Face à l'expansionnisme japonais

En 1894, le Premier ministre Itô Hirobumi engage le Japon dans une guerre contre la Chine pour le contrôle de la Corée. Une partie de la flotte chinoise est rapidement détruite et le sud de la Mandchourie occupé.
Le Japon impose à la Chine la signature d'un traité de paix à son avantage, dans lequel il annexe Formose (traité de Shimonoseki, 17 avril 1895). La Chine doit reconnaître également l'indépendance totale de la Corée, qui devient un protectorat japonais. Cependant, la triple intervention de la France, de la Russie et de l'Allemagne forcent le Japon à renoncer à l'annexion de la péninsule de Liao-Dong, afin de limiter son influence en Extrême-Orient. Un article séparé, promulgué le 20 mai 1895, modifie le traité en ce sens (Rescrit de l'Empereur du Japon à son peuple, expliquant les raisons pour lesquelles il a cédé aux remontrances de l'Allemagne, de la France et de la Russie).
Le renversement du rapport de forces qui oppose le Japon à son gigantesque voisin chinois commence d'ailleurs à inquiéter la France. Par cette victoire, les Japonais montrent qu'"ils ont su profiter des leçons que leur ont données nos officiers français de la mission militaire d'instruction à Yokosuka"[...]"Grisé par ses succès, le Japon se croit sans doute plus puissant que la France, l'Angleterre et la Russie" (La guerre sino-japonaise aujourd'hui et demain, 1894). 

La défaite russe de Tsushima, principal affrontement naval entre les belligérants, marque le point d'orgue de cette guerre. L'amiral Tôgô qui conduit la bataille de Tsushima  (27-28/05/1905) publie en 1905 son rapport officiel, que l'on peut comparer à la relation russe (N.-L. Klado, La Bataille de Tsoushima,1905). La guerre s'achève avec le Traité de Portsmouth (05/09/1905) qui donne le droit au Japon de s'implanter en Corée, en Mandchourie et d'annexer le sud de l'île de Sakhaline.
La victoire japonaise, qui révèle la faiblesse de l'armée russe, stupéfait l'Occident. Elle place le Japon au rang des grandes puissances. Dès 1905, les correspondances militaires relatives au conflit font l'objet de publications : Trois mois avec Kuroki : notes d'un correspondant de guerre français (1905) de Charles Victor-Thomas, correspondant français attaché à la première armée japonaise, et Trois mois avec le maréchal Oyama : les causes de la victoire de Villetard de Laguérie, attaché au maréchal Iwao Ôyama, commandant en chef de la deuxième armée d'expédition. Nombreux sont les ouvrages qui analysent ce conflit et cherchent à et en tirer des enseignements. Parmi bien d'autres, la traduction en français d'un Manuel de tir de l'infanterie japonaise, traité considéré comme une référence. L'infanterie japonaise, avec ses deux victoires en dix ans en Mandchourie a, en effet, "la réputation d'être l'une des meilleures au monde".
Avec la fin de la guerre russo-japonaise, la France rétablit ses relations avec le Japon. Le 10 juin 1907 est signé entre les deux pays un Arrangement en vue d'assurer l'indépendance de la Chine ; dans les faits, il s'agit de protéger leurs intérêts mutuels en Chine : le Japon est à pied d'égalité avec les puissances colonisatrices occidentales (A. Gérard, Ma mission au Japon, 1907-1913, 1919).