Titre : Le Suffrage universel : organe de la démocratie radicale ["puis" organe de la démocratie républicaine-radicale-socialiste du Gard]...
Auteur : Parti radical (France). Fédération départementale (Gard). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Nîmes)
Date d'édition : 1887-07-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328737035
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 juillet 1887 10 juillet 1887
Description : 1887/07/10 (A1,N25). 1887/07/10 (A1,N25).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG30 Collection numérique : BIPFPIG30
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t51061760t
Source : Bibliothèque Carré d'art / Nîmes, 200183_2
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/05/2023
Première année. — N° 25.
DIX CEXTinUS
I_.. i E
Dimanche 10 juillet 188"î
ORGANE DE LA DÉMOCRATIE RADICALE
Paraissant le» ÎZ> i maiicli e
ABONNEMENTS : Un An, 5 fr.
Adresser toutes les çoïnmunications
RENSEIGNEMENTS
BUREAUX : 27, rue Saint-Philippe, Nimes j AUX BUREAUX DU JOURNAL, A NIMES | BUREAUX : 27, rue Saint. Philippe, Nîmes
SOMMAIRE :
Lettre de M. Anatole de la Forge,
vice-président de la Chambre
des Députés.
Le Centenaire de 89. Gaussorgues.
A travers le Gard.
Tribune Socialiste. F. H■
Le Curé de Saint-Quentin. Bouvière.
Feuilleton.
A Monsieur Numa Gilly, administrateur
du Suffrage Universel.
Mon cher collègue,
Je vous félicite d'avoir transporté à
Nimes le Su/fraye Universel. C'est dans le
Gard, et avec vos amis de la-bas qu'il
faut organiser la lutte. Les élections sont
plus ou moins prochaines. A quelque
heure qu'elles viennent, elles devront
avoir lieu dans la pleine sincérité et dans
l'horreur de l'équivoque.
Ce qui fait le mal de la situation ac-
tuelle, c'est que les élections dernières
ont, parfois, manqué de netteté. Trop
souvent des opportunistes se sont pré-
sentés en prenant le masque du radica-
lisme, ou en restant dans un vague trom-
peur, et ont ainsi capté des suffrages
dont ils étaient indignes.
Voyez, par exemple, ce groupe op-
portuniste de l'Union des gauches. Quel
programme a-t-il ? Aucun. Seulement
par ses sympathies, par ses affinités,
il relève de l'influence de MM. Jules
Ferry et Raynah Nier cela c'est se trom-
per ou vouloir tromper les autres. C'est
dans ce groupe opportuniste de l'Union
des gauches que se rencontrent les par-
tisans de la politique qui nous a ame-
nés au Tonkin, c'est là que se trouvent
les adversaires les plus résolus des ré-
formes véritablement démocratiques.
Eh bien ! il arrive, quelquefois, que
les membres de ce groupe anti-radical
en se faisant inscrire dans des réunions
franchement réformatrices, jettent la
confusion et l'équivoque dans la politi-
que parlementaire. Ces habiles, ces
maîtres Jacques de la chambre, peuvent
comme la chauve-souris de la fable, dire
tantôt :
« Je suis oiseau, voyez mes ailes ;
Tantôt :
« Je suis souris, vivent les rats.
Leurs intentions sont certainement
pures; je crois à la puretéde toutes les
intentions ; mais je constate que ces
adeptes de la politique en partie double
et en partie trouble sont le plus grand
danger de la situation actuelle, — le
pire fléau de nos assemblées. Ils créent
l'équivoque, l'entretiennent et la perpé-
tuent.
Par tempérament autant que parprin-
cipe, je suis l'ennemi de tout ce qui n'est
pasnet et clair. Les sous-entendus m'ont
toujours fait l'effet de chausse-lrapes ;
l'inscription d'un même individu à plu-
sieurs groupes divergents me fait invo-
lontairement songer aux diplo-
mates qui mangent à plusieurs rate-
liers!
Ce n'est pas vous , mon cher
Gilly, qui blâmerez ce parti-pris de
franchise absolue. Certes vous et moi,
nous accordons à tout le monde le droit
dépenser comme il l'entend; mais à une
condition, c'est que celui qui pense
blanc, n'essaie pas de faire croire qu'il
pense noir :
Quiconque est loup, agisse en loup
C'est le plus certain de beaucoup !
Vous voyez par là que j'en veux venir
à ce ministère Rouvier, qui est le protégé
de la droite, qui cessera de vivre quand
la droite l'abandonnera, et qui, pour le
quart d'heure, voudrait bien passer pour
un ministère démocratique. Je n'ai aucu-
ne malveillance pour les hommes qui le
composent. Je les plains plutôt ; ils sont
les victimes d'une situation qui a déjà
fait beaucoup de mal au pays, et qui, en
se prolongeant, perdrait la Répubique.
C'est ce que je disais dernièrement à un
des ministres actuels, qui tentait de me
présenter des explications :
« Mon cher, je ne veux pas rechercher
vos intentions; mais par le seul fait que
vous avez consenti t entrer dans ce mi-
nistère d'équivoques, je déclare qu'à mes
yeux vous êtes sorti du parti radical. J'ai
voté pour vous autrefois, je voterai con-
tre yous désormais. >
Votre département, mon cher Gilly, est
un département loyal, qui s'est honoré
en nommant des hommes comme vous,
Desmons, et vos jeunes collègues de l'ex-
trème gauche. C'est un département de
progrès, d'avant-garde; il ne reculera pas.
Nos amis Clémenceau et Camille Pella-
tan, vos collègues du groupe ouvrier,
regardent le Gard comme un départe-
ment définitivement acquis au program-
me radical socialiste.
Grâce à votre journal le Suffrage Uni-
verset, l'union se fera de plus en plus
entre toutes les forces du parti avancé,
et au lieu d'une victoire considérable,
mais incomplète, comme celle que vous
avez remportée aux élections dernières,
grâce à la puissance de notre éminent
ami Auguste Dide, c'est un succès ab-
solu que vous obtiendrez. Vous nomme-
rez des candidats purs de toute compro-
mission et de toute équivoque, Ai-je be-
soin d'ajouter que fous mes efforts, tou-
tes mes sympathies, de même que le9
sympathies de l'extrême gauche et de la
gauche radicale, sont entièrement à votre
service?
N'ayons qu'un mot d'ordre à la veille
de 89 et disons ensemble : Tout par les
idées de la Révolution française, tout par
la franchise, par la loyauté et pour le
triomphe du radicalisme !
Recevez, mon cher collègue, l'assu-
rance de mon entière amitié,
Anatole i>e la Fohge.
Vice-Président de la Chambre
des députés.
LE
CENTENAIRE
DE 1789
Un grand comité composé do dé-
pntés des groupes radicaux de la
Chambre, des sénateurs de l'ex-
trôme gauche, des délégués du Con-
seil municipal de Paris, de repré-
sentants de la presse radicale de
Paris, et de la province, a été for-
mé pour amener tous les groupes
Feuilleton du Suffrage Universel
N° 2.
LE CLOS DU THIEULOY
CHAPITRE I
C'est au nom de quelques-uns de mes
amis politiques que je viens à vous, mon-
sieur le marquis. Un large fossé sépare
mes opinions des vôtres : ce n'est point
le temps de s'en inquiéter. Nous n'igno-
rons pas que vous vous êtes tenu à l'é-
cart des affaires du pays ; mais vous
n'en devez pas moins savoir que nous
marchons à la ruine. L'Empire s'effon-
dre ; ce régime odieux s'écroule ; c'est
parce que je suis très renseigné sur le
peu de temps qu'il lui reste à vivre que
je suis rentré en France. Au tour de
l'empereur on se berce d'un fol espoir.
La situation est très grave. D'ici quel-
ques jours on va faire appel au peuple,
c'est l'unique moyen qui reste à Bona-
parte de tenter de sauver sa dynastie. Si
les Français ratifient sa politique parle
plébiciste et lui accordent un vote con-
forme à ses désirs, nous aurons la
guerre dans six mois.
Et la guerre, Dieu sait seul comment
elle finira ; pendant mon exil, j'ai vécu
dans un monde où l'on sait mieux ce
qui se passe qu'ici même, et je puis vous
affirmer qu'il y a lieu de se préoccuper
des événements qui surgiront. Je n'en-
trevois que malheur pour ma patrie. Je
viens vous demander, Monsieur le mar-
quis, au nom de la France, que vous
aimez autant que nous l'aimons nous-
mêmes, de vous unir à nous pour triom-
pher de l'eunemi commun. Usez de vo-
tre légitime influeuce sur vos amis, en-
trainez sous votre bannière ceux qui
vous entourent et vous vénèrent. On
suivra vos pas. Croyez-moi, au moment
où la France est sur le bord de l'abîme,
il n'y a plus ni légitimistes, ni républi-
cains, il y a des français, un patriote n'a
pas le droit de se désintéresser de la
chose publique lorsqu'il peut éviter par
son intervention un péril effroyable. »
Le marquis écouta le noble et viril
langage du proscrit avec une émotion
croissante : il réfléchit un instant avant
de répondre.
— « Vos craintes, dit-il enfin, sont
peut être exagérées. Je reconnais ce-
pendant que les légitimistes doivent sor-
tir de la réserve qu'ils s'étaient imposée
et je crois, en effet, qu'il est temps d'agir;
nous reprendrons plus tard notre liberté
d'action, mais actuellement vous pouvez
compter sur moi, je verrai mes amis.
Le proscrit remercia le marquis de son
intervention puissante et se leva pour
prendre congé. Lucien Gérard et l'avocat
Léon Arnassan ajoutèrent quelques pa-
rôles aux siennes et se disposèrent à le
suivre.
Bien que les différentes questions qui
venaient d'être ^agitées fussent de la
plus haute gravité, depuis une minute le
fils de Gérard n'écoutait plus les pro-
pos de son père ni ceux de M. Du Thieu-
loy. Le jeune peintre suivait des yeux
une charmante apparition qui venait de
réveiller ses instincts d'artiste un instant
endormis. Les visiteurs sortaient du
cabinet du marquis, en face d'eux, de
l'autre côté de la galerie intérieure, une
large porte ouverte servait de cadre au
plus gracieux tableau.
Debout devant la cheminée, vêtue d'un
élégant peignoir blanc qui dessinait sa
taille svelte et retombait en longs plis
autour d'elle, une jeune fille, un nœud de
ruban rouge serrait son opulente cheve-
lure,piquait des fleurs dans une corbeille
de verdure. Au bruit que firent les élran-
gers, qu'elle ne savait pas chez son père,
Mademoiselle du Thieulloy tourna la tète
Son premier mouvement la poussa vers'
la fuite ; le second lui permit de repren-
dre possession d'elle-même et de conti-
nuer sa charmante besogne avec une vi-
vacitô qui dénotait une grande habitude.
Lucien avait entrevu une seconde le dé-
beat et pur profil de la fille du marquis,
mais cette seconde avait suffi à son œil
exercé de peintre pour lui faire deviner
une beauté qu'il aurait désiré voir plus à
loisir. Il dut suivre son père et laissa
derrière lui l'adorable vision.
DIX CEXTinUS
I_.. i E
Dimanche 10 juillet 188"î
ORGANE DE LA DÉMOCRATIE RADICALE
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SOMMAIRE :
Lettre de M. Anatole de la Forge,
vice-président de la Chambre
des Députés.
Le Centenaire de 89. Gaussorgues.
A travers le Gard.
Tribune Socialiste. F. H■
Le Curé de Saint-Quentin. Bouvière.
Feuilleton.
A Monsieur Numa Gilly, administrateur
du Suffrage Universel.
Mon cher collègue,
Je vous félicite d'avoir transporté à
Nimes le Su/fraye Universel. C'est dans le
Gard, et avec vos amis de la-bas qu'il
faut organiser la lutte. Les élections sont
plus ou moins prochaines. A quelque
heure qu'elles viennent, elles devront
avoir lieu dans la pleine sincérité et dans
l'horreur de l'équivoque.
Ce qui fait le mal de la situation ac-
tuelle, c'est que les élections dernières
ont, parfois, manqué de netteté. Trop
souvent des opportunistes se sont pré-
sentés en prenant le masque du radica-
lisme, ou en restant dans un vague trom-
peur, et ont ainsi capté des suffrages
dont ils étaient indignes.
Voyez, par exemple, ce groupe op-
portuniste de l'Union des gauches. Quel
programme a-t-il ? Aucun. Seulement
par ses sympathies, par ses affinités,
il relève de l'influence de MM. Jules
Ferry et Raynah Nier cela c'est se trom-
per ou vouloir tromper les autres. C'est
dans ce groupe opportuniste de l'Union
des gauches que se rencontrent les par-
tisans de la politique qui nous a ame-
nés au Tonkin, c'est là que se trouvent
les adversaires les plus résolus des ré-
formes véritablement démocratiques.
Eh bien ! il arrive, quelquefois, que
les membres de ce groupe anti-radical
en se faisant inscrire dans des réunions
franchement réformatrices, jettent la
confusion et l'équivoque dans la politi-
que parlementaire. Ces habiles, ces
maîtres Jacques de la chambre, peuvent
comme la chauve-souris de la fable, dire
tantôt :
« Je suis oiseau, voyez mes ailes ;
Tantôt :
« Je suis souris, vivent les rats.
Leurs intentions sont certainement
pures; je crois à la puretéde toutes les
intentions ; mais je constate que ces
adeptes de la politique en partie double
et en partie trouble sont le plus grand
danger de la situation actuelle, — le
pire fléau de nos assemblées. Ils créent
l'équivoque, l'entretiennent et la perpé-
tuent.
Par tempérament autant que parprin-
cipe, je suis l'ennemi de tout ce qui n'est
pasnet et clair. Les sous-entendus m'ont
toujours fait l'effet de chausse-lrapes ;
l'inscription d'un même individu à plu-
sieurs groupes divergents me fait invo-
lontairement songer aux diplo-
mates qui mangent à plusieurs rate-
liers!
Ce n'est pas vous , mon cher
Gilly, qui blâmerez ce parti-pris de
franchise absolue. Certes vous et moi,
nous accordons à tout le monde le droit
dépenser comme il l'entend; mais à une
condition, c'est que celui qui pense
blanc, n'essaie pas de faire croire qu'il
pense noir :
Quiconque est loup, agisse en loup
C'est le plus certain de beaucoup !
Vous voyez par là que j'en veux venir
à ce ministère Rouvier, qui est le protégé
de la droite, qui cessera de vivre quand
la droite l'abandonnera, et qui, pour le
quart d'heure, voudrait bien passer pour
un ministère démocratique. Je n'ai aucu-
ne malveillance pour les hommes qui le
composent. Je les plains plutôt ; ils sont
les victimes d'une situation qui a déjà
fait beaucoup de mal au pays, et qui, en
se prolongeant, perdrait la Répubique.
C'est ce que je disais dernièrement à un
des ministres actuels, qui tentait de me
présenter des explications :
« Mon cher, je ne veux pas rechercher
vos intentions; mais par le seul fait que
vous avez consenti t entrer dans ce mi-
nistère d'équivoques, je déclare qu'à mes
yeux vous êtes sorti du parti radical. J'ai
voté pour vous autrefois, je voterai con-
tre yous désormais. >
Votre département, mon cher Gilly, est
un département loyal, qui s'est honoré
en nommant des hommes comme vous,
Desmons, et vos jeunes collègues de l'ex-
trème gauche. C'est un département de
progrès, d'avant-garde; il ne reculera pas.
Nos amis Clémenceau et Camille Pella-
tan, vos collègues du groupe ouvrier,
regardent le Gard comme un départe-
ment définitivement acquis au program-
me radical socialiste.
Grâce à votre journal le Suffrage Uni-
verset, l'union se fera de plus en plus
entre toutes les forces du parti avancé,
et au lieu d'une victoire considérable,
mais incomplète, comme celle que vous
avez remportée aux élections dernières,
grâce à la puissance de notre éminent
ami Auguste Dide, c'est un succès ab-
solu que vous obtiendrez. Vous nomme-
rez des candidats purs de toute compro-
mission et de toute équivoque, Ai-je be-
soin d'ajouter que fous mes efforts, tou-
tes mes sympathies, de même que le9
sympathies de l'extrême gauche et de la
gauche radicale, sont entièrement à votre
service?
N'ayons qu'un mot d'ordre à la veille
de 89 et disons ensemble : Tout par les
idées de la Révolution française, tout par
la franchise, par la loyauté et pour le
triomphe du radicalisme !
Recevez, mon cher collègue, l'assu-
rance de mon entière amitié,
Anatole i>e la Fohge.
Vice-Président de la Chambre
des députés.
LE
CENTENAIRE
DE 1789
Un grand comité composé do dé-
pntés des groupes radicaux de la
Chambre, des sénateurs de l'ex-
trôme gauche, des délégués du Con-
seil municipal de Paris, de repré-
sentants de la presse radicale de
Paris, et de la province, a été for-
mé pour amener tous les groupes
Feuilleton du Suffrage Universel
N° 2.
LE CLOS DU THIEULOY
CHAPITRE I
C'est au nom de quelques-uns de mes
amis politiques que je viens à vous, mon-
sieur le marquis. Un large fossé sépare
mes opinions des vôtres : ce n'est point
le temps de s'en inquiéter. Nous n'igno-
rons pas que vous vous êtes tenu à l'é-
cart des affaires du pays ; mais vous
n'en devez pas moins savoir que nous
marchons à la ruine. L'Empire s'effon-
dre ; ce régime odieux s'écroule ; c'est
parce que je suis très renseigné sur le
peu de temps qu'il lui reste à vivre que
je suis rentré en France. Au tour de
l'empereur on se berce d'un fol espoir.
La situation est très grave. D'ici quel-
ques jours on va faire appel au peuple,
c'est l'unique moyen qui reste à Bona-
parte de tenter de sauver sa dynastie. Si
les Français ratifient sa politique parle
plébiciste et lui accordent un vote con-
forme à ses désirs, nous aurons la
guerre dans six mois.
Et la guerre, Dieu sait seul comment
elle finira ; pendant mon exil, j'ai vécu
dans un monde où l'on sait mieux ce
qui se passe qu'ici même, et je puis vous
affirmer qu'il y a lieu de se préoccuper
des événements qui surgiront. Je n'en-
trevois que malheur pour ma patrie. Je
viens vous demander, Monsieur le mar-
quis, au nom de la France, que vous
aimez autant que nous l'aimons nous-
mêmes, de vous unir à nous pour triom-
pher de l'eunemi commun. Usez de vo-
tre légitime influeuce sur vos amis, en-
trainez sous votre bannière ceux qui
vous entourent et vous vénèrent. On
suivra vos pas. Croyez-moi, au moment
où la France est sur le bord de l'abîme,
il n'y a plus ni légitimistes, ni républi-
cains, il y a des français, un patriote n'a
pas le droit de se désintéresser de la
chose publique lorsqu'il peut éviter par
son intervention un péril effroyable. »
Le marquis écouta le noble et viril
langage du proscrit avec une émotion
croissante : il réfléchit un instant avant
de répondre.
— « Vos craintes, dit-il enfin, sont
peut être exagérées. Je reconnais ce-
pendant que les légitimistes doivent sor-
tir de la réserve qu'ils s'étaient imposée
et je crois, en effet, qu'il est temps d'agir;
nous reprendrons plus tard notre liberté
d'action, mais actuellement vous pouvez
compter sur moi, je verrai mes amis.
Le proscrit remercia le marquis de son
intervention puissante et se leva pour
prendre congé. Lucien Gérard et l'avocat
Léon Arnassan ajoutèrent quelques pa-
rôles aux siennes et se disposèrent à le
suivre.
Bien que les différentes questions qui
venaient d'être ^agitées fussent de la
plus haute gravité, depuis une minute le
fils de Gérard n'écoutait plus les pro-
pos de son père ni ceux de M. Du Thieu-
loy. Le jeune peintre suivait des yeux
une charmante apparition qui venait de
réveiller ses instincts d'artiste un instant
endormis. Les visiteurs sortaient du
cabinet du marquis, en face d'eux, de
l'autre côté de la galerie intérieure, une
large porte ouverte servait de cadre au
plus gracieux tableau.
Debout devant la cheminée, vêtue d'un
élégant peignoir blanc qui dessinait sa
taille svelte et retombait en longs plis
autour d'elle, une jeune fille, un nœud de
ruban rouge serrait son opulente cheve-
lure,piquait des fleurs dans une corbeille
de verdure. Au bruit que firent les élran-
gers, qu'elle ne savait pas chez son père,
Mademoiselle du Thieulloy tourna la tète
Son premier mouvement la poussa vers'
la fuite ; le second lui permit de repren-
dre possession d'elle-même et de conti-
nuer sa charmante besogne avec une vi-
vacitô qui dénotait une grande habitude.
Lucien avait entrevu une seconde le dé-
beat et pur profil de la fille du marquis,
mais cette seconde avait suffi à son œil
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