Titre : Combat : organe du Mouvement de libération française
Auteur : Combat (France). Auteur du texte
Éditeur : Combat (Paris)
Éditeur : Centre de formation des journalistesCentre de formation des journalistes (Paris)
Date d'édition : 1954-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34501455d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1954 01 février 1954
Description : 1954/02/01 (A13,N2980). 1954/02/01 (A13,N2980).
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Languedoc-Roussillon
Description : Collection numérique : Collections de Montpellier... Collection numérique : Collections de Montpellier Méditerranée Métropole
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t516851q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES-G-1470 (68)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/10/2021
TOMBAT
LE JOURNAL DE PARIS
Do la Résistance à la Révolution
—!
D « L..
L
0 CT 1954
$UND1 1 er FEVRIER 1954 - 13‘ année - N° 2.980
★ *
Le n" 15 fr. - Afriq. Nord et Corse, 16 fr. - Esp. 2 pes.
123, rue Montmartre, Paris (2‘)
Téléphone : CENtral 81*11
deuxième semaine de la Conférence des « 4 »
Les thèses de Moscou et des «3»
s’affrontent sur l’Allemagne
$t Voptimisme qui régnait à Berlin, s’estompe
(De notre envoyé spécial François COURTET)
B ERLIN, 31 janvier (par téléphone). — Après la séance de samedi, qui se ressen
tait dé l’engourdissement du climat général, la semaine qui va s’ouvrir verra les
Quatre aux prises avec des oppositions concrètes et apparemment insurmontables.
Ils vont parler de l’Allemagne, sujet pour lequel ils étaient surtout venus à Berlin.
Voici deux jours on pouvait juger possible une conciliation. Mais le plan Eden a été
publié et le plan Molotov s’exprime dans le long mémorandum que M. Grotewohl a
L'AVOCAT DES
ROSENBERG
TROUVÉ MORT A
SON DOMICILE
Accident, disent les dépêches
{muettes sur les circonstances
U NE dépêche
cinq lignes
d’agence en
a appris au
inonde la mort de IVF Emma
nuel Bloch, défenseur des Ro
senberg. L’avocat a été trouvé
sans vie dans sa salle de bains,
et les informations officielles
parlent d’accident, sans donner
le moindre détail justifiant cette
thèse.
Les Rosenberg morts, une pro
pagande bien orchestrée leur a
attribué des crimes que l’accu
sation ne leur avait même pas
reprochés. Devant le vide du
dossier, il fallait inventer
mieux. Ils avaient volé la bom
be à hydrogène, avant que cel
le-ci n'existât... Ils avaient, se
lon le triste Mac Carthy et son
« témoin » David Greenglass,
dirigé un réseau d’espionnage à
Fort-Monmouth plus de trois
ans après leur arrestation...
Mais cela ne suffisait pas : les
croisés du maccarthysme pen
saient aux deux enfants, Mi.
chael et Robby, dont les Ro
senberg avaient confié dans
leurs dernières volontés la gar
de à M* Emmanuel Bloch.
Il fallait — paràît-il — arra
cher les enfants à l’influence
de ce dernier, pour les confier
à une institution publique «bien
pensante », afin de les élever
dans la haine de leurs parents.
Mais le défenseur d’Ethel et
de Julius Rosenberg était de
bout et luttait. Il avait fait face
presque seul au déchaînement
des passions. Il était de trop, il
gênait...
Au mois de juillet dernier, le
Barreau de New-York déposait
contre lui une plainte pour le
faire radier de l’Ordre des avo
cats. Le prétexte invoqué était
les paroles qu’il avait pronon
cées à l’enterrement des Rosen
berg, paroles qui plaçaient for
mellement sur la tête du Prési
dent Eisenhower, de son minis
tre de la Justice et du chef du
F.B.I. la responsabilité du meur
tre des Rosenberg.
Mais le prétexte invoqué
n’était même pas valable en
droit américain : s’il y a, en
effet, en France et en Angle
terre des lois qui répriment les
insultes au chef de l’Etat, ces
lois ne sont justifiées que par
le fait que le chef de l’Etat n’a
pas la responsabilité du gou
vernement. Mais, aux Etats
Unis, le Président est non seu
lement le chef de l’Exécutif,
mais le chef du gouvernément,
et ses actions peuvent, à ce tl-
( SUITE PAGE 8, COLONNE 7)
LE 6 FEVRIER...
Une date ?
bn sursaut nationaliste ?
mort de la lll' République?
Des émeutes sanglantes...
QUOI S AGIT-IL
EXACTEMENT ?
Vous le saurez, en lisant
les révélations sensationnelles sur
LES JOURNEES TRAGIQUES
DE FEVRIER 1934
qui paraissent
dans le numéro de Février de
MIROIR DE L'HISTOIRE
lin grand historien explique l'événe
ment :
UNE REVOLUTION SANS CHEF
par BEAU DE LOMEN1E
Un grand journaliste dit ce qu'il
a ru :
SOIRS D'EMEUTE A PARIS
par Pierre DOMINIQUE
Dans le même numéro :
LE DRAME DU « SHARNHORST »
par Georges B'iond
et 10 autres textes originaux illustrés
de 60 documents de classe rare.
REVUE SANS EGALE,
MIROIR DE L'HISTOIRE
ne publie que de l’inédit
128 pages illustrées
En vente partout : 80 francs
fait remettre au ministre des
Affaires étrangères soviétiques
Ils ne partent pas du même
principe. On le savait depuis
longtemps. Quand l’Ouest de
mande des élections libres pour
première opération de la réuni
fication l’Est pose qu’il faut
commencer par convoquer une
conférence de la paix où siége
ront les représentants d’un gou
vernement provisoire allemand.
Etant donné le contexte dans le
quel s’inscrivirent ces prises de
positions, elles paraissent fort
peu susceptibles de compromis.
Vendredi on pouvait croire en
core — et nous nous étions fait
l’écho de cette opinion — qu’un
échange de concessions était pos
sible entre M. Molotov et les
Trois sur des sujets totalement
différents les uns des autres. A
présent on peut très fortement
en douter.
D’autant plus que l’entretien
Dulles-Molotov de samedi soir qui
c o n t inuent les pourparlers
Dulles-Zaroubine à Washington
aurait abouti à une conclusion
ambiguë : les deux ministres au
raient décidé de n’avoir plus
qu’une seule rencontre sur le
terrain de l’agence atomique. Ce
la signifie-t-il qu’ils considèrent
qu’aucun accord n’est possible
entre eux ? Ou au contraire
qu’ils estiment avoir à peu près
fixé la procédure des négocia
tions ultérieures sur le fond où
pourraient entrer d’autres puis
sances que l’U. R. S. S. et les
Etats-Unis ?
Dans le secteur oriental
Demain, la conférence se trans
fère en secteur oriental chez M.
Semionov, ambassadeur soviéti
que près de M. Grotewohl. Les
Quatre siégeront autour d’une
table ronde, sans microphones,
ni écouteurs, ni cabines de tra
ducteurs. Il faut voir là l’indice
de séances très longues puisque
les traductions seront successi
ves et non partiellement simulta
nées. Les nerfs des assistants s’y
lasseront plus vite et ceux des
journalistes qui devront atten
dre très tard les premiers comp-
(SUITE PAGE 4, COLONNE 1)
Après l'échec de Fanfani
LA DÉMOCRATIE
CHRÉTIENNE
DEVRA CHOISIR
entre la droite et la gauche
(De notre correspondant
particulier Daniel GARRIC)
R OME, 31 janvier. — Comme
le faisait remarquer un ob
servateur malicieux après la
chute du gouvernement Fanfani,
il reste encore 258 solutions pos
sibles pour résoudre la crise qui
dure depuis le 7 juin, c’est-à-dire
depuis les élections : 258 députés
démocrates-chrétiens n’ont pas
encore été appelés à former le
gouvernement. Une semaine cha
cun, comme M. Fanfani, et on
peut arriver jusqu'aux élections.
Cette boutade illustre assez bien
la situation politique en Italie à
l’heure actuelle.
Un contre tous
A Berlin, MM. Molotov, I^i-
dault, Eden, Foster Dulles es
saient, tant bien que mal, de
trouver un « modus vivendi » en
tre l’Ouest et l’Est. A Rome, M.
Amintore Fanfani, officiellement
leader de la fraction gauche de
la démocratie-chrétienne, présente
son gouvernement à la Chambre
en déclarant d’emblée qu’il n’ac
ceptera pas les éventuelles voix
des socialistes ou communistes, ni
même leur abstention. Il est d’ail
leurs juste d’ajouter que, si M.
Pietro Nenni et ses 74 socialistes
communisants avaient pensé un
instant favoriser par leur neutra
lité un gouvernement Fanfani, le
ton de ce dernier et le contenu de
(SUITE PAGE 4, COLONNE 6)
Tandis que le Vietminh augmente ses attaques dans le Delta
Mesures de sécurité
intensifiées à Hanoï
H ANOI, 31 janvier. — L’état-major annonce que les troupes viet
minh intensifient leurs attaques contre les postes faiblement
occupés du delta du fleuve Rouge. Le porte-parole précise qu’une
demi-douzaine de postes ont été attaqués cette nuit mais que toutes
les attaques ont été repoussées. Ces opérations ont coûté à l’ennemi
72 morts et 15 prisonniers.
L’activité du Vietminh est en
grande partie concentrée dans les
secteurs de Ninh-Binh et Thaï-
Binh où il continue à infiltrer
dans le delta des éléments appar
tenant, croit-on, à la division 320,
dont les Français avaient annon
cé la mise hors de combat en no
vembre à l’extérieur de la bor
dure sud du delta.
Outre les assauts directs, le
Vietminh maintient fréquem
ment les postes sous le feu de ses
mortiers. Le poste de Dao-Dong,
au nord de Thaï-Binh, a repous
sé quatre attaques consécutives.
Il semble que cette activité re
doublée, dans le delta, ait pour
but d’empêcher les Français d’en
faire sortir des troupes en cas de
besoin ailleurs.
A Hanoï, la police a intensifié
les mesures de sécurité afin de
prévenir les attentats possibles,
à l’occasion des fêtes du Tet, qui
commencent demain. Les autori
tés vietnamiennes ont annoncé
pour le Nouvel An la libération
de mille prisonniers de guerre.
(Lire nos informations en page 5)
APRÈS LA JOURNÉE REVENDICATIVE jrpyjs^
JAMBE DE
« Grève générale de
24 h.» propose la CGT
T ANDIS qu’à F.O. on se bornait à se féliciter du succès
de la fournée revendicative de vendredi dernier et à
'proclamer les objectifs « atteints », tandis qu’à la CF
TC on envisageait de reprendre bientôt l’action « sous une
forme différente et plus efficace », la CGT proclamait dans
un communiqué son dessein de préparer dès maintenant
une grève générale de 24 heures.
La centrale cégétiste va donc
SUR
BOIS
par Jacques DUBOIN
être amenée à reprendre contact
avec les autres centrales pour
l’organisation de cette journée.
On ne s’attend pas que de ces
pourparlers surgisse l’unité d’ac
tion, objectif numéro un de la
C. G. T. Il est toutefois possible ,
sinon vraisemblable, que les
confédérations chrétienne et au
tonome pourraient accepter une
sorte d’action « synchronisée »,
destinée à fléchir l’immobilisme
gouvernemental et à vaincre l’op
position patronale. Le C.N.P.F.
vient en effet de proclamer, une
nouvelle fois, son hostilité à une
revalorisation généralisée des
salaires et les P.M.E. feront sans
doute aujourd’hui une déclara
tion similaire.
Dans ces conditions une recru
descence des actions revendica
tives parait inévitable au court,
des semaines prochaines.
Nouvelle étape de l'action.
« Sûr (le répondre au profond
sentiment de l’ensemble des
travailleurs, le bureau de la
C.G.T., déclare un communiqué
diffusé par cette organisation,
soumettra à l’examen de la réu
nion commune de la commis
sion administrative et des se
crétaires des Fédérations d’in
dustrie qui aura lieu le- jeudi
4 février la proposition de pré
parer une grève générale de
vingt-quatre heures, comme une
nouvelle étape de l’action enga
gée en vue d'obtenir du gouver
nement qu'il fixe le salaire mi
nimum garanti à 25. iGG francs
net, pour 173 heures par mois,
sans abattement de zones, com
me l’a demandé la Commission
supérieure des conventions col
lectives. »
Le bureau de la C.G.T. justi
fie sa proposition, d'une part,
par le fait que « la journée du
29 janvier a marqué une volon
té très grande de l'ensemble des
salariés d’obtenir satisfac
tion... » et. d’autre part, par
l’attitude de M. Edgar Faure
qui <( a fait connaître à la délé
gation de la C.G.T. son opposi
tion à toute augmentation quel
conque du salaire minimum ga
ranti et à toute augmentation
générale des salaires et traite
ments... »
Le bureau de la C.G.T. esti
me. par ailleurs, que « de nou
velles et meilleures conditions
ont été créées pour poursuivre
la lutte avec plus d’efficacité et
assurer la victoire de la classe
ouvrière... »
Les réactions syndicales
Nous donnons, ci-dessous, des
extraits des déclarations faites
à la presse par MM. Maurice
Bouladoux, président de la C.F.
T.C., et Robert Bothereau, se
crétaire général de la C.G.T.-
F.O.
A noter que le communiqué
diffusé par le bureau de la
C.G.T. n’était pas encore connu
lorsque les responsables des
deux autres confédérations ont
commenté les résultats de la
journée du '29 janvier. On re
marquera, néanmoins, que la
C. F. T. C. envisageait, déjà,
l’éventualité d’une nouvelle
<( journée revendicative d’une
forme différente et plus effica
ce » et qu’elle était rejo nte. en
ce qui concerne le bref délai
imparti au gouvernement, par
Force Ouvrière.
M. M. Bouladoux (C.F.T.C.) :
« Premier et solennel
avertissement »...
Après avoir constaté que « les
pouvoirs publics et la presse ré
actionnaire ne sont sensibles
(SUITE PAGE 5, COLONNE 7)
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Sur le lac Daumesnll gelé, les enfants s'en donnent à cœur-joie
Le froid fait 3 nouvelles
victimes dans les taudis
L ’OFFENSIVE du froid est générale dans toute la France et ses
ravages ne se comptent plus. Les taudis, cette plaie qui nous
déshonore, ne lui résistent pas. Un bébé de trois semaines (le
sept ou huitième en quelques jours !) est mort dans une baraque en
planches à Frémicourt-le-Dolmen (Pas-de-Calais), un autre, âgé de
dix mois, est également mort dans un immeuble délabré de Bar-le-
Duc, un autre encore, âgé de deux mois, dans les environs de cette
même ville. Et l’on est en droit de s’étonner qu’il ait paru de meil
leure politique aux pouvoirs publics d’attendre que l’un des hivers les
plus rigoureux connus en France allonge cette liste lugubre et décime
notre jeunesse avant de prendre les mesures qui s’imposent i
Marie-Annick (10 mois)
meurt de froid
à Bar-le-Duc...
D ECIDEMENT nous manquons d’imagination. On cons
tate, en France et dans tous les pays industrialisés,
une réduction des débouchés intérieurs et la ferme
ture progressive des marchés extérieurs, ce qui pose des pro
blèmes entièrement nouveaux. Or en rêve de les résoudre à
la manière de ceux du siècle dernier.
Hausse des salaires ? Beaucoup
sont en effet scandaleusement
bas ; mais une hausse des salai
res s’inscrit inévitablement dans
les prix de revient.
11 est rare qu’une hausse des
prix jugule la mévente. Enfin,
si de grosses affaires peuvent
allègrement supporter une char
ge nouvelle, il est des milliers
de petites et moyennes entre
prises pour lesquelles une haus
se des salaires serait un désas
tre. Leur trésorerie à l’étroit ne
pourrait tenir le coup. Un
grand nombre de patrons se
raient obligés de licencier du
personnel.
Baisse des prix 7 Elle arrive
à grands pas du fait de la bais
se continue du pouvoir d’achat
des consommateurs, conséquen
ce des bouleversements techni
ques de notre temps. Par le
soutien des prix, on cherche
bien inutilement à l’éviter. Des
milliers de petites et moyennes
entreprises ne supporteront pas
le choc : elles licencieront des
travailleurs et certaines dépo
seront leur bilan.
Accroissement de la producti
vité ? Pas un producteur ne s’y
refuse à condition de pouvoir
vendre ce qu’il produira. Or
n'éprouve-t-il pas déjà de la
peine à écouler ses stocks ?
Accroître la productivité, c’est
améliorer le rapport entre tra
vail humain et produits créés.
C’est donc remplacer du travail
humain par du travail-machi
ne. On obtient à la fois plus de
produits et moins de clients.
Accroître la productivité et réa
liser le plein emploi, c’est s’ap
pliquer à dessiner un carré
rond.
Les prix baisseront, dites-
vous? D’accord ; cependant le
niveau d’existence de millions
d’économiquements faibles est
si bas que le fléchissement des
prix né les rendra pas accessi
bles à une bourse déjà trop
plate.
BAR-LE-DUC, 31 janvier. —
Place Saint-Pierre, à Bar-le-Duc,
à quelques mètres du Palais de
Justice, au premier étage d’un
vieil immeuble où vit, dans deux
pièces, le ménage Destainville et
ses trois jeunes enfants, la pe
tite Marie-Annick, dix mois, vient
de mourir victime du froid.
L’appartement n’a qu’une seu
le fenêtre. Du plafond tombent
des gouttes d’eau, et pour pré
server la literie de l’aînée (six
ans), les parents recouvrent le
divan d’un imperméable. Une
défectuosité de la cheminée ne
permettant pas à la cuisinière fa
miliale de réchauffer les pièces,
M. et Mme Dertainville emprun
tèrent, il y a quelques semaines,
un poêle qui grâce à un savant
montage de tuyaux donne une
légère tiédeur à la pièce.
...Jacky (3 mois)
près de Bar-le-Duc
BAR-LE-DUC, 31 janvier. —
Le froid vient de faire de nou
L
'ATTENTION va de nouveau
se porter sur Léon Bloy.
Son historiographe, Joseph
Bollery, dont les qualités inves
tigatrices et la conscience de
critique sont hors de pair, pu
blie cette semaine le troisième
et dernier volurfie de la biogra
phie qu’il commença de faire
paraître en 1947. Après les ori
gines, la jeunesse, la formation,
puis les débuts littéraires, nous
aurons la maturité et la mort,
du « Mendiant ingrat » à « La
Porte des Humbles ».
Cet espace de soixante et onze
ans, puisque Bloy vécut de 1846
à 1917, est ainsi couvert par le
travail monumental de Bollery,
entièrement édité chez Albin Mi
chel.
Léon Bloy bénéficie d’une
gloire d’outre-tombe qui, près de
quarante ans après sa mort,
l’emporte de beaucoup sur la cé
lébrité qu’il eut de son vivant.
Son tempérament atrabilaire,
son inspiration réprobatrice, sa
colere pétrie d’anathèmes lui
prodiguent des chances qu’il
.avait entrevues, car toute épo
que fertile en avilissement et en
turpitudes est propice aux réqui
sitoires posthumes quand - un
LEON BLOY
mieux connu par des inédits de
certain don de' voyance les porte.
En ma prime jeunesse deux
occasions m’ont permis de voir
Léon Bloy. Ces souvenirs, bien
qiie ténus, me sont d’autant plus
précieux que, plus tard, les cir
constances me firent approcher
Georges Bernanos et travailler
près de lui. La parallèle entre
Bloy et Bernanos, l’assimilation
des genres, le voisinage dans
une même filiation sont trop
souvent établis pour que les mé
moires confrontées de ces deux
extraordinaires écrivains d’hu
meur ne suscitent pas encore en
ma pensée des remarques direc
tes, d’autant que trois roman
ciers, de renommée très inégale,
Paul Bourget, Félicien Pascal et
- Jacques des G.achons mè tinrent
sur l’auteur de « La Femme pau
vre », fréquenté par eux, des
propos rien moins que livres
ques.
Je me rappelle les traits de
Bloy, ! parce qu’ils avaient absor
bé mon regard au point que,
concentrée,; la fixation visuelle
l’emporta sur l’ouïe. Le ton de
sa voix ne me frappa point,
àlors que son visage s’imposa,
d’emblée, par une sorte de ro
bustesse agressive que le regard
animait d’une étrange autorité
CORS
sopprimês’
par l'emplâtre
"FEUILLE de SAULE"
40 ans de succès - Ttes Pharmacies
lAÇQR. ÇIUjUtT* Pari* VV9MQ4
d’enquêteur — je sus, vite, que
cette autorité pouvait être de
quémandeur au point d’entrete
nir, de rendre vraie la légende
déjà répandue de son vivant.
La première fois où je vis Léon
Bloy, salué du titre de « maî
tre », ce fut en 1913, au début
de l’hiver, dans une librairie au
jourd’hui disparue du Faubourg
Saint-Honoré, l’e; magasin Flam
marion et Martin, situé à gau
che, eh tenant de la rue Royale
et tout près d’elle, Bloy se ren
seignait sur « les nouveautés »
auprès d’un commis, autodidacte
fort cultivé, que je connaissais,
nommé Brossut, et qui fut l’un
de ses premiers et plus fervents
admirateurs. C’est d’ailleurs
Brossut qui me révéla Bloy.
Quand le visiteur, coiffé d’un
feutre souple noir fertdu et ha
billé d’un veston de velours
sombre, fut parti, je demandai :
<( Qui est-ce ? », et'ne sut ainsi
appliquer le .nom sur la physio
nomie que trop tard.
Néanmoins, le hasard fit que,
peu.de semaines après,, passant
devant une librairie d’ouvrages
religieux d’occasion qui existe
toujours sur la rive gauche,
(SUITE PAGE 3, COLONNE I) I
velles victimes parmi les mal lo
gés. Sur l’une des collines domi
nant Bar-le-Duc, une famille de
cinq personnes : M. et Mme
Charroy et leurs trois enfants,
Paulette, 5 ans, Gilbert, 2 ans,
et Jacky, deux mois et demi, vi
vaient dans une baraque. Hier
matin, les parents découvraient
le petit corps glacé de Jacky
dans son berceau, Paulette, qui
avait les extrémités des mem
bres gelées, a dû être admise
d’urgence à l’hôpital de Bar-le-
Duc où son état a été jugé très
grave.
En novembre 1952, M. et Mme
Charroy avaient déjà perdu un
bébé de deux mois, victime d’une
broncho-pneumonie.
...et Nadine (3 semaines)
près de Béthune !
BETHUNE, 31 janvier. — C’est
un drame lamentable de la mi
sère qui, à Frémicourt-le-Dolmen
(Pas-de-Calais), a eu pour résul
tat le décès de la petite Nadine
Hannedouche, âgée de trois se
maines.
A la cité de Verdrelles, dans
cette commune, habitent dans
un baraquement en planches, de
puis environ un mois, M. Hanne-
do.uche, 30 ans, carrier, actuel
lement en chômage et sa com
pagne, Armandine Deligne, 24
ans, ainsi que leur petite Nadine.
Ceux-ci, expulsés de leur ha
bitation, alors que Ja jeune fem
me était sur le point d’accoucher,
furent logés par le maire de la
commune dans ce baraquement
en planches où le froid très vif
de ces jours-ci se fait sentir avec
toute sa rigueur. Chauffer la
pièce était presaue impossible
Jeudi dernier, la petite Nadine
tomba malade. Le médecin indi
qua que le bébé était atteint
d’une congestion. Le père décida
alors de faire transporter Nadine
à l’hôpital d’Arras et sollicita
des personnes possédant des voi
tures. Partout, il n’essuya que re
fus. Seule solution possible pour
eux. les parents entourèrent alors
la petite malade de brioues chau
des. mais c’était insuffisant et
Nadine décédait.
La météo : la froid
va persister
Le froid très vif qui depuis plu
sieurs jours fait frileusement
s'emmitoufler les Parisiens va se'
poursuivre encore au moins qua
rante-huit heures, déclare-t-on àj
(SUITE PAGE 8, COLONNE 3)1
A la vérité, il faut trouver
autre chose. Le président René
Cotv, les présidents Le Troque»
et Monnerville viennent de dé
noncer la misère grandissant©,
car elle est un défi au bon sens.
Le président du Conseil munici
pal de Paris ne signalait-il pas,
(SUITE PAGE 5, COLONNE 5)
C'EST LA VIE
L'ÉCLAT
OMBIEN de fois, pendant un
de ces dîners où l’on passe en
revue, entre amis, la politique
du joui, n’ai-je pas entendu poser la
question ; « C’est la pagaïe, mais
comment en sortir ? »
Beaucoup de jeunes hommes ne
demandent qu’à faire quelque chose.
Mais quoi ? On ne croit plus à l’efti
cacité des partis ; chacun, isolé, se
voit impuissant, et l’élan retombe
comme les bras du boxeur devant le
punching-ball indestructible.
Naturellement, il y a toujours quel
que chose à faire, et l’action de cha
cun, si faible ou isolé qu’il soit, est
plus efficace qu’on ne l’imagine. Elle
propage des ondes. Multipliée, elle
serait toute-puissante.
Le jeune homme qui vient de ris
quer sa carrière en déclarant, pâle
d’ëniotion, à scs examinateurs : « Je
ne peux moralement servir l’Etat,
alors qu’il n’y a plus d’Etat, » mon
tre une voie parmi d’autres, et il faut
saluer ce surprenant courage.
L’éclat vaut cent discours. Il prend
même toute sa valeur quand on le
rapproche des mouvements de grève
dont les étudiants menacent l’Univer
sité dans le seul but d’imposer un
budget digne de l’Université, et les
constructions urgentes qu’exige une
jeunesse heureusement envahissante.
On écrivait ici-même, à propos de
syndicalistes clairvoyants, il y a quel
ques mois, que le salut viendrait
peut-être d’en bas. Voici les signes
avant-coureurs.
S’il n’y a plus d’Etat, il y a .encore
quelques hommes d’Etat capables de
les discerner. Qu’ils se hâtent d’en ti
rer les conséquences. Car la patience
a des limites. Elles sont peut-être
franchies.
Jacques de MON'tALAlS
78, Chcmps-Elysées (Arcades du Lido)
met en vente ses fins de séries
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LE JOURNAL DE PARIS
Do la Résistance à la Révolution
—!
D « L..
L
0 CT 1954
$UND1 1 er FEVRIER 1954 - 13‘ année - N° 2.980
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Le n" 15 fr. - Afriq. Nord et Corse, 16 fr. - Esp. 2 pes.
123, rue Montmartre, Paris (2‘)
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deuxième semaine de la Conférence des « 4 »
Les thèses de Moscou et des «3»
s’affrontent sur l’Allemagne
$t Voptimisme qui régnait à Berlin, s’estompe
(De notre envoyé spécial François COURTET)
B ERLIN, 31 janvier (par téléphone). — Après la séance de samedi, qui se ressen
tait dé l’engourdissement du climat général, la semaine qui va s’ouvrir verra les
Quatre aux prises avec des oppositions concrètes et apparemment insurmontables.
Ils vont parler de l’Allemagne, sujet pour lequel ils étaient surtout venus à Berlin.
Voici deux jours on pouvait juger possible une conciliation. Mais le plan Eden a été
publié et le plan Molotov s’exprime dans le long mémorandum que M. Grotewohl a
L'AVOCAT DES
ROSENBERG
TROUVÉ MORT A
SON DOMICILE
Accident, disent les dépêches
{muettes sur les circonstances
U NE dépêche
cinq lignes
d’agence en
a appris au
inonde la mort de IVF Emma
nuel Bloch, défenseur des Ro
senberg. L’avocat a été trouvé
sans vie dans sa salle de bains,
et les informations officielles
parlent d’accident, sans donner
le moindre détail justifiant cette
thèse.
Les Rosenberg morts, une pro
pagande bien orchestrée leur a
attribué des crimes que l’accu
sation ne leur avait même pas
reprochés. Devant le vide du
dossier, il fallait inventer
mieux. Ils avaient volé la bom
be à hydrogène, avant que cel
le-ci n'existât... Ils avaient, se
lon le triste Mac Carthy et son
« témoin » David Greenglass,
dirigé un réseau d’espionnage à
Fort-Monmouth plus de trois
ans après leur arrestation...
Mais cela ne suffisait pas : les
croisés du maccarthysme pen
saient aux deux enfants, Mi.
chael et Robby, dont les Ro
senberg avaient confié dans
leurs dernières volontés la gar
de à M* Emmanuel Bloch.
Il fallait — paràît-il — arra
cher les enfants à l’influence
de ce dernier, pour les confier
à une institution publique «bien
pensante », afin de les élever
dans la haine de leurs parents.
Mais le défenseur d’Ethel et
de Julius Rosenberg était de
bout et luttait. Il avait fait face
presque seul au déchaînement
des passions. Il était de trop, il
gênait...
Au mois de juillet dernier, le
Barreau de New-York déposait
contre lui une plainte pour le
faire radier de l’Ordre des avo
cats. Le prétexte invoqué était
les paroles qu’il avait pronon
cées à l’enterrement des Rosen
berg, paroles qui plaçaient for
mellement sur la tête du Prési
dent Eisenhower, de son minis
tre de la Justice et du chef du
F.B.I. la responsabilité du meur
tre des Rosenberg.
Mais le prétexte invoqué
n’était même pas valable en
droit américain : s’il y a, en
effet, en France et en Angle
terre des lois qui répriment les
insultes au chef de l’Etat, ces
lois ne sont justifiées que par
le fait que le chef de l’Etat n’a
pas la responsabilité du gou
vernement. Mais, aux Etats
Unis, le Président est non seu
lement le chef de l’Exécutif,
mais le chef du gouvernément,
et ses actions peuvent, à ce tl-
( SUITE PAGE 8, COLONNE 7)
LE 6 FEVRIER...
Une date ?
bn sursaut nationaliste ?
mort de la lll' République?
Des émeutes sanglantes...
QUOI S AGIT-IL
EXACTEMENT ?
Vous le saurez, en lisant
les révélations sensationnelles sur
LES JOURNEES TRAGIQUES
DE FEVRIER 1934
qui paraissent
dans le numéro de Février de
MIROIR DE L'HISTOIRE
lin grand historien explique l'événe
ment :
UNE REVOLUTION SANS CHEF
par BEAU DE LOMEN1E
Un grand journaliste dit ce qu'il
a ru :
SOIRS D'EMEUTE A PARIS
par Pierre DOMINIQUE
Dans le même numéro :
LE DRAME DU « SHARNHORST »
par Georges B'iond
et 10 autres textes originaux illustrés
de 60 documents de classe rare.
REVUE SANS EGALE,
MIROIR DE L'HISTOIRE
ne publie que de l’inédit
128 pages illustrées
En vente partout : 80 francs
fait remettre au ministre des
Affaires étrangères soviétiques
Ils ne partent pas du même
principe. On le savait depuis
longtemps. Quand l’Ouest de
mande des élections libres pour
première opération de la réuni
fication l’Est pose qu’il faut
commencer par convoquer une
conférence de la paix où siége
ront les représentants d’un gou
vernement provisoire allemand.
Etant donné le contexte dans le
quel s’inscrivirent ces prises de
positions, elles paraissent fort
peu susceptibles de compromis.
Vendredi on pouvait croire en
core — et nous nous étions fait
l’écho de cette opinion — qu’un
échange de concessions était pos
sible entre M. Molotov et les
Trois sur des sujets totalement
différents les uns des autres. A
présent on peut très fortement
en douter.
D’autant plus que l’entretien
Dulles-Molotov de samedi soir qui
c o n t inuent les pourparlers
Dulles-Zaroubine à Washington
aurait abouti à une conclusion
ambiguë : les deux ministres au
raient décidé de n’avoir plus
qu’une seule rencontre sur le
terrain de l’agence atomique. Ce
la signifie-t-il qu’ils considèrent
qu’aucun accord n’est possible
entre eux ? Ou au contraire
qu’ils estiment avoir à peu près
fixé la procédure des négocia
tions ultérieures sur le fond où
pourraient entrer d’autres puis
sances que l’U. R. S. S. et les
Etats-Unis ?
Dans le secteur oriental
Demain, la conférence se trans
fère en secteur oriental chez M.
Semionov, ambassadeur soviéti
que près de M. Grotewohl. Les
Quatre siégeront autour d’une
table ronde, sans microphones,
ni écouteurs, ni cabines de tra
ducteurs. Il faut voir là l’indice
de séances très longues puisque
les traductions seront successi
ves et non partiellement simulta
nées. Les nerfs des assistants s’y
lasseront plus vite et ceux des
journalistes qui devront atten
dre très tard les premiers comp-
(SUITE PAGE 4, COLONNE 1)
Après l'échec de Fanfani
LA DÉMOCRATIE
CHRÉTIENNE
DEVRA CHOISIR
entre la droite et la gauche
(De notre correspondant
particulier Daniel GARRIC)
R OME, 31 janvier. — Comme
le faisait remarquer un ob
servateur malicieux après la
chute du gouvernement Fanfani,
il reste encore 258 solutions pos
sibles pour résoudre la crise qui
dure depuis le 7 juin, c’est-à-dire
depuis les élections : 258 députés
démocrates-chrétiens n’ont pas
encore été appelés à former le
gouvernement. Une semaine cha
cun, comme M. Fanfani, et on
peut arriver jusqu'aux élections.
Cette boutade illustre assez bien
la situation politique en Italie à
l’heure actuelle.
Un contre tous
A Berlin, MM. Molotov, I^i-
dault, Eden, Foster Dulles es
saient, tant bien que mal, de
trouver un « modus vivendi » en
tre l’Ouest et l’Est. A Rome, M.
Amintore Fanfani, officiellement
leader de la fraction gauche de
la démocratie-chrétienne, présente
son gouvernement à la Chambre
en déclarant d’emblée qu’il n’ac
ceptera pas les éventuelles voix
des socialistes ou communistes, ni
même leur abstention. Il est d’ail
leurs juste d’ajouter que, si M.
Pietro Nenni et ses 74 socialistes
communisants avaient pensé un
instant favoriser par leur neutra
lité un gouvernement Fanfani, le
ton de ce dernier et le contenu de
(SUITE PAGE 4, COLONNE 6)
Tandis que le Vietminh augmente ses attaques dans le Delta
Mesures de sécurité
intensifiées à Hanoï
H ANOI, 31 janvier. — L’état-major annonce que les troupes viet
minh intensifient leurs attaques contre les postes faiblement
occupés du delta du fleuve Rouge. Le porte-parole précise qu’une
demi-douzaine de postes ont été attaqués cette nuit mais que toutes
les attaques ont été repoussées. Ces opérations ont coûté à l’ennemi
72 morts et 15 prisonniers.
L’activité du Vietminh est en
grande partie concentrée dans les
secteurs de Ninh-Binh et Thaï-
Binh où il continue à infiltrer
dans le delta des éléments appar
tenant, croit-on, à la division 320,
dont les Français avaient annon
cé la mise hors de combat en no
vembre à l’extérieur de la bor
dure sud du delta.
Outre les assauts directs, le
Vietminh maintient fréquem
ment les postes sous le feu de ses
mortiers. Le poste de Dao-Dong,
au nord de Thaï-Binh, a repous
sé quatre attaques consécutives.
Il semble que cette activité re
doublée, dans le delta, ait pour
but d’empêcher les Français d’en
faire sortir des troupes en cas de
besoin ailleurs.
A Hanoï, la police a intensifié
les mesures de sécurité afin de
prévenir les attentats possibles,
à l’occasion des fêtes du Tet, qui
commencent demain. Les autori
tés vietnamiennes ont annoncé
pour le Nouvel An la libération
de mille prisonniers de guerre.
(Lire nos informations en page 5)
APRÈS LA JOURNÉE REVENDICATIVE jrpyjs^
JAMBE DE
« Grève générale de
24 h.» propose la CGT
T ANDIS qu’à F.O. on se bornait à se féliciter du succès
de la fournée revendicative de vendredi dernier et à
'proclamer les objectifs « atteints », tandis qu’à la CF
TC on envisageait de reprendre bientôt l’action « sous une
forme différente et plus efficace », la CGT proclamait dans
un communiqué son dessein de préparer dès maintenant
une grève générale de 24 heures.
La centrale cégétiste va donc
SUR
BOIS
par Jacques DUBOIN
être amenée à reprendre contact
avec les autres centrales pour
l’organisation de cette journée.
On ne s’attend pas que de ces
pourparlers surgisse l’unité d’ac
tion, objectif numéro un de la
C. G. T. Il est toutefois possible ,
sinon vraisemblable, que les
confédérations chrétienne et au
tonome pourraient accepter une
sorte d’action « synchronisée »,
destinée à fléchir l’immobilisme
gouvernemental et à vaincre l’op
position patronale. Le C.N.P.F.
vient en effet de proclamer, une
nouvelle fois, son hostilité à une
revalorisation généralisée des
salaires et les P.M.E. feront sans
doute aujourd’hui une déclara
tion similaire.
Dans ces conditions une recru
descence des actions revendica
tives parait inévitable au court,
des semaines prochaines.
Nouvelle étape de l'action.
« Sûr (le répondre au profond
sentiment de l’ensemble des
travailleurs, le bureau de la
C.G.T., déclare un communiqué
diffusé par cette organisation,
soumettra à l’examen de la réu
nion commune de la commis
sion administrative et des se
crétaires des Fédérations d’in
dustrie qui aura lieu le- jeudi
4 février la proposition de pré
parer une grève générale de
vingt-quatre heures, comme une
nouvelle étape de l’action enga
gée en vue d'obtenir du gouver
nement qu'il fixe le salaire mi
nimum garanti à 25. iGG francs
net, pour 173 heures par mois,
sans abattement de zones, com
me l’a demandé la Commission
supérieure des conventions col
lectives. »
Le bureau de la C.G.T. justi
fie sa proposition, d'une part,
par le fait que « la journée du
29 janvier a marqué une volon
té très grande de l'ensemble des
salariés d’obtenir satisfac
tion... » et. d’autre part, par
l’attitude de M. Edgar Faure
qui <( a fait connaître à la délé
gation de la C.G.T. son opposi
tion à toute augmentation quel
conque du salaire minimum ga
ranti et à toute augmentation
générale des salaires et traite
ments... »
Le bureau de la C.G.T. esti
me. par ailleurs, que « de nou
velles et meilleures conditions
ont été créées pour poursuivre
la lutte avec plus d’efficacité et
assurer la victoire de la classe
ouvrière... »
Les réactions syndicales
Nous donnons, ci-dessous, des
extraits des déclarations faites
à la presse par MM. Maurice
Bouladoux, président de la C.F.
T.C., et Robert Bothereau, se
crétaire général de la C.G.T.-
F.O.
A noter que le communiqué
diffusé par le bureau de la
C.G.T. n’était pas encore connu
lorsque les responsables des
deux autres confédérations ont
commenté les résultats de la
journée du '29 janvier. On re
marquera, néanmoins, que la
C. F. T. C. envisageait, déjà,
l’éventualité d’une nouvelle
<( journée revendicative d’une
forme différente et plus effica
ce » et qu’elle était rejo nte. en
ce qui concerne le bref délai
imparti au gouvernement, par
Force Ouvrière.
M. M. Bouladoux (C.F.T.C.) :
« Premier et solennel
avertissement »...
Après avoir constaté que « les
pouvoirs publics et la presse ré
actionnaire ne sont sensibles
(SUITE PAGE 5, COLONNE 7)
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Sur le lac Daumesnll gelé, les enfants s'en donnent à cœur-joie
Le froid fait 3 nouvelles
victimes dans les taudis
L ’OFFENSIVE du froid est générale dans toute la France et ses
ravages ne se comptent plus. Les taudis, cette plaie qui nous
déshonore, ne lui résistent pas. Un bébé de trois semaines (le
sept ou huitième en quelques jours !) est mort dans une baraque en
planches à Frémicourt-le-Dolmen (Pas-de-Calais), un autre, âgé de
dix mois, est également mort dans un immeuble délabré de Bar-le-
Duc, un autre encore, âgé de deux mois, dans les environs de cette
même ville. Et l’on est en droit de s’étonner qu’il ait paru de meil
leure politique aux pouvoirs publics d’attendre que l’un des hivers les
plus rigoureux connus en France allonge cette liste lugubre et décime
notre jeunesse avant de prendre les mesures qui s’imposent i
Marie-Annick (10 mois)
meurt de froid
à Bar-le-Duc...
D ECIDEMENT nous manquons d’imagination. On cons
tate, en France et dans tous les pays industrialisés,
une réduction des débouchés intérieurs et la ferme
ture progressive des marchés extérieurs, ce qui pose des pro
blèmes entièrement nouveaux. Or en rêve de les résoudre à
la manière de ceux du siècle dernier.
Hausse des salaires ? Beaucoup
sont en effet scandaleusement
bas ; mais une hausse des salai
res s’inscrit inévitablement dans
les prix de revient.
11 est rare qu’une hausse des
prix jugule la mévente. Enfin,
si de grosses affaires peuvent
allègrement supporter une char
ge nouvelle, il est des milliers
de petites et moyennes entre
prises pour lesquelles une haus
se des salaires serait un désas
tre. Leur trésorerie à l’étroit ne
pourrait tenir le coup. Un
grand nombre de patrons se
raient obligés de licencier du
personnel.
Baisse des prix 7 Elle arrive
à grands pas du fait de la bais
se continue du pouvoir d’achat
des consommateurs, conséquen
ce des bouleversements techni
ques de notre temps. Par le
soutien des prix, on cherche
bien inutilement à l’éviter. Des
milliers de petites et moyennes
entreprises ne supporteront pas
le choc : elles licencieront des
travailleurs et certaines dépo
seront leur bilan.
Accroissement de la producti
vité ? Pas un producteur ne s’y
refuse à condition de pouvoir
vendre ce qu’il produira. Or
n'éprouve-t-il pas déjà de la
peine à écouler ses stocks ?
Accroître la productivité, c’est
améliorer le rapport entre tra
vail humain et produits créés.
C’est donc remplacer du travail
humain par du travail-machi
ne. On obtient à la fois plus de
produits et moins de clients.
Accroître la productivité et réa
liser le plein emploi, c’est s’ap
pliquer à dessiner un carré
rond.
Les prix baisseront, dites-
vous? D’accord ; cependant le
niveau d’existence de millions
d’économiquements faibles est
si bas que le fléchissement des
prix né les rendra pas accessi
bles à une bourse déjà trop
plate.
BAR-LE-DUC, 31 janvier. —
Place Saint-Pierre, à Bar-le-Duc,
à quelques mètres du Palais de
Justice, au premier étage d’un
vieil immeuble où vit, dans deux
pièces, le ménage Destainville et
ses trois jeunes enfants, la pe
tite Marie-Annick, dix mois, vient
de mourir victime du froid.
L’appartement n’a qu’une seu
le fenêtre. Du plafond tombent
des gouttes d’eau, et pour pré
server la literie de l’aînée (six
ans), les parents recouvrent le
divan d’un imperméable. Une
défectuosité de la cheminée ne
permettant pas à la cuisinière fa
miliale de réchauffer les pièces,
M. et Mme Dertainville emprun
tèrent, il y a quelques semaines,
un poêle qui grâce à un savant
montage de tuyaux donne une
légère tiédeur à la pièce.
...Jacky (3 mois)
près de Bar-le-Duc
BAR-LE-DUC, 31 janvier. —
Le froid vient de faire de nou
L
'ATTENTION va de nouveau
se porter sur Léon Bloy.
Son historiographe, Joseph
Bollery, dont les qualités inves
tigatrices et la conscience de
critique sont hors de pair, pu
blie cette semaine le troisième
et dernier volurfie de la biogra
phie qu’il commença de faire
paraître en 1947. Après les ori
gines, la jeunesse, la formation,
puis les débuts littéraires, nous
aurons la maturité et la mort,
du « Mendiant ingrat » à « La
Porte des Humbles ».
Cet espace de soixante et onze
ans, puisque Bloy vécut de 1846
à 1917, est ainsi couvert par le
travail monumental de Bollery,
entièrement édité chez Albin Mi
chel.
Léon Bloy bénéficie d’une
gloire d’outre-tombe qui, près de
quarante ans après sa mort,
l’emporte de beaucoup sur la cé
lébrité qu’il eut de son vivant.
Son tempérament atrabilaire,
son inspiration réprobatrice, sa
colere pétrie d’anathèmes lui
prodiguent des chances qu’il
.avait entrevues, car toute épo
que fertile en avilissement et en
turpitudes est propice aux réqui
sitoires posthumes quand - un
LEON BLOY
mieux connu par des inédits de
certain don de' voyance les porte.
En ma prime jeunesse deux
occasions m’ont permis de voir
Léon Bloy. Ces souvenirs, bien
qiie ténus, me sont d’autant plus
précieux que, plus tard, les cir
constances me firent approcher
Georges Bernanos et travailler
près de lui. La parallèle entre
Bloy et Bernanos, l’assimilation
des genres, le voisinage dans
une même filiation sont trop
souvent établis pour que les mé
moires confrontées de ces deux
extraordinaires écrivains d’hu
meur ne suscitent pas encore en
ma pensée des remarques direc
tes, d’autant que trois roman
ciers, de renommée très inégale,
Paul Bourget, Félicien Pascal et
- Jacques des G.achons mè tinrent
sur l’auteur de « La Femme pau
vre », fréquenté par eux, des
propos rien moins que livres
ques.
Je me rappelle les traits de
Bloy, ! parce qu’ils avaient absor
bé mon regard au point que,
concentrée,; la fixation visuelle
l’emporta sur l’ouïe. Le ton de
sa voix ne me frappa point,
àlors que son visage s’imposa,
d’emblée, par une sorte de ro
bustesse agressive que le regard
animait d’une étrange autorité
CORS
sopprimês’
par l'emplâtre
"FEUILLE de SAULE"
40 ans de succès - Ttes Pharmacies
lAÇQR. ÇIUjUtT* Pari* VV9MQ4
d’enquêteur — je sus, vite, que
cette autorité pouvait être de
quémandeur au point d’entrete
nir, de rendre vraie la légende
déjà répandue de son vivant.
La première fois où je vis Léon
Bloy, salué du titre de « maî
tre », ce fut en 1913, au début
de l’hiver, dans une librairie au
jourd’hui disparue du Faubourg
Saint-Honoré, l’e; magasin Flam
marion et Martin, situé à gau
che, eh tenant de la rue Royale
et tout près d’elle, Bloy se ren
seignait sur « les nouveautés »
auprès d’un commis, autodidacte
fort cultivé, que je connaissais,
nommé Brossut, et qui fut l’un
de ses premiers et plus fervents
admirateurs. C’est d’ailleurs
Brossut qui me révéla Bloy.
Quand le visiteur, coiffé d’un
feutre souple noir fertdu et ha
billé d’un veston de velours
sombre, fut parti, je demandai :
<( Qui est-ce ? », et'ne sut ainsi
appliquer le .nom sur la physio
nomie que trop tard.
Néanmoins, le hasard fit que,
peu.de semaines après,, passant
devant une librairie d’ouvrages
religieux d’occasion qui existe
toujours sur la rive gauche,
(SUITE PAGE 3, COLONNE I) I
velles victimes parmi les mal lo
gés. Sur l’une des collines domi
nant Bar-le-Duc, une famille de
cinq personnes : M. et Mme
Charroy et leurs trois enfants,
Paulette, 5 ans, Gilbert, 2 ans,
et Jacky, deux mois et demi, vi
vaient dans une baraque. Hier
matin, les parents découvraient
le petit corps glacé de Jacky
dans son berceau, Paulette, qui
avait les extrémités des mem
bres gelées, a dû être admise
d’urgence à l’hôpital de Bar-le-
Duc où son état a été jugé très
grave.
En novembre 1952, M. et Mme
Charroy avaient déjà perdu un
bébé de deux mois, victime d’une
broncho-pneumonie.
...et Nadine (3 semaines)
près de Béthune !
BETHUNE, 31 janvier. — C’est
un drame lamentable de la mi
sère qui, à Frémicourt-le-Dolmen
(Pas-de-Calais), a eu pour résul
tat le décès de la petite Nadine
Hannedouche, âgée de trois se
maines.
A la cité de Verdrelles, dans
cette commune, habitent dans
un baraquement en planches, de
puis environ un mois, M. Hanne-
do.uche, 30 ans, carrier, actuel
lement en chômage et sa com
pagne, Armandine Deligne, 24
ans, ainsi que leur petite Nadine.
Ceux-ci, expulsés de leur ha
bitation, alors que Ja jeune fem
me était sur le point d’accoucher,
furent logés par le maire de la
commune dans ce baraquement
en planches où le froid très vif
de ces jours-ci se fait sentir avec
toute sa rigueur. Chauffer la
pièce était presaue impossible
Jeudi dernier, la petite Nadine
tomba malade. Le médecin indi
qua que le bébé était atteint
d’une congestion. Le père décida
alors de faire transporter Nadine
à l’hôpital d’Arras et sollicita
des personnes possédant des voi
tures. Partout, il n’essuya que re
fus. Seule solution possible pour
eux. les parents entourèrent alors
la petite malade de brioues chau
des. mais c’était insuffisant et
Nadine décédait.
La météo : la froid
va persister
Le froid très vif qui depuis plu
sieurs jours fait frileusement
s'emmitoufler les Parisiens va se'
poursuivre encore au moins qua
rante-huit heures, déclare-t-on àj
(SUITE PAGE 8, COLONNE 3)1
A la vérité, il faut trouver
autre chose. Le président René
Cotv, les présidents Le Troque»
et Monnerville viennent de dé
noncer la misère grandissant©,
car elle est un défi au bon sens.
Le président du Conseil munici
pal de Paris ne signalait-il pas,
(SUITE PAGE 5, COLONNE 5)
C'EST LA VIE
L'ÉCLAT
OMBIEN de fois, pendant un
de ces dîners où l’on passe en
revue, entre amis, la politique
du joui, n’ai-je pas entendu poser la
question ; « C’est la pagaïe, mais
comment en sortir ? »
Beaucoup de jeunes hommes ne
demandent qu’à faire quelque chose.
Mais quoi ? On ne croit plus à l’efti
cacité des partis ; chacun, isolé, se
voit impuissant, et l’élan retombe
comme les bras du boxeur devant le
punching-ball indestructible.
Naturellement, il y a toujours quel
que chose à faire, et l’action de cha
cun, si faible ou isolé qu’il soit, est
plus efficace qu’on ne l’imagine. Elle
propage des ondes. Multipliée, elle
serait toute-puissante.
Le jeune homme qui vient de ris
quer sa carrière en déclarant, pâle
d’ëniotion, à scs examinateurs : « Je
ne peux moralement servir l’Etat,
alors qu’il n’y a plus d’Etat, » mon
tre une voie parmi d’autres, et il faut
saluer ce surprenant courage.
L’éclat vaut cent discours. Il prend
même toute sa valeur quand on le
rapproche des mouvements de grève
dont les étudiants menacent l’Univer
sité dans le seul but d’imposer un
budget digne de l’Université, et les
constructions urgentes qu’exige une
jeunesse heureusement envahissante.
On écrivait ici-même, à propos de
syndicalistes clairvoyants, il y a quel
ques mois, que le salut viendrait
peut-être d’en bas. Voici les signes
avant-coureurs.
S’il n’y a plus d’Etat, il y a .encore
quelques hommes d’Etat capables de
les discerner. Qu’ils se hâtent d’en ti
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