Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-12-23
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 décembre 1878 23 décembre 1878
Description : 1878/12/23. 1878/12/23.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ÉDITION DE PARIS.
LUNDI 23 DËGËNBM
1878
Il~1 ON S'ABONNE
rué des Prètres-Saint-Germain4'Auxerrois, 17.
PRIX »E IiABOiV\EMENT `
Trois mois. Si* mois. Un an.
Paris 18 fr. 36 fr. 72 f«.
Départemèns. 20 fr. 40 fr.- 80 fr. ·
Union postale
européenne. 21 te. 42 fr. 84 fis.
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L6s abonnemens partent des l" et 16 aa
cnaque mois,
Paris, nn numéro 20 cent.
Département, nn numéro. 25 cent.
în ILondon, apply to Cowie and C» foreijm
newspapers office, 17, Gresham street, G. P. O,
MM.'lleHzy, nàvlesèt C*, 1, Finch lane Cornhill
E. C. London: MM. W.-H. Smith et Soi»,
186, Strand, W. C. Lôndon.
À Bruxelles, à VOffice de pvMieité, 46, to de la Uv^
deleine, dans les kiosques et dans les bibliouK»
ques de gares de chemins de fer belges. />^v
LUNDI 23 DÉCEMBRE
1878
JOURNAL DES DÉBATS
ON S'ABONNE
en Belgique, en Italie,
dans le Luxembourg, en Turquie,
en Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans les
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon,
au moyen d'une valeur payable à Paris ou de
mandats-poste, soit internationaux, soit français,
en Allemagne, en • Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays, >
par l'envoi d'une valeur payable à Paris,
POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
Les annonces sont reçues
«liez MM. Fauekey, Ladite et ©%
̃>̃ 8, place de la Bourse,
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elles doivent toujours être agréées par la rédaction.
L'échéance du 31 décembre étant la plus
importante de l'année, nos souscripteurs
dont l'abonnement expire à cette date
sont priés de le renouveler afin d'éviter
tout retard dans la réception du journal.
PARIS
MMAWÏÎE n DÉCEMBRE
Lé Manifesté adressé aux électeurs sé-
natoriaux par les bureaux des groupes de
gauche du Sénat ne sera certes pas ac-
cusé de manquer de netteté et de fran-
chise. Et tout d^bôrd par ce cô"té il fofme
le plus heureuk cbntMste avec le docu-
toèrit de même nature publié il doit y
avoir à peu près un mois par la coalition
réactionnair.e. Autant le Manifeste des
droites était embarrassé et diffus autant
ses auteurs l'avaient entouré d'obscU-
rij.es voulues, autant les quelques phrases
adressées aux électeurs du 6 janvier par
les sénateurs républicains ont une vive
et franche allure et disent sans détour ce
Qu'elles ont l'intention de dire. li ne faut
pas d'ailleurs chercher bien loin pour dé-
couvrir le eecret de cette différence si
eetinplète dans la forme et dans le fond.
Elle n'a d'autre ëàusë que ia différence
ifcjiéoié dël situations. D'un côté on s'a-
drèçse simplement au bon sens et au
patriotisme des électeurs i et on leur
dit Voilà ce que iiOus avons fait de-
puis huit ans au travers de difficultés
satis cesse rënàissantëâ et que nous n'a-
^bni pu vaincre qu'à force de sagesse et
de ténacité. Le gouvernement républicain
dont nous sommes les amis sincères a re-
levé la France abattue et mutilée, et au-
jourd'hui vivante et forte elle a le
respect des autres nations* Nous ne
vôtts demandons t}uë de donner une
ilouvellé et dernière preuve de vo-
tée confiance à la forme gouverne-
mentale qui lui a permis de reconquérir
soi* prestige par le spectacle merveilleux
qu'elle offre âtt monde de la paix inté-
Wetirfe assurée comme elle ne l'a jamais
lié, et comme elle ne l'est en aucun au-
tre pays, du travail intelligent et iécond
de ses habitans, de son crédit restauré
par les sacrifices qu'elle n'a pas craint
de s'imposer et par sa sagesse finan-
cière, enfin de sa volonté d'accroître sa
richesse industrielle et commerciale en
donnant à son outillage tous les dévelop-
pemens dont il a encore besoin et que les
grands travaux publics qui seront prochai-
nement entrepris vont venir compléter.
D'après ce qui a été fait dans ces condi-
tions exceptionnelles et dans ces circon-
stances difficiles, vous pouvez juger ce
qui se fera lorsque le fonctionnement
normal de nos institutions sera assuré et
qu'il ne risquera plus d'être entravé par des
intrigues sans cesse renaissantes. L'œuvre
accomplie est assez honorable pour tous et
assez utile pour que "vous teniez à ce qu'elle
soit poursuivie pour le plus grand bien
de tous. Que disent les autres Tout est
mal et demain tout sera pire. Vous souf-
frez, demain vous souffrirez plus encore.
Donc, remettez-vous enire nos mains.
Noué ïàe vous protaettons point de vous
guérir, ni même de diminuer vos souf-
francèft. Pendant plusieurs années nous
mwm% ne il» m mm
DU 23 ©JÉCEMKRSE 187.8.
J; SF~t~il~i~ Dllt~ll~1Q1:)~
'Comédie-Française. L'anniversaire .de, la
naissance de Racine Am$romme les
Plaideurs Petite Jean, à-propos en vers
de M. J. Truffier. T«èaïre del'O-
ii>É0N les Bewt fmtqs;, comédie enun
acte, enprpsej de M. îPorto-Riche VE-
çafy des ttières, comédie en un acte, de
Marivaux. ` -r c-
M.Porto-Tliclie àdoîiiïe il y à quelques
années à l'Odéon Philippe II, nn drame
romantique en cinq actes et en vers qui
obtint un succès ïnérité et fut très remar-
qué. Sa petite comédie en un acte, les
Deux fautes, ne répond pas à ce qu'on
pouvait attendre de lui après un si bril-
lant, début. Ce n'est ni delà comédie ni
du drame; c'est une œuvre mixte qui ne
se recommande ni par l'intérêt ni par
l'originalité du sujet.
Un jeune avocat, Paul Dufrény, est sur
le point de se marier avec M!le Blanche
André, la sœur d'un ingénieur, M. André.
Toute la maison est en pie et l'on doit
le soir même signer le contrat. Il va sans
dire que les deux fiancés s'aiment d'a-
ixreur -tendre comme /les pigeons de la
fable et qui séparerait Blànehe de Paul
signerait son arrêt de mort, du moins à
ce que dit la jeune fille. Un trouble-fête
se présente néanmoins dans la personne
de Mme Dufrécy, la mère de Paul, qui
vieBt s'opposer au mariage pour des rai-
sons debaute eonvetiance. La belle-steûr
de Blanche, Mme Juliette André, simple
ayons ete cMxges au so>in de votre santé
^t/nou? ~jpiorta la meilleure envie de la
rëtàwirrmais, par malheur^ à, Cette con-
siiltatioii où nous avions été appelés à
trois nous n'avons jamais pu nous mettre
d'accord. Quand l'un de nous proposait
un traitement non seulement les deux
autres se réunissaient contre lui, mais ils
n'hésitaient même pas à s'allier à nos
ennemis s'ils lui croyaient des chances
sérieuses de l'emporter. Aujourd'hui nous
nous sentons si faibles, que nous n'a-
vons plus même la iorce de nous diviser,
et notre sagesse va jusqu'à retuser de
discuter aucune question^ tant nous avons
la volonté de rester d'accord. Mais après la
victoire chacun reprendra sa liberté d'ac-
tion et vous verrez alors recommencer les
luttes d'autrefois. Fort heureusement la
France n'est plus malade et elle n'a que
faire des consultations de tous ces méde-
cins. Entre les hommes qui prétendent
qu'elle ne peut vivre qu'à la condition de
se soumettre au régime de leur tutelle
humiliante et ceux qui la croient digne de
se développer dans l'atmosphère vivifiante
de la liberté, son choix est fait. Elle saura
le montrer une fois de plus le S janvier.
Les dépêches d'hier et d'aujourd'hui
nous donnent comme une nouvelle cer-
taine la fuite dans le Turkeslan de l'é-
mir de Caboul. Sheere-Ali aurait été
amené à prendre cette détermination par
la perte presque complète de son autorité
dans sa capitale et la désertion de ses
troupes. Avant de quitter Caboul il aurait
mis en liberté son fils Yakoub-Khan. Si ce
dernier lui succède à la tête du gouver-
nement et qu'il soit reconnu et obéi par
les populations de l'Afghanistan, la tâche
des Anglais sera certainement facilitée, et
la guerre très prochainement terminée.
Mais, dans le cas contraire, il n'est pas
douteux qu'aucune situation ne peut leur
être plus défavorable. N'ayant personne
avec qui traiter, ils seront forcés de pren-
dre en mains l'administration du pays tout
entier et ils devront faire ce qui s'est à
maintes reprises imposé aux Russes après
des triomphes du même genre, c'est-à-dire
se résigner à une occupation permanente
qui serait pour eux des plus dis-
pendieuses. D'autre part la Russie
pourrait ne pas voir très patiem-
ment l'établissement permanent des An-
glais à Caboul, et l'apaisement qu'on si-
gnale depuis quelques jours n'aurait pas
eu beaucoup de durée. /• ̃ ̃'
Le Sultan a sanctionné, paraît-il, le
projet de convention relatif à l'occupa-
tion éventuelle par les troupes autri-
chiennes du sandjak de Novi-Bazar. Les
propositions de l'Autriche auraient été
acceptées par la Porte. Ce serait donc en-
core un article de plus du traité de Ber-
lin qui aurait reçu sa pleine et entière
exécution.
Petite Bourse du dimanche.
Emprunt 8 0/0 H2 fr. 77 1/2, 81 1/4.
8 0/0 turc. Il fr. 45, 50.
Banque ottomane.. 468 fr. 75, 469 fr. 37 1/2.
Florins (or)| 62 3/4.
Hongrois 6 0/0. 74 3/8,1/2.
Egyptiennes 6 0/0.. 243 fr. 73, 244 fr. 37.
Extér" espagnole.. 14 3/8.
Intérieure. 13 15/16. w
ouvrière autrefois, a été la maîtresse
d'André avant de devenir sa femme. C'est
d'ailleurs une excellente personne, mais
il y a malheureusement cette tache dans
sa vie.
On a beau supplier M"18 Dufrény, elle
reste impassible; mais la bonne dame, en
allant porter ainsi le deuil dans cette pai-
sible famille, ne savait pas dans quel
guêpier elle mettait le pied. Un jour,
il y a de cela peu d'années, Mra0 Du-
frény, qui est encore une jeune et jolie
femme, allait à un rendez-vous impru-
demment accordé, lorsque, à la porte de
;la maison où demeurait son amant, elle
s'aperçoit qu'elle est observée et suivie
par son mari. La dame ne perd pas la
tête, ce qui prouve qu'elle ne manquait
ipas absolument d'expérience. Elle monte
bravement l'escalier jusqu'au cinquième
étage, ouvre au hasard la porte d'une
mansarde, dépose une bourse contenant 1i
deux cents francs sur la table d'une pau-
vre ouvrière qui se trouvait là, et s'en
retourne. L'épouse coupable s'était subi-
tement transformée en dame de charité
pour la plus grande joie de son mari.
Cette ouvrière, c'était justement Ju-
liette. Elle reconnaît Mme Dufrény, elle
lui remet la bourse sous les yeux, et
Mm8 Dufrény s'empresse de consentir au
mariage de Paul avec Blanche pour évi-
ter de plus amples explications. Que celui
qui est sans péché lui jette la première
pierre disait Jésus en parlant de la
femme adultère. Mme Dufrény avait évi-
demment mauvaise grâce à jeter la pierre
à Mrae André mais il faut reconnaître que
sa situation personnelle n'ôte rien aux
argumens qu'elle faisait valoir pour re-
tuser son consentement au mariage de
son fils, argumens tirés des convenances
sociales et mondaines. Notez bien que je
n'en veux pas examiner la valeur c'est
un simple fait que je constate pour arri-
ver à cette conclusion que la pièce de
M. Porto-Riche, qui semble viser à une'
portée morale, n'en a aucune en réalité
Télégraphie privée.
(Service télégraphique de l'agence Havas.)
Saint-Pétersbourg, le 21 décembre, soir.
Le Golos publie une correspondance de Caboul
datée du 13 octobre, racontant la ^réception cor-
diale qui a été faite à la mission russe.
Elle résume les progrès faits par les négocia-
tions entamées avec l'émir, négociations qui,
d'après la Correspondance, se seraient terminées
par la conclusion d'une convention entre la Russie
et l'Afghanistan.
Cette convention concernait spécialement l'ad-
ministration générale de l'Afghanistan, la ques-
tion de la succession au trône et la reconnais-
sance du régime actuel par la Russie.
Aucune alliance offensive ou défensive n'aurait
été conclue, mais la Russie se serait engagée à
prêter un appui moral au maintien de l'intégrité
et de l'indépendance de l'Afghanistan.
L'émir, d après cette correspondance. aurait
demandé des conseils au général Stoliétoff au
sujet de la réception de la mission anglaise.
L'envoyé russe aurait fait une réponse évasive,
mais aurait laissé entendre à l'émir que la pré-
sence simultanée d'ambassades des deux nations-
dont, les relations étaient presque hostiles serait
incommode. C'est alors que l'émir aurait décidé
de ne pas recevoir la mission anglaise.
Le Golos ajoute que le général Stoliétoff a mis
vingt-deux jours pour revenir à Tachkend qui
est situé à 1.300 verstes de Caboul.
Cinq membres faisant partie de la mission sont
restés à Caboul avec une escorte de onze cosa-
ques.
Constantinople, le 21 décembre, soir.
Le Sultan a sanctionné le projet de convention
relatif à Novi-Bazar, élaboré par le cabinet.
L'Autriche a reconnu l'autorité du patriarche
grec de Constantinople sur les orthodoxes rési-
dant en Bosnie et en Herzégovine.
La Porte s'occupe de réaliser certaines amélio-
rations administratives.
Constantinople, le 21 décembre, soir.
Un iradé impérial nomme Safvet Pacha ambas-
sadeur à Paris, et le colonel Djewad attaché mi-
litaire en France.
De nouvelles nominations sont attendues. Tur-
khan Bey, actuellement ambassadeur à Rome,
serait nommé ambassadeur à Athènes, et Server
Pacha serait désigné pour le poste de Vienne.
Copenhague, le 22 décembre.
Le mariage du duc de Cumberland avec la
princesse Thyra a eu lieu hier soir à huit heures
au château de Christiansborg. La cérémonie a
commencé à sept heures. Parmi les invités on re-
marquait les membres du Landsthing, du Folke-
thing dissous et du corps diplomatique, et les
hauts fonctionnaires civils et militaires avec leurs
femmes.
Quand on s'est rendu à la chapelle, le roi ou-
vrait la marche avec la fiancée venaient ensuite
la reine et le fiancé, puis les autres princes et
les représentans des puissances étrangeres.
La bénédiction nuptiale a été donnée par l'évê-
que Martensen. Avant la bénédiction on a sonné
les cloches, et après la bénédiction on a tiré des
salves d'artillerie. Les jeunes époux ont reçu en-
suite les félicitations de la famille royale. Quand
le cortège a été de retour au château, les invités
ont présenté leurs hommages aux deux époux et
à la famille royale. Ensuite a eu lieu le souper
après lequel le duc et la duchesse de Cumber-
land ont traversé en voiture la ville brillamment
illuminée pour se rendre au chemin de fer où a
été tiré un feu d'artifice composé de mille fusées.
Une foule immense remplissait les rues.
Les jeunes époux se sont rendus au château
de Fre'densborg.
Rome. le 22 décembre.
Sénat- Le sénateur Vitelleschi annonce une
interpellation sur l'état des rapports de l'Italie
avec les puissances et sur la direction que le mi-
nistère entend donner à la politique étrangère du
pays. é. d f~
M. Depretis, ministre par intérim des affaires
étrangères et président du conseil, déclare accep-
ter l'interpellation et demande qu'elle soit déve-
loppée à la reprise des séances du Sénat.
Le Sénat vote ensuite l'exercice provisoire du
budget pendant deux mois.
Le Sénat s'ajourne au 14 janvier 1879.
Berlin, le 22 décembre.
Aujourd'hui ont eu lieu les obsèques de
M. Bayard Taylor, ministre des Etats-Unis, aux-
quelles assistaient des représentans de l'empe-
reur et du prince impérial, le ministre d'Etat de
Bulow, les chefs de toutes les ambassades, plu-
sieurs hauts fonctionnaires et un grand nombre
de notabilités de l'art et de la science. L'oraison
funèbre a été prononcée par M. Thompson, pas-
teur anglais. M. Berthold Auerbach a parlé au
nom des hommes de lettres allemands.
et se résume en une simple anecdote. On
a remarqué dans le rôle de Blanche une
gracieuse ingénue, M"0 Kékler, qui avait
été déjà fort appréciée lors de son début,
et qui promet beaucoup.
Les Deux fautes ont été suivies de l'E-
cole des mères, une des plus charmantes
comédies de Marivaux et des moins con-
nues, du moins des profanes qui se con-
tentent de suivre le théâtre, car elle ne
fait pas partie du répertoire du Théâtre-
Français et elle n'a pas été représentée
depuis soixante et onze ans. Comment
se tait-il que ce petit bijou dramatique
soit resté enfoui si longtemps dans la
poussière des bibliothèques ? 2
Tout l'intérêt de la pièce repose sur la
peinture ducaractère d'Angélique, et je
ne sais rien de plus fin et de plus exquis.
Angélique est une jeune fille élevée par sa
mère MMq Argante dans les principes les
plus sévères, comme Agnès par Arnolphe,
avec cette différence pourtant qu'Ar-
nolphe est un jaloux, un bourru qui
élève Agnès uniquement pour lui-même
parce qu'il veut en faire sa femme, au
lieu que Mm0 Argante n'est qu'une sotte
ridicule, à l'esprit étroit et rempli des
plus absurdes préjugés sur l'éducation
qui convient aux filles. Et voyez les
beaux résultats qu'elle obtient
« Quand ma mère me parle, dit Angélique,
je n'ai plus d'esprit. Cependant je sens que
j'en ai assurément, et j'en aurais bien da-
vantage si elle avait voulu; mais n'être ja-
mais qu'avec elle, n'entendre qu<3 des pré-
ceptes qui me lassent, ne faire que des lec-
tures qui m'ennuient, est-ce là le moyen
d'avoirderesprit?Qu'est-ce que cela apprend?
Il y a des petites filles de sept ans qui sont
plus avancées que moi. Cela n'est-il pas
ridicule? Je n'ose pas seulement ouvrir ma
fenêtre. Voyez, je vous prie, de quel air on
m'habillel Suis-je vêtue comme une autre?
Regardez commeime voilà faite i Ma mère ap-
pelle cela un habit modeste; il n'y a donc de
la modestie nulle part qu'ici, car je ne vois
que moi d'enveloppée comme cela; aussi
suis-je d'une enfance, d'une curiosité 1 Je ne
porte point de rubans, mais qu'est-ce que
ma mère y gagne ? que je suis émue quand
All's well tJiat ends wett. On nous par-
donnera de nous servir de cette langue
barbare parce qud c'est celle du pays con-
stitutionnel par excellence, et que nous
nous trouvions hier en présence d'une
grosse question constitutionnelle. Tout a
bien fini, et nous en rendons hommage à
la modération et à la sagesse du Sénat
autant qu'à la persévérance et à la fer-
meté ile la Chambre des Députés. Nous
avions signalé le danger d'un conflit et
nous croyons en effet qu'il a été immi-
nent. Pour dire toute notre pensée, nous
regrettons que le gouvernement ait cru
devoir intervenir dans la discussion. La
question était entre les deux Chambres,
et il n'avait rien à y voir.
Au fond, il y avait deux questions. En
ce qui concernait le crédit pour les des-
servans et les ministres des divers cultes,
il était d'un commun accord admis que
lest.; Chambres l'acceptaient en principe et
l'ajournaient uniquement pour des raisons
d'opportunité. C'est un point sur le-
quel nous avions particulièrement insisté
parce que nous trouvions justifiée et
légitime cette allocation, parce que nous
regrettions qu'elle n'eût pas pu être votée.
Mais on avait l'assurance, on avait l'enga-
gement qu'elle le serait l'année prochaine,
et le plus clair résultat du vote du Sénat a
malheureusement été d'infirmer ces pro-
messes et ces engagemens. M. Chesnelong
semble n'avoir pas compris que tous les
raisonnemens dont il se servait pouvaient
être retournés contre lui, car plus il prou-
vait que la grande majorité était de son
avis sur le fond, plus aussi il prouvait
qu'il faisait une mauvaise querelle sur la
forme et sur la question d'opportunité. Le
crédit avait été primitivement refusé par
la Chambre des Députés en raison des
nécessités budgétaires qui auraient été
réglées dans le budget suivant; il valait
mieux accepter cette situation et prendre
acte des engagemens du gouvernement et
de la commission. Mais alors on n'aurait
pas eu de conflit et la manifestation était
manquée.
Car certainement il y avait une seconde
question; non plus une question de de-
niers, mais une question constitution-
nelle. Conception hâtive et précipitée
d'une Assemblée de 750 individus qui ne
savaient plus trop ce qu'ils faisaient et
qui ont fini par faire ce qu'ils ne voulaient
pas, notre Constitution est pleine de dis-
positions indécises obscures et liti-
gieuses qui se manifestent tous les jours.
Telle est la question du vote du budget,
du droit de voter les impôts, ce qu'on
appelle les lois d'argent money bills.
C'est parce que la majorité sénatoriale a
choisi ce terrain de discussion que nous
avons dit qu'elle cherchait et provoquait
le conflit.
Que nous ayons dit la vérité, on a pu le
voir par l'empressement avec lequel les
bonapartistes de la Chambre des Dé-
putés ont ramassé et recueilli jette occa-
sion de faire du dégât. Quelle aubaine
pour eux de jeter une Chambre sur l'au-
tre et d'assister à la casse Avec quelle
pieuse ardeur ils sont arrivés à la res-
cousse pour défendre cette Constitution
qu'ils aiment tant et pour sommer le
gouvernement de lui servir de bouclier!
Cette fois, nous devons le reconnaître, le
j'en aperçois. Elle? ne m'a laissé voir per-
sonne, et" avant que je connusse Eraste. le
cœur me battait quand j'étais regardée par
un jeune homme. E-t-ce que je n'ai pas
raison? Serait-ce de môme si j'avais joui
d'une libené honnête ? En vérité, si je n'avais
pas le cœur bon, tiens, je crois que je haïrais
ma mère d'être cause que j'ai des émotions
pour des choses dont je suis sûre que je ne
me soucierais pas si je les avais. d
Ainsi parle Angélique qui se peint elle-
même sans y songer. Deux autres scènes
complètent le dessin de cette piquante
physionomie, celle surtout où Angélique
a une explication avec le vieux Damis que
sa mère veut lui donner pour mari.
Enfin, dit Damis, je puis donc vous jurer
sans témoins une tendresse éternelle. Il est
vrai que mon âge ce répond pas au vôtre.
angélîque.
Oui, il y a bien de la différence. ¡
DAMIS.
Cependant on me flatte que vous acceptez
ma main sans répugnance.
ANGÉLIQUE.
Ma mère le dit.
DAMIS.
Et elle vous a permis de me le confirmer
vous-même.
ANGÉLIQUE.
Oui, mais on n'est pas obligé d'user des
permissions qu'on a.
C'est ainsi que débute la scène; tout le
reste est sur ce ton, et c'est plaisir de
voir comment cette petite ingénue per-
sifle le barbon. Elle a vraiment bien de
l'esprit cette innocente qui va jusqu'à
dire naïvement en parlant d'Eraste
« J'aimerais mieux être sa femme seule-
ment huit jours que de l'être toute ma vie
de l'autre. »
On est naturellement porté à faire un
rapprochement entre l'Agnes de Molière
et l'Angélique de Marivaux. Il est fort
possible que l'Ecole des femmes ait inspiré
à Marivaux l'idée de l'Ecole des mères,
mais de là à voir dans la seconde de ces
comédies une imitation de la première
il y a loin. Ce sont bien deux ingénues
gouvernement a eu la sagesse et l'esprit
de se taire; il a silencieusement laissé les
bonapartistes protéger la virginité de la
Constitution républicaine et s'est contenté
de hausser les épaules. Il n'avait pas à
intervenir. L'interprétation de la Consti-
tution appartient à la législature tout en-
tière elle appartient aussi à la discus-
sion.
A défaut d'un texte précis et clair il y
a une jurisprudence qui existe dans les
pays constitutionnels, dans ceux qui ser-
vent de modèles et de précédens. Le pou-
voir de la bourse, the power ofthe purse,
comme on l'appelle, appartient en pre-
mier et en dernier ressort à la Chambre
qui représente le plus directement les
contribuables; c'est à elle qu'appartient
l'initiative des lois de finances, l'initiative
des dépenses, le droit souverain de l'impôt
exigé des citoyens.
C'est ce conflit qu'on a essayé de sus-
citer entre les deux Chambres. Nous n'a-
vons pas hésité à soutenir le droit d'in-
itiative de la Chambre des Députés, et
nous nous félicitons de l'avoir vu énergi-
quement affirmé. Nous ne faisons aucune
difficulté de rendre justice au Sénat;
il a compris qu'il s'engageait dans une
mauvaise voie, et au dernier moment il
est revenu à des sentimens plus conci-
lians. Ce que nous espérons, c'est qu'après
les prochaines élections nous trouverons
dans le Sénat une majorité disposée, non
pas à abandonner ce qu'elle appellera ou
croira ses prérogatives, mais à ne pas en
faire une incessante occasion de conflits,
de provocations et de guerre civile.
Electeurs, avisez
John Lemoinnk.
S'il y a un mot qu'aux approches des
élections sénatoriales le parti réaction-
naire devait prudemment dissimuler au
lieu d« l'étaler sans scrupule comme
il l'a l'ait dans ces derniers temps, c'est
le mot de « contre-révolution. » Le mot
est à la fois inintelligent et barbare. Il
accuse une méconnaissance absolue de
l'esprit moderne. Il a une odeur de guerre
civile.
Le minisire de l'intérieur, M. de Mar-
cère, le disait récemment à la tribune du
Sénat, à propos des troubles de Marseille
dont il renvoyait justement la responsa-
bilité au parti qui ose aujourd'hui s'en
plaindre. « Lorsque vous regrettez
» que de temps à autre la paix publique
» soit troublée, disait-il à ses adversaires,
» lorsque vous parlez d'anarchie dans les
» intelligences, lorsque vous parlez de ces
» excitations par lesquelles les citoyens
» semblent armés les uns contre les
» autres de sentimens détestables, si
» vous le regrettez je le regrette aussi,
» quoique je constate que cela n'existe
» pas au même degré que vous le dites.
» Mais quelle en est la cause ? Est-ce
» nous qui sommes responsables de cet
» état des esprits dans le pays? Cette lutte,
» elle durera trop longtemps sans doute.
» Elle durera certainement tant qu'il y aura
» en ce pays-ci un parti qui s'appelle le
» parti de la contre-révolution.» »
M. de Marcère avait raison. Il n'est pas
de plus sûr moyen de troubler notre pays,
de le harceler, de l'agacer et de l'agiter
que de lui jeter à la tête, comme on le
fait avec une si inexplicable audace depuis
que l'on nous montre, mais elles ne sont
ni du même temps ni de la même famille.
Il y a entre les deux un siècle de distance,
et ce ne sont point les deux soeurs. Par
ses idées et son tour d'esprit Agnès est
bien une fille du dix-septième siècle, au
lieu qu'Angélique est clairement du dix-
huitième. Impossible de s'y tromper, et
c'est en cela que consiste l'originalité de la
création de Marivaux. Agnès sera un jour
une digne bourgeoise honnête et de bon
sens; mais Angélique, devenue la femme
d'Eraste et façonnée à la vie mondaine
qui l'attire, brillera dans la société élé-
gante elle aura un salon où les gens d'es-
prit brigueront l'honneur d'être admis, car
l'esprit pétille déjà chez elle dans toutes
ses reparties à travers l'enveloppe de
naïveté qui le reepuvre et qui se déchi-
rera bien vite.
Voilà pourquoi il ne faut pas parler d'i-
mitation. Aucune comparaison d'ailleurs
n'est à faire entre la robuste et large
peinture de Molière et ce pastel exquis
de Marivaux, d'une délicatesse et d'une
grâce incomparables.Cettedélicieuse figure
d'Angélique, une fois qu'on l'a vue, ne
s'oublie pas elle reste gravée dans l'es-
prit comme le Chérubin de Beaumarchais.
L'Ecole des mères est jouée avec beau-
coup d'ensemble. M!I° Bergé, une ingénue
charmante qui sort du Conservatoire où
elle a obtenu cette année un second prix
de comédie (elle aurait eu le premier prix
que le public n'y aurait point trouvé à
redire), Mlle Berge, dis-je, aeules honneurs
de la soirée dans le rôle d'Angélique qu'elle
a joué comme s'il eût été écrit tout exprès
pour elle.
La Comédie-Française a fêté samedi
l'anniversaire de la naissance de Racine
avec Androwaque et les Plaideurs. Entre
les deux .pièces tous les personnages
étant rangés en cercle autour du buste de
Racine, Coquelin, qui allait jouer Petit-
Jean dans les Plaideurs, est venu lire un
à-propos en vers.
quelque temps, des programmes et des
menaces contre-révolutionnaires. M. le
garde des sceaux, signalant il y a quel-
ques jours le défaut de cohésion morale
et d'accord pratique qui caractérise la
coalition des droites dans les deux Cham-
bres, l'appelait « le parti sans nom. » Le
mot était juste. M. de Marcère ne l'a
pas contredit. Oui, les droites coalisées
forment un parti auquel il est difficile
de donner un nom commun parce
que ni leurs idées, ni leurs opinions,
ni leurs espérances ne sont communes;
parce que c'est un parti, comme on dit fami-
lièrement, «fait de pièces et de morceaux. »
Mais il a un lien pourtant, un lien qui le
rapproche sans l'unir et qui le rassemble
fortuitement sans l'engager fortement. Ce
lien, c'est la haine de la république, le
dédain de l'esprit moderne, le mépris des
principes « les plus passionnément accep-
tés par le pays, comme le disait M. de
Marcère, les principes de la souveraineté
nationale et du suffrage universel. »
Cela est donc vrai! Le parti qui n'a pasde
nom, si on lui demande de montrer un dra-
peau, d'affirmer une doctrine, de confesser
une croyance politique commune, ce
parti qui se dérobe quand on voudrait
connaître son programme et qui ne
trouve personne pour le signer si par
aventure il en a fait un; le jour
où il ne s'agit que de nier, de contredire
et de détruire, ce parti reprend sa per-
sonnalité il devient quelqu'un il a un
titre qu'il étale, un nom dont il se glori-
fie il est, comme l'a dit le comte de Mun
en pleine tribune, « le parti de la contre-
révolution. »
La contre-révolution En France, au
dix-neuvième siècle plus de quatre-
vingts ans après la grande Révolution
accomplie quand le pays tout entier
a été refait à l'image de nos grands
constituans de 89 et de 90, quand
il a été reconstitué dans sa légis-
lation civile et criminelle, dans sa socia-
bilité et sa politique; quand non seule-
ment l'Etat, mais la propriété, la famille,
l'éducation, le culte extérieur, tout a été
remanié en conformité aux principes
nouveaux; quand il n'est rien rea£é
ni de l'ancienne magistrature, ni de l'an-
cienne administration, ni de l'ancienne
armée, ni des anciennes finances
quand le pays est tout neuf pour ainsi
dire et tout fier de sa condition nou-
velle, arborer devant cette immense
et victorieuse réforme le pitoyable dra-
peau de la contre-révolution Avions-^
nous raison de dire qu'une telle pré^
tention est absolument inintelligente ? q
« Us n'ont rien oublié, ni rien appH9 »>
disait-on des émigrés d'autrefois, rentré»
en 1814. Les réactionnaires de 1878 sonk-
ils plus oublieux? Sont-ils mieux in-
formés ? Ont-ils moins de cette fatale
mémoire qui fouille dans les débris
du passé pour y trouver les élér
mens d'une reconstruction impossible ? If
Ont-ils moins de cette ignorance qui se
refuse aux leçons de l'expérience pra-
tique ? Ont-ils moins de cet aveuglement
obstiné qui nie la lumière ? C'est encore
à M. de Marcère qu'il faut demander
de répondre à cette question « Je ré-
» ponds, disait-il, au parti qui s'attaque
» aux conséquences même les plus heu-
» reuses de la Révolution. Je lui dis que
v tant que le parti qui s'intitule fièrement
L'idée de ce petit morceau est amu-
sante et tout à fait bizarre. Ce n'est
point cette éternelle apologie de Racine
que l'on entend tous les ans et qui est
d'ailleurs inutile, c'est quelque chose d'ab-
solument imprévu. L'auteur, M. Truffier,
jeune artiste qui remplace quelquefois Co-
quelin, supposeque Racine, aussitôt après
sa mort, monte tout droit vers l'Olympe, es-
corté de tous les .héros de ses pièces. Ju-
piter, entouré des dieux et des déesses, le
reçoit avec une sorte de bonhomie qui `
fait vaguement songer à Christian dans
Orphée aux Enfers. Il accueille avec la
même courtoisie les divers personnages
tragiques qui escortent Racine; mais
quand arrivent les procureurs et les avo-
cats des Plaideurs, le maître des dieux
et des hommes fronce le sourcil et les
met à la porte sous le prétexte qu'il ne
veut point donner accès dans l'Olympe à
la chicane. On n'entendrait bientôt plus
parler que de procès. Tirez tirez que
tous ces gens-là s'en aillent
Petit-Jean prend alors la défense des
avocats et s'efforce de démontrer qu'a-
vant même qu'ils fussent inventés la dis-
corde régnait déjà parmi les dieux. Et il
cite une quantité de faits mythologiques
à l'appui de sa thèse. Mais Jupiter s'en-
tête et lève brusquement l'audience. Alors
le dieu Momus. pour consoler Petit-Jean,,
le prend à part et lui avoue que le séjour
de l'Olympe n'est pas aussi gai qu'on le
croit, qu'on s'y ennuie à mourir, et qu'il
voudrait bien le suivre sur la terre où
l'on peut du moins se dérider de temps
en temps à la représentation des Plai-
deurs.
L'idée de venir faire l'éloge des avocats
et des gens de loi à propos de Racine qui
s'en est moqué dans sa comédie est as-
sez singulière. Les vers de M. Truffier
n'en sont pas moins spirituels et bien
tournés. Ils ont surtout le mérite de rap-
peler aussi -peu que possible le-toa«t l'al-
lure des poésies d'anniversaires.
CLÉMENT Capaguel.
LUNDI 23 DËGËNBM
1878
Il~1 ON S'ABONNE
rué des Prètres-Saint-Germain4'Auxerrois, 17.
PRIX »E IiABOiV\EMENT `
Trois mois. Si* mois. Un an.
Paris 18 fr. 36 fr. 72 f«.
Départemèns. 20 fr. 40 fr.- 80 fr. ·
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cnaque mois,
Paris, nn numéro 20 cent.
Département, nn numéro. 25 cent.
în ILondon, apply to Cowie and C» foreijm
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186, Strand, W. C. Lôndon.
À Bruxelles, à VOffice de pvMieité, 46, to de la Uv^
deleine, dans les kiosques et dans les bibliouK»
ques de gares de chemins de fer belges. />^v
LUNDI 23 DÉCEMBRE
1878
JOURNAL DES DÉBATS
ON S'ABONNE
en Belgique, en Italie,
dans le Luxembourg, en Turquie,
en Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans les
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon,
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en Allemagne, en • Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays, >
par l'envoi d'une valeur payable à Paris,
POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
Les annonces sont reçues
«liez MM. Fauekey, Ladite et ©%
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L'échéance du 31 décembre étant la plus
importante de l'année, nos souscripteurs
dont l'abonnement expire à cette date
sont priés de le renouveler afin d'éviter
tout retard dans la réception du journal.
PARIS
MMAWÏÎE n DÉCEMBRE
Lé Manifesté adressé aux électeurs sé-
natoriaux par les bureaux des groupes de
gauche du Sénat ne sera certes pas ac-
cusé de manquer de netteté et de fran-
chise. Et tout d^bôrd par ce cô"té il fofme
le plus heureuk cbntMste avec le docu-
toèrit de même nature publié il doit y
avoir à peu près un mois par la coalition
réactionnair.e. Autant le Manifeste des
droites était embarrassé et diffus autant
ses auteurs l'avaient entouré d'obscU-
rij.es voulues, autant les quelques phrases
adressées aux électeurs du 6 janvier par
les sénateurs républicains ont une vive
et franche allure et disent sans détour ce
Qu'elles ont l'intention de dire. li ne faut
pas d'ailleurs chercher bien loin pour dé-
couvrir le eecret de cette différence si
eetinplète dans la forme et dans le fond.
Elle n'a d'autre ëàusë que ia différence
ifcjiéoié dël situations. D'un côté on s'a-
drèçse simplement au bon sens et au
patriotisme des électeurs i et on leur
dit Voilà ce que iiOus avons fait de-
puis huit ans au travers de difficultés
satis cesse rënàissantëâ et que nous n'a-
^bni pu vaincre qu'à force de sagesse et
de ténacité. Le gouvernement républicain
dont nous sommes les amis sincères a re-
levé la France abattue et mutilée, et au-
jourd'hui vivante et forte elle a le
respect des autres nations* Nous ne
vôtts demandons t}uë de donner une
ilouvellé et dernière preuve de vo-
tée confiance à la forme gouverne-
mentale qui lui a permis de reconquérir
soi* prestige par le spectacle merveilleux
qu'elle offre âtt monde de la paix inté-
Wetirfe assurée comme elle ne l'a jamais
lié, et comme elle ne l'est en aucun au-
tre pays, du travail intelligent et iécond
de ses habitans, de son crédit restauré
par les sacrifices qu'elle n'a pas craint
de s'imposer et par sa sagesse finan-
cière, enfin de sa volonté d'accroître sa
richesse industrielle et commerciale en
donnant à son outillage tous les dévelop-
pemens dont il a encore besoin et que les
grands travaux publics qui seront prochai-
nement entrepris vont venir compléter.
D'après ce qui a été fait dans ces condi-
tions exceptionnelles et dans ces circon-
stances difficiles, vous pouvez juger ce
qui se fera lorsque le fonctionnement
normal de nos institutions sera assuré et
qu'il ne risquera plus d'être entravé par des
intrigues sans cesse renaissantes. L'œuvre
accomplie est assez honorable pour tous et
assez utile pour que "vous teniez à ce qu'elle
soit poursuivie pour le plus grand bien
de tous. Que disent les autres Tout est
mal et demain tout sera pire. Vous souf-
frez, demain vous souffrirez plus encore.
Donc, remettez-vous enire nos mains.
Noué ïàe vous protaettons point de vous
guérir, ni même de diminuer vos souf-
francèft. Pendant plusieurs années nous
mwm% ne il» m mm
DU 23 ©JÉCEMKRSE 187.8.
J; SF~t~il~i~ Dllt~ll~1Q1:)~
'Comédie-Française. L'anniversaire .de, la
naissance de Racine Am$romme les
Plaideurs Petite Jean, à-propos en vers
de M. J. Truffier. T«èaïre del'O-
ii>É0N les Bewt fmtqs;, comédie enun
acte, enprpsej de M. îPorto-Riche VE-
çafy des ttières, comédie en un acte, de
Marivaux. ` -r c-
M.Porto-Tliclie àdoîiiïe il y à quelques
années à l'Odéon Philippe II, nn drame
romantique en cinq actes et en vers qui
obtint un succès ïnérité et fut très remar-
qué. Sa petite comédie en un acte, les
Deux fautes, ne répond pas à ce qu'on
pouvait attendre de lui après un si bril-
lant, début. Ce n'est ni delà comédie ni
du drame; c'est une œuvre mixte qui ne
se recommande ni par l'intérêt ni par
l'originalité du sujet.
Un jeune avocat, Paul Dufrény, est sur
le point de se marier avec M!le Blanche
André, la sœur d'un ingénieur, M. André.
Toute la maison est en pie et l'on doit
le soir même signer le contrat. Il va sans
dire que les deux fiancés s'aiment d'a-
ixreur -tendre comme /les pigeons de la
fable et qui séparerait Blànehe de Paul
signerait son arrêt de mort, du moins à
ce que dit la jeune fille. Un trouble-fête
se présente néanmoins dans la personne
de Mme Dufrécy, la mère de Paul, qui
vieBt s'opposer au mariage pour des rai-
sons debaute eonvetiance. La belle-steûr
de Blanche, Mme Juliette André, simple
ayons ete cMxges au so>in de votre santé
^t/nou? ~jpiorta la meilleure envie de la
rëtàwirrmais, par malheur^ à, Cette con-
siiltatioii où nous avions été appelés à
trois nous n'avons jamais pu nous mettre
d'accord. Quand l'un de nous proposait
un traitement non seulement les deux
autres se réunissaient contre lui, mais ils
n'hésitaient même pas à s'allier à nos
ennemis s'ils lui croyaient des chances
sérieuses de l'emporter. Aujourd'hui nous
nous sentons si faibles, que nous n'a-
vons plus même la iorce de nous diviser,
et notre sagesse va jusqu'à retuser de
discuter aucune question^ tant nous avons
la volonté de rester d'accord. Mais après la
victoire chacun reprendra sa liberté d'ac-
tion et vous verrez alors recommencer les
luttes d'autrefois. Fort heureusement la
France n'est plus malade et elle n'a que
faire des consultations de tous ces méde-
cins. Entre les hommes qui prétendent
qu'elle ne peut vivre qu'à la condition de
se soumettre au régime de leur tutelle
humiliante et ceux qui la croient digne de
se développer dans l'atmosphère vivifiante
de la liberté, son choix est fait. Elle saura
le montrer une fois de plus le S janvier.
Les dépêches d'hier et d'aujourd'hui
nous donnent comme une nouvelle cer-
taine la fuite dans le Turkeslan de l'é-
mir de Caboul. Sheere-Ali aurait été
amené à prendre cette détermination par
la perte presque complète de son autorité
dans sa capitale et la désertion de ses
troupes. Avant de quitter Caboul il aurait
mis en liberté son fils Yakoub-Khan. Si ce
dernier lui succède à la tête du gouver-
nement et qu'il soit reconnu et obéi par
les populations de l'Afghanistan, la tâche
des Anglais sera certainement facilitée, et
la guerre très prochainement terminée.
Mais, dans le cas contraire, il n'est pas
douteux qu'aucune situation ne peut leur
être plus défavorable. N'ayant personne
avec qui traiter, ils seront forcés de pren-
dre en mains l'administration du pays tout
entier et ils devront faire ce qui s'est à
maintes reprises imposé aux Russes après
des triomphes du même genre, c'est-à-dire
se résigner à une occupation permanente
qui serait pour eux des plus dis-
pendieuses. D'autre part la Russie
pourrait ne pas voir très patiem-
ment l'établissement permanent des An-
glais à Caboul, et l'apaisement qu'on si-
gnale depuis quelques jours n'aurait pas
eu beaucoup de durée. /• ̃ ̃'
Le Sultan a sanctionné, paraît-il, le
projet de convention relatif à l'occupa-
tion éventuelle par les troupes autri-
chiennes du sandjak de Novi-Bazar. Les
propositions de l'Autriche auraient été
acceptées par la Porte. Ce serait donc en-
core un article de plus du traité de Ber-
lin qui aurait reçu sa pleine et entière
exécution.
Petite Bourse du dimanche.
Emprunt 8 0/0 H2 fr. 77 1/2, 81 1/4.
8 0/0 turc. Il fr. 45, 50.
Banque ottomane.. 468 fr. 75, 469 fr. 37 1/2.
Florins (or)| 62 3/4.
Hongrois 6 0/0. 74 3/8,1/2.
Egyptiennes 6 0/0.. 243 fr. 73, 244 fr. 37.
Extér" espagnole.. 14 3/8.
Intérieure. 13 15/16. w
ouvrière autrefois, a été la maîtresse
d'André avant de devenir sa femme. C'est
d'ailleurs une excellente personne, mais
il y a malheureusement cette tache dans
sa vie.
On a beau supplier M"18 Dufrény, elle
reste impassible; mais la bonne dame, en
allant porter ainsi le deuil dans cette pai-
sible famille, ne savait pas dans quel
guêpier elle mettait le pied. Un jour,
il y a de cela peu d'années, Mra0 Du-
frény, qui est encore une jeune et jolie
femme, allait à un rendez-vous impru-
demment accordé, lorsque, à la porte de
;la maison où demeurait son amant, elle
s'aperçoit qu'elle est observée et suivie
par son mari. La dame ne perd pas la
tête, ce qui prouve qu'elle ne manquait
ipas absolument d'expérience. Elle monte
bravement l'escalier jusqu'au cinquième
étage, ouvre au hasard la porte d'une
mansarde, dépose une bourse contenant 1i
deux cents francs sur la table d'une pau-
vre ouvrière qui se trouvait là, et s'en
retourne. L'épouse coupable s'était subi-
tement transformée en dame de charité
pour la plus grande joie de son mari.
Cette ouvrière, c'était justement Ju-
liette. Elle reconnaît Mme Dufrény, elle
lui remet la bourse sous les yeux, et
Mm8 Dufrény s'empresse de consentir au
mariage de Paul avec Blanche pour évi-
ter de plus amples explications. Que celui
qui est sans péché lui jette la première
pierre disait Jésus en parlant de la
femme adultère. Mme Dufrény avait évi-
demment mauvaise grâce à jeter la pierre
à Mrae André mais il faut reconnaître que
sa situation personnelle n'ôte rien aux
argumens qu'elle faisait valoir pour re-
tuser son consentement au mariage de
son fils, argumens tirés des convenances
sociales et mondaines. Notez bien que je
n'en veux pas examiner la valeur c'est
un simple fait que je constate pour arri-
ver à cette conclusion que la pièce de
M. Porto-Riche, qui semble viser à une'
portée morale, n'en a aucune en réalité
Télégraphie privée.
(Service télégraphique de l'agence Havas.)
Saint-Pétersbourg, le 21 décembre, soir.
Le Golos publie une correspondance de Caboul
datée du 13 octobre, racontant la ^réception cor-
diale qui a été faite à la mission russe.
Elle résume les progrès faits par les négocia-
tions entamées avec l'émir, négociations qui,
d'après la Correspondance, se seraient terminées
par la conclusion d'une convention entre la Russie
et l'Afghanistan.
Cette convention concernait spécialement l'ad-
ministration générale de l'Afghanistan, la ques-
tion de la succession au trône et la reconnais-
sance du régime actuel par la Russie.
Aucune alliance offensive ou défensive n'aurait
été conclue, mais la Russie se serait engagée à
prêter un appui moral au maintien de l'intégrité
et de l'indépendance de l'Afghanistan.
L'émir, d après cette correspondance. aurait
demandé des conseils au général Stoliétoff au
sujet de la réception de la mission anglaise.
L'envoyé russe aurait fait une réponse évasive,
mais aurait laissé entendre à l'émir que la pré-
sence simultanée d'ambassades des deux nations-
dont, les relations étaient presque hostiles serait
incommode. C'est alors que l'émir aurait décidé
de ne pas recevoir la mission anglaise.
Le Golos ajoute que le général Stoliétoff a mis
vingt-deux jours pour revenir à Tachkend qui
est situé à 1.300 verstes de Caboul.
Cinq membres faisant partie de la mission sont
restés à Caboul avec une escorte de onze cosa-
ques.
Constantinople, le 21 décembre, soir.
Le Sultan a sanctionné le projet de convention
relatif à Novi-Bazar, élaboré par le cabinet.
L'Autriche a reconnu l'autorité du patriarche
grec de Constantinople sur les orthodoxes rési-
dant en Bosnie et en Herzégovine.
La Porte s'occupe de réaliser certaines amélio-
rations administratives.
Constantinople, le 21 décembre, soir.
Un iradé impérial nomme Safvet Pacha ambas-
sadeur à Paris, et le colonel Djewad attaché mi-
litaire en France.
De nouvelles nominations sont attendues. Tur-
khan Bey, actuellement ambassadeur à Rome,
serait nommé ambassadeur à Athènes, et Server
Pacha serait désigné pour le poste de Vienne.
Copenhague, le 22 décembre.
Le mariage du duc de Cumberland avec la
princesse Thyra a eu lieu hier soir à huit heures
au château de Christiansborg. La cérémonie a
commencé à sept heures. Parmi les invités on re-
marquait les membres du Landsthing, du Folke-
thing dissous et du corps diplomatique, et les
hauts fonctionnaires civils et militaires avec leurs
femmes.
Quand on s'est rendu à la chapelle, le roi ou-
vrait la marche avec la fiancée venaient ensuite
la reine et le fiancé, puis les autres princes et
les représentans des puissances étrangeres.
La bénédiction nuptiale a été donnée par l'évê-
que Martensen. Avant la bénédiction on a sonné
les cloches, et après la bénédiction on a tiré des
salves d'artillerie. Les jeunes époux ont reçu en-
suite les félicitations de la famille royale. Quand
le cortège a été de retour au château, les invités
ont présenté leurs hommages aux deux époux et
à la famille royale. Ensuite a eu lieu le souper
après lequel le duc et la duchesse de Cumber-
land ont traversé en voiture la ville brillamment
illuminée pour se rendre au chemin de fer où a
été tiré un feu d'artifice composé de mille fusées.
Une foule immense remplissait les rues.
Les jeunes époux se sont rendus au château
de Fre'densborg.
Rome. le 22 décembre.
Sénat- Le sénateur Vitelleschi annonce une
interpellation sur l'état des rapports de l'Italie
avec les puissances et sur la direction que le mi-
nistère entend donner à la politique étrangère du
pays. é. d f~
M. Depretis, ministre par intérim des affaires
étrangères et président du conseil, déclare accep-
ter l'interpellation et demande qu'elle soit déve-
loppée à la reprise des séances du Sénat.
Le Sénat vote ensuite l'exercice provisoire du
budget pendant deux mois.
Le Sénat s'ajourne au 14 janvier 1879.
Berlin, le 22 décembre.
Aujourd'hui ont eu lieu les obsèques de
M. Bayard Taylor, ministre des Etats-Unis, aux-
quelles assistaient des représentans de l'empe-
reur et du prince impérial, le ministre d'Etat de
Bulow, les chefs de toutes les ambassades, plu-
sieurs hauts fonctionnaires et un grand nombre
de notabilités de l'art et de la science. L'oraison
funèbre a été prononcée par M. Thompson, pas-
teur anglais. M. Berthold Auerbach a parlé au
nom des hommes de lettres allemands.
et se résume en une simple anecdote. On
a remarqué dans le rôle de Blanche une
gracieuse ingénue, M"0 Kékler, qui avait
été déjà fort appréciée lors de son début,
et qui promet beaucoup.
Les Deux fautes ont été suivies de l'E-
cole des mères, une des plus charmantes
comédies de Marivaux et des moins con-
nues, du moins des profanes qui se con-
tentent de suivre le théâtre, car elle ne
fait pas partie du répertoire du Théâtre-
Français et elle n'a pas été représentée
depuis soixante et onze ans. Comment
se tait-il que ce petit bijou dramatique
soit resté enfoui si longtemps dans la
poussière des bibliothèques ? 2
Tout l'intérêt de la pièce repose sur la
peinture ducaractère d'Angélique, et je
ne sais rien de plus fin et de plus exquis.
Angélique est une jeune fille élevée par sa
mère MMq Argante dans les principes les
plus sévères, comme Agnès par Arnolphe,
avec cette différence pourtant qu'Ar-
nolphe est un jaloux, un bourru qui
élève Agnès uniquement pour lui-même
parce qu'il veut en faire sa femme, au
lieu que Mm0 Argante n'est qu'une sotte
ridicule, à l'esprit étroit et rempli des
plus absurdes préjugés sur l'éducation
qui convient aux filles. Et voyez les
beaux résultats qu'elle obtient
« Quand ma mère me parle, dit Angélique,
je n'ai plus d'esprit. Cependant je sens que
j'en ai assurément, et j'en aurais bien da-
vantage si elle avait voulu; mais n'être ja-
mais qu'avec elle, n'entendre qu<3 des pré-
ceptes qui me lassent, ne faire que des lec-
tures qui m'ennuient, est-ce là le moyen
d'avoirderesprit?Qu'est-ce que cela apprend?
Il y a des petites filles de sept ans qui sont
plus avancées que moi. Cela n'est-il pas
ridicule? Je n'ose pas seulement ouvrir ma
fenêtre. Voyez, je vous prie, de quel air on
m'habillel Suis-je vêtue comme une autre?
Regardez commeime voilà faite i Ma mère ap-
pelle cela un habit modeste; il n'y a donc de
la modestie nulle part qu'ici, car je ne vois
que moi d'enveloppée comme cela; aussi
suis-je d'une enfance, d'une curiosité 1 Je ne
porte point de rubans, mais qu'est-ce que
ma mère y gagne ? que je suis émue quand
All's well tJiat ends wett. On nous par-
donnera de nous servir de cette langue
barbare parce qud c'est celle du pays con-
stitutionnel par excellence, et que nous
nous trouvions hier en présence d'une
grosse question constitutionnelle. Tout a
bien fini, et nous en rendons hommage à
la modération et à la sagesse du Sénat
autant qu'à la persévérance et à la fer-
meté ile la Chambre des Députés. Nous
avions signalé le danger d'un conflit et
nous croyons en effet qu'il a été immi-
nent. Pour dire toute notre pensée, nous
regrettons que le gouvernement ait cru
devoir intervenir dans la discussion. La
question était entre les deux Chambres,
et il n'avait rien à y voir.
Au fond, il y avait deux questions. En
ce qui concernait le crédit pour les des-
servans et les ministres des divers cultes,
il était d'un commun accord admis que
lest.; Chambres l'acceptaient en principe et
l'ajournaient uniquement pour des raisons
d'opportunité. C'est un point sur le-
quel nous avions particulièrement insisté
parce que nous trouvions justifiée et
légitime cette allocation, parce que nous
regrettions qu'elle n'eût pas pu être votée.
Mais on avait l'assurance, on avait l'enga-
gement qu'elle le serait l'année prochaine,
et le plus clair résultat du vote du Sénat a
malheureusement été d'infirmer ces pro-
messes et ces engagemens. M. Chesnelong
semble n'avoir pas compris que tous les
raisonnemens dont il se servait pouvaient
être retournés contre lui, car plus il prou-
vait que la grande majorité était de son
avis sur le fond, plus aussi il prouvait
qu'il faisait une mauvaise querelle sur la
forme et sur la question d'opportunité. Le
crédit avait été primitivement refusé par
la Chambre des Députés en raison des
nécessités budgétaires qui auraient été
réglées dans le budget suivant; il valait
mieux accepter cette situation et prendre
acte des engagemens du gouvernement et
de la commission. Mais alors on n'aurait
pas eu de conflit et la manifestation était
manquée.
Car certainement il y avait une seconde
question; non plus une question de de-
niers, mais une question constitution-
nelle. Conception hâtive et précipitée
d'une Assemblée de 750 individus qui ne
savaient plus trop ce qu'ils faisaient et
qui ont fini par faire ce qu'ils ne voulaient
pas, notre Constitution est pleine de dis-
positions indécises obscures et liti-
gieuses qui se manifestent tous les jours.
Telle est la question du vote du budget,
du droit de voter les impôts, ce qu'on
appelle les lois d'argent money bills.
C'est parce que la majorité sénatoriale a
choisi ce terrain de discussion que nous
avons dit qu'elle cherchait et provoquait
le conflit.
Que nous ayons dit la vérité, on a pu le
voir par l'empressement avec lequel les
bonapartistes de la Chambre des Dé-
putés ont ramassé et recueilli jette occa-
sion de faire du dégât. Quelle aubaine
pour eux de jeter une Chambre sur l'au-
tre et d'assister à la casse Avec quelle
pieuse ardeur ils sont arrivés à la res-
cousse pour défendre cette Constitution
qu'ils aiment tant et pour sommer le
gouvernement de lui servir de bouclier!
Cette fois, nous devons le reconnaître, le
j'en aperçois. Elle? ne m'a laissé voir per-
sonne, et" avant que je connusse Eraste. le
cœur me battait quand j'étais regardée par
un jeune homme. E-t-ce que je n'ai pas
raison? Serait-ce de môme si j'avais joui
d'une libené honnête ? En vérité, si je n'avais
pas le cœur bon, tiens, je crois que je haïrais
ma mère d'être cause que j'ai des émotions
pour des choses dont je suis sûre que je ne
me soucierais pas si je les avais. d
Ainsi parle Angélique qui se peint elle-
même sans y songer. Deux autres scènes
complètent le dessin de cette piquante
physionomie, celle surtout où Angélique
a une explication avec le vieux Damis que
sa mère veut lui donner pour mari.
Enfin, dit Damis, je puis donc vous jurer
sans témoins une tendresse éternelle. Il est
vrai que mon âge ce répond pas au vôtre.
angélîque.
Oui, il y a bien de la différence. ¡
DAMIS.
Cependant on me flatte que vous acceptez
ma main sans répugnance.
ANGÉLIQUE.
Ma mère le dit.
DAMIS.
Et elle vous a permis de me le confirmer
vous-même.
ANGÉLIQUE.
Oui, mais on n'est pas obligé d'user des
permissions qu'on a.
C'est ainsi que débute la scène; tout le
reste est sur ce ton, et c'est plaisir de
voir comment cette petite ingénue per-
sifle le barbon. Elle a vraiment bien de
l'esprit cette innocente qui va jusqu'à
dire naïvement en parlant d'Eraste
« J'aimerais mieux être sa femme seule-
ment huit jours que de l'être toute ma vie
de l'autre. »
On est naturellement porté à faire un
rapprochement entre l'Agnes de Molière
et l'Angélique de Marivaux. Il est fort
possible que l'Ecole des femmes ait inspiré
à Marivaux l'idée de l'Ecole des mères,
mais de là à voir dans la seconde de ces
comédies une imitation de la première
il y a loin. Ce sont bien deux ingénues
gouvernement a eu la sagesse et l'esprit
de se taire; il a silencieusement laissé les
bonapartistes protéger la virginité de la
Constitution républicaine et s'est contenté
de hausser les épaules. Il n'avait pas à
intervenir. L'interprétation de la Consti-
tution appartient à la législature tout en-
tière elle appartient aussi à la discus-
sion.
A défaut d'un texte précis et clair il y
a une jurisprudence qui existe dans les
pays constitutionnels, dans ceux qui ser-
vent de modèles et de précédens. Le pou-
voir de la bourse, the power ofthe purse,
comme on l'appelle, appartient en pre-
mier et en dernier ressort à la Chambre
qui représente le plus directement les
contribuables; c'est à elle qu'appartient
l'initiative des lois de finances, l'initiative
des dépenses, le droit souverain de l'impôt
exigé des citoyens.
C'est ce conflit qu'on a essayé de sus-
citer entre les deux Chambres. Nous n'a-
vons pas hésité à soutenir le droit d'in-
itiative de la Chambre des Députés, et
nous nous félicitons de l'avoir vu énergi-
quement affirmé. Nous ne faisons aucune
difficulté de rendre justice au Sénat;
il a compris qu'il s'engageait dans une
mauvaise voie, et au dernier moment il
est revenu à des sentimens plus conci-
lians. Ce que nous espérons, c'est qu'après
les prochaines élections nous trouverons
dans le Sénat une majorité disposée, non
pas à abandonner ce qu'elle appellera ou
croira ses prérogatives, mais à ne pas en
faire une incessante occasion de conflits,
de provocations et de guerre civile.
Electeurs, avisez
John Lemoinnk.
S'il y a un mot qu'aux approches des
élections sénatoriales le parti réaction-
naire devait prudemment dissimuler au
lieu d« l'étaler sans scrupule comme
il l'a l'ait dans ces derniers temps, c'est
le mot de « contre-révolution. » Le mot
est à la fois inintelligent et barbare. Il
accuse une méconnaissance absolue de
l'esprit moderne. Il a une odeur de guerre
civile.
Le minisire de l'intérieur, M. de Mar-
cère, le disait récemment à la tribune du
Sénat, à propos des troubles de Marseille
dont il renvoyait justement la responsa-
bilité au parti qui ose aujourd'hui s'en
plaindre. « Lorsque vous regrettez
» que de temps à autre la paix publique
» soit troublée, disait-il à ses adversaires,
» lorsque vous parlez d'anarchie dans les
» intelligences, lorsque vous parlez de ces
» excitations par lesquelles les citoyens
» semblent armés les uns contre les
» autres de sentimens détestables, si
» vous le regrettez je le regrette aussi,
» quoique je constate que cela n'existe
» pas au même degré que vous le dites.
» Mais quelle en est la cause ? Est-ce
» nous qui sommes responsables de cet
» état des esprits dans le pays? Cette lutte,
» elle durera trop longtemps sans doute.
» Elle durera certainement tant qu'il y aura
» en ce pays-ci un parti qui s'appelle le
» parti de la contre-révolution.» »
M. de Marcère avait raison. Il n'est pas
de plus sûr moyen de troubler notre pays,
de le harceler, de l'agacer et de l'agiter
que de lui jeter à la tête, comme on le
fait avec une si inexplicable audace depuis
que l'on nous montre, mais elles ne sont
ni du même temps ni de la même famille.
Il y a entre les deux un siècle de distance,
et ce ne sont point les deux soeurs. Par
ses idées et son tour d'esprit Agnès est
bien une fille du dix-septième siècle, au
lieu qu'Angélique est clairement du dix-
huitième. Impossible de s'y tromper, et
c'est en cela que consiste l'originalité de la
création de Marivaux. Agnès sera un jour
une digne bourgeoise honnête et de bon
sens; mais Angélique, devenue la femme
d'Eraste et façonnée à la vie mondaine
qui l'attire, brillera dans la société élé-
gante elle aura un salon où les gens d'es-
prit brigueront l'honneur d'être admis, car
l'esprit pétille déjà chez elle dans toutes
ses reparties à travers l'enveloppe de
naïveté qui le reepuvre et qui se déchi-
rera bien vite.
Voilà pourquoi il ne faut pas parler d'i-
mitation. Aucune comparaison d'ailleurs
n'est à faire entre la robuste et large
peinture de Molière et ce pastel exquis
de Marivaux, d'une délicatesse et d'une
grâce incomparables.Cettedélicieuse figure
d'Angélique, une fois qu'on l'a vue, ne
s'oublie pas elle reste gravée dans l'es-
prit comme le Chérubin de Beaumarchais.
L'Ecole des mères est jouée avec beau-
coup d'ensemble. M!I° Bergé, une ingénue
charmante qui sort du Conservatoire où
elle a obtenu cette année un second prix
de comédie (elle aurait eu le premier prix
que le public n'y aurait point trouvé à
redire), Mlle Berge, dis-je, aeules honneurs
de la soirée dans le rôle d'Angélique qu'elle
a joué comme s'il eût été écrit tout exprès
pour elle.
La Comédie-Française a fêté samedi
l'anniversaire de la naissance de Racine
avec Androwaque et les Plaideurs. Entre
les deux .pièces tous les personnages
étant rangés en cercle autour du buste de
Racine, Coquelin, qui allait jouer Petit-
Jean dans les Plaideurs, est venu lire un
à-propos en vers.
quelque temps, des programmes et des
menaces contre-révolutionnaires. M. le
garde des sceaux, signalant il y a quel-
ques jours le défaut de cohésion morale
et d'accord pratique qui caractérise la
coalition des droites dans les deux Cham-
bres, l'appelait « le parti sans nom. » Le
mot était juste. M. de Marcère ne l'a
pas contredit. Oui, les droites coalisées
forment un parti auquel il est difficile
de donner un nom commun parce
que ni leurs idées, ni leurs opinions,
ni leurs espérances ne sont communes;
parce que c'est un parti, comme on dit fami-
lièrement, «fait de pièces et de morceaux. »
Mais il a un lien pourtant, un lien qui le
rapproche sans l'unir et qui le rassemble
fortuitement sans l'engager fortement. Ce
lien, c'est la haine de la république, le
dédain de l'esprit moderne, le mépris des
principes « les plus passionnément accep-
tés par le pays, comme le disait M. de
Marcère, les principes de la souveraineté
nationale et du suffrage universel. »
Cela est donc vrai! Le parti qui n'a pasde
nom, si on lui demande de montrer un dra-
peau, d'affirmer une doctrine, de confesser
une croyance politique commune, ce
parti qui se dérobe quand on voudrait
connaître son programme et qui ne
trouve personne pour le signer si par
aventure il en a fait un; le jour
où il ne s'agit que de nier, de contredire
et de détruire, ce parti reprend sa per-
sonnalité il devient quelqu'un il a un
titre qu'il étale, un nom dont il se glori-
fie il est, comme l'a dit le comte de Mun
en pleine tribune, « le parti de la contre-
révolution. »
La contre-révolution En France, au
dix-neuvième siècle plus de quatre-
vingts ans après la grande Révolution
accomplie quand le pays tout entier
a été refait à l'image de nos grands
constituans de 89 et de 90, quand
il a été reconstitué dans sa légis-
lation civile et criminelle, dans sa socia-
bilité et sa politique; quand non seule-
ment l'Etat, mais la propriété, la famille,
l'éducation, le culte extérieur, tout a été
remanié en conformité aux principes
nouveaux; quand il n'est rien rea£é
ni de l'ancienne magistrature, ni de l'an-
cienne administration, ni de l'ancienne
armée, ni des anciennes finances
quand le pays est tout neuf pour ainsi
dire et tout fier de sa condition nou-
velle, arborer devant cette immense
et victorieuse réforme le pitoyable dra-
peau de la contre-révolution Avions-^
nous raison de dire qu'une telle pré^
tention est absolument inintelligente ? q
« Us n'ont rien oublié, ni rien appH9 »>
disait-on des émigrés d'autrefois, rentré»
en 1814. Les réactionnaires de 1878 sonk-
ils plus oublieux? Sont-ils mieux in-
formés ? Ont-ils moins de cette fatale
mémoire qui fouille dans les débris
du passé pour y trouver les élér
mens d'une reconstruction impossible ? If
Ont-ils moins de cette ignorance qui se
refuse aux leçons de l'expérience pra-
tique ? Ont-ils moins de cet aveuglement
obstiné qui nie la lumière ? C'est encore
à M. de Marcère qu'il faut demander
de répondre à cette question « Je ré-
» ponds, disait-il, au parti qui s'attaque
» aux conséquences même les plus heu-
» reuses de la Révolution. Je lui dis que
v tant que le parti qui s'intitule fièrement
L'idée de ce petit morceau est amu-
sante et tout à fait bizarre. Ce n'est
point cette éternelle apologie de Racine
que l'on entend tous les ans et qui est
d'ailleurs inutile, c'est quelque chose d'ab-
solument imprévu. L'auteur, M. Truffier,
jeune artiste qui remplace quelquefois Co-
quelin, supposeque Racine, aussitôt après
sa mort, monte tout droit vers l'Olympe, es-
corté de tous les .héros de ses pièces. Ju-
piter, entouré des dieux et des déesses, le
reçoit avec une sorte de bonhomie qui `
fait vaguement songer à Christian dans
Orphée aux Enfers. Il accueille avec la
même courtoisie les divers personnages
tragiques qui escortent Racine; mais
quand arrivent les procureurs et les avo-
cats des Plaideurs, le maître des dieux
et des hommes fronce le sourcil et les
met à la porte sous le prétexte qu'il ne
veut point donner accès dans l'Olympe à
la chicane. On n'entendrait bientôt plus
parler que de procès. Tirez tirez que
tous ces gens-là s'en aillent
Petit-Jean prend alors la défense des
avocats et s'efforce de démontrer qu'a-
vant même qu'ils fussent inventés la dis-
corde régnait déjà parmi les dieux. Et il
cite une quantité de faits mythologiques
à l'appui de sa thèse. Mais Jupiter s'en-
tête et lève brusquement l'audience. Alors
le dieu Momus. pour consoler Petit-Jean,,
le prend à part et lui avoue que le séjour
de l'Olympe n'est pas aussi gai qu'on le
croit, qu'on s'y ennuie à mourir, et qu'il
voudrait bien le suivre sur la terre où
l'on peut du moins se dérider de temps
en temps à la représentation des Plai-
deurs.
L'idée de venir faire l'éloge des avocats
et des gens de loi à propos de Racine qui
s'en est moqué dans sa comédie est as-
sez singulière. Les vers de M. Truffier
n'en sont pas moins spirituels et bien
tournés. Ils ont surtout le mérite de rap-
peler aussi -peu que possible le-toa«t l'al-
lure des poésies d'anniversaires.
CLÉMENT Capaguel.
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