Le fonds ancien japonais du Département des Manuscrits compte environ 800 titres, principalement des xylographes ; 240 ouvrages sont des manuscrits : la plupart de ces manuscrits sont des textes littéraires accompagnés de peintures - dont 15
Nara ehon – mais nous trouvons également des manuscrits de textes bouddhiques, des ouvrages de linguistique, de géographie, outils de travail des premiers savants japonologues.
Les origines du « fonds japonais » sont antérieures à 1743, date de la publication du
Catalogue du roi de Fourmont
, où sont mentionnés trois ouvrages japonais, dont deux précieuses impressions jésuites
. Lors de la première moitié du XIX
e siècle, malgré l’absence de relations entre la France et le Japon, la bibliothèque a continué de s’enrichir grâce aux collections des voyageurs européens ; en particulier, celles de plusieurs anciens résidents du comptoir de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales à Deshima. Il s’agit principalement d’outils pour l’étude de la langue et de la civilisation japonaise : encyclopédies, annales historiques, peintures à visée documentaire, dont un ensemble réalisé par Kawahara Keiga, auxquelles s’ajoutent 25 peintures de l’atelier de Hokusai. Le fonds reflète au XIXe siècle les intérêts des savants de l’époque, et est dédié aux études de japonologie, de géographie ou d’ethnographie. C’est avec l’entrée de la collection Smith-Lesouëf en 1913 que les premiers manuscrits à peintures japonais entrent à la BnF. Cette collection, qui compte environ 300 titres, se démarque ainsi des autres collections contemporaines de documents japonais par l’importance accordée aux manuscrits enluminés.
Le fonds japonais ancien du département des Estampes (voir Gisèle Lambert, Histoire d'une collection) comporte un ensemble de plus de 3 000 estampes et environ 1000 titres de livres illustrés, auxquels il faut ajouter de rares bois gravés, ainsi que plusieurs dessins et peintures. Ces collections furent élaborées de façon active dès le milieu du XIXe siècle. En 1843 entre un volume de la Manga de Hokusai, provenant de la vente du savant Klaproth. Suivent quelques achats aux marchands parisiens, qui s’intensifient à la toute fin du siècle. L’entrée en 1899 de la collection du critique d’art et collectionneur Théodore Duret (1838-1927) marque un tournant : cet ensemble comporte environ 500 xylographes d’une magnifique qualité d’impression ; les illustrateurs japonais les plus célèbres parmi les collectionneurs japonistes s’y trouvent représentés : Moronobu, Harunobu, Utamaro, Shunshô, Toyokuni, Hiroshige et surtout Hokusai, qui représente le quart de l'ensemble. Trois volumes de surimono de Hokusai et d’autres artistes entrent ensuite au département.
Puis, en 1907, le don par Robert Lebaudy, industriel, de la collection d'Emmanuel Tronquois (1855-1918), ancien agent diplomatique au Japon, enrichit considérablement le fonds : ces quelques 500 titres illustrent l'histoire du livre imprimé au Japon, dans une grande variété de genres : livrets de théâtre jôruri, rares impressions de la littérature illustrée du XVIIe siècle, âge d’or des récits galants de Saïkaku, guides topographiques locaux…
A la fin du XIXe siècle, les collections japonaises des grands amateurs comme Burty, Goncourt... sont dispersées en ventes et alimentent les fonds des marchands. Au début du XXe siècle, grâce à une politique active en direction des collectionneurs, le fonds s'enrichit considérablement de plusieurs dons : Georges Marteau, Alexis Rouart...Enfin, en 2005, un ensemble exceptionnel ayant appartenu à l'artiste Henri Rivière, entre par dation : 900 estampes, principalement de Hokusai et Hiroshige, et des livres illustrés.
L'Enfer du département comporte un fonds japonais de première importance : 200 estampes et 50 titres de livres illustrés, des collections Barbier, Marteau et Tronquois. Ces oeuvres sont de grande qualité et particulièrement représentatives de l'art érotique japonais du XIIe au XIXe siècle.