plus
d’art, la même situation ne s’y reproduirait pas perpétuel
lement, il y aurait plus de connexité entre les personna
ges, le comique l’emporterait davantage sur l’odieux du
caractère principal (ce qu’a fait Thomas Corneille, à l’aide
du rôle de Sganarelle), enfin l’art que possédait à un si
haut degré cet homme immense, se ferait plus sentir dans
l'ensenible de la conception. A l’époque où elle parut, on
savait juger, et, certes, infiniment mieux qu'aujourd'hui!
cependant la pièce n’obtint que quinze représentations.
Ce sont les vers de Thomas Corneille qui, deux ans après,
la firent revivre et la maintinrent au théâtre; non qu’ils
soient supérieurs à la version de Molière, en tant qu’on
puisse exactement établir une comparaison entre de la prose
et des vers, mais, comme nous l’avons dit, ils y répandi
rent du charme, du comique, ce chatoiement de toute
poésie qui étincelle aux yeux de l’humaine intelligence ; en
un mot, ils couvrirent d’un élégant manteau le fond d’un
sujet austère, et la sauce fit passer le poisson. Il faut bien
que les choses soient ainsi, puisque, malgré toute l'auto-
ri té du nom de Molière et le peu de puissance de celui de
Thomas Corneille, le travail de celui-ci a constamment
obtenu la préférence. Il en sera de même encore à présent,
et, bonnes ou mauvaises, nos remarques subsisteront.
— Ce soir, on saura à quelle personne estimable, M. le
directeur-en-nom des Bouffes aura refusé malhonnête
ment l’entrée. Il y a des traditions qu’il ne faut pas per
dre afin de s’en garantir.
— La femme du directeur de la scène, au Vaudeville,
Mme Vizentini, est heureusement accouchée d’un garçon.
M. Vizentini a l’honneur de vous en faire part. La mère
et l’enfant se portent bien.—Peuplez, c’est la loi de nature.
—Le théâtre des Variétés ne donnera,qu‘après-demain, la
première représentation des Abeilles, pièce vivement dé
sirée et dont le succès ne sera qu’une continuation de bon
heur. Mérité.
— Les obsèques de M. Théaulon nous ramènent à pu
blier les additions suivantes à la notice que nous avons
donnée. Depuis 1808, année de son début sur le théâtre
du Vaudeville, M. Théaulon a composé seul ou en socié
té plus de deux cent cinquante ouvrages. Tous les théâtres
de Paris lui ont dû des succès. Les compositeurs les plus
célèbres ont écrit sur ses poèmes : MM. Chérubini, la Rei
ne blanche, représentée à la cour; Carafa, Jeanne d’Arc;
Boieldieu, Charles de Navarre, le Chaperon; Hérold, les
Rosières, le Roi et la ligue, la Clochette; Litz, un grand o-
péra, son début musical ; Spontini, un opéra en Allema
gne, etc., etc. Presque tous les auteurs dramatiques, ses
contemporains, ont été ses collaborateurs ; deux comédies
en cinq actes, en vers, représentées sur le second Théâ
tre-Français, l’Artiste ambitieux et l’Indiscret, et surtout la
première, avaient prouvé que Théaulon était bien supé
rieur aux genres secondaires : une élégance, une facilité
de style remarquables faisaient espérer en lui un auteur
comique distingué. Le second Théâtre-Français anéan
ti, Théaulon fut condamné au vaudeville ; il y porta
une imagination vive, riante, une gaîté soutenue, de bon
ton et de bon goût. Jamais il ne donna dans les excès qui,
trop souvent, ont déshonoré nos théâtres de genres, et l’on
peut remarquer jusque dans ses moindres esquisses une
pensée originale et piquante. Théaulon a travaillé pres
que jusqu’au moment où il s’est affaissé, miné par la con
somption. Son dernier ouvrage, l’Ingénue de Paris, a été
représenté hier sur le théâtre du Vaudeville. Le souci de
l’auteur dramatique, la crainte d’un revers a été sa der
nière préoccupation ! L’auteur de tant d’ouvrages qui ont
enrichi tant de directeurs, poussant plus loin qu’aucun
autre ce désintéressement, cette incurie des affaires, défaut
ordinaire des hommes de lettres, après avoir gagné des
sommes énormes, ne laisse rien que son nom à une veuve
modèle de dévoûment. Le service funèbre de Théaulon a
eu lieu à St-Roch. Plus de 150 hommes de lettres, direc
teurs de théâtres ou artistes dramatiques, témoignaient par
leur présence des sentimens d’estime et d’affection qu’avait
su inspirer le défunt. Presque tous ont suivi le convoi jus
qu’au cimetière Montmartre, où M, Lesguillon a prononcé
un discours sur le bord de la tombe de son collaborateur.
M. Dormeuil a dit quelques mots, au nom des directeurs
de théâtres de Paris.
— Le théâtre de la Porte-St-Martin ne sera pas en reste
d’activité à l’égard de ses confrères. Ce dont il s’occupe
fera du bruit, et, ce qui est meilleur, des recettes. — Par
la corbleu !
— Paul et Virginie, drame populaire avant que de naî
tre, sera représenté, ce soir, à l'Ambigu-Comique. Autant
dire que deux cent mille francs vont entrer dans la caisse
de M. Béraud.
— Que n’imagine-t-on pas aujourd’hui? Un mécani
cien vient d’inventer un piano qui imprime les notes à me
sure que les doigts les exécutent. On parle aussi beaucoup
d’un clavier typographique qui ferait avec un seul hom
me, et en quelques heures, le travail d’un grand nombre
d’ouvriers compositeurs. En vérité, le siècle va trop vite,
il n'y a que les élus qui pourront le suivre !
On s’abonne rue du Faubourg-Montmartre, numéro 8, au second étage, et chez les principaux libraires de Paris, des département
et de l'étranger. — Le prix de l’abonnement est de 6 fr. pour un mois, 13 fr. pour trois mois, 26 fr. pour six mois, et 50 fr. pour
l’année. On paie en sus, pour frais de poste, 4 c. par numéro pour les départemens, et 8 c. pour l’étranger. S’adresser, franc de
port, pour tous les objets relatifs au Courrier des Théâtres à l’adresse ci-dessus. A. LEMAITRE, Gérant responsable.
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Paris. —Imprimerie de E. B. DELANCBY, rue du Faubourg-Montmartre, n. 11.
ans après la première représentation de cet ouvrage, la
quelle eut lieu le 15 février 1665, le public préférera la
pièce en vers. Elle a, pour lui, plus d’attraits, plus de gaî
té, plus de brillant et moins de cette sévérité philosophi
que qui rembrunit l’œuvre en prose. Molière, d’ailleurs,
n’a jamais compté parmi ses ouvrages de prédilection,
cette espèce de traduction du Trompeur de Séville ou le
Convié de pierre (fiombibado di pietra), par l’auteur espa-
gnolTirso de Molina. Il ne l’a faite, en grande partie, que
pour détourner, au profit de son théâtre, la foule qui se
portait à celui des Italiens, où ce canevas était brillam
ment représenté. S’il eût pu y mettre tout le temps dési
rable, Molière en aurait beaucoup mieux fait disparaître
l’étrangeté, les scènes en seraient liées entre elles avec plus
d’art, la même situation ne s’y reproduirait pas perpétuel
lement, il y aurait plus de connexité entre les personna
ges, le comique l’emporterait davantage sur l’odieux du
caractère principal (ce qu’a fait Thomas Corneille, à l’aide
du rôle de Sganarelle), enfin l’art que possédait à un si
haut degré cet homme immense, se ferait plus sentir dans
l'ensenible de la conception. A l’époque où elle parut, on
savait juger, et, certes, infiniment mieux qu'aujourd'hui!
cependant la pièce n’obtint que quinze représentations.
Ce sont les vers de Thomas Corneille qui, deux ans après,
la firent revivre et la maintinrent au théâtre; non qu’ils
soient supérieurs à la version de Molière, en tant qu’on
puisse exactement établir une comparaison entre de la prose
et des vers, mais, comme nous l’avons dit, ils y répandi
rent du charme, du comique, ce chatoiement de toute
poésie qui étincelle aux yeux de l’humaine intelligence ; en
un mot, ils couvrirent d’un élégant manteau le fond d’un
sujet austère, et la sauce fit passer le poisson. Il faut bien
que les choses soient ainsi, puisque, malgré toute l'auto-
ri té du nom de Molière et le peu de puissance de celui de
Thomas Corneille, le travail de celui-ci a constamment
obtenu la préférence. Il en sera de même encore à présent,
et, bonnes ou mauvaises, nos remarques subsisteront.
— Ce soir, on saura à quelle personne estimable, M. le
directeur-en-nom des Bouffes aura refusé malhonnête
ment l’entrée. Il y a des traditions qu’il ne faut pas per
dre afin de s’en garantir.
— La femme du directeur de la scène, au Vaudeville,
Mme Vizentini, est heureusement accouchée d’un garçon.
M. Vizentini a l’honneur de vous en faire part. La mère
et l’enfant se portent bien.—Peuplez, c’est la loi de nature.
—Le théâtre des Variétés ne donnera,qu‘après-demain, la
première représentation des Abeilles, pièce vivement dé
sirée et dont le succès ne sera qu’une continuation de bon
heur. Mérité.
— Les obsèques de M. Théaulon nous ramènent à pu
blier les additions suivantes à la notice que nous avons
donnée. Depuis 1808, année de son début sur le théâtre
du Vaudeville, M. Théaulon a composé seul ou en socié
té plus de deux cent cinquante ouvrages. Tous les théâtres
de Paris lui ont dû des succès. Les compositeurs les plus
célèbres ont écrit sur ses poèmes : MM. Chérubini, la Rei
ne blanche, représentée à la cour; Carafa, Jeanne d’Arc;
Boieldieu, Charles de Navarre, le Chaperon; Hérold, les
Rosières, le Roi et la ligue, la Clochette; Litz, un grand o-
péra, son début musical ; Spontini, un opéra en Allema
gne, etc., etc. Presque tous les auteurs dramatiques, ses
contemporains, ont été ses collaborateurs ; deux comédies
en cinq actes, en vers, représentées sur le second Théâ
tre-Français, l’Artiste ambitieux et l’Indiscret, et surtout la
première, avaient prouvé que Théaulon était bien supé
rieur aux genres secondaires : une élégance, une facilité
de style remarquables faisaient espérer en lui un auteur
comique distingué. Le second Théâtre-Français anéan
ti, Théaulon fut condamné au vaudeville ; il y porta
une imagination vive, riante, une gaîté soutenue, de bon
ton et de bon goût. Jamais il ne donna dans les excès qui,
trop souvent, ont déshonoré nos théâtres de genres, et l’on
peut remarquer jusque dans ses moindres esquisses une
pensée originale et piquante. Théaulon a travaillé pres
que jusqu’au moment où il s’est affaissé, miné par la con
somption. Son dernier ouvrage, l’Ingénue de Paris, a été
représenté hier sur le théâtre du Vaudeville. Le souci de
l’auteur dramatique, la crainte d’un revers a été sa der
nière préoccupation ! L’auteur de tant d’ouvrages qui ont
enrichi tant de directeurs, poussant plus loin qu’aucun
autre ce désintéressement, cette incurie des affaires, défaut
ordinaire des hommes de lettres, après avoir gagné des
sommes énormes, ne laisse rien que son nom à une veuve
modèle de dévoûment. Le service funèbre de Théaulon a
eu lieu à St-Roch. Plus de 150 hommes de lettres, direc
teurs de théâtres ou artistes dramatiques, témoignaient par
leur présence des sentimens d’estime et d’affection qu’avait
su inspirer le défunt. Presque tous ont suivi le convoi jus
qu’au cimetière Montmartre, où M, Lesguillon a prononcé
un discours sur le bord de la tombe de son collaborateur.
M. Dormeuil a dit quelques mots, au nom des directeurs
de théâtres de Paris.
— Le théâtre de la Porte-St-Martin ne sera pas en reste
d’activité à l’égard de ses confrères. Ce dont il s’occupe
fera du bruit, et, ce qui est meilleur, des recettes. — Par
la corbleu !
— Paul et Virginie, drame populaire avant que de naî
tre, sera représenté, ce soir, à l'Ambigu-Comique. Autant
dire que deux cent mille francs vont entrer dans la caisse
de M. Béraud.
— Que n’imagine-t-on pas aujourd’hui? Un mécani
cien vient d’inventer un piano qui imprime les notes à me
sure que les doigts les exécutent. On parle aussi beaucoup
d’un clavier typographique qui ferait avec un seul hom
me, et en quelques heures, le travail d’un grand nombre
d’ouvriers compositeurs. En vérité, le siècle va trop vite,
il n'y a que les élus qui pourront le suivre !
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