Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-11-10
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Description : 10 novembre 1878 10 novembre 1878
Description : 1878/11/10. 1878/11/10.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ËDITIONDE PARIS.
MMOns 10 MEMBRE
.1878.
MMMCHE i$K~EM8M
-1878"
~r~ 11, Ei-S 't i
t'r · n ,·i
ON S'ABONDE
rue des Pr8t,res-Sai]]:trGermaia-l'Auxerrois, i7.
-yKtX.ME''
Trois mois. Six: mois. un an'
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mandats-poste, soit'internationaux, soit français,
en Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays,
par l'envoi d'une valeur payable à Paris.
POUTtMJES ET UTTEMRES
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chez MM. JFtHtchey, t.am
8, place delà Bourse,
et au bureau du JOtJKMA~ )
~}lesdoiYenttou.jonrs@treagréees par la rédaction.
1~ f i
SAMEDI 9 NOVEMBJ~
Nous avons signalé il y a quelques
jours à l'attention de nos lecteurs un im-
portait article de r~7~a ca:~o~e< con-
seillant aux catholiques italiens une évo-
lution complète dans leur conduite au
point de vue électoral. Le journal de
M. Giacomo Margotti recommandait de
substituer désormais l'action à l'absten-
tion, là formule ancienne ?6 eletti ne <
ayant fait son temps et ne s'aoeom-
modànt plus .d'après l'auteur de l'article,
Stux nécessités présentes. On se deman-
dait quel accueil était réservé à ce pro-
gramme nouveau dans la presse catho-
lique italienne, et surtout quelle serait
Tattitude du Pape Léon XIII. Sur le pre-
mier point, une réponse nous est déjà par-
venue, qui,' jusqu'à un certain degré, peut
faire pressentir quelle sera probablementia
réponse & la seconde question. Un des
organes officieux du Vatican, la Voce della
Fs~, a publié en effet une Note qui,
-pour ne pas donner une approbation sans
réserve à l'article du journal de Turin,
n'en.contient pas moins une déclaration
des plus significatives. Il y est dit d'abord
que l'article de l'-D~M~ e~oHM peut être
considéré comme étant « simplement l'o-
M pinion d'un des publicistes les plus mé-
M ritans dans la défense des intérêts de
,1'Eglise. -M Puis la Note continue ainsi
« Toutefois, le grand bruit qui s'est fait à
propos décès articles nous amène à
M louer l'~M~oKc~ d'avoir clairement
xposé la question, qui est M'es grave, j
M sous son véritable aspect, en rappelant
N que l'intervention des Italiens aux urnes ]
» politiques n'a jamais été déclarée illi-
)) cite au sens absolu, mais seulement
M inopportune. Or, cela impliquait de soi
a la possibilité d'un changement. D'où il
~résulte clairement qu'une modification ]
& cet état de choses pourrait survenir
? si les circonstances, venant à changer, 1
M'le conseillaient. L'O.M~<~o~ ~OMMMM,
organe ordinaire delà secrétairerie d'Etat 1
pontificale, s'est borné à dire que jusque (
présent le Pape ne .s'est pas prononcé '.ju~'
la participation des catholiques aux: élec-
tions politiques mais on peut néa.nm'oins
tenir un certain compte d'un bruit repro-
duit par le Tournai l~s~e, etd'~pr~s lequel
l'auteur de cette Note ne serait antre que le
Pape Léon XIII lui-même~ Cf, renseigne-
ment est d'ailleurs conûrmé.par une dépê-
che de Rome qui annonce, que le Souve-
Tain-Pontifc a soumis à l'examen des cardi-
naux la question de savoir s'il est opportun
que les catholiques italiens participent
aux élections politiques. Ma)gré la con-
cordance de tous ces indices, il serait
peut-être imprudent de conclure qu'une
modiScation profonde est à la veille de
se produire daTis l'attitude des catho-
liques italiens. Mais il y a là tout au
moins le conunencement d'un mouve-
-ment d'opinion très intéressant à consta-
ter, et dont les développemens devront
êire attentivement étudiés.
.Les négociations du Vatican avec. l'em-
pire d'Allemagne, qui depuis les élections
récentes pour le Reichstag étaient con-
sidérées comme interrompues, sinon
même comme complétement rompues,
vont, si nous en croyons les journaux
officieux de Berlin, entrer dans une nou-
-velle phase. Un article de la Co~oK-
~tHM~ ~OMMCM)~, intitulé « La paixM clésiastique et le parti du centre o, re-
produit par la 6'JVmet à la charge de ce parti l'échec des
tentatives faites jusqu'à présent pour ar-
river au rétablissement de la paix reli-
gieuse en Allemagne. Les chefs du parti
du centra sont accusés de poursuivre
« des buts qui n'ont absolument rien de
commun avec les véritables intérêts
de l'Eglise romaine s, et il est fait un
appel énergique « aux autorités ecclésias-
a tiques compétentes et aux populations
catholiques » pour mettre un terme à des
intrigues « qui sont un défi jeté aux espé-
? Tances que le Saint-Père fondait sur la 6-
N délité des sujets catholiques de l'empire
-H allemand. Quelle distance n'y a-t-il
pas entre ce langage et celui qui était
tenuilyadeuxmoisseulement? Et s'il ]
est permis de se demander si cette tacti-
que aura plus de ëuccès que celle qui a i
été précédemment employée, il est im- (
possible, du moins, de ne pas voir dans
son adoption un désir de plus en plus vif
chez le chancelier d'arriver, dans un ave- 1
nir prochain, à un accord plus ou moins
complet avec la Cour de Rome.
On ne sait encore rien de précis sur le
but et les résultats du voyage du comte <
Schouvaloff à Livadia, où il a été appelé
par l'empereur Alexandre. Toutefois, il est
remarquable que deux courans opposés <
d'informations envahissent depuis deux
ou trois jours la presse européenne
tout entière. Le premier, qui se mon- {
tre principalement dans les dépêches que r
le 7'MK~ reçoit de son correspondant de c
Paris, connrmées et appuyées par d'autres r
dépêches de Berlin, est tout en faveur du
comte SchouvaloB'. Le second, au con-
traire, a sa source à Saint-Pétersbourg et
estdirigéparlesamisdu prince Gortchakoff
qui n'a pas encore quitté Baden-Baden. l
Qui l'emportera dans cette lutte pour la E
direction de la politique russe ? En atten- c
~PAMS
.dantjon télégraphie également de Berlin
'au ~~M « 218,000 recrues seront ap-
pelées cette année en Russie au lieu du
~contingent ordinaire qui, en temps de
o paix; s'élève à 140,000 hommes seu-
? lement. »
BOURSE DE PARIS
CMtnre te 8 te 9 Mt0/0
Comptant. 75 75. 7S'!0. 5.
Fin cour. '?!!80. 7!y.<0.
se/e
A-mortissaMe.
Comptant. ?8 30 78M.20.
Fin cour. 78 40. 7840.
Aa/*e/o
Comptantl06.t.t06.
S 0/0 o.
ComptMtm'Fincour.il215.11225. 10.
PETITE BOURSE DU SOIR.
Emprunt S 0/0. it2fr.20, 221/2, 21 1/4.
Italien. 74fr.35.
Extér"espagnote..
Intérieure. 14.
5 0/0 turc. 10fr.97,llfr.OS.
Egyptiennes 6 0/0.. 275 fr., 275 fr. 62, 274 fr. 37.
Russe. M.
TéMgfapMe prtvëe.
(Service télégraphique de l'-dge~ice Havas.)
Londres, te 9 novembre.
Une dépêche de Paris, adressée au ~'MM, con-
firme, d'après des rensejgugmens nouveaux, ce
qui avait été dit hiej; ~ans ce journal rela-
tivement à l'état de. ~anté de l'empereur de
Russie.
Le comte Schor~on' ne retournerait à Lon-
dres que pour présenter ses letres de rappel.
On télégraphe de Berlin également au 7'tMM
« 2l8,0ou r~Tues seront appelées cette année
en Russie, lieu du contingent ordinaire qui,
en temps paix, s'élève à 140,000 hommes seule-
ment. &,
On c~egraphie de Paris au même journal
« Ûtnsie monde diplomatique, on croit que le
Y~ytge du comte Schouvalotia Livadia exercera
'~Be influence sérieuse sur le cours des événe-
oens politiques qui en ce moment sont la
cause de l'inquiétude générale.
Son rappel à Londres est considéré comme
le premier pas fait pour écarter le prince Gort-
chakOH.
& On assure de bonne source que le prince de
Bismarck emploie tous ses efforts à faire nommer
le comte Schouvalofî chancelier de l'empire. Ce
serait le signal d'inaugurer une politique russe et
allemande plus intime, dans un bu' de réaction
à l'intérieur. »
La dépêche du ~t'MM ajoute que la politique
étrangère du comte Schonvatoif ne doit pas 8tre
considérée comme pacifique, mais au contraire
comme belliqueuse.
Le .D~y ~w~ publie la nouvelle suivante de
Vienne
« Ua formation d'un cabinet provisoire sous la
présidence du comte Taatîe est probabie. »
Le ~for~tM~ Post publie la dépêche suivante do
Saint-Pétersbourg
« Le sulter pour la Russie d'une ailianco entre l'An-
gleterre et l'Autriche, insiste sur la nécessité de
concentrer un corps d'observation sur la frontière
autrichienne. »
Constantinople, le 9 novembre.
La rédaction des Notes remises par la Porte au
prince Lobanoïr. sur t'insurr.ectioM bulgare et la
non-évacuation des provinces, est énergique.
La Porte s'attache à réfuter les décorations
dans lesquelles tes Russes nient toute connivence
avec l'insurrection de Macédoine.
La Po.'te réclame ('gaiement le rapatriement
des musulmans et l'évacuation du territoire turc
par les troupes russes.
Bucharest, le 8 novembre, soir.
On pense que les troupes roumaines entreront
dans fa Dobrutscha. la semaine prochaine, sous le
commandement du général Anghelescu.
Plusieurs régimens sont déjà réunis dans ce
but à Ibraïia.
La commission chargée d'étudier la nouvelle
province est de retour à Bucharest; cette com-
mission à rapporté de bonnes impressions.
La commission européenne pour)a. délimitation
des frontières sud de la Dobrutscha se montre
favorable à la Roumanie.
Vienne, le 9 novembre.
La Co~o~aMM ~oK~M dément la nou-
velte publiée par les journaux anglais au sujet
d'une prétendue entente entre le gouvernement
austro-hongrois et le cabinet de Londres, relati-
vement à une réclamation a adressera à la Russie
pour l'évacuation du territoire ottoman.
Pesth, le 8 novembre, soir.
Un compromis est intervenu entre la majorité
st la minorité de la commission de l'Adresse, en
vue de la rédaction de ce document. La commis-
sion a chargé une sous-commission de rédiger
un projet d'Adresse.
Pesth, le 8 novembre, soir.
La CM'fMpox~sMM <~e J°Mdépenses courantes de l'Etat et les frais de l'oc-
cupation de Bosnie seront couverts par une opé-
ration financière négociée avec le CMMO~fMM
Rothschild, moyennant hypothèque prise sur les
biens de l'Etat. Les arrangemens définitifs au-
ront lieu après le règlement des principales ques-
tions politiques. Conjointement a cette opération,
it sera procédé au remboursement de la 2' série
des bons du Trésor.
Rome, le 8 novembre, 8 h. 35 m. soir.
M. Pessina a accepté aujourd'hui déGnitive-
ment le portefeuille du commerce.
Londres, le 9 novembre.
M~ Cprt~ est arrivé ici hier soir.
Rome, le 9 novembre.
LL. MM. ont visité aujourd'hui Pisé et Livourne
où on leur a fait de magniBques ovations.
On assure que les négociations en faveur de la.
Grèce sont suspendues pour le moment. Les puis-
sances attendent que M. Coumoundouros Tasse
connaître sa politique.
Berne, le 9 novembre.
Les obsèques de James Fazy, ex-Président du
pouvoir exécutif, ont eu lieu hier.
Dix mille personnes environ y assistaient. Les
magasins étaient fermés en signe de deuil. Des
discours ont été prononcés sur la tombe par
MM. Carteret. '~ogt, Tagnietti et par M. Schenk,
Président do !a Confédération suisse.
Copenhague, le 9 novembre.
Dans la séance d'aujourd'hui du Folkething, le
ministre des Nuances a présenté un projet de loi
concernant l'emprunt de 1,200,000 couronnes
pour Sainte-Croix, ne portant pas d'intérêt avant
31 décembre 18SO bt concernant la subvention
supplémentaire accordée à la factorerie de sucre
de'ta même île.
Madrid, le 8 novembre, soir.
Le Congrès a discuté aujourd'hui un amende-
ment présenté par l'Opposition et tendant à obte-
nir le droit de suffrage électoral pour tout indi-
vidu sachant lire et écrire.
On croit que cet amendement sera repoussé.
L'avocat de Moncasi plaidera lundi, ou au plus
tard mardi.
New-York, le ;9 novembre.
Les derniers rapports indiquent que la pro-
chaine Chambre sera composée de 133 républi-
cains, 148 démocrates et n greenbackers. Les
rapports ultérieurs peuvent augmenter encore le
nombre des démocrates.
l, L'apinion en Europe s'est émue, ces
jours derniers, des incidens qui se sont
produits en Roumélie, et dans lesquels
on a vu une nouvelle atteinte portée au
traité de Berlin On a reproché à la Tur-
quie d'avoir causé ces inquiétudes en
ajournant l'exécution du traité. Il convient
donc d'examiner quelle est aujourd'hui
la situation de cette puissance relative-
ment à ce traité, et dans quelle mesure
eUe est responsable des événemens qui
menacent d'amener de nouvelles compli-
cations.
Le traité de Berlin a été signé le
13 juillet dernier; il n'est devenu obliga-
toire pour les parties contractantes que
depuis sa ratification; mais, pour la Tur-
quie, il l'était dès le premier jour, car les
vaincus n'ont pas de trêve. Cependant le
gouvernement turc a procédé avec len-
teur à l'accomplissement de sa tache
douloureuse on peut même dire que
dans les premiers jours il l'a complète-
ment négligée. Il était en quelque sorte
pris de vertige, comme un homme auquel
un coup de massue vigoureusement ap-
pliqué fait perdre le sentiment de la rai-
son. Mais un fait brutal est venu heureu-
sement le rappeler aux réalités de la si-
tuation le 27 juillet, l'armée autrichienne
passait la frontière sans qu'aucune con-
vention spéciale eût été signée. Ceci in-
diquait à la Turquie que, si elle négli-
geait d'exécuter les articles du traité,
d'autres parmi les plus intéressés se char-
geraient de le faire en son lieu et place.
La Turquie, au Congrès de Berlin,
avait contracté des obligations formelles
vis-à-vis de la Russie, de la Roumanie,
de la Serbie et du Monténégro. Elle a
rempli ses engagemens envers la Russie
en lui livrant en Asie Batoum, Kars et
Ardahan; en Europe, Varna et Choumla.
Elle a totalement satisfait à ceux
qu'elle avait contractés vis-à-vis de la
Roumanie et de la Serbie, puisqu'elle a
reconnu l'indépendance de ces principau-
tés et qu'elle leur a fait cession des terri-
toires que le traité de Berlin leur attri-
buait. Si l'on ne peut pas en dire au-
tant pour le Monténégro, c'est que l'at-
titude hostile des Albanais n'a pas encore
permis à la Porte de remplir tous ses
engagemens envers cette principauté. Il
serait peut-être même vrai de dire que,
de toutes les concessions imposées au
Sultan, celles dont bénéficie le Monté-
négro soulèvent le moins l'indignation du
peuple turc qui, valeureux lui-même, aime
et apprécie le vrai -courage. Il sait en euet
que, de tous ceux qui se partagent ses
dépouilles, les Monténégrins ont le mieux
mérité la part qui leur revient. Aussi bien
il n'y a pas à craindre que les stipulations
en faveur du Monténégro ne soient pas
scrupuleusement exécutées. Quant à la
Bulgarie, les Russes y sont les maîtres,
et il ne tient qu'à eux d'organiser le pays
sur les bases établies par le Congrès.
Ainsi, malgré sa répugnance fort natti-
relie à se soumettre aux décisions de l'Eu-
rope, malgré ses hésitations et ses embar- i
ras, le gouvernement turc se trouve avoir <
exécuté en grande partie les décisions du
Congrès. On ne saurait en dire autant de la j
Russie. Cette puissance, après avoir bé- ]
néficié des avantages que lui assurait le
traité de Berlin, échappe aux obligations i
qu'il lui impose; elle cherche même à en-
traver l'oeuvre de l'Europe dans l'organisa- i
tion de la Roumélie orientale qui est pla- 1
cée, en vertu de l'article 13 du traité, « sous
l'autorité politique et militaire directe du t
Sultan. » On doit ajouter à ces infractions
déjà si graves ce fait notoire que l'armée
d'occupation russe ne compte pas en t
Roumélie moins de 200,000 hommes, au d
lieu de S0,000 qu'autorise l'article 22 du é
traité; et cet autre témoignage, que les
forteresses dont ce traité prescrivait la
démolition sont encore intactes. ,j
Après cet exposé, il semble que la Tur- c
quie n'est pas aussi criminelle qu'on pré- 1
tend le dire. Tous les torts ne sont pas de
son côté et quant à ceux qu'elle peut a
avoir, l'Europe est assez puissante pour
la contraindre d'y renoncer. N'est-ce s
pas, d'ailleurs, grâce à cette pression sa- a~
lutaire que la Turquie a déjà pu accom- c,
plir une grande partie de sa tache et a
qu'elle accomplira sans doute le reste ? P I'
Pour peu que l'Europe veuille pareil- d
lement appliquer ses eSbrts du côté de n
la Russie et exercer sur cette puissance, n
qui dans maintes occasions a donné des q
preuves de sagesse, une pression raisonnée p ti
et raisonnable, peut-êtreréussira-t-on à as- n
surer l'exécution des décisions du Congrès d
fortement compromises par l'action du c
parti militaire russe, plus actif que ja- u
mais. Pourtant on se souvient que dans q
un discours que lord Beacons6eld a pro-
noncé à Mansion-House, le 3 août der- °
nier, le premier ministre de la reine, en
dénonçant les menées de ce parti, affir- n
mait que « ces menées étaient arrêtées, s j d
On nous écrit de Versailles (Chambre
des Députes):
« La séance a été assez mal remplie. L'or-
dre du jour appelait un certain nombre do
projets de lois secondaires et de propositions
ptu sérieuses. Au début de la séapce, M. Louis
Legrand, député de Valenciennes, a été élu,
par 2~9 voix sur 287 votans, secrétaire de la
Chambre, en remplacement de M. Sadi Carnot.
Le ministre de l'instruction pubiique a dé-
posé un projet relatif à la création d'une
caisse dss collèges communaux. Plusieurs
élections récentes, et non contestées, ont été
validées sans discussion; puis la Chambre,
abordant la série des propositions inscrites
à son ordre du jour, a adopté les unes
en première lecture et voté sur la prise en
considération dps autres. La plupart de ces
propositions avaient pour auteur M. Laroche-
Joubert, membre de la droite bonapartiste et
qui s'est acquis une sorte de notoriété par le
radicalisme bizarre de ses plans de réfermes.
M. Laroche-Joubert avait obtenu, dès la ren-
trée, qtM!*se& propositions fussent mises à
l'ordre du jour, ce qui lui avait été un peu
facilement accordé. Il a donc été le héros de
l'inutile et peu attrayante séance d'aujour-
d'hui. Ses propositions, au nombre de cinq,
ne tendaient à rien moins qu'à reprendre par
la base notre système d'impôts, à transformer
l'éducation populaire en vue d'améliorer, ce
qui est une intention certes fort louable, la
condition du plus grand nombre. B On
avait ri naguère du < plus grand nombre
de M. Laroche-Joubert, ou plutôt de la ré-
daction et des dispositions étranges de ses
projets. H avait donc remplacé « le plus
grand nombre par cette périphrase~ non
moins singulière les populations les plus
m nombreuses, les enfans les plu~ nom-
D breux. Il
B M. Laroche-Joubert a défendu successi-
vement chacune de ses propositions avec plus
d'ardeur que de succès. Il a rencontré un ad-
versaire dans M. Talandier, membre de l'ex-
trême gauche, lequel est venu déclarer qu'il
était, lui aussi, socialiste, mais non pas un
socialiste autoritaire.
D On nous pardonnera aisément do ne point
entrer dans le détail de cette discussion.
Les propositions repoussées, ainsi que la
question de la marine marchande, l'ordre du
jour était épuisé. M. Gambetta a demandé
que la Chambre s'ajournât à jeudi pour lais-
ber à la commission du budget lo temps de
terminer ses travaux. Après une première
épreuve déclarée douteuse, M. Gambetta. in-
sistant auprès de quelques membres qui hési-
taient à se lever, a obtenu gain de cause.
M. Bardoux, ministre de l'instruction pu-
blique, a déposa aujourd'hui sur le bureau de
la Chambre le projet de loi sur la création fie
la caisse des lycées et colléges communaux.
Nous avons déjà eu l'occasion de faire re-
marquer l'importance du nouveau projet pré-
senté par M. le ministre de l'iustiUCtioB
publique. Eu voici l'économie
Le projet met à la disposition des lycées
une somme de 108 misions, dont 100 mU-
lions pour les bâtimens et 8 milliom pour lE
mobilier scolaire.
Une somme de 12 millions est mise en
outre à la disposition des colléges commu-
naux.
Ces 120 rniHions sa divisent ainsi 60 mil-
lions pour subventions et 60 milHons pou]
avances ou prêts.
Une caisse analogue à celle des écoles pri-
maires, et qui se confondra avec titre général de Caisse des Jyc~, co~~M ci
~co~M. sera créée et fonctionnera de la menu:
manière.
Les avances nécessaires seront faites pai
la Caisse des dépôts et consignations. Celle-cj
sera remboursée au moyen d'un crédit annuel
de <,600,000 fr. L'intérêt sera de 3 ~2 0/0.
La Chambre a nommé aujourd'hui une
commi&sion spéciale pour ex~Diaer les trois
projets de lois portant approbation de con-
ventions postâtes, déposé~ par M. le ministre
des au'aires étrangères, lundi dernier.
Les députés élus commis-i~ircs Mat MM. Co-
det, Lorois, de Bosredou, Roudier, Lemon-
nier, Noët-Parfait, Logerotte, Chavoix, Ta.-
landier, Parent et San'ieu.
Une autre commission spécia'ie a été nom-
mée pour étudierune proposition deM. TrueUe,
relative au taux de l'intérêt de l'argent. Les
commissaires sont MM. Gilliot, Cherpin,
Trystram, Bonnaud, Truelle, Jozon, Marcel
Barthe, Faye, Rubillard, Perras et Peulevey.
La majorité de ces commissaires est op-
posi'-e à la proposition de M. Truelle.
Ua deuxième rapport de la commission du
budget a été distribué ce matsn c'est celui
de M. SpuUer sur le ministère des affaires
étrangères.
Les crédits primitivement demandés par le
gouvernement pour l'exercice 1879 s'élevaient
à 12,719,800 fr. Plus tard, sur les réclamations
de M. le ministre des autres étrangères, la
commission des finances lui a accordé
12,839,300 fr., c'est-à-dire une augmentation
de 119,500 fr., laq'iel'e a été anectée spéciale-
ment au chapitre 3, intitulé « Traitemens des
agens politiques et consulaires. f
D.:ns une Note communiquée à la commis-
siondes finances, M. Waddington s'exprime
ainsi « L'indépendance de la Roumanie, de
la Serbie et du Montenegro reconnue, la
constitution de la Bulgarie en principauté
autonome sous la suzeraineté de la Sublime-
Porte, la formation au sud des Balkans
d'une provicce dénommée a Roumélie orien-
tal" B et placée sous l'autorité du Sultan,
mais dans des conditions d'autonomie ad-
ministrative, enfin la cession à la Russie de
quelques territoires de la Turquie d'Asie,
toutes ces dispositions constituent un état
politique nouveau qui oblige le gouverne-
ment de la république à modifier la nature
d'un certain nombre de postes actuellement
classés dans le service consulaire et à donner
à ce service, dans plusieurs résidences,
une extension proportionnée à l'importance
qu'elles ont acquise. u
Ces raisons, dit M. Spuller dans son très re-
marquable rapport, ont paru déterminantes à
la commission du budget. Elle n'a contesté
aucune des propositions faites par le départe-
ment des aSairea étrangères pour les postes
d'Orient; elle a seulement réduit quelques
chiffres qui lui ont semblé trop élevas des ~e
commencement et avant toute installation.
Une légation va être établie à Bucharest
auprès du gouvernement princier de la Rou-
manie, devenue puissance indépendante.
Nous avons à Bucharest un consul général
aux appointemens de 40,000 fr. Le ministre
demande 80,000 fr. pour l'agent appelé à
succéder à ce consul général en qualité de
ministre plénipotentiaire. La commission est
d'avis d'accorder ces SO.OOO fr.
Une légation va également être établie à
Belgrade auprès du gouvernement princier
de la Serbie, reconnue indépendante.
Nous avons à Belgrade un consul général
aux appointemens de 22,000 fr. Le ministre
demande, pour le chef de la mission politique
qui va e'tre établie, un traitement de 30,000 fr.,
ce que la commission accorde.
Aux termes de l'article 26 du traité de
Berlin, l'indépendance du Monténégro est re-
connue non seulement par la SubUme-Porte,
mais encore par toutes celles des parties
contractantes qui ne l'avaient pas encore ad-
mise. Depuis longtemps la France entrete-
nait, par l'intermédiaire de son consul de
Scutari, des relations avec le prince régnant
du Monténégro. Un agent spécial, investi du
caractère diplomatique, doit être nécessaire-
ment établi dans ce pays. Le lieu de sa ré-
fidence n'est pas encore fixé; on hésite entre
Cettigne et Antivari.
Le ministre demande pour ce chargé d'af-
faires spécial un traitement de 34,000 fr., à
raison des difficultés et de la cherté de l'exis-
tence. La commission accorde 22,000 fr.
Le gouvernement qui doit être établi dans
la Bulgarie sera vassal de la Porte. Un
agent diplomatique français sera accrédité
auprès du prince de la Bulgarie. La lieu de
la résidence princière n'est pas encore fixé;
on croit toutefois que ce sera la ville de Sofia.
La commission accorde un traitement de
20~000 fr. pour cet agent diplomatique. Le
ministre réclamait 30,000 fr.
La commjbsion a reconnu, sur les observa-
tions qui lui ont été présentées par M. le mi-
nistre des affaires étrangères, que des rema-
nierncns étaient devenus nécessaires dans les
traitemens de divers agens du service consu-
laire en Orient.
Ainsi, à Philippopoli, capitale désignée de
la Roamélie orientale, il sera établi, à la p)ace
d'un vice-consulauxappointemfnsde 8,000fr.,
un consul avec un traitement de 16,000 fr.
AJassy, le poste de consul va descendre
au rang de vicf-consul, avec 10,000 fr.de
traitement, au!ieu des 20,000 alloués au con-
sul lorsque ce poste n'ayait pas perdu de
son importance.
Des postes d'observation politique ont paru
nécessaires à Roustchouk. à Widdiu, à
Varna, à Bourgas, à raison des changemens
introduits dans le régime intérieur des pay~
d'Orient.
La commission accorde, conformément à la
demande d'i ministre des affaires étrangères,
un traitement de 10,000 fr. pour chacun des
trois vice-consulats de Rous.ehouk, Widd.'u
et Varna, et un traitement de 8,000 fr. pour le
vice-consulat de Bourges.
Le vice-consulat créé 1 année dernière à
Poti sera transporté à Batoum. ville qui est
appelée à devenir dans l'Asie-Mipeuroundes
points les plus importans du littoral. Un
traitement de 12,000 fr. est accordé pour ce
poste.
Jusqu'en 872 U existait un consulat fran-
çais à Laraaca, dnus l'Ue de Cbypre. L'oceu
pation de cette He par le gouvernement et
tes'troupes de la Grande-Bretagne rend né-
cessaire le rétablissement de notre ancien
consulat pour lequel la commission, sur la
demande de M. Waddington, alloue un trai-
tement de 18,000 fr.
Les diverses créationsdeconsulats que cous
venons d'indiquer entraînent comme consé-
quence rétablissement de cbaccelleries à So-
ua. au Monténégro, à Philippopoli et à Lar-
naca dans 11)e de Chypre.
Le traitement du vice-consul de Raguse est
élevé, &ur la demande du ministre des af-
faires étrangères, de 8,000 à 10,000 fr.
L'attention de la commission du budget a
été appelée par le ministre sur la situa-
tion difficile de l'ambassadeur de la répu-
blique française à Constantinople. Les frais
de représen'tation, dit M. Spuller dans son
rapport, sor~t considérables en Orient. Afin de
satisfaire d'une manière convenable aux né-
cessités de sa position pour maintenir les
traditions d'hospitalité qui sont l'honneur de
l'ambassade de France auprès de la Sublime-
Porte, de grandes dépenses sont obligatoires
pour notre ambassadeur.
La commission accorde un supplément de
20,000 fr., ce qui portera le traitement de no-
tre ambassadeur à 130,000 fr.
Toiles sont les modifications au budget que
lesévenemens d Orient ont rendues néces-
saires.
La commission du budget a admis, d'autre
part, la création de deux vice-consulats nou-
veaux l'un au Japon, l'autre sur la côte
d'Afrique.
« Votre commission du budget, dit le rappor-
teur, désireuse d'accroître les relations commer-
ciales de la France avec le Japon, au lendemain
de l'Exposition universeHe de Paris où les pro-
duits de l'industrie japonaise ont été si justement
remarqués, propose de rétablir le vice-consulat
de Hiogo avec le traitement de la,000 fr. demandé
par le ministre des affaires étrangères. ? »
Plus loin, le rapporteur s'exprime ainsi
« Sur la côte occidentale d'Afrique. le départe-
ment des affaires éttangéres demande que l'on
établisse un vice-consulat à Wydah, ou nous
n'avons eu jusqu'à présent qu'un agent consu-
taire.
» La création de ce nouveau poste a paru né-
cessaire à raison des difficultés déjà survenues
entre le roi de Dahomey et les puissances, et au
cours desquelles nos nationaux sont restes sans
protection efficace. Ces difficultés sont heureuse-
ment aplanies aujourd'hui, mais il importe de
prévenir le retour des inconvéniens qu'elles ont
entraînés pour nos résidens.
» Pendant le blocus du Dahomey par les forces
navales anglaises, les intérêts de nos nationaux
ont été gravement lésés, et la présence d'un vice-
consul aurait été tout a fait nécessaire pour prê-
ter son concours à leurs réclamations.
» Le vice-consulat de Wydah sera, sur toute
la côte occidentale de l'Afrique, du Sénégal jus-
qu'au cap de Bonne-Espérance, le seul poste con-
sulaire appartenant à la France. Il est indispen-
sable que la France ait dans ces parages un ré-
sident fixe qui veille aux intérêts des comptoirs
de plus en plus nombreux que nos nationaux
tendent à -y établir.
» Par tous ces motifs la commission des fi-
nances, d'accord avec M. le ministre des affaires
étrangères, propose à la Chambre d'établir le vice-
consulat de Wydah aux appointemens de~û,MOfr.
Enfin, la commission est d'avis de rétablir
l'ancien consulat de Chicago, avec un traite-
ment de 18,000 fr. Le vice-consulat qui existe
aujourd'hui n'est plus en rapport ni avec la
population, ni avec le nombre des anaires,
ni avec l~s moyens de transport et l'affluence
des marchandises qui ont fait de Chicago la
troisième ville des Etats-Unis.
On nous écrit de Constantinople, le 1"'
novembre;
< La commission financière dont je vous
annonçais la création dans ma dernière tettre,
sous la présidence de Kh~rédine Pacha, est,
sans contredit, bien composée. MM. Forster
et Mercet, directeurs, l'un de la Banqua im-
périale ottomane, l'autre du Crédit lyonnais,
sont des gens fort experts en matière de
finances. Quant aux Ottomans qu! en font
partie, ils sont incontestablement disposés à
bien faire.
? On s'est hâté de former cette commis-
sion, peut-être pour essayer d'échapper, s'il
est possible, à la commission internationale
dont parle le traité de Berlin. L'ingérence
étrangère n'est pas du goût de tout le monde,
lors même qu'on ne conduit pas parfai-
tement bien ses affaires. Cette disposition, tort
peu raisonnable, est, en revanche, assez na-
turelle il faudra au moins que la commis-
sion !M~<°~ s'acquitte de son mandat d'une
façon satisfaisante. Ses attributions fondamen-
tales consistent à élaborer, après examen dé-
taillé de la situation financière, le bud-
get général pour l'année prochaine, à
rechercher les moyens d'améliorer les finan-
ces, à examiner quelle part du budget
pourra être affectée au paiement des in-
térêts de la Dette; à étudier les divers projets
pour atteindre ce desideratum du souverain
le retrait et la suppression du caïmé. Ses dé-
cisions seront soumises au conseil des minis-
tres, et a lorsqu'il sera dûment constate
a qu'elles sont en tout point conformes aux
a droits du souverain et aux intérêts de l'E-
o tat et de la nation o, on réclamera en leuï
faveur la sanction impériale.
« Le programme qui nous est imposé n'est
a certainement pas mauvais/me disait un des
membres do la commission. Si nous avons
a toute liberté d'agir, si nous obtenons tous les
a documens nécessaires, tous les étémens in-
B dispensables et de nature à nous édi-
a fn'r, nous arriverons indubitablement à
dresser la situation financière vraie du pays
et à indiquer plus d'une amélioration salu-
o taire. n
f Seulement, la commission rencontrera-t-'
elle tout le bon vouloir qu't He est en droit de
réclamer? Lois, programmes et commissions
ont toujours abondé ici. Les lois eont
peu observées ou ne le sont pas du tout ~es
programmes sont promptement oubliés les'
commissions sont le plus souvent para'ysées.
s Vous avz remarqué cette phrase du pro-
gramme « Lorsqu'il sera dûment constaté~
s que ces décisions sont en tout point con-
B formes aux droits du souverain. a Toujours
la même situation, toujours cette lutte du
Palais et de la Porte. Si encore le sou-
verain était seul, on parviendrait à lui
faire entendre raison, comme on dit. Il dé-
sire le bien du pays il a la meilleure volonté
du monde; les étrangers qui l'approchent
et qui sont désintéressés dans la question
le constatent avec empressement. Livré à lui-
même, Abdul-Hamid comprendrait qu'il peut.
régner sans trop chercher à gouverner; que;
tous les intérêts, les siens comme ceux du.
pays,– s'en trouveraient bien; qu'un homme
seul, fût-il Sultan, fût-il Khalife, no peut suf-
fire à tout, et il s'en rapporterait enfin à ceux
en qui il doit avoir confiance.
N Malheureusement, il y a l'entourage, l'en-
tourage immédiat, en un mot le palais, cet.
assemblage d'individus n'ayant aucune con-
viction, ignorant totalement ce que c'est:
qu'un principe politique et n'en ayant aucun
souci Ce ramassis de chambellans, de cafed-
jis et de valets ne connaiss''nt qu'une chose'
en politique les questions de personnes,
parce que chaque commation nouvelle, cham-
bellan ou cafedji, porte ta sanction impériale
et reçoit son hideux M~~Mc~.
Le Sultan est jaloux de .son pouvoir, soitf
II exige le respect de c ses Q~oits D, comme
dit le programme, et il a raison mais, qu'il
ne s'y trompe pas, quand il veut etC.roit gou-
verner seul, est-il bien certain de ne p~s su-
bir l'influence malsaine de quelques intri-
gans pour lesquels la chose publique n'est
d'aucun poids, et qui n'ont d'autre visée qua
de satisfaire de bas intérêts matériels? Il croit
gouverner seul, parce qu'il change grand-
vizir et ministres suivant son bou plaisir,
parce qu'il crée des commissions. qu'il sup-
prime peu après; et il no voit pas qu'il est à.
la merci de quelques misérables favoris.
< Ne vaudrait- U pas mille fois mieux avoir
confiance dans les ministres, s'en rapporter à
eux, agir de même à l'égard des commis-
sions que l'on crée? La commission dont Khé-
rédine Pacha a la présidence peut inspirer
toute connance, elle se dévouera aux inté-
rêts publics. Que le Sultan, qui comprend
tous les services qu'eMe peut rendre, veilla
avant tout à ce que son bon vouloir ne soit
pas entravé; à ce qu'elie obtienne toutes lo&
communications de nature à l'éclairer; à ce
que ses décisions, une fois approuvées~ ne
demeurent pas à l'état de lettre morte 1
a Comme son père Abdui-Me ijid, le Sul-
tan actuel a une qualité incontostabie il eat
clément et use iargemsnt de son droit de
grâce personne ne cherchera à le lui repro-
cher. Achme'd Aga, celui-là même qui a sou-
levé le Kozan, ayant été pris et amené à Con-
stantinople, le Sultan l'a fait comparaître de-
vant lui, lui a reproché sa conduite et, comme
conclusion à sa mercuriale, lui a fait
remettre une somme d'argent son châ-
timent se bornera à un internement dans un
konak de Stamboul (1). La pénitence est assez
douce. Quant aux accusés des complots de
Tchëraga.n où.Au-Suavi a. laissé lA vie, et d'Ak-
Seraï, six ont été condamnés à la peine de
mort; mais une exécution à mort est ici
chose fort rare, et ces condamnés ont vu leur
peine commuée en celle de quinze ans de
travaux forcés. Ces deux complots avaient
pour but le détrônemenf du Sultan actuel'et
la restauration de Mourad. Une des esclaves
de ee dernier, la femme Noksilhend Ka!fa,
et un chrétien, un Grec, Cléanti Scalori,
étaient à la tôte de la dernière tentative
tous deux étaient poussés par leur a8ec-
tion et leur dévouement envers le malheu-
(i)Une dépêche de Constantinople, postérieure à
la. date de cette lettre, a annpnc~ qu'Achmed -°
Aga était envoyé en exil à Tripoli.
MMOns 10 MEMBRE
.1878.
MMMCHE i$K~EM8M
-1878"
~r~ 11, Ei-S 't i
t'r · n ,·i
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et au bureau du JOtJKMA~ )
~}lesdoiYenttou.jonrs@treagréees par la rédaction.
1~ f i
SAMEDI 9 NOVEMBJ~
Nous avons signalé il y a quelques
jours à l'attention de nos lecteurs un im-
portait article de r~7~a ca:~o~e< con-
seillant aux catholiques italiens une évo-
lution complète dans leur conduite au
point de vue électoral. Le journal de
M. Giacomo Margotti recommandait de
substituer désormais l'action à l'absten-
tion, là formule ancienne ?6 eletti ne <
ayant fait son temps et ne s'aoeom-
modànt plus .d'après l'auteur de l'article,
Stux nécessités présentes. On se deman-
dait quel accueil était réservé à ce pro-
gramme nouveau dans la presse catho-
lique italienne, et surtout quelle serait
Tattitude du Pape Léon XIII. Sur le pre-
mier point, une réponse nous est déjà par-
venue, qui,' jusqu'à un certain degré, peut
faire pressentir quelle sera probablementia
réponse & la seconde question. Un des
organes officieux du Vatican, la Voce della
Fs~, a publié en effet une Note qui,
-pour ne pas donner une approbation sans
réserve à l'article du journal de Turin,
n'en.contient pas moins une déclaration
des plus significatives. Il y est dit d'abord
que l'article de l'-D~M~ e~oHM peut être
considéré comme étant « simplement l'o-
M pinion d'un des publicistes les plus mé-
M ritans dans la défense des intérêts de
,1'Eglise. -M Puis la Note continue ainsi
« Toutefois, le grand bruit qui s'est fait à
propos décès articles nous amène à
M louer l'~M~oKc~ d'avoir clairement
xposé la question, qui est M'es grave, j
M sous son véritable aspect, en rappelant
N que l'intervention des Italiens aux urnes ]
» politiques n'a jamais été déclarée illi-
)) cite au sens absolu, mais seulement
M inopportune. Or, cela impliquait de soi
a la possibilité d'un changement. D'où il
~résulte clairement qu'une modification ]
& cet état de choses pourrait survenir
? si les circonstances, venant à changer, 1
M'le conseillaient. L'O.M~<~o~ ~OMMMM,
organe ordinaire delà secrétairerie d'Etat 1
pontificale, s'est borné à dire que jusque (
présent le Pape ne .s'est pas prononcé '.ju~'
la participation des catholiques aux: élec-
tions politiques mais on peut néa.nm'oins
tenir un certain compte d'un bruit repro-
duit par le Tournai l~s~e, etd'~pr~s lequel
l'auteur de cette Note ne serait antre que le
Pape Léon XIII lui-même~ Cf, renseigne-
ment est d'ailleurs conûrmé.par une dépê-
che de Rome qui annonce, que le Souve-
Tain-Pontifc a soumis à l'examen des cardi-
naux la question de savoir s'il est opportun
que les catholiques italiens participent
aux élections politiques. Ma)gré la con-
cordance de tous ces indices, il serait
peut-être imprudent de conclure qu'une
modiScation profonde est à la veille de
se produire daTis l'attitude des catho-
liques italiens. Mais il y a là tout au
moins le conunencement d'un mouve-
-ment d'opinion très intéressant à consta-
ter, et dont les développemens devront
êire attentivement étudiés.
.Les négociations du Vatican avec. l'em-
pire d'Allemagne, qui depuis les élections
récentes pour le Reichstag étaient con-
sidérées comme interrompues, sinon
même comme complétement rompues,
vont, si nous en croyons les journaux
officieux de Berlin, entrer dans une nou-
-velle phase. Un article de la Co~oK-
~tHM~ ~OMMCM)~, intitulé « La paix
produit par la 6'
tentatives faites jusqu'à présent pour ar-
river au rétablissement de la paix reli-
gieuse en Allemagne. Les chefs du parti
du centra sont accusés de poursuivre
« des buts qui n'ont absolument rien de
commun avec les véritables intérêts
de l'Eglise romaine s, et il est fait un
appel énergique « aux autorités ecclésias-
a tiques compétentes et aux populations
catholiques » pour mettre un terme à des
intrigues « qui sont un défi jeté aux espé-
? Tances que le Saint-Père fondait sur la 6-
N délité des sujets catholiques de l'empire
-H allemand. Quelle distance n'y a-t-il
pas entre ce langage et celui qui était
tenuilyadeuxmoisseulement? Et s'il ]
est permis de se demander si cette tacti-
que aura plus de ëuccès que celle qui a i
été précédemment employée, il est im- (
possible, du moins, de ne pas voir dans
son adoption un désir de plus en plus vif
chez le chancelier d'arriver, dans un ave- 1
nir prochain, à un accord plus ou moins
complet avec la Cour de Rome.
On ne sait encore rien de précis sur le
but et les résultats du voyage du comte <
Schouvaloff à Livadia, où il a été appelé
par l'empereur Alexandre. Toutefois, il est
remarquable que deux courans opposés <
d'informations envahissent depuis deux
ou trois jours la presse européenne
tout entière. Le premier, qui se mon- {
tre principalement dans les dépêches que r
le 7'MK~ reçoit de son correspondant de c
Paris, connrmées et appuyées par d'autres r
dépêches de Berlin, est tout en faveur du
comte SchouvaloB'. Le second, au con-
traire, a sa source à Saint-Pétersbourg et
estdirigéparlesamisdu prince Gortchakoff
qui n'a pas encore quitté Baden-Baden. l
Qui l'emportera dans cette lutte pour la E
direction de la politique russe ? En atten- c
~PAMS
.dantjon télégraphie également de Berlin
'au ~~M « 218,000 recrues seront ap-
pelées cette année en Russie au lieu du
~contingent ordinaire qui, en temps de
o paix; s'élève à 140,000 hommes seu-
? lement. »
BOURSE DE PARIS
CMtnre te 8 te 9 M
Comptant. 75 75. 7S'!0. 5.
Fin cour. '?!!80. 7!y.<0.
se/e
A-mortissaMe.
Comptant. ?8 30 78M.20.
Fin cour. 78 40. 7840.
Aa/*e/o
Comptantl06.t.t06.
S 0/0 o.
ComptMtm'
PETITE BOURSE DU SOIR.
Emprunt S 0/0. it2fr.20, 221/2, 21 1/4.
Italien. 74fr.35.
Extér"espagnote..
Intérieure. 14.
5 0/0 turc. 10fr.97,llfr.OS.
Egyptiennes 6 0/0.. 275 fr., 275 fr. 62, 274 fr. 37.
Russe. M.
TéMgfapMe prtvëe.
(Service télégraphique de l'-dge~ice Havas.)
Londres, te 9 novembre.
Une dépêche de Paris, adressée au ~'MM, con-
firme, d'après des rensejgugmens nouveaux, ce
qui avait été dit hiej; ~ans ce journal rela-
tivement à l'état de. ~anté de l'empereur de
Russie.
Le comte Schor~on' ne retournerait à Lon-
dres que pour présenter ses letres de rappel.
On télégraphe de Berlin également au 7'tMM
« 2l8,0ou r~Tues seront appelées cette année
en Russie, lieu du contingent ordinaire qui,
en temps paix, s'élève à 140,000 hommes seule-
ment. &,
On c~egraphie de Paris au même journal
« Ûtnsie monde diplomatique, on croit que le
Y~ytge du comte Schouvalotia Livadia exercera
'~Be influence sérieuse sur le cours des événe-
oens politiques qui en ce moment sont la
cause de l'inquiétude générale.
Son rappel à Londres est considéré comme
le premier pas fait pour écarter le prince Gort-
chakOH.
& On assure de bonne source que le prince de
Bismarck emploie tous ses efforts à faire nommer
le comte Schouvalofî chancelier de l'empire. Ce
serait le signal d'inaugurer une politique russe et
allemande plus intime, dans un bu' de réaction
à l'intérieur. »
La dépêche du ~t'MM ajoute que la politique
étrangère du comte Schonvatoif ne doit pas 8tre
considérée comme pacifique, mais au contraire
comme belliqueuse.
Le .D~y ~w~ publie la nouvelle suivante de
Vienne
« Ua formation d'un cabinet provisoire sous la
présidence du comte Taatîe est probabie. »
Le ~for~tM~ Post publie la dépêche suivante do
Saint-Pétersbourg
« Le sulter pour la Russie d'une ailianco entre l'An-
gleterre et l'Autriche, insiste sur la nécessité de
concentrer un corps d'observation sur la frontière
autrichienne. »
Constantinople, le 9 novembre.
La rédaction des Notes remises par la Porte au
prince Lobanoïr. sur t'insurr.ectioM bulgare et la
non-évacuation des provinces, est énergique.
La Porte s'attache à réfuter les décorations
dans lesquelles tes Russes nient toute connivence
avec l'insurrection de Macédoine.
La Po.'te réclame ('gaiement le rapatriement
des musulmans et l'évacuation du territoire turc
par les troupes russes.
Bucharest, le 8 novembre, soir.
On pense que les troupes roumaines entreront
dans fa Dobrutscha. la semaine prochaine, sous le
commandement du général Anghelescu.
Plusieurs régimens sont déjà réunis dans ce
but à Ibraïia.
La commission chargée d'étudier la nouvelle
province est de retour à Bucharest; cette com-
mission à rapporté de bonnes impressions.
La commission européenne pour)a. délimitation
des frontières sud de la Dobrutscha se montre
favorable à la Roumanie.
Vienne, le 9 novembre.
La Co~o~aMM ~oK~M dément la nou-
velte publiée par les journaux anglais au sujet
d'une prétendue entente entre le gouvernement
austro-hongrois et le cabinet de Londres, relati-
vement à une réclamation a adressera à la Russie
pour l'évacuation du territoire ottoman.
Pesth, le 8 novembre, soir.
Un compromis est intervenu entre la majorité
st la minorité de la commission de l'Adresse, en
vue de la rédaction de ce document. La commis-
sion a chargé une sous-commission de rédiger
un projet d'Adresse.
Pesth, le 8 novembre, soir.
La CM'fMpox~sMM <~e J°Mdépenses courantes de l'Etat et les frais de l'oc-
cupation de Bosnie seront couverts par une opé-
ration financière négociée avec le CMMO~fMM
Rothschild, moyennant hypothèque prise sur les
biens de l'Etat. Les arrangemens définitifs au-
ront lieu après le règlement des principales ques-
tions politiques. Conjointement a cette opération,
it sera procédé au remboursement de la 2' série
des bons du Trésor.
Rome, le 8 novembre, 8 h. 35 m. soir.
M. Pessina a accepté aujourd'hui déGnitive-
ment le portefeuille du commerce.
Londres, le 9 novembre.
M~ Cprt~ est arrivé ici hier soir.
Rome, le 9 novembre.
LL. MM. ont visité aujourd'hui Pisé et Livourne
où on leur a fait de magniBques ovations.
On assure que les négociations en faveur de la.
Grèce sont suspendues pour le moment. Les puis-
sances attendent que M. Coumoundouros Tasse
connaître sa politique.
Berne, le 9 novembre.
Les obsèques de James Fazy, ex-Président du
pouvoir exécutif, ont eu lieu hier.
Dix mille personnes environ y assistaient. Les
magasins étaient fermés en signe de deuil. Des
discours ont été prononcés sur la tombe par
MM. Carteret. '~ogt, Tagnietti et par M. Schenk,
Président do !a Confédération suisse.
Copenhague, le 9 novembre.
Dans la séance d'aujourd'hui du Folkething, le
ministre des Nuances a présenté un projet de loi
concernant l'emprunt de 1,200,000 couronnes
pour Sainte-Croix, ne portant pas d'intérêt avant
31 décembre 18SO bt concernant la subvention
supplémentaire accordée à la factorerie de sucre
de'ta même île.
Madrid, le 8 novembre, soir.
Le Congrès a discuté aujourd'hui un amende-
ment présenté par l'Opposition et tendant à obte-
nir le droit de suffrage électoral pour tout indi-
vidu sachant lire et écrire.
On croit que cet amendement sera repoussé.
L'avocat de Moncasi plaidera lundi, ou au plus
tard mardi.
New-York, le ;9 novembre.
Les derniers rapports indiquent que la pro-
chaine Chambre sera composée de 133 républi-
cains, 148 démocrates et n greenbackers. Les
rapports ultérieurs peuvent augmenter encore le
nombre des démocrates.
l, L'apinion en Europe s'est émue, ces
jours derniers, des incidens qui se sont
produits en Roumélie, et dans lesquels
on a vu une nouvelle atteinte portée au
traité de Berlin On a reproché à la Tur-
quie d'avoir causé ces inquiétudes en
ajournant l'exécution du traité. Il convient
donc d'examiner quelle est aujourd'hui
la situation de cette puissance relative-
ment à ce traité, et dans quelle mesure
eUe est responsable des événemens qui
menacent d'amener de nouvelles compli-
cations.
Le traité de Berlin a été signé le
13 juillet dernier; il n'est devenu obliga-
toire pour les parties contractantes que
depuis sa ratification; mais, pour la Tur-
quie, il l'était dès le premier jour, car les
vaincus n'ont pas de trêve. Cependant le
gouvernement turc a procédé avec len-
teur à l'accomplissement de sa tache
douloureuse on peut même dire que
dans les premiers jours il l'a complète-
ment négligée. Il était en quelque sorte
pris de vertige, comme un homme auquel
un coup de massue vigoureusement ap-
pliqué fait perdre le sentiment de la rai-
son. Mais un fait brutal est venu heureu-
sement le rappeler aux réalités de la si-
tuation le 27 juillet, l'armée autrichienne
passait la frontière sans qu'aucune con-
vention spéciale eût été signée. Ceci in-
diquait à la Turquie que, si elle négli-
geait d'exécuter les articles du traité,
d'autres parmi les plus intéressés se char-
geraient de le faire en son lieu et place.
La Turquie, au Congrès de Berlin,
avait contracté des obligations formelles
vis-à-vis de la Russie, de la Roumanie,
de la Serbie et du Monténégro. Elle a
rempli ses engagemens envers la Russie
en lui livrant en Asie Batoum, Kars et
Ardahan; en Europe, Varna et Choumla.
Elle a totalement satisfait à ceux
qu'elle avait contractés vis-à-vis de la
Roumanie et de la Serbie, puisqu'elle a
reconnu l'indépendance de ces principau-
tés et qu'elle leur a fait cession des terri-
toires que le traité de Berlin leur attri-
buait. Si l'on ne peut pas en dire au-
tant pour le Monténégro, c'est que l'at-
titude hostile des Albanais n'a pas encore
permis à la Porte de remplir tous ses
engagemens envers cette principauté. Il
serait peut-être même vrai de dire que,
de toutes les concessions imposées au
Sultan, celles dont bénéficie le Monté-
négro soulèvent le moins l'indignation du
peuple turc qui, valeureux lui-même, aime
et apprécie le vrai -courage. Il sait en euet
que, de tous ceux qui se partagent ses
dépouilles, les Monténégrins ont le mieux
mérité la part qui leur revient. Aussi bien
il n'y a pas à craindre que les stipulations
en faveur du Monténégro ne soient pas
scrupuleusement exécutées. Quant à la
Bulgarie, les Russes y sont les maîtres,
et il ne tient qu'à eux d'organiser le pays
sur les bases établies par le Congrès.
Ainsi, malgré sa répugnance fort natti-
relie à se soumettre aux décisions de l'Eu-
rope, malgré ses hésitations et ses embar- i
ras, le gouvernement turc se trouve avoir <
exécuté en grande partie les décisions du
Congrès. On ne saurait en dire autant de la j
Russie. Cette puissance, après avoir bé- ]
néficié des avantages que lui assurait le
traité de Berlin, échappe aux obligations i
qu'il lui impose; elle cherche même à en-
traver l'oeuvre de l'Europe dans l'organisa- i
tion de la Roumélie orientale qui est pla- 1
cée, en vertu de l'article 13 du traité, « sous
l'autorité politique et militaire directe du t
Sultan. » On doit ajouter à ces infractions
déjà si graves ce fait notoire que l'armée
d'occupation russe ne compte pas en t
Roumélie moins de 200,000 hommes, au d
lieu de S0,000 qu'autorise l'article 22 du é
traité; et cet autre témoignage, que les
forteresses dont ce traité prescrivait la
démolition sont encore intactes. ,j
Après cet exposé, il semble que la Tur- c
quie n'est pas aussi criminelle qu'on pré- 1
tend le dire. Tous les torts ne sont pas de
son côté et quant à ceux qu'elle peut a
avoir, l'Europe est assez puissante pour
la contraindre d'y renoncer. N'est-ce s
pas, d'ailleurs, grâce à cette pression sa- a~
lutaire que la Turquie a déjà pu accom- c,
plir une grande partie de sa tache et a
qu'elle accomplira sans doute le reste ? P I'
Pour peu que l'Europe veuille pareil- d
lement appliquer ses eSbrts du côté de n
la Russie et exercer sur cette puissance, n
qui dans maintes occasions a donné des q
preuves de sagesse, une pression raisonnée p ti
et raisonnable, peut-êtreréussira-t-on à as- n
surer l'exécution des décisions du Congrès d
fortement compromises par l'action du c
parti militaire russe, plus actif que ja- u
mais. Pourtant on se souvient que dans q
un discours que lord Beacons6eld a pro-
noncé à Mansion-House, le 3 août der- °
nier, le premier ministre de la reine, en
dénonçant les menées de ce parti, affir- n
mait que « ces menées étaient arrêtées, s j d
On nous écrit de Versailles (Chambre
des Députes):
« La séance a été assez mal remplie. L'or-
dre du jour appelait un certain nombre do
projets de lois secondaires et de propositions
ptu sérieuses. Au début de la séapce, M. Louis
Legrand, député de Valenciennes, a été élu,
par 2~9 voix sur 287 votans, secrétaire de la
Chambre, en remplacement de M. Sadi Carnot.
Le ministre de l'instruction pubiique a dé-
posé un projet relatif à la création d'une
caisse dss collèges communaux. Plusieurs
élections récentes, et non contestées, ont été
validées sans discussion; puis la Chambre,
abordant la série des propositions inscrites
à son ordre du jour, a adopté les unes
en première lecture et voté sur la prise en
considération dps autres. La plupart de ces
propositions avaient pour auteur M. Laroche-
Joubert, membre de la droite bonapartiste et
qui s'est acquis une sorte de notoriété par le
radicalisme bizarre de ses plans de réfermes.
M. Laroche-Joubert avait obtenu, dès la ren-
trée, qtM!*se& propositions fussent mises à
l'ordre du jour, ce qui lui avait été un peu
facilement accordé. Il a donc été le héros de
l'inutile et peu attrayante séance d'aujour-
d'hui. Ses propositions, au nombre de cinq,
ne tendaient à rien moins qu'à reprendre par
la base notre système d'impôts, à transformer
l'éducation populaire en vue d'améliorer, ce
qui est une intention certes fort louable, la
condition du plus grand nombre. B On
avait ri naguère du < plus grand nombre
de M. Laroche-Joubert, ou plutôt de la ré-
daction et des dispositions étranges de ses
projets. H avait donc remplacé « le plus
grand nombre par cette périphrase~ non
moins singulière les populations les plus
m nombreuses, les enfans les plu~ nom-
D breux. Il
B M. Laroche-Joubert a défendu successi-
vement chacune de ses propositions avec plus
d'ardeur que de succès. Il a rencontré un ad-
versaire dans M. Talandier, membre de l'ex-
trême gauche, lequel est venu déclarer qu'il
était, lui aussi, socialiste, mais non pas un
socialiste autoritaire.
D On nous pardonnera aisément do ne point
entrer dans le détail de cette discussion.
Les propositions repoussées, ainsi que la
question de la marine marchande, l'ordre du
jour était épuisé. M. Gambetta a demandé
que la Chambre s'ajournât à jeudi pour lais-
ber à la commission du budget lo temps de
terminer ses travaux. Après une première
épreuve déclarée douteuse, M. Gambetta. in-
sistant auprès de quelques membres qui hési-
taient à se lever, a obtenu gain de cause.
M. Bardoux, ministre de l'instruction pu-
blique, a déposa aujourd'hui sur le bureau de
la Chambre le projet de loi sur la création fie
la caisse des lycées et colléges communaux.
Nous avons déjà eu l'occasion de faire re-
marquer l'importance du nouveau projet pré-
senté par M. le ministre de l'iustiUCtioB
publique. Eu voici l'économie
Le projet met à la disposition des lycées
une somme de 108 misions, dont 100 mU-
lions pour les bâtimens et 8 milliom pour lE
mobilier scolaire.
Une somme de 12 millions est mise en
outre à la disposition des colléges commu-
naux.
Ces 120 rniHions sa divisent ainsi 60 mil-
lions pour subventions et 60 milHons pou]
avances ou prêts.
Une caisse analogue à celle des écoles pri-
maires, et qui se confondra avec titre général de Caisse des Jyc~, co~~M ci
~co~M. sera créée et fonctionnera de la menu:
manière.
Les avances nécessaires seront faites pai
la Caisse des dépôts et consignations. Celle-cj
sera remboursée au moyen d'un crédit annuel
de <,600,000 fr. L'intérêt sera de 3 ~2 0/0.
La Chambre a nommé aujourd'hui une
commi&sion spéciale pour ex~Diaer les trois
projets de lois portant approbation de con-
ventions postâtes, déposé~ par M. le ministre
des au'aires étrangères, lundi dernier.
Les députés élus commis-i~ircs Mat MM. Co-
det, Lorois, de Bosredou, Roudier, Lemon-
nier, Noët-Parfait, Logerotte, Chavoix, Ta.-
landier, Parent et San'ieu.
Une autre commission spécia'ie a été nom-
mée pour étudierune proposition deM. TrueUe,
relative au taux de l'intérêt de l'argent. Les
commissaires sont MM. Gilliot, Cherpin,
Trystram, Bonnaud, Truelle, Jozon, Marcel
Barthe, Faye, Rubillard, Perras et Peulevey.
La majorité de ces commissaires est op-
posi'-e à la proposition de M. Truelle.
Ua deuxième rapport de la commission du
budget a été distribué ce matsn c'est celui
de M. SpuUer sur le ministère des affaires
étrangères.
Les crédits primitivement demandés par le
gouvernement pour l'exercice 1879 s'élevaient
à 12,719,800 fr. Plus tard, sur les réclamations
de M. le ministre des autres étrangères, la
commission des finances lui a accordé
12,839,300 fr., c'est-à-dire une augmentation
de 119,500 fr., laq'iel'e a été anectée spéciale-
ment au chapitre 3, intitulé « Traitemens des
agens politiques et consulaires. f
D.:ns une Note communiquée à la commis-
siondes finances, M. Waddington s'exprime
ainsi « L'indépendance de la Roumanie, de
la Serbie et du Montenegro reconnue, la
constitution de la Bulgarie en principauté
autonome sous la suzeraineté de la Sublime-
Porte, la formation au sud des Balkans
d'une provicce dénommée a Roumélie orien-
tal" B et placée sous l'autorité du Sultan,
mais dans des conditions d'autonomie ad-
ministrative, enfin la cession à la Russie de
quelques territoires de la Turquie d'Asie,
toutes ces dispositions constituent un état
politique nouveau qui oblige le gouverne-
ment de la république à modifier la nature
d'un certain nombre de postes actuellement
classés dans le service consulaire et à donner
à ce service, dans plusieurs résidences,
une extension proportionnée à l'importance
qu'elles ont acquise. u
Ces raisons, dit M. Spuller dans son très re-
marquable rapport, ont paru déterminantes à
la commission du budget. Elle n'a contesté
aucune des propositions faites par le départe-
ment des aSairea étrangères pour les postes
d'Orient; elle a seulement réduit quelques
chiffres qui lui ont semblé trop élevas des ~e
commencement et avant toute installation.
Une légation va être établie à Bucharest
auprès du gouvernement princier de la Rou-
manie, devenue puissance indépendante.
Nous avons à Bucharest un consul général
aux appointemens de 40,000 fr. Le ministre
demande 80,000 fr. pour l'agent appelé à
succéder à ce consul général en qualité de
ministre plénipotentiaire. La commission est
d'avis d'accorder ces SO.OOO fr.
Une légation va également être établie à
Belgrade auprès du gouvernement princier
de la Serbie, reconnue indépendante.
Nous avons à Belgrade un consul général
aux appointemens de 22,000 fr. Le ministre
demande, pour le chef de la mission politique
qui va e'tre établie, un traitement de 30,000 fr.,
ce que la commission accorde.
Aux termes de l'article 26 du traité de
Berlin, l'indépendance du Monténégro est re-
connue non seulement par la SubUme-Porte,
mais encore par toutes celles des parties
contractantes qui ne l'avaient pas encore ad-
mise. Depuis longtemps la France entrete-
nait, par l'intermédiaire de son consul de
Scutari, des relations avec le prince régnant
du Monténégro. Un agent spécial, investi du
caractère diplomatique, doit être nécessaire-
ment établi dans ce pays. Le lieu de sa ré-
fidence n'est pas encore fixé; on hésite entre
Cettigne et Antivari.
Le ministre demande pour ce chargé d'af-
faires spécial un traitement de 34,000 fr., à
raison des difficultés et de la cherté de l'exis-
tence. La commission accorde 22,000 fr.
Le gouvernement qui doit être établi dans
la Bulgarie sera vassal de la Porte. Un
agent diplomatique français sera accrédité
auprès du prince de la Bulgarie. La lieu de
la résidence princière n'est pas encore fixé;
on croit toutefois que ce sera la ville de Sofia.
La commission accorde un traitement de
20~000 fr. pour cet agent diplomatique. Le
ministre réclamait 30,000 fr.
La commjbsion a reconnu, sur les observa-
tions qui lui ont été présentées par M. le mi-
nistre des affaires étrangères, que des rema-
nierncns étaient devenus nécessaires dans les
traitemens de divers agens du service consu-
laire en Orient.
Ainsi, à Philippopoli, capitale désignée de
la Roamélie orientale, il sera établi, à la p)ace
d'un vice-consulauxappointemfnsde 8,000fr.,
un consul avec un traitement de 16,000 fr.
AJassy, le poste de consul va descendre
au rang de vicf-consul, avec 10,000 fr.de
traitement, au!ieu des 20,000 alloués au con-
sul lorsque ce poste n'ayait pas perdu de
son importance.
Des postes d'observation politique ont paru
nécessaires à Roustchouk. à Widdiu, à
Varna, à Bourgas, à raison des changemens
introduits dans le régime intérieur des pay~
d'Orient.
La commission accorde, conformément à la
demande d'i ministre des affaires étrangères,
un traitement de 10,000 fr. pour chacun des
trois vice-consulats de Rous.ehouk, Widd.'u
et Varna, et un traitement de 8,000 fr. pour le
vice-consulat de Bourges.
Le vice-consulat créé 1 année dernière à
Poti sera transporté à Batoum. ville qui est
appelée à devenir dans l'Asie-Mipeuroundes
points les plus importans du littoral. Un
traitement de 12,000 fr. est accordé pour ce
poste.
Jusqu'en 872 U existait un consulat fran-
çais à Laraaca, dnus l'Ue de Cbypre. L'oceu
pation de cette He par le gouvernement et
tes'troupes de la Grande-Bretagne rend né-
cessaire le rétablissement de notre ancien
consulat pour lequel la commission, sur la
demande de M. Waddington, alloue un trai-
tement de 18,000 fr.
Les diverses créationsdeconsulats que cous
venons d'indiquer entraînent comme consé-
quence rétablissement de cbaccelleries à So-
ua. au Monténégro, à Philippopoli et à Lar-
naca dans 11)e de Chypre.
Le traitement du vice-consul de Raguse est
élevé, &ur la demande du ministre des af-
faires étrangères, de 8,000 à 10,000 fr.
L'attention de la commission du budget a
été appelée par le ministre sur la situa-
tion difficile de l'ambassadeur de la répu-
blique française à Constantinople. Les frais
de représen'tation, dit M. Spuller dans son
rapport, sor~t considérables en Orient. Afin de
satisfaire d'une manière convenable aux né-
cessités de sa position pour maintenir les
traditions d'hospitalité qui sont l'honneur de
l'ambassade de France auprès de la Sublime-
Porte, de grandes dépenses sont obligatoires
pour notre ambassadeur.
La commission accorde un supplément de
20,000 fr., ce qui portera le traitement de no-
tre ambassadeur à 130,000 fr.
Toiles sont les modifications au budget que
lesévenemens d Orient ont rendues néces-
saires.
La commission du budget a admis, d'autre
part, la création de deux vice-consulats nou-
veaux l'un au Japon, l'autre sur la côte
d'Afrique.
« Votre commission du budget, dit le rappor-
teur, désireuse d'accroître les relations commer-
ciales de la France avec le Japon, au lendemain
de l'Exposition universeHe de Paris où les pro-
duits de l'industrie japonaise ont été si justement
remarqués, propose de rétablir le vice-consulat
de Hiogo avec le traitement de la,000 fr. demandé
par le ministre des affaires étrangères. ? »
Plus loin, le rapporteur s'exprime ainsi
« Sur la côte occidentale d'Afrique. le départe-
ment des affaires éttangéres demande que l'on
établisse un vice-consulat à Wydah, ou nous
n'avons eu jusqu'à présent qu'un agent consu-
taire.
» La création de ce nouveau poste a paru né-
cessaire à raison des difficultés déjà survenues
entre le roi de Dahomey et les puissances, et au
cours desquelles nos nationaux sont restes sans
protection efficace. Ces difficultés sont heureuse-
ment aplanies aujourd'hui, mais il importe de
prévenir le retour des inconvéniens qu'elles ont
entraînés pour nos résidens.
» Pendant le blocus du Dahomey par les forces
navales anglaises, les intérêts de nos nationaux
ont été gravement lésés, et la présence d'un vice-
consul aurait été tout a fait nécessaire pour prê-
ter son concours à leurs réclamations.
» Le vice-consulat de Wydah sera, sur toute
la côte occidentale de l'Afrique, du Sénégal jus-
qu'au cap de Bonne-Espérance, le seul poste con-
sulaire appartenant à la France. Il est indispen-
sable que la France ait dans ces parages un ré-
sident fixe qui veille aux intérêts des comptoirs
de plus en plus nombreux que nos nationaux
tendent à -y établir.
» Par tous ces motifs la commission des fi-
nances, d'accord avec M. le ministre des affaires
étrangères, propose à la Chambre d'établir le vice-
consulat de Wydah aux appointemens de~û,MOfr.
Enfin, la commission est d'avis de rétablir
l'ancien consulat de Chicago, avec un traite-
ment de 18,000 fr. Le vice-consulat qui existe
aujourd'hui n'est plus en rapport ni avec la
population, ni avec le nombre des anaires,
ni avec l~s moyens de transport et l'affluence
des marchandises qui ont fait de Chicago la
troisième ville des Etats-Unis.
On nous écrit de Constantinople, le 1"'
novembre;
< La commission financière dont je vous
annonçais la création dans ma dernière tettre,
sous la présidence de Kh~rédine Pacha, est,
sans contredit, bien composée. MM. Forster
et Mercet, directeurs, l'un de la Banqua im-
périale ottomane, l'autre du Crédit lyonnais,
sont des gens fort experts en matière de
finances. Quant aux Ottomans qu! en font
partie, ils sont incontestablement disposés à
bien faire.
? On s'est hâté de former cette commis-
sion, peut-être pour essayer d'échapper, s'il
est possible, à la commission internationale
dont parle le traité de Berlin. L'ingérence
étrangère n'est pas du goût de tout le monde,
lors même qu'on ne conduit pas parfai-
tement bien ses affaires. Cette disposition, tort
peu raisonnable, est, en revanche, assez na-
turelle il faudra au moins que la commis-
sion !M~<°~ s'acquitte de son mandat d'une
façon satisfaisante. Ses attributions fondamen-
tales consistent à élaborer, après examen dé-
taillé de la situation financière, le bud-
get général pour l'année prochaine, à
rechercher les moyens d'améliorer les finan-
ces, à examiner quelle part du budget
pourra être affectée au paiement des in-
térêts de la Dette; à étudier les divers projets
pour atteindre ce desideratum du souverain
le retrait et la suppression du caïmé. Ses dé-
cisions seront soumises au conseil des minis-
tres, et a lorsqu'il sera dûment constate
a qu'elles sont en tout point conformes aux
a droits du souverain et aux intérêts de l'E-
o tat et de la nation o, on réclamera en leuï
faveur la sanction impériale.
« Le programme qui nous est imposé n'est
a certainement pas mauvais/me disait un des
membres do la commission. Si nous avons
a toute liberté d'agir, si nous obtenons tous les
a documens nécessaires, tous les étémens in-
B dispensables et de nature à nous édi-
a fn'r, nous arriverons indubitablement à
dresser la situation financière vraie du pays
et à indiquer plus d'une amélioration salu-
o taire. n
f Seulement, la commission rencontrera-t-'
elle tout le bon vouloir qu't He est en droit de
réclamer? Lois, programmes et commissions
ont toujours abondé ici. Les lois eont
peu observées ou ne le sont pas du tout ~es
programmes sont promptement oubliés les'
commissions sont le plus souvent para'ysées.
s Vous avz remarqué cette phrase du pro-
gramme « Lorsqu'il sera dûment constaté~
s que ces décisions sont en tout point con-
B formes aux droits du souverain. a Toujours
la même situation, toujours cette lutte du
Palais et de la Porte. Si encore le sou-
verain était seul, on parviendrait à lui
faire entendre raison, comme on dit. Il dé-
sire le bien du pays il a la meilleure volonté
du monde; les étrangers qui l'approchent
et qui sont désintéressés dans la question
le constatent avec empressement. Livré à lui-
même, Abdul-Hamid comprendrait qu'il peut.
régner sans trop chercher à gouverner; que;
tous les intérêts, les siens comme ceux du.
pays,– s'en trouveraient bien; qu'un homme
seul, fût-il Sultan, fût-il Khalife, no peut suf-
fire à tout, et il s'en rapporterait enfin à ceux
en qui il doit avoir confiance.
N Malheureusement, il y a l'entourage, l'en-
tourage immédiat, en un mot le palais, cet.
assemblage d'individus n'ayant aucune con-
viction, ignorant totalement ce que c'est:
qu'un principe politique et n'en ayant aucun
souci Ce ramassis de chambellans, de cafed-
jis et de valets ne connaiss''nt qu'une chose'
en politique les questions de personnes,
parce que chaque commation nouvelle, cham-
bellan ou cafedji, porte ta sanction impériale
et reçoit son hideux M~~Mc~.
Le Sultan est jaloux de .son pouvoir, soitf
II exige le respect de c ses Q~oits D, comme
dit le programme, et il a raison mais, qu'il
ne s'y trompe pas, quand il veut etC.roit gou-
verner seul, est-il bien certain de ne p~s su-
bir l'influence malsaine de quelques intri-
gans pour lesquels la chose publique n'est
d'aucun poids, et qui n'ont d'autre visée qua
de satisfaire de bas intérêts matériels? Il croit
gouverner seul, parce qu'il change grand-
vizir et ministres suivant son bou plaisir,
parce qu'il crée des commissions. qu'il sup-
prime peu après; et il no voit pas qu'il est à.
la merci de quelques misérables favoris.
< Ne vaudrait- U pas mille fois mieux avoir
confiance dans les ministres, s'en rapporter à
eux, agir de même à l'égard des commis-
sions que l'on crée? La commission dont Khé-
rédine Pacha a la présidence peut inspirer
toute connance, elle se dévouera aux inté-
rêts publics. Que le Sultan, qui comprend
tous les services qu'eMe peut rendre, veilla
avant tout à ce que son bon vouloir ne soit
pas entravé; à ce qu'elie obtienne toutes lo&
communications de nature à l'éclairer; à ce
que ses décisions, une fois approuvées~ ne
demeurent pas à l'état de lettre morte 1
a Comme son père Abdui-Me ijid, le Sul-
tan actuel a une qualité incontostabie il eat
clément et use iargemsnt de son droit de
grâce personne ne cherchera à le lui repro-
cher. Achme'd Aga, celui-là même qui a sou-
levé le Kozan, ayant été pris et amené à Con-
stantinople, le Sultan l'a fait comparaître de-
vant lui, lui a reproché sa conduite et, comme
conclusion à sa mercuriale, lui a fait
remettre une somme d'argent son châ-
timent se bornera à un internement dans un
konak de Stamboul (1). La pénitence est assez
douce. Quant aux accusés des complots de
Tchëraga.n où.Au-Suavi a. laissé lA vie, et d'Ak-
Seraï, six ont été condamnés à la peine de
mort; mais une exécution à mort est ici
chose fort rare, et ces condamnés ont vu leur
peine commuée en celle de quinze ans de
travaux forcés. Ces deux complots avaient
pour but le détrônemenf du Sultan actuel'et
la restauration de Mourad. Une des esclaves
de ee dernier, la femme Noksilhend Ka!fa,
et un chrétien, un Grec, Cléanti Scalori,
étaient à la tôte de la dernière tentative
tous deux étaient poussés par leur a8ec-
tion et leur dévouement envers le malheu-
(i)Une dépêche de Constantinople, postérieure à
la. date de cette lettre, a annpnc~ qu'Achmed -°
Aga était envoyé en exil à Tripoli.
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