Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-07-19
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Description : 19 juillet 1878 19 juillet 1878
Description : 1878/07/19. 1878/07/19.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ÉDITION DE PARIS.
\iwedi t» mm
MM.
HM1W 19 JUILLET
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nu dos Pretres-Saint-Germain-l'Auxerrols, n.
raa bb fc'ABOîwœirajmr
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POLITIQUES Et LITTÉRAIRES
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«I aa bureau du JfOCBMÀLj t
«UtidûlfttttouiOTira être agreet* parla rM»ct)6*.
PARIS
JEUDI 18 JUILLET
Nous avons publié le texte du traité de
Berlin c'est un document qui est bon à
conserver et sur lequel nous reviendrons
sans doute plus d'une fois. Pour aujour-
d'hui, nous n'avons rien à en dire. Nos
lecteurs en connaissent non seulement
l'ensemble, mais les détails; ils ont as-
sisté à la lente et laborieuse élaboration
de ce traité; ils en ont pénétré tous
les mystères. On sait que le premier
soin des plénipotentiaires, àussilôt après
leur réunion dans le palais Radziwill,
a été de déclarer qu'ils garderaient le
secret le plus absolu sur leurs déli-
bérations Us se sont certainement effor-
cés de tenir leur promesse, mais nous vi-
vons dans un temps où les murs même
ont des oreilles, et le secret de sept puis-
sances, quelquefois même de deux seule-
mentj devientbientôteeluide toutlemonde.
Ce qui est certain, c'est que jamais Con-
grès plus que celui de Berlin n'a été
ténu dans Une maison de verre les jour-
naux de tous les pays ont suivi pas à pas
ses délibérations, et la publication du
traité montre que la presse a été bien
informée. Que valait donc le conseil de nos
cônfirères qui nous disaient avec une pru-
dence un peu scandalisée Attendez que
le traité soit publié vous ne savez pas
en ce moment de quoi il s'agit? 't
Voulaient-ils parler de la convention
anglo-turque du 4 juin, qui a été en quel-
que sorte administrée au Congrès in ex-
tremis? Dans ce cas, il faudrait leur ren-
dre justice la convention anglo-turque a
été conclue en dehors du traité de Ber-
lin, mais elle s'y ajoute naturellement et
en change complètement la signification.
Pris en lui-même, le traité de Berlin a
un caractère particulier qui le dislingue
de tous ses devanciers il appartient à
une situation diplomatique toute nou-
velle. Les puissances, aujourd'hui,, se
réiuriVsent encore pour chercher à
résoudre une question d'après leurs in-
térêts; commuas mais il semble qu'elles
s'inspirent du précepte de Voltaire Glis
séz mortel?, n'appuyez pas Rien n'a
"été précise, ni définitivement résolu dans
le traité de Berlin, Tout y porte le ca-
ractère de l'inachevé et du provisoire, lcs
solutions n'y sont pas nettement indi-
quées • elles sont tout au plus légèrement
e?qiris*ée*. Lorsque le Congrès a pris une
décision qui pouvait avoir l'air d'engager
ménir, lorsqu'il a, par exemple, poussé
l'Autriche dans l'Herzégovine et dans la
Bosnie, il a eu soin de donner à ce fait
une apparence purement temporaire.
Depuis quelques années au lieu d'é-
crire l'histoire on fait des Essais his-
toriques celle tendance d'esprit, qui
pppartjent en propre à noire temps,
se manifeste partout. Les Congres ne
font pas des traités, ils font des essais
de traités, et la conclusion naturelle de
leurs travaux est que les choses seront
Mnsi, mais qu'elles pourraient être autre-
inent que le présent est confus, que 1 ave-
nir est inconnu, qu'il faut vivre philoso-
phiquement au jour la journée, ne pas trop
crWë qu'une chose quelconque soit défi-
nitivement arrivée, et penser à part soi
Ouï vivra verra! Le Congrès donc, sentant
)ïîèu qu'il ne travaillait ni sur le bronze
ni sur le marbre, mais peul-être sur lé
sablé, ne s'est pas donné la peine de bu-
riner ses résolutions. Lorsquon lit le
traité de Berlin, or. est frappé de la quan-
ti prodigieuse de questions qui restent
en suspens, et dont le règlement est
abandonné soit à des commissions,, soit
au hasard dés événemens futurs. Nous
ne parlons pas, bien entendu des
questions de frontières; elles sont
tôuioUTs réservées, pour les détaris,
£ des commissions, spéciales mais
l'orgamsation des diverses principau-
tés'' et provinces, mais les conditions
dans lesquelles doit vivre et se dévelop-
per la Roumélie orientale, mais la nature
de l'occupation autrichienne dans 1 Her-
zégovine et la Bosnie; tout enfin est laissé
dans un vague nébuleux. Nous, sommes
en présence d'une de ces créations qui,.
euWant le' mot dés Allemands, sont en-
core dans le devenir. Que' deviendront-
elles"? Comment se développeront ces ger-
mes divers? Nui ne le sajt, nul n'a ose
le "prévoir. Le Congrès– et il abien fait
s refusé de consacrer son œuvre parlaga-
yantie collective des puissances. Comment
sarântii^oUr vingt ans, pour dix ans.ou
«OUF moins encore une œuvre qui n est
mie commencée, qui est à peine degros-
hil n'apas encore reçu lesoufflede vie?
k qû'est-ellc, au fond, cette œuvre .évi-
demment provisoire? Un essai, un essai de
vM&ftf l'empire ottoman. On a assigné
àdîàquè puissance.'en vnede la liquidation
future, le champ encore mal délimité où
elle doit établi'' son influence et fixer ses
intérêts: Pefsoonô n'a rien pris formelle-
ment, mais on peut deviner ce que cha-
cun prendra ou compte, prendre lorsque
le iour sera venu. Il n'amait tenu sans
doute qu'à la France et à l'Italie de pren^
dre aussi quelque chose; elles ne lont
point voulu, et il faut les en féliciter au
iom de la morale et peut-être aussi de la
véritable habileté.
,Tel est, croyons-nous, le caractère es-
sentiellement instable du traité de Berlin.
Nous /vons dit plus haut qu'un pareil
-«- i.
traité n'avait pas de précédens, et nous nous
sommes peut-être trompés, car il n'y à
rien de nouveau sous le soleil. Nous ne
pensions plus au traité ,de Zurich, ce
traité mort-né qui avaiï arrangé d'Une
manière si ingénieuse la Confédéra-
tion italienne, et qui a vécu exac-
tement le temps qu'il a fallu pour
l'écrire. Chacune des puissances signa-
taires avait in petto des vues bien
différentes de celles qu'elle avouait osten-
siblement. Le travail de la nature a repris
son cours et a emporté l'œuvre artificielle
des diplomates. Il' est possible, et il est
surtout désirable que les choses en
Orient soient plus lentes à se développer;
mais elles se développeront dans un
sens inéluctable, et, un jour plus bu
moins lointain, les puissances signataires
se trouveront en conflit en vertu de leurs
intérêts divergens: M. de Bismarck â
constaté ces divergences qui né per-
mettaient pas aux puissances de revêtir
le traité d'une garantie collective. Com-<
ment la Russie, comment l'Autriche, com-
ment l'Angleterre, commenfc^la^GMe-
même auraient-elles pris avec sincérité
l'engagement de maintenir ce qui venait
d'être résolu, mais résolu dans des termes
si peu nets? Non, chacune de ces puis-
sances n'avait qu'une chose à faire, et
qui était, en partant du point que le
traité lui assignait, de pourvoir à la
conservation de Ses intérêts propres. De là
est née la convention du 4 juin. De là
viennent les perplexités qu'éprouve en ce
moment l'Autriche pour savoir si elle
doit oui ou non imiter la conduite de
l'Angleterre. Ces conventions ou stipula-
tions hors Congrès sont autrement sé-
rieuses que celles qui ont été si faible-
ment esquissées au palais Radziwill. Reste
à savoir si l'Autriche saura se décider,
et même si l'Angleterre saura persé-
vérer. Le cabinet tory qui est en ce mo-
ment aux affaires est capable sans
doute d'une .résolution suivie mais
durera-t-al assez longtemps pour affermir
son œuvre ? Ses. successeurs continue-
ront-ils ce qu'il a entrepris? Voilà ce qu'il
importe de connaître et ce que nous ne
saurons qu'au bout de quelques années,
lorsque l'occupation de Chypre et le pro-
tectorat de l'Asie-Minèure auront fourni
des carrières à un assez grand nombre de
cadets et provoqué un mouvement écono-
mique assez considérable pour être de-
venu une affaire vraiment nationale chez
nos voisins d'outre-Mânche.
En attendant, nous le répétons, l'accent
de la situation actuelle, si l'on peut parler
ainsi, doit être mis non pas sur le traité
de Berlin, mais sur la convention du
4 juin, et, sur le mouvement diplo-
matique dont elle pourrait être l'origine,
de même que dans la convention
l'accent doit être mis non pas sur
l'occupation de Chypre, mais, sur l'al-
liance défensive entre l'Angleterre et la
Porte. Quant au traité de Berlin, c'est
une œuvre en grande partie académique
dont on peut dire beaucoup de bjen et
beaucoup de mal, et tout le bien" qu'on
en peut dire se trouve dans la dé-
pêche du marquis de Salisbury que nous
publions plus loin. Le marquis, de Salis-
bury, dans lequelle ministre n'a pas éteint
le publioiste, se montre très sensible aux
critiques de la presse du continent qui lui
a reproché de s'être écarté des principes
de sa circulaire du l01' avril, et, pour réfu-
ter ce reproche, il fait ressortir avec beau-
coup d'adressé tout ce que la diplomatie
anglaise a obtenu au Congrès et par le
Congrès, et il s'efforce de montrer que
les résultats acquis sont à peu près
conformes au programme qu'il avait
exposé dans la circulaire en question.
Soit! nous- ne chicanerons pas l'An-
gleterre sur les avantages qu'on lui a con-
cédés et qu'elle a eu le bon esprit de se
garantir elle-même par la convention du
•1 juin. Il serait facile toutefois, après
avoir mentionné les points forts du traité,
de rappeler les points faibles la Russie
établie sur le' Danube la création- hy-
bride et peu viable dé la Roumélie
orientale le pouvoir politique et mili-
taire de la Porte limité par des sti-
pulations qui né brillent pas toujours par
le bon sens et par l'esprit pratique, etc.
Et l'abandon de la Grèce L'Angleterre
a-t-elle oublié les engagemens solennels
qu'elle a pris autrefois au sujet de la
Grèce ? Qui est-ce qui a mis à l'ordre du
jour la question grecque, si ce n'est l'Angle-
terre ? Est-ce aussi un grand triomphe di-
plomatique que d'avoir posé la question
et de ne l'avoir pas résolue? Il est vrai
I que sur ce point rien n'est terminé, et
l'Angleterre se réserve sans dou te d'aboutir
à l'accomplissement complet de son pro-
gramme primitif. Pour nous, nous en se-
rions fort aises, et après avoir constaté ces
lacunes dans la victoire anglaise, nous
serions heureux de les voir combler.
Télégraphle privée.
{Sarrict télégraphique de l'agença Havu:)
Londres, le 18 juillet.
La municipalité de Londres a décidé d'accor-
der la franchise municipale au comte de Beacons-
fleld et au marquis de Salisbury.
Les titres leur sont remis dans un étui d'or.
La municipalité a voté une somme de 62,500 tr.
pour un .hanq-uet en Uhonneur des deux plénipo-
tentiaires.
Constaiitinople, le 1S juillet.
On semble considérer ici une lutte avec la
Grèce comme inévitable. L'insurrection grecque
sur les frontières de la Thessilie et oh Epire re-
prend une nouvelle vigueur, etdn assure que sur
>ïu sieurs points dés troupes grecques régulières
ont franchi la frontière pour se joindre aux in-
surgés.
Constantinople, le 17 juillet,
• i h. 30 in. soir.
Hier soir, l'amiral Hassan Pacha est parti pour
Vôlb avec des navires cuirassés et dés trans-
ports chargés de troupes.
Ghazi Osman Pacha reste à Cbnstantinople;
Constantinople, le 17 juillet.
Rechad Pacha remplace Saoas Pacha comme
haut commissaire dans le Rhodopé.
Il n'y a encore rien de déiiniMf relativement à
la convention autrichienne. Les négociations se
poursuivent à Vienne et à Constantinople.
Constantinople, le 18 juillet.
TJn .conseiller d'Etat a été envoyé en, mission
dans le Kurdistan pour s'occuper dés réformes à
introduire dans cette province.
Un nouvel envoi de troupes .sur les frontières
de. Grèce aura lieu prochainement.
Athènes, le 17 juillet, 6 h. soir.
La Chambre est convoquée pour le 12 août.
Le ministère sera complété demain ou après-
demain.
M. pelyànnis, actuellement à Londres, repar-
tira prochainement pour Athènes et visitera; en
passant, Paris et Rome.
Berlin, le 18 juillet.
Le prince Gortchakofï est retourné à Sàint-
Pét*r#bourg. Le prince Bismarck et !a princesse
sa femme sont, arrivés hier soir à Kissingën, où
ils ont reçu un accueil enthousiaste.
Rome, lé 18 juillet.
Les nouvelles de la démission du comte Gorli^
de -l'arrivée à Rome du général de Robilant et de
l'envoi d'une escadre italienne dans le Levant ne
reposent sur aucun fondement.
La Haye, le 18 juillet.
La Chambre des Députés a adopté, par 82 voix
contre 30, le projet révisant la loi sur l'ensei-
gnement primaire, après cinq semaines de dis-
cussion.
BOURSE DE PARIS «
Clôtnfre le 17. le 18. Hausse. Baisse.
8 QiUï
Comptant, n 10 .f.v 77 23 15 •• ./•
Fin cour; 17 52 1.2 77 50 2 1/2
9 O/O
AmûTtîssable.
Comptant. 85 80 "83 65 i. 1 83
Fin cour. 84 80 83 55 ̃• 1 25-v/.
4'i/« O/4> ̃̃ '̃̃'
Comptant ùO 30 .7. 108 l KO .#̃, ̃/•
S O/O
Comptant tl4 60 114 40 .>. 20 .(
Fin cour. 114 97 1 2 114 Ï5 42 1 2
ÇEXITB BOTJRSB DTJ SOIR.
Emprunt S 0/0..V.. 114 fr. 62 4/2, 85, 65.
3 0/0. 77fr. 62 1/2, 55, 57 1/2.
3 0/0 amortissable. 83 fr. 50. •
5 0/0' turc. 16 fr. 85, 90, 95.
Banque ottomane.. 528 fr., 526 fr., 87 1/2.
̃ Lots 69 fr.1.
Ottomane 1873.. •̃ lût fr. 25, 101 fr.
Egyptiennes 6 0/0- 275 fr.
-n~H
Aussitôt que la nouvelle du. traité du
4 juin qui donnait Chypre à l'Angleterre
eut été divulguée, les. Anglais, en leur
qualité de gens pratiques, se sont
mis à supputer ce que cette affaire
pouvait valoir tout au juste, et dès le
premier moment, au' milieu de l'assenti-
ment général qui a accueilli la nouvelle
de l'acquisition de Chypre, il s'est pro-
duit quelques critiqués qui paraissent as-
sez fondées. Personne ne prétend nier
l'immense, importance de celte île comme
position stratégique, mais on fait beau-
coup d'objections relativement à son cli-
mat. Exposée du côté du nord aux vents
froids de la Caramanie et du Taurus, et
du côté de l'est au siroco brûlant de la
Syrie, elle souffre, en été, d'une chaleur
intolérable, tandis que l'hiver n'y est, en
général, qu'une tourmente continuelle
pendant laquelle toutes les rivières se
changent en torrens. On ajoute que, par
suite de l'absence de toute culturelle sol y
èstcouvertde marécages qui donnent nais-
sance à des fièvres mortelles.il paraît,
aussi que les diverses rades sont en fort
mauvais état. Dans la séance de la Cham-
bre des Communes du 11 juillet, M. Sa-
muelson a appelé sur ce point l'attention
du gouvernement. Il a demandé au chan-
celier de l'Echiquier s'il était yraî qu'il lût
souvent impossible aux bâtimens à vapeur
d'y aborder sûrement. Il a signalé, d'autre
part, le fait suivant, que depuis 1870 les
récoltes avaient été constamment insuffi-
santes, et que le gouvernement turc avait
été obligé de dépenser de grandes sommes
d'argent pour nourrir la population Enfin
il a prié sir Stàfford Northeote de dire à
la. Chambre si le gouvernement s'é
tait rendu compte, avant de conclure
9où marché avec la Turquie, des dépen-
ées que lui coûterait sa nouvelle acquisi-
tion. Il s'est produit à ce sujet un inci-
dent assez curieux. TJn membre de la
Chambre (sir John Goldsmid), qui doit
être d'une' nature légèrement sceptique, a
posé la question suivante qui a provoqué
les rires de la Chambre, mêlés de quel-
ques applauttissemèns « Y a-t-il, oui ou
non, actuellement dans l'île de Chypre un
seul port? » A quoi le secrétaire de l'A-
mirauté; M. "Egerton, a répondu « A
parier strictement, il n'y en a point; mais
on y trouve trois ancrages fort beaux
{Urée vèry fdir anchovages), où il est en
tout temps possible de débâïquer. »
Il est certain que les trois ports àut-
quels M Egerton fait allusion, si toute-
fois on peut leur donner déjà ce nom, exige-
ront de grandes réparations pour être mis
à la hauteur des nécessités actuelles de la
navigation. Ceux de Larnaca, résidence des
consuls étrangers, sur la côte sud-est, et
Limasol, sur la côte sud, les deux seules-
villes fî oïissautes de t*île de Chypre, devront
être améliorés. Quant à Famagosta, bâ-
tiô près des ruines de l'ancienne Sala-
mine, et qui était, dii temps de la domi-
nation vénitienne, une cité .riche et pros-
père, avec une bonne forteresse, capable
de soutenir, en 1571, uû siège de près
d'un an contre les Turcs, ce n'est plus
qu'une misérable bourgade avec quelques
remparts tombant en poussière sur un
soi Sablonneux. Il faudra approprier ces
places maritimes non seulement au ser-
vice naval, mais encore au service mili-
taire, et y construire des casernes pour le
corps d'occupation. Actuellement, ces trois
ancrages se trouvent dans la situation
suivante celui de Limasol a de 11 à
22 mètres de profondeur; c'est de cet en-
droit qu'estembarquéelaplusgrandepartie
du vin exporté de Chypre. A Larnaca, la
profondeur est de 33 mètres environ. Lé
troisième ancrage, voisin de Famagosta,
présente une profondeur de 1 à 18 mè-
tres. C'est, du reste, la station la plus
sûre pendant l'hiver.
(J Outre les travaux d'appropriation des
ports, le gouvernement anglais sera obligé
d'établir tout un système de voies et
communications dans l'intérieur de l'île
routes de terre et chemins de fer ce sera
peut-être là la plus grande nécessité à
laquelle il faudra pourvoir. Cette question
se rattache intimement à celle des com-
munications de l'Angleterre avec son
grand empire de l'Inde. Là possession de
Chypre donne à l'Angleterre la clef du
golfe de Scahderoun (ancienne Aléxân-
drette), ville qui est destinée à tenir une
place importante dans le système des
voies ferrées qui doivent un jour relier
la vallée de l'Euphrate, la Syrie, l'Asie-
Mnieurë et Constantinople aux chemins
de fer du continent européen. On sait que
ce -problème est depuis longtemps étu-
dié en Angleterre-, 'et il est certain
qu'on va plus que jamais chercher à en
obtenir la solution. Posé il y après de
trente ans par sir Macdonald Stephenson,
n'est déjà résolu aux deux extrémités de la
Jignë qui doit «nir Londres à Calcutta.
D'une part, en effet, Constantinople est
déjà reliée aux grandes capitales de l'Eu-
rope et, d'autre part, il y a tout un en-
semble de voies qui rattachent l'ex-
trémité de l'Inde anglaise à la province
de Moullan, comprise dans la val-
iée de l'Iudus. Dans le plan soumis
en 1872 à la Chambre des Communes,
la ligne proposée devait prendre la di-
rection qui suit Partant de Scutari
d'Asie, elle devait ou bien suivre la route
postale d'Erzeroum par Tokat; rendez-
vous de nombreuses caravanes, ou se di-
riger, par Angora et Sivas, sur Diarbékir;
la première ligne, celle d'Erzeroum, serait
continuée par tauris et Téhéran sur Hé-
rat et Quetta, à travers le défilé de Bo-
lan après quoi, elle irait se joindre aux
lignes de l'IIiadoustan. La seconde, celle
de Diarbékir, descendrait à Mossoul et à
Bagdad jusqu'à Bassora, où elle attein-
drait le golfe Persiqilè, suivant ainsi d'un
bout à l'autre la vallée du Tigre. Mais
il y aurait une troisième route dont
le tracé est accepté dit-on avec
faveur par les autorités turques et
qui partant d'Ismidt (ancienne Nico-
médie), descendrait à Kbnieh pour at-
teindre, en longeant le versant septen-
trional du Taurus, Melatieh, et, de là,
Diarbékir, où elle se confondrait avec la
ligne précédente. C'est cette ligue d'Ismidt-
Melalieh qui aurait un embranchement
sur Adana, Scanderoun et Alep, lequel
serait sous la surveillance immédiate de la
station de Chypre. Un simp!e coup d'œil
sur une carte de laTurquie d'Asie permettra
de comprendre l'importance de toutes ces
voies de communication, et du contrôle
que l'Angleterre serait à même d'exercer
sur toute l'Anatolie, grâce à sa nouvelle
acquisition.
Ernest Dottain.
On nous écrit de Rome, le 16 juillet
» II faut parler encore de l'agitation pro-
duite par les décisions du Congrès, quoique
e<;tte agitation ne më paraisse ni bien géné-
rale ni bien profonde; mais ceux qui condui-
sent le mouvement ne négligeai rien pour
faire le plus de bruit possible, et jusqu'à un
certain point ils y réussissent.
» Le mec ting de Naples a été ce qu'il de-
vait être naturellement. Oa a prononcé cinq
ou six discours analogues à la circonstance
il est inutile de lés analyser, parce que cha-
cun est à même de comprendre ce qui a pu
être dit. Un orateur malavisé ayant voulu dé-
f -ndre la conduite du gouvernement, on l'a
mis à la porta suivant l'usage invariable des
réunions de ce genre, après quoi on avoté un
ordre du jour rédigé par un professeur puis-
qu'il se termine par.une phrase latine; puis
chacun s'en est allé. Un incident curieux
est à no'er. Des gâteries supérieures du
théâtre où se tenait la réunion on a lancé
un Manifeste rédigé par le Comité socialiste
et signé par six dé ses membres. Il est dit
dans cette pièce que l'agitation contre l'Au-
triche est l'œuvré de la bourgeoisie qu'il est
absolument indifférent aux ouvriers de
Trieste d'être exploités par le capital alle-
mand ou par le capital italien, et que toutes
les forces des ouvriers doivent être employées
à abattre l'édifice de l'oppression, c'est-à-dire
l'Etat, et à s'organiser librement d'après les
principes du socialisme anarehique,
d II est question d'un meeting à Rome,
toujours en l'honceur de Trente et de Trieste.
Le ministère se trouve à cet égard dans une
position délicate. Ses chefs ont toujours sou-
tenu le droit de réunion, et il leur est difûcile
de prohiber un meeting duquel il ne résul-
tera évidemment aucun désordre matériel.
Aussi M. Zanardelli s'est-il borné à prescrire
aux préfets de surveiller les réunions et de
les empêcher de sortir des limites légales.
» II va de soi que le comte Corti est fort
maltraité par les orateurs des meetings, ainsi
que par les journaux associés à cette cam-
pagne. Il est cependant de toute évidence que
si les Italiens n'ont pas ce qu'ils désiraient.
la faute n'en est pas à leur représentant au
Congrès, qui partageait certainement leur dé-
sir, et qui avait, de plus, un intérêt personnel
et direct à réussir. Le seul personnage res-
ponsable est, comme je vous l'ai dit, le prince
de 'Bismarcks puisque, seul, il avait le pou-
voir de décider l'Autriche à se dépouiller de
ses provinces s'il ëh avait eu là volonté. Les
promoteurs de la situation actuelle le savent
aussi bien que tout le monde, et ils espèrent
peut-être modifier les idées du chancelier alle-
mand â l'aidé du bruit qu'ils iont. Il est pos-
sible qu'ils aient raison, bien que cela ne
paraisse pas vraisemblable. Quant à faire une
guerre isolée à l'Autriche, je ne pense pas
que personne ait le courage de le conseiller.
» Le bruit court que le comte Corti veut
engager ses collègues à convoquer sans délai
le Parlement afin d'y justifier sa conduite, ce
qui ne lui sera pas bien difficile. Toutefois, il
serait peut-être plus prudent d'attendre. Les
députés sont occupés- à encaisser le produit
de leur récolte de blé si on les fait venir à
Rome dans la saison des fièvres, ils seront de
très méchante humeur or, devant une as-
semblée de gens qu'on a dérangés de leurs
plus douces occupations. Cicéron paraîtrait
un bavard ennuyeux et Démosthènes un ora-
teur de carrefour.
» Il est question d'un conflit ecclésiastique.
Ce serait le premier depuis le nouveau pon-
tificat.
» Le Pape a désigné comme évêque de Na-
ples l'àbbé de San-Félice, appartenant à une
famille de l'aristocratie napolitaine à laquelle
appartenait aussi, je crois, une femme dont
le martyre politique a causé une grande
émotion au commencement du siècle.
» Le gouverm-mënt prétend que l'archevê-
ché de Naples est de patronat royal, et que,
par conséquent, il doit être consulté. Le Pape
soutient que le gouvernement actuel n'ayant
pas accepté les anciens concordats, il n'y a
plus de patronat royal, là loi des garanties
ne faisant d'ailleurs sur ce point aucune
réserve.. Néanmoins, le garde des sceaux a
donné l'ordre de ne pas mettre le nouvel ar-
chevêque en possession des revenus de l'ar-
chevêché et de lui interdire l'accès du palais.
On disait que le nouvel archevêque était peu
disposé à s'engager dans un conflit, et qu'il
refuserait la dignité qui lui était offerte.
Mais avant-hier, dans un consistoire, Léon XIII
a proclamé solennellement l'abbé de San-
Felice comme archevêque de Naples. Dès
lors,- le nouvel élu doit accepter la lutte, £
moins qu'on ne trouve quelque biais pour
mettre tout le monde d'accord.
» On prétend aussi que Léon XIII aurait
consulté l'ancien roi de Naples, et que ce se-
rait une des causes de l'irritation du gouver-
nement niais ce fait mérite confirmation.
En tout cas, la consultation, si elle a eu lieu,
n'a pas été officielle, ce qui en atténue la por-
tée sans la détruire absolument.
» H.Cr. MOÎM'FÉRRIER. ».
On nous écrit de Vienne, lé 15 juillet
« En rentrant à Vienne après un mois passé
à Berlin, j'ai trouvé la situation (oute chan-
gée l'œuvre du Compromis austro-hongrois
enfin terminée, les Parlémens en vacances,
le ministère cisleithan. démissionnaire le
Schah de Perse logé à la Burg, et l'opinion pu-
blique placée définitivement en face d'un fait
positif relativement à cette question de Bos-
nie et d'Herzégovine qui l'a si longtemps
préoccupée.
» Ce dernier point est naturellement celui
qui tient la plus grande place dans les dis-
cussions, et, à vrai dire, il ne se manifeste
ici qu'un médiocre enthousiasmé quant
à la façon dont l'Autriche-Hoûgrie inaugure
une politique plus active dans la question
d'Orient. Sans nul doute on rend justice sous
certains rapports au comte Andrassy. Il eu
le mérite de poursuivre son idée à travers
mille difficultés et de voir que cette prise de
possession de deux- provinces voisines de là
monarchie était devenue une nécessité. La
politique réaliste a fait de nos jours des
progrès étonnans et la question que
certains journaux français adressaient ces
jours demit-rs à M. Waddington le prouve
suffisamment. Que rapportez-vous du
Congrès, puisque tout le monde en rap-
porte quelque chose ? lui demandait on.
Eh bien ici l'on s'est placé au même point
de vue. Du moment que la Russie prend la
Bessarabie, qiiô l'Angleterre .prend Chypre et
que les principautés serbe et monténégrine
reçoivent des agrandissemens on trouve
tout simple que l'AUtriche-Hongrie ne re-
vienne pas de Berlin les mains vides. Et
même, en écoutant les éohos des sphères
berlinoises où il est dit que c'est l'Au-
triche qui a là meilleure part, on éprouve
un certain sentiment de fierté. Par mal-
heur, les difficultés sautont aux yeux, et
l'on se demande pourquoi elles n'ont pas
été résolues à l'avance, pourquoi on com-
mence aujourd'hui seulement à compter
avec elles. Eu somme, l'Angleterre est venue
au Congrès avec un traité en règle dans sa
poche, qui lui assurait la possession de
Chypre. Elle s'est fait sa part sans deman-
der la permission à personne. Elle n'a pas
attendu le mandat de l'Europe et a paru,
au contraire, s'en préoccuper très peu.
Dès l'ouverture des conférences, elle sa-
vait comment elles se termineraient en ee
qui la concerne. La Russie avait mieux
qu'un traité elle avait ce qui. vaut mieux en-
core, d'après M. de Bismarck la possession
effective de ce' qu'elle convoitait. Elle. était
décidée à tout sacrifier pour le conserver,
mais aussi à rompre toutes les négocia-
tions plutôt que d'y renoncer. Les deux
puissances avaient donc l'une comme 1
l'autre, une situation nette, précise, dé-
terminée elles savaient où elles al-
laient, ce qu'elles voulaient et sur-
tout elles étaient bien déterminées à se
passer au besoin de la permission de qui que
ce fût. Pourquoi sedemande-t-on l'Autriche
n'a-t-elle pas agi de la môme façon? Pourquoi
n'a-t-elle pas conclu tout d'abord un Irai té avec
la Turquie, de manière à placer le Congrès
en présence d'un fait accompli ? Le mandat
qu'elle a reçu ne lui confère en réalité que
le droit d'occuper temporairement les deux
provinces, tandis que tout le monde est bien
convaincu qu'elle a l'intention d'en prendre.
possession d'une façon définitive; En agissant
comme on l'a fait, on se trouve encore, au
moment où l'armée va se mettre en mar-
che, dans l'incertitude la plus complète
relativement à une foulé de détails dont
l'importance ne tardera pas à se révéler. Il
faut s'entendre avec la Turquie pour le mode
d'administration, pour l'époque de l'évacua-
tion, pour le sort qui doit être fait aux biens
vakoufs.en un mot pour une foule de points
dont le règlement peut devenir difficile.
Pourquoi tout cela n'a-t-il pas été convenu,
directement entre l'Autriche- Hongrie et la
Turquie avant le Congrès? Peut-être à cette
époque la Sublime-Porte n'a-t-elle pas voulu
y consentir. Mais si l'Autriche avait tenu
un langage aussi énergique et aussi résolu
que l'Angleterre, il est probable qu'elle y eût
consenti.
» Ainsi se résument les impressions de
l'opinion publique, qui est assez froide
à cët égard. Elle reconnaît la néces-
sité de l'occupation, mais elle n'approuve
pas les moyens qu'on a pris pour la faire dé-
cider, et elle se montre préoccupée des diffi-
cultés qui peuvent surgir. Je n'apprécie pas
pour le moment cette manière de voir, je la
coDStat-' seulement en reporter fidèle.
» D'ailleurs, dans nos cercles officieux, on
comprend sous la clause « des arrangemens
ultérieurs » les détails pouvant résulter du
fait même de l'occupation, et non, comme les
journaux d'ici le font croire, les circonstances
et le mode d'occupation même.
» Quant aux questions intérieures, il est
incontestable qu'on est heureux de les voir
terminées. Cette question du Compromis pe-
sait comme un cauchemar sur toutes les
poitrines; on éprouve une satisfaction réelle
à la pensée d'en être délivré et, depuis que
tout est terminé h. cet égard, les discussions
auxquelles on se livrait pour savoir si l'Autri-
che cisleithane est sacrifiée à la Hongrie, ou la
Hongrie à la s Cisleithauie, ont cessé comme
par enchantement. Le plus clair, c'est que
tout le monde gagne à' la fin de l'incertitude
et que le rétablissement de la paix intérieure 0
pour dix années donne aux relationsdesdeux
pays une sécurité dont il avait grand besoin.
» En présence de ce résultat, la démission
du cabinet Auersperg n'est visiblement
qu'une aflaire de forme. Le ministère, vous
ne.l'avez pas oublié, n'avait conservé le pou-
voir qu'en vue de terminer le Compromis, et il
s'était engagé à déposer ses portefeuilles en-
tre les mains de l'empereur dès que l'oeuvre
serait accomplie. Il a tenu son engagement ̃
mais il parait certain pour tout le monde
que les ministres actuels seront maintenus
à peu près tous en fonctions, et que le prince
Auersperg demeurera président du conseil.
Seul, le ministre de l'intérieur sera changé •
et encore le remplaçant du baron Lasser ne
sera-t-il pas nommé avant la rentrée du Par-
lement. Quant à vous désigner les Personna-
lités qui sont déjà mises en avant p0Ur" accepter
ce poste important, je m'ea garderais bien •
car, à ma connaissance, il n'en a même pas
encore été question dans les hautes sphères.
Les ministres songent uniquement à pren-
dre leurs congés annuels, et l'empereur lui-
même va partir pour Ischl. Il n'attendait, pour
s'éloigner, que le retour du comte Andrassy
qui est arrivé à Vienne hier soir.
» D'ici à quelques semaines la seule question
dont on s'occupera en haut lieu sera celle de
la Bosnie et de l'Herzégovine. On aura assez
à faire de diriger les choses de façon à faire
disparaître les inconvéniens que je vous ai
signalés plus haut, sans porter sa pen-
sée vers les questions intérieures dont
on est heureusement délivré. Pour con-
stituer un nouveau ministère, d'ailleurs
il faut une majorité parlementaire. Or, qui
peut dire ce qu'est aujourd'hui la majorité ? °
Les derniers votes ont achevé dé la dis-
loquer. Les chefs universellement re-
connus et acceptés naguère se sont placés
volontairement dans la minorité et ont paru
s'y complaire. Tous les partis ont tiré chacun
de leur côté, sans qu'on puisse découvrir une
idée d'ensemble. Peut-être à la rentrée, ar-
rivera-t-on à débrouiller ce chaos; mais
l'heure n'est pas encore venue d'y songer. 1
» Les Viennois, pour leur part, avaient, à
mon. retour de Berlin, l'air d'être parfaitement
indifférens au sort du ministère ils avaient
concentré toute, leur attention sur le Schah
de Perse, et véritablement Nassr-Eddin se
montre à tous les points dé vue l'un des sou-
verains les plus intelligens, les plus remar-
quabks de l'Orient.
» Pendant son séjour à Vienne il a sérieu-
sement étudié les questions de commerce, de
douane et de police, de manière à pouvoir
développer la prospérité de ses Etats et y in-
troduire d'utiles réformes. Il a visité avec un
soin minutieux l'arsenal, les principales fabri-
ques, s'est faitrendrécomptedesmoindresdé-
tails et amontré enun mot pourlesinstitutions
et les habitudes de l'Autriche un intérêt réel.
» L'organisation de i& police viennoise sur-
tout l'a frappé il a emmené avec lui un cer-
tain nombre d'agens, sous la conduite d'un
haut fonctionnaire, afin d'organiser la police
persane sur le même modèle. Il a fait un
grand nombre d'acquisitions qu'il a surveit
lées lui-même. Bref, il a produit sur tout le
monde, à tous les degrés de l'échelle sociale,
la meilleure impression.
» En partant, il emmène avec lui le comte
Zaluski ambassadeur d'Autriche-Hongrie
accrédité auprès de sa personne et U
témoigne le plus grand désir d'entretenir
avec la monarchie des Habsbourg les meil-
leures et les plus cordiales relations. Sur un,
désir exprès de l'empereur, le Schah a
«anméson général aide de camp, Neriman
khan, jusqu'ici attaché militaire à Paris, am-
bassadeu>< de Perse Vienne; y N.
\iwedi t» mm
MM.
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«UtidûlfttttouiOTira être agreet* parla rM»ct)6*.
PARIS
JEUDI 18 JUILLET
Nous avons publié le texte du traité de
Berlin c'est un document qui est bon à
conserver et sur lequel nous reviendrons
sans doute plus d'une fois. Pour aujour-
d'hui, nous n'avons rien à en dire. Nos
lecteurs en connaissent non seulement
l'ensemble, mais les détails; ils ont as-
sisté à la lente et laborieuse élaboration
de ce traité; ils en ont pénétré tous
les mystères. On sait que le premier
soin des plénipotentiaires, àussilôt après
leur réunion dans le palais Radziwill,
a été de déclarer qu'ils garderaient le
secret le plus absolu sur leurs déli-
bérations Us se sont certainement effor-
cés de tenir leur promesse, mais nous vi-
vons dans un temps où les murs même
ont des oreilles, et le secret de sept puis-
sances, quelquefois même de deux seule-
mentj devientbientôteeluide toutlemonde.
Ce qui est certain, c'est que jamais Con-
grès plus que celui de Berlin n'a été
ténu dans Une maison de verre les jour-
naux de tous les pays ont suivi pas à pas
ses délibérations, et la publication du
traité montre que la presse a été bien
informée. Que valait donc le conseil de nos
cônfirères qui nous disaient avec une pru-
dence un peu scandalisée Attendez que
le traité soit publié vous ne savez pas
en ce moment de quoi il s'agit? 't
Voulaient-ils parler de la convention
anglo-turque du 4 juin, qui a été en quel-
que sorte administrée au Congrès in ex-
tremis? Dans ce cas, il faudrait leur ren-
dre justice la convention anglo-turque a
été conclue en dehors du traité de Ber-
lin, mais elle s'y ajoute naturellement et
en change complètement la signification.
Pris en lui-même, le traité de Berlin a
un caractère particulier qui le dislingue
de tous ses devanciers il appartient à
une situation diplomatique toute nou-
velle. Les puissances, aujourd'hui,, se
réiuriVsent encore pour chercher à
résoudre une question d'après leurs in-
térêts; commuas mais il semble qu'elles
s'inspirent du précepte de Voltaire Glis
séz mortel?, n'appuyez pas Rien n'a
"été précise, ni définitivement résolu dans
le traité de Berlin, Tout y porte le ca-
ractère de l'inachevé et du provisoire, lcs
solutions n'y sont pas nettement indi-
quées • elles sont tout au plus légèrement
e?qiris*ée*. Lorsque le Congrès a pris une
décision qui pouvait avoir l'air d'engager
ménir, lorsqu'il a, par exemple, poussé
l'Autriche dans l'Herzégovine et dans la
Bosnie, il a eu soin de donner à ce fait
une apparence purement temporaire.
Depuis quelques années au lieu d'é-
crire l'histoire on fait des Essais his-
toriques celle tendance d'esprit, qui
pppartjent en propre à noire temps,
se manifeste partout. Les Congres ne
font pas des traités, ils font des essais
de traités, et la conclusion naturelle de
leurs travaux est que les choses seront
Mnsi, mais qu'elles pourraient être autre-
inent que le présent est confus, que 1 ave-
nir est inconnu, qu'il faut vivre philoso-
phiquement au jour la journée, ne pas trop
crWë qu'une chose quelconque soit défi-
nitivement arrivée, et penser à part soi
Ouï vivra verra! Le Congrès donc, sentant
)ïîèu qu'il ne travaillait ni sur le bronze
ni sur le marbre, mais peul-être sur lé
sablé, ne s'est pas donné la peine de bu-
riner ses résolutions. Lorsquon lit le
traité de Berlin, or. est frappé de la quan-
ti prodigieuse de questions qui restent
en suspens, et dont le règlement est
abandonné soit à des commissions,, soit
au hasard dés événemens futurs. Nous
ne parlons pas, bien entendu des
questions de frontières; elles sont
tôuioUTs réservées, pour les détaris,
£ des commissions, spéciales mais
l'orgamsation des diverses principau-
tés'' et provinces, mais les conditions
dans lesquelles doit vivre et se dévelop-
per la Roumélie orientale, mais la nature
de l'occupation autrichienne dans 1 Her-
zégovine et la Bosnie; tout enfin est laissé
dans un vague nébuleux. Nous, sommes
en présence d'une de ces créations qui,.
euWant le' mot dés Allemands, sont en-
core dans le devenir. Que' deviendront-
elles"? Comment se développeront ces ger-
mes divers? Nui ne le sajt, nul n'a ose
le "prévoir. Le Congrès– et il abien fait
s refusé de consacrer son œuvre parlaga-
yantie collective des puissances. Comment
sarântii^oUr vingt ans, pour dix ans.ou
«OUF moins encore une œuvre qui n est
mie commencée, qui est à peine degros-
hil n'apas encore reçu lesoufflede vie?
k qû'est-ellc, au fond, cette œuvre .évi-
demment provisoire? Un essai, un essai de
vM&ftf l'empire ottoman. On a assigné
àdîàquè puissance.'en vnede la liquidation
future, le champ encore mal délimité où
elle doit établi'' son influence et fixer ses
intérêts: Pefsoonô n'a rien pris formelle-
ment, mais on peut deviner ce que cha-
cun prendra ou compte, prendre lorsque
le iour sera venu. Il n'amait tenu sans
doute qu'à la France et à l'Italie de pren^
dre aussi quelque chose; elles ne lont
point voulu, et il faut les en féliciter au
iom de la morale et peut-être aussi de la
véritable habileté.
,Tel est, croyons-nous, le caractère es-
sentiellement instable du traité de Berlin.
Nous /vons dit plus haut qu'un pareil
-«- i.
traité n'avait pas de précédens, et nous nous
sommes peut-être trompés, car il n'y à
rien de nouveau sous le soleil. Nous ne
pensions plus au traité ,de Zurich, ce
traité mort-né qui avaiï arrangé d'Une
manière si ingénieuse la Confédéra-
tion italienne, et qui a vécu exac-
tement le temps qu'il a fallu pour
l'écrire. Chacune des puissances signa-
taires avait in petto des vues bien
différentes de celles qu'elle avouait osten-
siblement. Le travail de la nature a repris
son cours et a emporté l'œuvre artificielle
des diplomates. Il' est possible, et il est
surtout désirable que les choses en
Orient soient plus lentes à se développer;
mais elles se développeront dans un
sens inéluctable, et, un jour plus bu
moins lointain, les puissances signataires
se trouveront en conflit en vertu de leurs
intérêts divergens: M. de Bismarck â
constaté ces divergences qui né per-
mettaient pas aux puissances de revêtir
le traité d'une garantie collective. Com-<
ment la Russie, comment l'Autriche, com-
ment l'Angleterre, commenfc^la^GMe-
même auraient-elles pris avec sincérité
l'engagement de maintenir ce qui venait
d'être résolu, mais résolu dans des termes
si peu nets? Non, chacune de ces puis-
sances n'avait qu'une chose à faire, et
qui était, en partant du point que le
traité lui assignait, de pourvoir à la
conservation de Ses intérêts propres. De là
est née la convention du 4 juin. De là
viennent les perplexités qu'éprouve en ce
moment l'Autriche pour savoir si elle
doit oui ou non imiter la conduite de
l'Angleterre. Ces conventions ou stipula-
tions hors Congrès sont autrement sé-
rieuses que celles qui ont été si faible-
ment esquissées au palais Radziwill. Reste
à savoir si l'Autriche saura se décider,
et même si l'Angleterre saura persé-
vérer. Le cabinet tory qui est en ce mo-
ment aux affaires est capable sans
doute d'une .résolution suivie mais
durera-t-al assez longtemps pour affermir
son œuvre ? Ses. successeurs continue-
ront-ils ce qu'il a entrepris? Voilà ce qu'il
importe de connaître et ce que nous ne
saurons qu'au bout de quelques années,
lorsque l'occupation de Chypre et le pro-
tectorat de l'Asie-Minèure auront fourni
des carrières à un assez grand nombre de
cadets et provoqué un mouvement écono-
mique assez considérable pour être de-
venu une affaire vraiment nationale chez
nos voisins d'outre-Mânche.
En attendant, nous le répétons, l'accent
de la situation actuelle, si l'on peut parler
ainsi, doit être mis non pas sur le traité
de Berlin, mais sur la convention du
4 juin, et, sur le mouvement diplo-
matique dont elle pourrait être l'origine,
de même que dans la convention
l'accent doit être mis non pas sur
l'occupation de Chypre, mais, sur l'al-
liance défensive entre l'Angleterre et la
Porte. Quant au traité de Berlin, c'est
une œuvre en grande partie académique
dont on peut dire beaucoup de bjen et
beaucoup de mal, et tout le bien" qu'on
en peut dire se trouve dans la dé-
pêche du marquis de Salisbury que nous
publions plus loin. Le marquis, de Salis-
bury, dans lequelle ministre n'a pas éteint
le publioiste, se montre très sensible aux
critiques de la presse du continent qui lui
a reproché de s'être écarté des principes
de sa circulaire du l01' avril, et, pour réfu-
ter ce reproche, il fait ressortir avec beau-
coup d'adressé tout ce que la diplomatie
anglaise a obtenu au Congrès et par le
Congrès, et il s'efforce de montrer que
les résultats acquis sont à peu près
conformes au programme qu'il avait
exposé dans la circulaire en question.
Soit! nous- ne chicanerons pas l'An-
gleterre sur les avantages qu'on lui a con-
cédés et qu'elle a eu le bon esprit de se
garantir elle-même par la convention du
•1 juin. Il serait facile toutefois, après
avoir mentionné les points forts du traité,
de rappeler les points faibles la Russie
établie sur le' Danube la création- hy-
bride et peu viable dé la Roumélie
orientale le pouvoir politique et mili-
taire de la Porte limité par des sti-
pulations qui né brillent pas toujours par
le bon sens et par l'esprit pratique, etc.
Et l'abandon de la Grèce L'Angleterre
a-t-elle oublié les engagemens solennels
qu'elle a pris autrefois au sujet de la
Grèce ? Qui est-ce qui a mis à l'ordre du
jour la question grecque, si ce n'est l'Angle-
terre ? Est-ce aussi un grand triomphe di-
plomatique que d'avoir posé la question
et de ne l'avoir pas résolue? Il est vrai
I que sur ce point rien n'est terminé, et
l'Angleterre se réserve sans dou te d'aboutir
à l'accomplissement complet de son pro-
gramme primitif. Pour nous, nous en se-
rions fort aises, et après avoir constaté ces
lacunes dans la victoire anglaise, nous
serions heureux de les voir combler.
Télégraphle privée.
{Sarrict télégraphique de l'agença Havu:)
Londres, le 18 juillet.
La municipalité de Londres a décidé d'accor-
der la franchise municipale au comte de Beacons-
fleld et au marquis de Salisbury.
Les titres leur sont remis dans un étui d'or.
La municipalité a voté une somme de 62,500 tr.
pour un .hanq-uet en Uhonneur des deux plénipo-
tentiaires.
Constaiitinople, le 1S juillet.
On semble considérer ici une lutte avec la
Grèce comme inévitable. L'insurrection grecque
sur les frontières de la Thessilie et oh Epire re-
prend une nouvelle vigueur, etdn assure que sur
>ïu sieurs points dés troupes grecques régulières
ont franchi la frontière pour se joindre aux in-
surgés.
Constantinople, le 17 juillet,
• i h. 30 in. soir.
Hier soir, l'amiral Hassan Pacha est parti pour
Vôlb avec des navires cuirassés et dés trans-
ports chargés de troupes.
Ghazi Osman Pacha reste à Cbnstantinople;
Constantinople, le 17 juillet.
Rechad Pacha remplace Saoas Pacha comme
haut commissaire dans le Rhodopé.
Il n'y a encore rien de déiiniMf relativement à
la convention autrichienne. Les négociations se
poursuivent à Vienne et à Constantinople.
Constantinople, le 18 juillet.
TJn .conseiller d'Etat a été envoyé en, mission
dans le Kurdistan pour s'occuper dés réformes à
introduire dans cette province.
Un nouvel envoi de troupes .sur les frontières
de. Grèce aura lieu prochainement.
Athènes, le 17 juillet, 6 h. soir.
La Chambre est convoquée pour le 12 août.
Le ministère sera complété demain ou après-
demain.
M. pelyànnis, actuellement à Londres, repar-
tira prochainement pour Athènes et visitera; en
passant, Paris et Rome.
Berlin, le 18 juillet.
Le prince Gortchakofï est retourné à Sàint-
Pét*r#bourg. Le prince Bismarck et !a princesse
sa femme sont, arrivés hier soir à Kissingën, où
ils ont reçu un accueil enthousiaste.
Rome, lé 18 juillet.
Les nouvelles de la démission du comte Gorli^
de -l'arrivée à Rome du général de Robilant et de
l'envoi d'une escadre italienne dans le Levant ne
reposent sur aucun fondement.
La Haye, le 18 juillet.
La Chambre des Députés a adopté, par 82 voix
contre 30, le projet révisant la loi sur l'ensei-
gnement primaire, après cinq semaines de dis-
cussion.
BOURSE DE PARIS «
Clôtnfre le 17. le 18. Hausse. Baisse.
8 QiUï
Comptant, n 10 .f.v 77 23 15 •• ./•
Fin cour; 17 52 1.2 77 50 2 1/2
9 O/O
AmûTtîssable.
Comptant. 85 80 "83 65 i. 1 83
Fin cour. 84 80 83 55 ̃• 1 25-v/.
4'i/« O/4> ̃̃ '̃̃'
Comptant ùO 30 .7. 108 l KO .#̃, ̃/•
S O/O
Comptant tl4 60 114 40 .>. 20 .(
Fin cour. 114 97 1 2 114 Ï5 42 1 2
ÇEXITB BOTJRSB DTJ SOIR.
Emprunt S 0/0..V.. 114 fr. 62 4/2, 85, 65.
3 0/0. 77fr. 62 1/2, 55, 57 1/2.
3 0/0 amortissable. 83 fr. 50. •
5 0/0' turc. 16 fr. 85, 90, 95.
Banque ottomane.. 528 fr., 526 fr., 87 1/2.
̃ Lots 69 fr.1.
Ottomane 1873.. •̃ lût fr. 25, 101 fr.
Egyptiennes 6 0/0- 275 fr.
-n~H
Aussitôt que la nouvelle du. traité du
4 juin qui donnait Chypre à l'Angleterre
eut été divulguée, les. Anglais, en leur
qualité de gens pratiques, se sont
mis à supputer ce que cette affaire
pouvait valoir tout au juste, et dès le
premier moment, au' milieu de l'assenti-
ment général qui a accueilli la nouvelle
de l'acquisition de Chypre, il s'est pro-
duit quelques critiqués qui paraissent as-
sez fondées. Personne ne prétend nier
l'immense, importance de celte île comme
position stratégique, mais on fait beau-
coup d'objections relativement à son cli-
mat. Exposée du côté du nord aux vents
froids de la Caramanie et du Taurus, et
du côté de l'est au siroco brûlant de la
Syrie, elle souffre, en été, d'une chaleur
intolérable, tandis que l'hiver n'y est, en
général, qu'une tourmente continuelle
pendant laquelle toutes les rivières se
changent en torrens. On ajoute que, par
suite de l'absence de toute culturelle sol y
èstcouvertde marécages qui donnent nais-
sance à des fièvres mortelles.il paraît,
aussi que les diverses rades sont en fort
mauvais état. Dans la séance de la Cham-
bre des Communes du 11 juillet, M. Sa-
muelson a appelé sur ce point l'attention
du gouvernement. Il a demandé au chan-
celier de l'Echiquier s'il était yraî qu'il lût
souvent impossible aux bâtimens à vapeur
d'y aborder sûrement. Il a signalé, d'autre
part, le fait suivant, que depuis 1870 les
récoltes avaient été constamment insuffi-
santes, et que le gouvernement turc avait
été obligé de dépenser de grandes sommes
d'argent pour nourrir la population Enfin
il a prié sir Stàfford Northeote de dire à
la. Chambre si le gouvernement s'é
tait rendu compte, avant de conclure
9où marché avec la Turquie, des dépen-
ées que lui coûterait sa nouvelle acquisi-
tion. Il s'est produit à ce sujet un inci-
dent assez curieux. TJn membre de la
Chambre (sir John Goldsmid), qui doit
être d'une' nature légèrement sceptique, a
posé la question suivante qui a provoqué
les rires de la Chambre, mêlés de quel-
ques applauttissemèns « Y a-t-il, oui ou
non, actuellement dans l'île de Chypre un
seul port? » A quoi le secrétaire de l'A-
mirauté; M. "Egerton, a répondu « A
parier strictement, il n'y en a point; mais
on y trouve trois ancrages fort beaux
{Urée vèry fdir anchovages), où il est en
tout temps possible de débâïquer. »
Il est certain que les trois ports àut-
quels M Egerton fait allusion, si toute-
fois on peut leur donner déjà ce nom, exige-
ront de grandes réparations pour être mis
à la hauteur des nécessités actuelles de la
navigation. Ceux de Larnaca, résidence des
consuls étrangers, sur la côte sud-est, et
Limasol, sur la côte sud, les deux seules-
villes fî oïissautes de t*île de Chypre, devront
être améliorés. Quant à Famagosta, bâ-
tiô près des ruines de l'ancienne Sala-
mine, et qui était, dii temps de la domi-
nation vénitienne, une cité .riche et pros-
père, avec une bonne forteresse, capable
de soutenir, en 1571, uû siège de près
d'un an contre les Turcs, ce n'est plus
qu'une misérable bourgade avec quelques
remparts tombant en poussière sur un
soi Sablonneux. Il faudra approprier ces
places maritimes non seulement au ser-
vice naval, mais encore au service mili-
taire, et y construire des casernes pour le
corps d'occupation. Actuellement, ces trois
ancrages se trouvent dans la situation
suivante celui de Limasol a de 11 à
22 mètres de profondeur; c'est de cet en-
droit qu'estembarquéelaplusgrandepartie
du vin exporté de Chypre. A Larnaca, la
profondeur est de 33 mètres environ. Lé
troisième ancrage, voisin de Famagosta,
présente une profondeur de 1 à 18 mè-
tres. C'est, du reste, la station la plus
sûre pendant l'hiver.
(J Outre les travaux d'appropriation des
ports, le gouvernement anglais sera obligé
d'établir tout un système de voies et
communications dans l'intérieur de l'île
routes de terre et chemins de fer ce sera
peut-être là la plus grande nécessité à
laquelle il faudra pourvoir. Cette question
se rattache intimement à celle des com-
munications de l'Angleterre avec son
grand empire de l'Inde. Là possession de
Chypre donne à l'Angleterre la clef du
golfe de Scahderoun (ancienne Aléxân-
drette), ville qui est destinée à tenir une
place importante dans le système des
voies ferrées qui doivent un jour relier
la vallée de l'Euphrate, la Syrie, l'Asie-
Mnieurë et Constantinople aux chemins
de fer du continent européen. On sait que
ce -problème est depuis longtemps étu-
dié en Angleterre-, 'et il est certain
qu'on va plus que jamais chercher à en
obtenir la solution. Posé il y après de
trente ans par sir Macdonald Stephenson,
n'est déjà résolu aux deux extrémités de la
Jignë qui doit «nir Londres à Calcutta.
D'une part, en effet, Constantinople est
déjà reliée aux grandes capitales de l'Eu-
rope et, d'autre part, il y a tout un en-
semble de voies qui rattachent l'ex-
trémité de l'Inde anglaise à la province
de Moullan, comprise dans la val-
iée de l'Iudus. Dans le plan soumis
en 1872 à la Chambre des Communes,
la ligne proposée devait prendre la di-
rection qui suit Partant de Scutari
d'Asie, elle devait ou bien suivre la route
postale d'Erzeroum par Tokat; rendez-
vous de nombreuses caravanes, ou se di-
riger, par Angora et Sivas, sur Diarbékir;
la première ligne, celle d'Erzeroum, serait
continuée par tauris et Téhéran sur Hé-
rat et Quetta, à travers le défilé de Bo-
lan après quoi, elle irait se joindre aux
lignes de l'IIiadoustan. La seconde, celle
de Diarbékir, descendrait à Mossoul et à
Bagdad jusqu'à Bassora, où elle attein-
drait le golfe Persiqilè, suivant ainsi d'un
bout à l'autre la vallée du Tigre. Mais
il y aurait une troisième route dont
le tracé est accepté dit-on avec
faveur par les autorités turques et
qui partant d'Ismidt (ancienne Nico-
médie), descendrait à Kbnieh pour at-
teindre, en longeant le versant septen-
trional du Taurus, Melatieh, et, de là,
Diarbékir, où elle se confondrait avec la
ligne précédente. C'est cette ligue d'Ismidt-
Melalieh qui aurait un embranchement
sur Adana, Scanderoun et Alep, lequel
serait sous la surveillance immédiate de la
station de Chypre. Un simp!e coup d'œil
sur une carte de laTurquie d'Asie permettra
de comprendre l'importance de toutes ces
voies de communication, et du contrôle
que l'Angleterre serait à même d'exercer
sur toute l'Anatolie, grâce à sa nouvelle
acquisition.
Ernest Dottain.
On nous écrit de Rome, le 16 juillet
» II faut parler encore de l'agitation pro-
duite par les décisions du Congrès, quoique
e<;tte agitation ne më paraisse ni bien géné-
rale ni bien profonde; mais ceux qui condui-
sent le mouvement ne négligeai rien pour
faire le plus de bruit possible, et jusqu'à un
certain point ils y réussissent.
» Le mec ting de Naples a été ce qu'il de-
vait être naturellement. Oa a prononcé cinq
ou six discours analogues à la circonstance
il est inutile de lés analyser, parce que cha-
cun est à même de comprendre ce qui a pu
être dit. Un orateur malavisé ayant voulu dé-
f -ndre la conduite du gouvernement, on l'a
mis à la porta suivant l'usage invariable des
réunions de ce genre, après quoi on avoté un
ordre du jour rédigé par un professeur puis-
qu'il se termine par.une phrase latine; puis
chacun s'en est allé. Un incident curieux
est à no'er. Des gâteries supérieures du
théâtre où se tenait la réunion on a lancé
un Manifeste rédigé par le Comité socialiste
et signé par six dé ses membres. Il est dit
dans cette pièce que l'agitation contre l'Au-
triche est l'œuvré de la bourgeoisie qu'il est
absolument indifférent aux ouvriers de
Trieste d'être exploités par le capital alle-
mand ou par le capital italien, et que toutes
les forces des ouvriers doivent être employées
à abattre l'édifice de l'oppression, c'est-à-dire
l'Etat, et à s'organiser librement d'après les
principes du socialisme anarehique,
d II est question d'un meeting à Rome,
toujours en l'honceur de Trente et de Trieste.
Le ministère se trouve à cet égard dans une
position délicate. Ses chefs ont toujours sou-
tenu le droit de réunion, et il leur est difûcile
de prohiber un meeting duquel il ne résul-
tera évidemment aucun désordre matériel.
Aussi M. Zanardelli s'est-il borné à prescrire
aux préfets de surveiller les réunions et de
les empêcher de sortir des limites légales.
» II va de soi que le comte Corti est fort
maltraité par les orateurs des meetings, ainsi
que par les journaux associés à cette cam-
pagne. Il est cependant de toute évidence que
si les Italiens n'ont pas ce qu'ils désiraient.
la faute n'en est pas à leur représentant au
Congrès, qui partageait certainement leur dé-
sir, et qui avait, de plus, un intérêt personnel
et direct à réussir. Le seul personnage res-
ponsable est, comme je vous l'ai dit, le prince
de 'Bismarcks puisque, seul, il avait le pou-
voir de décider l'Autriche à se dépouiller de
ses provinces s'il ëh avait eu là volonté. Les
promoteurs de la situation actuelle le savent
aussi bien que tout le monde, et ils espèrent
peut-être modifier les idées du chancelier alle-
mand â l'aidé du bruit qu'ils iont. Il est pos-
sible qu'ils aient raison, bien que cela ne
paraisse pas vraisemblable. Quant à faire une
guerre isolée à l'Autriche, je ne pense pas
que personne ait le courage de le conseiller.
» Le bruit court que le comte Corti veut
engager ses collègues à convoquer sans délai
le Parlement afin d'y justifier sa conduite, ce
qui ne lui sera pas bien difficile. Toutefois, il
serait peut-être plus prudent d'attendre. Les
députés sont occupés- à encaisser le produit
de leur récolte de blé si on les fait venir à
Rome dans la saison des fièvres, ils seront de
très méchante humeur or, devant une as-
semblée de gens qu'on a dérangés de leurs
plus douces occupations. Cicéron paraîtrait
un bavard ennuyeux et Démosthènes un ora-
teur de carrefour.
» Il est question d'un conflit ecclésiastique.
Ce serait le premier depuis le nouveau pon-
tificat.
» Le Pape a désigné comme évêque de Na-
ples l'àbbé de San-Félice, appartenant à une
famille de l'aristocratie napolitaine à laquelle
appartenait aussi, je crois, une femme dont
le martyre politique a causé une grande
émotion au commencement du siècle.
» Le gouverm-mënt prétend que l'archevê-
ché de Naples est de patronat royal, et que,
par conséquent, il doit être consulté. Le Pape
soutient que le gouvernement actuel n'ayant
pas accepté les anciens concordats, il n'y a
plus de patronat royal, là loi des garanties
ne faisant d'ailleurs sur ce point aucune
réserve.. Néanmoins, le garde des sceaux a
donné l'ordre de ne pas mettre le nouvel ar-
chevêque en possession des revenus de l'ar-
chevêché et de lui interdire l'accès du palais.
On disait que le nouvel archevêque était peu
disposé à s'engager dans un conflit, et qu'il
refuserait la dignité qui lui était offerte.
Mais avant-hier, dans un consistoire, Léon XIII
a proclamé solennellement l'abbé de San-
Felice comme archevêque de Naples. Dès
lors,- le nouvel élu doit accepter la lutte, £
moins qu'on ne trouve quelque biais pour
mettre tout le monde d'accord.
» On prétend aussi que Léon XIII aurait
consulté l'ancien roi de Naples, et que ce se-
rait une des causes de l'irritation du gouver-
nement niais ce fait mérite confirmation.
En tout cas, la consultation, si elle a eu lieu,
n'a pas été officielle, ce qui en atténue la por-
tée sans la détruire absolument.
» H.Cr. MOÎM'FÉRRIER. ».
On nous écrit de Vienne, lé 15 juillet
« En rentrant à Vienne après un mois passé
à Berlin, j'ai trouvé la situation (oute chan-
gée l'œuvre du Compromis austro-hongrois
enfin terminée, les Parlémens en vacances,
le ministère cisleithan. démissionnaire le
Schah de Perse logé à la Burg, et l'opinion pu-
blique placée définitivement en face d'un fait
positif relativement à cette question de Bos-
nie et d'Herzégovine qui l'a si longtemps
préoccupée.
» Ce dernier point est naturellement celui
qui tient la plus grande place dans les dis-
cussions, et, à vrai dire, il ne se manifeste
ici qu'un médiocre enthousiasmé quant
à la façon dont l'Autriche-Hoûgrie inaugure
une politique plus active dans la question
d'Orient. Sans nul doute on rend justice sous
certains rapports au comte Andrassy. Il eu
le mérite de poursuivre son idée à travers
mille difficultés et de voir que cette prise de
possession de deux- provinces voisines de là
monarchie était devenue une nécessité. La
politique réaliste a fait de nos jours des
progrès étonnans et la question que
certains journaux français adressaient ces
jours demit-rs à M. Waddington le prouve
suffisamment. Que rapportez-vous du
Congrès, puisque tout le monde en rap-
porte quelque chose ? lui demandait on.
Eh bien ici l'on s'est placé au même point
de vue. Du moment que la Russie prend la
Bessarabie, qiiô l'Angleterre .prend Chypre et
que les principautés serbe et monténégrine
reçoivent des agrandissemens on trouve
tout simple que l'AUtriche-Hongrie ne re-
vienne pas de Berlin les mains vides. Et
même, en écoutant les éohos des sphères
berlinoises où il est dit que c'est l'Au-
triche qui a là meilleure part, on éprouve
un certain sentiment de fierté. Par mal-
heur, les difficultés sautont aux yeux, et
l'on se demande pourquoi elles n'ont pas
été résolues à l'avance, pourquoi on com-
mence aujourd'hui seulement à compter
avec elles. Eu somme, l'Angleterre est venue
au Congrès avec un traité en règle dans sa
poche, qui lui assurait la possession de
Chypre. Elle s'est fait sa part sans deman-
der la permission à personne. Elle n'a pas
attendu le mandat de l'Europe et a paru,
au contraire, s'en préoccuper très peu.
Dès l'ouverture des conférences, elle sa-
vait comment elles se termineraient en ee
qui la concerne. La Russie avait mieux
qu'un traité elle avait ce qui. vaut mieux en-
core, d'après M. de Bismarck la possession
effective de ce' qu'elle convoitait. Elle. était
décidée à tout sacrifier pour le conserver,
mais aussi à rompre toutes les négocia-
tions plutôt que d'y renoncer. Les deux
puissances avaient donc l'une comme 1
l'autre, une situation nette, précise, dé-
terminée elles savaient où elles al-
laient, ce qu'elles voulaient et sur-
tout elles étaient bien déterminées à se
passer au besoin de la permission de qui que
ce fût. Pourquoi sedemande-t-on l'Autriche
n'a-t-elle pas agi de la môme façon? Pourquoi
n'a-t-elle pas conclu tout d'abord un Irai té avec
la Turquie, de manière à placer le Congrès
en présence d'un fait accompli ? Le mandat
qu'elle a reçu ne lui confère en réalité que
le droit d'occuper temporairement les deux
provinces, tandis que tout le monde est bien
convaincu qu'elle a l'intention d'en prendre.
possession d'une façon définitive; En agissant
comme on l'a fait, on se trouve encore, au
moment où l'armée va se mettre en mar-
che, dans l'incertitude la plus complète
relativement à une foulé de détails dont
l'importance ne tardera pas à se révéler. Il
faut s'entendre avec la Turquie pour le mode
d'administration, pour l'époque de l'évacua-
tion, pour le sort qui doit être fait aux biens
vakoufs.en un mot pour une foule de points
dont le règlement peut devenir difficile.
Pourquoi tout cela n'a-t-il pas été convenu,
directement entre l'Autriche- Hongrie et la
Turquie avant le Congrès? Peut-être à cette
époque la Sublime-Porte n'a-t-elle pas voulu
y consentir. Mais si l'Autriche avait tenu
un langage aussi énergique et aussi résolu
que l'Angleterre, il est probable qu'elle y eût
consenti.
» Ainsi se résument les impressions de
l'opinion publique, qui est assez froide
à cët égard. Elle reconnaît la néces-
sité de l'occupation, mais elle n'approuve
pas les moyens qu'on a pris pour la faire dé-
cider, et elle se montre préoccupée des diffi-
cultés qui peuvent surgir. Je n'apprécie pas
pour le moment cette manière de voir, je la
coDStat-' seulement en reporter fidèle.
» D'ailleurs, dans nos cercles officieux, on
comprend sous la clause « des arrangemens
ultérieurs » les détails pouvant résulter du
fait même de l'occupation, et non, comme les
journaux d'ici le font croire, les circonstances
et le mode d'occupation même.
» Quant aux questions intérieures, il est
incontestable qu'on est heureux de les voir
terminées. Cette question du Compromis pe-
sait comme un cauchemar sur toutes les
poitrines; on éprouve une satisfaction réelle
à la pensée d'en être délivré et, depuis que
tout est terminé h. cet égard, les discussions
auxquelles on se livrait pour savoir si l'Autri-
che cisleithane est sacrifiée à la Hongrie, ou la
Hongrie à la s Cisleithauie, ont cessé comme
par enchantement. Le plus clair, c'est que
tout le monde gagne à' la fin de l'incertitude
et que le rétablissement de la paix intérieure 0
pour dix années donne aux relationsdesdeux
pays une sécurité dont il avait grand besoin.
» En présence de ce résultat, la démission
du cabinet Auersperg n'est visiblement
qu'une aflaire de forme. Le ministère, vous
ne.l'avez pas oublié, n'avait conservé le pou-
voir qu'en vue de terminer le Compromis, et il
s'était engagé à déposer ses portefeuilles en-
tre les mains de l'empereur dès que l'oeuvre
serait accomplie. Il a tenu son engagement ̃
mais il parait certain pour tout le monde
que les ministres actuels seront maintenus
à peu près tous en fonctions, et que le prince
Auersperg demeurera président du conseil.
Seul, le ministre de l'intérieur sera changé •
et encore le remplaçant du baron Lasser ne
sera-t-il pas nommé avant la rentrée du Par-
lement. Quant à vous désigner les Personna-
lités qui sont déjà mises en avant p0Ur" accepter
ce poste important, je m'ea garderais bien •
car, à ma connaissance, il n'en a même pas
encore été question dans les hautes sphères.
Les ministres songent uniquement à pren-
dre leurs congés annuels, et l'empereur lui-
même va partir pour Ischl. Il n'attendait, pour
s'éloigner, que le retour du comte Andrassy
qui est arrivé à Vienne hier soir.
» D'ici à quelques semaines la seule question
dont on s'occupera en haut lieu sera celle de
la Bosnie et de l'Herzégovine. On aura assez
à faire de diriger les choses de façon à faire
disparaître les inconvéniens que je vous ai
signalés plus haut, sans porter sa pen-
sée vers les questions intérieures dont
on est heureusement délivré. Pour con-
stituer un nouveau ministère, d'ailleurs
il faut une majorité parlementaire. Or, qui
peut dire ce qu'est aujourd'hui la majorité ? °
Les derniers votes ont achevé dé la dis-
loquer. Les chefs universellement re-
connus et acceptés naguère se sont placés
volontairement dans la minorité et ont paru
s'y complaire. Tous les partis ont tiré chacun
de leur côté, sans qu'on puisse découvrir une
idée d'ensemble. Peut-être à la rentrée, ar-
rivera-t-on à débrouiller ce chaos; mais
l'heure n'est pas encore venue d'y songer. 1
» Les Viennois, pour leur part, avaient, à
mon. retour de Berlin, l'air d'être parfaitement
indifférens au sort du ministère ils avaient
concentré toute, leur attention sur le Schah
de Perse, et véritablement Nassr-Eddin se
montre à tous les points dé vue l'un des sou-
verains les plus intelligens, les plus remar-
quabks de l'Orient.
» Pendant son séjour à Vienne il a sérieu-
sement étudié les questions de commerce, de
douane et de police, de manière à pouvoir
développer la prospérité de ses Etats et y in-
troduire d'utiles réformes. Il a visité avec un
soin minutieux l'arsenal, les principales fabri-
ques, s'est faitrendrécomptedesmoindresdé-
tails et amontré enun mot pourlesinstitutions
et les habitudes de l'Autriche un intérêt réel.
» L'organisation de i& police viennoise sur-
tout l'a frappé il a emmené avec lui un cer-
tain nombre d'agens, sous la conduite d'un
haut fonctionnaire, afin d'organiser la police
persane sur le même modèle. Il a fait un
grand nombre d'acquisitions qu'il a surveit
lées lui-même. Bref, il a produit sur tout le
monde, à tous les degrés de l'échelle sociale,
la meilleure impression.
» En partant, il emmène avec lui le comte
Zaluski ambassadeur d'Autriche-Hongrie
accrédité auprès de sa personne et U
témoigne le plus grand désir d'entretenir
avec la monarchie des Habsbourg les meil-
leures et les plus cordiales relations. Sur un,
désir exprès de l'empereur, le Schah a
«anméson général aide de camp, Neriman
khan, jusqu'ici attaché militaire à Paris, am-
bassadeu>< de Perse Vienne; y N.
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