Titre : La Dépêche de Constantine : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Constantine)
Date d'édition : 1923-05-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755960f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 mai 1923 07 mai 1923
Description : 1923/05/07 (A16,N5289). 1923/05/07 (A16,N5289).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-13380
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/01/2023
La Dépêche de Constantine
LUIDI 7 MAI 1923
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Constantine, Algérie.......a
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L’INDEPENDANT-ECHO de CONSTANTINE
16me RNNEE. -- numéro 5289
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NOTE DU JOUR
DE NOTRE COLASORATEUA EARISI
CURIEUSE COINGIDENOE
Paris, 6 mai.
Nous n'avons cessé de dénoncer la collu-
Sion de la Grande-Bretagne et deAllemas
gne. Elle est aujourd’hui patente et ceux la
Seuls la nieront qui ont intérêt à ne, point 1a
voir Lord Curzon lève le masque. Il émet d
prétention de régler un différend à une heure
où, pour employer- un terme juridique, .
Succombance de l’une des parties- est certai-
ne
' 'Mais, définissons la situation. L’Allema
gne ne s’était pas seulement dérobée à tous
ses engagements. Elle s’était mise, de pr^os
délibéré, dans l’impossibilité de les tenir. Elle
s'est suicidée financièrement avec la pensée
'de nous entraîner dans sa débacie.
Personne ne conteste ce fait. Tout le monde
le reconnaît. Il était donc tout indique , que
ses créanciers prissent des mesures conserva
toires, s’assurassent de gages, et des gages
P Mais les créanciers étaient de deux sortes,
ceux qui pouvaient attendre et ceux qui ne
pouvaient pas, ou, pour mieux dire, ceux qui
‘auraient nullement à souffrir de. I insolva
bilité de leur débiteur et ceux qui, au con
traire, devaient en être éprouvés jusqu a en
mourir. . — —
La France ne voulait pas mourir. De con-
éert avec la Belgique qui est dans le même
cas qu’elle, elle prend la décision de saisir
le district de la Ruhr qui est le plus riche
de P’Allemaone et dont, sinon immédiatement,
du moins dans un très prochain avenu, e e
pourra détourner les ressources immenses a
son profit. Sur quoi, pour ne nommer quel
le la Grande-Bretagne émet des. doutes iro
niques qui sont autant d'encouragements, a
Berlin. Berlin nous riposte par cette résis
tance passive, la seule qu’elle put nous op
poser et où le Royaume-Uni, autant que 1 em
pire allemand, compte bien que nous trou
verons notre ruine.
Mais voici que les prophéties mentent et
qu'après s’être débattue désespérément sous
l’étreinte de notre main forte et prudente,
l'Allemagne en est réduite à nous demander
l'aman. Elle le fait avec des fanfaronades.
Elle nous pose des conditions outrangières;
Il n’en est pas moins vrai que sa superbe est
tombée et qu’elle avoue son impuissance-
Nous n’avions qu’à prendre nos avantages.
Une note commune était rédigée où la France
et la Belgique dictaient leurs volontés. Que
décide la Grande-Bretagne qui n'a fait aucun
effort pour amener notre ennemie à récipis-
cence et qui, meme. a tout fait pour contra-
lier notre action ? Elle nous signifie qu’elle
entend être en tiers dans les coin ersations.
Elle se dispose à renouveler le coup de San
Stefano, à nous dicter les clauses d’un autre
traité de Berlin. . _
Surtout, qu’on n’essaie pas de s y tromper.
S'il ne se réservait pas d'apporter des correc-
.lions graves à la note franco-belge, s’il ne
se proposait pas d’en altérer le sens et d'en
diminuer la portée, le chef du F oreign-Office
aurait, après en avoir pris connaissance, une
chose bien simple à faire, y apposer sa si
gnature. S’il le faisait, tout serait dit. L’Alle
magne s’inclinerait et l'affaire serait définiti:
vement close. Remarquez que, sans avoir été
a la peine, il aurait été à l’honneur et au
profit. Mais c’est là le moindre souci de la
Grande-Bretagne. Ce qu’elle veut, c’est que
la France n’enregistre pas une nouvelle vic
toire. Ce que veut la Grande-Bretagne de
lord Curzon qui est la même que celle de
Bonar Law, c’est ce qu’a voulu la Grande-
Bretagne de Lloyd George. Elle veut que
nous pâtissions de notre victoire autant que
l’Allemagne pâtit de sa défaite.
Nous placerons ici une parenthèse en ré
ponse à quelques jocrisses de la politique.
Non seulement Bonar Law n’a pas donné sa
‘démission, mais encore, sa villégiature na
vale n’a pas d’autre objet que de se créer un
alibi. On a prétendu que, dans une question
aussi grave, Bonar Law et son ministre des
Affaires Etrangères ne sont pas complète
ment d’accord sur la ligne à suivre. C'est
être d’une naïveté sans seconde, ou se moquer
outrageusement des gens.
Nous placerons une nouvelle parenthèse
pour dire ce qu’a d’inquiétant l’attitude de
ceux qui, obéissant à des sentiments dont
nous aimons mieux ne pas connaître la na-
ture, soutiennent qu’ayant échoué dans son
entreprise, notre Président du Conseil se
'montre d’une présomption inouïe en affir-
mant sa volonté d'imposer la loi de la Fran
ce à l’Allemagne et que, pour parler haut,
il faut avoir vaincu. Il n’a pas vaincu, donc
il doit se faire tout petit, tout humble. On
voit ce que le syllogisme qui est, par une cu
rieuse coïncidence, celui de Bonar Law et
de lord Curzon, aurait de dangereux s’il n'é-
tait une injure à la vérité et une offense à
la logique. S’ils ne se sentaient pas vaincus,
s’ils ne l'étaient pas, les Allemands n'auraient
pas fait un premier pas qui, bientôt, sera
suivi d’un autre dans la voie de la capitula-
tion et, s’il n’était pas sûr qu’elle est à notre
merci, lord Curzon n’accourrait pas au se
cours de l’Allemagne.
D’ailleurs, comme il a autant d’impudence
que d’outrecuidance, nous pouvons être _ûrs
que M. Poincaré n’hésitera pas à retirer les
bénéfices d’une bataille qui n’aura pas été
gagnée.
ne pas accepter des ajournements indéfinis
qui eussent impliqué, vous te savez bien, si
j’y avais consenti, un abandon pur et simple
de tout projet.
Je vous disais expressément, dans une deu
xième lettre, que je serais nécessairement
amené, si le débat parlementaire n’était pas
terminé avant cette date, à en arrêter et a
en promulguer tes textes principaux, le 1 er
mai au plus tard.
Le décret a été pris le 3 mai c’est-à-dire le
jour même où le Conseil des Ministres, au
quel je n’ai pas manqué de te soumettre, a
tenu sa réunion.
Les griefs supplémentaires que vous allé
guez ne sont pas fondés davantage et je se
rais surpris que votre esprit critique vous
permit d’entretenir, à ce sujet, des illusions
durables. Il y a, par ailleurs, quelque excès
à vouloir impliquer, dans ce débat pédagogi
que, le renom d’une vieille province fran
çaise qui s’est toujours suffi à elle-même en
fait d’ironie aussi bien que de morale.
Je vous remercie des sentiments personnels
que vous m’exprimez au bout de vos repro
ches et je vous assure, en vous envoyant
mon plus cordial souvenir, que les miens y
répondent pleinement.
D'ALGERIE AU NIGER
Une mission d’études à travers le Sahara
Paris, 6 mai. — Les auto-chenilles retour
neront au Sahara à l’automne prochain, en
vue de la création d’une ligne aérienne re
liant l’Algérie au Niger. Le général Estien-
ne, qui accompagna M. André Citroën jus
que dans le Hoggar, au mois de février der
nier, va organiser une nouvelle mission d‘é-
tudes à travers le Sahara composée d’auto-
chenilles et d’avions.
Cette mission commencera ses travaux au
mois d’octobre prochain en partant de Co-
lomb-Béchar qui est le point terminus au sud
de la voie ferrée d’Oran. Le général Estienne
descendra la vallée de la Saoura jusqu’à
Taourirt qui se trouve à la même latitude
qu’In-Salah.
A partir de ce point, la caravane d’auto
chenilles et d’avions piquera vers le sud en
ligne droite se dirigeant vers Bourem. C’est
entre Taourirt et le Niger un espace déser
tique absolu de 1.200 kilomètres qui sera
franchi par petites étapes pour permettre des
études Me toute nature.
Les avions qui accompagneront les voitu
res serviront à effectuer des reconnaissances
de part et d’autre du parcours de la future
ligne aérienne et leur point de ralliement,
chaque soir, sera te campement des auto-
chenilles qui les ravitailleront en essence
et en huile. Ce n’est qu’en 1924 que le géné
ral Estienne compte mettre en service cette
voie.
Congrès d'Anciens Combattants
Bordeaux, 6 mai. — M. Maginot, Ministre de
laGuerre, a présidé, cet après-midi, à Arca-
chon le eongres de l Union Nationale des An
ciens Combattants. Le Ministre, accompagne
des généraux Buat, chef de l’état-major géné
ral et Bocquet, chef de sa maison militaire,
.est arrivé à Bordeaux ce matin à 7 heures.
Il a été reçu à la gare par M. Arault, pré
fet de la Gironde et le général Duport, com
mandant le 18 9 corps. Le Ministre s’est ensuite
rendu à la Préfecture où il a reçu de nom
breuses personnalités. Il a repris le train à
9 h. 30 pour Arcachon.
Tous les parlementaires de la Gironde, sauf
M. Mandel, assistaient à ce congrès. L’assis
tance est nombreuse. Des discours sont pro
noncés par le colonel Picot, député, le général
D’Amade.
M. Maginot, prenant la parole ensuite, a
fait des déclarations applaudies. Il dit l’im-
portance de la lutte engagée dans la Ruhr.
L’avenir du pays en dépend.
— Cette lutte, continue le Ministre, sera
donc poursuivie jusqu’au bout.Jusqu’à présent
l’Allemagne continue sa résistance. La France
doit restée unie derrière le Gouvernement.Les
ordres du jour votés par presque tous les
conseils généraux de France approuvent la
politique suivie. Dans ces conditions, continue
M. Maginot, la victoire est assurée. Nous n’ac
cepterons aucune diminution de nos droits,
aucune réduction de notre créance. L’Allema-
gne et le monde doivent en être convaincus.
L'Affaire des Carnets Médicaux
Une arrestation sensationnelle à Marseille
Marseille, 6 mai. — Encore une arresta
tion sensationnelle, celle d’un autre em
ployé municipal, Victor Buisson, 33 ans, se
crétaire général de l’Association des réfor
més de guerre pour maladie dont le prési
dent est M. Bonnefoy, conseiller municipal
employé au service des carnets médicaux.
Victor' Buisson était parvenu, grâce à son
habileté, à devenir le secrétaire particulier
de M. Chatard, conseiller municipal, délégué
comme adjoint à ce service, abusant tout
à la fois de la confiance des deux édiles.
Victor Buisson établit pour son compte des
carnets médicaux en double même aux noms
de MM Bonnefoy et Chatard et en tira pro
fit. Il devint bientôt propriétaire, puis il se
fit détacher comme chauffeur de l’auto de
M. Chatard qu’il utilisait assez souvent pour
son compte, tirant encore des bénéfices de
sa nouvelle fonction.
Conduit aujourd’hui devant M. Cavaillon,
Victor Buisson fut très longuement interro ¬
gé, puis confronté avec MM. Bonnefoy et
Chatard qui ne furent pas tendres pour leur
subordonné. En définitive, Victor Buisson
été mis en état d’arrestation et conduit
la prison Chave.
UN EXPLOIT DE SIKI
«
GIBRAC.
NOUVELLES PARLEMENTAIRES
Le plan des études secondaires à la Commis
sion sénatoriale de l’enseignement
Paris, 6 mai. — M. Léon Bérard, ministre
de l’Instruction publique, ayant fait paraî-
üre au Journal Officiel un décret réformant
le plan des études secondaires, alors que la
question est encore pendante devant le Par-
lement, M. Victor Bérard, sénateur du Jura,
président de la Commission sénatoriale de
l’enseignement, a exprimé son mécontente
ment par une lettre adressée au ministre et
conçue en termes fort vifs, et a donné sa
'démission de la commission sénatoriale de
l’enseignement.
Une lettre de M. Léon Bérard, Ministre de
Vinstruqtion Publique
Paris, 6 mai. — M. Léon Bérard, Ministre
de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts
a adressé, hier soir, de Lyon, à M. Victor
Bérard, président de la Commission de l’En-
seignement du Sénat le télégramme suivant :
— Je vous rappelle mes lettres des 11 octo
bre 1922 et du 3 mars 1923. L’une et l’autre
vous ont fait connaître, avec les principes es
sentiels de la réforme, ma ferme volonté de
LA QUESTION DES RÉPARATIONS
La Réponse Française
a
à
Paris, 6 mai. — A minuit 20, le patron du
Trou de la Lune » et ses garçons affairés
circulent de table en table. Dans un coin de
la salle, Battling Siki et ses nombreux invi
tés boivent. Les soucoupes, lentement, s’a
moncellent. Il fait chaud et, peu à peu, le
boxeur s’assoupit. Il rêve sans doute au pays
natal, au plaisir que la brise caresse, à la
forêt aux singes, aux lions. Brusquement,
dans un sursaut, Siki se dresse. De sa po
che, il tire un revolver et une détonation
effraye les consommateurs. Des agents ac
courent.
— C’est moi, Battling Siki, clame le nègre
en souriant et, bon enfant, il suit les repré
sentants de l’autorité au commissariat.
— Je rêvais, j’ai fait feu, mon revolver
n’était chargé qu’à blanc.
Quelques minutes après, on le relâche et,
souriant de nouveau. Siki s’en va vers de
nouveaux exploits.
Hydravions en panne
Calais, 6 mai. — On était inquiet sur le
sort des deux hydravions chargés de con
voyer Barbot dans la tentative de traversée
de'la Manche. Ni Calais, ni Dunkerque, n’a
vaient de leurs nouvelles hier soir à 19 heu
res. Enfin, on a appris qu’un des hydravions
en panne avait amerri près du Cap Gris-Nez
et que l’autre, après avoir tenté d’escorter
Barbot était venu dépanner son camarade.
Paris, 6 mai. — Voici le texte de la répon-y
se française à la note allemande remise ce :
soir à 7 heures à l’ambassade d'Allemagne ;
à von Hoesch, chargé d'affaires d’Allemagne :
à Paris.
. Monsieur le chargé d'affaires.
J'ai l’honneur de vous accuser réception de :
votre lettre en date du 2 mai courant et d’y
faire au nom du gouvernement belge et du
gouvernement français la réponse suivante:
Les manquements de l’Allemagne
Les gouvernements belge et français ne
peuvent laisser passer, sans les relever et
les contredire, un grand nombre des oser- ,
valions présentées par te gouvernement aile- ,
mand.
D’une part, il n’est pas exact qu’une mesu-
re quelconque ait été prise par la France et
la Belgique en méconnaissance du traité de
Versailles. D’autre part, les propositions for
mulées aujourd’hui par l’Allemagne sont, en
plusieurs points essentiels, en opposition
avec ce traité. Le traité de Versailles a dé
terminé tes 'Conditions dans lesquelles serait
d’abord fixée et ensuite payée la dette de
‘Allemagne. La fixation a eu lieu à fin avril
1921. Les modalités de paiement ont été arrê
tées le 5 mai 1921. L’Allemagne a formelle
ment accepté à cette date la fixation et les
modalités. Depuis lors, elle n’a pas tenu ses
engagements ; puis un moratorium partiel lui
a été accordé. Elle ne. s’est même pas ac
quittée de ses obligations réduites.
La Commission des Réparations a constaté
les manquements successifs que l’Allemagne
avait commis. C’est à la suite de cette cons
tatation et en exécution du traité que la
Belgique et la France ont pris des gages.
La résistance passive dans la Ruhr
Contrairement à l’allégation du gouverne
ment allemand, cette prise de gages s’est ef
fectuée sans la moindre violence de la part
de la Belgique et de la France et, s’il n’avait
dépendu que de ces deux puissances, une
collaboration se serait immédiatement établie g
dans la Ruhr entre les industriels et les ou-s
vriers allemands, et les industriels, les ingé
nieurs et les ouvriers alliés. Ce sont des .or
dres venus de Berlin qui ont seuls empêché
cette collaboration. Le gouvernement alle
mand affirme que la population a répondu
par la résistance passive à l’occupation de
la Ruhr. Rien n’est moins exact. Ce n'est
pas la population, c’est le gouvernement alle
mand qui a voulu organisé la résistance. Le
gouvernement le recomnait du reste lui-même
implicitement, puisqu’il déclare, aujourd’hui
que cette résistance ne cessera qu’après un
accord sur les propositions actuelles
Si elle était spontanée, comment ie Gou-
vernement allemand serait-il maître de l’abré-
ger ou de la prolonger ? Cette résistance,
d’ailleurs, n’est pas seulement passive, mais
active. Alors que le traité de Versailles sti
pule formellement que l’Allemagne n’a pas le
droit de considérer comme un acte d’hostilité
une sanction quelle qu’elle soit, prise après
constatation de manquements par la commis-
sion des réparations, le gouvernement alle
mand a provoqué, des agressions, des sabota-
ges des délits de droit commun.
Les gouvernement belge Et français ne
pourront prendre en considération aucune
proposition allemande tant que se prolongera
cette résistance. Ils n’entendent pas que Ta
vie de leurs officiers, de leurs soldats, de leurs
ingénieurs de leurs douaniers, de leurs em
ployés de chemins de fer soit exposée à des
attentats pendant que seront examinées’ les
questions à régler. Ils n’entendent pas davan
tage que le fonctionnement normal des com
missions militaires de contrôle reste entravé
et que le désarmement de l’Allemagne soit
compromis par le seul fait que la France et la
Belgique impayées ont pris les gages aux
quels elles avaient droit.
Les propositions de l’Allemagne
Les Gouvernements français et belge doivent
ajouter que les propositions actuelles de l’Al
lemagne sont, à plusieurs points de vue, tout
à fait inacceptables. En premier lieu, les
chiffres offerts ne représentent même pas, au
total, le quart de la somme fixée par la com
mission des réparations et reconnue par l’Al
lemagne comme le montant de sa dette envers
les Alliés.
La France et la Belgique ont déclaré, à
plusieurs reprises et elles sont amenées à le
répéter ici, qu’elles ne peuvent accepter la
réduction de leur propre créance et que, si
elles sont prêtes à en compenser une partie
avec les dettes intéralliées, elles sont dans
l’obligation matérielle de toucher le restant
pour se relever des épouvantables désastres
que leur a infligés l’invasion allemande.
La France a, à l’heure présente, avancé cent
milliards de francs pour le compte de l’Alle
magne. La Belgique a avancé 15 milliards de
francs belges. Il leur reste à chacune, en de
hors de leurs charges de pensions, plus de la
moitié de leurs dommages à réparer.
L’intérêt économique de la France et de la
Belgique, l’intérêt économique du monde en
tier, la justice elle-même commandent que les
pays ravagés ne soient pas plus longtemps
condamnés à se ruiner pour favoriser le relè
vement de leurs débiteurs.
Pas plus qu’à la France, la somme offerte
ne permettrait à la Belgique, victime de la
plus cynique violation des traités, de restaurer
aujourd’hui les régions dévastées.
Une iniquité intolérable. — L’offre de trente
milliards de marks-or
Ainsi donc, tandis que les contrées envahies
pendant quatre ans par les armées alleman-
des seraient exposées à rester indéfiniment
dans la désolation, l’Allemagne continuerait
à construire librement, dans la Ruhr et ail
leurs, de nouvelles usines, des hauts four
neaux, des corons, des routes, des chemins
de fer. La Belgique et la France sont réso
lues à ne pas souffrir cette iniquité. L’offre
de trente milliards faite par le gouvernement
allemand contient d’ailleurs suivant l’expres-
sion dont vous vous servez yous-même dans
votre lettre, une part d’élasticité dont il est ’
à peine besoin de signaler l’arbitraire et le
danger. Le chiffre que vous indiquez .serait,
d’après le gouvernement allemand, un maxi-
mum et il serait facile à l’Allemagne de le
remettre en discussion avant qu’il fut devenu
une réalité.
Sans doute le gouvernement allemand pré
tend qu’il n’est pas possible d’estimer, dès
maintenant en chiffres fermes et définitifs,
la capacité de paiement de l’Allemagne ;
mais, précisément lorsqu’ils ont établi le
plan de paiement de Londres, les gouverne
ments alliés avaient tenu compte de ce qu’il
peut y avoir de juste dans cette observation
et avaient reporté le paiement de près des
deux tiers de la dette allemande à une épo
que indéterminée que devait seul fixer l’état
' de prospérité de .l’Allemagne.
Or, le gouvernement allemand n’a pas ces
sé, depuis lors, de protester contre cette in-
détermination d’une partie de la dette. Il a
dit et répété que, ce qui l’empêchait de tenir
ses engagements. c’est qu’il n’en connaissait
pas te chiffre définitif. Aujourd’hui, il ré
duit de plus de trois .cinquièmes la partie
fixe de si dette. ; il réduit de plus des sept
huitièmes la partie indéterminée, mais il
consery e l’indétërm ination.
Les alliés Deuvent-ils avoir quelque ralson
de croire qu’il ne reviendra pas bientôt à son
raisonnement primitif et qu’il ne déclarera
pas que, seule, la partie fixe peut-être payée
par lui sous prétexte qu’il ignore le montant
total de ses obligations.
En fait, dans les propositions allemandes,
il ne s’agit que d’une somme nominale et ap
parente de trente milliards de marks-or. Le
montant effectif n’en part que du I e juillet
1927, et cela, pour la somme de 20 milliards
de marks seulement. C’est donc un morato
rium complet de quatre ans et demi que ré
clamé Allemagne à partir du 1° janvier 1923
date à laquelle le plan de paiement de Lon
dres a été mis en vigueur par la commission
des Réparations. La somme de 20 milliards 6e
trouve d’ailleurs elle-même considérablement
réduite puisque jusqu’au 1° juillet 1927 les in
térêts doivent être prélevés sur le produit de
l’emprunt en calculant l’escompte à 6 %. La
valeur actuelle des 20 milliards tombe donc
à 15 milliards 820 millions.
Ces propositions imprécises sont, en outre,
accompagnées de réserves qui permettront de
‘out remettre en question dans quelques mois.
Le gouvernement allemand ne garantit même
pas que les 20 milliards, où la somme infé
rieure qu’il envisage, seront effectivement ver
sés à la date indiquée. Il prévoit, tout au con
traire, que s’ils ne sont pas couverts par la
voie de l’emprunt la partie non versée portera
l’intérêt dérisoire de 5 % et formera une an
nuité amortissable, il offre moins de garan
ties encore pour les deux autres parts sup
plémentaires de 5 milliards qui doivent, en
principe, être payées le I e juillet 1929 et le
1° juillet 1931. Une commission internationale
décidera- dit-il, si ces deux tranches doivent
être non émises et de même si les intérêts
à partir du 1e juillet 1923 doivent être, ou non
versés.
Les pouvoirs de la Commission
des Réparations
De tels aléas rendent impossibles toute ap-
i préciation sérieuse de la valeur actuelle de
! l’offre. Au surplus, les Gouvernements fran
çais et belge ont écarté, d’un commun ac
cord, à la conférence de Paris l’idée de des
saisir la Commission des Réparations pour
la remplacer par des commissions interna
tionales, des comités de gens d’affaires inter
nationaux, des tribunaux arbitraux. Dans le
traité de Versailles, l’Allemagne s’est solen
nellement engagée à reconnaître la Commis
sion des Réparations comme juge des remi
ses partielles de dettes et des ajournements
de paiement et il a été précisé qu’aucune re
mise ne pourrait être accordée que par un
vote unanime des puissances créancières.
La France et la Belgique ne peuvent con
sentir à abandonner les garanties qu’elles
détiennent du traité. Le Gouvernement alle
mand se déclare prêt à fournir des sûretés
pour les prestations en espèces et en nature
qu’il offre aujourd’hui et qui constituent sim
plement une diminution énorme de ses pro
messes antérieures ; mais, au sujet de ces
sûretés, il se borne à émettre les idées les
plus vagues et les plus obscures et, bien que
la Commission des Réparations ait déjà lon
guement étudié, d’accord avec tes Gouverne
ments alliés, toutes les mesures à l’aide des
quelles l’Allemagne pourrait stabiliser sa
monnaie, restaurer ses finances et procéder
à des emprunts extérieurs ; bien que les Gou
vernements alliés aient, à diverses reprises,
essayé d’inspirer à l’Allemagne des efforts
sincères pour arriver à ces résultats, le Gou
vernement allemand n’indique pas encore,
aujourd’hui, ni de quelle façon il cherchera
à stabiliser sa monnaie, ni quelles mesures
législatives il prendra, ni quelles ressources
il propose d’affecter, à la garantie des diffe
rentes tranches des emprunts.
Les garanties de sécurité
Tout aussi vagues et tout aussi illusoires
sont les indications données par le . Gouver
nement allemand au sujet des garanties de
sécurité qu’il est prêt, dit-il à offrir à la
France, il »e parle pas de la Belgique ; et
cet oubli parait à tout le moins singulier lors
qu’on se rappelle la manière dont l’Allema
gne, garante en 1914 de la neutralité belge,
s’est alors comportée envers la nation dont
elle avait promis de protéger l’indépendance.
Respect au traité
Au demeurant, les Gouvernements belge et
français ont toujours été favorables aux pro
cédures internationales pacifiques et aux en
tentes de garanties de paix qui reposent sur
la réciprocité ; mais le traité de Versailles est
une entente de garanties de paix qui reposent
sur la réciprocité et, cependant, le Gouver
nement allemand fait, des aujourd’hui, bon
marché des principales clauses qu’il contient.
Dans cet ordre d'idées, comme dans celui
des réparations, la France et la Belgique ne
sauraient se contenter des nouvelles déclara
tions allemandes. Il leur faut des certitudes
en échange de propositions en parties inac
ceptables, en parties insuffisantes. Le Gou
vernement allemand émet la prétention que
le point de départ des négociations doit être
que le « statu quo ante » soit rétabli dans
le plus court délai et, par application de ces
dispositions générales, il demande notam
ment que les régions nouvellement occupées,
en parfaite conformité avec le traité de Ver
sailles, soient évacuées et que les mesures
prises dans les pays rhénans par la haute
commission interalliée pour assurer l’exécu
tion du traité soient rapportées ; que les al
lemands arrêtés ou expulsés pour infraction
aux ordonnances régulièrement prises soient
libérés ou réinstallés dans leur logement et
leurs fonctions.
Ainsi, pendant quatre ans et demi, c’est-
à-dire dans la période même où les Gouver-
nemenst français et belge ont le plus be
soin de recevoir les prestations en nature
et les paiements en espèces pour subvenir à
la restauration des régions dévastées ils de
vraient, l’un et l’autre, attendre patiemment
sans gages, ni garanties, qu’il plut au Gou
vernement allemand de prendre les disposi
tions qui lui conviennent pour leur offrir
une somme déterminée ou infime et ils de
vraient même sortir de la Ruhr où ils ne
sont entrés que pour avoir sous la main les
garanties et les gages auxquels ils avaient
droit et qui leur étaient refusés.
Le Gouvernement belge et le Gouvernement
,français ont décidé qu’ils n'évacueraient les
territoires nouvellement occupés qu’à mesu
re et en proportion des paiements effectués.
Ils n’ont rien à changer à cette résolution.
Ils ne peuvent, au surplus, s'empêcher de
remarquer que la note allemande n’est, d’un
bout à l’autre, que l’expression, à peine vol-
lée, d’une révolte systématique contre le trai
té de Versailles. Si elle pouvait être prise en
considération, elle aboutirait fatalement à la
destruction totale et définitive de ce traité, à
la nécessité d’en négocier un autre et à la
revanche morale, économique, politique et
militaire de l'Allemagne. Au lendemain d’un
jour où la conférence des Ambassadeurs
vient, une fois de plus, de constater, à l'una-
nimité, que l’Allemagne ne remplit pas ses
obligations en matière de désarmement, la
'France et la Belgique devraient renoncer aux
sanctions pacifiques que l’Allemagne les a
forcées de prendre. L’Allemagne devrait être
'libérée des dépenses dont elle est, dit-elle, ac
cablée et qu’elle qualifie dimproductives, ce
aui paraît signifier. qu’elle vise les troupes
d'occupation et qu’elle veut priver la Belgi
que et la France d’une des garanties solides
qui assurent leur sécurité et le respect du
traité. La haute commission interalliée de
vrait être désavouée et supprimée ou réduite
à l'impuissance.
L'Allemagne devrait être affranchie de ce
qu’elle appelle les entraves politiques et éco
nomiques du traité. Les alliés devraient lui
rendre immédiatement le bénéfice de la clau
se de la nation la plus favorisée ,ce qui lui
permettrait de profiter des ruines qu’elle a
accumulées en Belgique et en France pour
s’assurer rapidement la supériorité industriel
le sur les pays qu’elle-a dévastés.
La question des réparations devrait être sou
mise, non plus comme le traité l’a prévu, à
une commission dont l’Allemagne s’est enga
gée à observer les décisions, mais à des com
missions internationales. La Belgique et la
France devraient abandonner leurs gages.
Elles devraient rester exposées à la violence
des agents du gouvernement allemand et, en
retour de tous ces sacrifices elles recevraient
une fois encore, quelques mots sur du papier.
Le gouvernement allemand, s’il veut bien fai
re un retour sur lui-même, ne s’étonnera point
qu’elles refusent un tel marché.
Agréez, Monsieur te chargé d’affaires, les
assurances de ma haute considération.
Signé : POINCARE.
Une note identique a été remise, à la même
heure, au chargé d'affaires d’Allemagne a
Bruxelles.
Dans la presse parisienne
Paris, 6 mai. — L’Echo de Paris, Pertinax :
— Ni les Ministres français, ni les Ministres
belges ne reviendront sur ce qu’ils ont écrit.
Il appartient au Cabinet britannique, dans la
mesure où il le jugera utile, de s’approprier
la politique définie par ses alliés. Il va sans
dire que la procédure employée à l’égard de
l’Angleterre s’applique également à "l’Italie,
puissance forcément moins engagée que nous
dans l’entreprise de la Ruhr ; mais qui le 4
janvier en sanctionna le principe. Entre Ro
me, Paris et Bruxelles’, les conversations ont
été particulièrement confiantes et n’ont donné
lieu à aucune difficulté.
De l’ Action FRANÇAISE M. Jacques Rainville :
— Lord Curzon est ouvertement d’avis que
les propositions allemandes constituent un
progrès presque imperceptible, mais tout de
même un progrès ; qu’elles sont susceptibles
d’amélioration et qu’elles peuvent servir de
point de départ, sinon de base, pour les pour
parlers.En d’autres termes,il trouve que l’Alle
magne ayant fait le premier pas quoique mal
et de mauvaise grâce, doit recevoir un encou
ragement. Si. comme Lord Curzon en a mani
festé le désir à Paris- et avec quelque insis
tance à Bruxelles, il y avait eu une réponse
de tous les Alliés au lieu d’une réponse fran
co-belge communiquée aux alliés, tel en au
rait sans doute été le sens.
De l’AVENIR (Editorial) :
L’Angleterre veut sa part, ce qui nous pa
raît légitime à condition toutefois que ce ne
soit pas trop aux dépens de la nôtre. Or, il
nous paraît bien que l’intervention actuelle
de Lord Curzon et l’action concertée telle
qu'il semble la comprendre, feraient peut-etre
le jeu de l’Angleterre et de l’Allemagne, mais
certainement pas celui de la France et de 5
Belgique.
la
De la Victoire, M. Gustave Hervé :
— Lord Curzon vient, dans un meeting, de
laisser entendre qu’on ne viendra à bout
de
régler rapidement le problème des répara
tions que par une action concertée de tous
les Alliés. Un concert entre alliés ? oui, à con
dition que le Gouvernement anglais ne se
croie pas obligé à être toujours le chef d’or-
chestre.
- Du Gaulois, René d’Aral :
— Il ne faudrait pas que l’opinion anglaise
s’imaginât que la France ait l’intention lors
que l’Allemagne se décidera à causer sérieu
sement de tenir la Grande-Bretagne en dehors
de ces pourparlers. Le Gouvernement français
n’oublie pas que la question des réparations
intéresse au même titre, si ce n’est dans les
mêmes proportions, l’Angleterre et l’Italie et
que ces deux puissances ont, par conséquent,
le droit de dire « leur mot » dans les négocia
tions ultérieures. C’est d’ailleurs à force d’a
voir pratiqué cette solidarité que la France
n’est jamais parvenue, pendant quatre ans, à
employer vis-à-vis de l’Allemagne, la seule
politique qui offrait quelques chances de nous
faire payer : la politique de réalisations et de
fermeté."
Dans la presse anglaise
Le Daily Mail écrit, ce matin, dans son édi
torial :
— Il est heureux qu’en M. Poincaré, la
France possède un Premier ministre qui sait
ce qu’il veut et qui agit avec promptitude et
décision. Aucun retard n’a été mis dans
la réponse à -l’Allemagne qui aurait pu mê
me donner l’apparence d’une hésitation dans
l’esprit du public. Nous croyons qu’un même
esprit anime le Gouvernement britannique et
que Lord Curzon démontrera immédiatement
la solidarité des alliés en face de la dernière
tentative faite pour les diviser.
Du SUNDAY Times :
Les allemands nous ont mis dans l’impos-
sibilité d’élever le plus petit doigt en faveur
d’une note aussi manifestement insuffisante
par elle-même et, d’autre part, aussi mala
droitement et insolemment rédigée. Si les
Allemands prétendent parler sérieusement, il
faudra qu’ils émettent de nouvelles proposi
tions. Ils devront consentir que la Ruhr ne
soit évacuée que par degrés et proportionnel
lement aux versements qui seront réellement
effectués Ils devront fixer plus liant le mon
tant qu’ils prendront l’engagement de payer
et ils devront, aussi, expliquer, avec plus de
précisions, les garanties à donner pour l’ac-
quittement ponctuel des obligations contrac
tées. Les alliés, eux aussi, ont en revanche
quelque chose à apprendre. Il faut que la ré
ponse .à toute nouvelle offre émanant de Ber
lin, soit adressée au nom de tous les alliés
en commun et après la consultation récipro
que de leurs Gouvernements respectifs.
Dans la Presse Suisse
De la Tribune de Gèneve :
La manœuvre avortée de M. Cuno compli
que et simplifie en même temps la situation
Elle la complique parce qu’il est moins faci
le, pour l’Allemagne, de capituler aujour
d’hui, qu’il l’était .hier avant cette nouvelle
manifestation. Elle la simplifie parce qu’elle
démontre plus fermement aux Alliés que les
seuls paiements qu’ils obtiendront sont ceux
qu’ils tireront eux-mêmes de l’exploitation
de leur gage.
Au Reichstag
Berlin, 6 mai. — La Gazette de Voss annon
ce que le Reichstag a l’intention de traiter
de la politique extérieure à l’occasion de la
discussion du budget du Reich. Le Gouverne
ment désire profiter de cette occasion pour se
prononcer devant le Reichstag sur l’accueil
fait par les Alliés à la note allemande et sur
les réponses mêmes des puissances alliées.
NOUVELLES D’ITALIE
Une épidémie de duels
Milan, 6 mai. — En dépit des ordres sévères
donnés par le comité exécutif du parti fas
ciste, les duels deviennent de plus en plus
fréquents entre les chefs du parti, souvent
pour les raisons les plus futiles. Un duel doit
avoir lieu entre M. Péros, sous-secrétaire fas
ciste et M. Misuri, député fasciste. M. Musso
lini, a bout de patience, menace de donner
les ordres les plus sévères contre le duel.
Dans la Ruhr
Journal interdit
ARUSSELDORE, 6 mai. — Le journal commu
nlste DIE FREIHEIT, de Dusseldorf, a été inter
dit.—cause d’un article extrêmement violen
qu n avait publié contre le général Degontto
Ala suite de cette interdiction les commnunis
tes nt tenu hier une réunion à la maison
“U "euple. Le rédacteur responsable de l’arti.
cle.recherché par la police participait à cette
reunion. A Sa sortie, il fut appréhendé 5 mais
es deux gendarmes qui l’avaient arrêté furent
contraints de le lâcher par une dizaine d’as
211 bail i.
Série d’incidents
DUSSELDORF, 6 mai. — Dans la nuit du 1 er au
2 mai, a la mine Schlegeleisen, une sentinel-
Le a _ tiré sur un groupe d’allemands qui ne
s étaient pas arrêtés en dépit des sommations
Il y eut un allemnarid blessé.
Pareil incident s’était déjà produit au meme '
endroit dans la nuit du 30 avril au 1 er mai.
Le 3 mai à 23 heures l’explosion d’une mine
placée sous un pont à l’ouest de la gare de
nastrop a produit un très large entonnoir en
tre tes voies qui, de ce fait, sont inutilisables
actuellement.
Des pancartes qui indiquaient les noms des
localités ainsi que les flèches indicatrices de
direction posées par l’ordre de l’autorité fran
çaise pour faciliter les transports sur route
ont été couvertes d’une couche de goudron.
Des sanctions seront prises.
, Dans la nuit du 3 au 4 mai tes sentinelles
de garde du tunnel de Wetter ont été atta
quées à coups de revolver par des allemands.
Les sentinelles ont riposté. Il n’y a pas eu
de blessés. (Sept policiers en civil venant de
l’Allemagne non occupée ont été arrêtés à
Recklinghausen par la sûreté française. On
croit que ce sont d’anciens schupos expulsé’
50 millions de marks (22.500 francs )ont été
saisis hier à la caisse municipale de'Dussel
dorf en paiement de l’amende pour sabotage
de ligne -télégraphiques que la ville aval;
refusé de payer. D’autre part, 17 millions
(7.650 francs) du fonds, de secours pour la
Ruhr ont été saisis au bureau des corpora
tions à la mairie de Dusseldorf. La municipa
lité de Bochum dont les autorités française;
ont fermé les bureaux par représailles aurait
créé plusieurs bureaux clandestins. Les socié
tés de colombophiles qui ne se sont pas sou
mises aux ordres des autorités d'occupatior
relatifs aux déclarations des pigeons voya
geurs se sont réunies à Hamm en territoire
non occupé. Elles ont décidé de boycotte;
après le départ des français les sociétés qu
ont fait leur déclaration et de provoquer la
saisie' de leurs pigeons.
Un conflit ouvrier réglé
Dusseldorf, 6 mai. — Les négociations en
gagées entre la Deutsche Machinen FahriS
de Duisbourg ont abouti à un accord. Les
ouvriers recevront une augmentation de sa
laire de 12 %. Le personnel des transports de
Duisbourg réclame une augmentation de 2 %.
Les syndicats des. mineurs, principalement
les syndicats extrémistes se montrent mécon
tents des augmentations de salaires accordées
aux ouvriers métellurgistes et qui sont supe
rieures à celles qui leur furent attribuées à
eux-mêmes. Ils se proposent de réclamer de
nouvelles augmentations.
La question du charbon
DUSSELDORF, 6 mai. — Des -quantités de char
bon très supérieures à celles qui leur étaient
allouées avant l’occupation sont délivrées au?
mineurs. Etendue aux métallurgistes, cette
mesure a pour but de réduire le plus possi
ble les stocks de combustibles en prévision
d’une saisie par les autorités françaises.
Les indemnités aux propriétaires d’automo
biles réquisitionnées
Dusseldorf, 6 mai. — Le Gouvernement du
Reich a alloué des indemnités aux proprié
taires d’automobiles réquisitionnées par les
autorités françaises. Des experts sont dési
gnés pour déterminer la valeur des véhicule:
saisis et leurs rapports sont adressés à la
commission siégeant à Essen qui statue en
dernier ressort.
Celle-ci attribué généralement aux proprie
taires des autos saisies des indemnités trè:
supérieures à la valeur de leurs voitures
C’est ainsi- qu’un directeur d’usine a reçu
pour une voiture découverte à 4 places datan
de 4 ans, 40 millions de marks (18.000 francs:
alors que la même voiture se vend, dans h
commerce, 30 millions.
Il en résulte que beaucoup de propriétaire!
de vieilles autos se présentent aux autorité:
françaises pour leur demander de saisir leur;
voitures dans l’espoir de s’en payer une neu
ve avec l’argent -qu’ils recevront.
Le Reich emploie tous les moyens por»
résistance, non .seulement i
entretenir la
indemnise les
il leur alloue
tion.
personnes lésées, mais encore
des sommes comme gratifica
La Conférence de Lausanne
La réponse turque à la démarche française
Lausanne. 6 mai. — L’intérêt se porte sur h
contenu de la réponse turque à la démarche
française relative aux mouvements de trou
pes à la frontière syrienne. Ismet Pacha col
labore, de Lausanne, à cette réponse. On a
l’impression qu’il y a eu quelques divergen
ces de vues entre le général Ismet Pacha ei
le Gouvernement d’Angora au sujet de cette
réponse qui influencera sérieusement les fu
tures négociations de Lausanne.
Tous- les délégués turcs assurent qu’elle
donnera satisfaction à la France. Mais enfin
a-t-on demandé à l’un d’eux, quelle raison
donnerez-vous pour justifier les mouvements
de troupes à la frontière de Syrie ?
La ville d’Adana, répondit-il, étant devenue
le centre d’un corps d’armée, nous avons di
rigé, vers elle, les effectifs éparpillés de cette
unité en vue de sa démobilisation sitôt la
paix signée. Nous n’avons pas les moyens
d’entretenir des forces armées en temps de
paix. L’agriculture a besoin des hommes et
des chevaux que nous avons mobilisés. Notre
Gouvernement n’a voulu exercer aucune pres
sion militaire. La note sera très catégorique
sur ce point.
Tel serait l’esprit de la réponse turque qui
sera remise, très prochainement, à Constan-
tinople, au chargé d’affaires français.
Déclarations du général Pellé
Lausanne, 6 mai. — Le général Pellé a fait
à l’envoyé spécial de l’UNIVERSUL, de Bucarest
la déclaration suivante :
J’ai la joie de voir, de loin, la Petite Enten
te se consolider, grandir et s’affirmer peu à
peu devant l’opinion de tous le pays, comme
un facteur important de reconstruction de
l’Europe. Fortement adossée à notre allié, la
République polonaise, à laquelle la lient tant
d’intérêts communs, la Petite Entente ne peut
que voir se développer l’importance de son
rôle dans le Proche Orient.
Un état de choses nouveau va s’établir en
Turquie. Nous devons nous y adapter et re
garder franchement vers l'avenir et nos in
térêts seront solidaires parce qu’ils ne seront
pas exclusifs,
LA QUESTION D’ORIENT
Les rapports de la France avec Angora
Paris, 6 mai. — Au sujet de nos rapports
avec Angora, M. Paul Erio écrit dans le
Journal :
— Certes, les Bolcheviks et les Allemands
n’ont nas manqué de s’unir cour pousser les
LUIDI 7 MAI 1923
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Envoyez 1 frano pour changements d’adresse. _
Su mois et sont payables d’avance. - Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
L’INDEPENDANT-ECHO de CONSTANTINE
16me RNNEE. -- numéro 5289
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15 Cent. — JOURXA L griffai* w 4 mro vs 0 vo TIDIEV. —1s Cent.
Directeur Politique. Paul CUTTO LI, Sénateur
Rédaction et Administration : 12. Boulevard du Sud Constantine. — Téléph. 2.07
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LA DEPECHE de CONSTANTINE est désignée pour MI serti on des annonces
.égales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures.
NOTE DU JOUR
DE NOTRE COLASORATEUA EARISI
CURIEUSE COINGIDENOE
Paris, 6 mai.
Nous n'avons cessé de dénoncer la collu-
Sion de la Grande-Bretagne et deAllemas
gne. Elle est aujourd’hui patente et ceux la
Seuls la nieront qui ont intérêt à ne, point 1a
voir Lord Curzon lève le masque. Il émet d
prétention de régler un différend à une heure
où, pour employer- un terme juridique, .
Succombance de l’une des parties- est certai-
ne
' 'Mais, définissons la situation. L’Allema
gne ne s’était pas seulement dérobée à tous
ses engagements. Elle s’était mise, de pr^os
délibéré, dans l’impossibilité de les tenir. Elle
s'est suicidée financièrement avec la pensée
'de nous entraîner dans sa débacie.
Personne ne conteste ce fait. Tout le monde
le reconnaît. Il était donc tout indique , que
ses créanciers prissent des mesures conserva
toires, s’assurassent de gages, et des gages
P Mais les créanciers étaient de deux sortes,
ceux qui pouvaient attendre et ceux qui ne
pouvaient pas, ou, pour mieux dire, ceux qui
‘auraient nullement à souffrir de. I insolva
bilité de leur débiteur et ceux qui, au con
traire, devaient en être éprouvés jusqu a en
mourir. . — —
La France ne voulait pas mourir. De con-
éert avec la Belgique qui est dans le même
cas qu’elle, elle prend la décision de saisir
le district de la Ruhr qui est le plus riche
de P’Allemaone et dont, sinon immédiatement,
du moins dans un très prochain avenu, e e
pourra détourner les ressources immenses a
son profit. Sur quoi, pour ne nommer quel
le la Grande-Bretagne émet des. doutes iro
niques qui sont autant d'encouragements, a
Berlin. Berlin nous riposte par cette résis
tance passive, la seule qu’elle put nous op
poser et où le Royaume-Uni, autant que 1 em
pire allemand, compte bien que nous trou
verons notre ruine.
Mais voici que les prophéties mentent et
qu'après s’être débattue désespérément sous
l’étreinte de notre main forte et prudente,
l'Allemagne en est réduite à nous demander
l'aman. Elle le fait avec des fanfaronades.
Elle nous pose des conditions outrangières;
Il n’en est pas moins vrai que sa superbe est
tombée et qu’elle avoue son impuissance-
Nous n’avions qu’à prendre nos avantages.
Une note commune était rédigée où la France
et la Belgique dictaient leurs volontés. Que
décide la Grande-Bretagne qui n'a fait aucun
effort pour amener notre ennemie à récipis-
cence et qui, meme. a tout fait pour contra-
lier notre action ? Elle nous signifie qu’elle
entend être en tiers dans les coin ersations.
Elle se dispose à renouveler le coup de San
Stefano, à nous dicter les clauses d’un autre
traité de Berlin. . _
Surtout, qu’on n’essaie pas de s y tromper.
S'il ne se réservait pas d'apporter des correc-
.lions graves à la note franco-belge, s’il ne
se proposait pas d’en altérer le sens et d'en
diminuer la portée, le chef du F oreign-Office
aurait, après en avoir pris connaissance, une
chose bien simple à faire, y apposer sa si
gnature. S’il le faisait, tout serait dit. L’Alle
magne s’inclinerait et l'affaire serait définiti:
vement close. Remarquez que, sans avoir été
a la peine, il aurait été à l’honneur et au
profit. Mais c’est là le moindre souci de la
Grande-Bretagne. Ce qu’elle veut, c’est que
la France n’enregistre pas une nouvelle vic
toire. Ce que veut la Grande-Bretagne de
lord Curzon qui est la même que celle de
Bonar Law, c’est ce qu’a voulu la Grande-
Bretagne de Lloyd George. Elle veut que
nous pâtissions de notre victoire autant que
l’Allemagne pâtit de sa défaite.
Nous placerons ici une parenthèse en ré
ponse à quelques jocrisses de la politique.
Non seulement Bonar Law n’a pas donné sa
‘démission, mais encore, sa villégiature na
vale n’a pas d’autre objet que de se créer un
alibi. On a prétendu que, dans une question
aussi grave, Bonar Law et son ministre des
Affaires Etrangères ne sont pas complète
ment d’accord sur la ligne à suivre. C'est
être d’une naïveté sans seconde, ou se moquer
outrageusement des gens.
Nous placerons une nouvelle parenthèse
pour dire ce qu’a d’inquiétant l’attitude de
ceux qui, obéissant à des sentiments dont
nous aimons mieux ne pas connaître la na-
ture, soutiennent qu’ayant échoué dans son
entreprise, notre Président du Conseil se
'montre d’une présomption inouïe en affir-
mant sa volonté d'imposer la loi de la Fran
ce à l’Allemagne et que, pour parler haut,
il faut avoir vaincu. Il n’a pas vaincu, donc
il doit se faire tout petit, tout humble. On
voit ce que le syllogisme qui est, par une cu
rieuse coïncidence, celui de Bonar Law et
de lord Curzon, aurait de dangereux s’il n'é-
tait une injure à la vérité et une offense à
la logique. S’ils ne se sentaient pas vaincus,
s’ils ne l'étaient pas, les Allemands n'auraient
pas fait un premier pas qui, bientôt, sera
suivi d’un autre dans la voie de la capitula-
tion et, s’il n’était pas sûr qu’elle est à notre
merci, lord Curzon n’accourrait pas au se
cours de l’Allemagne.
D’ailleurs, comme il a autant d’impudence
que d’outrecuidance, nous pouvons être _ûrs
que M. Poincaré n’hésitera pas à retirer les
bénéfices d’une bataille qui n’aura pas été
gagnée.
ne pas accepter des ajournements indéfinis
qui eussent impliqué, vous te savez bien, si
j’y avais consenti, un abandon pur et simple
de tout projet.
Je vous disais expressément, dans une deu
xième lettre, que je serais nécessairement
amené, si le débat parlementaire n’était pas
terminé avant cette date, à en arrêter et a
en promulguer tes textes principaux, le 1 er
mai au plus tard.
Le décret a été pris le 3 mai c’est-à-dire le
jour même où le Conseil des Ministres, au
quel je n’ai pas manqué de te soumettre, a
tenu sa réunion.
Les griefs supplémentaires que vous allé
guez ne sont pas fondés davantage et je se
rais surpris que votre esprit critique vous
permit d’entretenir, à ce sujet, des illusions
durables. Il y a, par ailleurs, quelque excès
à vouloir impliquer, dans ce débat pédagogi
que, le renom d’une vieille province fran
çaise qui s’est toujours suffi à elle-même en
fait d’ironie aussi bien que de morale.
Je vous remercie des sentiments personnels
que vous m’exprimez au bout de vos repro
ches et je vous assure, en vous envoyant
mon plus cordial souvenir, que les miens y
répondent pleinement.
D'ALGERIE AU NIGER
Une mission d’études à travers le Sahara
Paris, 6 mai. — Les auto-chenilles retour
neront au Sahara à l’automne prochain, en
vue de la création d’une ligne aérienne re
liant l’Algérie au Niger. Le général Estien-
ne, qui accompagna M. André Citroën jus
que dans le Hoggar, au mois de février der
nier, va organiser une nouvelle mission d‘é-
tudes à travers le Sahara composée d’auto-
chenilles et d’avions.
Cette mission commencera ses travaux au
mois d’octobre prochain en partant de Co-
lomb-Béchar qui est le point terminus au sud
de la voie ferrée d’Oran. Le général Estienne
descendra la vallée de la Saoura jusqu’à
Taourirt qui se trouve à la même latitude
qu’In-Salah.
A partir de ce point, la caravane d’auto
chenilles et d’avions piquera vers le sud en
ligne droite se dirigeant vers Bourem. C’est
entre Taourirt et le Niger un espace déser
tique absolu de 1.200 kilomètres qui sera
franchi par petites étapes pour permettre des
études Me toute nature.
Les avions qui accompagneront les voitu
res serviront à effectuer des reconnaissances
de part et d’autre du parcours de la future
ligne aérienne et leur point de ralliement,
chaque soir, sera te campement des auto-
chenilles qui les ravitailleront en essence
et en huile. Ce n’est qu’en 1924 que le géné
ral Estienne compte mettre en service cette
voie.
Congrès d'Anciens Combattants
Bordeaux, 6 mai. — M. Maginot, Ministre de
laGuerre, a présidé, cet après-midi, à Arca-
chon le eongres de l Union Nationale des An
ciens Combattants. Le Ministre, accompagne
des généraux Buat, chef de l’état-major géné
ral et Bocquet, chef de sa maison militaire,
.est arrivé à Bordeaux ce matin à 7 heures.
Il a été reçu à la gare par M. Arault, pré
fet de la Gironde et le général Duport, com
mandant le 18 9 corps. Le Ministre s’est ensuite
rendu à la Préfecture où il a reçu de nom
breuses personnalités. Il a repris le train à
9 h. 30 pour Arcachon.
Tous les parlementaires de la Gironde, sauf
M. Mandel, assistaient à ce congrès. L’assis
tance est nombreuse. Des discours sont pro
noncés par le colonel Picot, député, le général
D’Amade.
M. Maginot, prenant la parole ensuite, a
fait des déclarations applaudies. Il dit l’im-
portance de la lutte engagée dans la Ruhr.
L’avenir du pays en dépend.
— Cette lutte, continue le Ministre, sera
donc poursuivie jusqu’au bout.Jusqu’à présent
l’Allemagne continue sa résistance. La France
doit restée unie derrière le Gouvernement.Les
ordres du jour votés par presque tous les
conseils généraux de France approuvent la
politique suivie. Dans ces conditions, continue
M. Maginot, la victoire est assurée. Nous n’ac
cepterons aucune diminution de nos droits,
aucune réduction de notre créance. L’Allema-
gne et le monde doivent en être convaincus.
L'Affaire des Carnets Médicaux
Une arrestation sensationnelle à Marseille
Marseille, 6 mai. — Encore une arresta
tion sensationnelle, celle d’un autre em
ployé municipal, Victor Buisson, 33 ans, se
crétaire général de l’Association des réfor
més de guerre pour maladie dont le prési
dent est M. Bonnefoy, conseiller municipal
employé au service des carnets médicaux.
Victor' Buisson était parvenu, grâce à son
habileté, à devenir le secrétaire particulier
de M. Chatard, conseiller municipal, délégué
comme adjoint à ce service, abusant tout
à la fois de la confiance des deux édiles.
Victor Buisson établit pour son compte des
carnets médicaux en double même aux noms
de MM Bonnefoy et Chatard et en tira pro
fit. Il devint bientôt propriétaire, puis il se
fit détacher comme chauffeur de l’auto de
M. Chatard qu’il utilisait assez souvent pour
son compte, tirant encore des bénéfices de
sa nouvelle fonction.
Conduit aujourd’hui devant M. Cavaillon,
Victor Buisson fut très longuement interro ¬
gé, puis confronté avec MM. Bonnefoy et
Chatard qui ne furent pas tendres pour leur
subordonné. En définitive, Victor Buisson
été mis en état d’arrestation et conduit
la prison Chave.
UN EXPLOIT DE SIKI
«
GIBRAC.
NOUVELLES PARLEMENTAIRES
Le plan des études secondaires à la Commis
sion sénatoriale de l’enseignement
Paris, 6 mai. — M. Léon Bérard, ministre
de l’Instruction publique, ayant fait paraî-
üre au Journal Officiel un décret réformant
le plan des études secondaires, alors que la
question est encore pendante devant le Par-
lement, M. Victor Bérard, sénateur du Jura,
président de la Commission sénatoriale de
l’enseignement, a exprimé son mécontente
ment par une lettre adressée au ministre et
conçue en termes fort vifs, et a donné sa
'démission de la commission sénatoriale de
l’enseignement.
Une lettre de M. Léon Bérard, Ministre de
Vinstruqtion Publique
Paris, 6 mai. — M. Léon Bérard, Ministre
de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts
a adressé, hier soir, de Lyon, à M. Victor
Bérard, président de la Commission de l’En-
seignement du Sénat le télégramme suivant :
— Je vous rappelle mes lettres des 11 octo
bre 1922 et du 3 mars 1923. L’une et l’autre
vous ont fait connaître, avec les principes es
sentiels de la réforme, ma ferme volonté de
LA QUESTION DES RÉPARATIONS
La Réponse Française
a
à
Paris, 6 mai. — A minuit 20, le patron du
Trou de la Lune » et ses garçons affairés
circulent de table en table. Dans un coin de
la salle, Battling Siki et ses nombreux invi
tés boivent. Les soucoupes, lentement, s’a
moncellent. Il fait chaud et, peu à peu, le
boxeur s’assoupit. Il rêve sans doute au pays
natal, au plaisir que la brise caresse, à la
forêt aux singes, aux lions. Brusquement,
dans un sursaut, Siki se dresse. De sa po
che, il tire un revolver et une détonation
effraye les consommateurs. Des agents ac
courent.
— C’est moi, Battling Siki, clame le nègre
en souriant et, bon enfant, il suit les repré
sentants de l’autorité au commissariat.
— Je rêvais, j’ai fait feu, mon revolver
n’était chargé qu’à blanc.
Quelques minutes après, on le relâche et,
souriant de nouveau. Siki s’en va vers de
nouveaux exploits.
Hydravions en panne
Calais, 6 mai. — On était inquiet sur le
sort des deux hydravions chargés de con
voyer Barbot dans la tentative de traversée
de'la Manche. Ni Calais, ni Dunkerque, n’a
vaient de leurs nouvelles hier soir à 19 heu
res. Enfin, on a appris qu’un des hydravions
en panne avait amerri près du Cap Gris-Nez
et que l’autre, après avoir tenté d’escorter
Barbot était venu dépanner son camarade.
Paris, 6 mai. — Voici le texte de la répon-y
se française à la note allemande remise ce :
soir à 7 heures à l’ambassade d'Allemagne ;
à von Hoesch, chargé d'affaires d’Allemagne :
à Paris.
. Monsieur le chargé d'affaires.
J'ai l’honneur de vous accuser réception de :
votre lettre en date du 2 mai courant et d’y
faire au nom du gouvernement belge et du
gouvernement français la réponse suivante:
Les manquements de l’Allemagne
Les gouvernements belge et français ne
peuvent laisser passer, sans les relever et
les contredire, un grand nombre des oser- ,
valions présentées par te gouvernement aile- ,
mand.
D’une part, il n’est pas exact qu’une mesu-
re quelconque ait été prise par la France et
la Belgique en méconnaissance du traité de
Versailles. D’autre part, les propositions for
mulées aujourd’hui par l’Allemagne sont, en
plusieurs points essentiels, en opposition
avec ce traité. Le traité de Versailles a dé
terminé tes 'Conditions dans lesquelles serait
d’abord fixée et ensuite payée la dette de
‘Allemagne. La fixation a eu lieu à fin avril
1921. Les modalités de paiement ont été arrê
tées le 5 mai 1921. L’Allemagne a formelle
ment accepté à cette date la fixation et les
modalités. Depuis lors, elle n’a pas tenu ses
engagements ; puis un moratorium partiel lui
a été accordé. Elle ne. s’est même pas ac
quittée de ses obligations réduites.
La Commission des Réparations a constaté
les manquements successifs que l’Allemagne
avait commis. C’est à la suite de cette cons
tatation et en exécution du traité que la
Belgique et la France ont pris des gages.
La résistance passive dans la Ruhr
Contrairement à l’allégation du gouverne
ment allemand, cette prise de gages s’est ef
fectuée sans la moindre violence de la part
de la Belgique et de la France et, s’il n’avait
dépendu que de ces deux puissances, une
collaboration se serait immédiatement établie g
dans la Ruhr entre les industriels et les ou-s
vriers allemands, et les industriels, les ingé
nieurs et les ouvriers alliés. Ce sont des .or
dres venus de Berlin qui ont seuls empêché
cette collaboration. Le gouvernement alle
mand affirme que la population a répondu
par la résistance passive à l’occupation de
la Ruhr. Rien n’est moins exact. Ce n'est
pas la population, c’est le gouvernement alle
mand qui a voulu organisé la résistance. Le
gouvernement le recomnait du reste lui-même
implicitement, puisqu’il déclare, aujourd’hui
que cette résistance ne cessera qu’après un
accord sur les propositions actuelles
Si elle était spontanée, comment ie Gou-
vernement allemand serait-il maître de l’abré-
ger ou de la prolonger ? Cette résistance,
d’ailleurs, n’est pas seulement passive, mais
active. Alors que le traité de Versailles sti
pule formellement que l’Allemagne n’a pas le
droit de considérer comme un acte d’hostilité
une sanction quelle qu’elle soit, prise après
constatation de manquements par la commis-
sion des réparations, le gouvernement alle
mand a provoqué, des agressions, des sabota-
ges des délits de droit commun.
Les gouvernement belge Et français ne
pourront prendre en considération aucune
proposition allemande tant que se prolongera
cette résistance. Ils n’entendent pas que Ta
vie de leurs officiers, de leurs soldats, de leurs
ingénieurs de leurs douaniers, de leurs em
ployés de chemins de fer soit exposée à des
attentats pendant que seront examinées’ les
questions à régler. Ils n’entendent pas davan
tage que le fonctionnement normal des com
missions militaires de contrôle reste entravé
et que le désarmement de l’Allemagne soit
compromis par le seul fait que la France et la
Belgique impayées ont pris les gages aux
quels elles avaient droit.
Les propositions de l’Allemagne
Les Gouvernements français et belge doivent
ajouter que les propositions actuelles de l’Al
lemagne sont, à plusieurs points de vue, tout
à fait inacceptables. En premier lieu, les
chiffres offerts ne représentent même pas, au
total, le quart de la somme fixée par la com
mission des réparations et reconnue par l’Al
lemagne comme le montant de sa dette envers
les Alliés.
La France et la Belgique ont déclaré, à
plusieurs reprises et elles sont amenées à le
répéter ici, qu’elles ne peuvent accepter la
réduction de leur propre créance et que, si
elles sont prêtes à en compenser une partie
avec les dettes intéralliées, elles sont dans
l’obligation matérielle de toucher le restant
pour se relever des épouvantables désastres
que leur a infligés l’invasion allemande.
La France a, à l’heure présente, avancé cent
milliards de francs pour le compte de l’Alle
magne. La Belgique a avancé 15 milliards de
francs belges. Il leur reste à chacune, en de
hors de leurs charges de pensions, plus de la
moitié de leurs dommages à réparer.
L’intérêt économique de la France et de la
Belgique, l’intérêt économique du monde en
tier, la justice elle-même commandent que les
pays ravagés ne soient pas plus longtemps
condamnés à se ruiner pour favoriser le relè
vement de leurs débiteurs.
Pas plus qu’à la France, la somme offerte
ne permettrait à la Belgique, victime de la
plus cynique violation des traités, de restaurer
aujourd’hui les régions dévastées.
Une iniquité intolérable. — L’offre de trente
milliards de marks-or
Ainsi donc, tandis que les contrées envahies
pendant quatre ans par les armées alleman-
des seraient exposées à rester indéfiniment
dans la désolation, l’Allemagne continuerait
à construire librement, dans la Ruhr et ail
leurs, de nouvelles usines, des hauts four
neaux, des corons, des routes, des chemins
de fer. La Belgique et la France sont réso
lues à ne pas souffrir cette iniquité. L’offre
de trente milliards faite par le gouvernement
allemand contient d’ailleurs suivant l’expres-
sion dont vous vous servez yous-même dans
votre lettre, une part d’élasticité dont il est ’
à peine besoin de signaler l’arbitraire et le
danger. Le chiffre que vous indiquez .serait,
d’après le gouvernement allemand, un maxi-
mum et il serait facile à l’Allemagne de le
remettre en discussion avant qu’il fut devenu
une réalité.
Sans doute le gouvernement allemand pré
tend qu’il n’est pas possible d’estimer, dès
maintenant en chiffres fermes et définitifs,
la capacité de paiement de l’Allemagne ;
mais, précisément lorsqu’ils ont établi le
plan de paiement de Londres, les gouverne
ments alliés avaient tenu compte de ce qu’il
peut y avoir de juste dans cette observation
et avaient reporté le paiement de près des
deux tiers de la dette allemande à une épo
que indéterminée que devait seul fixer l’état
' de prospérité de .l’Allemagne.
Or, le gouvernement allemand n’a pas ces
sé, depuis lors, de protester contre cette in-
détermination d’une partie de la dette. Il a
dit et répété que, ce qui l’empêchait de tenir
ses engagements. c’est qu’il n’en connaissait
pas te chiffre définitif. Aujourd’hui, il ré
duit de plus de trois .cinquièmes la partie
fixe de si dette. ; il réduit de plus des sept
huitièmes la partie indéterminée, mais il
consery e l’indétërm ination.
Les alliés Deuvent-ils avoir quelque ralson
de croire qu’il ne reviendra pas bientôt à son
raisonnement primitif et qu’il ne déclarera
pas que, seule, la partie fixe peut-être payée
par lui sous prétexte qu’il ignore le montant
total de ses obligations.
En fait, dans les propositions allemandes,
il ne s’agit que d’une somme nominale et ap
parente de trente milliards de marks-or. Le
montant effectif n’en part que du I e juillet
1927, et cela, pour la somme de 20 milliards
de marks seulement. C’est donc un morato
rium complet de quatre ans et demi que ré
clamé Allemagne à partir du 1° janvier 1923
date à laquelle le plan de paiement de Lon
dres a été mis en vigueur par la commission
des Réparations. La somme de 20 milliards 6e
trouve d’ailleurs elle-même considérablement
réduite puisque jusqu’au 1° juillet 1927 les in
térêts doivent être prélevés sur le produit de
l’emprunt en calculant l’escompte à 6 %. La
valeur actuelle des 20 milliards tombe donc
à 15 milliards 820 millions.
Ces propositions imprécises sont, en outre,
accompagnées de réserves qui permettront de
‘out remettre en question dans quelques mois.
Le gouvernement allemand ne garantit même
pas que les 20 milliards, où la somme infé
rieure qu’il envisage, seront effectivement ver
sés à la date indiquée. Il prévoit, tout au con
traire, que s’ils ne sont pas couverts par la
voie de l’emprunt la partie non versée portera
l’intérêt dérisoire de 5 % et formera une an
nuité amortissable, il offre moins de garan
ties encore pour les deux autres parts sup
plémentaires de 5 milliards qui doivent, en
principe, être payées le I e juillet 1929 et le
1° juillet 1931. Une commission internationale
décidera- dit-il, si ces deux tranches doivent
être non émises et de même si les intérêts
à partir du 1e juillet 1923 doivent être, ou non
versés.
Les pouvoirs de la Commission
des Réparations
De tels aléas rendent impossibles toute ap-
i préciation sérieuse de la valeur actuelle de
! l’offre. Au surplus, les Gouvernements fran
çais et belge ont écarté, d’un commun ac
cord, à la conférence de Paris l’idée de des
saisir la Commission des Réparations pour
la remplacer par des commissions interna
tionales, des comités de gens d’affaires inter
nationaux, des tribunaux arbitraux. Dans le
traité de Versailles, l’Allemagne s’est solen
nellement engagée à reconnaître la Commis
sion des Réparations comme juge des remi
ses partielles de dettes et des ajournements
de paiement et il a été précisé qu’aucune re
mise ne pourrait être accordée que par un
vote unanime des puissances créancières.
La France et la Belgique ne peuvent con
sentir à abandonner les garanties qu’elles
détiennent du traité. Le Gouvernement alle
mand se déclare prêt à fournir des sûretés
pour les prestations en espèces et en nature
qu’il offre aujourd’hui et qui constituent sim
plement une diminution énorme de ses pro
messes antérieures ; mais, au sujet de ces
sûretés, il se borne à émettre les idées les
plus vagues et les plus obscures et, bien que
la Commission des Réparations ait déjà lon
guement étudié, d’accord avec tes Gouverne
ments alliés, toutes les mesures à l’aide des
quelles l’Allemagne pourrait stabiliser sa
monnaie, restaurer ses finances et procéder
à des emprunts extérieurs ; bien que les Gou
vernements alliés aient, à diverses reprises,
essayé d’inspirer à l’Allemagne des efforts
sincères pour arriver à ces résultats, le Gou
vernement allemand n’indique pas encore,
aujourd’hui, ni de quelle façon il cherchera
à stabiliser sa monnaie, ni quelles mesures
législatives il prendra, ni quelles ressources
il propose d’affecter, à la garantie des diffe
rentes tranches des emprunts.
Les garanties de sécurité
Tout aussi vagues et tout aussi illusoires
sont les indications données par le . Gouver
nement allemand au sujet des garanties de
sécurité qu’il est prêt, dit-il à offrir à la
France, il »e parle pas de la Belgique ; et
cet oubli parait à tout le moins singulier lors
qu’on se rappelle la manière dont l’Allema
gne, garante en 1914 de la neutralité belge,
s’est alors comportée envers la nation dont
elle avait promis de protéger l’indépendance.
Respect au traité
Au demeurant, les Gouvernements belge et
français ont toujours été favorables aux pro
cédures internationales pacifiques et aux en
tentes de garanties de paix qui reposent sur
la réciprocité ; mais le traité de Versailles est
une entente de garanties de paix qui reposent
sur la réciprocité et, cependant, le Gouver
nement allemand fait, des aujourd’hui, bon
marché des principales clauses qu’il contient.
Dans cet ordre d'idées, comme dans celui
des réparations, la France et la Belgique ne
sauraient se contenter des nouvelles déclara
tions allemandes. Il leur faut des certitudes
en échange de propositions en parties inac
ceptables, en parties insuffisantes. Le Gou
vernement allemand émet la prétention que
le point de départ des négociations doit être
que le « statu quo ante » soit rétabli dans
le plus court délai et, par application de ces
dispositions générales, il demande notam
ment que les régions nouvellement occupées,
en parfaite conformité avec le traité de Ver
sailles, soient évacuées et que les mesures
prises dans les pays rhénans par la haute
commission interalliée pour assurer l’exécu
tion du traité soient rapportées ; que les al
lemands arrêtés ou expulsés pour infraction
aux ordonnances régulièrement prises soient
libérés ou réinstallés dans leur logement et
leurs fonctions.
Ainsi, pendant quatre ans et demi, c’est-
à-dire dans la période même où les Gouver-
nemenst français et belge ont le plus be
soin de recevoir les prestations en nature
et les paiements en espèces pour subvenir à
la restauration des régions dévastées ils de
vraient, l’un et l’autre, attendre patiemment
sans gages, ni garanties, qu’il plut au Gou
vernement allemand de prendre les disposi
tions qui lui conviennent pour leur offrir
une somme déterminée ou infime et ils de
vraient même sortir de la Ruhr où ils ne
sont entrés que pour avoir sous la main les
garanties et les gages auxquels ils avaient
droit et qui leur étaient refusés.
Le Gouvernement belge et le Gouvernement
,français ont décidé qu’ils n'évacueraient les
territoires nouvellement occupés qu’à mesu
re et en proportion des paiements effectués.
Ils n’ont rien à changer à cette résolution.
Ils ne peuvent, au surplus, s'empêcher de
remarquer que la note allemande n’est, d’un
bout à l’autre, que l’expression, à peine vol-
lée, d’une révolte systématique contre le trai
té de Versailles. Si elle pouvait être prise en
considération, elle aboutirait fatalement à la
destruction totale et définitive de ce traité, à
la nécessité d’en négocier un autre et à la
revanche morale, économique, politique et
militaire de l'Allemagne. Au lendemain d’un
jour où la conférence des Ambassadeurs
vient, une fois de plus, de constater, à l'una-
nimité, que l’Allemagne ne remplit pas ses
obligations en matière de désarmement, la
'France et la Belgique devraient renoncer aux
sanctions pacifiques que l’Allemagne les a
forcées de prendre. L’Allemagne devrait être
'libérée des dépenses dont elle est, dit-elle, ac
cablée et qu’elle qualifie dimproductives, ce
aui paraît signifier. qu’elle vise les troupes
d'occupation et qu’elle veut priver la Belgi
que et la France d’une des garanties solides
qui assurent leur sécurité et le respect du
traité. La haute commission interalliée de
vrait être désavouée et supprimée ou réduite
à l'impuissance.
L'Allemagne devrait être affranchie de ce
qu’elle appelle les entraves politiques et éco
nomiques du traité. Les alliés devraient lui
rendre immédiatement le bénéfice de la clau
se de la nation la plus favorisée ,ce qui lui
permettrait de profiter des ruines qu’elle a
accumulées en Belgique et en France pour
s’assurer rapidement la supériorité industriel
le sur les pays qu’elle-a dévastés.
La question des réparations devrait être sou
mise, non plus comme le traité l’a prévu, à
une commission dont l’Allemagne s’est enga
gée à observer les décisions, mais à des com
missions internationales. La Belgique et la
France devraient abandonner leurs gages.
Elles devraient rester exposées à la violence
des agents du gouvernement allemand et, en
retour de tous ces sacrifices elles recevraient
une fois encore, quelques mots sur du papier.
Le gouvernement allemand, s’il veut bien fai
re un retour sur lui-même, ne s’étonnera point
qu’elles refusent un tel marché.
Agréez, Monsieur te chargé d’affaires, les
assurances de ma haute considération.
Signé : POINCARE.
Une note identique a été remise, à la même
heure, au chargé d'affaires d’Allemagne a
Bruxelles.
Dans la presse parisienne
Paris, 6 mai. — L’Echo de Paris, Pertinax :
— Ni les Ministres français, ni les Ministres
belges ne reviendront sur ce qu’ils ont écrit.
Il appartient au Cabinet britannique, dans la
mesure où il le jugera utile, de s’approprier
la politique définie par ses alliés. Il va sans
dire que la procédure employée à l’égard de
l’Angleterre s’applique également à "l’Italie,
puissance forcément moins engagée que nous
dans l’entreprise de la Ruhr ; mais qui le 4
janvier en sanctionna le principe. Entre Ro
me, Paris et Bruxelles’, les conversations ont
été particulièrement confiantes et n’ont donné
lieu à aucune difficulté.
De l’ Action FRANÇAISE M. Jacques Rainville :
— Lord Curzon est ouvertement d’avis que
les propositions allemandes constituent un
progrès presque imperceptible, mais tout de
même un progrès ; qu’elles sont susceptibles
d’amélioration et qu’elles peuvent servir de
point de départ, sinon de base, pour les pour
parlers.En d’autres termes,il trouve que l’Alle
magne ayant fait le premier pas quoique mal
et de mauvaise grâce, doit recevoir un encou
ragement. Si. comme Lord Curzon en a mani
festé le désir à Paris- et avec quelque insis
tance à Bruxelles, il y avait eu une réponse
de tous les Alliés au lieu d’une réponse fran
co-belge communiquée aux alliés, tel en au
rait sans doute été le sens.
De l’AVENIR (Editorial) :
L’Angleterre veut sa part, ce qui nous pa
raît légitime à condition toutefois que ce ne
soit pas trop aux dépens de la nôtre. Or, il
nous paraît bien que l’intervention actuelle
de Lord Curzon et l’action concertée telle
qu'il semble la comprendre, feraient peut-etre
le jeu de l’Angleterre et de l’Allemagne, mais
certainement pas celui de la France et de 5
Belgique.
la
De la Victoire, M. Gustave Hervé :
— Lord Curzon vient, dans un meeting, de
laisser entendre qu’on ne viendra à bout
de
régler rapidement le problème des répara
tions que par une action concertée de tous
les Alliés. Un concert entre alliés ? oui, à con
dition que le Gouvernement anglais ne se
croie pas obligé à être toujours le chef d’or-
chestre.
- Du Gaulois, René d’Aral :
— Il ne faudrait pas que l’opinion anglaise
s’imaginât que la France ait l’intention lors
que l’Allemagne se décidera à causer sérieu
sement de tenir la Grande-Bretagne en dehors
de ces pourparlers. Le Gouvernement français
n’oublie pas que la question des réparations
intéresse au même titre, si ce n’est dans les
mêmes proportions, l’Angleterre et l’Italie et
que ces deux puissances ont, par conséquent,
le droit de dire « leur mot » dans les négocia
tions ultérieures. C’est d’ailleurs à force d’a
voir pratiqué cette solidarité que la France
n’est jamais parvenue, pendant quatre ans, à
employer vis-à-vis de l’Allemagne, la seule
politique qui offrait quelques chances de nous
faire payer : la politique de réalisations et de
fermeté."
Dans la presse anglaise
Le Daily Mail écrit, ce matin, dans son édi
torial :
— Il est heureux qu’en M. Poincaré, la
France possède un Premier ministre qui sait
ce qu’il veut et qui agit avec promptitude et
décision. Aucun retard n’a été mis dans
la réponse à -l’Allemagne qui aurait pu mê
me donner l’apparence d’une hésitation dans
l’esprit du public. Nous croyons qu’un même
esprit anime le Gouvernement britannique et
que Lord Curzon démontrera immédiatement
la solidarité des alliés en face de la dernière
tentative faite pour les diviser.
Du SUNDAY Times :
Les allemands nous ont mis dans l’impos-
sibilité d’élever le plus petit doigt en faveur
d’une note aussi manifestement insuffisante
par elle-même et, d’autre part, aussi mala
droitement et insolemment rédigée. Si les
Allemands prétendent parler sérieusement, il
faudra qu’ils émettent de nouvelles proposi
tions. Ils devront consentir que la Ruhr ne
soit évacuée que par degrés et proportionnel
lement aux versements qui seront réellement
effectués Ils devront fixer plus liant le mon
tant qu’ils prendront l’engagement de payer
et ils devront, aussi, expliquer, avec plus de
précisions, les garanties à donner pour l’ac-
quittement ponctuel des obligations contrac
tées. Les alliés, eux aussi, ont en revanche
quelque chose à apprendre. Il faut que la ré
ponse .à toute nouvelle offre émanant de Ber
lin, soit adressée au nom de tous les alliés
en commun et après la consultation récipro
que de leurs Gouvernements respectifs.
Dans la Presse Suisse
De la Tribune de Gèneve :
La manœuvre avortée de M. Cuno compli
que et simplifie en même temps la situation
Elle la complique parce qu’il est moins faci
le, pour l’Allemagne, de capituler aujour
d’hui, qu’il l’était .hier avant cette nouvelle
manifestation. Elle la simplifie parce qu’elle
démontre plus fermement aux Alliés que les
seuls paiements qu’ils obtiendront sont ceux
qu’ils tireront eux-mêmes de l’exploitation
de leur gage.
Au Reichstag
Berlin, 6 mai. — La Gazette de Voss annon
ce que le Reichstag a l’intention de traiter
de la politique extérieure à l’occasion de la
discussion du budget du Reich. Le Gouverne
ment désire profiter de cette occasion pour se
prononcer devant le Reichstag sur l’accueil
fait par les Alliés à la note allemande et sur
les réponses mêmes des puissances alliées.
NOUVELLES D’ITALIE
Une épidémie de duels
Milan, 6 mai. — En dépit des ordres sévères
donnés par le comité exécutif du parti fas
ciste, les duels deviennent de plus en plus
fréquents entre les chefs du parti, souvent
pour les raisons les plus futiles. Un duel doit
avoir lieu entre M. Péros, sous-secrétaire fas
ciste et M. Misuri, député fasciste. M. Musso
lini, a bout de patience, menace de donner
les ordres les plus sévères contre le duel.
Dans la Ruhr
Journal interdit
ARUSSELDORE, 6 mai. — Le journal commu
nlste DIE FREIHEIT, de Dusseldorf, a été inter
dit.—cause d’un article extrêmement violen
qu n avait publié contre le général Degontto
Ala suite de cette interdiction les commnunis
tes nt tenu hier une réunion à la maison
“U "euple. Le rédacteur responsable de l’arti.
cle.recherché par la police participait à cette
reunion. A Sa sortie, il fut appréhendé 5 mais
es deux gendarmes qui l’avaient arrêté furent
contraints de le lâcher par une dizaine d’as
211 bail i.
Série d’incidents
DUSSELDORF, 6 mai. — Dans la nuit du 1 er au
2 mai, a la mine Schlegeleisen, une sentinel-
Le a _ tiré sur un groupe d’allemands qui ne
s étaient pas arrêtés en dépit des sommations
Il y eut un allemnarid blessé.
Pareil incident s’était déjà produit au meme '
endroit dans la nuit du 30 avril au 1 er mai.
Le 3 mai à 23 heures l’explosion d’une mine
placée sous un pont à l’ouest de la gare de
nastrop a produit un très large entonnoir en
tre tes voies qui, de ce fait, sont inutilisables
actuellement.
Des pancartes qui indiquaient les noms des
localités ainsi que les flèches indicatrices de
direction posées par l’ordre de l’autorité fran
çaise pour faciliter les transports sur route
ont été couvertes d’une couche de goudron.
Des sanctions seront prises.
, Dans la nuit du 3 au 4 mai tes sentinelles
de garde du tunnel de Wetter ont été atta
quées à coups de revolver par des allemands.
Les sentinelles ont riposté. Il n’y a pas eu
de blessés. (Sept policiers en civil venant de
l’Allemagne non occupée ont été arrêtés à
Recklinghausen par la sûreté française. On
croit que ce sont d’anciens schupos expulsé’
50 millions de marks (22.500 francs )ont été
saisis hier à la caisse municipale de'Dussel
dorf en paiement de l’amende pour sabotage
de ligne -télégraphiques que la ville aval;
refusé de payer. D’autre part, 17 millions
(7.650 francs) du fonds, de secours pour la
Ruhr ont été saisis au bureau des corpora
tions à la mairie de Dusseldorf. La municipa
lité de Bochum dont les autorités française;
ont fermé les bureaux par représailles aurait
créé plusieurs bureaux clandestins. Les socié
tés de colombophiles qui ne se sont pas sou
mises aux ordres des autorités d'occupatior
relatifs aux déclarations des pigeons voya
geurs se sont réunies à Hamm en territoire
non occupé. Elles ont décidé de boycotte;
après le départ des français les sociétés qu
ont fait leur déclaration et de provoquer la
saisie' de leurs pigeons.
Un conflit ouvrier réglé
Dusseldorf, 6 mai. — Les négociations en
gagées entre la Deutsche Machinen FahriS
de Duisbourg ont abouti à un accord. Les
ouvriers recevront une augmentation de sa
laire de 12 %. Le personnel des transports de
Duisbourg réclame une augmentation de 2 %.
Les syndicats des. mineurs, principalement
les syndicats extrémistes se montrent mécon
tents des augmentations de salaires accordées
aux ouvriers métellurgistes et qui sont supe
rieures à celles qui leur furent attribuées à
eux-mêmes. Ils se proposent de réclamer de
nouvelles augmentations.
La question du charbon
DUSSELDORF, 6 mai. — Des -quantités de char
bon très supérieures à celles qui leur étaient
allouées avant l’occupation sont délivrées au?
mineurs. Etendue aux métallurgistes, cette
mesure a pour but de réduire le plus possi
ble les stocks de combustibles en prévision
d’une saisie par les autorités françaises.
Les indemnités aux propriétaires d’automo
biles réquisitionnées
Dusseldorf, 6 mai. — Le Gouvernement du
Reich a alloué des indemnités aux proprié
taires d’automobiles réquisitionnées par les
autorités françaises. Des experts sont dési
gnés pour déterminer la valeur des véhicule:
saisis et leurs rapports sont adressés à la
commission siégeant à Essen qui statue en
dernier ressort.
Celle-ci attribué généralement aux proprie
taires des autos saisies des indemnités trè:
supérieures à la valeur de leurs voitures
C’est ainsi- qu’un directeur d’usine a reçu
pour une voiture découverte à 4 places datan
de 4 ans, 40 millions de marks (18.000 francs:
alors que la même voiture se vend, dans h
commerce, 30 millions.
Il en résulte que beaucoup de propriétaire!
de vieilles autos se présentent aux autorité:
françaises pour leur demander de saisir leur;
voitures dans l’espoir de s’en payer une neu
ve avec l’argent -qu’ils recevront.
Le Reich emploie tous les moyens por»
résistance, non .seulement i
entretenir la
indemnise les
il leur alloue
tion.
personnes lésées, mais encore
des sommes comme gratifica
La Conférence de Lausanne
La réponse turque à la démarche française
Lausanne. 6 mai. — L’intérêt se porte sur h
contenu de la réponse turque à la démarche
française relative aux mouvements de trou
pes à la frontière syrienne. Ismet Pacha col
labore, de Lausanne, à cette réponse. On a
l’impression qu’il y a eu quelques divergen
ces de vues entre le général Ismet Pacha ei
le Gouvernement d’Angora au sujet de cette
réponse qui influencera sérieusement les fu
tures négociations de Lausanne.
Tous- les délégués turcs assurent qu’elle
donnera satisfaction à la France. Mais enfin
a-t-on demandé à l’un d’eux, quelle raison
donnerez-vous pour justifier les mouvements
de troupes à la frontière de Syrie ?
La ville d’Adana, répondit-il, étant devenue
le centre d’un corps d’armée, nous avons di
rigé, vers elle, les effectifs éparpillés de cette
unité en vue de sa démobilisation sitôt la
paix signée. Nous n’avons pas les moyens
d’entretenir des forces armées en temps de
paix. L’agriculture a besoin des hommes et
des chevaux que nous avons mobilisés. Notre
Gouvernement n’a voulu exercer aucune pres
sion militaire. La note sera très catégorique
sur ce point.
Tel serait l’esprit de la réponse turque qui
sera remise, très prochainement, à Constan-
tinople, au chargé d’affaires français.
Déclarations du général Pellé
Lausanne, 6 mai. — Le général Pellé a fait
à l’envoyé spécial de l’UNIVERSUL, de Bucarest
la déclaration suivante :
J’ai la joie de voir, de loin, la Petite Enten
te se consolider, grandir et s’affirmer peu à
peu devant l’opinion de tous le pays, comme
un facteur important de reconstruction de
l’Europe. Fortement adossée à notre allié, la
République polonaise, à laquelle la lient tant
d’intérêts communs, la Petite Entente ne peut
que voir se développer l’importance de son
rôle dans le Proche Orient.
Un état de choses nouveau va s’établir en
Turquie. Nous devons nous y adapter et re
garder franchement vers l'avenir et nos in
térêts seront solidaires parce qu’ils ne seront
pas exclusifs,
LA QUESTION D’ORIENT
Les rapports de la France avec Angora
Paris, 6 mai. — Au sujet de nos rapports
avec Angora, M. Paul Erio écrit dans le
Journal :
— Certes, les Bolcheviks et les Allemands
n’ont nas manqué de s’unir cour pousser les
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