Titre : Combat : organe du Mouvement de libération française
Auteur : Combat (France). Auteur du texte
Éditeur : Combat (Paris)
Éditeur : Centre de formation des journalistesCentre de formation des journalistes (Paris)
Date d'édition : 1953-01-06
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34501455d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 385 Nombre total de vues : 385
Description : 06 janvier 1953 06 janvier 1953
Description : 1953/01/06 (A12,N2647). 1953/01/06 (A12,N2647).
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Languedoc-Roussillon
Description : Collection numérique : Collections de Montpellier... Collection numérique : Collections de Montpellier Méditerranée Métropole
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t515882r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES-G-1470 (68)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/10/2021
LE JOURNAL DE PARI
De la Résistance à la Révolution
MARDI 6 JANVIER 195J - 12» année - N* 2.647
Le n* 15 fr. - Afrrq. Nord et Corsa, 16 fr. - Esp., 2 j*e§.
|2S, rue Montmartre (Porf|-2*>
Téléphone : CENtrol 81-11
A 16 heures , séance d'investiture à l'Assemblée
DEBAT TRÈS SERRÉ
entre Mayer et le RPF
L'armée européenne au centre de la discussion
Lss gaullistes n'accorderont leurs voix que contre des engagements précis sur
préservation de l'unité de l'armée nationale et l'intégrité de l'Union Française
la
LE POINT
RENE MAYER affronte l’Assemblée Nationale, cet après-midi à 16 heures,
dans les conditions les plus difficil es. Le groupe R. P. F. a en effet décidé hier,
* à l’unanimité, de ne pas voter l’investiture au président du Conseil désigné
à moins que celui-ci ne s’engage publiquement, dans sa déclaration ministérielle, à
ouvrir sans tarder des négociations internationales en vue de réviser l’actuel traité
afin de sauvegarder l’unité de l’armée nationale et l’intégrité de l’Union Française.
Si donc tout à l’heure le
R.P.F. n’obtient pas satis
faction les voix gaullistes
feront défaut à M. René
Mayer dont l’investiture de
viendra, de ce fait, extrê
mement hypothétique.
Pour l’emporter, le député de
Constantine devrait, en effet, ou
I 'ABSURDITE des usages ms- bien obtenir, à 10 voix près, la
, taures per le monstre cons- totalité des suffrages qui le 6
J .......____i .j mars dernier, investirent M.
Pinay ; ou bien tenter de pro
voquer dans les rangs RPF des
défections destinées à compen
ser les voix qui manqueraient
dans les groupes qui ont offi
ciellement promis de voter l’in-
A SON ARRIVÉE A NEW YORK
Churchill avertit
les Américains :
1 ) qu'en portant la guerre en Chine ils s'exposeraient
à « errer » dans l'immense territoire chinois ;
2) que l'Angleterre n'a aucun désir de rompre avec
Pékin.
m T EW-ŸORK, 5 janvier. — M. Winston Churchill est
r y arrivé ce matin à bord du Queen Mary. Le vieil
homme d’Etat s’est trouvé tout de suite en présence
de cent cinquante journalistes américains bien décidés à
le faire parler, à lui arracher le secret d’un voyage dont
Icii précipitation a agacé, dirons-nous, quelques bonnes
âmes, et à le mettre, si possible, en contradiction avec
lui-même ou avec ses amis. Mais Churchill ne s’est pas
laissé faire. Avec un art infini au
Combien
de crises encore ?
'ABSURDITE des usages ins
taurés par le monstre cons
titutionnel adopté par lassi
tude (déjà!) en 1946 est mise
en évidence à chaque crise.
S’il y avait encore en France
une opinion publique, un senti
ment de fierté nationale devant
l’étranger qui rit de nous, ou se
désespère, selon qu’il est notre en
nemi ou notre ami, nui doute qu'un
sursaut jetterait à bat ce système.
Mais il n’y a pas d'opinion publi
que, au vrai sent du mot, il n'y
a que des intérêt» particuliers qui
ne réagissent que lorsqu’ils sont
menacés. Et on n’en est pas là.
Le « neuf et le raisonnable »
de cette Constitution substituée,
on ne sait encore pourquoi, à celle
de 1875 est en réalité un chaos
de mesures déraisonnables dont
la nouveauté essentielle est l’im
puissance fondamentale à gouver
ner un Etat à notre époque.
Les épreuves infligées au per
sonnage chargé d'une « mission
d’information », te muant en
« pressenti », négociant laborieu
sement avec les groupes avant
d’être « désigné », demandant en
suite aux mêmes groupes d’être
« investi », et recommençant d'ul
times palabres avec les mêmes
avant de constituer un ministère,
sont une singulière manière de dé
signer le chef d’un pays de 43
millions d'habitants. A tel point
qu'on peut se demander comment
de telles méthodes peuvent être
acceptées par un autre homme
qu’un médiocre.
Tel était peut-être l’intime dé
sir des constitutionnels de 1946.
Et il faut rechercher sans doute
dans la valeur personnelle de M.
René Mayer, dans sa volonté affir
més de gouverner, les raisons es
sentielles des difficultés qu'il ren
contre.
L'édifice élevé par nos institu
tions est ainsi devenu un rempart
contre l’action. C’est le temple de
la Négation. Les discussions byzan
tines sur les programmes, les pro
messes de réforme ne voilent, chez
la majorité de nos par'ementaires,
que le désir acharné de ne rien
entreprendre. M. Pinay vient d’en
faire uns expérience dont il est
encore étonné. Tant qu'il procla
mait : « Pos d’impôts ! », qu'il in
voquoit la baisse sans prendre les
mesures d'autorité susceptibles de
la provoquer, qu’il amnistiait les
fraudeurs et sollicitait leur con
fiance, l’opinion publique et l’As-
semb ée furent pour lui.
Mais lorsqu'il refusa de donner
aux paysans les satisfactions qu’ils
attendaient, lorsqu’il parla sérieu
sement d’une réforme fiscale qui
touchait les « forfaits » des privi
légiés, on lui fit bien vite voir qu'il
no jouait plus la règle du jeu.
C est pourquoi, lors d'une crise,
•I est bien évident que les pro
grammes ne doivent être annoncés
que sous la clause restrictive et
tacite qu’ils ne seront pas appli
qués.
Armée européenne, Indochine,
unisie, Maroc, réarmement, ré
forme fiscale, investissements,
construction, autant de têtes de
'hapitre sur lesquelles, en formules
Jean FABIANI.
'SUITE PAGE 5, COLONNE 3)
vestiture.
Le R.P.F. sauvegarde
son unité
Disons tout de suite que de
telles défections paraissent peu
probables.
En plaçant son opposition sur
le terrain de l’armée européen
ne, le Rassemblement est par
venu à rétablir, du moins mo
mentanément, une unité qu’il
n’aurait pu espérer sur les
questions sociales ou économi
ques ; il a, dans le même temps, Discussion serrée, hier, au ministère de l’Intérieur, entre René Mayer
mis dans l’embarras plusieurs e t la délégation RPF. Sortant du cabinet du président pressenti, le
cupés. Le vent n’est pas à l'optimisme.
ïf. P « t rt 1 * * * S * * m il e8 H^l re it. 8 ü? U ^SLf e t S^néral KŒNIG, MM.'DIETHELM et SOUSTELLE semblaient pré’oc-
au premier rang les dissidents *
A.R.S.
L’opposition au traité actuel
d’armée européenne n’est, en ef
fet, ni d’aujourd’hui ni propre
aux gaullistes. Sans parler de
MM. Daladier et Herriot dont
on se souvient des déclarations
retentissantes au Congrès ra
dical de Bordeaux, il est des
hommes sur les bancs M.R.P.
aussi bie-n que modérés qili
n’ont cessé d’exprimer leurs
Voici comment à Bordeaux, Mayer
défendait < l'armée européenne >
Pinay fait voter
pour Mayer
M. Antoine Pinay, président du
Conseil démissionnaire, se rendra cet
après-midi, à 15 heures, devant le
groupe des indépendants, afin d’inci
ter ses collègues à voter unanime
ment peur M. René Mayer.
craintes sur un projet qui met
en cause notre sécurité et no
tre indépendance.
Un alibi nouveau vient donc
renforcer les raisons naturelles
de défiance de ceux qui, sur
les travées indépendantes et
paysannes s’apprêtent à doser
savamment les voix pour ten
ter de faire échouer de justesse
le leader radical.
M. René Mayer cependant n’a
pas hésité à courir le risque.
Dès hier matin et avant même
la réunion du groupe RPF, il
avait annoncé qu’en tout état
de cause, il se présenterait à
l’investiture. Il le confirmait of
ficiellement dans la soirée à
M. Vincent Auriol, après avoir
reçu par écrit les conditions
posées par le Rassemblement.
C’est évidemment de la ré
ponse qu’il apportera tout à
l’heure que dépendra .l’issue
d’un débat qui s’annonce à la
fois très serré et d’une ampleur
Yves HUGONNET.
(SUITE PAGE 5. COLONNE 8)
A U moment où, par la volonté
du R.P.F., le débat d’investi
ture s'ouvrant cet après-
midi sera centré sur le traité d’ar
mée européenne, il n’est pas sans
intérêt de rappeler ce que le pré
sident désigné, M. René Mayer,
déclarait le 18 octobre dernier de
vant le congrès radical de Bor
deaux. On sait que, dans deux in
terventions sensationnelles, MM.
Daladier et Herriot avaient dé
claré, le premier que « ce traité
est inadmissible », le second que
son « patriotisme » lui « interdit
de voter ce projet ».
Après avoir afirmé qu’il fallait
« asseoir la défense nationale
française au sein d’une coalition
où serait discutée la mise en com
mun de toutes les ressources com
me... des armes secrètes ou non »,
M. René Mayer avait ajouté :
« J'ai la conviction que la charge
des hommes de ma génération est
de militer pour qu’il y ait un
changement profond dans les re
lations de l’Allemagne et de la
France. »
M. René Mayer avait également
dit sa préférence pour une dis
cussion des articles du traité
« dans les commissions du Par
lement où l’on aurait pu deman
der au gouvernement les raisons
de certains textes qui, à première
vue, paraissent surprenants »
En ce qui concerne plus préci
sément la question du réarme
ment allemand, le leader radical
avait déclaré : « On voudra bien
penser que j’aurais des raisons de
me méfier de l’Allemagne. Mais
croit-on à la possibilité d’occuper
longtemps un grand pays situé au
centre de l’Europe ? Est-on dis
posé à l’occuper indéfiniment ?
Avec qui ? Avec quoi ? Qui oroit
à l’Allemagne neutre? Pas le gou
vernement de Moscou qui a offert
(SUITE PAGE 5. COLONNE 3)
PRIX DE GROS:
hausse d'un demi-point
en décembre
r»îli ndic , ( ' des prix de * ros à «** dé-
■ , brf ( bas f 100 en 1949) s’est établi
d- soit un demi-point au-dessus
, c< ‘ dc novembre. Depuis février
ou il était de 152, l’indice a ainsi
parque une baisse de 7.5 %. L’indice
« prix des produits alimentaire est
de 128, S en novembre à 130.S en
r« "si rr ’ alors < l a ’. (,n a noté une légè-
. , S!f des matières premières (165,4
100.3) et des produits industriels
contre 144,5.).
A Bruxelles
Le Conseil d'Etat
aurait déclaré
inconstitutionnel
le traité
d'armée européenne
BRUXELLES, 5 janvier. — « Le
Soir » annonce que le Conseil
d’Etat, auquel le gouvernement avait
soumis pour avis le projet de rati
fication du traité de communauté
européenne de défense, aurait émis
un avis négatif. Selon lui, le traité
ne peut être ratifié, parce qu’il n’est
pas conforme à la Constitution.
Dans les milieux officiels, on ne
confirme pas, mais on ne dément
pas non plus cette information.
L'avis du Conseil d'Etat, quel qu’il
soit, ne saurait modifier pour l’Im
médiat la position du gouvernement
à l’égard de l’armée européenne.
Pour le gouvernement belge, le prin-
cipâJ Intérêt du traité de commu
nauté de défense européenne est de
sceller la réconciliation franco-alle
mande.
Par conséquent, le gouvernement
n’envisage pas de soumettre le tral.
té à la ratification du Parlement
avant qu’il ait été ratifié par les
parlements de Bonn et de Paris.
La crise du N.A.T.O. et du réarmement
Ridgway et Juin
ont exprimé leur mécontentement
A QUELQUES heures d’intervalle, le maréchal Juin et le général
Ridgway viennent de lancer un cri d’alarme, le premier — le
plus brutal dans ses affirmations — se portant garant qu’en cas
de guerre, les Russes seraient dans 23 jours à Paris, et le second, le
général Ridgway, se plaignant amèrement des insuffisances en touit
genre du NATO.
Ge n’est pas le moment de faire'
de l’ironie, encore qu’il nous sou
vienne du temps — il y a trois
ans maintenant — où d’autres
généraux proclamaient que, s’ils
s’avisaient d’envahir l’Europe
occidentale sans prévenir, les Sta
liniens seraient en mesure de
rallier Paris en huit jours avant
de prendre la direction de Brest.
Et comme, après trois ans de pa
rades et de palabres, le délai de
grâce qui nous est offert ne sem
ble pas avoir grandi dans une
proportion notable, on pourrait
sourire ou s'indigner. Nous re
voyons ces généraux de la pre
mière heure nous montrer sur la
carte ce saillant de Thuringe,
dans le massif hercynien (l Her-
cinàus Mons des Romains), d'où
les Russes plongeraient, le cas
échéant, pour s'ouvrir la route de
Paris.
Mais il v a mieux à faire que
dépeindre l’aveuglement, puis la
déoptàon des esprits simpes qui
ont cru que la politique atlanti
que tiendrait lieu de tout et pour-
Marcel GIMONT.
(SUITE PAGE 4, COLONNE 1)
service d’une éloquence qui n’a
rien perdu de sa force, ni de sa
couleur, il a réussi fr transformer
une simple conférence de presse
où, d’ordinaire, les ministres
« atlantiques » qui débarquent
aux U.S.A., n’aperçoivent qu’une
nouvelle occasion dé s’humilier, en
un véritable discours-programme,
dont l’extrême franchise n’a d’é
gale que son extrême importance.
Après avoir eu une pensée ai-
maib’e à l’égard des Européens
quand il a dit : le centre de gra
vité de la situation internationale
n’est pas en Corée , mais en Eu
rope — ce dont nous sommes plus
convaincus que lui — Churchill a
vidé son sac, montrant qu’il n’é
tait pas 'venu à New-York pour
y signer des accords, mais pour
faire savoir à qui de droit ce à
quoi l’Angleterre se refuserait si
on passait outre à tes désirs.
Or, la Grande-Bretagne ne sou
haite ni porter la guerre en Chi
ne, ni rompre avec Pékin. A ce
propos, il faut avoir entendu
Churchill conseiller aux Améri
cains de ne pas condamner leurs
armées à errer dans l’immense
continent chinois, comme d’au
tres errèrent en Russie. Il faut
aussi avoir entendu Churchill
dire à ses interlocuteurs : ce n’est
pas de l’argent que notes vouions,
mais un libre accès dans vos
ports pour nos produits.
Mais, reprenons en détail la
conférence de presse de Churchill.
Old Winnie s'adressa
aux Américains
Répondant tout d’abord à des
questions au sujet de la guerre
de Corée, M. Churchill a affirmé
que le « vrai centre de gravité
de la situation internationale ne
se trouvait pas en Corée, mais
en Europe, le long du rideau de
fer ».
Le premier ministre a ajouté
que personne ne souhaitait voir
se prolonger l’impasse coréenne,
mais qu’il valait mieux une im
passe qu’une défaite. < Il ne faut
pas, a-t-il dit, envisager cette
guerre du seul point de vue de la
Corée. Le fait que les Etats-Unis,
avec l’appui total des Nations
Unies, se soient opposés à l’agres
sion soviétique, a été l’événement
le plus important des cinq der
nières années. Cela a fait plus
pour la paix que toute autre
chose »,
€ Les nations libres étalent
désorganisées et les Etats-Unis
désarmés. Aujourd’hui ces pays
sont unis et ils entrent dans une
troisième année de réarmement
considérable. Tels sont les fac
teurs que je qualifie d’encoura
geants quand je parle de l’ave
nir », a dit encore M. Churchill,
(SUITE PAGE 4 , COLONNE 4)
Les bourreaux d'Oradour devant leurs juges
Les «malgré nous»
Alsaciens ne veulent
pas être jugés
avec les Allemands
L E procès des SS assassins d’Oradour-sur-Glane s’ouvrira lundi
prochain devant le tribunal militaire de Bordeaux. Quarante-
six Allemands seront jugés par contumace. Parmi eux, les
officiers, principaux responsables de ce massacre commis le 10
juin 1944, où périrent plus de six cents personnes dont plus de
deux cents enfants.
Parmi les dix-neuf accusés présents dans le box de Bordeaux,
se trouvent douze Alsaciens poursuivis en vertu de la loi sur la
responsabilité collective du 15 septembre 1948. Pour le sort de ces
« douze » — que l’information judiciaire a laissés en liberté pro
visoire — l’Alsace entière s’émeut et se passionne.
Car ces « douze » sont des « malgré nous ». Ils ont été incor
porés de force dans la Wehrmacht. L’Allemagne nazie en a fait
des « volontaires » dans la SS.
Cent cinquante mille Alsaciens ont été contraints de revêtir
l’uniforme allemand. Ces « douze » ont été amenés, un jour dc
juin, devant un village dont ils ignoraient le nom. Ils ont été des
témoins plus que des coupables.
Ds sont néanmoins des accusés. Comme l’ensemble de cette
3* compagnie du 1er bataillon du régiment de grenadiers « Der
Führer », appartenant à la division SS « Da« Reich ».
L
Sursis conditionnel
à l'exécution des
époux Rosenberg
NEW-YORK, 5 janvier. —
juge fédéral Irving Kaufman a ;
noncé aujourd’hui qu’il accorderait
un sursis à l’exécution des époux
Rosenberg si ces derniers adres
saient d’ici samedi à la Cour fé
dérale une demande de recours en
grâce présidentielle.
Le
an-
ES débats de ce procès, qui
dureront plus de deux se
maines, seront présidés par
M, Nussy-Saint-Saëns. conseil
ler à la Cour de Bordeaux, qui
connaît particulièrement bien
l’ensemble du dossier de la di
vision « Das Reich ». Il présida
en effet lors de précédents pro
cès des affaires criminelles où
étaient inculpés des SS de cette
division, pour des atrocités
commises dans la région du
Sud-Ouest en juin 1944.
Du côté de la défense on no
tera la présence auprès des avo
cats du barreau de Bordeaux
qui ont suivi la longue instruc
tion de cette affaire d’Oradour,
de défenseurs venus de Stras
bourg, de Colmar et de Mulhou
se pour assister les Alsaciens.
Des avocats allemands défen
dront leurs compatriotes et par
mi eux se trouvera le propre
gendre du chancelier Adenauer.
On ne veut pas présumer de
la tournure que prendra le pro
cès mais il est possible que le
cas des douze « malgré nous »
soit disjoint et que ces Alsa
ciens comparaissent devant la
même juridiction lors d’une
prochaine session. Si leur in
terrogatoire n’entraîne pas
d’imprévisibles «coups de théâ
tre », voici maintenant les char
ges essentielles qui peuvent
être retenues contre chacun
d’eux pris individuellement.
Deux « engagés »
et douze « incorporés »
Sergent Georges Boos. — A
reconnu, lors des interrogatoi
res. avoir assassiné deux fem
mes à Oradour. Ces interroga
toires, Boos a demandé de les
subir en allemand, refusant de
répondre en français. C’est la
« brebis galeuse » auprès de la
quelle les Alsaciens estiment
scandaleux de faire asseoir
leur douze « malgré nous ».
Boos est. d’autre part, for
mellement accusé par son co-in
culpé Daul : celui-ci l*a vu à
Oradour achever des blessés.
Soldat Paul Graf. — Autre
« brebis galeuse ». Déjà condam
né à, mort en 1946 pour d’autres
crimes. A avoué sa participa
tion au massacre d’Oradour. A
(au moins) tué de sa main, le
10 juin 1944, une femme et une
jeune fille.
Soldat Joseph Busch. — Lui
aussi a été menacé par Boos.
11 reconnaît avoir tiré à qua
tre reprises. En l’air. « J’ai fer
mé les yeux ». dit-il.
Soldat Albert Daul. — Pour
voyeur d’une mitrailleuse à
l’entrée d’Oradour. « Personne
ne devait entrer ou sortir ».
Grâce à lui, trois personnes se
sont vu refuser l’entrée du vil
lage. Il n’a pu en empêcher une
quatrième d y pénétrer. Affirme
n’avoir pas tiré un coup de feu.
A l’endroit où il était placé, n'a
rien su du drame avant d'en
tendre les premières détona
tions.
Soldat Louis Prestel. — De
garde à l’entrée du village. A
egalement empêché une femme
et un enfant d’entrer à Ora
dour.
Soldat Jean Niess. — Faisait
partie d’une patrouille de ra
tissage chargée d’opérer à tra
vers champs le ramassage des
cultivateurs disséminés. Re
connaît qu’il a été ainsi con
traint de procéder à quelques
arrestations. Il ne savait pas
René HERICOTTE.
(SUITE PAGE 6, COLONNE 6)
<£ OM BAT
LE JOURNAL DE PARIS
publiera
en feuilleton
à partir .
du jeudi 8
« RACE
BLANCHE
LOGEMENT : Problème social n° 1
>:
de Jean HOUGRON
« Combat » est heureux d’an
noncer la publication en feuille
ton du deuxième roman de Jean
Hougron « Rage blanche ».
On se souvient de la révélation
que fut « Tu récolteras la tem
pête », première oeuvre d’un ro
mancier de 28 ans. Document
bien construit, plein de vérité sur
la vie passionnée et dangereuse
d'un village au bord du Mékong.
Ce livre donnait le départ à la
carrière d’un romancier de valeur.
L’expérience vécue par l’au
teur au Vietnam, où il fut pro
fesseur d'anglais à Saigon, se
traduisait en une œuvre vigou
reuse.
« Rage blanche » est de la
même veine. Récit impitoyable,
roman de l’incompréhension co
loniale, document d'actualité.
« Rage blanche » paraîtra è
partir de jeudi en feuilleton
dans « Combat ».
Le plan Fanfani (180.000 logements en 7 ans)
a été le grand dopping de l'in
dustrie italienne du bâtiment
GNORE depuis de trop lon
gues années, le problème du
logement, à la faveur de l’ac
tuelle crise politique, semble en
fin avoir pris place parmi les
préoccupations immédiates de nos
ininistrabies. Dans le programme
dent il a crayonné les grandes
lignes, M. René Mayer, dernier
« pressenti », n’a pas caché son
intention, à la suite de MM. Jac
ques Soustelle et Georges Bidault,
de revigorer l'activité de la. cons
truction en France, si l’Assem
blée lui accordait l'investiture.
M. Mayer a même été jusqu’à
préciser que, pour ce faire, il ré
clamerait l'aide financière des
employeurs, dont une faible mi
norité seulement a, depuis la Li
bération, compris l'importance
sociale de l’habitat dans la vie
économique du pays.
Sommes.nous alors à la veille
de voir refleurir l’ancien projet
de M. Claudius Petit, tendant à
imposer au patronat une taxe
uniforme de 2 0/0 sur l’ensemble
des salaires versés aux employés
et ouvriers et dont le bénéfice
irait dans les caisses de la cons
truction ? C’est fort possibe.
Mais, pour que le principe d’un
tel projet ait des chances d’être
accepté, puisse la majorité parle
mentaire qui se groupera autour
du président du Conseil de de
main, avoir la curiosité profes
sionnelle d’évaluer le premier bi
lan de l'expérience italienne de
même conception, appelée « Plan
Fanfani ».
Mis en route au cours des der
niers mois de l'année 1948, le
Plan Fanfani, dont le but, com
me nous le verrons tout à l’heu
re, était de construire des immeu
bles destinés aux classes de con
dition modeste, tout en procu
rant du travail aux chômeurs de
La profession du bâtiment, a ac
tuellement à son actif la réalisa
tion d’environ 80.000 logements.
Et tout s’effectue à la cadence
prévue par le programme sep
tennal élaboré par le Parlement
italien...
Un besoin
de 7.600.000 pièces
Celui-ci, en effet, en mars
1948, devait voter, en lui appor
tant quelques modifications, le
plan présenté par M. Fanfaaâ*
dont les mesures tendaient à
« accroître l’emploi de la. main-
d’œuvre, en favorisant la cons
truction d’habitations ouvrières ».
A cette époque, le bâtiment n«
marchait pas fort en Italie. Tan
dis qu’en raison des destructions
de la guerre et de l'accroissement
de la population (400.000 naissan
ces par an), les experts avaient
évalué à 7.600.000 pièces (1) le
besoin de lTtalie au lendemain
de la Libération, fin-1948 — soit
trois années plus tard — 2.600.000
Jean PICHON.
(1) 'Les statistiques italienne»
évaluent les constructions en piè
ces et non en logements comme en
France. Généralement, les Italien»
comptent 5 pièces pour un loge
ment, cuisine et autres pièce» se
condaires comprises.
(SUITE PAGE à» COLONNE %
i
De la Résistance à la Révolution
MARDI 6 JANVIER 195J - 12» année - N* 2.647
Le n* 15 fr. - Afrrq. Nord et Corsa, 16 fr. - Esp., 2 j*e§.
|2S, rue Montmartre (Porf|-2*>
Téléphone : CENtrol 81-11
A 16 heures , séance d'investiture à l'Assemblée
DEBAT TRÈS SERRÉ
entre Mayer et le RPF
L'armée européenne au centre de la discussion
Lss gaullistes n'accorderont leurs voix que contre des engagements précis sur
préservation de l'unité de l'armée nationale et l'intégrité de l'Union Française
la
LE POINT
RENE MAYER affronte l’Assemblée Nationale, cet après-midi à 16 heures,
dans les conditions les plus difficil es. Le groupe R. P. F. a en effet décidé hier,
* à l’unanimité, de ne pas voter l’investiture au président du Conseil désigné
à moins que celui-ci ne s’engage publiquement, dans sa déclaration ministérielle, à
ouvrir sans tarder des négociations internationales en vue de réviser l’actuel traité
afin de sauvegarder l’unité de l’armée nationale et l’intégrité de l’Union Française.
Si donc tout à l’heure le
R.P.F. n’obtient pas satis
faction les voix gaullistes
feront défaut à M. René
Mayer dont l’investiture de
viendra, de ce fait, extrê
mement hypothétique.
Pour l’emporter, le député de
Constantine devrait, en effet, ou
I 'ABSURDITE des usages ms- bien obtenir, à 10 voix près, la
, taures per le monstre cons- totalité des suffrages qui le 6
J .......____i .j mars dernier, investirent M.
Pinay ; ou bien tenter de pro
voquer dans les rangs RPF des
défections destinées à compen
ser les voix qui manqueraient
dans les groupes qui ont offi
ciellement promis de voter l’in-
A SON ARRIVÉE A NEW YORK
Churchill avertit
les Américains :
1 ) qu'en portant la guerre en Chine ils s'exposeraient
à « errer » dans l'immense territoire chinois ;
2) que l'Angleterre n'a aucun désir de rompre avec
Pékin.
m T EW-ŸORK, 5 janvier. — M. Winston Churchill est
r y arrivé ce matin à bord du Queen Mary. Le vieil
homme d’Etat s’est trouvé tout de suite en présence
de cent cinquante journalistes américains bien décidés à
le faire parler, à lui arracher le secret d’un voyage dont
Icii précipitation a agacé, dirons-nous, quelques bonnes
âmes, et à le mettre, si possible, en contradiction avec
lui-même ou avec ses amis. Mais Churchill ne s’est pas
laissé faire. Avec un art infini au
Combien
de crises encore ?
'ABSURDITE des usages ins
taurés par le monstre cons
titutionnel adopté par lassi
tude (déjà!) en 1946 est mise
en évidence à chaque crise.
S’il y avait encore en France
une opinion publique, un senti
ment de fierté nationale devant
l’étranger qui rit de nous, ou se
désespère, selon qu’il est notre en
nemi ou notre ami, nui doute qu'un
sursaut jetterait à bat ce système.
Mais il n’y a pas d'opinion publi
que, au vrai sent du mot, il n'y
a que des intérêt» particuliers qui
ne réagissent que lorsqu’ils sont
menacés. Et on n’en est pas là.
Le « neuf et le raisonnable »
de cette Constitution substituée,
on ne sait encore pourquoi, à celle
de 1875 est en réalité un chaos
de mesures déraisonnables dont
la nouveauté essentielle est l’im
puissance fondamentale à gouver
ner un Etat à notre époque.
Les épreuves infligées au per
sonnage chargé d'une « mission
d’information », te muant en
« pressenti », négociant laborieu
sement avec les groupes avant
d’être « désigné », demandant en
suite aux mêmes groupes d’être
« investi », et recommençant d'ul
times palabres avec les mêmes
avant de constituer un ministère,
sont une singulière manière de dé
signer le chef d’un pays de 43
millions d'habitants. A tel point
qu'on peut se demander comment
de telles méthodes peuvent être
acceptées par un autre homme
qu’un médiocre.
Tel était peut-être l’intime dé
sir des constitutionnels de 1946.
Et il faut rechercher sans doute
dans la valeur personnelle de M.
René Mayer, dans sa volonté affir
més de gouverner, les raisons es
sentielles des difficultés qu'il ren
contre.
L'édifice élevé par nos institu
tions est ainsi devenu un rempart
contre l’action. C’est le temple de
la Négation. Les discussions byzan
tines sur les programmes, les pro
messes de réforme ne voilent, chez
la majorité de nos par'ementaires,
que le désir acharné de ne rien
entreprendre. M. Pinay vient d’en
faire uns expérience dont il est
encore étonné. Tant qu'il procla
mait : « Pos d’impôts ! », qu'il in
voquoit la baisse sans prendre les
mesures d'autorité susceptibles de
la provoquer, qu’il amnistiait les
fraudeurs et sollicitait leur con
fiance, l’opinion publique et l’As-
semb ée furent pour lui.
Mais lorsqu'il refusa de donner
aux paysans les satisfactions qu’ils
attendaient, lorsqu’il parla sérieu
sement d’une réforme fiscale qui
touchait les « forfaits » des privi
légiés, on lui fit bien vite voir qu'il
no jouait plus la règle du jeu.
C est pourquoi, lors d'une crise,
•I est bien évident que les pro
grammes ne doivent être annoncés
que sous la clause restrictive et
tacite qu’ils ne seront pas appli
qués.
Armée européenne, Indochine,
unisie, Maroc, réarmement, ré
forme fiscale, investissements,
construction, autant de têtes de
'hapitre sur lesquelles, en formules
Jean FABIANI.
'SUITE PAGE 5, COLONNE 3)
vestiture.
Le R.P.F. sauvegarde
son unité
Disons tout de suite que de
telles défections paraissent peu
probables.
En plaçant son opposition sur
le terrain de l’armée européen
ne, le Rassemblement est par
venu à rétablir, du moins mo
mentanément, une unité qu’il
n’aurait pu espérer sur les
questions sociales ou économi
ques ; il a, dans le même temps, Discussion serrée, hier, au ministère de l’Intérieur, entre René Mayer
mis dans l’embarras plusieurs e t la délégation RPF. Sortant du cabinet du président pressenti, le
cupés. Le vent n’est pas à l'optimisme.
ïf. P « t rt 1 * * * S * * m il e8 H^l re it. 8 ü? U ^SLf e t S^néral KŒNIG, MM.'DIETHELM et SOUSTELLE semblaient pré’oc-
au premier rang les dissidents *
A.R.S.
L’opposition au traité actuel
d’armée européenne n’est, en ef
fet, ni d’aujourd’hui ni propre
aux gaullistes. Sans parler de
MM. Daladier et Herriot dont
on se souvient des déclarations
retentissantes au Congrès ra
dical de Bordeaux, il est des
hommes sur les bancs M.R.P.
aussi bie-n que modérés qili
n’ont cessé d’exprimer leurs
Voici comment à Bordeaux, Mayer
défendait < l'armée européenne >
Pinay fait voter
pour Mayer
M. Antoine Pinay, président du
Conseil démissionnaire, se rendra cet
après-midi, à 15 heures, devant le
groupe des indépendants, afin d’inci
ter ses collègues à voter unanime
ment peur M. René Mayer.
craintes sur un projet qui met
en cause notre sécurité et no
tre indépendance.
Un alibi nouveau vient donc
renforcer les raisons naturelles
de défiance de ceux qui, sur
les travées indépendantes et
paysannes s’apprêtent à doser
savamment les voix pour ten
ter de faire échouer de justesse
le leader radical.
M. René Mayer cependant n’a
pas hésité à courir le risque.
Dès hier matin et avant même
la réunion du groupe RPF, il
avait annoncé qu’en tout état
de cause, il se présenterait à
l’investiture. Il le confirmait of
ficiellement dans la soirée à
M. Vincent Auriol, après avoir
reçu par écrit les conditions
posées par le Rassemblement.
C’est évidemment de la ré
ponse qu’il apportera tout à
l’heure que dépendra .l’issue
d’un débat qui s’annonce à la
fois très serré et d’une ampleur
Yves HUGONNET.
(SUITE PAGE 5. COLONNE 8)
A U moment où, par la volonté
du R.P.F., le débat d’investi
ture s'ouvrant cet après-
midi sera centré sur le traité d’ar
mée européenne, il n’est pas sans
intérêt de rappeler ce que le pré
sident désigné, M. René Mayer,
déclarait le 18 octobre dernier de
vant le congrès radical de Bor
deaux. On sait que, dans deux in
terventions sensationnelles, MM.
Daladier et Herriot avaient dé
claré, le premier que « ce traité
est inadmissible », le second que
son « patriotisme » lui « interdit
de voter ce projet ».
Après avoir afirmé qu’il fallait
« asseoir la défense nationale
française au sein d’une coalition
où serait discutée la mise en com
mun de toutes les ressources com
me... des armes secrètes ou non »,
M. René Mayer avait ajouté :
« J'ai la conviction que la charge
des hommes de ma génération est
de militer pour qu’il y ait un
changement profond dans les re
lations de l’Allemagne et de la
France. »
M. René Mayer avait également
dit sa préférence pour une dis
cussion des articles du traité
« dans les commissions du Par
lement où l’on aurait pu deman
der au gouvernement les raisons
de certains textes qui, à première
vue, paraissent surprenants »
En ce qui concerne plus préci
sément la question du réarme
ment allemand, le leader radical
avait déclaré : « On voudra bien
penser que j’aurais des raisons de
me méfier de l’Allemagne. Mais
croit-on à la possibilité d’occuper
longtemps un grand pays situé au
centre de l’Europe ? Est-on dis
posé à l’occuper indéfiniment ?
Avec qui ? Avec quoi ? Qui oroit
à l’Allemagne neutre? Pas le gou
vernement de Moscou qui a offert
(SUITE PAGE 5. COLONNE 3)
PRIX DE GROS:
hausse d'un demi-point
en décembre
r»îli ndic , ( ' des prix de * ros à «** dé-
■ , brf ( bas f 100 en 1949) s’est établi
d- soit un demi-point au-dessus
, c< ‘ dc novembre. Depuis février
ou il était de 152, l’indice a ainsi
parque une baisse de 7.5 %. L’indice
« prix des produits alimentaire est
de 128, S en novembre à 130.S en
r« "si rr ’ alors < l a ’. (,n a noté une légè-
. , S!f des matières premières (165,4
100.3) et des produits industriels
contre 144,5.).
A Bruxelles
Le Conseil d'Etat
aurait déclaré
inconstitutionnel
le traité
d'armée européenne
BRUXELLES, 5 janvier. — « Le
Soir » annonce que le Conseil
d’Etat, auquel le gouvernement avait
soumis pour avis le projet de rati
fication du traité de communauté
européenne de défense, aurait émis
un avis négatif. Selon lui, le traité
ne peut être ratifié, parce qu’il n’est
pas conforme à la Constitution.
Dans les milieux officiels, on ne
confirme pas, mais on ne dément
pas non plus cette information.
L'avis du Conseil d'Etat, quel qu’il
soit, ne saurait modifier pour l’Im
médiat la position du gouvernement
à l’égard de l’armée européenne.
Pour le gouvernement belge, le prin-
cipâJ Intérêt du traité de commu
nauté de défense européenne est de
sceller la réconciliation franco-alle
mande.
Par conséquent, le gouvernement
n’envisage pas de soumettre le tral.
té à la ratification du Parlement
avant qu’il ait été ratifié par les
parlements de Bonn et de Paris.
La crise du N.A.T.O. et du réarmement
Ridgway et Juin
ont exprimé leur mécontentement
A QUELQUES heures d’intervalle, le maréchal Juin et le général
Ridgway viennent de lancer un cri d’alarme, le premier — le
plus brutal dans ses affirmations — se portant garant qu’en cas
de guerre, les Russes seraient dans 23 jours à Paris, et le second, le
général Ridgway, se plaignant amèrement des insuffisances en touit
genre du NATO.
Ge n’est pas le moment de faire'
de l’ironie, encore qu’il nous sou
vienne du temps — il y a trois
ans maintenant — où d’autres
généraux proclamaient que, s’ils
s’avisaient d’envahir l’Europe
occidentale sans prévenir, les Sta
liniens seraient en mesure de
rallier Paris en huit jours avant
de prendre la direction de Brest.
Et comme, après trois ans de pa
rades et de palabres, le délai de
grâce qui nous est offert ne sem
ble pas avoir grandi dans une
proportion notable, on pourrait
sourire ou s'indigner. Nous re
voyons ces généraux de la pre
mière heure nous montrer sur la
carte ce saillant de Thuringe,
dans le massif hercynien (l Her-
cinàus Mons des Romains), d'où
les Russes plongeraient, le cas
échéant, pour s'ouvrir la route de
Paris.
Mais il v a mieux à faire que
dépeindre l’aveuglement, puis la
déoptàon des esprits simpes qui
ont cru que la politique atlanti
que tiendrait lieu de tout et pour-
Marcel GIMONT.
(SUITE PAGE 4, COLONNE 1)
service d’une éloquence qui n’a
rien perdu de sa force, ni de sa
couleur, il a réussi fr transformer
une simple conférence de presse
où, d’ordinaire, les ministres
« atlantiques » qui débarquent
aux U.S.A., n’aperçoivent qu’une
nouvelle occasion dé s’humilier, en
un véritable discours-programme,
dont l’extrême franchise n’a d’é
gale que son extrême importance.
Après avoir eu une pensée ai-
maib’e à l’égard des Européens
quand il a dit : le centre de gra
vité de la situation internationale
n’est pas en Corée , mais en Eu
rope — ce dont nous sommes plus
convaincus que lui — Churchill a
vidé son sac, montrant qu’il n’é
tait pas 'venu à New-York pour
y signer des accords, mais pour
faire savoir à qui de droit ce à
quoi l’Angleterre se refuserait si
on passait outre à tes désirs.
Or, la Grande-Bretagne ne sou
haite ni porter la guerre en Chi
ne, ni rompre avec Pékin. A ce
propos, il faut avoir entendu
Churchill conseiller aux Améri
cains de ne pas condamner leurs
armées à errer dans l’immense
continent chinois, comme d’au
tres errèrent en Russie. Il faut
aussi avoir entendu Churchill
dire à ses interlocuteurs : ce n’est
pas de l’argent que notes vouions,
mais un libre accès dans vos
ports pour nos produits.
Mais, reprenons en détail la
conférence de presse de Churchill.
Old Winnie s'adressa
aux Américains
Répondant tout d’abord à des
questions au sujet de la guerre
de Corée, M. Churchill a affirmé
que le « vrai centre de gravité
de la situation internationale ne
se trouvait pas en Corée, mais
en Europe, le long du rideau de
fer ».
Le premier ministre a ajouté
que personne ne souhaitait voir
se prolonger l’impasse coréenne,
mais qu’il valait mieux une im
passe qu’une défaite. < Il ne faut
pas, a-t-il dit, envisager cette
guerre du seul point de vue de la
Corée. Le fait que les Etats-Unis,
avec l’appui total des Nations
Unies, se soient opposés à l’agres
sion soviétique, a été l’événement
le plus important des cinq der
nières années. Cela a fait plus
pour la paix que toute autre
chose »,
€ Les nations libres étalent
désorganisées et les Etats-Unis
désarmés. Aujourd’hui ces pays
sont unis et ils entrent dans une
troisième année de réarmement
considérable. Tels sont les fac
teurs que je qualifie d’encoura
geants quand je parle de l’ave
nir », a dit encore M. Churchill,
(SUITE PAGE 4 , COLONNE 4)
Les bourreaux d'Oradour devant leurs juges
Les «malgré nous»
Alsaciens ne veulent
pas être jugés
avec les Allemands
L E procès des SS assassins d’Oradour-sur-Glane s’ouvrira lundi
prochain devant le tribunal militaire de Bordeaux. Quarante-
six Allemands seront jugés par contumace. Parmi eux, les
officiers, principaux responsables de ce massacre commis le 10
juin 1944, où périrent plus de six cents personnes dont plus de
deux cents enfants.
Parmi les dix-neuf accusés présents dans le box de Bordeaux,
se trouvent douze Alsaciens poursuivis en vertu de la loi sur la
responsabilité collective du 15 septembre 1948. Pour le sort de ces
« douze » — que l’information judiciaire a laissés en liberté pro
visoire — l’Alsace entière s’émeut et se passionne.
Car ces « douze » sont des « malgré nous ». Ils ont été incor
porés de force dans la Wehrmacht. L’Allemagne nazie en a fait
des « volontaires » dans la SS.
Cent cinquante mille Alsaciens ont été contraints de revêtir
l’uniforme allemand. Ces « douze » ont été amenés, un jour dc
juin, devant un village dont ils ignoraient le nom. Ils ont été des
témoins plus que des coupables.
Ds sont néanmoins des accusés. Comme l’ensemble de cette
3* compagnie du 1er bataillon du régiment de grenadiers « Der
Führer », appartenant à la division SS « Da« Reich ».
L
Sursis conditionnel
à l'exécution des
époux Rosenberg
NEW-YORK, 5 janvier. —
juge fédéral Irving Kaufman a ;
noncé aujourd’hui qu’il accorderait
un sursis à l’exécution des époux
Rosenberg si ces derniers adres
saient d’ici samedi à la Cour fé
dérale une demande de recours en
grâce présidentielle.
Le
an-
ES débats de ce procès, qui
dureront plus de deux se
maines, seront présidés par
M, Nussy-Saint-Saëns. conseil
ler à la Cour de Bordeaux, qui
connaît particulièrement bien
l’ensemble du dossier de la di
vision « Das Reich ». Il présida
en effet lors de précédents pro
cès des affaires criminelles où
étaient inculpés des SS de cette
division, pour des atrocités
commises dans la région du
Sud-Ouest en juin 1944.
Du côté de la défense on no
tera la présence auprès des avo
cats du barreau de Bordeaux
qui ont suivi la longue instruc
tion de cette affaire d’Oradour,
de défenseurs venus de Stras
bourg, de Colmar et de Mulhou
se pour assister les Alsaciens.
Des avocats allemands défen
dront leurs compatriotes et par
mi eux se trouvera le propre
gendre du chancelier Adenauer.
On ne veut pas présumer de
la tournure que prendra le pro
cès mais il est possible que le
cas des douze « malgré nous »
soit disjoint et que ces Alsa
ciens comparaissent devant la
même juridiction lors d’une
prochaine session. Si leur in
terrogatoire n’entraîne pas
d’imprévisibles «coups de théâ
tre », voici maintenant les char
ges essentielles qui peuvent
être retenues contre chacun
d’eux pris individuellement.
Deux « engagés »
et douze « incorporés »
Sergent Georges Boos. — A
reconnu, lors des interrogatoi
res. avoir assassiné deux fem
mes à Oradour. Ces interroga
toires, Boos a demandé de les
subir en allemand, refusant de
répondre en français. C’est la
« brebis galeuse » auprès de la
quelle les Alsaciens estiment
scandaleux de faire asseoir
leur douze « malgré nous ».
Boos est. d’autre part, for
mellement accusé par son co-in
culpé Daul : celui-ci l*a vu à
Oradour achever des blessés.
Soldat Paul Graf. — Autre
« brebis galeuse ». Déjà condam
né à, mort en 1946 pour d’autres
crimes. A avoué sa participa
tion au massacre d’Oradour. A
(au moins) tué de sa main, le
10 juin 1944, une femme et une
jeune fille.
Soldat Joseph Busch. — Lui
aussi a été menacé par Boos.
11 reconnaît avoir tiré à qua
tre reprises. En l’air. « J’ai fer
mé les yeux ». dit-il.
Soldat Albert Daul. — Pour
voyeur d’une mitrailleuse à
l’entrée d’Oradour. « Personne
ne devait entrer ou sortir ».
Grâce à lui, trois personnes se
sont vu refuser l’entrée du vil
lage. Il n’a pu en empêcher une
quatrième d y pénétrer. Affirme
n’avoir pas tiré un coup de feu.
A l’endroit où il était placé, n'a
rien su du drame avant d'en
tendre les premières détona
tions.
Soldat Louis Prestel. — De
garde à l’entrée du village. A
egalement empêché une femme
et un enfant d’entrer à Ora
dour.
Soldat Jean Niess. — Faisait
partie d’une patrouille de ra
tissage chargée d’opérer à tra
vers champs le ramassage des
cultivateurs disséminés. Re
connaît qu’il a été ainsi con
traint de procéder à quelques
arrestations. Il ne savait pas
René HERICOTTE.
(SUITE PAGE 6, COLONNE 6)
<£ OM BAT
LE JOURNAL DE PARIS
publiera
en feuilleton
à partir .
du jeudi 8
« RACE
BLANCHE
LOGEMENT : Problème social n° 1
>:
de Jean HOUGRON
« Combat » est heureux d’an
noncer la publication en feuille
ton du deuxième roman de Jean
Hougron « Rage blanche ».
On se souvient de la révélation
que fut « Tu récolteras la tem
pête », première oeuvre d’un ro
mancier de 28 ans. Document
bien construit, plein de vérité sur
la vie passionnée et dangereuse
d'un village au bord du Mékong.
Ce livre donnait le départ à la
carrière d’un romancier de valeur.
L’expérience vécue par l’au
teur au Vietnam, où il fut pro
fesseur d'anglais à Saigon, se
traduisait en une œuvre vigou
reuse.
« Rage blanche » est de la
même veine. Récit impitoyable,
roman de l’incompréhension co
loniale, document d'actualité.
« Rage blanche » paraîtra è
partir de jeudi en feuilleton
dans « Combat ».
Le plan Fanfani (180.000 logements en 7 ans)
a été le grand dopping de l'in
dustrie italienne du bâtiment
GNORE depuis de trop lon
gues années, le problème du
logement, à la faveur de l’ac
tuelle crise politique, semble en
fin avoir pris place parmi les
préoccupations immédiates de nos
ininistrabies. Dans le programme
dent il a crayonné les grandes
lignes, M. René Mayer, dernier
« pressenti », n’a pas caché son
intention, à la suite de MM. Jac
ques Soustelle et Georges Bidault,
de revigorer l'activité de la. cons
truction en France, si l’Assem
blée lui accordait l'investiture.
M. Mayer a même été jusqu’à
préciser que, pour ce faire, il ré
clamerait l'aide financière des
employeurs, dont une faible mi
norité seulement a, depuis la Li
bération, compris l'importance
sociale de l’habitat dans la vie
économique du pays.
Sommes.nous alors à la veille
de voir refleurir l’ancien projet
de M. Claudius Petit, tendant à
imposer au patronat une taxe
uniforme de 2 0/0 sur l’ensemble
des salaires versés aux employés
et ouvriers et dont le bénéfice
irait dans les caisses de la cons
truction ? C’est fort possibe.
Mais, pour que le principe d’un
tel projet ait des chances d’être
accepté, puisse la majorité parle
mentaire qui se groupera autour
du président du Conseil de de
main, avoir la curiosité profes
sionnelle d’évaluer le premier bi
lan de l'expérience italienne de
même conception, appelée « Plan
Fanfani ».
Mis en route au cours des der
niers mois de l'année 1948, le
Plan Fanfani, dont le but, com
me nous le verrons tout à l’heu
re, était de construire des immeu
bles destinés aux classes de con
dition modeste, tout en procu
rant du travail aux chômeurs de
La profession du bâtiment, a ac
tuellement à son actif la réalisa
tion d’environ 80.000 logements.
Et tout s’effectue à la cadence
prévue par le programme sep
tennal élaboré par le Parlement
italien...
Un besoin
de 7.600.000 pièces
Celui-ci, en effet, en mars
1948, devait voter, en lui appor
tant quelques modifications, le
plan présenté par M. Fanfaaâ*
dont les mesures tendaient à
« accroître l’emploi de la. main-
d’œuvre, en favorisant la cons
truction d’habitations ouvrières ».
A cette époque, le bâtiment n«
marchait pas fort en Italie. Tan
dis qu’en raison des destructions
de la guerre et de l'accroissement
de la population (400.000 naissan
ces par an), les experts avaient
évalué à 7.600.000 pièces (1) le
besoin de lTtalie au lendemain
de la Libération, fin-1948 — soit
trois années plus tard — 2.600.000
Jean PICHON.
(1) 'Les statistiques italienne»
évaluent les constructions en piè
ces et non en logements comme en
France. Généralement, les Italien»
comptent 5 pièces pour un loge
ment, cuisine et autres pièce» se
condaires comprises.
(SUITE PAGE à» COLONNE %
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