Titre : L'Ordre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1948-04-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32829724j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 avril 1948 08 avril 1948
Description : 1948/04/08 (A2,N190). 1948/04/08 (A2,N190).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t51173191
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-1857
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/11/2021
Électricité
LE CRIMINEL DE GUERRE
OH
( :
n° 1.1 50-6.776
par Emile BURE
On craigliait le pire en Algérie, le meilleur n’a pas été
donné, mais ce qui s’offre est malgré tout prometteur. Il sem
ble, après le premier tour de scrutin des élections qui ont eu
lieu dimanche, qu'il suffira au gouverneur Naegelen de fermer
les oreilles aux criailleries des anticolonialistes démagogues
de gauche sans cervelle et des colonialistes démagogues de
droite sans scrupules, de dénoncer sans relâche les périls
multiples du séparatisme algérien pour que l’Assemblée algé
rienne, au lieu de desservir la cause franco-algérienne comme
beaucoup étaient en droit de le redouter, la serve tout au con
traire et grandement.
L’œuvre accomplie en Algérie par notre pays, pour ma
gnifique qu’elle soit, a ses ombres, que celle assemblée, on peut
l’espérer, sera en mesure d’effacer. Par égoïsme malentendu,
pour satisfaire des intérêts de diverses sortes électoraux on
capitalistes dressés contre l’intérêt national, notre Parlement,
notre administration ont, par des contingentements de pro
duits algériens, par des interdictions de construire des usines
en territoire algérien, retardé avant la guerre le développe
ment de l’Algérie. Les élus algériens rendront impossible pa
reille politique de restriction imbécile et odieuse, évidemment
contraire au vrai colonialisme, dont le but est de hâter l’af
franchissement de l’homme par la multiplication des biens mis
à sa disposition.
En prenant connaissance des résultats définitifs du serin
lin électoral de dimanche dernier, je ne me suis pas, naturel
lement, interdit certaines réflexions propres à tempérer mon
optimisme. A droite comme à gauche ce sont les extrémistes
qui gagnent et il est à appréhender qu’ils ne fassent plus de
bruit que de besogne, en tout cas qu’ils ne favorisent pas les
rapprochements si désirables entre Français et indigènes.
L’intelligence des colons français va être mise à l’épreuve.
S’ils continuent de mépriser et de rudoyer ceux qui ne prient
pas, ceux qui ne pensent pas, ceux qui ne s’habillent pas comme
eux, ils manqueront à la France en manquant à eux-mêmes.
Mépriser c’est se donner le droit de ne pas comprendre et ce
droit est dangereux pour qui l’exerce.
Nombre de colons algériens toujours tourmentés par l’an
tisémitisme qui les fit exploser au temps d’Edouard Drumont
et de Max Bégis, acclamaient avant la guerre et Doriot et
Mourras. Ils ont en nombre voté pour des gaullistes et je ne
garantis pas la qualité de leur gaullisme qui, peut-être, ne
ravirait pas d’aise le général de Gaulle. Je ne veux point, pour
tant, désespérer d’eux. La menace qui pèse sur eux et sur la
France est assez grande pour qu’ils ne retombent pas dans les
erreurs qu'ils commirent et qui sont largement cause de ce
qui les inquiète à présent. Que la démagogie de droite soit
réponse à la démagogie de gauche qui, au nom du plus san
guinaire des humanitarismes, appuie les séparatistes algériens,
je n’en disconviendrai pas, mais les fautes de l’une n’excusent
pas les fautes de l'autre quand c'est la France qui doit souf
frir des unes et des autres.
Henry Bénazet qui est, comme moi, colonialiste, mais pas
de la même façon, cédant plus que moi à l’esprit de parti et
même à l’esprit de classe, m’invite dans l’Aurore à ne point
célébrer trop vite la victoire électorale remportée dimanche
en Algérie sur les séparatistes algériens. Il a raison. Des al
liances peuvent effectivement se nouer en vue du second tour
qui pourraient être désagréables aux tenants de la cause franco-
algérienne parmi lesquels, en la circonstance, nous nous ran
geons, lui et moi, chacun selon notre humeur particulière.
Mais je compte que le gouverneur Naegelen y veillera au mieux
de l’intérêt national. Que celui-ci mérite, après le second tour,
les mêmes compliments et les mêmes critiques qui lui ont été
faits après le premier, c’est le sincère vœu que je forme. Sa
tâche, quoi qu’il arrive. sera rude, mais il semble l’assumer
avec intelligence et fermeté.
2" année. — N° 190.
PRIX : 5 FRANCS
Directeur politique : Emile BURE
AU CONSEIL DES MINISTRES
LES SUPER-PREFETS
sont nommés
général Juin commandant en chef
en Afrique du Nord
PAS D’AUGMENTATION DE LA RATION DE PAIN
Le conseil jes ministres qui s’est
tenu hier matin au Palais
l’Elysée sous la présidence de
Vincent Auriol a duré près
cinq heures. Contrairement à
de
M.
de
ce
que l'on pensait, il n’a pas été
du tout question, au cours de ces
longues délibérations, de problè-
Après la signature
L'accord militaire
avec les Russes
a été accueilli
avec soulagement
par les Finlandais
Helsinki, 7 avril. — L’homme
dans la rue qui s'attendait au
pire a bien accueilli l’accord mi
litaire conclu entre la Finlande et
l’Union soviétique. Ce traité ne
semble en effet, contenir aucune
clause susceptible d’infirmer la
promesse du président Passikivi
d’élections générales libres et dé
mocratiques en juillet prochain.
Le traité ne concède en outre
aucune base nouvelle et n’auto
rise pas le séjour de troupes so
viétiques sur le territoire finlan
dais en temps de paix.
Commentant aujourd'hui
ce
traité l’organe du parti du peu
ple suédois Hufvudstadsbladet
écrit que la Finlande ne s’est pas
vu dicter des conditions à Mos
cou comme certains milieux sem
blaient le craindre.
« Les négociations ont. été de
véritables négociations conduites
dans nn esprit amical. »
De son côté le journal conser
vateur Uusi Suomi déclare que
le pays a généralement l’impres-
sion que se rallier à un système
de grandes puissances ou d'al
liances est peut-être pernicieux
aux intérêts vitaux d’une petite
nation.
Dans l’Extrême-Orient ^tumultueux”
L’essor du syndicalisme
suit de près l’industrialisation
L'INDE
IMPERIALISTE
VA-T-ELLE REMPLACER LES TRUSTS JAPONAIS?
JEUDI
8 avril 1948
représentera l’Allemagne
On dit le français « nationalis
te ». C’est, en tout cas, souvent
vrai en ce sens qu’il ne se pré
occupe en somme que des affaires
intérieures. Et bien des syndica
listes partisans de la C. G. T. et
de la F. S. M. n’échappent pas à
cette sorte de « nationalisme ».
syndicalisme extrême-oriental
C’est voyez-vous bien loin !
Et pourtant, de même que
centre de gravité industriel
Le
?
déplace vers des « régions neu
ves », de même la puissance syn
dicale quittant les lieux qui l’ont
vu naître gagne et se développe
en des terres en friche.
En friche ? plus tellement. Et
c'est bien la grande nouveauté.
Le procès
Concourt
Sacha Guitry et l’éditeur
Robert Laffond devront
verser 70C.000 francs à
l’Académie
L'Extrême - Orient en s’éveillant
à la vie industrielle a vérifié une
parole de K. Marx : « Quand se
développe le capital s'étend pa
rallèlement la puissance « prolé
tarienne ».
C'est au Japon que le syndica
lisme connut, dans les années de
1920 à 1930, un essor tout à fait
important. L’énorme concentra
tion industrielle qui s'opérait à
cette époque dans l’île centrale,
le développement du trafic mari
time qui permettait la diffusion
des doctrines syndicales, l’effroya
ble misère des paysans et pê
cheurs japonais transformés en
« concentrationnaires » de l’in
dustrie, tous ces facteurs hâtèrent
une maturation de ce prolétariat
tout neuf qui apprit rapidement
à s’organiser.
La riposte des seigneurs capi
talistes, les « trois familles » ja
ponaises, fut rapide et terrible.
Elle se déroula sur un quadruple
plan.
Sur le terrain gouvernemental
d’abord où le régime pseudo par-
lementaire.
de même
quelques
sivement
ouverte.
qui garantissait tout
l'exercice élémentaire de
libertés, céda progrea-
la place à une dictature
M.KennetRoyall
secrétaire à l'Armée déclare:
"Des bases en Europe
sont indispensables à la
défense des Etats-Unis ”
APRES LES EVENEMENTS DE BERLIN
DE GRAVES DECISIONS
(économiques et politiques)
SERAIENT IMMINENTES
EN ALLEMAGNE
à la Conférence
des "Seize"
LE LOURD PASSÉ
DE M. KRUPP
mes économiques. C’est du moins
ce que voulut bien affirmer, à
l'issue du conseil, M. Mitterand
qui remplaçait M. Abelin, habi
tuelle ment chargé des commentai
res à la presse. Le ministre des
Anciens combattants précisa que
ses collègues et lui s’étaient es
sentiellement occupés des nomi-
nations dans le haut commande
ment ainsi que de celles des
« super-préfets » dont avaient
déjà discuté un récent conseil de
cabinet.
Après une communication de
M. Georges Bidault sur les af
faires internationales, en cours, et
notamment sur la réponse du gou
vernement français à la note tché
coslovaque concernant l’incident
Schrameck, M. Jules Moch ren
dit compte du résultat des élec-
tions en Algérie et de la situation
avant les opérations de ballottage,
puis le conseil, toujours sur la
proposition de M. Jules Moch,
Washington, 7 avril. — M. Ken
neth Royal!, secrétaire américain
à VArmée, a prononcé, à l’occa
sion de la «Journée de T Armée»,
un discours dans lequel il a no
tamment déclaré que des bases en
Europe occidentale seront néces
saires à la défense des Etats-Unis
en cas de guerre.
Des mesures devraient être pri
ses « avant que la guerre ne soit
imminente» en vue d'empêcher
les emplacement requis de tomber
La phase des incidents de frontières
et de transports est déjà dépassée
procéda à la
« super-préfets
M.
nomination des
Achille Villey, conseiller
d’Etat en service extraordinaire,
ancien préfet de la Seine, a été
désigné pour occuper le poste
d’inspecteur général en mission
extraordinaire pour la région de
Lille.
M. Faugère, préfet de la Loire,
l’a été pour celle de Bordeaux.
(Lire la suite en troisième page.)
-
Le bureau de la C G.T.
définit les mots d’ordre
du défilé du 1er mai
Paris, 7 avril. — La réunion du
bureau de la C.G.T. qui a eu lieu
hier matin a été essentiellement
consacrée à l’étude des résultats
de la conférence nationale des
comités d’entreprises.
Pour le 1er mai, le bureau
confédéral « invite les fédéra
tions et unions départementales
et locales ainsi que les syndicats
à préparer pour le 1er mai de
grandes démonstrations
de la classe ouvrière
mots d'ordre : •
« La baisse des
réduction des profits
avec
p rix
d'unité
comme
par la
capitalistes;
« L’augmentation immédiate de
20 % des salaires pour rétablir
l’équilibre entre les salaires et
les prix;
« La révision automatique des
salaires
suivant
vie;
« La
vrières
et leur augmentation
la hausse du coût de la
défense des libertés ou-
et démocratiques contre
« En cas de guerre, a dit encore
M. Kenneth Iloyall, une attaque
par bombardement pour être plei
nement efficace, devra partir d'une
distance inférieure à 3.000 kilomè
tres. Aucune partie du continent
étranger ne pourrait être atteinte
afficacement et de façon décisive
sans partir de bases situées sur le
continent. De telles bases, a pré
cisé enfin M. Roy Ml. seraient sé
parées des Etdts-Unis par la mer
et pourraient être al tein tes par
terre par les armées d'une nuis-,
sance européenne ou asiatique.
« Selon les meilleures informa
tions, a conclu le secrétaire à l’Ar
mée américain, chacune de ces
bases avancées exigerait pour sa
défense un demi-million d’hommes,
dont 375.000. appartenant à l’armée
de terre. »
Une déclaration de M. Hoff-
man, administrateur du plan
Marshall
Washington. — Dès sa nomina
tion d’administrateur du plan Mar
shall, que le Sénat a confirmé,
M. Paul Hoffman a déclaré que
l’aide américaine à l’Europe occi
dentale devait permettre d’aug-
menter la production de cette der
nière de 70 p. 100 environ, ce qui
sauverait le continent.
Francfort, 7 avril (de l’envoyé
spécial de l’agence Reuter). -
Dans les milieux alliés respon
sables de Francfort la conviction
s’est répandue dans la journée
d’hier que l’on se trouvait à la
veille de décisions d’ordre vital
intéressant le gouvernement fu
tur et la monnaie de l’Allemagne
et comportant le partage écono
mique et territorial de celle-ci.
Cette perspective esc fondée sur
des bruits non confirmés mais
persistants d’après lesquels les
Russes se refuseraient à toute
participation ultérieure au Con
seil de contrôle et créeraient une
surprise en demandant la forma
tion immédiate d’un gouverne
ment allemand « souverain » et
en proclamant la réforme moné
taire pour la zone orientale et
Berlin. De ce fait, la date du 10
avril, jour où le général Lucius
Clay sera appelé à convoquer le
Conseil de contrôle allié, semble
être d’une importance capitale.
Les bruits en question ont été
pris suffisamment au sérieux
pour provoquer nombre d’entre-
tiens hâtifs et des échanges de
télégrammes entre Berlin, Franc
fort, Londres et Washington.
Cela semble indiquer que la
phase des incidents de frontière
et de transports est maintenant
close par le seul fait_du début de
la phase des actes politiques ma
jeurs. Car il est manifeste qu’une
réforme monétaire unilatérale
constituerait un obstacle bien
(Lire la suite en troisième page.)
M. Couve de Murville
est arrivé à Berlin
Berlin — M. Couve de Mur-
ville, directeur général aux Af
faires politiques du Quai d’Orsay,
est arrivé aujourd’hui à Berlin
par avion, sur l’invitation du gé
néral Lucius Clay, gouverneur
militaire américain.
Il a été accueilli à l’aérodrome
de Tempelhof par le général Clay
et par M. Robert Murphy.
La commission des Nations
Unies chargée de la recherche des
criminels de guerre a pris la dé
cision de se liquider à Londres.
Un certain nombre de délégués,
dont le représentant de la Polo
gne M. Musxkat, ont manifesté
l’intention de poursuivre leur ac-
tivité. Ils estiment en effet qu’un»
belle brochette de criminels de
guerre se promènent encore en li
berté.
En 1946 la commission polonais»
de recherche des criminels de
guerre a relevé les noms des Alle
mands coupables d’exactions sur
le territoire polonais pendant
l’oocupation. Entre autres y figu- .
rait le nom d’un M. Kopf, proprié
taire terrien en Silésie, et l'un
des dirigeants de l’Association
allemande de fidéi-commission,
créée par Himmler pour répartir
les biens confisqués des Polo-
nais et des juifs. Le verdict de
Nuremberg a déclaré cette asso-
(Lire la suite en troisième pageA
M. Éruman en sérieuse difficulté
La revanche du Sud
va-t-elle se réaliser
à propos des élections présidentielles?
AUX FÊTES DU 600 e ANNIVERSAIRE
DE L’UNIVERSITE DE PRAGUE
». Benès fait appel
à fa bonne volonté
et à la liberté de l’esprit
M. Truman sera président Jus
qu’en novembre. Si on regarde plus
loin, on regarde dans Tinconnnu.
Mais dès aujourd'hui le fait que
Ton croit ou non que le président
se succédera à lui-même, prend
une grande importance pour l’A
mérique et pour le monde entier.
. Jusqu'ici personne ne doutait que
le-chef actuel serait présenté com
me candidat de son parti. Or on
constate un désarroi soudain, et
nous pouvons, lire des titrés sug
gestifs, tels que : les démocrates
au désespoir, les démocrates :
panique, ou Faudra-t-il que ce
soit Truman ? Que s’est-il donc
passé ?
A l'extérieur rien ne s’est ar
rangé. A l’intérieur plusieurs évé
nements ont eu une portée politi
que grave. Nous avons signalé
dans son temps le sens de l’élec
tion du Érohx, perdue a Ta fois
par les démocrates et les républi
cains. Mais parmi les démocrates
eux-mêmes, voici que le. chef poli
tique de Chicago, Arvey, refuse de
Nord. Or, Trunian, pour se rendre
plus populaire que le grand libéral
Wallace
prononcé dans un
discours en faveur des droits çlvi*
ques des noirs. Aussitôt les poli
ticiens du Sud se sont alarmés.
Leur colère est telle qu'ils parlent
sérieusement de présenter un can
didat régional. Celui-ci n’aurait
aucune chance de victoire, mais
assurerait la défaite de son ad
versaire. Les politiciens du, parti
n'ont pas mis longtemps à com
prendre ce que cela signifiera,. Ci
tons Time de New-York et New
Statesman de Londres ?
Une sorte de panique courut lea
rangs des démocrates, qui de
Phelps MORAND.
(Lire la suite en
troisième page,)
Après cinq audiences, la premiè
re chambre du tribunal civil de la
Seine, présidée par M. Rousselet,
a rendu son jugement dans le
procès en cinq millions de dom
mages et intérêts intenté par
l’Académie Goncourt à Sacha Gui-
try, René Benjamin et l’éditeur
Robert Laffond, à la suite des
deux prix décernés à la fois par
les huit et les deux dissidents.
Le tribunal estime d’abord que
l'instance est parfaitement rece
vable. MM. André Billy et Lucien
Descaves, régulièrement élus, pou
vant représenter en justice les
Goncourt.
Enfin dans ses attendus, le ju
gement déclare que la bande en
tourant le livre de M. Kleber
Haedens, « Salut au Kentucky »,
a créé une confusion dans l’esprit
des lecteurs.
« Ce Goncourt hors Goncourt »
pouvait en effet diminuer la va
leur du prix attribué par l’Acadé
mie à l’ouvrage de M. Jean-Louis
Curtiss, « Les Forêts de la Nuit ».
Estimant ainsi que le préjudice
est certain, le tribunal condamne
Sacha Guitry et l’éditeur Robert
Laffond à verser conjointement et
solidairement aux Goncourt 700.000
francs de dommages et intérêts.
L’autre part, dix insertions du ju
gement sont ordonnées, et la ban
de entourant l’ouvrage de M.
Hlaedens devra être en outre sup
primé»
Quant à M. René Benjamin, éga
lement poursuivi, le tribunal cons
tat» qu’il se trouvait alors en r-
sidence à Monaco, En conséquen-
ee. René Benjamin doit être mis
fsra de cuss.
Sur le terrain policier ensuite
où s’exerça l’açtion combinée des
services de sécurité officiels et
des sociétés secrètes extrêmement
puissantes.
Sur le terrain politique avec la
création de nombreuses associa
tions de... « jaunes ».
Enfin et surtout sur le terrain
économique et social avec le ren
forcement de la surveillance à
l’usine, surtout en ce qui concer
ne le travail des femmes, l’abru
tissement systématique des
masses ouvrières...
Bien entendu l’effort de guerre
permit et facilita cette répression
multiforme. L'effondrement d#
l'Empire du soleil levant souleva
de grands espoirs parmi les lea
ders dispersés du mouvement ou
vrier. Le syndicalisme connut un
renouveau considérable ; les grè
ves reparurent et l’effervescence
sociale fruits de la liberté quand
règne en fait la misère.
Le mouvement syndical japo
nais renaissant connaît les mêmes
problèmes que ses devanciers à
La question syndicale se trouve
encore compliquée du fait que le
Japon avait joué, jusqu'ici, le rôle
d’organisateur industriel de l’Ex
trême-Orient. Il est incontestable
que, dans cet essor, il était par
venu à susciter certains espoirs
nationalistes, jusque parmi les ou-
vçiers.
Or, cette place prépondérante
du point de vue industriel est au
jourd’hui contestée par un con
current sérieux ; les Indes.
Les journaux spécialisés, et
même les autres, accordent une
place relativement importante au
développement des conflits so
ciaux aux Indes. Il y a, à cela,
deux causes importantes.
En premier lieu la transforma
tion de la structure industrielle
de l'Inde. Jusqu'ici régnait l’in-
dustrie « de transformation », es-
esentiellement le textile où étaient
employés de nombreuses femme»
et des enfants, personnel peu pro
pice à l’entraînement d’une poli
tique syndicale. D’où le rôle im
portant joué par les employés de»
transports et des fonctionnaires.
Mais, depuis la guerre surtout,
a commencé à se développer une
industrie lourde avec des « com
binés géants » et dernièrement
même le pandit Nehru a signé une
loi prévoyant le contrôle de l'é
nergie atomique. Ainsi apparais
sent des couches prolétariennes
nouvelles plus fortes, plus discipli
nées, métallurgistes, ouvriers des
produits chimiques qui donnent
un poids nouveau à l'action syndi-
les menées du R.P.F. et contre
les attaques patronales et gou
vernementales;
« La défense dë l’école laïque;
« La défense de la paix contre
les fauteurs de guerre impéria
listes;
« La lutte contre le chômage;
« La défense de la souveraineté
nationale et de nos industries
menacées par l’expansionnisme
des milliardaires américains;
« Contre les dictatures; pour
l’unité ouvrière dans la C.G.T.;
pour l’unité de la classe ouvrière
mondiale dans la F.S.M. »
LES SEIZE
vont se réunir
A PARIS
Une prochaine conférence grou
pant les ministres des Affaires
étrangères des Seize se tiendra à
Paris très prochainement sans'
doute le 14 ou le 16 avril. M. Er
nest Bevin. secrétaire au Foreign
Office y assistera
Cette conférence sera présidée
tant d'une séance plénière du
comité de coopération économique
européenne qui aura lieu en pré
sence des suppléants des minis
tres des Affaires étrangères que
d’une réuniofn du comité de tra
vail.
Prague, 7 avril. — Prononçant
son premier discours public depuis
la crise de février, le président
Benès a célébré le 600 e anniver
saire de l’université Charles IV
à Prague, en soulignant que les
destinées de cette université re
flétaient, « bien plus manifeste
ment que celles d’aucune autre
institution nationale », les péripé
ties et les difficultés de l’Etat
tchécoslovaque.
« Notre lutte pour la sauvegar
de de nos droits nationaux de
vant l’assaut allemand et souvent
pour la simple existence de notre
nation a eu sa répercussion dans
notre université.
« Nos efforts pour nous assurer
une nouvelle indépendance politi
que et un développement plus
parfait de notre communauté na
tionale ont toujours bénéficié de
l’appui chaleureux de notre uni
versité. »
Faisant un appel à la bonne
volonté et à la liberté universelle
de l’esprit, le président Benès a
dit : « Tous les succès et tous les
échecs moraux et politiques ont
toujours profondément affecté et
parfois même déterminé pour une
longue période les destinées de
notre université qui s’est toujours
tenue du côté de la vérité, de la
liberté et de la morale reconnues.»
Ayant récapitulé les difficultés
du passé, M. Benès a constaté que
« même le 600’ anniversaire de
notre université, nous ne le célé
brons pas dans une période calme
« Trois ans après la guerre la
plus horrible de l'histoire, il n’y
ver satisfaction, il est nécessaire
qu’une véritable liberté spirituelle
soit cultivée et réalisée. Cette li
berté est la condition de toute
véritable vie spirituelle et du tra
vail de l’esprit en général.
« Cette liberté qui est fondée
sur le respect de la personne hu
maine et sur la tolérance en gé
néral — dont l’université de Pra
gue a toujours été le champion
— nous apportera, si Dieu le veut,
à nous tous et à l’université Char
les IV en particulier, un avenir
heureux. »
soutenir une candidature
tuelle, du président. En
temps Hill et Sparkman,
éve n-
même
tous
Aux élections préliminaires
du Wisconsin, Harold Stassen
bat Mac Arthur
l’heure actuelle.
contraires s’y
Deux influences
disputent :
des communistes dont la
celle
puis-
sance, cachée, est cependant in
contestable dans la métallurgie
notamment et les transports ;
celle des syndicats américains
qui, sans intervenir directement,
s’efforcent de nouer de puissant#
liens avec cette nouvelle force.
Dans ces conditions, on le con
çoit, la tâche de Mac Arthur, ar
bitre désigné, n’est pas souvent
aisée ; d’autant moins commode
que les syndicalistes américains
de certaines tendances ont la dent
dure à son égard et lui reprochent
< de restaurer la puissance de
limpérialiame nippon. »
a pas de paix entre
et les Etats.
« Pour que le désir
humains de vivre en
jouir de la liberté de
les nations
naturel des
paix et de
conscience,
de recherche scientifique, de pen
sée et de conviction, puisse trou-
LA QUOTIDIENNE de Pierre LŒWEL
deux anciens whips démocrates du
Sénat et de la Chambre des re
présentants, tous deux du Sud, se
détachent de Truman et s’alignent
aux côtés de la révolte du Sud.
Cette révolte menace de pren
dre une gravité exceptionnelle.
Les blancs des Etats sudistes
n’ont au fond jamais tout à fait
admis la libération des esclaves
noirs et le droit de vote qui leur
a été accordé, officiellement, après
la guerre civile et la victoire du
Milwaukee. — Le parti répu
blicain de l'Etat de Wisconsin
vient de voter pour désigner les
27 délégués qui le représenteront
à la Convention nationale du Darti
qui élira le candidat républicain
aux élections présidentielles.
Le grand triomphateur de la
journée est M. Harold Stassen,
ex-gouverneur du Minnesota qui
obtient 20 délégués tandis que le
général Mac Arthur en aura 7 et
M. Thomas Dewey, gouverneur
de l’Etat de New-York,
Les événements qui se déroulent
à l’Electricité de France
ont la valeur d’un test
par Jacques DAVOS
Le deuxième facteur, non le
moindre, est d’ordre politique. La
présence anglaise soudait. tant
bien que mal, en une sorte de
front unique la bourgeoisie et les
ouvriers indigènes. Le départ des
Britanniques a rompu définitive
ment ce lien qui se déchirait peu
à peu. Ceci s’est marqué sur le
terrain politique par la scission
du Congrès que quittèrent des
milliers de socialistes et sur le
terrain syndical par une recru
descence de l’activité gréviste.
Mais le même problème existe
aux Indes : la division en deux
tendances du mouvement syndi
cal ; mettant à profit cette op-
portunité,
gouvernement du
pandit Nehru vient d'engager une
vaste campagne « anticommunis
te » qui s’est marquée d'un côté
par l'interdiction du P. C. de
l’Inde, d'un autre côté par des
mesures contre la centrale syndi
cale A. I. T. U. C. (Ali India Tra-
de Union Congress).
Nul doute que les rapports ne
se tendent encore entre le gou
vernement indien et les syndicats.
Ces derniers accusent du reste
les magnats de l'Inde de vou
loir prendre la place des « sei
gneurs japonais ». Et, disent-ils,
ils ont hérité de leurs préoccu
pations politiques et sociales.
Rens DANY.
(A suivre.)
Nous n’aurions pas osé le dire
parce qu'il y a des lecteurs suscep
tibles et qui s'irritent aussitôt qu’on
touche à l’objet de leurs croyances,
même quand ils ne savent pas dis
tinguer entre ce qui est de la foi
et ce qui est sa surajoutare, mais
puisque la remarque est de M. Fran
çois Mauriac, on nous permettra bien
de confesser après lui que ce qui
nous a toujours paru le plus faux,
le plus pompeusement paré d’arti
fices, et le moins convaincant dans
le genre oratoire, c’est l’éloquence
d’Eglise, celle du moins qu’au cours
d’une expérience déjà longue nous
eûmes l’occasion d'apprécier.
Les
prédicateurs nous paraissaient sou
vent diserts, toujours péremptoires,
mais en les écoutant nous ne pou
vions nous défendre du sentiment
que détenir la vérité divine et parler
au nom de Dieu donne une autorité
qui dispense de toute argumentation.
Il ne nous déplaît pas de trouvet
sous la plume de M. François Mau
riac l’assurance que, ce faisant, nous
n’étions pas victime de quelque
congénitale méfiance et d'un scepti
cisme avoisinant le blasphème.
< L’absence de toute opposition
perceptible dans son auditoire déve
loppe chu le prédicateur l’habi'udi
de plier son raisonnement aux exi
gences du but qu’il poursuit : jus
qu’au ne pousse-t-il pas son audace
dans l'affirmation sans preuve ? » et
M. Mauriac de citer, s’appliquant à
certaines légendes, à un culte exces
sif rendu à la Vierge, à certaines in
ventions en marge du dogme, à des
formes basses de la dévotion, des
exemples compromettant le religion
pure. On osera lui dire — et ne
dire qu’à lui — combien un esprit
critique se trouve souvent contraint
de tout rejeter d’un dogme du seul
fait que ses tenants en font un tout
si imperméable à la discussion qu'ils
obligent à le nier par ceux-là mimes
qui l’accepteraient s'il était débarrassé
de sa gangue. Si les Évangiles forment
un tout à quoi il faut donner créan
ce de l'alpha à l’ oméga, le généalo
gie de Jésus par quoi s’ouvre Saint-
Mathieu me fera refermer le Nou
veau Testament, de mime que je
m’inquiéterai du sort des croyants
qui moururent avant 1854 iani
croire à l’Immaculée Conception. Li
cence en deçà, hérésie au delà, il
n'est pas mauvais de songer au mot
de saint Augustin (Credo quia ab-
surdun) mais il faut aussi le com
prendre. Les mauvais exégètes font
le» iconoclatte».
Les manisfestations qui se développent à l’Elec-
tricité de France depuis trois semaines et dont la
presse se fait quotidiennement l’écho, dépassent
largement le cadre de cet établissement.
Le petit incident qui est à l’origine d’un chan
gement dans l’équipe de direction de l’Electricité
de France ne pouvait en lui-même justifier cette
modification ; de source très sûre, nous savons en
effet que cet incident reposait uniquement sur une
lettre adressée par le secrétaire général, M. Les-
cuyer, au président du conseil d’administration,
M. Audibert. lui transmettant un document éma
nant d’une organisation syndicale et contenant des
critiques à l’égard du directeur général, M. Gas
pard ; ce dernier avait d’ailleurs préalablement et
officiellement reçu lui-même ce document.
De toute évidence, une lettre de transmission
banale ne pouvait motiver la suspension de M. Les-
cuver et ensuite sa nomination au grade équivalent
d’inspecteur général.
L'incident n’était donc qu’un prétexte et la
cause réelle de ce changement était ailleurs.
Cette cause apparut très nettement au moment
de la désignation du successeur de M. Lescuyer.
M. Robert Félix, nommé secrétaire général par
une décision de M. Gaspard du 19 mars 1948.
est en effet un des hommes les plus représentatifs
des équipes qui dirigeaient l’industrie électrique
avant la nationalisation ; M. Robert Félix avait
été, pendant une vingtaine d’années, l’une des
éminences grises de M. Ernest Mercier qu’il avait
représenté dans de nombreuses sociétés de la
région parisienne.
Ainsi, il était très clair que l’intention du direc
teur général était de donner une nouvelle orienta
tion à l’Electricité de France, en plaçant à un
poste de commandement essentiel un homme qui,
par ses attaches, personnifiait une ligne de conduite
nouvelle et des perspectives bien déterminées.
De cette situation, les organisations syndicales
ont retenu notamment la conséquence immédiate,
c’est-à-dire le fait que l’intéressé devenait à la fois
fournisseur (en tant qu'administrateur d’entreprises
de fabrication et de construction) et client (en tant
que secrétaire général d'Electricité de France) et
les délégués syndicaux ont, dans les usines, mis
en avant cet argument essentiel pour mobiliser le
personnel contre M. Félix.
En effet, M. Robert Félix était administrateur
et reste, en tout état de cause, intéressé dans deux
sociétés qui sont parmi les fournisseurs les plus
importants d’Electricité de France : la société
Forclum, qui exécute la plupart des travaux sur
les réseaux électriques, et la société des maisons
Phénix, qui fournit la plus grande partie des
maisons préfabriquées servant au logement du
personnel de construction des grands barrages ; les
marchés sont de Tordre de grandeur du milliard.
Les deux affaires sont d’ailleurs florissantes et
figurent parmi les valeurs de construction électrique
les plus recherchées actuellement.
Dans l’esprit de M. Gaspard et de ses amis, la
nomination de M. Robert Félix devait constituer
un précédent. Le personnel s’était toujours opposé
à ce que l’Electricité de France, continue dans ce
domaine, les pratiques des anciennes sociétés dont
les dirigeants étaient administrateurs à la fois dans
les compagnies d’électricité et dans les sociétés d»
construction, de fabrication, etc.
Si le précédent était créé, les groupes financiers
des anciennes sociétés pouvaient raisonnablement
espérer que les bénéfices qui leur avaient échappé
dans le domaine des ventes d’électricité et de gaz
par la nationalisation, se retrouveraient en entier
par le gonflement des entreprises fournissant la
matériel bu exécutant les travaux.
Tel était l’enjeu de cette expérience. Mais les
promoteurs de l’opération avaient sous-estimé la
résistance du personnel qui est évidemment plus
puissant dans une entreprise nationalisée que dans
une entreprise privée ; et il semble bien que la
campagne de presse menée pendant quelques mois
dans plusieurs journaux parisiens pour préparer
l’opération sous le couvert de critiques contre les
nationalisations n’ait pas eu d’autre résultat que
d’irriter le personnel et de rendre plus violente sa
réaction. Et, quinze jours seulement après la déci
sion de M. Gaspard nommant M. Félix, le prési
dent du conseil d’administration M. Audibert, qui
avait d’ailleurs tout ignoré des buts réels de
l’opération, devait annuler cette nomination.
C’est dans ces conditions qu’a pris fin la première
tentative d’investissement d’Electricité de France
par ses propres fournisseurs.
LE CRIMINEL DE GUERRE
OH
( :
n° 1.1 50-6.776
par Emile BURE
On craigliait le pire en Algérie, le meilleur n’a pas été
donné, mais ce qui s’offre est malgré tout prometteur. Il sem
ble, après le premier tour de scrutin des élections qui ont eu
lieu dimanche, qu'il suffira au gouverneur Naegelen de fermer
les oreilles aux criailleries des anticolonialistes démagogues
de gauche sans cervelle et des colonialistes démagogues de
droite sans scrupules, de dénoncer sans relâche les périls
multiples du séparatisme algérien pour que l’Assemblée algé
rienne, au lieu de desservir la cause franco-algérienne comme
beaucoup étaient en droit de le redouter, la serve tout au con
traire et grandement.
L’œuvre accomplie en Algérie par notre pays, pour ma
gnifique qu’elle soit, a ses ombres, que celle assemblée, on peut
l’espérer, sera en mesure d’effacer. Par égoïsme malentendu,
pour satisfaire des intérêts de diverses sortes électoraux on
capitalistes dressés contre l’intérêt national, notre Parlement,
notre administration ont, par des contingentements de pro
duits algériens, par des interdictions de construire des usines
en territoire algérien, retardé avant la guerre le développe
ment de l’Algérie. Les élus algériens rendront impossible pa
reille politique de restriction imbécile et odieuse, évidemment
contraire au vrai colonialisme, dont le but est de hâter l’af
franchissement de l’homme par la multiplication des biens mis
à sa disposition.
En prenant connaissance des résultats définitifs du serin
lin électoral de dimanche dernier, je ne me suis pas, naturel
lement, interdit certaines réflexions propres à tempérer mon
optimisme. A droite comme à gauche ce sont les extrémistes
qui gagnent et il est à appréhender qu’ils ne fassent plus de
bruit que de besogne, en tout cas qu’ils ne favorisent pas les
rapprochements si désirables entre Français et indigènes.
L’intelligence des colons français va être mise à l’épreuve.
S’ils continuent de mépriser et de rudoyer ceux qui ne prient
pas, ceux qui ne pensent pas, ceux qui ne s’habillent pas comme
eux, ils manqueront à la France en manquant à eux-mêmes.
Mépriser c’est se donner le droit de ne pas comprendre et ce
droit est dangereux pour qui l’exerce.
Nombre de colons algériens toujours tourmentés par l’an
tisémitisme qui les fit exploser au temps d’Edouard Drumont
et de Max Bégis, acclamaient avant la guerre et Doriot et
Mourras. Ils ont en nombre voté pour des gaullistes et je ne
garantis pas la qualité de leur gaullisme qui, peut-être, ne
ravirait pas d’aise le général de Gaulle. Je ne veux point, pour
tant, désespérer d’eux. La menace qui pèse sur eux et sur la
France est assez grande pour qu’ils ne retombent pas dans les
erreurs qu'ils commirent et qui sont largement cause de ce
qui les inquiète à présent. Que la démagogie de droite soit
réponse à la démagogie de gauche qui, au nom du plus san
guinaire des humanitarismes, appuie les séparatistes algériens,
je n’en disconviendrai pas, mais les fautes de l’une n’excusent
pas les fautes de l'autre quand c'est la France qui doit souf
frir des unes et des autres.
Henry Bénazet qui est, comme moi, colonialiste, mais pas
de la même façon, cédant plus que moi à l’esprit de parti et
même à l’esprit de classe, m’invite dans l’Aurore à ne point
célébrer trop vite la victoire électorale remportée dimanche
en Algérie sur les séparatistes algériens. Il a raison. Des al
liances peuvent effectivement se nouer en vue du second tour
qui pourraient être désagréables aux tenants de la cause franco-
algérienne parmi lesquels, en la circonstance, nous nous ran
geons, lui et moi, chacun selon notre humeur particulière.
Mais je compte que le gouverneur Naegelen y veillera au mieux
de l’intérêt national. Que celui-ci mérite, après le second tour,
les mêmes compliments et les mêmes critiques qui lui ont été
faits après le premier, c’est le sincère vœu que je forme. Sa
tâche, quoi qu’il arrive. sera rude, mais il semble l’assumer
avec intelligence et fermeté.
2" année. — N° 190.
PRIX : 5 FRANCS
Directeur politique : Emile BURE
AU CONSEIL DES MINISTRES
LES SUPER-PREFETS
sont nommés
général Juin commandant en chef
en Afrique du Nord
PAS D’AUGMENTATION DE LA RATION DE PAIN
Le conseil jes ministres qui s’est
tenu hier matin au Palais
l’Elysée sous la présidence de
Vincent Auriol a duré près
cinq heures. Contrairement à
de
M.
de
ce
que l'on pensait, il n’a pas été
du tout question, au cours de ces
longues délibérations, de problè-
Après la signature
L'accord militaire
avec les Russes
a été accueilli
avec soulagement
par les Finlandais
Helsinki, 7 avril. — L’homme
dans la rue qui s'attendait au
pire a bien accueilli l’accord mi
litaire conclu entre la Finlande et
l’Union soviétique. Ce traité ne
semble en effet, contenir aucune
clause susceptible d’infirmer la
promesse du président Passikivi
d’élections générales libres et dé
mocratiques en juillet prochain.
Le traité ne concède en outre
aucune base nouvelle et n’auto
rise pas le séjour de troupes so
viétiques sur le territoire finlan
dais en temps de paix.
Commentant aujourd'hui
ce
traité l’organe du parti du peu
ple suédois Hufvudstadsbladet
écrit que la Finlande ne s’est pas
vu dicter des conditions à Mos
cou comme certains milieux sem
blaient le craindre.
« Les négociations ont. été de
véritables négociations conduites
dans nn esprit amical. »
De son côté le journal conser
vateur Uusi Suomi déclare que
le pays a généralement l’impres-
sion que se rallier à un système
de grandes puissances ou d'al
liances est peut-être pernicieux
aux intérêts vitaux d’une petite
nation.
Dans l’Extrême-Orient ^tumultueux”
L’essor du syndicalisme
suit de près l’industrialisation
L'INDE
IMPERIALISTE
VA-T-ELLE REMPLACER LES TRUSTS JAPONAIS?
JEUDI
8 avril 1948
représentera l’Allemagne
On dit le français « nationalis
te ». C’est, en tout cas, souvent
vrai en ce sens qu’il ne se pré
occupe en somme que des affaires
intérieures. Et bien des syndica
listes partisans de la C. G. T. et
de la F. S. M. n’échappent pas à
cette sorte de « nationalisme ».
syndicalisme extrême-oriental
C’est voyez-vous bien loin !
Et pourtant, de même que
centre de gravité industriel
Le
?
déplace vers des « régions neu
ves », de même la puissance syn
dicale quittant les lieux qui l’ont
vu naître gagne et se développe
en des terres en friche.
En friche ? plus tellement. Et
c'est bien la grande nouveauté.
Le procès
Concourt
Sacha Guitry et l’éditeur
Robert Laffond devront
verser 70C.000 francs à
l’Académie
L'Extrême - Orient en s’éveillant
à la vie industrielle a vérifié une
parole de K. Marx : « Quand se
développe le capital s'étend pa
rallèlement la puissance « prolé
tarienne ».
C'est au Japon que le syndica
lisme connut, dans les années de
1920 à 1930, un essor tout à fait
important. L’énorme concentra
tion industrielle qui s'opérait à
cette époque dans l’île centrale,
le développement du trafic mari
time qui permettait la diffusion
des doctrines syndicales, l’effroya
ble misère des paysans et pê
cheurs japonais transformés en
« concentrationnaires » de l’in
dustrie, tous ces facteurs hâtèrent
une maturation de ce prolétariat
tout neuf qui apprit rapidement
à s’organiser.
La riposte des seigneurs capi
talistes, les « trois familles » ja
ponaises, fut rapide et terrible.
Elle se déroula sur un quadruple
plan.
Sur le terrain gouvernemental
d’abord où le régime pseudo par-
lementaire.
de même
quelques
sivement
ouverte.
qui garantissait tout
l'exercice élémentaire de
libertés, céda progrea-
la place à une dictature
M.KennetRoyall
secrétaire à l'Armée déclare:
"Des bases en Europe
sont indispensables à la
défense des Etats-Unis ”
APRES LES EVENEMENTS DE BERLIN
DE GRAVES DECISIONS
(économiques et politiques)
SERAIENT IMMINENTES
EN ALLEMAGNE
à la Conférence
des "Seize"
LE LOURD PASSÉ
DE M. KRUPP
mes économiques. C’est du moins
ce que voulut bien affirmer, à
l'issue du conseil, M. Mitterand
qui remplaçait M. Abelin, habi
tuelle ment chargé des commentai
res à la presse. Le ministre des
Anciens combattants précisa que
ses collègues et lui s’étaient es
sentiellement occupés des nomi-
nations dans le haut commande
ment ainsi que de celles des
« super-préfets » dont avaient
déjà discuté un récent conseil de
cabinet.
Après une communication de
M. Georges Bidault sur les af
faires internationales, en cours, et
notamment sur la réponse du gou
vernement français à la note tché
coslovaque concernant l’incident
Schrameck, M. Jules Moch ren
dit compte du résultat des élec-
tions en Algérie et de la situation
avant les opérations de ballottage,
puis le conseil, toujours sur la
proposition de M. Jules Moch,
Washington, 7 avril. — M. Ken
neth Royal!, secrétaire américain
à VArmée, a prononcé, à l’occa
sion de la «Journée de T Armée»,
un discours dans lequel il a no
tamment déclaré que des bases en
Europe occidentale seront néces
saires à la défense des Etats-Unis
en cas de guerre.
Des mesures devraient être pri
ses « avant que la guerre ne soit
imminente» en vue d'empêcher
les emplacement requis de tomber
La phase des incidents de frontières
et de transports est déjà dépassée
procéda à la
« super-préfets
M.
nomination des
Achille Villey, conseiller
d’Etat en service extraordinaire,
ancien préfet de la Seine, a été
désigné pour occuper le poste
d’inspecteur général en mission
extraordinaire pour la région de
Lille.
M. Faugère, préfet de la Loire,
l’a été pour celle de Bordeaux.
(Lire la suite en troisième page.)
-
Le bureau de la C G.T.
définit les mots d’ordre
du défilé du 1er mai
Paris, 7 avril. — La réunion du
bureau de la C.G.T. qui a eu lieu
hier matin a été essentiellement
consacrée à l’étude des résultats
de la conférence nationale des
comités d’entreprises.
Pour le 1er mai, le bureau
confédéral « invite les fédéra
tions et unions départementales
et locales ainsi que les syndicats
à préparer pour le 1er mai de
grandes démonstrations
de la classe ouvrière
mots d'ordre : •
« La baisse des
réduction des profits
avec
p rix
d'unité
comme
par la
capitalistes;
« L’augmentation immédiate de
20 % des salaires pour rétablir
l’équilibre entre les salaires et
les prix;
« La révision automatique des
salaires
suivant
vie;
« La
vrières
et leur augmentation
la hausse du coût de la
défense des libertés ou-
et démocratiques contre
« En cas de guerre, a dit encore
M. Kenneth Iloyall, une attaque
par bombardement pour être plei
nement efficace, devra partir d'une
distance inférieure à 3.000 kilomè
tres. Aucune partie du continent
étranger ne pourrait être atteinte
afficacement et de façon décisive
sans partir de bases situées sur le
continent. De telles bases, a pré
cisé enfin M. Roy Ml. seraient sé
parées des Etdts-Unis par la mer
et pourraient être al tein tes par
terre par les armées d'une nuis-,
sance européenne ou asiatique.
« Selon les meilleures informa
tions, a conclu le secrétaire à l’Ar
mée américain, chacune de ces
bases avancées exigerait pour sa
défense un demi-million d’hommes,
dont 375.000. appartenant à l’armée
de terre. »
Une déclaration de M. Hoff-
man, administrateur du plan
Marshall
Washington. — Dès sa nomina
tion d’administrateur du plan Mar
shall, que le Sénat a confirmé,
M. Paul Hoffman a déclaré que
l’aide américaine à l’Europe occi
dentale devait permettre d’aug-
menter la production de cette der
nière de 70 p. 100 environ, ce qui
sauverait le continent.
Francfort, 7 avril (de l’envoyé
spécial de l’agence Reuter). -
Dans les milieux alliés respon
sables de Francfort la conviction
s’est répandue dans la journée
d’hier que l’on se trouvait à la
veille de décisions d’ordre vital
intéressant le gouvernement fu
tur et la monnaie de l’Allemagne
et comportant le partage écono
mique et territorial de celle-ci.
Cette perspective esc fondée sur
des bruits non confirmés mais
persistants d’après lesquels les
Russes se refuseraient à toute
participation ultérieure au Con
seil de contrôle et créeraient une
surprise en demandant la forma
tion immédiate d’un gouverne
ment allemand « souverain » et
en proclamant la réforme moné
taire pour la zone orientale et
Berlin. De ce fait, la date du 10
avril, jour où le général Lucius
Clay sera appelé à convoquer le
Conseil de contrôle allié, semble
être d’une importance capitale.
Les bruits en question ont été
pris suffisamment au sérieux
pour provoquer nombre d’entre-
tiens hâtifs et des échanges de
télégrammes entre Berlin, Franc
fort, Londres et Washington.
Cela semble indiquer que la
phase des incidents de frontière
et de transports est maintenant
close par le seul fait_du début de
la phase des actes politiques ma
jeurs. Car il est manifeste qu’une
réforme monétaire unilatérale
constituerait un obstacle bien
(Lire la suite en troisième page.)
M. Couve de Murville
est arrivé à Berlin
Berlin — M. Couve de Mur-
ville, directeur général aux Af
faires politiques du Quai d’Orsay,
est arrivé aujourd’hui à Berlin
par avion, sur l’invitation du gé
néral Lucius Clay, gouverneur
militaire américain.
Il a été accueilli à l’aérodrome
de Tempelhof par le général Clay
et par M. Robert Murphy.
La commission des Nations
Unies chargée de la recherche des
criminels de guerre a pris la dé
cision de se liquider à Londres.
Un certain nombre de délégués,
dont le représentant de la Polo
gne M. Musxkat, ont manifesté
l’intention de poursuivre leur ac-
tivité. Ils estiment en effet qu’un»
belle brochette de criminels de
guerre se promènent encore en li
berté.
En 1946 la commission polonais»
de recherche des criminels de
guerre a relevé les noms des Alle
mands coupables d’exactions sur
le territoire polonais pendant
l’oocupation. Entre autres y figu- .
rait le nom d’un M. Kopf, proprié
taire terrien en Silésie, et l'un
des dirigeants de l’Association
allemande de fidéi-commission,
créée par Himmler pour répartir
les biens confisqués des Polo-
nais et des juifs. Le verdict de
Nuremberg a déclaré cette asso-
(Lire la suite en troisième pageA
M. Éruman en sérieuse difficulté
La revanche du Sud
va-t-elle se réaliser
à propos des élections présidentielles?
AUX FÊTES DU 600 e ANNIVERSAIRE
DE L’UNIVERSITE DE PRAGUE
». Benès fait appel
à fa bonne volonté
et à la liberté de l’esprit
M. Truman sera président Jus
qu’en novembre. Si on regarde plus
loin, on regarde dans Tinconnnu.
Mais dès aujourd'hui le fait que
Ton croit ou non que le président
se succédera à lui-même, prend
une grande importance pour l’A
mérique et pour le monde entier.
. Jusqu'ici personne ne doutait que
le-chef actuel serait présenté com
me candidat de son parti. Or on
constate un désarroi soudain, et
nous pouvons, lire des titrés sug
gestifs, tels que : les démocrates
au désespoir, les démocrates :
panique, ou Faudra-t-il que ce
soit Truman ? Que s’est-il donc
passé ?
A l'extérieur rien ne s’est ar
rangé. A l’intérieur plusieurs évé
nements ont eu une portée politi
que grave. Nous avons signalé
dans son temps le sens de l’élec
tion du Érohx, perdue a Ta fois
par les démocrates et les républi
cains. Mais parmi les démocrates
eux-mêmes, voici que le. chef poli
tique de Chicago, Arvey, refuse de
Nord. Or, Trunian, pour se rendre
plus populaire que le grand libéral
Wallace
prononcé dans un
discours en faveur des droits çlvi*
ques des noirs. Aussitôt les poli
ticiens du Sud se sont alarmés.
Leur colère est telle qu'ils parlent
sérieusement de présenter un can
didat régional. Celui-ci n’aurait
aucune chance de victoire, mais
assurerait la défaite de son ad
versaire. Les politiciens du, parti
n'ont pas mis longtemps à com
prendre ce que cela signifiera,. Ci
tons Time de New-York et New
Statesman de Londres ?
Une sorte de panique courut lea
rangs des démocrates, qui de
Phelps MORAND.
(Lire la suite en
troisième page,)
Après cinq audiences, la premiè
re chambre du tribunal civil de la
Seine, présidée par M. Rousselet,
a rendu son jugement dans le
procès en cinq millions de dom
mages et intérêts intenté par
l’Académie Goncourt à Sacha Gui-
try, René Benjamin et l’éditeur
Robert Laffond, à la suite des
deux prix décernés à la fois par
les huit et les deux dissidents.
Le tribunal estime d’abord que
l'instance est parfaitement rece
vable. MM. André Billy et Lucien
Descaves, régulièrement élus, pou
vant représenter en justice les
Goncourt.
Enfin dans ses attendus, le ju
gement déclare que la bande en
tourant le livre de M. Kleber
Haedens, « Salut au Kentucky »,
a créé une confusion dans l’esprit
des lecteurs.
« Ce Goncourt hors Goncourt »
pouvait en effet diminuer la va
leur du prix attribué par l’Acadé
mie à l’ouvrage de M. Jean-Louis
Curtiss, « Les Forêts de la Nuit ».
Estimant ainsi que le préjudice
est certain, le tribunal condamne
Sacha Guitry et l’éditeur Robert
Laffond à verser conjointement et
solidairement aux Goncourt 700.000
francs de dommages et intérêts.
L’autre part, dix insertions du ju
gement sont ordonnées, et la ban
de entourant l’ouvrage de M.
Hlaedens devra être en outre sup
primé»
Quant à M. René Benjamin, éga
lement poursuivi, le tribunal cons
tat» qu’il se trouvait alors en r-
sidence à Monaco, En conséquen-
ee. René Benjamin doit être mis
fsra de cuss.
Sur le terrain policier ensuite
où s’exerça l’açtion combinée des
services de sécurité officiels et
des sociétés secrètes extrêmement
puissantes.
Sur le terrain politique avec la
création de nombreuses associa
tions de... « jaunes ».
Enfin et surtout sur le terrain
économique et social avec le ren
forcement de la surveillance à
l’usine, surtout en ce qui concer
ne le travail des femmes, l’abru
tissement systématique des
masses ouvrières...
Bien entendu l’effort de guerre
permit et facilita cette répression
multiforme. L'effondrement d#
l'Empire du soleil levant souleva
de grands espoirs parmi les lea
ders dispersés du mouvement ou
vrier. Le syndicalisme connut un
renouveau considérable ; les grè
ves reparurent et l’effervescence
sociale fruits de la liberté quand
règne en fait la misère.
Le mouvement syndical japo
nais renaissant connaît les mêmes
problèmes que ses devanciers à
La question syndicale se trouve
encore compliquée du fait que le
Japon avait joué, jusqu'ici, le rôle
d’organisateur industriel de l’Ex
trême-Orient. Il est incontestable
que, dans cet essor, il était par
venu à susciter certains espoirs
nationalistes, jusque parmi les ou-
vçiers.
Or, cette place prépondérante
du point de vue industriel est au
jourd’hui contestée par un con
current sérieux ; les Indes.
Les journaux spécialisés, et
même les autres, accordent une
place relativement importante au
développement des conflits so
ciaux aux Indes. Il y a, à cela,
deux causes importantes.
En premier lieu la transforma
tion de la structure industrielle
de l'Inde. Jusqu'ici régnait l’in-
dustrie « de transformation », es-
esentiellement le textile où étaient
employés de nombreuses femme»
et des enfants, personnel peu pro
pice à l’entraînement d’une poli
tique syndicale. D’où le rôle im
portant joué par les employés de»
transports et des fonctionnaires.
Mais, depuis la guerre surtout,
a commencé à se développer une
industrie lourde avec des « com
binés géants » et dernièrement
même le pandit Nehru a signé une
loi prévoyant le contrôle de l'é
nergie atomique. Ainsi apparais
sent des couches prolétariennes
nouvelles plus fortes, plus discipli
nées, métallurgistes, ouvriers des
produits chimiques qui donnent
un poids nouveau à l'action syndi-
les menées du R.P.F. et contre
les attaques patronales et gou
vernementales;
« La défense dë l’école laïque;
« La défense de la paix contre
les fauteurs de guerre impéria
listes;
« La lutte contre le chômage;
« La défense de la souveraineté
nationale et de nos industries
menacées par l’expansionnisme
des milliardaires américains;
« Contre les dictatures; pour
l’unité ouvrière dans la C.G.T.;
pour l’unité de la classe ouvrière
mondiale dans la F.S.M. »
LES SEIZE
vont se réunir
A PARIS
Une prochaine conférence grou
pant les ministres des Affaires
étrangères des Seize se tiendra à
Paris très prochainement sans'
doute le 14 ou le 16 avril. M. Er
nest Bevin. secrétaire au Foreign
Office y assistera
Cette conférence sera présidée
tant d'une séance plénière du
comité de coopération économique
européenne qui aura lieu en pré
sence des suppléants des minis
tres des Affaires étrangères que
d’une réuniofn du comité de tra
vail.
Prague, 7 avril. — Prononçant
son premier discours public depuis
la crise de février, le président
Benès a célébré le 600 e anniver
saire de l’université Charles IV
à Prague, en soulignant que les
destinées de cette université re
flétaient, « bien plus manifeste
ment que celles d’aucune autre
institution nationale », les péripé
ties et les difficultés de l’Etat
tchécoslovaque.
« Notre lutte pour la sauvegar
de de nos droits nationaux de
vant l’assaut allemand et souvent
pour la simple existence de notre
nation a eu sa répercussion dans
notre université.
« Nos efforts pour nous assurer
une nouvelle indépendance politi
que et un développement plus
parfait de notre communauté na
tionale ont toujours bénéficié de
l’appui chaleureux de notre uni
versité. »
Faisant un appel à la bonne
volonté et à la liberté universelle
de l’esprit, le président Benès a
dit : « Tous les succès et tous les
échecs moraux et politiques ont
toujours profondément affecté et
parfois même déterminé pour une
longue période les destinées de
notre université qui s’est toujours
tenue du côté de la vérité, de la
liberté et de la morale reconnues.»
Ayant récapitulé les difficultés
du passé, M. Benès a constaté que
« même le 600’ anniversaire de
notre université, nous ne le célé
brons pas dans une période calme
« Trois ans après la guerre la
plus horrible de l'histoire, il n’y
ver satisfaction, il est nécessaire
qu’une véritable liberté spirituelle
soit cultivée et réalisée. Cette li
berté est la condition de toute
véritable vie spirituelle et du tra
vail de l’esprit en général.
« Cette liberté qui est fondée
sur le respect de la personne hu
maine et sur la tolérance en gé
néral — dont l’université de Pra
gue a toujours été le champion
— nous apportera, si Dieu le veut,
à nous tous et à l’université Char
les IV en particulier, un avenir
heureux. »
soutenir une candidature
tuelle, du président. En
temps Hill et Sparkman,
éve n-
même
tous
Aux élections préliminaires
du Wisconsin, Harold Stassen
bat Mac Arthur
l’heure actuelle.
contraires s’y
Deux influences
disputent :
des communistes dont la
celle
puis-
sance, cachée, est cependant in
contestable dans la métallurgie
notamment et les transports ;
celle des syndicats américains
qui, sans intervenir directement,
s’efforcent de nouer de puissant#
liens avec cette nouvelle force.
Dans ces conditions, on le con
çoit, la tâche de Mac Arthur, ar
bitre désigné, n’est pas souvent
aisée ; d’autant moins commode
que les syndicalistes américains
de certaines tendances ont la dent
dure à son égard et lui reprochent
< de restaurer la puissance de
limpérialiame nippon. »
a pas de paix entre
et les Etats.
« Pour que le désir
humains de vivre en
jouir de la liberté de
les nations
naturel des
paix et de
conscience,
de recherche scientifique, de pen
sée et de conviction, puisse trou-
LA QUOTIDIENNE de Pierre LŒWEL
deux anciens whips démocrates du
Sénat et de la Chambre des re
présentants, tous deux du Sud, se
détachent de Truman et s’alignent
aux côtés de la révolte du Sud.
Cette révolte menace de pren
dre une gravité exceptionnelle.
Les blancs des Etats sudistes
n’ont au fond jamais tout à fait
admis la libération des esclaves
noirs et le droit de vote qui leur
a été accordé, officiellement, après
la guerre civile et la victoire du
Milwaukee. — Le parti répu
blicain de l'Etat de Wisconsin
vient de voter pour désigner les
27 délégués qui le représenteront
à la Convention nationale du Darti
qui élira le candidat républicain
aux élections présidentielles.
Le grand triomphateur de la
journée est M. Harold Stassen,
ex-gouverneur du Minnesota qui
obtient 20 délégués tandis que le
général Mac Arthur en aura 7 et
M. Thomas Dewey, gouverneur
de l’Etat de New-York,
Les événements qui se déroulent
à l’Electricité de France
ont la valeur d’un test
par Jacques DAVOS
Le deuxième facteur, non le
moindre, est d’ordre politique. La
présence anglaise soudait. tant
bien que mal, en une sorte de
front unique la bourgeoisie et les
ouvriers indigènes. Le départ des
Britanniques a rompu définitive
ment ce lien qui se déchirait peu
à peu. Ceci s’est marqué sur le
terrain politique par la scission
du Congrès que quittèrent des
milliers de socialistes et sur le
terrain syndical par une recru
descence de l’activité gréviste.
Mais le même problème existe
aux Indes : la division en deux
tendances du mouvement syndi
cal ; mettant à profit cette op-
portunité,
gouvernement du
pandit Nehru vient d'engager une
vaste campagne « anticommunis
te » qui s’est marquée d'un côté
par l'interdiction du P. C. de
l’Inde, d'un autre côté par des
mesures contre la centrale syndi
cale A. I. T. U. C. (Ali India Tra-
de Union Congress).
Nul doute que les rapports ne
se tendent encore entre le gou
vernement indien et les syndicats.
Ces derniers accusent du reste
les magnats de l'Inde de vou
loir prendre la place des « sei
gneurs japonais ». Et, disent-ils,
ils ont hérité de leurs préoccu
pations politiques et sociales.
Rens DANY.
(A suivre.)
Nous n’aurions pas osé le dire
parce qu'il y a des lecteurs suscep
tibles et qui s'irritent aussitôt qu’on
touche à l’objet de leurs croyances,
même quand ils ne savent pas dis
tinguer entre ce qui est de la foi
et ce qui est sa surajoutare, mais
puisque la remarque est de M. Fran
çois Mauriac, on nous permettra bien
de confesser après lui que ce qui
nous a toujours paru le plus faux,
le plus pompeusement paré d’arti
fices, et le moins convaincant dans
le genre oratoire, c’est l’éloquence
d’Eglise, celle du moins qu’au cours
d’une expérience déjà longue nous
eûmes l’occasion d'apprécier.
Les
prédicateurs nous paraissaient sou
vent diserts, toujours péremptoires,
mais en les écoutant nous ne pou
vions nous défendre du sentiment
que détenir la vérité divine et parler
au nom de Dieu donne une autorité
qui dispense de toute argumentation.
Il ne nous déplaît pas de trouvet
sous la plume de M. François Mau
riac l’assurance que, ce faisant, nous
n’étions pas victime de quelque
congénitale méfiance et d'un scepti
cisme avoisinant le blasphème.
< L’absence de toute opposition
perceptible dans son auditoire déve
loppe chu le prédicateur l’habi'udi
de plier son raisonnement aux exi
gences du but qu’il poursuit : jus
qu’au ne pousse-t-il pas son audace
dans l'affirmation sans preuve ? » et
M. Mauriac de citer, s’appliquant à
certaines légendes, à un culte exces
sif rendu à la Vierge, à certaines in
ventions en marge du dogme, à des
formes basses de la dévotion, des
exemples compromettant le religion
pure. On osera lui dire — et ne
dire qu’à lui — combien un esprit
critique se trouve souvent contraint
de tout rejeter d’un dogme du seul
fait que ses tenants en font un tout
si imperméable à la discussion qu'ils
obligent à le nier par ceux-là mimes
qui l’accepteraient s'il était débarrassé
de sa gangue. Si les Évangiles forment
un tout à quoi il faut donner créan
ce de l'alpha à l’ oméga, le généalo
gie de Jésus par quoi s’ouvre Saint-
Mathieu me fera refermer le Nou
veau Testament, de mime que je
m’inquiéterai du sort des croyants
qui moururent avant 1854 iani
croire à l’Immaculée Conception. Li
cence en deçà, hérésie au delà, il
n'est pas mauvais de songer au mot
de saint Augustin (Credo quia ab-
surdun) mais il faut aussi le com
prendre. Les mauvais exégètes font
le» iconoclatte».
Les manisfestations qui se développent à l’Elec-
tricité de France depuis trois semaines et dont la
presse se fait quotidiennement l’écho, dépassent
largement le cadre de cet établissement.
Le petit incident qui est à l’origine d’un chan
gement dans l’équipe de direction de l’Electricité
de France ne pouvait en lui-même justifier cette
modification ; de source très sûre, nous savons en
effet que cet incident reposait uniquement sur une
lettre adressée par le secrétaire général, M. Les-
cuyer, au président du conseil d’administration,
M. Audibert. lui transmettant un document éma
nant d’une organisation syndicale et contenant des
critiques à l’égard du directeur général, M. Gas
pard ; ce dernier avait d’ailleurs préalablement et
officiellement reçu lui-même ce document.
De toute évidence, une lettre de transmission
banale ne pouvait motiver la suspension de M. Les-
cuver et ensuite sa nomination au grade équivalent
d’inspecteur général.
L'incident n’était donc qu’un prétexte et la
cause réelle de ce changement était ailleurs.
Cette cause apparut très nettement au moment
de la désignation du successeur de M. Lescuyer.
M. Robert Félix, nommé secrétaire général par
une décision de M. Gaspard du 19 mars 1948.
est en effet un des hommes les plus représentatifs
des équipes qui dirigeaient l’industrie électrique
avant la nationalisation ; M. Robert Félix avait
été, pendant une vingtaine d’années, l’une des
éminences grises de M. Ernest Mercier qu’il avait
représenté dans de nombreuses sociétés de la
région parisienne.
Ainsi, il était très clair que l’intention du direc
teur général était de donner une nouvelle orienta
tion à l’Electricité de France, en plaçant à un
poste de commandement essentiel un homme qui,
par ses attaches, personnifiait une ligne de conduite
nouvelle et des perspectives bien déterminées.
De cette situation, les organisations syndicales
ont retenu notamment la conséquence immédiate,
c’est-à-dire le fait que l’intéressé devenait à la fois
fournisseur (en tant qu'administrateur d’entreprises
de fabrication et de construction) et client (en tant
que secrétaire général d'Electricité de France) et
les délégués syndicaux ont, dans les usines, mis
en avant cet argument essentiel pour mobiliser le
personnel contre M. Félix.
En effet, M. Robert Félix était administrateur
et reste, en tout état de cause, intéressé dans deux
sociétés qui sont parmi les fournisseurs les plus
importants d’Electricité de France : la société
Forclum, qui exécute la plupart des travaux sur
les réseaux électriques, et la société des maisons
Phénix, qui fournit la plus grande partie des
maisons préfabriquées servant au logement du
personnel de construction des grands barrages ; les
marchés sont de Tordre de grandeur du milliard.
Les deux affaires sont d’ailleurs florissantes et
figurent parmi les valeurs de construction électrique
les plus recherchées actuellement.
Dans l’esprit de M. Gaspard et de ses amis, la
nomination de M. Robert Félix devait constituer
un précédent. Le personnel s’était toujours opposé
à ce que l’Electricité de France, continue dans ce
domaine, les pratiques des anciennes sociétés dont
les dirigeants étaient administrateurs à la fois dans
les compagnies d’électricité et dans les sociétés d»
construction, de fabrication, etc.
Si le précédent était créé, les groupes financiers
des anciennes sociétés pouvaient raisonnablement
espérer que les bénéfices qui leur avaient échappé
dans le domaine des ventes d’électricité et de gaz
par la nationalisation, se retrouveraient en entier
par le gonflement des entreprises fournissant la
matériel bu exécutant les travaux.
Tel était l’enjeu de cette expérience. Mais les
promoteurs de l’opération avaient sous-estimé la
résistance du personnel qui est évidemment plus
puissant dans une entreprise nationalisée que dans
une entreprise privée ; et il semble bien que la
campagne de presse menée pendant quelques mois
dans plusieurs journaux parisiens pour préparer
l’opération sous le couvert de critiques contre les
nationalisations n’ait pas eu d’autre résultat que
d’irriter le personnel et de rendre plus violente sa
réaction. Et, quinze jours seulement après la déci
sion de M. Gaspard nommant M. Félix, le prési
dent du conseil d’administration M. Audibert, qui
avait d’ailleurs tout ignoré des buts réels de
l’opération, devait annuler cette nomination.
C’est dans ces conditions qu’a pris fin la première
tentative d’investissement d’Electricité de France
par ses propres fournisseurs.
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