Titre : L'Avenir : Journal de l'Ariège ["puis" Journal de la démocratie]
Auteur : Union ariégeoise. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Foix)
Date d'édition : 1922-08-31
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32707845q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 août 1922 31 août 1922
Description : 1922/08/31 (A47,N4022). 1922/08/31 (A47,N4022).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG09 Collection numérique : BIPFPIG09
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t53569554h
Source : Archives départementales de l'Ariège, 2PER21
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/10/2023
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47 année — Nc 4022
Jeudi-Dimanche 31 août-3 septembre 1922.
L7AVE NI
Le Nurxéro 1 ^ cent.
AIlONNEMENTE (Ariège).
Un nn 5 fr.
Six mois 3 »
Trois mois 2 »
Les autres départements 6 fr . i fr. et 2 fr. 30
Etranger, droit de poste en sus.
Annonces 1 fr. la ligne. — Réclamés 1 fr. 50
Annonces judiciairei 70 c la ligne.
JOURNAL DE
PARAISSANT
I, E
JEIJEI
E T
LE DIMANCHE
Administration : Imprimerie GADHAT Aîné, rue de la ïîistour.
L'AGENCE HAVàS, C2, rue de Richelieu, est. seule chargée, à Paris, de recevoir les Annonces
pour L'AVENIR
Adresser les lettres et manuscrits à l'imprimerie GADRAT Aîné à Foix.
Le Numéro rie cent.
LES ABONNEMENTS
sont payés d'avance par mandats
sur la poste
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Ils partent
des 1" et 16 de chaque mois.
Les manuscrits ne seront pas rendus.
BIBLIOGRAPHIE AR1ÉGE0ISE
Félix Pasquier. — Cartulaire de Mirepoix, 2 vol. gr. in-8°. Toulouse.
E. Privât, 1921.
Peu de cités ariégeoises auront, ces.temps derniers, occupé à l'instar
de Mirepoix le monde des lettres. Saint-Gaudérique, patrie du pétulant
aubergiste Cuntegril : c'est Mirepoix qui transparait dans le roman
alerte et spirituel de Raymond Escholier. Lisez 1 e Seigneur inconnu,
plus récemment paru et vous reconnaissez encore Mirepoix, sous le
vocable de Ravenne d'Oc. Dans l'ouvrage qui nous occupe,' Mirepoix se
nomme Mirepoix, car il ne s'agit plus de roman, mais d'histoire, et
M. Félix Pasquier n'a pas ■coutume je travestir le nom des villes, dont
il écrit les fastes. Il y est incidemment question des auberges et pour
ainsi dire des Cantegril du Moyen-Age, mais nul mystère ne règne au
sujet des seigneurs, les Lévis, dont l'actuel représentant, — 1 auteur
apprécié du Seigneur inconnu — a libéralement aidé à une aussi im¬
portante publication. M. Pasquier nous donne en effet deux volumes :
le plus gros est une collection de textes inédits, jadis réunis pour la
plupart dans un Cartulaire, autrement dit dans un recueil de chartes
manuscrites, échelonnées de 1207 à '1577, et relatives à l'histoire de la
maison de Lévis, de la ville et seigneurie de Mirepoix ; l'autre est une
Introduction historique, où M. Pasquier a indiqué,1 en un commentaire
suivi, l'intérêt des documents qu'il publie d'autre part, et c'est sur ce
volume que nous allons insister. « Nptre intention, dit l'auteur, n'est
pas de faire l'histoire de la seigneurie et de la ville de Mirepoix, pen¬
dant la période du treizième au seizième siècle. Nous vouions réunir et
grouper les renseignements qu'on peut extraire du cartulaire et des
annexes pour l'histoire générale et locale, pour l'étude des institutions
féodales et de l'organisation municipale dans la région de Mirepoix».
M. Pasquier précise ici à merveille quelle est la portée de son œuvre :
il se trouve qu'en s'en tenant aux limites du Cartulaire, il apporte une
contribution décisive non seulement à l'histoire de Mirepoix, mais à
celle du Moyen-Age en général et de la France féodale.
I
L'Introduction comporte deux parties : l'une montre l'enchaînement
des événements historiques dont la trace se trouve dans le Cartulaire,
l'autre étudie systématiquement les institutions de la terre de Mirepoix
dans la période envisagée.
Le point de départ est la croisade des Albigeois, qui implanta dans le
Midi Ja maison de Lévis, originaire d'une localité de 1 Ile-de-France,
aux environs de Rambouillet. Le second membre connu de cette famille,
le premier Gui, accourut, en 1208, à l'appel d'Innocent III dans 1 armée
de Simon de Montfort et sous le titre de maréchal il fut son principal
lieutenant. Dès le début de la conquête, Simon l'investit de Mirepoix,
enlevé à ses trente-cinq cô-s'eigneurs, hérétiques et vassaux du comte de
Foix. Après bien des vicissitudes, qui, momentanément, vers 1223, re¬
placèrent Mirepoix sous la domination des co-seigneurs, Lévis fut défi¬
nitivement confirmé dans la possession de son fief par la paix de Paris
du 12 avril 1229 entre la régente Blanche de Castille et le comte de
Toulouse. Gui de Lévis, désormais vassal direct du Roi, se trouvait
nanti d'un domaine féodal, ayant Mirepoix pour capitale et répondant
en somme à la vallée de l'Hers, depuis le Saint-Barthéleiny jusqu'à
Fanjeaux, des environs de Pamiers aux alentours de Limoux. 11 ne
restait plus qu a étouffer les derniers germes de l'hérésie. L'Inquisition
s'en chargea, mais quelques opérations militaires furent indispensables
pour réduire la petite noblesse cathare : le principal épisode, le fameux
siège de Montségur en 1244, permit à Gui de Lévis II de ressaisir le
château, alloué à son père, où les rebelles s'étaient réinstallés. Par la
suite, .on ne voit pas de soulèvement tenté, ni même préparé contre la
nouvelle maison seigneuriale. Son administration sage y contribue.
Elle-même s'attache de plus en plus au Midi ; le siècle qui a vu la guerre
des Albigeois n'est pas fini que les Lévis prennent femme dans la mai¬
son de Foix; peu après, renonçant à leur sépulture héréditaire, dans le
nord, ils font choix du couvent des Cordeliers, à Mirepoix, pour y dormir
leur sommeil suprême. Ainsi, ils savent faire oublier que la force les
imposa ; ils ne sont plus des intrus.
La période qui suit l'ère de la conquête n'est pas non plus sans diffi¬
cultés. Gui de Lévis III (1261-1299), un des plus remarquables seigneurs
de Mirepoix, sait y faire face et consolider son pouvoir. Il faut d'abord |
compter avec les suites de la guerre : pays dévasté, terres incultes, dé¬
population menaçante : le rendement des taxes seigneuriales s en ressent
et fléchit. Aux maux de la croisade, la fureur des éléments s ajoute :
ainsi, en 1279, la ville de Mirepoix est submergée par une inondation de
l'Hers* démesurément grossi. Gui III s'adonne à l'œuvre de reconstitu¬
tion. Imitant les plus éclairés de ses contemporains, il pratique une
politique de peuplement : pour attirer sur ses terres désertes des immi¬
grés, il les allèche par l'offre de libertés appréciables : deux de ces villes
nouvelles, qu'on appelait Bastides ou Sauvetés, s'élèvent sur son fief,
Lignairolles et Ribouisse. Des terres abandonnées, longtemps impro¬
ductives, sont remisés en culture. Il y a là, dans notre France du xiii»
siècle, pour grand nombre d'Etats féodaux, un effort qui n'est pas sans
analogies avec l'ultérieure colonisation des pays brandebourgfeois et
prussiens, sous 1 impulsion des llohenzollern. Après dix ans de zuines,
si Mirepoix se relève en un site nouveau, l'an 1289, c est qu aux sur¬
vivants du désastre, le seigneur, désireux de les retenir, a concédé, sur la
rive gauche de l'Hers, uu emplacement opportun, aux conditions les
plus gracieuses. Ces vassaux, attirés ou gardés, ne sont pas toujours do-
tçiles. Us cherchent à s'émanciper du pouvoir.seigneurial. Six ans avant
la catastrophe.de 1279, Mirepoix est, troublé par l'esprit de rébellion.
Gui III réprime l'agitation; mais eu bon politique, ii donne suite aux
revendications-les plus légitimes. A plusieurs reprises, il octroié'et
élargit des franchises, qui rendent plus-supportable la condition de Ses
sujets. En 1297, vèrs la fin de s'a vie, Gui III avait suffisamment affirmé
son prestige pour être appelé à arbitrer un conflit entré le comte de Foix
et le premier évéque de l'amiers.
L'œuvre de Gui III péchait cependant, sur un point essentiel, et ce
défaut de son œuvre suffisait à la ruiner lentement. Venus du nord, les
Lévis, laissant à leurs sujets le droit romain, continuaient d'observer la
coutume de Paris, qui admettait, en màtièrè de sucéè&sion, le partage
entre enfants. La terre de Lévis était menacée de démembrement. Il y
eut justement, en 1300, un partage entre les six héritiers de Gui III : .en
1329, la part des aînés est encore diminuée par la formation du fief de
Léran. On serait allé jusqu'à l'émiettement si, aussitôt après, le roi
Philippe VI de Valois n'eût permis aux Lévis d'adopter le droit romain,
qui cônsèrvait au profit des aînés l'unité du fief. Par'suite d'extinctions,
dans les branches cadettes, le fief se reconstitua peu à peu, mais sans
retrouver l'ampleur primitive. Le mal, néanmoins, était enrayé.
Peut-être les gens fie Mirepoix ont ils bénéficié de ces partages, qui
faisaient leurs seigneurs de moins en moins opulents ! Peut-être ceux-ci,
les deux premiers Jean, auraient-ils été, en toutes circonstances, domi¬
nés par des sentiments de générosité ! Toujours est-il que, de leur
temps, de 1300 à 1362, les concessions aux vassaux roturiers se multi¬
plient : la charte du 13 janvier 1305 prélude à une série de renoncia¬
tions ou de gracieusetés. Parfois quelques velléités de résistances, mais
c'est pour revenir aux transactions, sinon aux capitulations : ainsi lors-
qu'en 1326, les vassaux ont refusé l'aide aux jeunes coseigneurs Jean II
et Gaston faits chevaliers, c'est faiblesse, autant que bonté, convient
M. Pasquier. L'autorité de Jean II finit par être méconnue jusque dans
sa famille : son fils aîné se dresse contre lui et, découragé, il s'efface
devant le rebelle, qui devient maître en 1362.
Avec Jean II commence la période la plus désastreuse que le pays
ait connu depuis la croisade. La crise va durer un siècle et demi. Les
Lévis de ce temps ne sont pas des plus grands. Comment, avec leurs
faibles ressources, seraient-ils d'ailleurs-en état fiiéviter les misères qui
s'abattent sur la nation entière? La guerre, qu'on nommera guerre de
Cent ans, amène en 1355 la désolation de la contrée par où le Prince
Noir et l'armée anglaise* venant de ravager le Languedoc, regagnent la
Guyenne. Peu après, la p.aix deBrétigny de 1360rloin de ramener le calme,
abandonne les Français aux excès des mercenaires, formés en grandes
compagnies et opérant pour leur propre compte, plutôt que de renoncer
aux gains de la guerre. Ravagé par les Anglais, par les routiers, le pays
doit encore contribuer à des impôts exceptionnels : rançon du roi
Jean II, campagne qui éloigne vers la Castille les soldats indésirables,
siège des Pujols où quelques routiers récalcitrants, préférant ce côté-ci
dés Pyrénées, se sont barricadés, ce sont autant de prétextes pour
saigner les habitants. Puis, c'est la guerre entre Gastoù-Phébus et les
Armagnacs qui se répercute jusqu'à Mirepoix et', de père en fils, les
zizanies surgissent de nouveau dams.la npble famille! En grand nom'
bre, les familles émigreut vers la Catalogne et cet exode dépeuple fa
seigneurie au point qu'elle ne compte pas plus, en 1370, de. 789 feux.
Un siècle après, en 1476, Jean IV s'excusait encore envers le roi de ne
pouvoir remplir toutes ses obligations et il prouvait comme s'étaient
réduites toutes ses sources de revenus. Il est vrai que si l'on connaissait
alors des temps difficiles, c'étaient ceux d'après guerre et bientôt avec
rapidité le relèvement économique portait ses fruits. Lorsque finit le
xv» siècle, le même Jean IV et sou fils Jean V font figure de grands
seigneurs fastueux.
De ces temps d'épreuve, un souvenir subsistait, cependant, qui
amoindrissait l'importance politique des Lévis. En 1390, Roger-Ber¬
nard 1", l'un des seigneurs les plus affaiblis et les plus contestés,
sentant la désaffection grandir contre lui chez ses vassaux, avait offert
au roi Charles VI de tenir avec lui Mirepoix en paréage. Les rois,
désormais, n'y seraient pas seulement des suzerains : ils partage¬
raient avec les Lévis l'administration directe de la seigneurie et, en
guise de symbole, les armes de France s'accolèrent à celles des Lévis
sur les portes de la ville. M. Pasquier termine la première partie de son
introduction par l'historique du paréage. Deux remarques sont à rete¬
nir. D'abord, le goût des Mirapieiens pour ce régime et leur zèle à le
maintenir ; ce zèle va jusqu'aux sacrifices pécuniaires. Quand, embar¬
rassés dans leurs finances, les rois acceptent que les Lévis se rachètent
d'un paiéage proclamé éternel, les sujets se cotisent, offrent au roi la
somme déboursée pour qu'il désintéresse sur le champ les Lévis et
redevienne leur co-seigneur. Deux maitres, se gênant, faciles à opposer
l'un à l'autre, leur paraissaient moins à craindre qu'un maître unique.
Puis, c'est l'ardeur des gens de justice à défendre, plus jalousement que
le roi, les droits du pouvoir royal : quand, dans une heure de largesse
ou de faiblesse, le roi renonce au paréage, les remontrances des Parle¬
ments de Paris et de Toulouse, celles de la Chambre des Comptes lui
sont opposées et les cours se refusent à enregistrer ses édits. On en finit
en 1651-52. Louis XIV abrogea le paréage et les Parlements, qu'il
venait de réduire au silence à l'occasion de leur Fronde, ne soufflèrent
mot. Mais si Louis XIV renonçait à cette institution, c'est que la
royauté, en passe de devenir absolue, disposait de moyens plus efficaces
pour se faire obéir en tous lieux, même là où subsistait un ancien
seigneur féodal et, ni plus ni moins que les gens de Mirepoix, les Lévis
étaient devenus sujets. Le roi ne perdait donc rien à perdre son paréage.
II
Dans une deuxième partie, M. Pasquier a groupé tous les renseigne¬
ments, issus du Cartulaire, qui noqs instruisent sur les institutions de
la terre de Mirepoix du xiii» au xvi® siècle. Elles sont, en grande
partie, déterminées par une charte de 1207 concédée à la veille de la
Croisade par lesSu co-seigneùrs de l'époque: charte assez libérale, que
les Lévis conservèrent, à quoi l'on se réfère encore au xv» siôdle, et cela
prouveque la Croisade, funeste à la petite féodalité locale, nele fut point
à la bourgeoisie et à la population rurale. Leur régime ne fut pas
aggravé: nous avons même vu, qu'à maintes reprises, de nouvelles
franchisés leur furent accordées. Voici quelle fut la condition des
Mirapieiens.
La liberté individuelle est garantie contre les arrestations et déten¬
tions capricieuses. La propriété est inviolable : ceux qui délaissent
Mirepoix y peuvent conserver leurs terres : c'est au prix de formalités
sévères qu'un créancier requiert le droit de faire saisir les biens de son
débiteur.
Les droits féodaux sont nettement spécifiés, — ce qui préserve de
1 arbitraire. Le service militaire se réduit en pratique à l'envoi'quotidien
de 8 guetteurs dans le château seigneurial, où 25 hommes tenaient en
permanence garnison : il faut encore veiller sur les fortifications de la
ville elle-même, mais, au xve siècle, les vassaux se plaignent d'avoir
été contraints à faire campagne jusqu'à... Pamiers ou Mazères I Les
impôts directs, payables en argent, sont le cens et la taille, qui frappent
les biens, l'impôt personnel et, à titre exceptionnel, les aides au sei¬
gneur, s'il part pour la croisade, paye rançon, marie sa fille ainée ou
arme chevalier le premier de ses fils. L'agrier est acquitté en nature
par le prélèvement du septième de la récolte des champs. Les mutations
de propriété donnent lieu aux droits de lods et ventes, attestant l'émi-
nente propriété du seigneur sur toutes les terres de son fief : la confisca¬
tion punissait l'acquéreur qui n'aurait paà attendu son agrément pour
entrer en possession ; le seigneur peut, d'ailleurs, user de son droit de
prélation pour garder les immeubles dont on trafique, à condition de
restituer à l'acquéreur la somme déboursée. Enfin, il y a la banalité
qui s'applique au four où les gens de la ville, mais non les isolés, sont
tenus de cuire leur pain.
Les Lévis font encore argent de la leude, « redevance perçue sur les
marchandises circulant à travers la seigneurie ou apportées pour la
- vente Aux deux grandes foires d'avril ou de septembre, son revenu
devait être accru, mais il faut noter qu'en sont exemptés les articles
dont font usage les gens de Mirepoix ou de Laroque-d'Olmes. Le com¬
merce de la boucherie est libre, réserve faite des mesures de salubrité
publique : de même, finalement, le commerce du vin, ce qui n'est pas
l'usage des gouvernements actuels.
Les vassaux des Lévis bénéficient de droits d'usage en certaines
forêts : ils peùvent, en évitant certains abus, mener paître librement
leurs troupeaux et les faire transhumer. Le droit de chasse n'est pas ici,
comme on le croit d'habitude, un droit strictement seigneurial ; les vas¬
saux les plus roturiers y participent kirgement, et en 1273; sauf aux
abords du pont de Mirepoix et en certains viviers, la pêche est déclarée
libre.
Quels étaient, en face du seigneur, les représentants de Mirepoix?
Quatre consuls élus pour un an, à la. To.qs.samt, au suffrage universel ; huit
conseillers, choisiS-par eux, tes assistent, mais dàhs 'le's circonstances
graves, où s'engage l'avenir de la cité, ils convoquent, pour s'appuyer
sur eux, tout ou partie du corps des citoyens. Ils ont à compter avec un
baile, nommé par le seigneur pour les surveiller et qui s'ingère dans
l'administration municipale ; ils doivent encore négocier avec le séné¬
chal qui représente dans toute son étendue le maître du fief. Les consuls
ont souvent à faire preuve de courage civique dans la défense des droits
de leur cité.
La justice est rendue au nom du seigneur. Dans l'intérêt de ses finan¬
ces, les coupables sont surtout frappés d'amendes. A Mirepoix, les con¬
suls et le baile jugent en première instance au civil et au criminel, mais
on peut s'adresser dès l'abord et non seulement en appel au juge sei¬
gneurial, plus versé dans la science du droit et plus compétent. Les
consuls eux-mêmes s'adressent à lui pour qu'il obtienne du seigneur
certaines mesures de police. Ainsi, à la fin du xiv» siècle, ils lui dé.
noncent vertueusement une douzaine de dames joyeuses et peu honnestes,
qui induisent en tentation leurs administrés et jusqu'à des ecclésiastiques.
Une telle requête laisse croire que si l'adultère n'était pas énuméré parmi
les délits punissables, il n'en était pas moins pratiqué dans la vertdeuse
ville de Mirepoix.
*
* *
On trouve de la sorte dans le Cartulaire des traits de mœurs qui n'ont
pas moins d'intérêt que les événements politiques ou les institutions.
Sous toutes ses formes, l'histoire du Moyen Age s'enrichit et se précisé
au moyen de cette publication. Pour établir les textes sans ambi&uïté,
pour dégager leur commentaire en cette savante Introduction que nous
nous sommes plu à analyser, ce n'était pas trop que l'érudition reconnue
de M. Pasquier, et sa grande connaissance de ce qui touche le passé
médiéval de nos régions. On a plaisir à le signaler : l'exécution maté¬
rielle des deux ouvrages est aussi digne de l'auteur que de la vieille
maison d'édition Edouard Privât. Il y a un véritable charme à tourner
ces larges feuilles de papier parcheminé, où s'inscrivent des caractères
harmonieux et nets. Il y en a un autre à pénétrer leur sens et à suivre la
pensée de l'historien.
Il est-assez piquant de souligner que l'inexorable retraite atteignait
l'archiviste de la Haute-Garonne au moment où il faisait paraître cet
important ouvrage. C'est inaugurer à merveille une période de loisirs que
nous souhaitons longue, partant fructueuse dans l'intérêt de l'histoire du
Midi languedocien et du pays de Foix.
François GADRAT.
47 année — Nc 4022
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LE DIMANCHE
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Les manuscrits ne seront pas rendus.
BIBLIOGRAPHIE AR1ÉGE0ISE
Félix Pasquier. — Cartulaire de Mirepoix, 2 vol. gr. in-8°. Toulouse.
E. Privât, 1921.
Peu de cités ariégeoises auront, ces.temps derniers, occupé à l'instar
de Mirepoix le monde des lettres. Saint-Gaudérique, patrie du pétulant
aubergiste Cuntegril : c'est Mirepoix qui transparait dans le roman
alerte et spirituel de Raymond Escholier. Lisez 1 e Seigneur inconnu,
plus récemment paru et vous reconnaissez encore Mirepoix, sous le
vocable de Ravenne d'Oc. Dans l'ouvrage qui nous occupe,' Mirepoix se
nomme Mirepoix, car il ne s'agit plus de roman, mais d'histoire, et
M. Félix Pasquier n'a pas ■coutume je travestir le nom des villes, dont
il écrit les fastes. Il y est incidemment question des auberges et pour
ainsi dire des Cantegril du Moyen-Age, mais nul mystère ne règne au
sujet des seigneurs, les Lévis, dont l'actuel représentant, — 1 auteur
apprécié du Seigneur inconnu — a libéralement aidé à une aussi im¬
portante publication. M. Pasquier nous donne en effet deux volumes :
le plus gros est une collection de textes inédits, jadis réunis pour la
plupart dans un Cartulaire, autrement dit dans un recueil de chartes
manuscrites, échelonnées de 1207 à '1577, et relatives à l'histoire de la
maison de Lévis, de la ville et seigneurie de Mirepoix ; l'autre est une
Introduction historique, où M. Pasquier a indiqué,1 en un commentaire
suivi, l'intérêt des documents qu'il publie d'autre part, et c'est sur ce
volume que nous allons insister. « Nptre intention, dit l'auteur, n'est
pas de faire l'histoire de la seigneurie et de la ville de Mirepoix, pen¬
dant la période du treizième au seizième siècle. Nous vouions réunir et
grouper les renseignements qu'on peut extraire du cartulaire et des
annexes pour l'histoire générale et locale, pour l'étude des institutions
féodales et de l'organisation municipale dans la région de Mirepoix».
M. Pasquier précise ici à merveille quelle est la portée de son œuvre :
il se trouve qu'en s'en tenant aux limites du Cartulaire, il apporte une
contribution décisive non seulement à l'histoire de Mirepoix, mais à
celle du Moyen-Age en général et de la France féodale.
I
L'Introduction comporte deux parties : l'une montre l'enchaînement
des événements historiques dont la trace se trouve dans le Cartulaire,
l'autre étudie systématiquement les institutions de la terre de Mirepoix
dans la période envisagée.
Le point de départ est la croisade des Albigeois, qui implanta dans le
Midi Ja maison de Lévis, originaire d'une localité de 1 Ile-de-France,
aux environs de Rambouillet. Le second membre connu de cette famille,
le premier Gui, accourut, en 1208, à l'appel d'Innocent III dans 1 armée
de Simon de Montfort et sous le titre de maréchal il fut son principal
lieutenant. Dès le début de la conquête, Simon l'investit de Mirepoix,
enlevé à ses trente-cinq cô-s'eigneurs, hérétiques et vassaux du comte de
Foix. Après bien des vicissitudes, qui, momentanément, vers 1223, re¬
placèrent Mirepoix sous la domination des co-seigneurs, Lévis fut défi¬
nitivement confirmé dans la possession de son fief par la paix de Paris
du 12 avril 1229 entre la régente Blanche de Castille et le comte de
Toulouse. Gui de Lévis, désormais vassal direct du Roi, se trouvait
nanti d'un domaine féodal, ayant Mirepoix pour capitale et répondant
en somme à la vallée de l'Hers, depuis le Saint-Barthéleiny jusqu'à
Fanjeaux, des environs de Pamiers aux alentours de Limoux. 11 ne
restait plus qu a étouffer les derniers germes de l'hérésie. L'Inquisition
s'en chargea, mais quelques opérations militaires furent indispensables
pour réduire la petite noblesse cathare : le principal épisode, le fameux
siège de Montségur en 1244, permit à Gui de Lévis II de ressaisir le
château, alloué à son père, où les rebelles s'étaient réinstallés. Par la
suite, .on ne voit pas de soulèvement tenté, ni même préparé contre la
nouvelle maison seigneuriale. Son administration sage y contribue.
Elle-même s'attache de plus en plus au Midi ; le siècle qui a vu la guerre
des Albigeois n'est pas fini que les Lévis prennent femme dans la mai¬
son de Foix; peu après, renonçant à leur sépulture héréditaire, dans le
nord, ils font choix du couvent des Cordeliers, à Mirepoix, pour y dormir
leur sommeil suprême. Ainsi, ils savent faire oublier que la force les
imposa ; ils ne sont plus des intrus.
La période qui suit l'ère de la conquête n'est pas non plus sans diffi¬
cultés. Gui de Lévis III (1261-1299), un des plus remarquables seigneurs
de Mirepoix, sait y faire face et consolider son pouvoir. Il faut d'abord |
compter avec les suites de la guerre : pays dévasté, terres incultes, dé¬
population menaçante : le rendement des taxes seigneuriales s en ressent
et fléchit. Aux maux de la croisade, la fureur des éléments s ajoute :
ainsi, en 1279, la ville de Mirepoix est submergée par une inondation de
l'Hers* démesurément grossi. Gui III s'adonne à l'œuvre de reconstitu¬
tion. Imitant les plus éclairés de ses contemporains, il pratique une
politique de peuplement : pour attirer sur ses terres désertes des immi¬
grés, il les allèche par l'offre de libertés appréciables : deux de ces villes
nouvelles, qu'on appelait Bastides ou Sauvetés, s'élèvent sur son fief,
Lignairolles et Ribouisse. Des terres abandonnées, longtemps impro¬
ductives, sont remisés en culture. Il y a là, dans notre France du xiii»
siècle, pour grand nombre d'Etats féodaux, un effort qui n'est pas sans
analogies avec l'ultérieure colonisation des pays brandebourgfeois et
prussiens, sous 1 impulsion des llohenzollern. Après dix ans de zuines,
si Mirepoix se relève en un site nouveau, l'an 1289, c est qu aux sur¬
vivants du désastre, le seigneur, désireux de les retenir, a concédé, sur la
rive gauche de l'Hers, uu emplacement opportun, aux conditions les
plus gracieuses. Ces vassaux, attirés ou gardés, ne sont pas toujours do-
tçiles. Us cherchent à s'émanciper du pouvoir.seigneurial. Six ans avant
la catastrophe.de 1279, Mirepoix est, troublé par l'esprit de rébellion.
Gui III réprime l'agitation; mais eu bon politique, ii donne suite aux
revendications-les plus légitimes. A plusieurs reprises, il octroié'et
élargit des franchises, qui rendent plus-supportable la condition de Ses
sujets. En 1297, vèrs la fin de s'a vie, Gui III avait suffisamment affirmé
son prestige pour être appelé à arbitrer un conflit entré le comte de Foix
et le premier évéque de l'amiers.
L'œuvre de Gui III péchait cependant, sur un point essentiel, et ce
défaut de son œuvre suffisait à la ruiner lentement. Venus du nord, les
Lévis, laissant à leurs sujets le droit romain, continuaient d'observer la
coutume de Paris, qui admettait, en màtièrè de sucéè&sion, le partage
entre enfants. La terre de Lévis était menacée de démembrement. Il y
eut justement, en 1300, un partage entre les six héritiers de Gui III : .en
1329, la part des aînés est encore diminuée par la formation du fief de
Léran. On serait allé jusqu'à l'émiettement si, aussitôt après, le roi
Philippe VI de Valois n'eût permis aux Lévis d'adopter le droit romain,
qui cônsèrvait au profit des aînés l'unité du fief. Par'suite d'extinctions,
dans les branches cadettes, le fief se reconstitua peu à peu, mais sans
retrouver l'ampleur primitive. Le mal, néanmoins, était enrayé.
Peut-être les gens fie Mirepoix ont ils bénéficié de ces partages, qui
faisaient leurs seigneurs de moins en moins opulents ! Peut-être ceux-ci,
les deux premiers Jean, auraient-ils été, en toutes circonstances, domi¬
nés par des sentiments de générosité ! Toujours est-il que, de leur
temps, de 1300 à 1362, les concessions aux vassaux roturiers se multi¬
plient : la charte du 13 janvier 1305 prélude à une série de renoncia¬
tions ou de gracieusetés. Parfois quelques velléités de résistances, mais
c'est pour revenir aux transactions, sinon aux capitulations : ainsi lors-
qu'en 1326, les vassaux ont refusé l'aide aux jeunes coseigneurs Jean II
et Gaston faits chevaliers, c'est faiblesse, autant que bonté, convient
M. Pasquier. L'autorité de Jean II finit par être méconnue jusque dans
sa famille : son fils aîné se dresse contre lui et, découragé, il s'efface
devant le rebelle, qui devient maître en 1362.
Avec Jean II commence la période la plus désastreuse que le pays
ait connu depuis la croisade. La crise va durer un siècle et demi. Les
Lévis de ce temps ne sont pas des plus grands. Comment, avec leurs
faibles ressources, seraient-ils d'ailleurs-en état fiiéviter les misères qui
s'abattent sur la nation entière? La guerre, qu'on nommera guerre de
Cent ans, amène en 1355 la désolation de la contrée par où le Prince
Noir et l'armée anglaise* venant de ravager le Languedoc, regagnent la
Guyenne. Peu après, la p.aix deBrétigny de 1360rloin de ramener le calme,
abandonne les Français aux excès des mercenaires, formés en grandes
compagnies et opérant pour leur propre compte, plutôt que de renoncer
aux gains de la guerre. Ravagé par les Anglais, par les routiers, le pays
doit encore contribuer à des impôts exceptionnels : rançon du roi
Jean II, campagne qui éloigne vers la Castille les soldats indésirables,
siège des Pujols où quelques routiers récalcitrants, préférant ce côté-ci
dés Pyrénées, se sont barricadés, ce sont autant de prétextes pour
saigner les habitants. Puis, c'est la guerre entre Gastoù-Phébus et les
Armagnacs qui se répercute jusqu'à Mirepoix et', de père en fils, les
zizanies surgissent de nouveau dams.la npble famille! En grand nom'
bre, les familles émigreut vers la Catalogne et cet exode dépeuple fa
seigneurie au point qu'elle ne compte pas plus, en 1370, de. 789 feux.
Un siècle après, en 1476, Jean IV s'excusait encore envers le roi de ne
pouvoir remplir toutes ses obligations et il prouvait comme s'étaient
réduites toutes ses sources de revenus. Il est vrai que si l'on connaissait
alors des temps difficiles, c'étaient ceux d'après guerre et bientôt avec
rapidité le relèvement économique portait ses fruits. Lorsque finit le
xv» siècle, le même Jean IV et sou fils Jean V font figure de grands
seigneurs fastueux.
De ces temps d'épreuve, un souvenir subsistait, cependant, qui
amoindrissait l'importance politique des Lévis. En 1390, Roger-Ber¬
nard 1", l'un des seigneurs les plus affaiblis et les plus contestés,
sentant la désaffection grandir contre lui chez ses vassaux, avait offert
au roi Charles VI de tenir avec lui Mirepoix en paréage. Les rois,
désormais, n'y seraient pas seulement des suzerains : ils partage¬
raient avec les Lévis l'administration directe de la seigneurie et, en
guise de symbole, les armes de France s'accolèrent à celles des Lévis
sur les portes de la ville. M. Pasquier termine la première partie de son
introduction par l'historique du paréage. Deux remarques sont à rete¬
nir. D'abord, le goût des Mirapieiens pour ce régime et leur zèle à le
maintenir ; ce zèle va jusqu'aux sacrifices pécuniaires. Quand, embar¬
rassés dans leurs finances, les rois acceptent que les Lévis se rachètent
d'un paiéage proclamé éternel, les sujets se cotisent, offrent au roi la
somme déboursée pour qu'il désintéresse sur le champ les Lévis et
redevienne leur co-seigneur. Deux maitres, se gênant, faciles à opposer
l'un à l'autre, leur paraissaient moins à craindre qu'un maître unique.
Puis, c'est l'ardeur des gens de justice à défendre, plus jalousement que
le roi, les droits du pouvoir royal : quand, dans une heure de largesse
ou de faiblesse, le roi renonce au paréage, les remontrances des Parle¬
ments de Paris et de Toulouse, celles de la Chambre des Comptes lui
sont opposées et les cours se refusent à enregistrer ses édits. On en finit
en 1651-52. Louis XIV abrogea le paréage et les Parlements, qu'il
venait de réduire au silence à l'occasion de leur Fronde, ne soufflèrent
mot. Mais si Louis XIV renonçait à cette institution, c'est que la
royauté, en passe de devenir absolue, disposait de moyens plus efficaces
pour se faire obéir en tous lieux, même là où subsistait un ancien
seigneur féodal et, ni plus ni moins que les gens de Mirepoix, les Lévis
étaient devenus sujets. Le roi ne perdait donc rien à perdre son paréage.
II
Dans une deuxième partie, M. Pasquier a groupé tous les renseigne¬
ments, issus du Cartulaire, qui noqs instruisent sur les institutions de
la terre de Mirepoix du xiii» au xvi® siècle. Elles sont, en grande
partie, déterminées par une charte de 1207 concédée à la veille de la
Croisade par lesSu co-seigneùrs de l'époque: charte assez libérale, que
les Lévis conservèrent, à quoi l'on se réfère encore au xv» siôdle, et cela
prouveque la Croisade, funeste à la petite féodalité locale, nele fut point
à la bourgeoisie et à la population rurale. Leur régime ne fut pas
aggravé: nous avons même vu, qu'à maintes reprises, de nouvelles
franchisés leur furent accordées. Voici quelle fut la condition des
Mirapieiens.
La liberté individuelle est garantie contre les arrestations et déten¬
tions capricieuses. La propriété est inviolable : ceux qui délaissent
Mirepoix y peuvent conserver leurs terres : c'est au prix de formalités
sévères qu'un créancier requiert le droit de faire saisir les biens de son
débiteur.
Les droits féodaux sont nettement spécifiés, — ce qui préserve de
1 arbitraire. Le service militaire se réduit en pratique à l'envoi'quotidien
de 8 guetteurs dans le château seigneurial, où 25 hommes tenaient en
permanence garnison : il faut encore veiller sur les fortifications de la
ville elle-même, mais, au xve siècle, les vassaux se plaignent d'avoir
été contraints à faire campagne jusqu'à... Pamiers ou Mazères I Les
impôts directs, payables en argent, sont le cens et la taille, qui frappent
les biens, l'impôt personnel et, à titre exceptionnel, les aides au sei¬
gneur, s'il part pour la croisade, paye rançon, marie sa fille ainée ou
arme chevalier le premier de ses fils. L'agrier est acquitté en nature
par le prélèvement du septième de la récolte des champs. Les mutations
de propriété donnent lieu aux droits de lods et ventes, attestant l'émi-
nente propriété du seigneur sur toutes les terres de son fief : la confisca¬
tion punissait l'acquéreur qui n'aurait paà attendu son agrément pour
entrer en possession ; le seigneur peut, d'ailleurs, user de son droit de
prélation pour garder les immeubles dont on trafique, à condition de
restituer à l'acquéreur la somme déboursée. Enfin, il y a la banalité
qui s'applique au four où les gens de la ville, mais non les isolés, sont
tenus de cuire leur pain.
Les Lévis font encore argent de la leude, « redevance perçue sur les
marchandises circulant à travers la seigneurie ou apportées pour la
- vente Aux deux grandes foires d'avril ou de septembre, son revenu
devait être accru, mais il faut noter qu'en sont exemptés les articles
dont font usage les gens de Mirepoix ou de Laroque-d'Olmes. Le com¬
merce de la boucherie est libre, réserve faite des mesures de salubrité
publique : de même, finalement, le commerce du vin, ce qui n'est pas
l'usage des gouvernements actuels.
Les vassaux des Lévis bénéficient de droits d'usage en certaines
forêts : ils peùvent, en évitant certains abus, mener paître librement
leurs troupeaux et les faire transhumer. Le droit de chasse n'est pas ici,
comme on le croit d'habitude, un droit strictement seigneurial ; les vas¬
saux les plus roturiers y participent kirgement, et en 1273; sauf aux
abords du pont de Mirepoix et en certains viviers, la pêche est déclarée
libre.
Quels étaient, en face du seigneur, les représentants de Mirepoix?
Quatre consuls élus pour un an, à la. To.qs.samt, au suffrage universel ; huit
conseillers, choisiS-par eux, tes assistent, mais dàhs 'le's circonstances
graves, où s'engage l'avenir de la cité, ils convoquent, pour s'appuyer
sur eux, tout ou partie du corps des citoyens. Ils ont à compter avec un
baile, nommé par le seigneur pour les surveiller et qui s'ingère dans
l'administration municipale ; ils doivent encore négocier avec le séné¬
chal qui représente dans toute son étendue le maître du fief. Les consuls
ont souvent à faire preuve de courage civique dans la défense des droits
de leur cité.
La justice est rendue au nom du seigneur. Dans l'intérêt de ses finan¬
ces, les coupables sont surtout frappés d'amendes. A Mirepoix, les con¬
suls et le baile jugent en première instance au civil et au criminel, mais
on peut s'adresser dès l'abord et non seulement en appel au juge sei¬
gneurial, plus versé dans la science du droit et plus compétent. Les
consuls eux-mêmes s'adressent à lui pour qu'il obtienne du seigneur
certaines mesures de police. Ainsi, à la fin du xiv» siècle, ils lui dé.
noncent vertueusement une douzaine de dames joyeuses et peu honnestes,
qui induisent en tentation leurs administrés et jusqu'à des ecclésiastiques.
Une telle requête laisse croire que si l'adultère n'était pas énuméré parmi
les délits punissables, il n'en était pas moins pratiqué dans la vertdeuse
ville de Mirepoix.
*
* *
On trouve de la sorte dans le Cartulaire des traits de mœurs qui n'ont
pas moins d'intérêt que les événements politiques ou les institutions.
Sous toutes ses formes, l'histoire du Moyen Age s'enrichit et se précisé
au moyen de cette publication. Pour établir les textes sans ambi&uïté,
pour dégager leur commentaire en cette savante Introduction que nous
nous sommes plu à analyser, ce n'était pas trop que l'érudition reconnue
de M. Pasquier, et sa grande connaissance de ce qui touche le passé
médiéval de nos régions. On a plaisir à le signaler : l'exécution maté¬
rielle des deux ouvrages est aussi digne de l'auteur que de la vieille
maison d'édition Edouard Privât. Il y a un véritable charme à tourner
ces larges feuilles de papier parcheminé, où s'inscrivent des caractères
harmonieux et nets. Il y en a un autre à pénétrer leur sens et à suivre la
pensée de l'historien.
Il est-assez piquant de souligner que l'inexorable retraite atteignait
l'archiviste de la Haute-Garonne au moment où il faisait paraître cet
important ouvrage. C'est inaugurer à merveille une période de loisirs que
nous souhaitons longue, partant fructueuse dans l'intérêt de l'histoire du
Midi languedocien et du pays de Foix.
François GADRAT.
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