Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-08-06
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Description : 06 août 1878 06 août 1878
Description : 1878/08/06. 1878/08/06.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ËDITION DE PARIS.
MN6ÂMT~
ON S'ABONNE
Me des Prëtres-Saint-Gennain-rAuYerrois, t7.
B'K6BX B9E &'ABO!)nMC!HEM'C
Un an. SixmoM!. Trois moH.
D6partemeiut<. 80 fr. 40 fr. 20 fr.
P&HS. MfF. 36 tf. 186'.
Les! abbnnemens partent des i" chaque mois.
PsM~s, em iBatBmépo. B'W eezt.
Ë~~aW.eEasm@; mm EMMm~B'se ?6 e~a~ i
in~cttdo)B, appty to Caw6e and C°, forei~B sews-
papersotace, l7,Greshamstreet,'G.P.O.;
MSE.B&e:tzy. B5awSsa etG',<,Fmch lane ComMU,
E. C., London SBN. W. iSmKh et Sem,
t86',Strand,'W.C..Ltiadon.
A BraxeUes, a I'Madeleine; dans tes jdosqûes et dans tes bi-
bHotMques des gares <}~ cheisin~de ?)* be~aa; `
A Va!pa.raiso (Gh:U), chex M. Orestea L. Torne~.
JMJMAL BES DEBATS
MAM 6 AMT
~'i~'7C
~S~e..r
OM S'ABONNE
en Belgique, en îtaMe<
dans le Luxembourg, en Turquie,
ea Suisse, en Syrie, en RoTimanie et dans !«
tégenpes du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon,
&n moyen d'une valeur payable à Paris oa de
a&andats-poste, soit internationaux, soit trancaif!.
en Allemagne, en Autr}'che,enRussis,
et dans tous les pay~ du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autye3 pays,
ta? renvoi d'une valeur payaMe~?!*M<
Le< Miaonces sont reca~'
6&MBBB!.B'amehey,tLttm~~S*.
place de la Bourse~
et au buzeau, du Jtbwe, IL,
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~n_ ~an_ r_ :3.lnweGm °~
PCMTI~ES ET LITTËMMES
;PAM~ I s
LUNDIS AOUT
<
Pendant que le comité sénatorial des f
droites cherche en vain la voie dans la- f
quelle il doit marcher, .les bureaux des f
gauches du Sénat et de la Chambre des
Députés inaugurent la campagne électo-'
raie par la publication de deux Manifestes ,Î
qui produiront dans Je pays une -vive im- l
pression. Ces deux Manifestes sont con- 1
çus dans le même esprit, ils expriment les 1
mêmes idées, ils semblent même se répé- ]
ter run l'autre de paragraphe en para- (
graphe. La seule différence est dans le 1
style. Ce que les sénateurs disent dans
des.termes dont la fermeté est pour ainsi
dire voilée sous la modération, les dépu-
tés le redisent avec plus~ d'énergie dans
les mots, plus de vigueur dans l'exprès- c
sion. Mais les sentmaens et les idées sont
parfaitement semblables, et c'est avec une
véritable joie que nous le constatons, car
il est heureux pour le pays que cette union
des gauches. qui s'est formée l'année
dernière sous le coup d'un danger com-
mun, et qui a amené la grande vic-
toire .électorale des élections de la
Chambre des Députés, se renouvelle à la
veille de la lutte non moins grave et non
moins déoisive pour l'avenir de nos insti-
tutions nationales des élections pour le
Sénat. Les -conditions du combat n'ont
pointchangé. Les électeurs se trouvent
encore une fois placés entre un groupe
compacte de républicains de toutes nuan-
ces, combattant avec. la même ardeur
pQur la même cause, et une réunion
confuse de partis réactionnaires coalisés
un instant contre l'adversaire commun,
mais n'attendant que l'issue de la cam-
pagne électorale pourse livrer de nou-
veau~ leurs divisions intestines. Le choix
peut-il être douteux? Les électeurs séna-
toriaux, qui sont chargés spécialement
de garantir la. paix .publique,, peuvent-ils
amener par-leurs .v&tes « des luttes, des
conflits qui inquiéteraient, agiteraient
a le pays, jetteraient l'irritation dans les.
? esprits et le trouble dans les trans-
» actions? M-
Les deux: Manifestes des gauches font
ressortir en euet, avec~amême:,éyidence,.
les conséquences qui résulteraient d'un
triomphe des partis réactionnaires. Si la
majorité du Sécaf'n'est point modifiée,
nous serons exposés des aventures du
genre de celle du mai, et cet ordre
moral dont on a. tant parlé, qu'on a mis
quelqu.eMspresqueau-dessus de l'ordre
matériel, disparaîtra définitivement de
notre pays. La..première condition pour
qu'un gouvernement se maintienne et as-
sure en se mamtGmuit à la nation les ga.ra.n-;
tics de tranquillité et de prospérité dont elle
a besoin, c'est qu'une harmonie complète
règne entre les~pouvou'~ publics. Est-ce &
dire que les deux Chambres et le pouvoir
exécutif doivent avoirsur tous les sujets
la même opinion et qu'aucune divergence
ne puisse éclater entre eux sans danger?
A coup- sûr MN. II. est nécessaire, au
contraire, que chacun des pouvoirs de
l'Etat représente plus spécialement une
de ces grandes forces sociales dont l'équi-
libre est la loi des bons gouvernemens.
Mais si ces divergences portent sur lea
questions capitales, si les. uns veulent
renverser les institutions s nattona.les tandis
que les autres sont obUgés de ne songer
qu'à les défendre et do tout sacrifier à. cet
intérêt vita', le péril devient éclatant. Les
réactionnaires n'épargnent rien pour per-
suader aux électeurs sé~toriaux que le
Sénat actuel est la seuLe garantie, non
seulement de l'ordre public, mais en-
core de la stabilité des institutions
républicaines. A les en croire, la répu-
blique serait depuis longtemps perdue si
le Sénat était répubUcain,' parce, que la
Chambre des Députés, se sentant mai-
tresse absolue du pouvoir, irait jusqu'au
bout de ses principes et provoquerait par
là une crise, révolutionnaire immédiate.
Rien de moins exact assurément. Le Sénat
peut rester" tout aussi conservateur qu'il
l'est~uiourd'hu!,tout ça devenant républi-
cain. Mais, quoique conservateur, comme
il serait fermement résolu à congoiider la
république, il vivrait en parfaite harmonie
avec l'autre Chambre. Est-ce que les
partis républicains, qui pont unis de-
puis plus d'un an par un iien si étroit,
ont sacrifié pour cela leurs opinions
individtieUes? En se-gouvernant d'a-
près des principes commune, ils ont con-
servé leurs caractères personnels, ils
p- nt restés Sdèies à leurs programmes par-
ti~Iiers, L'harmonie n'est pas laconfur-
IT" absolue des sentimens et des idées.
F: provient des concessions mutuelles,
d :'tjmproinis qu'on fait facilementiors-;
n!«n <~t d'accot'd sur le fond des choses
et qu'on ne diffère plus que sur les moyens
d'exécution.
Maîtres de la majorité dans les deux
chambre?, les républicains continueront
à sn conduire comme ils le font aujour-
d'hni, et l'on peut être assuré d'avance
qu'ils ne céderont à aucun entraînement
péri!leuy. Le danger n'est pas Ja. Il se-
rait. aa contraire, dans une victoire
d'an'r~rs presque impossible– des par-
tie réactionnaires. Que les membres
dep conseils généraux ctdesconpcilsd'ar-
ïomli'-sement proûtent donc dM excellons
cr.n~ils que leur donnent !es bureaux des
ga~chPpdnSénat. et de la Chambre-dés
Députes La. session prochaine des con-
seils généraux leur fournira une très
bonne occasion pour se réunir au
chef-lieu du département, pour y dis-
cuter les diverses candidatures et pour y
faire un choix devant lequel toutes les pré-
férences personnelles devront s'incliner.
Il serait trop dangereux de se diviser sur
le champ de bataille. C'est à la discipline
que nous avons dû nos éclatans succès de
l'année dernière. Ne laissons pas briser
une force dont nous avons pu apprécier la
puissance. Il faut que tous les groupes
républicains soutiennent les mêmes can-
didats, les candidats qui auront le
plus de chances de succès, car les
élections sénatoriales ayant elles
aussi, une portée plébiscitaire, les
nuances d'opinion doivent s'effacer de-
vant l'intérêt supérieur du maintien et
de la consécration définitive de la répu-
blique. « La victoire est à ce prix a, di-
sent les deux Manifestes. Qui donc vou-
drait sacrifier la victoire commune à des
considérations particulières ?'
BOURSE DE PAMS
Ctature Ie3 8 ioN 5 HMHMe.nntMe.
a o/o
Comptant.~ 72 1/2 76'!SJ.. 212
Fmcour.68212 '7665. /171<2
30/0
Amortissable..
Comptant. 81 35 8)l'i.20./
Fincour.8llS. 812S.10.
4.1/e.e/o
Comptantl0760..10'7'!3 .M
'S 0/0
ComptantlllSO.m~10.
Fm<:Qar.lll'7S.ll)6212 .121/2
PKTn'3 BOURS!! DU SOK.
Emprunt 0/0.< ~il fr. 821/2, 92 1/2, 80.
30/0. 76fr.921/2,77ft-.
BO/Oturc. 1SÛ-.M,40,421/2.
Banque ottomane.. !]33 fr. 12. 1/2, 329 fr, 3-?,
530fr,62.
Egyptiennes 6 0/0.. 262fr.50. 260 [r., 260 fr. 621/2
Hongrois 60/0. 791/16.
Ottomane 1873. M'fr.M.M.
'FëMg~apMe'pf'T~e.
!S<-}"'rj!<~ t~Mp~phiqce dé t'asance H&TM.)
Rome, le 5 août.
A la suite de la réception du rapport sur les
entrevues du prince de Bismarck et de Mgr Ma-
setia, ie'Vatican fait rédiger des instructions
pour le clergé de Prusse.
U pourrait se faire que Mgr Ledochowski re-
tournât, dans le diocèse de Posen.
~gr MaseUa est attendu a Rome. ou il rendra
compte verbalement au Pape du résultat de sa
mis·.ion.
"~nouvelle que Mgr Cxacki doit aller à Saint-
Pétersbourg est controuvéc. < n
Les négociations entre le Vatican et la Russie
ont lieu a Vienne.
Los négociations pour une entente entre le
Vatican et 1 Angleterre sont pour le moment sus-
pendues. par suite des difficultés survenues re-
lativement a la manière de rétablir les relations
et les attributions des représentans respectifs.
Londres, le 5 août.
C/MM~f secrétaire d'Etat au min stère des affaires
étrangères, repondant a M. Denison. dit que te
couvernement a demanda au cabinet de Saint-
Pétersbourg le but. de l'expédition entreprise par
le généra) Kanfmann au sud de l'Oxus. H ajoute
que ceho affaire attire toute l'attention du gou-
vernement.
vernement. Vienne, le K août.
L'~t'?t~'M< antionce que la colonne principale
s'est avancée dans la vallée de ta Bosna, après
avoir surmonté de grandes dtfucultés. Le capi-
taine d'etat-majorMilliukovitch a été envoyé, ie
t" .oût,deDerbentdans!a vaUeedeIaBosnapour
faire une' réconnaissance avec un escadron de
hussards. Il a été partout reçu avec une joie ap-
parente. Ayant appris qu'on organisât la résis-
tance a Z-pce. il s'y est rendu; a t'entrée delà
iocatitë, il a été reçu a coups de fusil et a été
forcé de faire mettre les hussams en ligne de
cataiite.
Reconnaissant Fimpossibibté a'avancer. il a
battu en retraite du coté de Maglai, dont la popula-
tion aouvertun feu des plus vifs sur leshussards
qui ont dû franchir a fond de train le défilé oc-
cupe par dos hommes armés. '!U hussards ont
été'tués. Le reste de l'escadron a rejoint sans en-
combre Favant-garde de l'armce..
Les troupes autrichiennes ont soutenu aussi a
Citlack, en marchant surMostar,un petit combat
contre S~tt hommes qui ont battu en retraite en
laissant des morts et des blessés.
Vienne, le 5 août.
On télégraphie de Metcovitch.Io 4, que, d'après
des avis de Mostar, le mouvement insurrectionnel
a pour but d'expulser les autorités ottomanes
qui se sont montrées impuissantes. Les classés
dirigeantes attendent avec impatience l'arrivée
des Autrichiens. Outre le mute~sanf Rifaat Beg,
on a massacre un cadi. un mufti et un lieutenant-
colonel du nom de Mourad.
Rome, le S août.
On ne sait rien ici de ta nouvelle publiée par
le ~aurait éclaté entre tes consuls itahan et autri-
chien en Honnie.
Le marquis Georges. Pallavicino Tnvu!zio est
mort.
moét, Constantinople, le 4 août, soir.
Le bruit court avec une grande persistance
que l'Angleterre négocie la cession de t'îie de Té-
nedos.
D'apres une dépêche de Constantinople adres-
sée au .Pa~ -A~M, des négociations ont lieu en
ce moment pour la cession de Chio et de Rhodes
a. la France.
On télégraphie de Vienne au ~a~)'~
« Le bruit court qu'un diiférend sérieux s'e~t
élevé entre les consuls autrichien et italien en
Bosnie, ce dernier étant soupçonne de n'avoir
pas é!é étranger aux troubles qui ont éclate dans
cette province.
Bucharest, le 4 août.
Les troupes roumaines commenceront le xO août
à quitter les pomts stratégiques sur lesquels elles
étaient concentrées.
La date de la. remise de la Bessarabie et de ia
prise do possession de la Dobrutscha par les
Roumains ne paraît pas devoir êtr~ nxée avant
que les décisions du Congres aient été ofucieue-
ment communiquées a. la Roumanie.
Athènes, le 3 août, soir.
Des avis de Crète portent que le consul anglais,
'\I. Sandwith, a fait part à l'Assemblée Nationale
que l'Angleterre est disposée à offrir sa média-
tion pour l'amélioration de la loi organique dans
l'île Rome, le 4 août, soir.
Dps meetings en faveur de l'~f's ~'<'<
'u lieu aujourd'hui a Livoume, a Cesena et it
/cllotri.
Aucun incident àsignaler.
LL. MM. quitteront Milan mercredi elles iront
t Venise.
On assure que la Turquie a envoyé a ses agens
iiplomatiques une circutau'e dans laquelle elle
optique les motifs de la convention conclue le
ijuindernier.
Londres, le 5 août.
Le /S<:;ue le Parlement ne sera pa8 dissous cette
mnée.
Le MMM publie les nouvelles suivantes
« Constantinopte, le 4. On dément de source
autorisée que le général Kaufmann doive rempla-
cer le général Totleben dans le commandement
sn chef de l'armée russe. &
«Berlin, le lurait, paraît-il, demandé entre autres choses le
rappel des lois contre tes jésuites. On croît que
si l'entente entre l'Allemagne et le Saint-Siège
sst conclue, le Parlement allemand sera dissous
de nouveau.? »
Ce qui nous empêcha le plus souvent
de comprendre les aHaires intérieures de
l'étranger, c'est un goût inné de ce qui est
clair.et simple qui l'emporte parfois sur
l'amour de l'exactitude et nous fait appli-
quer volontiers aux autres peuples le voca-
bulaire politique usité dans nos discus-
sions. Par exemple, à propos des élections
allemandes, on emploie les mots d'opposi-
tion, de gouvernement, de majorité sans les
expliquer, comme s'il y avait .chez nos
voisins un parti qu'il s'agisse de renver-
ser du pouvoir pour mettre un autre à
sa place. Mais ce qui distingue l'Allema-
gne impériale, c'est justement qu'il n'y a
aucun parti de gouvernement, et que la
composition de la majorité parlementaire
y peut varier'sans inconvénient. Une ma-
jorité homogène n'aurait même pas de
raison d'être parce qu'elle ne pourrait pas
trouver son expression dans un cabinet.
Le gouvernement reste ainsi en dehors
et au-dessus de la représentation natio-
nale, et, s'il ne peut pas se passer d'b'.le
pour faire la loi, il n'est cependant pas
conduit par elle en un mot, le nombre
est consulté et respecté dans le nouvel
empire d'Allemagne, .mais il n'est pas
obéi; on l'admet comme lumière et comme
force, mais sans lui reconnaître une vo-
lonté. C'est à peu près l'opposé de ce qui se
passe en France où la sagesse en même
temps que la force rentre constitutionnel-
lement dans' les attributions du sunrage
universel qui devient ainsi le maître du
pouvoir, comme il en est d'ailleurs la-
source. On comprend que des mots nou-
veaux seraient nécessaires pour représen-
ter un ordre de faits si différens mais le
plus simple est de laisser de côté autant
que possible les mots pour serrer do plus
près les réalités que l'on veut étudier.
La puissance impériale ayant sa. base
ailleurs que dans le Parlement et n'étant
pas même obligée, comme en Angleterre,
à se tenir en communion d'idée permanente
avec lui par l'intermédiaire d'un cabinet, on
comprend que le prince de Bismarck, de
sou côté, se soucie peu d'avoir une ma-
jorité homogène qui. sans mieux le servir,
deviendrait facilement une gêne pour lui.
Ce que le chancelier semble donc avoir
cherché principalement dans les dernières
élections, ce sont des élémens nouveaux
pour constituer plus fucilement des ma-
jorités changeantes pour chacune des
grandes questions dont il poursuit la so-
lution. Ainsi se trouve expliquée l'attitude
presque hostile qu'il a affecté de pren-
dre à l'égard des nationaux-libéraux
qui, après avoir été dans sa main un
instrument assez souple et très puis-
sant pour l'organisation administrative,
judiciaire, militaire et religieuse do l'em-
pire, n'eurent plus an. même degré les
mêmes garanties pour sa réforme éco-
nomique et Snancière. Il est vrai qu'en
se séparant des nationaux-libéraux dans
la lutte électorale afin de ramener à lui
une partie des étémens conservateurs et
ultramontains,Ie chancelier n'a pas réussi
àfaireduparti national-libéral un parti d'op-
position. Du reste, il ne pouvait pas désirer
ce résultat, pas plus qu'il ne peut désirer
de gouverner à l'avenir avec une majorité
parlementaire composée exclusivement
d'uliramontains et de conservateurs.
Cette crainte a été exprimée, il e~t
vrai, par des journaux allemands; mais
il faut l'attribuer aux émotions de la
lutte qui troublent la clairvoyance des
hommes les mieux placés en temps ordi-
naire pour juger une situation. Utiliser
comme appoint dans le vote des ré-
formes économiques les élémens réac-
tionnaires, c'est après tout de la bonne
politique; mais s'imaginer que l'on pour-
rait avec eux voter toutes les lois, et
que le parti national-libéral auquel le
pays moyen et la bourgeoisie éclairée
sont restés fidèles pourrait ~tre dépouillé
de sou iaSuence c'est un rêve qu'il
serait injurieux de prêter a. un homme
d'Etat comme le chancelier, dans uu
pays surtout où la force de l'opinion
libérale est en proportion de ce qui
manque aux prérogatives du Parlement.
En réalité, l'inquiétude des nationaux-
libéraux porte sur l'étendue des conces-
sions que le gouvernement pourra faire
aux élémens réactionnaires pour obtenir
leur concours dont il pense avoir besoin.
Cependant ils trouveraient de quoi se ras-
surer dans leur propre expérience qui doit
leur enseigner que le chancelier ne se
livre qu'autant qu'il lui plaît.
Mais pour nous convaincre que la scis-
sion entre le prince de Bismarck et le
pMti libéral.national u'egt pas dans la
nature des choses et que cette apparence
même devra cesser dans le Parlement,
le meilleur moyen est de comparer le
manifeste électoral de. ce parti et le
programme que le gouvernement a pu-
blié dans la (7<~<~oK~:Mcc jp?'opM!CM~
vers la im du mois de juin. Les deux
documens sont semblables par le fond;
la grande différence est que les libé-
raux-nationaux promettent leur con-
cours au gouvernement qui ne le leur
demande pas. Sur toutes les questions
posées, dans les termes généraux où elles
le sont, l'accord existe, et la discussion
ne pourra s'engager que sur l'application.
Le gouvernement veut combattre la dé-
mocratie socialiste, mais les partis libé-
raux ne le veulent pas moins seulement
ils se refusent à compromettre les droits
et les libertés durables et indispensables
de la nation. Les lois d'exception leur ré-
pugnent cependant un de leurs chefs,
M. Lasker, a très bien expliqué par des
exemples dans son discours de Saalfeld
quel genre de concours son parti peut
donner au gouvernement, J'ai voté,
c a-t-il dit, la loi d'expulsion des évê-
B ques parce que c'est une loi de droit
a commun.)) Et, en effet, les évêques n'é-
taient frappés d'expulsion qu'après des
désobéissances formelles à la loi. « Mais
M je n'ai pas voté, a-t-il ajouté, la loi
)) d'expulsion des jésuites, et je ne vote-
)) rai à l'avenir rien qui lui ressemble,
M parce qu'un individu frappé par une
H loi a le droit d'exiger qu'on lui démon-
M tre qu'il est coupable du fait que la loi
» punit. ))
Sur la question de la réforme économi-
que et financière, les nationaux-libéraux
sont prêts aussi à appuyer le gouverne-
ment ils veulent comme lui que l'empire
ait ses finances assurées par un système
d'impôts indirects qui permette de réduire
dans une certaine mesure l'impôt sur
le revenu dans les Etats particuliers
et dans les communes; mais ils de-
mandent en même temps que les droits
constitutionnels des Parlemens alle-
mands soient sauvegardés. Ils se pro-
noncent contre le monopole du tabac;
mais le gouvernement n'a pas pris en-
core ouvertement parti pour ce monopole
et il se rallierait sans doute aussi bien à
l'impôt sur la fabrication. En matière de
douanes, les nationaux-libéraux n'ont pas
de politique bien arrêtée ils sont pour le
principe du libre-échange que le gouver-
nement n'a pas renié, et ils admettent des
tempéramens pratiques comme le prince
de Bismarck en réclame. Sur la question
militaire qui n'est pas abordée dans leur
programme, mais que le nouveau R~ichs-
tag aura. a trancher, les libéraux-natio-
naux pourront voter les demandes du
gouvernement, car quelques uns des leurs
se sont déclarés prêts àrenouveler en 1881
le vote de l'eiîectif de l'armée pour
une durée de sept ans. Enfin, les libé-
raux-nationaux ont eu soin de rappeler
à la fin de leur manifeste le bon vou-
loir qu'ils ont toujours témoigné au gou-
vernement et les importantes conces-
sions qu'ils lui ont faites particulière-
ment dans la..discussion des lois ju-
diciaires. Un tel parti n'est pas, à
coup sûr, un parti d'opposition, et le
prince de Bismarck ne saurait gouverner
sans lui où-contre lui. Si les dernières
évaluations des résultats électoraux sont
exactes, le Parlement se trouvera divisé
en trois grandes fractions environ
)13 conservateurs, ISa libéraux et 100 ul-
tramontains ce qui permettra au chan-
ce!ier de changer son point d'appui
suivant les besoins et sans écarter de
iui systématiquement !es libéraux-natio-
naux. Lesdiscussions auseinduReichstag
seront plus vives et plus fertiles en inci-
dent; mais ce serait une erreur de croire
que les difGcultés du gouvernement gran-
diront beaucoup parce que !a. Chambre
sera plus divisée.
AUGUSTE JACQUOT.
Oa se rappelle que les grou pes de la gauche
du Sénat et. de la Chambre des Députés ont
dé-igns. avant la prorogation du Parlement,
ua conai'c central éiectoral en vue des éiee-
tions sénatoriales pour le remplacement de la
première série renouvelable.
Le comité central républicain, dans sa der-
nière réunion, à laquelle assistaient MM. Cal-
mon, Eugène Duclerc, Hérold, Alphonse
Pevrat, sénateurs; Léon Renautt, Pas.'al Du-
prat, Lebtond, Emile deGirardin, Louis Blanc
et B.n'odet, a décidé l'envoi aux électeurs sé-
na'oriaux de deux Manifestes.
L'un de ces Manifestes est adresse au nom
des groupes républicains du Sénat; l'autre
( st adressé par les groupes da la gauche de
la Chambre des Députés.
!SEaM!fee)
A MM. les députés, conseillers généraux et
conseillers d'arrondissement des départe-
mens de l'Ariége, Bouches-du-Rhône. Gard.
L Haute-Garonne. Gers. Gironde, Hérault,
IHe-et-Viiaine, Indre, Indr;et-Loire, I~ère,
Jura, Landes, Loir-et-Cher. Loire. Haute-
Loire, Loire-Inférieure, Loiret, Lot, Lot ct-
Garonne, Lozère, Maine-et-Loire, Manche,
Marne, Haute-Marne, Mayenne, Meurthe-
et-Moselle, Meuse, Morbihan. Nièvre, Nord.
Oise, Saûne-et-Loire.
Pa.rip,-le8août'!S78.
t, Chers-coacitoyeos,
Vous devez, au commencement du moîs de
janvier prochain, procéder à la réélection des
soixante-quinze sénateurs apparteni.nt aux
dépMtemens qui composent la deuxième sé-
rie, et pourvoir au remplacement de huit se-
i na.teurs décèdes.
Ces élections auront une importance ex-
ceptionnelle elles influeront d'une façon dé-
cisive sur 1'a.venirdu pays. w
Si depuis trois ans, en enet, la républi-
que a rencontré, dans l'exercice régulier de
son gouvernement, tant de difficultés; tant
de mauvais vouloir, c'est que, la majorité du
Sénat étant réputée ne lui être pas sympa-
thique, ses adversaires avaient la cou fiance
que toutes mesures prises ou proposées en
vue de l'entrav r nu de la détruire seraiert
accueillies avec faveur par cette Assemblée.
C'est ainsi qu'a pu être entreprise l'aven-
ture du 16 mai, aventure qui a échoué de-
vant les répulsions et la résistance tégale du
pays, mais qui pourrait bientôt se renouveler
si à son tour le corps électoral chargé de
nommer le Sénat ne manifestait pas d'une
façon éclatante ses sentimens et ses préfé-
rences.
Sans aucun doute, toute nouvelle tenta-
tive hostile viendrait encore se briser devant
le patriotisme d~ la Chambre des Dépu-
tés et devant la volonté suprême du suf-
frage universel; mais il y aurait là des lut-
tes, dés conflits qui inquiéteraient, agite-
raient le pays, jetteraient l'irritation dans
les esprits, le trouble dans les transactions
et il dépend de vous de les éviter pap le
choix des sénateurs que vous s~rez app'lés
à élire. Aussi, pas de votps de complaisance.
Vous avez des devoirs rigoureux a remplir
et vous i)e devez donner vos suffrages qu'à
des hommes dévoués au régime républicà'n
et résolus à le détendre. Mais, porr éviter les
compétitions de la dernière heure et les
désaccords qu'elles produiraient dans vo~ 1
rai'gs, il importe que vos candidats soient
désignés le plus tôt possible. Vous êtes élec-
teurs de droit, vous êtes les reprérehtaus
l';s plus attitrés de l'opinion publique dans
yos départemens, et il est plus que probable
que les candidatures acceptées par vous se-
ront aussi agréées par )es délégués qu'éliront
les conseils municipaux.
Nous venons donc vous engager à profi-
ter de 1s session prochaine des conseils gé-
néraux pC~ vous réunir au chef-lieu de
votre département, y discuter les titres des
divers candidats, nxer votre choix sur ceux
dont les chance de sucées vous sembleront
les meilleures; pt, une fois tes candidats
choisis, mettant de côté vos préférences per-
sonnelles, à concentre'' sur eux tous vos ef-
forts. La victoire est à ce prix, et vous ne la
compromettrez pas par des divisions qui se-
raient injustiiiables.
Les NtCM~~M ~M ~M'~Mt des ~MC~M
~M~~M~:
CALMON, président du Centre gauc-he;
FÉRAY, BxRNARD, vice-présidens;
Comte RAMPON, BERTAULD, membres du co-
mité
DAUPHIN, HuctUET, secrétaires;
DAUPHiNor, questeur.-
LE RoYER, président de la .Gauche républi-
caine
DucLERC, vice-président;
JULES SIMON, JULES FAVRE, OSCAR DE LA-
FAYETTE, S.ALNEUVE, membres du comité
MALE~s, secrétaire;
HNROLD, questeur; L ·.
TESTELiN, président de l'Union républi-
caine
PEYRAT.PELLETAN, délégués;
SCHEURER-KESTNER, secrétaire.
M~nifeate des dépMtétt.
A MM. les députés, conseillers généraux et
conseillers d'arrondissement de-! départe-
mens da l'Ariége, Bouches-du-Rhône,
Gard, H~ute-Garonno, Gers, Gironde, Hé-
rault, lUe et-Vilaine, ladre Indre-et-
Loi'e, Isère, Jura, Landes, Loir-et-Cher,
Loire, Haute-Loire, Loire-Inférieure, Loiret.
Lot, Lot-et-Garonne, Lozère, Maine-et-Loire,
Manche, Maroe, Haute-Marne, Mayenue.
Meurthe-et-Moselle, Meuse, Morbihan, Niè-
vre, Nord, Oise, Saône-et-Loire:
Paris, le août 1878~
Chers concitoyens,
Les élections sénatoriales auront lieu pro-
chainement il importe que dès à présent
chacun de nous s'en préoccupe et s'y pré-
pare.
Nul doute, en eHet, que le résultat de ces
élections ne doive avoir sur les d stin~es de
notre pays une influence ou très heureuse
ou très funeste.
La république vivra sans doute, quoi qu'il
arrive mais il dépend du choix des sénateurs
a élire que son existence ne soit pas troublëe
par d'incessantes agitations.
Elle aura raison des attaques de ses enne-
mis, c'est certain mais pour qu'elle en
triomphe paisiblement, pour que le progrès
poursuive d'une façon régulière ot calme
son invincible cours, pour que nous ne
soyons plus exposés à ces couûits dont le
moindre inconvénient est de tout paralyser,
pour qu'on eu iinisss avec ces criminelles
tentatives da réaction qui mettaient naguère
la France en émoi et la poussaient sur la
pente des guerres civiles, U faut qu'au Sénat
comme à la Cha.mbre des Députes la majorité
soit républicaine.
Alors, et rien qu'alors, le pays aura, dans
l'harmonie des pouvoirs publics, la garantie
desoeuritédoatilabesom.
L'ordre et la iibeAjLé sont à ce prix.
Rappelons-nous aussi que deux ans seule-
ment nous séparent du 23 novembre~ 880.
Qu'arrivera-t-il à cette époque si criti-
que de notre vie nationale ? La Constitu-
tion sera-t-elle révisée? Si les deux Cham-
bMS décident, par délibérations séparées.
qu'elle doit l'être, comment le sera-t-elle?
Ce sont là des questions de la plus haute gra-
vité. Les indiquer suiSt pour faire com-
prendre combien il est nécessaire que les
deux Chambres soient animées du même es-
prit et marchent vers le même but.
Travaillons donc à établir cet accord sur
des bases durables, par la nomination de sé-
nateurs franchement républicains.
La réunion des conseils généraux fournit
à nos amis des départemens une excellente
occasion de &e concerter à cet égard; qu'ils
ne la laissent pas échapper t
Et n'abandonnons rien à 1 imprévu ne
disons pas: « A demain les affaires sérieu-
ses » C'est aujourdhui, c'est sans retard
que nous devons nous mettre en mesure de
vaincre. Que les ennemis de la république
fassent tant qu'ils voudront parade de leurs
espérances, il ne sera jamais trop tôt pour
leur eu montrer le néant.
Les ~M~~ des ~o'~ <~
CAam~ ~M .Df~f<~
Pour ~E'a~emf
LOUIS BLANC, BARODET;
Pour 1' C'mMM f<~)MMi!C
FLOQUET. EMILE DE GïRARDIN, TiERSOT
Pour la CswcA
LEBLOKD, PASCAL DUPRAT, CAMILLE SÉE
PourleC~M~~MCAe,
LEO~ RENAULT, FRANCK CHAUVEAU.
On nous écrit de Saint-Pétersbourg, I<
19/31 juillet: <
« La conclusion de lapaix a déjà. eu pour ré-
sultat immédiat des mutations importantes
d~ns le personnel du gouvernement, et le
rcmp!acement de M. de Reut~'rn au poste de
ministre des nuances par le générai Greig est
en ce moment l'événement du jour. Ce n'est.
pas que cette retraite et cette nomination
fusseut inattendues ou surprenantes pour
l'opinion publique; au contraire, il .en a été
question à plus d'une reprise depuis nombre
d'années, et la santé ébraniée du ministre n&
faisait que trop prévoir l'urgence de lui
chercher un successeur.
B Depuis l'éclosion de la guerre, entreprise °,
contrairement à ses vœux et à sou opinion. le
bruit que M. de Reutern quitterait son por-
tefeuille dès que la crise serait terminée pre-
nait plus de consistance, et tout le monde
savait qu'il n'était pas d'humeur et ne se
sentait pas la force de sortir des nouveaux
embarras créés par la lutte, et qu'il n'aspirait
qu'àse décharger de son fardeau. En '~net..
1 "'3 seize années durant lesquelles il avait
tenu les rênes des finances n'avaient pas
été une sinécure, et l'héritage reçu des maii~s
de ses prédécesseurs n'était pas facile à gé-
rer. Les assignats, fruit de la malheureuse
campagne do Crimée, encombraient lee
marché monétaire, tandis que les bud-
gets se soldaient en déficit et que
le bouleversement économique causé par
l'émancipation des serfs déroutait tous
)és calculs. L'ancien système de crédit était
abandonné, et le nouveau, dont le besoin se
faisait sentir plus vivement que jamais, était
encore à créer. En même temps on avait re-
connu la nécessité de suppléer aux mauvaises
routes et deraccourcirles immenses distances
entre les diverses parties de l'empire en le ) }
couvrant d'un réseau de chemins de fer, et `
il fallait décider sans retard les questions re-
latives aux procédés à adopter, sans avoir le
temps d'en peser les avantages respectifs. La
tâche imposée au ministre des finances à.
cette époque de transition eût demandé un
homme de génie, et encore lui eût-il été près-
que impossible d éviter les fautes et les er-
reurs. M. de.Reutern, ma)gréson instruction,
ses connaissances économiques et la fermeté
de son caractère froid et méthodique, malgré
sa nature germanique, si opposée à la viva-
cité et à lamobiiité du sang russe, ne peut
prétendre à ce titre, et il n'y a pas iieu de
s'étonner si le fardeau l'a écrasé parfois et
s'il n'a pu atteindre qu'en partie l'objet qu'il
.s'est proposé. Il serait injuste, toutefois, de
s'obstiner à ne regarder que le côté négatif
de l'activité humaine, et d'oublier ce qui a.
été fa.t~, pour ne signaler que les fautes et les
lacunes. L'administration de M. do Reutein
sera toujours liée dans le souvenir de sa, na-
tion à la crépon du réseau ferré qui silionne
aujourd'hui le p~ys et lui ouvre des débou-
chés économiques .inconnus jadis à ce.) le des
banques do commence et de crédit foncier
qui est venue donner à l'industrie un
nouvel essor et en6n -a l'apparition des
budgets en équilibre, se soldant, en excé-
dans. Il est vrai que les dépenses néces-
sitées par la campagne de Turquie ont annulé
ce résultat; mais il n'en a pas moins ~téob'enu
pour plusieurs exercices consécutifs, et la prio-
rité en revient à 'M. de Reutern. A côt6
du succès il y a les échecs, et parmi ces
deroiers la première p!aee appartient in-
contestablement aux tentatives manquées
du rétablissement de la circulation moné-
taire. Les essais d'abolir le cours forcé
et de retirer de la circulation une partie
des assignats qui l'encombrent n'ont pas
abouti, et, ce qui est pis encore, M. de Peu–
tern n'a pas même la consolation de se dire
que, s'il n'a pu guérir le mal, il ce l'a pas
laissé empirer. Par mslh''ut', la situation a
été considérablement aggravée pendant son
administration, et les nouvt'Hes émissions de
papier-monnaie auxquelles il n'a cessé d'a-
voir recours depuis deux ans à peu près ont
fait descendre le rouble à un taux qu'il c'a-
vait jamais atteint jusqu'ici. En même
temps, les impôts, pesant presque exclusive-
ment sur les classés inférieures de la nation,
ne sont plus susceptibles d'augmentation, et
ies ressources vont en diminuant à .mesure
que s'accroissent les charges.
D Aussi faut-il croire que le fardeau dont
vient de se débarrasser M. de Reutern ne pa-
raitrapasiégerà sonsuccesseur.et la tâche qui
incombe désormais au général Greig n'est pas
moins ardue que celle que son prédécesseur
avait entreprise il y a seize ans. Saura-t-il la
mener à bonne fin et po~sède-t-il les aptitu-
des et les qualités requises pour triompher.
des difficultés qui vont l'assiéger de tous les
côtés? C't-st là une question que chacun ré-
sout selon ses prédilections personnelles, 1
n'ayant pas de preuves à citer à l'appui de
son opinion. En effet, la carrière du général
Greig a suivi jusqu'ici une de ces marches
fantastiques et capricieuses dont le mono-
pole appartient exclusivement aux monar-
chies absolues, et où le bon vouloir du sou-
verain tient lieu de toute autre condition
d'avancement et s'il a su conquérir la
popularité par ses qualités personnelles
l'occasion lui a manqué de montrer ses
capacités d'homme d'Etat. Elevé au corps
des pages, il a embrassé d'abord la carrière
mititaire pour l'ë hanger bientôt contre celle
da la marme. on plutôt pour endosser l'uni-
forme de ce ministère. Se bornant à la théo-
rie, il n'a jamais appris la pratique du métier
et a parcouru rapidement les degrés de la hié-
chie, sans être jamais monté sur un vais-
seau. Plus tard, il a été nommé d'emblée ad-
joint du ministre des finances, et, après avoir
occupé ce poste pendant quelque temps, il
a. eu son siège au Conseil de l'empire jusqu'au
jour où il a été appelé à administrer le con-
trôle. Ces passages subits d'un domaine à
l'autre, qui demandent des connaissances spé-
ciales et se trouvent rarement réunies dans
un même individu, n'ont rien d'insolite chez
nous, et le talent supplée souvent aux lacunes
laissées par une préparation insuffisante. Il
se peut donc que la Russie n'ait qu'à s'ap-
plaudir d'un choix qui paraîtrait étrange ail-
leurs~ mais, avant de juger, il faut voir le nou-
veau ministre à l'ceuvre et ne pas oubliât que
MN6ÂMT~
ON S'ABONNE
Me des Prëtres-Saint-Gennain-rAuYerrois, t7.
B'K6BX B9E &'ABO!)nMC!HEM'C
Un an. SixmoM!. Trois moH.
D6partemeiut<. 80 fr. 40 fr. 20 fr.
P&HS. MfF. 36 tf. 186'.
Les! abbnnemens partent des i"
PsM~s, em iBatBmépo. B'W eezt.
Ë~~aW.eEasm@; mm EMMm~B'se ?6 e~a~ i
in~cttdo)B, appty to Caw6e and C°, forei~B sews-
papersotace, l7,Greshamstreet,'G.P.O.;
MSE.B&e:tzy. B5awSsa etG',<,Fmch lane ComMU,
E. C., London SBN. W. iSmKh et Sem,
t86',Strand,'W.C..Ltiadon.
A BraxeUes, a I'Madeleine; dans tes jdosqûes et dans tes bi-
bHotMques des gares <}~ cheisin~de ?)* be~aa; `
A Va!pa.raiso (Gh:U), chex M. Orestea L. Torne~.
JMJMAL BES DEBATS
MAM 6 AMT
~'i~'7C
~S~e..r
OM S'ABONNE
en Belgique, en îtaMe<
dans le Luxembourg, en Turquie,
ea Suisse, en Syrie, en RoTimanie et dans !«
tégenpes du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon,
&n moyen d'une valeur payable à Paris oa de
a&andats-poste, soit internationaux, soit trancaif!.
en Allemagne, en Autr}'che,enRussis,
et dans tous les pay~ du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autye3 pays,
ta? renvoi d'une valeur payaMe~?!*M<
Le< Miaonces sont reca~'
6&MBBB!.B'amehey,tLttm~~S*.
place de la Bourse~
et au buzeau, du Jtbwe, IL,
e;
~n_ ~an_ r_ :3.lnweGm °~
PCMTI~ES ET LITTËMMES
;PAM~ I s
LUNDIS AOUT
<
Pendant que le comité sénatorial des f
droites cherche en vain la voie dans la- f
quelle il doit marcher, .les bureaux des f
gauches du Sénat et de la Chambre des
Députés inaugurent la campagne électo-'
raie par la publication de deux Manifestes ,Î
qui produiront dans Je pays une -vive im- l
pression. Ces deux Manifestes sont con- 1
çus dans le même esprit, ils expriment les 1
mêmes idées, ils semblent même se répé- ]
ter run l'autre de paragraphe en para- (
graphe. La seule différence est dans le 1
style. Ce que les sénateurs disent dans
des.termes dont la fermeté est pour ainsi
dire voilée sous la modération, les dépu-
tés le redisent avec plus~ d'énergie dans
les mots, plus de vigueur dans l'exprès- c
sion. Mais les sentmaens et les idées sont
parfaitement semblables, et c'est avec une
véritable joie que nous le constatons, car
il est heureux pour le pays que cette union
des gauches. qui s'est formée l'année
dernière sous le coup d'un danger com-
mun, et qui a amené la grande vic-
toire .électorale des élections de la
Chambre des Députés, se renouvelle à la
veille de la lutte non moins grave et non
moins déoisive pour l'avenir de nos insti-
tutions nationales des élections pour le
Sénat. Les -conditions du combat n'ont
pointchangé. Les électeurs se trouvent
encore une fois placés entre un groupe
compacte de républicains de toutes nuan-
ces, combattant avec. la même ardeur
pQur la même cause, et une réunion
confuse de partis réactionnaires coalisés
un instant contre l'adversaire commun,
mais n'attendant que l'issue de la cam-
pagne électorale pourse livrer de nou-
veau~ leurs divisions intestines. Le choix
peut-il être douteux? Les électeurs séna-
toriaux, qui sont chargés spécialement
de garantir la. paix .publique,, peuvent-ils
amener par-leurs .v&tes « des luttes, des
conflits qui inquiéteraient, agiteraient
a le pays, jetteraient l'irritation dans les.
? esprits et le trouble dans les trans-
» actions? M-
Les deux: Manifestes des gauches font
ressortir en euet, avec~amême:,éyidence,.
les conséquences qui résulteraient d'un
triomphe des partis réactionnaires. Si la
majorité du Sécaf'n'est point modifiée,
nous serons exposés des aventures du
genre de celle du mai, et cet ordre
moral dont on a. tant parlé, qu'on a mis
quelqu.eMspresqueau-dessus de l'ordre
matériel, disparaîtra définitivement de
notre pays. La..première condition pour
qu'un gouvernement se maintienne et as-
sure en se mamtGmuit à la nation les ga.ra.n-;
tics de tranquillité et de prospérité dont elle
a besoin, c'est qu'une harmonie complète
règne entre les~pouvou'~ publics. Est-ce &
dire que les deux Chambres et le pouvoir
exécutif doivent avoirsur tous les sujets
la même opinion et qu'aucune divergence
ne puisse éclater entre eux sans danger?
A coup- sûr MN. II. est nécessaire, au
contraire, que chacun des pouvoirs de
l'Etat représente plus spécialement une
de ces grandes forces sociales dont l'équi-
libre est la loi des bons gouvernemens.
Mais si ces divergences portent sur lea
questions capitales, si les. uns veulent
renverser les institutions s nattona.les tandis
que les autres sont obUgés de ne songer
qu'à les défendre et do tout sacrifier à. cet
intérêt vita', le péril devient éclatant. Les
réactionnaires n'épargnent rien pour per-
suader aux électeurs sé~toriaux que le
Sénat actuel est la seuLe garantie, non
seulement de l'ordre public, mais en-
core de la stabilité des institutions
républicaines. A les en croire, la répu-
blique serait depuis longtemps perdue si
le Sénat était répubUcain,' parce, que la
Chambre des Députés, se sentant mai-
tresse absolue du pouvoir, irait jusqu'au
bout de ses principes et provoquerait par
là une crise, révolutionnaire immédiate.
Rien de moins exact assurément. Le Sénat
peut rester" tout aussi conservateur qu'il
l'est~uiourd'hu!,tout ça devenant républi-
cain. Mais, quoique conservateur, comme
il serait fermement résolu à congoiider la
république, il vivrait en parfaite harmonie
avec l'autre Chambre. Est-ce que les
partis républicains, qui pont unis de-
puis plus d'un an par un iien si étroit,
ont sacrifié pour cela leurs opinions
individtieUes? En se-gouvernant d'a-
près des principes commune, ils ont con-
servé leurs caractères personnels, ils
p- nt restés Sdèies à leurs programmes par-
ti~Iiers, L'harmonie n'est pas laconfur-
IT" absolue des sentimens et des idées.
F: provient des concessions mutuelles,
d :'tjmproinis qu'on fait facilementiors-;
n!«n <~t d'accot'd sur le fond des choses
et qu'on ne diffère plus que sur les moyens
d'exécution.
Maîtres de la majorité dans les deux
chambre?, les républicains continueront
à sn conduire comme ils le font aujour-
d'hni, et l'on peut être assuré d'avance
qu'ils ne céderont à aucun entraînement
péri!leuy. Le danger n'est pas Ja. Il se-
rait. aa contraire, dans une victoire
d'an'r~rs presque impossible– des par-
tie réactionnaires. Que les membres
dep conseils généraux ctdesconpcilsd'ar-
ïomli'-sement proûtent donc dM excellons
cr.n~ils que leur donnent !es bureaux des
ga~chPpdnSénat. et de la Chambre-dés
Députes La. session prochaine des con-
seils généraux leur fournira une très
bonne occasion pour se réunir au
chef-lieu du département, pour y dis-
cuter les diverses candidatures et pour y
faire un choix devant lequel toutes les pré-
férences personnelles devront s'incliner.
Il serait trop dangereux de se diviser sur
le champ de bataille. C'est à la discipline
que nous avons dû nos éclatans succès de
l'année dernière. Ne laissons pas briser
une force dont nous avons pu apprécier la
puissance. Il faut que tous les groupes
républicains soutiennent les mêmes can-
didats, les candidats qui auront le
plus de chances de succès, car les
élections sénatoriales ayant elles
aussi, une portée plébiscitaire, les
nuances d'opinion doivent s'effacer de-
vant l'intérêt supérieur du maintien et
de la consécration définitive de la répu-
blique. « La victoire est à ce prix a, di-
sent les deux Manifestes. Qui donc vou-
drait sacrifier la victoire commune à des
considérations particulières ?'
BOURSE DE PAMS
Ctature Ie3 8 ioN 5 HMHMe.nntMe.
a o/o
Comptant.~ 72 1/2 76'!SJ.. 212
Fmcour.68212 '7665. /171<2
30/0
Amortissable..
Comptant. 81 35 8)l'i.20./
Fincour.8llS. 812S.10.
4.1/e.e/o
Comptantl0760..10'7'!3 .M
'S 0/0
ComptantlllSO.m~10.
Fm<:Qar.lll'7S.ll)6212 .121/2
PKTn'3 BOURS!! DU SOK.
Emprunt 0/0.< ~il fr. 821/2, 92 1/2, 80.
30/0. 76fr.921/2,77ft-.
BO/Oturc. 1SÛ-.M,40,421/2.
Banque ottomane.. !]33 fr. 12. 1/2, 329 fr, 3-?,
530fr,62.
Egyptiennes 6 0/0.. 262fr.50. 260 [r., 260 fr. 621/2
Hongrois 60/0. 791/16.
Ottomane 1873. M'fr.M.M.
'FëMg~apMe'pf'T~e.
!S<-}"'rj!<~ t~Mp~phiqce dé t'asance H&TM.)
Rome, le 5 août.
A la suite de la réception du rapport sur les
entrevues du prince de Bismarck et de Mgr Ma-
setia, ie'Vatican fait rédiger des instructions
pour le clergé de Prusse.
U pourrait se faire que Mgr Ledochowski re-
tournât, dans le diocèse de Posen.
~gr MaseUa est attendu a Rome. ou il rendra
compte verbalement au Pape du résultat de sa
mis·.ion.
"~nouvelle que Mgr Cxacki doit aller à Saint-
Pétersbourg est controuvéc. < n
Les négociations entre le Vatican et la Russie
ont lieu a Vienne.
Los négociations pour une entente entre le
Vatican et 1 Angleterre sont pour le moment sus-
pendues. par suite des difficultés survenues re-
lativement a la manière de rétablir les relations
et les attributions des représentans respectifs.
Londres, le 5 août.
C/MM~f secrétaire d'Etat au min stère des affaires
étrangères, repondant a M. Denison. dit que te
couvernement a demanda au cabinet de Saint-
Pétersbourg le but. de l'expédition entreprise par
le généra) Kanfmann au sud de l'Oxus. H ajoute
que ceho affaire attire toute l'attention du gou-
vernement.
vernement. Vienne, le K août.
L'~t'?t~'M< antionce que la colonne principale
s'est avancée dans la vallée de ta Bosna, après
avoir surmonté de grandes dtfucultés. Le capi-
taine d'etat-majorMilliukovitch a été envoyé, ie
t" .oût,deDerbentdans!a vaUeedeIaBosnapour
faire une' réconnaissance avec un escadron de
hussards. Il a été partout reçu avec une joie ap-
parente. Ayant appris qu'on organisât la résis-
tance a Z-pce. il s'y est rendu; a t'entrée delà
iocatitë, il a été reçu a coups de fusil et a été
forcé de faire mettre les hussams en ligne de
cataiite.
Reconnaissant Fimpossibibté a'avancer. il a
battu en retraite du coté de Maglai, dont la popula-
tion aouvertun feu des plus vifs sur leshussards
qui ont dû franchir a fond de train le défilé oc-
cupe par dos hommes armés. '!U hussards ont
été'tués. Le reste de l'escadron a rejoint sans en-
combre Favant-garde de l'armce..
Les troupes autrichiennes ont soutenu aussi a
Citlack, en marchant surMostar,un petit combat
contre S~tt hommes qui ont battu en retraite en
laissant des morts et des blessés.
Vienne, le 5 août.
On télégraphie de Metcovitch.Io 4, que, d'après
des avis de Mostar, le mouvement insurrectionnel
a pour but d'expulser les autorités ottomanes
qui se sont montrées impuissantes. Les classés
dirigeantes attendent avec impatience l'arrivée
des Autrichiens. Outre le mute~sanf Rifaat Beg,
on a massacre un cadi. un mufti et un lieutenant-
colonel du nom de Mourad.
Rome, le S août.
On ne sait rien ici de ta nouvelle publiée par
le ~aurait éclaté entre tes consuls itahan et autri-
chien en Honnie.
Le marquis Georges. Pallavicino Tnvu!zio est
mort.
moét, Constantinople, le 4 août, soir.
Le bruit court avec une grande persistance
que l'Angleterre négocie la cession de t'îie de Té-
nedos.
D'apres une dépêche de Constantinople adres-
sée au .Pa~ -A~M, des négociations ont lieu en
ce moment pour la cession de Chio et de Rhodes
a. la France.
On télégraphie de Vienne au ~a~)'~
« Le bruit court qu'un diiférend sérieux s'e~t
élevé entre les consuls autrichien et italien en
Bosnie, ce dernier étant soupçonne de n'avoir
pas é!é étranger aux troubles qui ont éclate dans
cette province.
Bucharest, le 4 août.
Les troupes roumaines commenceront le xO août
à quitter les pomts stratégiques sur lesquels elles
étaient concentrées.
La date de la. remise de la Bessarabie et de ia
prise do possession de la Dobrutscha par les
Roumains ne paraît pas devoir êtr~ nxée avant
que les décisions du Congres aient été ofucieue-
ment communiquées a. la Roumanie.
Athènes, le 3 août, soir.
Des avis de Crète portent que le consul anglais,
'\I. Sandwith, a fait part à l'Assemblée Nationale
que l'Angleterre est disposée à offrir sa média-
tion pour l'amélioration de la loi organique dans
l'île Rome, le 4 août, soir.
Dps meetings en faveur de l'~f's ~'<'<
'u lieu aujourd'hui a Livoume, a Cesena et it
/cllotri.
Aucun incident àsignaler.
LL. MM. quitteront Milan mercredi elles iront
t Venise.
On assure que la Turquie a envoyé a ses agens
iiplomatiques une circutau'e dans laquelle elle
optique les motifs de la convention conclue le
ijuindernier.
Londres, le 5 août.
Le /S<
mnée.
Le MMM publie les nouvelles suivantes
« Constantinopte, le 4. On dément de source
autorisée que le général Kaufmann doive rempla-
cer le général Totleben dans le commandement
sn chef de l'armée russe. &
«Berlin, le lurait, paraît-il, demandé entre autres choses le
rappel des lois contre tes jésuites. On croît que
si l'entente entre l'Allemagne et le Saint-Siège
sst conclue, le Parlement allemand sera dissous
de nouveau.? »
Ce qui nous empêcha le plus souvent
de comprendre les aHaires intérieures de
l'étranger, c'est un goût inné de ce qui est
clair.et simple qui l'emporte parfois sur
l'amour de l'exactitude et nous fait appli-
quer volontiers aux autres peuples le voca-
bulaire politique usité dans nos discus-
sions. Par exemple, à propos des élections
allemandes, on emploie les mots d'opposi-
tion, de gouvernement, de majorité sans les
expliquer, comme s'il y avait .chez nos
voisins un parti qu'il s'agisse de renver-
ser du pouvoir pour mettre un autre à
sa place. Mais ce qui distingue l'Allema-
gne impériale, c'est justement qu'il n'y a
aucun parti de gouvernement, et que la
composition de la majorité parlementaire
y peut varier'sans inconvénient. Une ma-
jorité homogène n'aurait même pas de
raison d'être parce qu'elle ne pourrait pas
trouver son expression dans un cabinet.
Le gouvernement reste ainsi en dehors
et au-dessus de la représentation natio-
nale, et, s'il ne peut pas se passer d'b'.le
pour faire la loi, il n'est cependant pas
conduit par elle en un mot, le nombre
est consulté et respecté dans le nouvel
empire d'Allemagne, .mais il n'est pas
obéi; on l'admet comme lumière et comme
force, mais sans lui reconnaître une vo-
lonté. C'est à peu près l'opposé de ce qui se
passe en France où la sagesse en même
temps que la force rentre constitutionnel-
lement dans' les attributions du sunrage
universel qui devient ainsi le maître du
pouvoir, comme il en est d'ailleurs la-
source. On comprend que des mots nou-
veaux seraient nécessaires pour représen-
ter un ordre de faits si différens mais le
plus simple est de laisser de côté autant
que possible les mots pour serrer do plus
près les réalités que l'on veut étudier.
La puissance impériale ayant sa. base
ailleurs que dans le Parlement et n'étant
pas même obligée, comme en Angleterre,
à se tenir en communion d'idée permanente
avec lui par l'intermédiaire d'un cabinet, on
comprend que le prince de Bismarck, de
sou côté, se soucie peu d'avoir une ma-
jorité homogène qui. sans mieux le servir,
deviendrait facilement une gêne pour lui.
Ce que le chancelier semble donc avoir
cherché principalement dans les dernières
élections, ce sont des élémens nouveaux
pour constituer plus fucilement des ma-
jorités changeantes pour chacune des
grandes questions dont il poursuit la so-
lution. Ainsi se trouve expliquée l'attitude
presque hostile qu'il a affecté de pren-
dre à l'égard des nationaux-libéraux
qui, après avoir été dans sa main un
instrument assez souple et très puis-
sant pour l'organisation administrative,
judiciaire, militaire et religieuse do l'em-
pire, n'eurent plus an. même degré les
mêmes garanties pour sa réforme éco-
nomique et Snancière. Il est vrai qu'en
se séparant des nationaux-libéraux dans
la lutte électorale afin de ramener à lui
une partie des étémens conservateurs et
ultramontains,Ie chancelier n'a pas réussi
àfaireduparti national-libéral un parti d'op-
position. Du reste, il ne pouvait pas désirer
ce résultat, pas plus qu'il ne peut désirer
de gouverner à l'avenir avec une majorité
parlementaire composée exclusivement
d'uliramontains et de conservateurs.
Cette crainte a été exprimée, il e~t
vrai, par des journaux allemands; mais
il faut l'attribuer aux émotions de la
lutte qui troublent la clairvoyance des
hommes les mieux placés en temps ordi-
naire pour juger une situation. Utiliser
comme appoint dans le vote des ré-
formes économiques les élémens réac-
tionnaires, c'est après tout de la bonne
politique; mais s'imaginer que l'on pour-
rait avec eux voter toutes les lois, et
que le parti national-libéral auquel le
pays moyen et la bourgeoisie éclairée
sont restés fidèles pourrait ~tre dépouillé
de sou iaSuence c'est un rêve qu'il
serait injurieux de prêter a. un homme
d'Etat comme le chancelier, dans uu
pays surtout où la force de l'opinion
libérale est en proportion de ce qui
manque aux prérogatives du Parlement.
En réalité, l'inquiétude des nationaux-
libéraux porte sur l'étendue des conces-
sions que le gouvernement pourra faire
aux élémens réactionnaires pour obtenir
leur concours dont il pense avoir besoin.
Cependant ils trouveraient de quoi se ras-
surer dans leur propre expérience qui doit
leur enseigner que le chancelier ne se
livre qu'autant qu'il lui plaît.
Mais pour nous convaincre que la scis-
sion entre le prince de Bismarck et le
pMti libéral.national u'egt pas dans la
nature des choses et que cette apparence
même devra cesser dans le Parlement,
le meilleur moyen est de comparer le
manifeste électoral de. ce parti et le
programme que le gouvernement a pu-
blié dans la (7<~<~oK~:Mcc jp?'opM!CM~
vers la im du mois de juin. Les deux
documens sont semblables par le fond;
la grande différence est que les libé-
raux-nationaux promettent leur con-
cours au gouvernement qui ne le leur
demande pas. Sur toutes les questions
posées, dans les termes généraux où elles
le sont, l'accord existe, et la discussion
ne pourra s'engager que sur l'application.
Le gouvernement veut combattre la dé-
mocratie socialiste, mais les partis libé-
raux ne le veulent pas moins seulement
ils se refusent à compromettre les droits
et les libertés durables et indispensables
de la nation. Les lois d'exception leur ré-
pugnent cependant un de leurs chefs,
M. Lasker, a très bien expliqué par des
exemples dans son discours de Saalfeld
quel genre de concours son parti peut
donner au gouvernement, J'ai voté,
c a-t-il dit, la loi d'expulsion des évê-
B ques parce que c'est une loi de droit
a commun.)) Et, en effet, les évêques n'é-
taient frappés d'expulsion qu'après des
désobéissances formelles à la loi. « Mais
M je n'ai pas voté, a-t-il ajouté, la loi
)) d'expulsion des jésuites, et je ne vote-
)) rai à l'avenir rien qui lui ressemble,
M parce qu'un individu frappé par une
H loi a le droit d'exiger qu'on lui démon-
M tre qu'il est coupable du fait que la loi
» punit. ))
Sur la question de la réforme économi-
que et financière, les nationaux-libéraux
sont prêts aussi à appuyer le gouverne-
ment ils veulent comme lui que l'empire
ait ses finances assurées par un système
d'impôts indirects qui permette de réduire
dans une certaine mesure l'impôt sur
le revenu dans les Etats particuliers
et dans les communes; mais ils de-
mandent en même temps que les droits
constitutionnels des Parlemens alle-
mands soient sauvegardés. Ils se pro-
noncent contre le monopole du tabac;
mais le gouvernement n'a pas pris en-
core ouvertement parti pour ce monopole
et il se rallierait sans doute aussi bien à
l'impôt sur la fabrication. En matière de
douanes, les nationaux-libéraux n'ont pas
de politique bien arrêtée ils sont pour le
principe du libre-échange que le gouver-
nement n'a pas renié, et ils admettent des
tempéramens pratiques comme le prince
de Bismarck en réclame. Sur la question
militaire qui n'est pas abordée dans leur
programme, mais que le nouveau R~ichs-
tag aura. a trancher, les libéraux-natio-
naux pourront voter les demandes du
gouvernement, car quelques uns des leurs
se sont déclarés prêts àrenouveler en 1881
le vote de l'eiîectif de l'armée pour
une durée de sept ans. Enfin, les libé-
raux-nationaux ont eu soin de rappeler
à la fin de leur manifeste le bon vou-
loir qu'ils ont toujours témoigné au gou-
vernement et les importantes conces-
sions qu'ils lui ont faites particulière-
ment dans la..discussion des lois ju-
diciaires. Un tel parti n'est pas, à
coup sûr, un parti d'opposition, et le
prince de Bismarck ne saurait gouverner
sans lui où-contre lui. Si les dernières
évaluations des résultats électoraux sont
exactes, le Parlement se trouvera divisé
en trois grandes fractions environ
)13 conservateurs, ISa libéraux et 100 ul-
tramontains ce qui permettra au chan-
ce!ier de changer son point d'appui
suivant les besoins et sans écarter de
iui systématiquement !es libéraux-natio-
naux. Lesdiscussions auseinduReichstag
seront plus vives et plus fertiles en inci-
dent; mais ce serait une erreur de croire
que les difGcultés du gouvernement gran-
diront beaucoup parce que !a. Chambre
sera plus divisée.
AUGUSTE JACQUOT.
Oa se rappelle que les grou pes de la gauche
du Sénat et. de la Chambre des Députés ont
dé-igns. avant la prorogation du Parlement,
ua conai'c central éiectoral en vue des éiee-
tions sénatoriales pour le remplacement de la
première série renouvelable.
Le comité central républicain, dans sa der-
nière réunion, à laquelle assistaient MM. Cal-
mon, Eugène Duclerc, Hérold, Alphonse
Pevrat, sénateurs; Léon Renautt, Pas.'al Du-
prat, Lebtond, Emile deGirardin, Louis Blanc
et B.n'odet, a décidé l'envoi aux électeurs sé-
na'oriaux de deux Manifestes.
L'un de ces Manifestes est adresse au nom
des groupes républicains du Sénat; l'autre
( st adressé par les groupes da la gauche de
la Chambre des Députés.
!SEaM!fee)
A MM. les députés, conseillers généraux et
conseillers d'arrondissement des départe-
mens de l'Ariége, Bouches-du-Rhône. Gard.
L Haute-Garonne. Gers. Gironde, Hérault,
IHe-et-Viiaine, Indre, Indr;et-Loire, I~ère,
Jura, Landes, Loir-et-Cher. Loire. Haute-
Loire, Loire-Inférieure, Loiret, Lot, Lot ct-
Garonne, Lozère, Maine-et-Loire, Manche,
Marne, Haute-Marne, Mayenne, Meurthe-
et-Moselle, Meuse, Morbihan. Nièvre, Nord.
Oise, Saûne-et-Loire.
Pa.rip,-le8août'!S78.
t, Chers-coacitoyeos,
Vous devez, au commencement du moîs de
janvier prochain, procéder à la réélection des
soixante-quinze sénateurs apparteni.nt aux
dépMtemens qui composent la deuxième sé-
rie, et pourvoir au remplacement de huit se-
i na.teurs décèdes.
Ces élections auront une importance ex-
ceptionnelle elles influeront d'une façon dé-
cisive sur 1'a.venirdu pays. w
Si depuis trois ans, en enet, la républi-
que a rencontré, dans l'exercice régulier de
son gouvernement, tant de difficultés; tant
de mauvais vouloir, c'est que, la majorité du
Sénat étant réputée ne lui être pas sympa-
thique, ses adversaires avaient la cou fiance
que toutes mesures prises ou proposées en
vue de l'entrav r nu de la détruire seraiert
accueillies avec faveur par cette Assemblée.
C'est ainsi qu'a pu être entreprise l'aven-
ture du 16 mai, aventure qui a échoué de-
vant les répulsions et la résistance tégale du
pays, mais qui pourrait bientôt se renouveler
si à son tour le corps électoral chargé de
nommer le Sénat ne manifestait pas d'une
façon éclatante ses sentimens et ses préfé-
rences.
Sans aucun doute, toute nouvelle tenta-
tive hostile viendrait encore se briser devant
le patriotisme d~ la Chambre des Dépu-
tés et devant la volonté suprême du suf-
frage universel; mais il y aurait là des lut-
tes, dés conflits qui inquiéteraient, agite-
raient le pays, jetteraient l'irritation dans
les esprits, le trouble dans les transactions
et il dépend de vous de les éviter pap le
choix des sénateurs que vous s~rez app'lés
à élire. Aussi, pas de votps de complaisance.
Vous avez des devoirs rigoureux a remplir
et vous i)e devez donner vos suffrages qu'à
des hommes dévoués au régime républicà'n
et résolus à le détendre. Mais, porr éviter les
compétitions de la dernière heure et les
désaccords qu'elles produiraient dans vo~ 1
rai'gs, il importe que vos candidats soient
désignés le plus tôt possible. Vous êtes élec-
teurs de droit, vous êtes les reprérehtaus
l';s plus attitrés de l'opinion publique dans
yos départemens, et il est plus que probable
que les candidatures acceptées par vous se-
ront aussi agréées par )es délégués qu'éliront
les conseils municipaux.
Nous venons donc vous engager à profi-
ter de 1s session prochaine des conseils gé-
néraux pC~ vous réunir au chef-lieu de
votre département, y discuter les titres des
divers candidats, nxer votre choix sur ceux
dont les chance de sucées vous sembleront
les meilleures; pt, une fois tes candidats
choisis, mettant de côté vos préférences per-
sonnelles, à concentre'' sur eux tous vos ef-
forts. La victoire est à ce prix, et vous ne la
compromettrez pas par des divisions qui se-
raient injustiiiables.
Les NtCM~~M ~M ~M'~Mt des ~MC~M
~M~~M~:
CALMON, président du Centre gauc-he;
FÉRAY, BxRNARD, vice-présidens;
Comte RAMPON, BERTAULD, membres du co-
mité
DAUPHIN, HuctUET, secrétaires;
DAUPHiNor, questeur.-
LE RoYER, président de la .Gauche républi-
caine
DucLERC, vice-président;
JULES SIMON, JULES FAVRE, OSCAR DE LA-
FAYETTE, S.ALNEUVE, membres du comité
MALE~s, secrétaire;
HNROLD, questeur; L ·.
TESTELiN, président de l'Union républi-
caine
PEYRAT.PELLETAN, délégués;
SCHEURER-KESTNER, secrétaire.
M~nifeate des dépMtétt.
A MM. les députés, conseillers généraux et
conseillers d'arrondissement de-! départe-
mens da l'Ariége, Bouches-du-Rhône,
Gard, H~ute-Garonno, Gers, Gironde, Hé-
rault, lUe et-Vilaine, ladre Indre-et-
Loi'e, Isère, Jura, Landes, Loir-et-Cher,
Loire, Haute-Loire, Loire-Inférieure, Loiret.
Lot, Lot-et-Garonne, Lozère, Maine-et-Loire,
Manche, Maroe, Haute-Marne, Mayenue.
Meurthe-et-Moselle, Meuse, Morbihan, Niè-
vre, Nord, Oise, Saône-et-Loire:
Paris, le août 1878~
Chers concitoyens,
Les élections sénatoriales auront lieu pro-
chainement il importe que dès à présent
chacun de nous s'en préoccupe et s'y pré-
pare.
Nul doute, en eHet, que le résultat de ces
élections ne doive avoir sur les d stin~es de
notre pays une influence ou très heureuse
ou très funeste.
La république vivra sans doute, quoi qu'il
arrive mais il dépend du choix des sénateurs
a élire que son existence ne soit pas troublëe
par d'incessantes agitations.
Elle aura raison des attaques de ses enne-
mis, c'est certain mais pour qu'elle en
triomphe paisiblement, pour que le progrès
poursuive d'une façon régulière ot calme
son invincible cours, pour que nous ne
soyons plus exposés à ces couûits dont le
moindre inconvénient est de tout paralyser,
pour qu'on eu iinisss avec ces criminelles
tentatives da réaction qui mettaient naguère
la France en émoi et la poussaient sur la
pente des guerres civiles, U faut qu'au Sénat
comme à la Cha.mbre des Députes la majorité
soit républicaine.
Alors, et rien qu'alors, le pays aura, dans
l'harmonie des pouvoirs publics, la garantie
desoeuritédoatilabesom.
L'ordre et la iibeAjLé sont à ce prix.
Rappelons-nous aussi que deux ans seule-
ment nous séparent du 23 novembre~ 880.
Qu'arrivera-t-il à cette époque si criti-
que de notre vie nationale ? La Constitu-
tion sera-t-elle révisée? Si les deux Cham-
bMS décident, par délibérations séparées.
qu'elle doit l'être, comment le sera-t-elle?
Ce sont là des questions de la plus haute gra-
vité. Les indiquer suiSt pour faire com-
prendre combien il est nécessaire que les
deux Chambres soient animées du même es-
prit et marchent vers le même but.
Travaillons donc à établir cet accord sur
des bases durables, par la nomination de sé-
nateurs franchement républicains.
La réunion des conseils généraux fournit
à nos amis des départemens une excellente
occasion de &e concerter à cet égard; qu'ils
ne la laissent pas échapper t
Et n'abandonnons rien à 1 imprévu ne
disons pas: « A demain les affaires sérieu-
ses » C'est aujourdhui, c'est sans retard
que nous devons nous mettre en mesure de
vaincre. Que les ennemis de la république
fassent tant qu'ils voudront parade de leurs
espérances, il ne sera jamais trop tôt pour
leur eu montrer le néant.
Les ~M~~ des ~o'~ <~
CAam~ ~M .Df~f<~
Pour ~E'a~emf
LOUIS BLANC, BARODET;
Pour 1' C'mMM f<~)MMi!C
FLOQUET. EMILE DE GïRARDIN, TiERSOT
Pour la CswcA
LEBLOKD, PASCAL DUPRAT, CAMILLE SÉE
PourleC~M~~MCAe,
LEO~ RENAULT, FRANCK CHAUVEAU.
On nous écrit de Saint-Pétersbourg, I<
19/31 juillet: <
« La conclusion de lapaix a déjà. eu pour ré-
sultat immédiat des mutations importantes
d~ns le personnel du gouvernement, et le
rcmp!acement de M. de Reut~'rn au poste de
ministre des nuances par le générai Greig est
en ce moment l'événement du jour. Ce n'est.
pas que cette retraite et cette nomination
fusseut inattendues ou surprenantes pour
l'opinion publique; au contraire, il .en a été
question à plus d'une reprise depuis nombre
d'années, et la santé ébraniée du ministre n&
faisait que trop prévoir l'urgence de lui
chercher un successeur.
B Depuis l'éclosion de la guerre, entreprise °,
contrairement à ses vœux et à sou opinion. le
bruit que M. de Reutern quitterait son por-
tefeuille dès que la crise serait terminée pre-
nait plus de consistance, et tout le monde
savait qu'il n'était pas d'humeur et ne se
sentait pas la force de sortir des nouveaux
embarras créés par la lutte, et qu'il n'aspirait
qu'àse décharger de son fardeau. En '~net..
1 "'3 seize années durant lesquelles il avait
tenu les rênes des finances n'avaient pas
été une sinécure, et l'héritage reçu des maii~s
de ses prédécesseurs n'était pas facile à gé-
rer. Les assignats, fruit de la malheureuse
campagne do Crimée, encombraient lee
marché monétaire, tandis que les bud-
gets se soldaient en déficit et que
le bouleversement économique causé par
l'émancipation des serfs déroutait tous
)és calculs. L'ancien système de crédit était
abandonné, et le nouveau, dont le besoin se
faisait sentir plus vivement que jamais, était
encore à créer. En même temps on avait re-
connu la nécessité de suppléer aux mauvaises
routes et deraccourcirles immenses distances
entre les diverses parties de l'empire en le ) }
couvrant d'un réseau de chemins de fer, et `
il fallait décider sans retard les questions re-
latives aux procédés à adopter, sans avoir le
temps d'en peser les avantages respectifs. La
tâche imposée au ministre des finances à.
cette époque de transition eût demandé un
homme de génie, et encore lui eût-il été près-
que impossible d éviter les fautes et les er-
reurs. M. de.Reutern, ma)gréson instruction,
ses connaissances économiques et la fermeté
de son caractère froid et méthodique, malgré
sa nature germanique, si opposée à la viva-
cité et à lamobiiité du sang russe, ne peut
prétendre à ce titre, et il n'y a pas iieu de
s'étonner si le fardeau l'a écrasé parfois et
s'il n'a pu atteindre qu'en partie l'objet qu'il
.s'est proposé. Il serait injuste, toutefois, de
s'obstiner à ne regarder que le côté négatif
de l'activité humaine, et d'oublier ce qui a.
été fa.t~, pour ne signaler que les fautes et les
lacunes. L'administration de M. do Reutein
sera toujours liée dans le souvenir de sa, na-
tion à la crépon du réseau ferré qui silionne
aujourd'hui le p~ys et lui ouvre des débou-
chés économiques .inconnus jadis à ce.) le des
banques do commence et de crédit foncier
qui est venue donner à l'industrie un
nouvel essor et en6n -a l'apparition des
budgets en équilibre, se soldant, en excé-
dans. Il est vrai que les dépenses néces-
sitées par la campagne de Turquie ont annulé
ce résultat; mais il n'en a pas moins ~téob'enu
pour plusieurs exercices consécutifs, et la prio-
rité en revient à 'M. de Reutern. A côt6
du succès il y a les échecs, et parmi ces
deroiers la première p!aee appartient in-
contestablement aux tentatives manquées
du rétablissement de la circulation moné-
taire. Les essais d'abolir le cours forcé
et de retirer de la circulation une partie
des assignats qui l'encombrent n'ont pas
abouti, et, ce qui est pis encore, M. de Peu–
tern n'a pas même la consolation de se dire
que, s'il n'a pu guérir le mal, il ce l'a pas
laissé empirer. Par mslh''ut', la situation a
été considérablement aggravée pendant son
administration, et les nouvt'Hes émissions de
papier-monnaie auxquelles il n'a cessé d'a-
voir recours depuis deux ans à peu près ont
fait descendre le rouble à un taux qu'il c'a-
vait jamais atteint jusqu'ici. En même
temps, les impôts, pesant presque exclusive-
ment sur les classés inférieures de la nation,
ne sont plus susceptibles d'augmentation, et
ies ressources vont en diminuant à .mesure
que s'accroissent les charges.
D Aussi faut-il croire que le fardeau dont
vient de se débarrasser M. de Reutern ne pa-
raitrapasiégerà sonsuccesseur.et la tâche qui
incombe désormais au général Greig n'est pas
moins ardue que celle que son prédécesseur
avait entreprise il y a seize ans. Saura-t-il la
mener à bonne fin et po~sède-t-il les aptitu-
des et les qualités requises pour triompher.
des difficultés qui vont l'assiéger de tous les
côtés? C't-st là une question que chacun ré-
sout selon ses prédilections personnelles, 1
n'ayant pas de preuves à citer à l'appui de
son opinion. En effet, la carrière du général
Greig a suivi jusqu'ici une de ces marches
fantastiques et capricieuses dont le mono-
pole appartient exclusivement aux monar-
chies absolues, et où le bon vouloir du sou-
verain tient lieu de toute autre condition
d'avancement et s'il a su conquérir la
popularité par ses qualités personnelles
l'occasion lui a manqué de montrer ses
capacités d'homme d'Etat. Elevé au corps
des pages, il a embrassé d'abord la carrière
mititaire pour l'ë hanger bientôt contre celle
da la marme. on plutôt pour endosser l'uni-
forme de ce ministère. Se bornant à la théo-
rie, il n'a jamais appris la pratique du métier
et a parcouru rapidement les degrés de la hié-
chie, sans être jamais monté sur un vais-
seau. Plus tard, il a été nommé d'emblée ad-
joint du ministre des finances, et, après avoir
occupé ce poste pendant quelque temps, il
a. eu son siège au Conseil de l'empire jusqu'au
jour où il a été appelé à administrer le con-
trôle. Ces passages subits d'un domaine à
l'autre, qui demandent des connaissances spé-
ciales et se trouvent rarement réunies dans
un même individu, n'ont rien d'insolite chez
nous, et le talent supplée souvent aux lacunes
laissées par une préparation insuffisante. Il
se peut donc que la Russie n'ait qu'à s'ap-
plaudir d'un choix qui paraîtrait étrange ail-
leurs~ mais, avant de juger, il faut voir le nou-
veau ministre à l'ceuvre et ne pas oubliât que
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