Manuscrits et éditionsAnnie Vernay-Nouri
De nombreux manuscrits sont encore conservés dans le monde. Copiés au XVe siècle, les trois volumes qu’a utilisés Antoine Galland pour sa traduction sont les plus anciens. Souvent copiés tardivement en Egypte ou en Syrie, ils ne contiennent pas toujours les mêmes contes. Certains, comme ceux de Chavis ou de Sabbagh ont même été forgés délibérément. Contrairement à ce que l’on croit, il n’existe pas un texte établi et définitif qui fasse l’unanimité.
Au XIXe siècle, une recension manuscrite égyptienne plus tardive devient la vulgate sur lesquelles sont imprimées les premières éditions arabes à Beyrouth, au Caire et à Calcutta. Elles servent de base aux nouvelles traductions anglaises de Lane, Payne et Burton et à celle en allemand de Van Hammer.
Mardrus, les belles infidèles
Au début du XXe siècle une nouvelle traduction enflamme l’Europe. Né au Caire et d’ascendance caucasienne, son auteur, Joseph Charles Mardrus (1868-1949) s’installe à Paris comme médecin en 1892 et épouse en 1900 la poétesse Lucie Delarue Mardrus. Entre 1899 et 1904, il fait paraître une nouvelle traduction en 16 volumes soi-disant faite à partir d’un manuscrit méconnu. C’est en fait un assemblage des traductions et éditions existantes. Mais son style alerte, bien différent de celui de Galland, cultive l’érotisme et l’exotisme destiné aux adultes. La parution déclenche l’enthousiasme des cercles littéraires et mondains de la capitale à la Belle-Epoque.