Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-09-30
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Description : 30 septembre 1878 30 septembre 1878
Description : 1878/09/30. 1878/09/30.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ËDITÏON BE PARIS.
M! SEPTEMRE
<
JOIJRN~L D~S DÉ~S
MM 5~ SEPTEMBRE
M~.
ON S'ABONNE
M des Prëti'es-Saint-Germain-rA.axen'ois, if.
itMMX BSN'B/AMMmnEBtNMTP
ATMS mot*, ot* moia. un an.
Par!s. <8ft. M&. M6.
DëpartemeDs. 20 &. 40 tr. M ir.
tMOti postale
européenne. 21 fr. 42 fr. 84 &.
–d'outre-mer. 24 fr. 48 fr. 96 fr.
Les f~oanemens partent des t" chaque mois.
Pa!~ "M* Mm~e. ~e eea)<.
~tn tL~B~a, app!y to Ce~vte and C*, foreiaB
newBpàpëM ofnce, t7, Gresham street, G. P. 0.;
??. NeMzy, B~v!ce' et C', i. F!pch !eCorBhif<
E.G.]LQn.tSt, Stfand. w. 0., Lopdon.
A BroMUes. à ro/)!<:< pis~Mt~, «, r. de b 'Made.
leine, dans les kiosques et ~M de ch~de !c~,
ON S'ABONNE
em Belgique, en It&iie.
dans le LuxenÛMurg, en Turque,
m Sutsse,'en Syrie, en Roumanie et dans hMt
régences du Maroc et de la Tunisif
en Chine et au Japon,
FM moyen d'une valeur payable a Pâtis on de~
MMidats-poste, soit internationaux, soit franc!~
e& Atlemagne, en Autriche, en Russie.
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays,
~M t'aBvoi d'ans vaienr payable & PMÏ&.
POMTÎOtfES ET UTTEKAtRES
i. ~J~JL~& ~$ J~ii. AJ~MfNLt&~IJ!j
&es MUMBces sont reçcM
<&9ENm.Ff)MMhey,,B~mt<)e~6',
1 S,p!acedataBonrse, 1
<<~abnre&QduJ@BnSMAe)!
eSss
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renouveler s'ûs ne veulent pas éprouver
de retard dans l'envoi du Journal.
PARIS
DIMANCHE 39 SEPTEMBRE
La lettre que le Pape a écrite au cardi-
nal Nina, et dont nous avons maintenant
le texte complet, avait été exactement ré-
sumée par les premières dépêches que
nous avions reçues. Léon XIII montre,
os ne saurait le nier, des dispositions plus
conciliantes que son prédécesseur. Ce
n'est pas le Pape Pie IX qui se serait le
premier adressé au gouvernement alle-
mand pour lui proposer la paix au moyen
de concessions réciproques. Il a fallu, pour
en venir là, un changement de Pontife et
une modification considérable dans la po-
litique de la cour romaine. Nous avons
signalé l'autre jour cette attitude nouvelle
adoptée par le chefde l'Eglise, et, sans ap-
prouver en rien, loin de la les me-
sures prises en Allemagne à l'égard du
clergé catholique, nous avons constaté
que le kulturkampf n'avait pas complé-
tement échoué. La situation tendue jus-
qu'à la violence qui existait entre l'Etat
et l'Eglise étaitmauvaise, sans doute, pour
l'un et pour l'autre; mais c'est l'Eglise
qui s'en est lassée la première et qui a
ouvert la porte à une transaction. Le
P~.pe ne demande même pas l'abrogation
des lois de mai; il lui suffit qu'on en fasse
une application plus modérée, et, dès
lors, il espère rétablir en Allemagne non
pas seulement une trêve religieuse, mais
une paix solide et durable. Voilà ce
que nous avons constaté, et notre re-
marque a causé au C« véritable stupeur. » Nous espérons
que notre confrère, après la première
surprise, saura se dégager d'une impres-
sion qui est très mauvaise pour l'es-
prit et dont la prolongation constitue-
rait un mauvais régime psychologique.
Les choses humaines doivent être en-
visagées froidement, même lorsqu'elles
touchent aux choses divines. Nous sommes
aussi sensibles que d'autres aux intérêts
de l'Eglise, mais nous ne méconnaissons
pas le? droits de l'Etat, et, lorsque les
deux puissances se sont fait une guerre où
chacune d'elles a abusé des armes qui lui
sont propres, rien ne nous plaît plus que
de les voir enfin se réconcilier. Il est ar-
rivé souvent, comme il arrive en ce mo-
ment pour l'Allemagne, que l'Eglise a fait
les premiers pas vers la réconciliation.
C'est que l'Eglise est gouvernée par d'ha-
biles diplomates, et qu'après avoir fait
durer la résistance jusqu'au point où sa
prolongation deviendrait trop périlleuse,
elle sait s'arrêter et devient aussi modé-
rée que la veille elle était violente l'es-
prit de charité succède tout d'un coup
à l'esprit de combat.
Le malheur est que l'esprit de combat se
maintient quelquefois fort longtemps dans
l'Eglise. C'est seulement lorsque l'Etat a
été soumis à toutes les épreuves, lorsqu'il
a résisté aux provocations, aux menaces,
aux tentatives et aux assauts les plus
désespérés, que l'Eglise se résigne à
composer. La paix n'est acquise qu'au
prix de terribles et de longues soufiran-
ces, après une de ces luttes dont le ca-
ractère est toujours odieux. Un gouver-
nement honnête et sensé doit faire les
plus grands efforts pour éviter un conflit
de ce genre; mais si le conflit existe ou
s'il est inévitable, l'Etat n'a-t-il pas, lui
mUM DU JOURML DES DEBATS
DU 30 SEPTEMBRE i878..
LA SEMAME DRAMATIQUE
THEATRE DE L'ODËON ~O~MMC, de Cor- J
ïieitle MHe ~MA'MK ~ïca~, un acte en
vers, de M. E. Adenis Fontaine )
F~-JLr~a~, un acte en vers, de M. Er-
jiest d'HerviIly; les ~'o~M ~MM~CMM~, z
de Regnard, pour les débuts de M"" Si-
SOS. THËATRE DU CHATEAU-D'EAU
le ~~eoKMM?' ~M nid de ~'j4~6, dra-me
en cinq actes, de M. Eugène LinviUë. y
THEATRE DU YAUDEVJLLE .SMM-
ses, comédie en un acte, de M. Daniel
Darc.
)
L'Odéon a donné samedi une nouvelle
représentation de j~o~MMë, cette éton- x
nante tragédie si faible au début, si forte x
au dénoûment. Corneille la considérait x
comme la meilleure de ses pièces, et il
s'explique, à ce sujet ~vec une entière x
franchise, a On m'a souvent fait une
~question à la Cour, dit-il dans son ):
B examen de JBo~o~MMc Quel était celui >,
a de tous mes poëmes que j'estimais le plus; x
et j'ai trouvé tous ceux qui me l'ont faite ):
o si prévenus en faveur de C~PM ou du ):
M C~, que je n'ai point osé déclarer toute ):
la tendresse que j'ai toujours eue pour
~celui-ci àq~i j'aurais votontiers donné c
aussi, le droit de vivre et le devoir de se
défendre? La responsabilité du conflit re-
vient-elle toujours et nécessairement à
!ui ? Nous espérons bien qu'une lutte
de ce genre sera pour l'avenir épar-
gnée à la France; mais si nous
,étudions son histoire, nous y trou-
vons trop souvent l'Etat et l'Eglise en
hostilité l'un contre l'autre, et les torts
ne sont pas toujours du côté du premier.
Dans aucun temps et sous aucun régime,
même sous le régime de la séparation de
l'Eglise et de l'Etat, celui-ci ne saurait
tolérer dans son sein une organisa-
tion ennemie de son principe et ja-
louse de ses pouvoirs. Cela ne s'est
jamais vu, ni sous la république, ni
sous la monarchie, et très probable-
ment ne se verra jamais. Nos catholiques
français s'en rendent bien compte lors-
qu'il s'agit des pays étrangers. LajM/cMM
publiait l'autre jour un long article, très
méthodique et très froid, pour conseiller
aux catholiques allemands de s'entendre
avec M. de Bismarck dans le Reichstag
afin de faciliter les négociations entre la
Cour de Rome et le chancelier. Le conseil
était sage peut-être, mais nous voudrions
bien que la J9~/sagesse pour nos aSaires intérieures, et
qu'elle mît autant de soins pour conserver
chez nous l'harmonie entre l'Eglise et
l'Etat qu'elle en met pour rétablir en
Allemagne cet accord si profondément
troublé.
Mais c'est lorsqu'il s'agit des rapports
de l'Eglise et de l'Etat qu'on peut dire
Vérité d'un côté de la montagne, erreur de
l'autre côté Rien n'est plus variable et plus
mobile que les dispositions de l'Eglise en-
vers les gouvernemens diSérens. Ce qu'elle
admet de la part des uns, elle ne l'admet pas
de la part des autres. Ce qu'elle est sur le
point de permettre ou de tolérer en Alle-
magne, elle ne saurait le supporter en
Italie. Le Pape Léon XIII, dans sa lettre
au cardinal Nina, réserve pour l'Italie
toute sa sévérité. Il ne parle pas de la
France; il voit avec une complaisance un
peu singulière les événemens qui se dé-
roulent en Orient il traite l'Allemagne
avec une grande modération; mais l'Italie
reste l'objet de ses récriminations les plus
amères. Il conteste les prétentions du
gouvernement au patronat royal, c'est-à-
dire au droit de nomination pour les évê-
chés. C'est pourtant un droit qui est par-
tout ailleurs reconnu et respecté, du
moins en principe. Le gouvernement ita-
lien est seul déclaré indigne, soit! Mais
reconnaîtra-t-il jamais son indignité et,
en conséquence, l'espèce de dégradation
à laquelle on le condamne? Qui est-ce
qui paie les évêques en Italie aussi bien
qu'en France ? Est-ce le gouvernement
ou le Pape ? Si c'est le gouvernement,
comment pourrait-il renoncer au droit de
les nommer ou de participer largement à
leur nomination? Il y a là, sans doute,
matière à concordat, à moins qu'on ne
sépare complétement l'Eglise de l'Etat et,
nous n'en doutons pas, un jour viendra
où le Pape se montrera envers l'Italie
aussi conciliant qu'il l'est envers l'Alle-
magne et les autres gouvernemens euro-
péens.
Ce jour, peut-être, est encore éloigné.
La lettre de Léon XIII au cardinal Nina
n'est pas en tout point une lettre de
concorde et de paix. Les dispositions
des catholiques dans quelques pays et
en particulier en France, leur fana-
tisme politique, l'étrange confusion qu'ils
établissent entre des intérêts sacrés et
des intérêts très profanes, la domina-
tion presque absolue des congrégations
sur le clergé séculier, les prétentions et
les empiétemens des laïques qui domi-
') mon suffrage, si je n'avais craint de
a manquer, en quelque sorte, au respect
B que je devais à ceux que je voyais
n pencher d'un autre côté. Peut-être
N cntre-t-il dans cette préférence un peu
o d'amour-propre, en ce que cette tragé-
H die me semble être un peu plus à moi
o que celles qui l'ont précédée, à cause des
M incidens surprenans qui sont pure-
M ment de "mon invention et n'a-
B valent jamais été vus au théâtre
o et peut-être y a-t-il un peu de vrai mé-
c rite qui fait que cette inclination n'est
K pas tout à fait injuste. Je veux bien
a laisser chacun en liberté de ses sen-
? timens; mais certainement ou peut
a dire que mes autres pièces ont peu
a d'avantages qui ne se reucon-
n trent en celle-ci. EUe a tout ensem-
a Mêla beauté du sujet, la nouveauté
H des fictions, la force des vers, la facilité
H de l'expression, la solidité du raison-
')) Bernent, la chaleur des passions, les
a tendresses de l'amour et de l'amitié, et
M cet heureux assemblage est ménagé de
n telle sorte qu'elle s'élève d'acte en acte.
M Le second passe le premier, le troi-
M sième est au-dessus du second, et le
a dernier l'emporte sur tous les autres.
B L'action y est une, grande, complète
H sa durée ne va point, ou fort peu, au-
H delà de celle de la représentation. Le
') jour en est le plus illustre qu'on puisse
H imaginer, et l'unité de lieu s'y ren-
contre de la manière que je l'explique
H dans le troisième de mes discours, et
M avec I'indu)genco que j'ai demandée
M pour le théâtre, »
J'ai cité ce passage parce qu'il oSre un
curieux exemple de la manière dont la
nent à leur tour la plus grande partie du
clergé tant régulier que séculier et l'é-
chaunent de leurs passions, certes, il y a
dans tout cela bien des points noirs, bien
des menaces d'orage. Nous signalons res-
pectueusement ces fâcheux symptômes
au nouveau Pape. Il dépend de lui de pa-
cifier les consciences ou demies livrer dés-
orientées à la fureur des plus tristes
et des plus stériles combats.
fetKe BoMMe dm dtxNanche.
Emprunt 5 0/0. 113 fr. 60, S6 1/4, 621/2.
Florins (or). 643/8.
Egyptiennes 6 0/0.. 289 fr., 290 fr.
Chemins égyptiens. 385 fr.
Sans affaires.
TéMgMpMe pftT~e.
tSarvIc* MI~graphiq~e de t'tgtnce Ha~M.)
Berlin, le 29 septembre.
Le prince de Bismarck est revenu la nuit der-
nière de Varzin.
Saint-Pétersbourg, le 28 septembre.
En présence des bruits répandus sans relâche
par les journaux de l'étranger au sujet d'une pré-
tendue démission offerte par le prince Gortcha-
koïf, il n'y a jusqu'à ce moment qu'un seul fait
à constater, c'est que jusqu'à l'heure actuelle le
chancelier de Russie n'a pas demandé à être re-
levé de ses fonction, et n'a pas manifesté la
moindre intention de faire cette démarche.
Rome, le 29 septembre.
Le cardinal Nina a envoyé au nonce de Bruxel-
les des instructions précises pour exposer, s'il
est interpellé & ce sujet, les inconvéniens de la
suporession de la légation belge auprès du
Vatican.
Mais s'il n'est pas interpellé, il devra s'abstenir
d'intervenir dans cette question.
Le khédive a appelé le voyageur Schweinfurth,
actuellement en Italie, pour lui confier une mis-
sion politique et militaire.
L'éruption du Vésuve décroît.
Rome, le 28 septembre, soir.
L'M anronce un mouvement prochain dans
le personnel des légations et des ambassades.
Ce journal ajoute que ce mouvement ne com-
prend toutefois que des changemens de rési-
dence.
Constantinople, le 29 septembre.
Midhat Pacha est arrivé hier matin à La Ca-
née.
Constantinople, le 28 septembre, soir.
L'escadre anglaise est partie ce matin pour la
baie d'Artaki. Avant son départ, le vaisseau ami-
ral est venu à la pointe du Sérail saluer le pa-
villon ottoman & l'occasion de laûnduRamazan.
Constantinople, le 28 septembre, soir.
Le journal grec ~0~0/70~ a reçu un avertisse-
ment pour la publication d'articles belliqueux et
provocateurs.
A l'occasion du Baïram, le Sultan est allé à la
mosquée de Foundoulki.
Des renforts et des munitions ont été envoyés
à Kozan.
On continue à discuter la convention autri-
chienne.
Lundi aura lieu la séance préliminaire de la
commission de Roumélie.
Londres, le 28 septembre, soir.
Dans une réunion tenue aujourd'hui au Guil-
dhall la municipalité a élu l'a)derman sir Charles
Whetham lord maire pour l'année prochaine.
Le temps ne marche nulle part aussi
vite qu'aux Etats-Unis. Il y a trente ans,
la Californie n'était qu'un campement d'a-
venturiers qui, après de rudes journées
passées à déchirer les mines d'or à coups
de pioche, ne rentraient sous les huttes de
leurs bourgades quepouryrisquerleur gain
dans les hasards du jeu et y perdre leur
raison dans des querelles ensanglantées.
C'est encore )à le tableau qui, de souvenir,
se présente au plus grand nombre quand on
leur parle de la terre californienne; mais,
pendant que ces trente années s'écou-
laient, que de changemens l'ont rendue
différente d'elle-même! La Californie a été
un prodige de transformation, même pour
l'Amérique du Nord où tout cependant
s'avance d'un pas si rapide vers l'avenir,
et les esprits chagrins, qui ne veulent pas
que les arts et les sciences de notre siècle
aient découvert des procédés pour faire
plupart des auteurs, depuis les plus grands
jusqu'aux plus petits, parlent de leurs ou-
vrages et des illusions où ils tombent. Ce
qu'ils ont voulu faire, ils le tiennent gé-
néralement pour fait, et ils se contentent
de l'intention. Il y a beaucoup de vrai et
beaucoup de faux dans le jugement porté
par Corneille lui-même sur ~o~MKc, et
la postérité l'a réformé sur bien des points.
Il n'est, je croi~, personne aujourd'hui qui
ne considère les quatre premiers actes de
cette tragédie comme absolument insup-
portables, quoique l'auteur trouve le pre-
mier supérieur au second, le troisième su-
périeur au deuxième, et ainsi de suite
jusqu'au dernier acte, qui l'emporte sur
tous les autres. On n'est pas non plus
d'accord avec lui sur « la force des vers,
') la facilité de l'expression et la solidité du
') raisonnement, a Le styledejSM~MMe est,
au contraire, singulièrement inégal, in-
correct, lâche et raboteux par momens.
Où le poëte est tout à fait dans le vrai,
c'est lorsqu'il parle de la « nouveauté des
» notions H et des «incidens surprenans »
qui n'avaient jamais été vus au théâtre
et sont de son invention.
Ce sont justement ces inventions qui
font la beauté de sa tragédie. Mais Cor-
neille n'insiste pas beaucoup là-dessus.
Il hésite et s'excuse d'avoir osé modifier
certains incidens historiques. Il ne «vou-
n drait pas donner son opinion pour
M bonne M, cependant il ne pense pas avoir
vu de règle qui restreigne la liberté qu'il
a prise. S'il voit que « les savans s'en
» offensent ouquelepeuple en murmure »,
il alléguera pour calmer leurs scrupules
l'exemple de Sophocle et d'Euripide, et il
citera en particulier IW~MS d'Euripide
gagner du temps à la civilisation, ne sau-
raient rencontrer une plus belle occasion
de prédire qu'un Etat sorti aussi hâ-
tivement que celui-là de la barbarie
ne peut que toucher déjà à la décrépitude.
Mais s'ils n'ont pas vu la Californie par
eux-mêmes, qu'ils daignent jeter les yeux
sur l'ouvrage que M. Léon Donnat vient
de publier sous ce titre Cali-
/o~g, ~CM~~e/a~o~cM 1877
1878~Me~MWpMM~Me, ~Ï~.MC,
WMW~Me~ intellectuel, les lois, les ~tQ'M~,
le ~OMP~M~MCM~, climat, les ressources,
et peut-être seront-ils étonnés de leurs
découvertes. La plus inattendue sera de
s'apercevoir qu'il n'y a pas un pays au
monde où l'instruction publique soit
mieux appropriée aux besoins d'un peu-
ple, et récompense par de plus larges ré-
sultats la libéralité de ceux qui l'ont
organisée. M. Donnat ne leur sera pas
suspect. Il a fait partie du groupe
d'observateurs qui, en étudiant à l'aide
de méthodes exactes les conditions de
l'existence de nos diverses sociétés
modernes, espèrent y trouver la preuve
que c'est vers les traditions du Moyen-
Age, ou du moins d'avant .1789, que l'hu-
manité doit se retourner pour jouir d'une
paix assurée et d'un bien-être impérissa-
ble. L'étude ne l'a pas mené a ces con-
clusions, mais sa méthode n'en reste pas
moins la leur, et nous n'estimons pas
qu'elle soit mauvaise. Elle est excellente,
au contraire, quand nos préjugés ne l'em-
pêchent pas de nous conduire où la vé-
rité nous attend.
L'ouvrage de M. Donnat n'embrasse
encore dans son premier volume que le
mouvement intellectuel de la Californie
pris à partir du moment où elle est deve-
nue l'un des Etats de la grande république
américaine. Il vient à merveille, au mi-
lieu de toutes les publications consa-
crées à l'instruction publique que notre
troisième Exposition universelle de Pa-
ris a suscitées. Nous pouvons certainement
rester très fiers de ce que nous faisons
en France pour que la république du tra-
vail, de l'ordre et de la paix ait des
écoles dignes d'elle; mais, pour être bien
sûrs de nous être placés un jour au pre-
mier. rang, il nous importe de ne rien
ignorer de ce qu'on fait aussi chez les
nations étrangères et pendant que nous
empruntons à la vieille Europe celles de
ses institutions d'enseignement qui sont
le plus heureusement combinées pour l'a-
vancement de l'instruction secondaire et
supérieure, nous avons des emprunts à
faire à la jeune Amérique du Nord pour
le service de l'instruction primaire.
Avec des défauts que corrigera l'expé-
rience, la législation spéciale de l'ensei-
gnement adoptée par la Californie est à
considérer comme un modèle elle l'em-
porte même sur la législation du Massa-
chusetts.
M. Léon Donnat se borne à décrire les
choses comme elles sont, sans que l'intérêt
de son livre en diminue. La liberté absolue
de l'enseignement existe aux Etats-Unis,
et dans la Californie particulièrement.
Enseigne qui veut, et il n'y a ni examens ni
grades obligatoires, excepté pour les éco-
les publiques où l'on n'exerce qu'avec un
diplôme ou de l'Etat ou des comtés. La
base de l'enseignement des écoles publi-
ques est la gratuité, l'Etat assurant le
service de chacune des 2,500 écoles qui sont
à la disposition de ses 200,000 enfans
par une allocation de 500 dollars au
minimum, et les localités faisant le
reste. Nul n'en est exclu, quelle que soit
sa religion, quelle que soit sa race. Le
caractère essentiel de l'enseignement des
écoles publiques est la laïcité. On n'y
donne aucune leçon de religion il est
« où la. principale action et les épisodes, le
M nœud et le dënoûment sont entière-
M ment inventés sous des noms vérita-
» blés. M
Quel fond étrange de naïveté dans un
si grand génie! Corneille est bien de ce
siècle où tout était ordonné, réglé dans
la littérature comme dans la société. II
ne parle pas des prétendues règles de
l'art dramatique avec l'ironie dédaigneuse
qui devait percer plus tard dans les Pré-
faces de Molière. Au contraire, il les res-
pecte, il y croit, il s'imagine qu'elles exi-
stent réellement. Les pédans lui font peur;
il se les représente comme des sergens
littéraires qui le surveillent et vont, pour
la moindre contravention, le prendre au
collet et lui dresser des procès-verbaux.
Aussi faut-il voir avec quelle humilité et
quelle candeur il prévoit les moindres ac-
cusations, et parfois même s'avoue cou-
pable de quelque délit imaginaire Par
exemple, il confesse que sa tragédie de-
vait porter le nom de C7~M~ plutôt que
celui de ~o~o~MKg; mais s'il en a usé
ainsi, c'est par crainte que le public ne
crût qu'il s'agissait de la fameuse reine
d'Egypte et ne tombât dans une confusion
fâcheuse. Il pousse à cet égard le scrupule
au point de ne pas même a oser prononcer
» le nom de Cléopâtre dans ses vers. s Mais
ce qui l'a enhardi à cette licence, c'est
l'exemple donné dans des cas pareils par
les maîtres anciens. On a déjà vu comment
il a soin de faire remarquer qu'il a res-
pecté l'unité d'action, l'unité de temps et
l'unité de lieu. Est-ce tout~? Pas encore.
Il reste à justifier la narration faite de
sang-froid, au premier acte, par Laonice
a. Timagène, un ~~o~~Mye ~o~~Mc, et
même interdit d'y parler d'une doctrine é)
religieuse pour que la liberté de la con~- le
science y reste entière mais le respect dj
des cultes n'y est pas un vain mot, et une p:
cause d'expulsion est l'impiété qui s'af- p]
fiche, ~o/&?M~confessions ont pour leurs adeptes n<
des écoles du soir ou les leçons du d<
dimanche. Point d'internes, et nulle ei
part, pas même dans l'Ecole normale es
mixte de San-José, où se forment s~
les instituteurs et les institutrices. Il n'y m
a d'internats en Californie que dans les L
établissemens libres, qui presque tous c~
appartiennent à des congrégations cathp- d'
liques dont les maîtres prennent leurs 1'.
grades près des jésuites du collège de C<
Saint-Ignace. L'Etat laisse aux familles se
tout ce qu'il peut ne pas leur prendre. d:
C'est à elles, par exemple, qu'il s'en re- T.
met entièrement du soin de pourvoir à S<
l'enseignement professionnel de leurs en-
fans comme à leur enseignement reli- e;
gieux, et, pour que les élèves aient du n;
temps à eux, l'école ne retient les plus r(
jeunes que quatre heures, et les plus âgés d)
que six heures par jour. pt
L'obligation de l'école a été établie en d<
principe depuis 1874. Toutefois, comme le n:
caractère américain répugne à la con- p;
trainte, et que, d'autre part, le goût de l'in- lu
struction est partout très répandu, la loi m
se contente d'exister et ne réclame le se- ni
cours d'aucune sanction. Les familles id
américaines l'observent généralement par tr
elles-mêmes. Les réfractaires, leur pro- n~
portion est de 25 0/0, ce sont les étran- g;
gers, et surtout les Irlandais, ces singu- d<
liers auxiliaires de la civilisation de u;
l'Ouest, auxquels 'il faut trois générations g;
pour en avoir acquis les mœurs laborieu- p;
ses, qui sont toujours en dispute avec rc
l'immigration vaillante des Chinois, et n)
dont les enfans déguenillés font seuls ta- Q
che sur la propreté universelle. à
Le temps d'école dure de six à huit mois df
dans l'année, et le salaire moyen est de ai
84 dollars par mois pour les maîtres et de y(
70 pour les maîtresses. La dotation des d'
écoles publiques est plus que suffisante, N
et le salaire des instituteurs n'y absorbe ce
pas tout comme dans nos campagnes. Un sc
matériel admirable, et non sans élégance, ri
trouve de quoi s'entretenir et s'enrichir d<
sans cesse dans un budget de 14 mil- N
lions qui répond à ce que serait chez lj; i,~
nous, pour 37 millions d'habitans, un ti~
budget d'instruction publique de S60 p]
millions de francs. Nous serons moins
surpris de la bonne tenue des mai-
sons d'écoles en apprenant que les fem-
mes jouent un grand rôle dans l'enseigne-
ment. Elles dirigent à peu près les deux te
tiers des classes dans l'Etat, et à San-
Francisco, les cinq sixièmes. Toutes les Pl
écoles mixtes leur sont réservées; il n'y
a que les écoles supérieures où elles ne jj,
pénètrent pas. On est loin de se repentir,
en Californie, des facilités qui leur ont été ps
données pour entrer dans la carrière de l'en- m
seignement. Aucune d'elles n'a démérité, et M
ladouceur des mœurs y a gagné beaucoup. co
Le recours aux femmes et l'usage des
écoles mixtes n'est pas particulier à la
Californie. On ne sépare les sexes avec
quelque rigueur que dans les Etats du
Sud, où a si longtemps subsisté l'escla- co
vage. Dans le reste de la Confédération,
l'enseignement par les femmes est re- to
gardé comme ayant beaucoup d'avanta- dE
ges et, par le fait, les inconvéniens en la
sont bien diminués dans un pays où les ta
matières religieuses ne font pas partie du
programme des classes.
La présence d'un si grand nombre de
femmes dans les écoles publiques ne
coûte rien à la valeur des leçons que les Cs
enfans y reçoivent. Les programmes sont ec
Corneille avoue lui-même que cette nar-
ration est « sans artifice M. Cependant il
peut se retrancher derrière l'exemple de
Térence. S'il y a quelqu'un à pendre
pour un tel méfait, que Térence marche
à la potence le premier ) 1
Qui dira le tort qu'a pu faire au génie
de CorueiMe le pédantisme de son temps,
et jusqu'où se serait élevé ce puissant in-
venteur s'il n'eût pas été constam-
ment embarrassé dans ces entraves ?
Le cinquième acte de jKo~MMC .est
un des plus beaux et des plus dra-
matiques qui soient au théâtre. L'hé-
sitation pleine d'horreur d'Antiochus, en-
tre sa femme et sa mère qu'il peut égale-
ment soupçonner du meurtre de son frère
Seleucus; la défense de Rodogune et celle
de Cléop&tre le trait de désespoir de
Cléopâtre lorsque, écrasée par l'évidence,
elle boit la coupe de poison qu'elle avait
elle-même préparée pour son -Sis, tout
cela forme un tableau des plus tragiques
et auquel on ne saurait comparer que le
dénoûment d'-S~~ que Corneille assu-
rément ne connaissait pas. Entre l'auteur
de ~o~o~Mg et Shakespeare, il y a un
grand air de famille que Chateaubriand
avait remarqué quand il disait de la forte
race normande qu'elle avait produit Sha-
kespeare et Corneille. On a fait observer,
il est vrai, que le nom de Shakespeare
semblait indiquer une origine saxonne
plutôt que normande; mais cette ob-
servation, quoique très juste, n'est pas
absolument concluante en ce qui concerne
la véritable origine de l'auteur d'Fa~
En poussant plus loin les comparaisons,
on pourrait dire que le caractère de Cléo-
pâtre rappelle celui de Lady Macbeth;
étendus, les méthodes bien comprises, et
les livres très bien faits. Nous ne vou-
drions pas toujours avoir l'air de déprécier
parcomparaisonnotre propre enseignement
primaire; mais, rien que pour les biblio-
thèques scolaires, quelle différence entre
nos listes de livres recommandés et Celles
de là-bas Nous n'alimentions naguère.
encore nos écoles qu'au moyen de publi-
cations sans mérite, qui n'étaient que des
spéculations de librairie ou des com-
mandes de quelque bureau ministériel.
Les rayons de la bibliothèque d'un district
californien sont chargés de livres utiles et
d'ouvrages qui ont un nom. On y voit
r-SM~oi~ de la CM~M~MM de Guizot et le
Co~KM de Humboldt; et, près de? traités
scientifiques d'Agassiz, de Liell, de Tyn-
dall, sont groupés Homère, le Dante, le
Tasse Shakespeare Milton Gœthe
Schiller.
Nous laisserons le lecteur poursuivre cet
examen des faits observés dans le livre
même de M. Léon Donnât et nous ne sorti-
ronspas des écoles'élémentaires qui sont,
du reste, ce qu'un Etat si nouvellement né
peut oQfir de plus intéressant dans le
domaine de l'instruction publique.M. Don-
nat, nous l'espérons bien, ne nous fera
pas attendre longtemps son second vo-
lume qui contiendra des études écono-
miques. Cette monographie de la Califor-
nie, exécutée sur place, modifiera les
idées un peu trop vagues et un peu
trop en retard sur le temps présent qu&
nous ont léguées les récits des voya-
geurs d'il y a un quart de siècle. L'Etat
de Californie, nous dit l'auteur, possède
un climat délicieux, un sol très fertile.
Sa prospérité toujours croissante n'est
pas due seulement aux ressources natu-
relles et au travail; elle l'est surtout « aux
mœurs publiques et aux institutions. M
Ces mots ont presque l'air d'un défi jeté
à l'opinion que nous ont faite les légen--
des des ~~cc~ mais M. Donnât nous a.
amplement démontré dans son premier
volume que le temps est venu de changer
d'aperçus et de réformer nos jugemens.
Nous le ferons sans peine, persuadé,
comme nous le sommes, que les arts, les
sciences et la civilisation de l'Europe n'ont
rien à perdre si les arts et les sciences
des plus jeunes Etat:s de l'Amérique du
Nord font des pas de géant et si lem- civi-
lisation arrive à reposer sur des institu-
tions et des mœurs publiques qui leur
promettent une longue prospérité.
PAUL BOITEAU.
On nous écrit de Londres, le 28 sep-
tembre
c La presse et le publie n'ont qu'une seule
préoccupation, celle des complications sur la.
frontière de l'Inde. Le ton des journaux est
belliqueux, comme il doit l'être dans les
heures de crise. Ceux qui se sont distingués
par leur sympathie pour la Turquie et leur
méfiance contre la Russie parlent avec une
amertume menaçante des intrigues de la se-
conde puissance. Us la rendent responsable
de ce qui arrive, et un conflit ouvert avec elle
ne leur déplairait pas. Le Times, plus pru-
dent, espère que la paix ne sera pas troublée
en Europe et que la lutte ne prendra pas de
plus grandes proportions qu'une campagne
contre l'émir.
s D'après les dernières nouvelles, lord Lyt-
ton semble résolu à ne pas précipiter le cours
des évenemens et une pause intervient avant
la ruptùre. Cependant les préparatifs mili-
taires se poursuivent Avec activité; le nom-
bre des troupes est connu. Le vice-roi veut
peut-être attendre l'effet que ces démonstra-
tions énergiques produiront sur l'esprit de
Sheere-Ali.
o Un corps d'armée de 8,000 hommes aura
Candahar pour objectif; un autre de 6,000
entrera dans le Koorum etmarcherasur Caboul,
mais il est plus fortement tracé, et Cor-
neille est en ce point supérieur au poète
anglais. Le personnage de Cléopâtre est,
d'ailleurs, le seul de cette pièce de ~o~o-
~MK<; où se révèle la puissance du grand
tragique les autres sont véritablement
d'une faiblesse extrême. Antiochus n'est,
en réalité, qu'un héros de roman cheva~
leresque, ne sachant bien au juste, ni ce
qu'il veut, ni ce qu'il fait. Son frère Se-
leucus a un caractère plus accusé, mais
s'il parle souvent, il n'agit jamais. Quant
à Rodogune, qui semble d'abord devoir
onrir la contre-épreuve de cette sombre
Bgui'e de Cléopàtre, elle s'efface bientôt
dans la demi-teinte et n'est plus qu'une
princesse de roman, bien digne d'Antio-
chus. Pressée par les deux frères qui
l'aiment également, elle leur propose tout
simplement de tuer leur mère Cléopâtre,
pour venger leur père Nicanor, et c'est
à celui des deux qui montrera le plus
d'empressement à commettre ce crime
horrible qu'elle accordera sa main. Mais
cette proposition une fois faite, elle sem-
ble n'y plus songer.
Corneille, qui sent bien que c'est là un
des points les plus condamnables de sa
tragédie, essaie de plaider les circonstan-
ces atténuantes avec une subtilité quel-
que peu normande. Rodogune, dit-il, n'a-
vait pas d'autre moyen de s'exempter de
choisir entre les deux frères que de leur
faire cette proposition qu'elle savait bien
ne pouvoir pas être acceptée « Elle avoue
? elle-même à Antiochus qu'elle le haïrait
? s'il lui avait obéi; que, comme elle a
a fait ce qu'elle a dû par cette demande,
» ils font ce qu'ils doivent par leur refuœ
a qu'elle aime trop la vertu pour voulez
M! SEPTEMRE
<
JOIJRN~L D~S DÉ~S
MM 5~ SEPTEMBRE
M~.
ON S'ABONNE
M des Prëti'es-Saint-Germain-rA.axen'ois, if.
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eSss
Les souscripteurs dont l'abonnement
expire le 30 septembre sont priés de le
renouveler s'ûs ne veulent pas éprouver
de retard dans l'envoi du Journal.
PARIS
DIMANCHE 39 SEPTEMBRE
La lettre que le Pape a écrite au cardi-
nal Nina, et dont nous avons maintenant
le texte complet, avait été exactement ré-
sumée par les premières dépêches que
nous avions reçues. Léon XIII montre,
os ne saurait le nier, des dispositions plus
conciliantes que son prédécesseur. Ce
n'est pas le Pape Pie IX qui se serait le
premier adressé au gouvernement alle-
mand pour lui proposer la paix au moyen
de concessions réciproques. Il a fallu, pour
en venir là, un changement de Pontife et
une modification considérable dans la po-
litique de la cour romaine. Nous avons
signalé l'autre jour cette attitude nouvelle
adoptée par le chefde l'Eglise, et, sans ap-
prouver en rien, loin de la les me-
sures prises en Allemagne à l'égard du
clergé catholique, nous avons constaté
que le kulturkampf n'avait pas complé-
tement échoué. La situation tendue jus-
qu'à la violence qui existait entre l'Etat
et l'Eglise étaitmauvaise, sans doute, pour
l'un et pour l'autre; mais c'est l'Eglise
qui s'en est lassée la première et qui a
ouvert la porte à une transaction. Le
P~.pe ne demande même pas l'abrogation
des lois de mai; il lui suffit qu'on en fasse
une application plus modérée, et, dès
lors, il espère rétablir en Allemagne non
pas seulement une trêve religieuse, mais
une paix solide et durable. Voilà ce
que nous avons constaté, et notre re-
marque a causé au C
que notre confrère, après la première
surprise, saura se dégager d'une impres-
sion qui est très mauvaise pour l'es-
prit et dont la prolongation constitue-
rait un mauvais régime psychologique.
Les choses humaines doivent être en-
visagées froidement, même lorsqu'elles
touchent aux choses divines. Nous sommes
aussi sensibles que d'autres aux intérêts
de l'Eglise, mais nous ne méconnaissons
pas le? droits de l'Etat, et, lorsque les
deux puissances se sont fait une guerre où
chacune d'elles a abusé des armes qui lui
sont propres, rien ne nous plaît plus que
de les voir enfin se réconcilier. Il est ar-
rivé souvent, comme il arrive en ce mo-
ment pour l'Allemagne, que l'Eglise a fait
les premiers pas vers la réconciliation.
C'est que l'Eglise est gouvernée par d'ha-
biles diplomates, et qu'après avoir fait
durer la résistance jusqu'au point où sa
prolongation deviendrait trop périlleuse,
elle sait s'arrêter et devient aussi modé-
rée que la veille elle était violente l'es-
prit de charité succède tout d'un coup
à l'esprit de combat.
Le malheur est que l'esprit de combat se
maintient quelquefois fort longtemps dans
l'Eglise. C'est seulement lorsque l'Etat a
été soumis à toutes les épreuves, lorsqu'il
a résisté aux provocations, aux menaces,
aux tentatives et aux assauts les plus
désespérés, que l'Eglise se résigne à
composer. La paix n'est acquise qu'au
prix de terribles et de longues soufiran-
ces, après une de ces luttes dont le ca-
ractère est toujours odieux. Un gouver-
nement honnête et sensé doit faire les
plus grands efforts pour éviter un conflit
de ce genre; mais si le conflit existe ou
s'il est inévitable, l'Etat n'a-t-il pas, lui
mUM DU JOURML DES DEBATS
DU 30 SEPTEMBRE i878..
LA SEMAME DRAMATIQUE
THEATRE DE L'ODËON ~O~MMC, de Cor- J
ïieitle MHe ~MA'MK ~ïca~, un acte en
vers, de M. E. Adenis Fontaine )
F~-JLr~a~, un acte en vers, de M. Er-
jiest d'HerviIly; les ~'o~M ~MM~CMM~, z
de Regnard, pour les débuts de M"" Si-
SOS. THËATRE DU CHATEAU-D'EAU
le ~~eoKMM?' ~M nid de ~'j4~6, dra-me
en cinq actes, de M. Eugène LinviUë. y
THEATRE DU YAUDEVJLLE .SMM-
ses, comédie en un acte, de M. Daniel
Darc.
)
L'Odéon a donné samedi une nouvelle
représentation de j~o~MMë, cette éton- x
nante tragédie si faible au début, si forte x
au dénoûment. Corneille la considérait x
comme la meilleure de ses pièces, et il
s'explique, à ce sujet ~vec une entière x
franchise, a On m'a souvent fait une
~question à la Cour, dit-il dans son ):
B examen de JBo~o~MMc Quel était celui >,
a de tous mes poëmes que j'estimais le plus; x
et j'ai trouvé tous ceux qui me l'ont faite ):
o si prévenus en faveur de C~PM ou du ):
M C~, que je n'ai point osé déclarer toute ):
la tendresse que j'ai toujours eue pour
~celui-ci àq~i j'aurais votontiers donné c
aussi, le droit de vivre et le devoir de se
défendre? La responsabilité du conflit re-
vient-elle toujours et nécessairement à
!ui ? Nous espérons bien qu'une lutte
de ce genre sera pour l'avenir épar-
gnée à la France; mais si nous
,étudions son histoire, nous y trou-
vons trop souvent l'Etat et l'Eglise en
hostilité l'un contre l'autre, et les torts
ne sont pas toujours du côté du premier.
Dans aucun temps et sous aucun régime,
même sous le régime de la séparation de
l'Eglise et de l'Etat, celui-ci ne saurait
tolérer dans son sein une organisa-
tion ennemie de son principe et ja-
louse de ses pouvoirs. Cela ne s'est
jamais vu, ni sous la république, ni
sous la monarchie, et très probable-
ment ne se verra jamais. Nos catholiques
français s'en rendent bien compte lors-
qu'il s'agit des pays étrangers. LajM/cMM
publiait l'autre jour un long article, très
méthodique et très froid, pour conseiller
aux catholiques allemands de s'entendre
avec M. de Bismarck dans le Reichstag
afin de faciliter les négociations entre la
Cour de Rome et le chancelier. Le conseil
était sage peut-être, mais nous voudrions
bien que la J9~/sagesse pour nos aSaires intérieures, et
qu'elle mît autant de soins pour conserver
chez nous l'harmonie entre l'Eglise et
l'Etat qu'elle en met pour rétablir en
Allemagne cet accord si profondément
troublé.
Mais c'est lorsqu'il s'agit des rapports
de l'Eglise et de l'Etat qu'on peut dire
Vérité d'un côté de la montagne, erreur de
l'autre côté Rien n'est plus variable et plus
mobile que les dispositions de l'Eglise en-
vers les gouvernemens diSérens. Ce qu'elle
admet de la part des uns, elle ne l'admet pas
de la part des autres. Ce qu'elle est sur le
point de permettre ou de tolérer en Alle-
magne, elle ne saurait le supporter en
Italie. Le Pape Léon XIII, dans sa lettre
au cardinal Nina, réserve pour l'Italie
toute sa sévérité. Il ne parle pas de la
France; il voit avec une complaisance un
peu singulière les événemens qui se dé-
roulent en Orient il traite l'Allemagne
avec une grande modération; mais l'Italie
reste l'objet de ses récriminations les plus
amères. Il conteste les prétentions du
gouvernement au patronat royal, c'est-à-
dire au droit de nomination pour les évê-
chés. C'est pourtant un droit qui est par-
tout ailleurs reconnu et respecté, du
moins en principe. Le gouvernement ita-
lien est seul déclaré indigne, soit! Mais
reconnaîtra-t-il jamais son indignité et,
en conséquence, l'espèce de dégradation
à laquelle on le condamne? Qui est-ce
qui paie les évêques en Italie aussi bien
qu'en France ? Est-ce le gouvernement
ou le Pape ? Si c'est le gouvernement,
comment pourrait-il renoncer au droit de
les nommer ou de participer largement à
leur nomination? Il y a là, sans doute,
matière à concordat, à moins qu'on ne
sépare complétement l'Eglise de l'Etat et,
nous n'en doutons pas, un jour viendra
où le Pape se montrera envers l'Italie
aussi conciliant qu'il l'est envers l'Alle-
magne et les autres gouvernemens euro-
péens.
Ce jour, peut-être, est encore éloigné.
La lettre de Léon XIII au cardinal Nina
n'est pas en tout point une lettre de
concorde et de paix. Les dispositions
des catholiques dans quelques pays et
en particulier en France, leur fana-
tisme politique, l'étrange confusion qu'ils
établissent entre des intérêts sacrés et
des intérêts très profanes, la domina-
tion presque absolue des congrégations
sur le clergé séculier, les prétentions et
les empiétemens des laïques qui domi-
') mon suffrage, si je n'avais craint de
a manquer, en quelque sorte, au respect
B que je devais à ceux que je voyais
n pencher d'un autre côté. Peut-être
N cntre-t-il dans cette préférence un peu
o d'amour-propre, en ce que cette tragé-
H die me semble être un peu plus à moi
o que celles qui l'ont précédée, à cause des
M incidens surprenans qui sont pure-
M ment de "mon invention et n'a-
B valent jamais été vus au théâtre
o et peut-être y a-t-il un peu de vrai mé-
c rite qui fait que cette inclination n'est
K pas tout à fait injuste. Je veux bien
a laisser chacun en liberté de ses sen-
? timens; mais certainement ou peut
a dire que mes autres pièces ont peu
a d'avantages qui ne se reucon-
n trent en celle-ci. EUe a tout ensem-
a Mêla beauté du sujet, la nouveauté
H des fictions, la force des vers, la facilité
H de l'expression, la solidité du raison-
')) Bernent, la chaleur des passions, les
a tendresses de l'amour et de l'amitié, et
M cet heureux assemblage est ménagé de
n telle sorte qu'elle s'élève d'acte en acte.
M Le second passe le premier, le troi-
M sième est au-dessus du second, et le
a dernier l'emporte sur tous les autres.
B L'action y est une, grande, complète
H sa durée ne va point, ou fort peu, au-
H delà de celle de la représentation. Le
') jour en est le plus illustre qu'on puisse
H imaginer, et l'unité de lieu s'y ren-
contre de la manière que je l'explique
H dans le troisième de mes discours, et
M avec I'indu)genco que j'ai demandée
M pour le théâtre, »
J'ai cité ce passage parce qu'il oSre un
curieux exemple de la manière dont la
nent à leur tour la plus grande partie du
clergé tant régulier que séculier et l'é-
chaunent de leurs passions, certes, il y a
dans tout cela bien des points noirs, bien
des menaces d'orage. Nous signalons res-
pectueusement ces fâcheux symptômes
au nouveau Pape. Il dépend de lui de pa-
cifier les consciences ou demies livrer dés-
orientées à la fureur des plus tristes
et des plus stériles combats.
fetKe BoMMe dm dtxNanche.
Emprunt 5 0/0. 113 fr. 60, S6 1/4, 621/2.
Florins (or). 643/8.
Egyptiennes 6 0/0.. 289 fr., 290 fr.
Chemins égyptiens. 385 fr.
Sans affaires.
TéMgMpMe pftT~e.
tSarvIc* MI~graphiq~e de t'tgtnce Ha~M.)
Berlin, le 29 septembre.
Le prince de Bismarck est revenu la nuit der-
nière de Varzin.
Saint-Pétersbourg, le 28 septembre.
En présence des bruits répandus sans relâche
par les journaux de l'étranger au sujet d'une pré-
tendue démission offerte par le prince Gortcha-
koïf, il n'y a jusqu'à ce moment qu'un seul fait
à constater, c'est que jusqu'à l'heure actuelle le
chancelier de Russie n'a pas demandé à être re-
levé de ses fonction, et n'a pas manifesté la
moindre intention de faire cette démarche.
Rome, le 29 septembre.
Le cardinal Nina a envoyé au nonce de Bruxel-
les des instructions précises pour exposer, s'il
est interpellé & ce sujet, les inconvéniens de la
suporession de la légation belge auprès du
Vatican.
Mais s'il n'est pas interpellé, il devra s'abstenir
d'intervenir dans cette question.
Le khédive a appelé le voyageur Schweinfurth,
actuellement en Italie, pour lui confier une mis-
sion politique et militaire.
L'éruption du Vésuve décroît.
Rome, le 28 septembre, soir.
L'M anronce un mouvement prochain dans
le personnel des légations et des ambassades.
Ce journal ajoute que ce mouvement ne com-
prend toutefois que des changemens de rési-
dence.
Constantinople, le 29 septembre.
Midhat Pacha est arrivé hier matin à La Ca-
née.
Constantinople, le 28 septembre, soir.
L'escadre anglaise est partie ce matin pour la
baie d'Artaki. Avant son départ, le vaisseau ami-
ral est venu à la pointe du Sérail saluer le pa-
villon ottoman & l'occasion de laûnduRamazan.
Constantinople, le 28 septembre, soir.
Le journal grec ~0~0/70~ a reçu un avertisse-
ment pour la publication d'articles belliqueux et
provocateurs.
A l'occasion du Baïram, le Sultan est allé à la
mosquée de Foundoulki.
Des renforts et des munitions ont été envoyés
à Kozan.
On continue à discuter la convention autri-
chienne.
Lundi aura lieu la séance préliminaire de la
commission de Roumélie.
Londres, le 28 septembre, soir.
Dans une réunion tenue aujourd'hui au Guil-
dhall la municipalité a élu l'a)derman sir Charles
Whetham lord maire pour l'année prochaine.
Le temps ne marche nulle part aussi
vite qu'aux Etats-Unis. Il y a trente ans,
la Californie n'était qu'un campement d'a-
venturiers qui, après de rudes journées
passées à déchirer les mines d'or à coups
de pioche, ne rentraient sous les huttes de
leurs bourgades quepouryrisquerleur gain
dans les hasards du jeu et y perdre leur
raison dans des querelles ensanglantées.
C'est encore )à le tableau qui, de souvenir,
se présente au plus grand nombre quand on
leur parle de la terre californienne; mais,
pendant que ces trente années s'écou-
laient, que de changemens l'ont rendue
différente d'elle-même! La Californie a été
un prodige de transformation, même pour
l'Amérique du Nord où tout cependant
s'avance d'un pas si rapide vers l'avenir,
et les esprits chagrins, qui ne veulent pas
que les arts et les sciences de notre siècle
aient découvert des procédés pour faire
plupart des auteurs, depuis les plus grands
jusqu'aux plus petits, parlent de leurs ou-
vrages et des illusions où ils tombent. Ce
qu'ils ont voulu faire, ils le tiennent gé-
néralement pour fait, et ils se contentent
de l'intention. Il y a beaucoup de vrai et
beaucoup de faux dans le jugement porté
par Corneille lui-même sur ~o~MKc, et
la postérité l'a réformé sur bien des points.
Il n'est, je croi~, personne aujourd'hui qui
ne considère les quatre premiers actes de
cette tragédie comme absolument insup-
portables, quoique l'auteur trouve le pre-
mier supérieur au second, le troisième su-
périeur au deuxième, et ainsi de suite
jusqu'au dernier acte, qui l'emporte sur
tous les autres. On n'est pas non plus
d'accord avec lui sur « la force des vers,
') la facilité de l'expression et la solidité du
') raisonnement, a Le styledejSM~MMe est,
au contraire, singulièrement inégal, in-
correct, lâche et raboteux par momens.
Où le poëte est tout à fait dans le vrai,
c'est lorsqu'il parle de la « nouveauté des
» notions H et des «incidens surprenans »
qui n'avaient jamais été vus au théâtre
et sont de son invention.
Ce sont justement ces inventions qui
font la beauté de sa tragédie. Mais Cor-
neille n'insiste pas beaucoup là-dessus.
Il hésite et s'excuse d'avoir osé modifier
certains incidens historiques. Il ne «vou-
n drait pas donner son opinion pour
M bonne M, cependant il ne pense pas avoir
vu de règle qui restreigne la liberté qu'il
a prise. S'il voit que « les savans s'en
» offensent ouquelepeuple en murmure »,
il alléguera pour calmer leurs scrupules
l'exemple de Sophocle et d'Euripide, et il
citera en particulier IW~MS d'Euripide
gagner du temps à la civilisation, ne sau-
raient rencontrer une plus belle occasion
de prédire qu'un Etat sorti aussi hâ-
tivement que celui-là de la barbarie
ne peut que toucher déjà à la décrépitude.
Mais s'ils n'ont pas vu la Californie par
eux-mêmes, qu'ils daignent jeter les yeux
sur l'ouvrage que M. Léon Donnat vient
de publier sous ce titre Cali-
/o~g, ~CM~~e/a~o~cM 1877
1878~Me~MWpMM~Me, ~Ï~.MC,
WMW~Me~ intellectuel, les lois, les ~tQ'M~,
le ~OMP~M~MCM~, climat, les ressources,
et peut-être seront-ils étonnés de leurs
découvertes. La plus inattendue sera de
s'apercevoir qu'il n'y a pas un pays au
monde où l'instruction publique soit
mieux appropriée aux besoins d'un peu-
ple, et récompense par de plus larges ré-
sultats la libéralité de ceux qui l'ont
organisée. M. Donnat ne leur sera pas
suspect. Il a fait partie du groupe
d'observateurs qui, en étudiant à l'aide
de méthodes exactes les conditions de
l'existence de nos diverses sociétés
modernes, espèrent y trouver la preuve
que c'est vers les traditions du Moyen-
Age, ou du moins d'avant .1789, que l'hu-
manité doit se retourner pour jouir d'une
paix assurée et d'un bien-être impérissa-
ble. L'étude ne l'a pas mené a ces con-
clusions, mais sa méthode n'en reste pas
moins la leur, et nous n'estimons pas
qu'elle soit mauvaise. Elle est excellente,
au contraire, quand nos préjugés ne l'em-
pêchent pas de nous conduire où la vé-
rité nous attend.
L'ouvrage de M. Donnat n'embrasse
encore dans son premier volume que le
mouvement intellectuel de la Californie
pris à partir du moment où elle est deve-
nue l'un des Etats de la grande république
américaine. Il vient à merveille, au mi-
lieu de toutes les publications consa-
crées à l'instruction publique que notre
troisième Exposition universelle de Pa-
ris a suscitées. Nous pouvons certainement
rester très fiers de ce que nous faisons
en France pour que la république du tra-
vail, de l'ordre et de la paix ait des
écoles dignes d'elle; mais, pour être bien
sûrs de nous être placés un jour au pre-
mier. rang, il nous importe de ne rien
ignorer de ce qu'on fait aussi chez les
nations étrangères et pendant que nous
empruntons à la vieille Europe celles de
ses institutions d'enseignement qui sont
le plus heureusement combinées pour l'a-
vancement de l'instruction secondaire et
supérieure, nous avons des emprunts à
faire à la jeune Amérique du Nord pour
le service de l'instruction primaire.
Avec des défauts que corrigera l'expé-
rience, la législation spéciale de l'ensei-
gnement adoptée par la Californie est à
considérer comme un modèle elle l'em-
porte même sur la législation du Massa-
chusetts.
M. Léon Donnat se borne à décrire les
choses comme elles sont, sans que l'intérêt
de son livre en diminue. La liberté absolue
de l'enseignement existe aux Etats-Unis,
et dans la Californie particulièrement.
Enseigne qui veut, et il n'y a ni examens ni
grades obligatoires, excepté pour les éco-
les publiques où l'on n'exerce qu'avec un
diplôme ou de l'Etat ou des comtés. La
base de l'enseignement des écoles publi-
ques est la gratuité, l'Etat assurant le
service de chacune des 2,500 écoles qui sont
à la disposition de ses 200,000 enfans
par une allocation de 500 dollars au
minimum, et les localités faisant le
reste. Nul n'en est exclu, quelle que soit
sa religion, quelle que soit sa race. Le
caractère essentiel de l'enseignement des
écoles publiques est la laïcité. On n'y
donne aucune leçon de religion il est
« où la. principale action et les épisodes, le
M nœud et le dënoûment sont entière-
M ment inventés sous des noms vérita-
» blés. M
Quel fond étrange de naïveté dans un
si grand génie! Corneille est bien de ce
siècle où tout était ordonné, réglé dans
la littérature comme dans la société. II
ne parle pas des prétendues règles de
l'art dramatique avec l'ironie dédaigneuse
qui devait percer plus tard dans les Pré-
faces de Molière. Au contraire, il les res-
pecte, il y croit, il s'imagine qu'elles exi-
stent réellement. Les pédans lui font peur;
il se les représente comme des sergens
littéraires qui le surveillent et vont, pour
la moindre contravention, le prendre au
collet et lui dresser des procès-verbaux.
Aussi faut-il voir avec quelle humilité et
quelle candeur il prévoit les moindres ac-
cusations, et parfois même s'avoue cou-
pable de quelque délit imaginaire Par
exemple, il confesse que sa tragédie de-
vait porter le nom de C7~M~ plutôt que
celui de ~o~o~MKg; mais s'il en a usé
ainsi, c'est par crainte que le public ne
crût qu'il s'agissait de la fameuse reine
d'Egypte et ne tombât dans une confusion
fâcheuse. Il pousse à cet égard le scrupule
au point de ne pas même a oser prononcer
» le nom de Cléopâtre dans ses vers. s Mais
ce qui l'a enhardi à cette licence, c'est
l'exemple donné dans des cas pareils par
les maîtres anciens. On a déjà vu comment
il a soin de faire remarquer qu'il a res-
pecté l'unité d'action, l'unité de temps et
l'unité de lieu. Est-ce tout~? Pas encore.
Il reste à justifier la narration faite de
sang-froid, au premier acte, par Laonice
a. Timagène, un ~~o~~Mye ~o~~Mc, et
même interdit d'y parler d'une doctrine é)
religieuse pour que la liberté de la con~- le
science y reste entière mais le respect dj
des cultes n'y est pas un vain mot, et une p:
cause d'expulsion est l'impiété qui s'af- p]
fiche, ~o/&?M~
des écoles du soir ou les leçons du d<
dimanche. Point d'internes, et nulle ei
part, pas même dans l'Ecole normale es
mixte de San-José, où se forment s~
les instituteurs et les institutrices. Il n'y m
a d'internats en Californie que dans les L
établissemens libres, qui presque tous c~
appartiennent à des congrégations cathp- d'
liques dont les maîtres prennent leurs 1'.
grades près des jésuites du collège de C<
Saint-Ignace. L'Etat laisse aux familles se
tout ce qu'il peut ne pas leur prendre. d:
C'est à elles, par exemple, qu'il s'en re- T.
met entièrement du soin de pourvoir à S<
l'enseignement professionnel de leurs en-
fans comme à leur enseignement reli- e;
gieux, et, pour que les élèves aient du n;
temps à eux, l'école ne retient les plus r(
jeunes que quatre heures, et les plus âgés d)
que six heures par jour. pt
L'obligation de l'école a été établie en d<
principe depuis 1874. Toutefois, comme le n:
caractère américain répugne à la con- p;
trainte, et que, d'autre part, le goût de l'in- lu
struction est partout très répandu, la loi m
se contente d'exister et ne réclame le se- ni
cours d'aucune sanction. Les familles id
américaines l'observent généralement par tr
elles-mêmes. Les réfractaires, leur pro- n~
portion est de 25 0/0, ce sont les étran- g;
gers, et surtout les Irlandais, ces singu- d<
liers auxiliaires de la civilisation de u;
l'Ouest, auxquels 'il faut trois générations g;
pour en avoir acquis les mœurs laborieu- p;
ses, qui sont toujours en dispute avec rc
l'immigration vaillante des Chinois, et n)
dont les enfans déguenillés font seuls ta- Q
che sur la propreté universelle. à
Le temps d'école dure de six à huit mois df
dans l'année, et le salaire moyen est de ai
84 dollars par mois pour les maîtres et de y(
70 pour les maîtresses. La dotation des d'
écoles publiques est plus que suffisante, N
et le salaire des instituteurs n'y absorbe ce
pas tout comme dans nos campagnes. Un sc
matériel admirable, et non sans élégance, ri
trouve de quoi s'entretenir et s'enrichir d<
sans cesse dans un budget de 14 mil- N
lions qui répond à ce que serait chez lj; i,~
nous, pour 37 millions d'habitans, un ti~
budget d'instruction publique de S60 p]
millions de francs. Nous serons moins
surpris de la bonne tenue des mai-
sons d'écoles en apprenant que les fem-
mes jouent un grand rôle dans l'enseigne-
ment. Elles dirigent à peu près les deux te
tiers des classes dans l'Etat, et à San-
Francisco, les cinq sixièmes. Toutes les Pl
écoles mixtes leur sont réservées; il n'y
a que les écoles supérieures où elles ne jj,
pénètrent pas. On est loin de se repentir,
en Californie, des facilités qui leur ont été ps
données pour entrer dans la carrière de l'en- m
seignement. Aucune d'elles n'a démérité, et M
ladouceur des mœurs y a gagné beaucoup. co
Le recours aux femmes et l'usage des
écoles mixtes n'est pas particulier à la
Californie. On ne sépare les sexes avec
quelque rigueur que dans les Etats du
Sud, où a si longtemps subsisté l'escla- co
vage. Dans le reste de la Confédération,
l'enseignement par les femmes est re- to
gardé comme ayant beaucoup d'avanta- dE
ges et, par le fait, les inconvéniens en la
sont bien diminués dans un pays où les ta
matières religieuses ne font pas partie du
programme des classes.
La présence d'un si grand nombre de
femmes dans les écoles publiques ne
coûte rien à la valeur des leçons que les Cs
enfans y reçoivent. Les programmes sont ec
Corneille avoue lui-même que cette nar-
ration est « sans artifice M. Cependant il
peut se retrancher derrière l'exemple de
Térence. S'il y a quelqu'un à pendre
pour un tel méfait, que Térence marche
à la potence le premier ) 1
Qui dira le tort qu'a pu faire au génie
de CorueiMe le pédantisme de son temps,
et jusqu'où se serait élevé ce puissant in-
venteur s'il n'eût pas été constam-
ment embarrassé dans ces entraves ?
Le cinquième acte de jKo~MMC .est
un des plus beaux et des plus dra-
matiques qui soient au théâtre. L'hé-
sitation pleine d'horreur d'Antiochus, en-
tre sa femme et sa mère qu'il peut égale-
ment soupçonner du meurtre de son frère
Seleucus; la défense de Rodogune et celle
de Cléop&tre le trait de désespoir de
Cléopâtre lorsque, écrasée par l'évidence,
elle boit la coupe de poison qu'elle avait
elle-même préparée pour son -Sis, tout
cela forme un tableau des plus tragiques
et auquel on ne saurait comparer que le
dénoûment d'-S~~ que Corneille assu-
rément ne connaissait pas. Entre l'auteur
de ~o~o~Mg et Shakespeare, il y a un
grand air de famille que Chateaubriand
avait remarqué quand il disait de la forte
race normande qu'elle avait produit Sha-
kespeare et Corneille. On a fait observer,
il est vrai, que le nom de Shakespeare
semblait indiquer une origine saxonne
plutôt que normande; mais cette ob-
servation, quoique très juste, n'est pas
absolument concluante en ce qui concerne
la véritable origine de l'auteur d'Fa~
En poussant plus loin les comparaisons,
on pourrait dire que le caractère de Cléo-
pâtre rappelle celui de Lady Macbeth;
étendus, les méthodes bien comprises, et
les livres très bien faits. Nous ne vou-
drions pas toujours avoir l'air de déprécier
parcomparaisonnotre propre enseignement
primaire; mais, rien que pour les biblio-
thèques scolaires, quelle différence entre
nos listes de livres recommandés et Celles
de là-bas Nous n'alimentions naguère.
encore nos écoles qu'au moyen de publi-
cations sans mérite, qui n'étaient que des
spéculations de librairie ou des com-
mandes de quelque bureau ministériel.
Les rayons de la bibliothèque d'un district
californien sont chargés de livres utiles et
d'ouvrages qui ont un nom. On y voit
r-SM~oi~ de la CM~M~MM de Guizot et le
Co~KM de Humboldt; et, près de? traités
scientifiques d'Agassiz, de Liell, de Tyn-
dall, sont groupés Homère, le Dante, le
Tasse Shakespeare Milton Gœthe
Schiller.
Nous laisserons le lecteur poursuivre cet
examen des faits observés dans le livre
même de M. Léon Donnât et nous ne sorti-
ronspas des écoles'élémentaires qui sont,
du reste, ce qu'un Etat si nouvellement né
peut oQfir de plus intéressant dans le
domaine de l'instruction publique.M. Don-
nat, nous l'espérons bien, ne nous fera
pas attendre longtemps son second vo-
lume qui contiendra des études écono-
miques. Cette monographie de la Califor-
nie, exécutée sur place, modifiera les
idées un peu trop vagues et un peu
trop en retard sur le temps présent qu&
nous ont léguées les récits des voya-
geurs d'il y a un quart de siècle. L'Etat
de Californie, nous dit l'auteur, possède
un climat délicieux, un sol très fertile.
Sa prospérité toujours croissante n'est
pas due seulement aux ressources natu-
relles et au travail; elle l'est surtout « aux
mœurs publiques et aux institutions. M
Ces mots ont presque l'air d'un défi jeté
à l'opinion que nous ont faite les légen--
des des ~~cc~ mais M. Donnât nous a.
amplement démontré dans son premier
volume que le temps est venu de changer
d'aperçus et de réformer nos jugemens.
Nous le ferons sans peine, persuadé,
comme nous le sommes, que les arts, les
sciences et la civilisation de l'Europe n'ont
rien à perdre si les arts et les sciences
des plus jeunes Etat:s de l'Amérique du
Nord font des pas de géant et si lem- civi-
lisation arrive à reposer sur des institu-
tions et des mœurs publiques qui leur
promettent une longue prospérité.
PAUL BOITEAU.
On nous écrit de Londres, le 28 sep-
tembre
c La presse et le publie n'ont qu'une seule
préoccupation, celle des complications sur la.
frontière de l'Inde. Le ton des journaux est
belliqueux, comme il doit l'être dans les
heures de crise. Ceux qui se sont distingués
par leur sympathie pour la Turquie et leur
méfiance contre la Russie parlent avec une
amertume menaçante des intrigues de la se-
conde puissance. Us la rendent responsable
de ce qui arrive, et un conflit ouvert avec elle
ne leur déplairait pas. Le Times, plus pru-
dent, espère que la paix ne sera pas troublée
en Europe et que la lutte ne prendra pas de
plus grandes proportions qu'une campagne
contre l'émir.
s D'après les dernières nouvelles, lord Lyt-
ton semble résolu à ne pas précipiter le cours
des évenemens et une pause intervient avant
la ruptùre. Cependant les préparatifs mili-
taires se poursuivent Avec activité; le nom-
bre des troupes est connu. Le vice-roi veut
peut-être attendre l'effet que ces démonstra-
tions énergiques produiront sur l'esprit de
Sheere-Ali.
o Un corps d'armée de 8,000 hommes aura
Candahar pour objectif; un autre de 6,000
entrera dans le Koorum etmarcherasur Caboul,
mais il est plus fortement tracé, et Cor-
neille est en ce point supérieur au poète
anglais. Le personnage de Cléopâtre est,
d'ailleurs, le seul de cette pièce de ~o~o-
~MK<; où se révèle la puissance du grand
tragique les autres sont véritablement
d'une faiblesse extrême. Antiochus n'est,
en réalité, qu'un héros de roman cheva~
leresque, ne sachant bien au juste, ni ce
qu'il veut, ni ce qu'il fait. Son frère Se-
leucus a un caractère plus accusé, mais
s'il parle souvent, il n'agit jamais. Quant
à Rodogune, qui semble d'abord devoir
onrir la contre-épreuve de cette sombre
Bgui'e de Cléopàtre, elle s'efface bientôt
dans la demi-teinte et n'est plus qu'une
princesse de roman, bien digne d'Antio-
chus. Pressée par les deux frères qui
l'aiment également, elle leur propose tout
simplement de tuer leur mère Cléopâtre,
pour venger leur père Nicanor, et c'est
à celui des deux qui montrera le plus
d'empressement à commettre ce crime
horrible qu'elle accordera sa main. Mais
cette proposition une fois faite, elle sem-
ble n'y plus songer.
Corneille, qui sent bien que c'est là un
des points les plus condamnables de sa
tragédie, essaie de plaider les circonstan-
ces atténuantes avec une subtilité quel-
que peu normande. Rodogune, dit-il, n'a-
vait pas d'autre moyen de s'exempter de
choisir entre les deux frères que de leur
faire cette proposition qu'elle savait bien
ne pouvoir pas être acceptée « Elle avoue
? elle-même à Antiochus qu'elle le haïrait
? s'il lui avait obéi; que, comme elle a
a fait ce qu'elle a dû par cette demande,
» ils font ce qu'ils doivent par leur refuœ
a qu'elle aime trop la vertu pour voulez
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