Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-07-07
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Description : 07 juillet 1878 07 juillet 1878
Description : 1878/07/07. 1878/07/07.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ËDITION DE P~IS.
JOJMAL DES DEBATS
MAME~jmm
ON ,8'A~ONNN
dMS !e I~uxen~bourg, en Tuntnie,
~m~se, en Syrie, en' Rouinante et dans t~t
Mgences dn Maroc et. de ta Tùni~
en Chine et au Japon.'
Hm B~oyen d'une valeur payable a parM on «'
~&hdats-poste, soit internationaux, soit franco
en Allemagne, en Autriche, en Russit,
et dana tous les pay? du Nord
Chez tous }es directeurs de postes;
et dans tous tes autres pays,
~M t'eavot d'una talent payable & PMMt.
Ï.M annonces sont recuM °
0~ BtHt.' N'~Mh~y~~m<«
<, place d*!a"BoM<)~
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~de~mt~~OMa~ea~~a~C~
MMCHE~jmMT
~Î8. "y
ON S'ABONNE
Mo des Pfetres-Sa!nt-Germain-4'Att':eFrot~, K.
Je'mMt.'BZ!A*ta~!WBN*MT':
Un &n. Six mois. Trois B~OMt
DêpMtpmeM. 80 ?. Mff. Mf!.
PaKa. 72 tr,. 36 &. 18 ?.
I~M ttboBDemens partent des f M !6 de
chaque'mpis.
~M~ w< maméi'~ ~M ~M<.
I~rtetneauï, i~ ïeu~(~so. ~or~:
~ept~emtem*, 'm hm~é~o. <~ ee'M~;
ïn t.M'den, appty ta C*wt~ fmd G' foMiga
*h)H)N)t. MeuMy, tt~wtex et C', t,Eta~ haeC~tBbtH,
E. C. L ndon. MM. 'W.-M. )BmKh et Seta,
186.St''Md,w.G..L9adom.
& B~HMUea, & ro/?t~ <Ï< pt~ tf, rat de la
M&~BiMie! dMS les Mo~q~M et ~s te& M-
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POt tTtOt)ES ET t tTTMAtRES
~iUAi.i. J~J~iJ~A I.~MfiLA~jU~J
PARÏS
~àMBMO J~ttLËT
]~eua n<~us étqnqions il y & qite~quea
iours, en appréciait les premiers résul-
M~ Qt~mus du Congrès de Berl;n, des
dj.fpcu)t)és que la. Russie avait fautes pour
admettre le prinpips même du Congre.
(~u'a-t~elle pëcdd ad rendez-~vous des
diplomates sur les bprds de ta. Sprée t
Sans doute le traité de San-Stefano a. ét.a
GQBsidérpLbIement remanié à la surfasot
il n'est pas un seul article qui ea aoit
resté tout & fait intact. Mais les conces-
sions russes n~ont-elles pas été plutôt des
concession~ de forage que de fond? ~'im-
pression que nou; avons éprouvée à c&
sujet, et qu'on noua reproche d'avoir ex-
primée avec trop (Ïe franchise/ne nous a
pas été exclusivement personnelle. La
plupart des journaux européens ont parlé
comme nous. Il n'est pas jusqu'à la~M~
de Vienne, journal très ministériel, qui
n'éerive dans son numéro du 4 juillet t
f~itc. Le Congrès lui a donné des sa-
o tialactions abondantes pour les dés-
N agrémens que les négociateurs du traité
de 8an-Stefa.no ont pu éprouver des
M critiques venues d'~Bord de tous les
? pointa du monde. Presque tous les ar-
Hcles de ce traité sont, il est vrai, mo-
w di6és dans la rédaction; mais l'esprit
B et la tendance du traité restent les
mêmes. n
C'est la une appréciation générale que,
pour notre compte) nous avons déjà con-
firmée p3~ un certain nombre de faits
~ticuliers. Chaque jour, les dépêches de
Berlin nous apportent la nouvelle de quel-
que succès remporté par les Russes, et
remporté le plus souvent avec une facilité
surprenante. Oh a vu, par exemple, ce
Qui vient de se passer au sujet de la na-
vign.'i~n du Danube. La question est
~t'ave J- muius, eite passait pourE~Lfefëts, et nuUe autre n'a plus vivement
préoccupé les anciens diplomates autri-
chiens. Le cabinet, de Vienne actuel a
changé de poHtique, eti'aveuir dira jusqu'à
<ïuël point il aura: eti raison, n s'est réM*
gné.tM~e~, depuis dé~à deux ans, à sa-
c'iûer la li~ne du Danube, et tout porte
croire que dans les fameuses entrevues
impériales dont nous gavons souvent parlé
il a pris sur ce point des eogagemens dont
les conséquences ae manifestent aujour-
d'hui. Toutefois, pour désanner les objec-
tiatis éventuelles, on avait mis en avapt
uji principe nouveau, le principe de la
neutpatisation absolue du Danube depuis
l'embouchure jusqu'aux Portes-de-Fer,
ou au moins la neutralisation de la bouche
principale du Heuve, la Sulina. Principe
plus spécieux que céel. Il ne suffit pas
d'inscrire sur le papiefque tel pays ou tel
ileuve cra neutralisé il faut encore, pour
que cette neutralisation soit sérieuse, que
la nature des choses y soit favorable et
donne aux cations intéressées des moyens
faciles de la garantir. E:tait-ce le cas pour
le Danube, surtout après la rétrocession
de la Bessarabie aux Russes ? Nous en
d~tpns beaucoup. Quoi qu'il en sott, les
Rusgea ont éprouvé quelque scrupule en
m'ésonce de cette annonce de la neutralisa-
ttcn du Danube; ils ont craint de trouver
devant eux, en cas de guerre future,.une
~.orte de Rubicon moralement respectable.
Oa disait très haut à Vienne que, le
Danube étant neutralisé, il n'y avait plus
aucun meonvénient à admettre la
Russie comme puissance riveraine, Les
Russes se sont donc opposés à la procla-
mation du principe, non seulement pour
le Danube, mais pour la Sulina, et ils
ont réussi à faire admettre par le
Congrès non plus que le grand
Heuve serait neutralisé, mais que la na-
vigation y serait libre aux navires de tou-
tes les nations. On comprend la différence.
La neutralisation est une création arti' 4
ûcieile de la diplomatie, qui s'appli-
que seulement au temps de guen-e,
ta.ndis que la liberté de navigation est un
fait naturel qui, à moins de stipulation
contraire, existe toujours en temps de
paix. La neutralisation du Danube aurait
constitué pour la Russie, non pas un
danger et un obstacle véritable, mais
peut-être un embarras et une g6ne on
y a substitué la reconnaissance d'un fait
innocent. La Russie a eu gain de cause.
Elle devait s'attendre à rencontrer les
objections de l'Angleterre, ~ous tisons
en enet, dans la seconde partie du Mé-
morandum en partie double signé à Lon-
dre~ par le comte Schouvaloff et par le
marquis de Saiisbury, lettre D que
l'Angleterre se réservait le droit de discu-
ter la question de la navigation du Danube.
L'Angleterre n'a rien dit, elle s'est tue
api:ès avoir annoncé qu'elle parlerait, et
la Russie a obtenu sans peine un avan-
tage positif.
'Elle a obtenu en ce quiconcerMe ia
erece un avantage négatif, mais pourtant
considérable; et cet avantage, e!te l'a en-
core remporté sur l'Angleterre. Qn se rap-
nelle avec quelle virtuosité éclatante l'An-
gleterre jouait, tout récemmept encore, de
la Grèce, de l'idée grecque, de l'élément
grec. Athènes n'était plus à Athènes, eMe
~tait toute a Londres Les Anglais avaient
~Ht leur aRaire da la. question grecQue
?8 descendans de Miltiade et d& Thé-
ïhistocle avaient remis leur dossier entt'e
les mains des héritiers de Pitt et de
Palmerston. Nous nous attendions oatu-
rellement & voir les plénipotentiaires an-
glais revendiquer pour la Grèce une large
par}. d~ gâteau que l'on découpe en
Orient. Point! ce sont les plénipotentiaires
français qui ont parlé pour la Grèce; il est
vrai que tout le monde a été de leur avis
chacun a opiné du bonnet comme en Sor-
bonile; et lord Beaconsneld, dit le télé-
graphe, a K prononcé & cette occasion un
assez long discours. » La Grèce a été offi-
ciellement déclarée sympathique, et l'on a
invité la Porte, le plus poliment possible,
à lui céder la moitié de la ThessaUe et
une partie de l'Epire.Mais si la Porte,
déjà dépouillée dans de larges proportions
au nord, au centre et à l'ouest, ne juge
pas à propos de se dépouiller elle-même
au sud; si, à peu près ruinée, elle ne se
trouve plus assez riche pour faire l'au-
mône, qu'arrivera-tj-il? Rien la question
est abandonnée à un arrangement direct
entre la Grèce et la Turquie. On peut dès
lors prévoir le parti que prendra cette
dernière, et le comte SchouvaloCF l'a si
bien prévu qu'il n'a pas hésité un instant
à se raUier à l'opinion générale. Les pie-
nipotentiaires turcs ont déclaré naturelle-
ment qu'ils étaient pris au dépourvu et
qu'ils n'avaient pas d'instructions. Le té-
légraphe ne dit pas si, cette fois, M. de
Bismarck leur a enjoint d'en demander
sans retard. On peut donc conclure que
la question grecque est, non pas résolue,
mais écartée ou ajournée. L'Angleterre
n'a rien fait pour la résoudre, elle ne
l'a pas même posée elle n'a pas
fait plus ni autre chose que la Rus-
sie elle-même. Est-ce un avantage
pour l'Angleterre ou pour la Russie ? La
réponse n'est pas douteuse; la Russie se
trouve débarrassée pour le moment de ce
contre-'poids que l'élément slare devait
trouver dan~ l'élément hellénique. ,0ù
est le profit pour l'Angleterre? 11 est
vrai que les questions qui se rappor-
tent a. l'Asie n'ont pas encore é~é traitées,
et on annonce mystérieusement que lord
Beaconsfield réserve sur ce terrain un de
ces coups de théâtre qui font la surprise
et l'admiration de l'Europe. Nous verrons
bien et nous sommes impatiens de sa-
voir quelles compensations le malin vieil-
lard imagine avoir trouvées aux sacrifices
qu'il vient de consentir.
Après la Russie, il est incontestable
que la puissance qui a gagné le plus aux
négociations de Berlin est l'Autriche~
heureuse puissance qui a attendu la for-
tune dans son lit pendant que les autres
se battaient, et que la fortune est venue
trouver. Voilà le pi~x de* la foi et de l'es-
pérance, vertus théologales que l'Au-
triche n'a pas cessé de pratiquer à
l'égard de l'alliance des trois empi-
res Nous ne reviendrons pas sur le
droit reconnu à l'Autriche d'occuper,
a6n de les réorganiser, l'Herzégovine et
la Bosnie, non plus que sur le chemin de
fer qui reliera le cœur de la monarchie à
l'Archipel. Mais ce qu'il importe de signa-
ler, ce sont les remaniemehs du traité de
San-Stefano qui ont eu pour objet et pour
résultat de donner a ce chemin de fer une
assiette territoriale large et solide. On a
beaucoup parlé depuis quelque temps du
couloir qui, passe entre le Monténégro et
la Serbie, couloir très étroit que le traité
de San-Stefano avait rétréci encore et com-
plètement étranglé. Sur certains points,
le couloir n'avait plus que cinq kilomè-
tres de large il a maintenant vingt milles
anglais. Il a fallu pour cela refuser au
Monténégro tout accroissement de terri-
toire au nord-est, et à la Serbie au sud-
ouest. Les plénipotentiaires autrichiens
s'y sont appliqués et ont réussi. Le
Monténégro a perdu à peu près un
tiers des nouveaux territoires que
lui assignait le traité de San-Stefano,
mais les deux tiers qu'il conserve sont
pour lui des acquisitions très considé-
rables et réalisent les deux points prin-
cipaux de son programme obtenir quel-
ques plaines fertiles et un accès à la mer.
En outre, en effet, de Nikchitch au nord-
ouest, le Monténégro acquiert au sud les ri-
ches plaines de Podgoritza, plus le port
d'Antivari, et enfin la navigation libre
sur la rivière Bojana. Mais ici encore
le Congrès a pris soin d'enlever a ces
concessions tout ce qui aurait pu por-
ter ombrage à l'Autriche. Le port, d'An-
tivari ne sera pas un port militaire; les
Monténégrins ne pourront y paraître ni
avec des vaisseaux ni avec un pavillon de
guerre, et la police générale, y compris
la police sanitaire, sera faite par qui? par
l'AutNche elle-même. L'Autriche seule
aura le droit de pénétrer dans le port,
de stationner sur la côte avec des navires
de guerre. On a été plus loin. Le Congrès
a décidé que le. port de Spizza, situé à
l'extrémité de cette longue bande de
territoire qu'on appelle la Dalmatic et
qui appartient àFAtïtriche, serait occupé
par les Autrichiens. On a voulu leur fa-
c~titer par la la surveillance de tout le
littoral. Nous n'avons garde, d'ail-
leurs, de critiquer cette partie de l'œu-
vré du Congrès elle est fort bonne.
L'extension de la puissance autri-
chienne en Orient est d'intérêt eu-
ropéen, et nous regrettons seulement le
pBix souvent trop cher dont elle est payée.
Il était naturel aussi, tout en développant
le Monténégro, de prendre des précau-
tions contre !~s dangers de contrebande
et de piraterie que ce petit peuple, éner-
gique mais pauvre et de moeurs presque
sauvages, pouvait faire courir aux rive-
rains de l'Adriatique. Enfin la frontière
méridionale du Monténégro a été con-
venablement tracée. On y a compris An-
tivari, mais rien de plus au sud; dès
Dulcigno, en effet, on aurait encontre
des populations albanaises, chrétiennes
ou musulmanes, qui n'auraient jamais ac-
ç,~pté domina de,s'Anténégrins.
cepté la domination des Monténégrins.
Si le Monténégro a perdu quelque chose
'au remaniement du traité de San-Steiano,
nQusn'an dirons pas autant de la Serbie.
Sans doute elle a dû renoncer quelques
adjonctions de territoire au sud-ouest,
mais les compensations qu'on lui a don-
nées au sud et au sud-eet ont plus que
racheté ces pertes. La Russie, qui s'in-
téressait beaucoup au Monténégro, a
montré, surtout dans les derniers temps,
une extrême froideur pour la Serbie.
De ce côté, toute sa tendresse ap-
partenait la Bulgarie. L'Autriche a pro-
fité habilement de la situation, et l'on
peut dire que l'intérêt proportionnel
qu'elle a témoigné aux Monténégrins et
aux Serbes a été en sens inverse de
celui des Russes. En conséquence, si
le comte Andrassy s'est opposé a l'ad-
jonction à la Serbie de Novi-Bazar et
du district de cette ville, il lui .a fait
obtenir, du côté de la Bulgarie, au sud-
est, le sandjak de Nisch et le district de
Pirot, et au sud le district de Vrauja.
La Serbie a gagné a. l'échange, et l'Au-
tfiehe n'y a pas perdu. Le « couloir N
entre les deux petites principautés se
trouve ainsi considérablement élargi
et complètement déblayé. Il est dif-
ficile que la Serbie échappe a un
traité de commerce et à une conven-
tion militaire avec la monarchie austro-
hongroise, et l'influence autrichienne
s'exercera dans ce sens par tous ces in-
strumeas de paix, le télégraphe, la poste,
les chemins de fer, les douanes, etc.–En
tout cela, nous voyons bien que la Russie
ne perd pas grand'chose, et que l'Autriche
gagne beaucoup. Quant à l'Angleterre,
elle n'a guère fait jusqu'ici que des sacri-
fices dont quelques uns n'ont pas seule-
ment porté sur ses intérêts matériels.
Mais l'Asie est là, et il faut attendre ce
que l'Angleterre revendiquera et obtien-
dra en Asie.
BQ!JRSE DE PAMS
Ct S 0/0
Comptant. 76 M.. t68212 .3212 .Fin cour. 7660. 76921/2 .321/2 .<
Comptant tC6.< 106 20.20~ .t~
50/0
ComptantiH40.U49S.SS.
~Fincour.it4S5.tH! S.50.f
PETITa BOTRSH Da SOUt.
Eïnprant S 0/0. H5fr.i7 )/2, 26 j~, 233/4.
30/0. T?~r.,T7ff.tO,0'?~
t~xtér" espagnole.. t4 t/4, S/16.
5 0/0 turc. 15fr.2S,3-!i/2.
Banque ottomane.. 4S2fr.SO.
Florins (or). 66't6,l/2..
Hongrois 6 0/0. 8011/16,3/4.
Egyptiennes 6 0/0.. 280 &.
.s.
Nous recevons de nos correspondons parti-
cutiers les dépêches suivantes:
a Berlin, !e 6 juillet, 8 h. soir.
Dans la séance tenue hier par !e Congrès,'
la question grecque a. été vidée, et voici
l'historique de ta discussion. Lorsque le Con-
grès eut décidé d'admettre les Grecs à expo-
ser devant lui leurs vœux et leura demandes.
M. Delyaanis et M. Ranghabé ont été intro-
duits dans 1s salle du Congrès (séance du
29 juin), et ils ont donné lecture d'une dé-
claration ainsi conçue
ment hellénique ont toujours été Identiques aux
aspirations de la nation entière dont la Grèce
libre n° constitue qu'une petite partie. Ces
mêmes aspirations animaient )e peuple hellène
quand il entreprit en t82t la longue guerre
de son indépendance. Quant à leur réalisation
complète, le gouvernement hellénique ne saurait
se mire iliusion sur les nombreuses diiucuités
qu'elle rencontre.
La ferme résolution de l'Europe d'étaMir la
paix en Orient sans trop ébranler l'état de choses
existant indique au gouvernement hellénique les
timites qu'il doit imposer à ses aspirations. Ainsi
le gouvernement doit limiter ses voeux et voir
dans l'annexion de Candie et des provinces limi-
trophes du royaume touj, ce qui pour le moment
pourrait être fait pour la Grèce.
o Les vœux du gouvernement du roi ne s'op-
posent ni aux intérêts de l'Europe ni à ceux de
PEtat voisin. Leur satisfaction serait l'accomplis-
sement de la volonté ferme et tenace des popu-
lations de ces provinces, et donnerait le calme et
une existence tenable au royaume.
Nous croyons que l'accomplissement des
vœux ci-dassus énoncés est dans les intérêts de
l'Europe. Sa volonté étant d'amener et de conso-
lider ta paix en Orient, l'annexion de ces pro-
vinces serait le moyen le plus efficace et le seul
possible pour écarter toutes les causes qui pour-
raient dans l'avenir faire péricliter l'oeuvre paci-
ficatrice de l'Europe. On n'aurait qu'à se rappeler
le passé de ces provinces, les causes qui les ont
tant de foisagitées eties moyens extrêmesauxquels
ces contrées ont eu recours pour améliorer !eur sort,
pour être pleinement convaincu que les mêmes cau-
ses amèneraient dans un avenir plus ou moins pro-
chain les mêmes tristes résultats. D'ailleurs, l'Eu-
rope ayant vu dans la création du royaume hel-
iénique une œuvre extrêmement civilisatrice,
~on agrandissement ne serait que le complément
de cettèœuvrë. L'annexion de ces provinces serait
aussi dans l'intérêt de la Turquie. Elle lui évite-
rait dans l'avenir toute cause des troubles qui ont
tant de fois épuisé son budget, compromts ses
intérêts politique. et aigri les relations de bon
voisinage dont le royaume hellénique a été
de tout temps si soigneux. Quant à l'intérêt, capital
que ces mêmes provinces trouveraient dans leur
annexion, it est généralement connu que depuis
un demi-siècle déjà elles réclament leur union à
la. Grèce. EUes ont bien des fois et hautement
manifesté ce désir. Elles n'ont pas hésité même
u. prendre le& atmes & plusieurs repr&eseta
s'attirer tous les malheurs de la guerre pour
!e réaliser. Il y a quelques mots à peine, rune
d'elles n'a pu être pacifiée que sur l'assurance
formelle d'une grande puissance que la cause
hellénique ne serait point lésée et que cette
puissance même dirait explicitement a.U Congrès
que cette pacification est due a son interven-
tion. Une autre province, Hie de Candie, est en-
core en p!eine insurrection, et, d'après les der-
nières nouvelles, )e sang y coule en abondance.
Ne serait-ce pas une œuvre de j ustice et d'huma-
nité que de satisfaire aux aspirations nationales
de ces pays, de combler leurs vœux tant de fois
manifestes et de leur épargner a l'avenir les des-
tructions et les catastrophes auxquelles ils s'ex-
posent pour parvenir à une existence nationale ? 7
)) Quant au royaume hellénique, toutes les ma-
nifestations des voeux nationaux des Hellènes de
la Turquie ne peuvent naturellement que pro-
duire une profonde émotion dans le royaume
hellénique. Les originaires des provinces grec-
ques de l'empire ottoman y comptent par
milliers. un grand nombre y occupent des
places distinguées dans toutes les branches de
l'administration, dans la marine et dans l'ar-
mée, d'autrësnon moins nombreux s'y distinguent
par leur activité industrielle et commerciale. Le
contre-coup que la nouvelle d'une insurrection
hellénique en Turquie'produit dans leurs cœurs
est trop puissant pour ne pas les remuer. Il
pousse les uns à passer les frontières pour s'u-
nir aux combattans, les autres à vider leur bourse
pour la cause commune. Cette commotion est
vite communiquée à tous les habitans du pays,
quoique non originaires des provinces combat-
tantes. et la population entière du royaume, qui
ne peut oublier ce qu'elle doit aux combats an-
térieurs de ces frères déshérités, ni rester im-
passible vis-à-vis~de leur lutte de délivrance, court
se mettre dans leurs rangs pour les aider à re-
conquérir léur liberté.
Un pareil état de choses fait naître chaque fois
dans le royaume hellénique des crises sérieuses
qui rendent très difficile la positio n de son gouver-
nement. Ne pouvant refuser ses sympathies" aux
Hellènes des provinces en question, unis à la Grèce
libre par des liens d'histoire, d'origine et de mal-
heurs communs; ne devant pas afficher une in-
différence qui le frustrerait do là confiance de
l'hellénisme et étoufferait las justes espérances
que lés Hellènes de la Turquie ont de tout
temps fondées Sur la Grèce libre, tout gouver-
nement hellénique serait impuissant à résister au
courant. Crut-il môme devoir le faire en sacrifiant
les intérêts les plus précieux du royaume, il se-
rait renversé par le courant qui entraînerait le
pays tout entier dans la lutte des provinces
insurgées. Dans le cas même où le gouverne-
ment aurait la force d'opposer une digue au
courant national, tous ces efforts resteraient sans
effet à cause de l'étendue et de la conformation
de la ligne frontière du royaume qu'une armée de
100,000 hommes même ne serait pas en état
de garder de manière à pouvoir empêcher
la sortie clandestine des volontaires. La
situation créée au gouvernement hellénique
par ces mouvemens insurrectionnels n'*est pas
moins difficile et intenable au point de vue
financier. Le budget du royaume a bien des
fois subi et subu encore l'influença de pareils
événemens. Si grande et si éclatante que soit
la différence entre le budget des recettes pu-
bliques dressé en t8M par le Président do
la Grèce, et celui de l'exercice de l'année der-
nière, il n'en est pas moins vrai que les secours
pécuniaires alloués chaque lois aux réfugiés
des provinces insurgées et aux eombattans ra-
patriés, ainsi que les armemens motivés par
cette situation anormale et par les relations tant
soit peu tendues avec l'Etat .limitrophe qui en
ont toujours été la conséquence, ont bien des fois
englouti plusieurs millions, augmenté la dette pu-
blique et affecté à des dépenser infructueuses la
plus grande part des recettes publiques qui,
appliquées au développement matériel du pays,
en auraient bien plus encore augmenté les res-
sources et le bien-être. Si de grandes et riches
nations avec lesquelles la peUte Grèce ne
saurait jamais se mesurer ont toujours, en
des circonstances analogues, ressenti les suites
~onéreuses de dépenses do même nature, il est
bien naturel que le pauvre royaume hellénique,
qui plus d'une fois s'est trouvé dans le cas
de devoir faire face à do pareilles obligations,
qui aujourd'hui encore entretient sur son ter-
ritoire 30,000 réfugiés et doit s'occuper de
prépara.tifs au-dessus de ses forces. il est
bien naturel que non seuiemeut il se res-
sente de tout le poids de pareilles dépenses, mais
qu'il en soit écrasé. Le gouvernement de S. M.
est pénétré de la conviction inébranlable qu'un
pareil état de choses ne pourrait se prolonger. Il
croit remplir un devoir qu'il ne lui est point per-
mis de négliger en s'empressant d'exposer au
Congrès cette situation et de le prier de bien vou-
loir y remédier en écartant' les causes qui l'ont
préparée. »
s C'est ta France qui a fait ensuite la mo-
tion d'étendre les frontières du royaume hel-
lénique jusqu'à Semendrià etKalamos. Cette
motion a été présentée hier par M. Wadding-
ton et la comte Corti, ministre d'Italie, a
prononcé un discours dans lequel il l'a cha-
leureusement appuyée. M. de Bismarck a
pris ensuite la parole et a 'vivement conseillé
aux plénipotentiaires turcs de prendra en sé-
rieuse considération les désirs formulés par
la France et l'Italie, et visiblement approuvés
par tous les membres du Congrès.
o Avec sa netteté ordinaire ~e langage, le
chancelier a fait comprendre aux ministres
ottomans que la Porte avait elle-même le plus
grand intérêt à satisfaire les Grecs, de façon à
pouvoir vivre avec eux en bonne intelli-
gence et à faire cesser ces agitations perpé-
tuelles qui troublent le repos de l'Europe. Il
leur a recommandé de se montrer coneilians
et de se faire des relations de bon voisinage
avec un peuple auquel l'Europe témoigne si
hautement son intérêt.
N Tous les autres plénipotentiaires, même
ceux de la Russie, ont approuvé les paroles
prononcées par le président du Congrès et
ont donné leur adhésion à la motion de
M. Wa.ddiogtoa. Il a été décidé, en consé-
quence, que la Porte-Ottomane serait invitée
à étendre les frontières de la Grèce jusqu'à
Semendria d'une part, Kalamos d'autre part,
et à s'entendre directement avec le cabinet
d'Athènes pour tracer la ligne de démarca-
tion entre les deux pays.
s Dans le cas où les deux Etats ne pour-
raient pas s'entendre à l'amiable, les puis-
sances réunies au Congrès offrent leur média-
tion. Cette invitation- du Congrès peut, sous
certains rapports, être considérée comme un
ordre, et si la Porte-Ottomane était bien in-
spirée, elle se hâterait d'y donner suite.
Comme le lui a fait observer M. de Bis-
marck, plie a intérêt à satisfaire les Grecs, at-
tendu qu'elle satisferait en même temps les
ptiissancea qui viennent de 1~ soutenir elle
mêmo contre l'ambition russe en lui conser-
vant la. Roumélie avec la limite des Balkans.
Si elle soulevé, au contra.ire, de nouvelles dif-
ficultés, e'ie peut donner aux puissancesl'oc-
casion d'intervenir de nouveau dans ses af-
faires, et peut-être avec de moins bonnes in-
tentions.
o Cependant les choses ne se passeront p&s,
on peut le prévoir, sans quelque'difSculté.
Les plénipotentiaires ottomans ont déclaré
qu'ils n'avaient pas d'instructions relative-
ment à la question grecque. lia laissent
entendre que la Porte-Ottomane consen-
tira à accorder une recti6ca.ti.on do fron-
tières, mais ils refusent de prendre a.uc~n
engagement positif, n'ayant jusqu'ici aucune
instruction précise à cet égSrd.
t Ilestnaturelque les G?ecs soient peu satis-
faits. Si l'on eût voulu faire pour eux quelque
chose de sérieux, il )eur fallait accorder tout,
ou leur laisser leurs frontièrrs actuelles. Le
principe de l'extension du territoire grec au
delà des montagnes est pose. C'est le premier
pas vers des annexions ultérieures. L'Epire et
îa ThessaHese trouvent coupées en deux.
De chaque coté des nouvelles frontières,
il y aura des Grecs partant la môme
langue, ayant les mêmes aspirations, appar-
tenant à la même nationalité mais la nation
grecque n'en sera pas moins profondément
reconnaissante envers la. France qui, renouant
ainsi la chaîne de ses traditions, se sera.
acquis da nouveaux droits à leur éternelle
gratitude. Si f-He n'a pas Mt plus pour eux,
ils comprennent que c'est !a faute des circon-
stances. Elte a tenté en leur faveur tout ce
qui était possible dans l'état actuel des choses.
t On espère que la dernière séance aura
lieu lundi, et l'on s'occupjara immédiatement
de la rédaction définitive du traité do paix;
mais les commissions militaires chargées de
tracer définitivement les frontières de 1~
Roumétie, de la Serbie et des Balkans avan-
cent si lentement leurs travaux qui devront
être joints au texte du traité, quela signa~
ture pourrait bien être ajournée à mercredi
ou vendredi. J'ajouterai seulement à ce que
je vous ai déjà dit sur ce point qu'une zone
militaire de ë kilomètres sera attribuée aux
Turcs au bas des Balkans. ? ü W'
a BepHn, le 6 juillet, 10 h. soir.
a Dans lascahce d'aujourd'hui, le Congrès a
discuté les questions d'Arménie et de Ba-
toum. La Russie laisse à la Turquie les val-
lées de l'Araxes et de Bayazid, et'conserve
pour elle Kars et Ardahan. Une fois ces points
décidés, le Congrus est passé à la question
de Batoum. Lord Beaconsneld a prononcé
un long discoure contre la cession de Ba-
toum à la Russie. Voyant ces dispositions de
l'Angleterre, les Russes ont demandé alors
que Batoum devînt un port franc. La discus-
sion s'est engagée à ce sujet. Les plénipo-
tentiaires ne sont pas parvenus à s'entendre
sur la question des garanties. Lundi matin,
lord Beaconsneld doit voir Je comte Sehouva-
loff pour s'entendre au sujet de ces garanties.
La suite de la discussion en séance est
donc remise à lundi. Les puissances paraissent
être favorables à la proposition rus3e pour la
déclaration do Batoum port franc, avec des
garanties. Il est probable que l'entente aura
lieu sur cette base qui serait adoptée.
N.
Le prince Auersperg a offert Mer 3. l'em-
pereur la dérnission du cabinet entier, comme
cela avait été convenu au cours des régoeia-
tions pour !ë renouvellement du Compromis
austro-hongrois. On croit que la décision im-
périale à ce sujet sera remise au début do la
prochaine session parlementaire. En atten-
dant, le cabinet sera probablement chargé de
continuer l'exp~d.ition des affaires pendant
l'été. Du reste, la plupart des ministres pren-
dront un congé. Le prinea Auersperg ira en
Suisse.
o Le Schah de Perse est arrivé hier soir. Il
a été reçu à 'a gare par l'fmpereUr qui l'a
conduit à la Hofbu"g où des appartenions
étaient préparés. Aujourd'hui, on donnera en
son honneur une représentation de gala a
l'Opéra, n
La Chambre des Députés a décidé dans
son avant-dernière séance que la loi de
M. Paul Bert sur l'établissement des
écoles primaires, dont l'urgence avait
été proclamée, serait soumise cepen-
dant à une seconde délibération. C'est
sur la demande de M. Paul Bert lui-
même que cette décision a 6,té prise. Il
eût été fâcheux, en eSet, de discuter et
de résoudre à la hâte, au terme d'une ses-
sion que tout le monde était pressé de
voir finir, une question d'une importance
capitale qui demande à être traitée avec
calme et qui comporte d'assez longs déve-
loppemens. M. Paul Bert n'a rien à crain-
dre de la discussion. Son projet est de
ceux qui peuvent affronter sans inconvé-
niens les débats les plus approfondis. Nous
n'avons pas été surpris de la vivacité avec
laquelle il a attaqué par M. Granier
de Cassagnac, par M. de la Bassetière, par
M.LéProvostdeLaunay et par M. de
Baudry-d'Asson. Nous nous attendons
même à un assaut en. règle au moment
de la .seconde lecture. M. Paul Bert
a entrepris une o&uvre dans laquelle
il devait avoir pour adversaires les hom-
mes qui ont essayé, en 1850, de dé-
truire l'instruction primaire, ou du moins
de la restreindre dans des limites aussi
étroites que possible. On n'a pas oublié
qu'il avait déposé l'année dernière un
grand projet de loi sur les conditions
du recrutement et du fonctionnement des
instituteurs et des institutrices primaires,
et qu'il avait rédigé à ce propos un rapport
d'ensemble où il signalait avec une mo"
dération et une fermeté remarquables
tous les points de la législation do 18SO
qu'un gouvernement démocratique et li-
béral devrait s'appliquer à modifier le
plus prbmptement possible. Nous n'hési-
tons pas & dire que ce rapport, véritable
modèle d'exposition, est l'étude la plus
complète, la plus impartiale, la plus in-
structive et la plus intéressante qui ait
été publiée sur nos lois d'enseignement
primaire. Elle a paru, par malheur, le
18 mai 1877, c'est-à-dire à une époque où
les survivans de 1850 venaient de s'empa-
rer du pouvoir et) de chercher à faire
triompher de nouveau leur politique d'a-
veugle réaction. M. Paul Bert a laissé pas-
ser l'orage; mais, dès que la république
est sortie victorieuse de la nouvelle
épreuve à laquelle on l'avait soumise, il
a repris son projet en détail et l'a pro-
posé de nouveau à l'adoption des Cham-
bres. Cette fois, les circonstances étaient
bien changées. Il n'avait plus à craijudre
d'être arrêté il avait à craindre, au con-
traire, d'être prévenu. C'est ainsi que
dans la question des écoles normales, la
plus importante "de tous, le ministère de
l'instruction publique l'a devancé, de sorte
que la loi de M. Paul Bert servira plutôt
à ratifier ce qui aura. été fait qu'à indi-
quer ce qu'il faudrait faire.
Est-ce à dire que cette loi soit inutile ? R
A coup sûr non, et nous espérons bie~
que- les Chambres s'empresseront de la,
voter à leur retour. Il faut opposer
une barrière légale à ceux qui cher-f
cheraient encore à, recommencer la; dé"
testable entreprise de 18SO. L'enseigne-
ment primaire avait été organisé chez
nous avec une habileté, une simplicité de
moyens et une prévoyance admirables.
par la fameuse loi de 1833 que M. Guizot,
chose curieuse avait empruntée presque
tout entière au ministre de l'instruction pu-
blique du cabinet de Polignac, M. de Guer-
non-RanviIIe. Mais, après la chute du gou-
vernement de Juillet et pendant la période
de réaction violente qui suivit la première
année de la république, la coalition des
partis monarchistes, légitimistes, orléa-
nistes, bonapartistes, n'épargna rien pour
détruire l'ouvre féconde de M. de Guernon-
RanvtHe et de M. Guizot. Les écoles nor-
males furent sacrifiées tout d'abord. L'ar-
ticle 11 de la loi. de 1833 était ainsi
conçu
a Tout département sera tenu d'entretenir
une école normale primaire, soit par lui-m~me;
soit en se réunissant à un ou plusieurs dé-
partemens voisins.
» Les consens généraux délibéreront sur
les moyens d'assurer l'entretien des écoles-
normales primaires. Ils délibéreront égale-
ment sur la réunion de plusieurs départe-
mens pour l'entretien d'une seule école nor-
male. Cett,e réunion devra ~tre autorisée par
ordonnance royale, »
La loi de 1833 répondait si bien aux
vœux et aux besoins des populations que
soixante-trois écoles normales pour les
instituteurs et six pour les institutrices
furent iondées pendant le règne de Louis-
Philippe, Les réactionnaires de 1860, don~
le but secret était de détruire l'enseigne-
ment laïque inauguré par M. Guizot, ne
pouvaient manquer d'être très gênés par
ces fondations. Aussi seh&tèrent-ils de cher-
cher des moyens d'amener la suppression
complète des écoles normales. « Les écoles
normales », disait M. Beugnot, rapporteur
du projet de loi destiné à réaliser cette
singulière réforme, « donnent aux jeunes
gens une éducation disproportionnée avec
[e sort qui leur est réservé, éducation
qui les condamne malgré eux à être des
mécontens, des malheureux, et à devenir
à leur insu des instrumens. entre tes
mains des factions. Pauvres instituteurs
des campagnes dont la vie modeste, les
ambitions satisfaites, le bonheur tran-
quille est la meitleure des~eçons pour les
paysans au milieu desquels vous vivez,
qui se serait douté que vous fussiez des
espèces de Werther ou de Bénédict prêts
a entrer en révolte contre une société qui
vous a élevés en vue de la plus brillante
existence et qui vous a condamnés ensuite
au sort vulgaire de bons bourgeois cam-
pagnards cultivant paisiblement leur jar-
din Nous n'exagérons pas. Nourris de
littérature romantique plutôt que d'expé-
rience pratique, les réactionnaires de 1880
s'imaginaient de bonne foi que les écoles
normales étaient des espèces d'universités
où l'on formait les instituteurs à toutes
tes délicatesses de l'imagination et de l'es-
prit pour les envoyer ensuite végéter
grossièrement au milieu de petits paysans.
On est stupéfait d'entendre M. Beugnot
parler avec une naïve emphase de l'instal-
lation splendide de ces écoles, de l'in-
struction supérieure qui y aurait été don-
née, « des connaissances variées, brillan-
tes, inutiles à la fonction de l'instituteur,
des études exagérées qui ouvrent l'esprit
des jeunes gens aux. plus brillantes espé-
rances dont les années d'études auraient
été remplies M, etc.
Ceux qui étaient à peine nés en 1850 et
qui n'ont pas connu les splendeurs des
écoles normales décrites par M. Beugnot
se demandent, en présence de la pauvreté
des écoles actuelles, ce que sont devenus
le personnel et le matériel nécessaires a.
cet enseignement exagéré. Hélas! nous
serions fort heureux aujourd'hui de re-
trouver toutes ces richesses si elles
avaient existé ailleurs que dans l'ima-
gination fertile de M. Beugnot et de
ses amis. Poursuivant son idée pré-
conçue, le rapporteur de 1850 proposait
de remplacer les écoles normales par un
stage dans les écoles primaires Nous
aurons trouvé ainsi, disait-il, sans enbrts
pénibles, sans grande dépense et sans
tout le luxe scientifique des écoles nor-
mâles, le véritable instituteur primaire,
simple, laborieux, borné dans ses besoins
et dans ses désirs, et pour lequel ses éco-
liers et sa commune seront le monde tout
entier, en un mot l'instituteur que les
écoles normales ne nous ont point
donné, et qu'elles ne nous donneront
j&mais. »
M. Beugnot se trompait. Le législateur
de 1880 n'ayant pas osé rendre obligatoire
la destruction des écoles normales, les
mœurs ont résisté à l'influence des lois,
et les écoles normales ont continué à nous
donner des instituteurs honnêtes, dévoués,
laborieux, contens de leur sort, habitant
sans regrets la campagne et résistant sans
peine aux suggestions des factieux. « Nous
avons enfin obtenu et enlevé de vive force,
parmi tant d'autres conquêtes sembla-
bles, s'écriait M. Dupanloup, la destruction
des écoles normales! a Cri de triomphe
imprudent, car il n'y a eu, en fait, qu'un très
petit nombre d'écoles supprimées. Il
existe aujourd'hui 7 9 écoles normales d'in-
stituteurs réunissant une population de
3,483 élèves-maîtres, et 19 écoles d'inst~
JOJMAL DES DEBATS
MAME~jmm
dMS !e I~uxen~bourg, en Tuntnie,
~m~se, en Syrie, en' Rouinante et dans t~t
Mgences dn Maroc et. de ta Tùni~
en Chine et au Japon.'
Hm B~oyen d'une valeur payable a parM on «'
~&hdats-poste, soit internationaux, soit franco
en Allemagne, en Autriche, en Russit,
et dana tous les pay? du Nord
Chez tous }es directeurs de postes;
et dans tous tes autres pays,
~M t'eavot d'una talent payable & PMMt.
Ï.M annonces sont recuM °
0~ BtHt.' N'~Mh~y~~m<«
<, place d*!a"BoM<)~
.eMdn~9~!W~<.
~de~mt~~OMa~ea~~a~C~
MMCHE~jmMT
~Î8. "y
ON S'ABONNE
Mo des Pfetres-Sa!nt-Germain-4'Att':eFrot~, K.
Je'mMt.'BZ!A*ta~!WBN*MT':
Un &n. Six mois. Trois B~OMt
DêpMtpmeM. 80 ?. Mff. Mf!.
PaKa. 72 tr,. 36 &. 18 ?.
I~M ttboBDemens partent des f M !6 de
chaque'mpis.
~M~ w< maméi'~ ~M ~M<.
I~rtetneauï, i~ ïeu~(~so. ~or~:
~ept~emtem*, 'm hm~é~o. <~ ee'M~;
ïn t.M'den, appty ta C*wt~ fmd G' foMiga
*h
E. C. L ndon. MM. 'W.-M. )BmKh et Seta,
186.St''Md,w.G..L9adom.
& B~HMUea, & ro/?t~ <Ï< pt~ tf, rat de la
M&~BiMie! dMS les Mo~q~M et ~s te& M-
NtOthMnesdesttaré~dechemiDsdQ fer b~jM.
` "âhes ~t· Ore~të$ L, ~`or~
~Bt!So(CMU), chez OMstea I. Tora!~
POt tTtOt)ES ET t tTTMAtRES
~iUAi.i. J~J~iJ~A I.~MfiLA~jU~J
PARÏS
~àMBMO J~ttLËT
]~eua n<~us étqnqions il y & qite~quea
iours, en appréciait les premiers résul-
M~ Qt~mus du Congrès de Berl;n, des
dj.fpcu)t)és que la. Russie avait fautes pour
admettre le prinpips même du Congre.
(~u'a-t~elle pëcdd ad rendez-~vous des
diplomates sur les bprds de ta. Sprée t
Sans doute le traité de San-Stefano a. ét.a
GQBsidérpLbIement remanié à la surfasot
il n'est pas un seul article qui ea aoit
resté tout & fait intact. Mais les conces-
sions russes n~ont-elles pas été plutôt des
concession~ de forage que de fond? ~'im-
pression que nou; avons éprouvée à c&
sujet, et qu'on noua reproche d'avoir ex-
primée avec trop (Ïe franchise/ne nous a
pas été exclusivement personnelle. La
plupart des journaux européens ont parlé
comme nous. Il n'est pas jusqu'à la~M~
de Vienne, journal très ministériel, qui
n'éerive dans son numéro du 4 juillet t
o tialactions abondantes pour les dés-
N agrémens que les négociateurs du traité
de 8an-Stefa.no ont pu éprouver des
M critiques venues d'~Bord de tous les
? pointa du monde. Presque tous les ar-
Hcles de ce traité sont, il est vrai, mo-
w di6és dans la rédaction; mais l'esprit
B et la tendance du traité restent les
mêmes. n
C'est la une appréciation générale que,
pour notre compte) nous avons déjà con-
firmée p3~ un certain nombre de faits
~ticuliers. Chaque jour, les dépêches de
Berlin nous apportent la nouvelle de quel-
que succès remporté par les Russes, et
remporté le plus souvent avec une facilité
surprenante. Oh a vu, par exemple, ce
Qui vient de se passer au sujet de la na-
vign.'i~n du Danube. La question est
~t'ave J- muius, eite passait pour
préoccupé les anciens diplomates autri-
chiens. Le cabinet, de Vienne actuel a
changé de poHtique, eti'aveuir dira jusqu'à
<ïuël point il aura: eti raison, n s'est réM*
gné.tM~e~, depuis dé~à deux ans, à sa-
c'iûer la li~ne du Danube, et tout porte
croire que dans les fameuses entrevues
impériales dont nous gavons souvent parlé
il a pris sur ce point des eogagemens dont
les conséquences ae manifestent aujour-
d'hui. Toutefois, pour désanner les objec-
tiatis éventuelles, on avait mis en avapt
uji principe nouveau, le principe de la
neutpatisation absolue du Danube depuis
l'embouchure jusqu'aux Portes-de-Fer,
ou au moins la neutralisation de la bouche
principale du Heuve, la Sulina. Principe
plus spécieux que céel. Il ne suffit pas
d'inscrire sur le papiefque tel pays ou tel
ileuve cra neutralisé il faut encore, pour
que cette neutralisation soit sérieuse, que
la nature des choses y soit favorable et
donne aux cations intéressées des moyens
faciles de la garantir. E:tait-ce le cas pour
le Danube, surtout après la rétrocession
de la Bessarabie aux Russes ? Nous en
d~tpns beaucoup. Quoi qu'il en sott, les
Rusgea ont éprouvé quelque scrupule en
m'ésonce de cette annonce de la neutralisa-
ttcn du Danube; ils ont craint de trouver
devant eux, en cas de guerre future,.une
~.orte de Rubicon moralement respectable.
Oa disait très haut à Vienne que, le
Danube étant neutralisé, il n'y avait plus
aucun meonvénient à admettre la
Russie comme puissance riveraine, Les
Russes se sont donc opposés à la procla-
mation du principe, non seulement pour
le Danube, mais pour la Sulina, et ils
ont réussi à faire admettre par le
Congrès non plus que le grand
Heuve serait neutralisé, mais que la na-
vigation y serait libre aux navires de tou-
tes les nations. On comprend la différence.
La neutralisation est une création arti' 4
ûcieile de la diplomatie, qui s'appli-
que seulement au temps de guen-e,
ta.ndis que la liberté de navigation est un
fait naturel qui, à moins de stipulation
contraire, existe toujours en temps de
paix. La neutralisation du Danube aurait
constitué pour la Russie, non pas un
danger et un obstacle véritable, mais
peut-être un embarras et une g6ne on
y a substitué la reconnaissance d'un fait
innocent. La Russie a eu gain de cause.
Elle devait s'attendre à rencontrer les
objections de l'Angleterre, ~ous tisons
en enet, dans la seconde partie du Mé-
morandum en partie double signé à Lon-
dre~ par le comte Schouvaloff et par le
marquis de Saiisbury, lettre D que
l'Angleterre se réservait le droit de discu-
ter la question de la navigation du Danube.
L'Angleterre n'a rien dit, elle s'est tue
api:ès avoir annoncé qu'elle parlerait, et
la Russie a obtenu sans peine un avan-
tage positif.
'Elle a obtenu en ce quiconcerMe ia
erece un avantage négatif, mais pourtant
considérable; et cet avantage, e!te l'a en-
core remporté sur l'Angleterre. Qn se rap-
nelle avec quelle virtuosité éclatante l'An-
gleterre jouait, tout récemmept encore, de
la Grèce, de l'idée grecque, de l'élément
grec. Athènes n'était plus à Athènes, eMe
~tait toute a Londres Les Anglais avaient
~Ht leur aRaire da la. question grecQue
?8 descendans de Miltiade et d& Thé-
ïhistocle avaient remis leur dossier entt'e
les mains des héritiers de Pitt et de
Palmerston. Nous nous attendions oatu-
rellement & voir les plénipotentiaires an-
glais revendiquer pour la Grèce une large
par}. d~ gâteau que l'on découpe en
Orient. Point! ce sont les plénipotentiaires
français qui ont parlé pour la Grèce; il est
vrai que tout le monde a été de leur avis
chacun a opiné du bonnet comme en Sor-
bonile; et lord Beaconsneld, dit le télé-
graphe, a K prononcé & cette occasion un
assez long discours. » La Grèce a été offi-
ciellement déclarée sympathique, et l'on a
invité la Porte, le plus poliment possible,
à lui céder la moitié de la ThessaUe et
une partie de l'Epire.Mais si la Porte,
déjà dépouillée dans de larges proportions
au nord, au centre et à l'ouest, ne juge
pas à propos de se dépouiller elle-même
au sud; si, à peu près ruinée, elle ne se
trouve plus assez riche pour faire l'au-
mône, qu'arrivera-tj-il? Rien la question
est abandonnée à un arrangement direct
entre la Grèce et la Turquie. On peut dès
lors prévoir le parti que prendra cette
dernière, et le comte SchouvaloCF l'a si
bien prévu qu'il n'a pas hésité un instant
à se raUier à l'opinion générale. Les pie-
nipotentiaires turcs ont déclaré naturelle-
ment qu'ils étaient pris au dépourvu et
qu'ils n'avaient pas d'instructions. Le té-
légraphe ne dit pas si, cette fois, M. de
Bismarck leur a enjoint d'en demander
sans retard. On peut donc conclure que
la question grecque est, non pas résolue,
mais écartée ou ajournée. L'Angleterre
n'a rien fait pour la résoudre, elle ne
l'a pas même posée elle n'a pas
fait plus ni autre chose que la Rus-
sie elle-même. Est-ce un avantage
pour l'Angleterre ou pour la Russie ? La
réponse n'est pas douteuse; la Russie se
trouve débarrassée pour le moment de ce
contre-'poids que l'élément slare devait
trouver dan~ l'élément hellénique. ,0ù
est le profit pour l'Angleterre? 11 est
vrai que les questions qui se rappor-
tent a. l'Asie n'ont pas encore é~é traitées,
et on annonce mystérieusement que lord
Beaconsfield réserve sur ce terrain un de
ces coups de théâtre qui font la surprise
et l'admiration de l'Europe. Nous verrons
bien et nous sommes impatiens de sa-
voir quelles compensations le malin vieil-
lard imagine avoir trouvées aux sacrifices
qu'il vient de consentir.
Après la Russie, il est incontestable
que la puissance qui a gagné le plus aux
négociations de Berlin est l'Autriche~
heureuse puissance qui a attendu la for-
tune dans son lit pendant que les autres
se battaient, et que la fortune est venue
trouver. Voilà le pi~x de* la foi et de l'es-
pérance, vertus théologales que l'Au-
triche n'a pas cessé de pratiquer à
l'égard de l'alliance des trois empi-
res Nous ne reviendrons pas sur le
droit reconnu à l'Autriche d'occuper,
a6n de les réorganiser, l'Herzégovine et
la Bosnie, non plus que sur le chemin de
fer qui reliera le cœur de la monarchie à
l'Archipel. Mais ce qu'il importe de signa-
ler, ce sont les remaniemehs du traité de
San-Stefano qui ont eu pour objet et pour
résultat de donner a ce chemin de fer une
assiette territoriale large et solide. On a
beaucoup parlé depuis quelque temps du
couloir qui, passe entre le Monténégro et
la Serbie, couloir très étroit que le traité
de San-Stefano avait rétréci encore et com-
plètement étranglé. Sur certains points,
le couloir n'avait plus que cinq kilomè-
tres de large il a maintenant vingt milles
anglais. Il a fallu pour cela refuser au
Monténégro tout accroissement de terri-
toire au nord-est, et à la Serbie au sud-
ouest. Les plénipotentiaires autrichiens
s'y sont appliqués et ont réussi. Le
Monténégro a perdu à peu près un
tiers des nouveaux territoires que
lui assignait le traité de San-Stefano,
mais les deux tiers qu'il conserve sont
pour lui des acquisitions très considé-
rables et réalisent les deux points prin-
cipaux de son programme obtenir quel-
ques plaines fertiles et un accès à la mer.
En outre, en effet, de Nikchitch au nord-
ouest, le Monténégro acquiert au sud les ri-
ches plaines de Podgoritza, plus le port
d'Antivari, et enfin la navigation libre
sur la rivière Bojana. Mais ici encore
le Congrès a pris soin d'enlever a ces
concessions tout ce qui aurait pu por-
ter ombrage à l'Autriche. Le port, d'An-
tivari ne sera pas un port militaire; les
Monténégrins ne pourront y paraître ni
avec des vaisseaux ni avec un pavillon de
guerre, et la police générale, y compris
la police sanitaire, sera faite par qui? par
l'AutNche elle-même. L'Autriche seule
aura le droit de pénétrer dans le port,
de stationner sur la côte avec des navires
de guerre. On a été plus loin. Le Congrès
a décidé que le. port de Spizza, situé à
l'extrémité de cette longue bande de
territoire qu'on appelle la Dalmatic et
qui appartient àFAtïtriche, serait occupé
par les Autrichiens. On a voulu leur fa-
c~titer par la la surveillance de tout le
littoral. Nous n'avons garde, d'ail-
leurs, de critiquer cette partie de l'œu-
vré du Congrès elle est fort bonne.
L'extension de la puissance autri-
chienne en Orient est d'intérêt eu-
ropéen, et nous regrettons seulement le
pBix souvent trop cher dont elle est payée.
Il était naturel aussi, tout en développant
le Monténégro, de prendre des précau-
tions contre !~s dangers de contrebande
et de piraterie que ce petit peuple, éner-
gique mais pauvre et de moeurs presque
sauvages, pouvait faire courir aux rive-
rains de l'Adriatique. Enfin la frontière
méridionale du Monténégro a été con-
venablement tracée. On y a compris An-
tivari, mais rien de plus au sud; dès
Dulcigno, en effet, on aurait encontre
des populations albanaises, chrétiennes
ou musulmanes, qui n'auraient jamais ac-
ç,~pté domina de,s'Anténégrins.
cepté la domination des Monténégrins.
Si le Monténégro a perdu quelque chose
'au remaniement du traité de San-Steiano,
nQusn'an dirons pas autant de la Serbie.
Sans doute elle a dû renoncer quelques
adjonctions de territoire au sud-ouest,
mais les compensations qu'on lui a don-
nées au sud et au sud-eet ont plus que
racheté ces pertes. La Russie, qui s'in-
téressait beaucoup au Monténégro, a
montré, surtout dans les derniers temps,
une extrême froideur pour la Serbie.
De ce côté, toute sa tendresse ap-
partenait la Bulgarie. L'Autriche a pro-
fité habilement de la situation, et l'on
peut dire que l'intérêt proportionnel
qu'elle a témoigné aux Monténégrins et
aux Serbes a été en sens inverse de
celui des Russes. En conséquence, si
le comte Andrassy s'est opposé a l'ad-
jonction à la Serbie de Novi-Bazar et
du district de cette ville, il lui .a fait
obtenir, du côté de la Bulgarie, au sud-
est, le sandjak de Nisch et le district de
Pirot, et au sud le district de Vrauja.
La Serbie a gagné a. l'échange, et l'Au-
tfiehe n'y a pas perdu. Le « couloir N
entre les deux petites principautés se
trouve ainsi considérablement élargi
et complètement déblayé. Il est dif-
ficile que la Serbie échappe a un
traité de commerce et à une conven-
tion militaire avec la monarchie austro-
hongroise, et l'influence autrichienne
s'exercera dans ce sens par tous ces in-
strumeas de paix, le télégraphe, la poste,
les chemins de fer, les douanes, etc.–En
tout cela, nous voyons bien que la Russie
ne perd pas grand'chose, et que l'Autriche
gagne beaucoup. Quant à l'Angleterre,
elle n'a guère fait jusqu'ici que des sacri-
fices dont quelques uns n'ont pas seule-
ment porté sur ses intérêts matériels.
Mais l'Asie est là, et il faut attendre ce
que l'Angleterre revendiquera et obtien-
dra en Asie.
BQ!JRSE DE PAMS
Ct
Comptant. 76 M.. t68212 .3212 .
Comptant tC6.< 106 20.20~ .t~
50/0
ComptantiH40.U49S.SS.
~Fincour.it4S5.tH! S.50.f
PETITa BOTRSH Da SOUt.
Eïnprant S 0/0. H5fr.i7 )/2, 26 j~, 233/4.
30/0. T?~r.,T7ff.tO,0'?~
t~xtér" espagnole.. t4 t/4, S/16.
5 0/0 turc. 15fr.2S,3-!i/2.
Banque ottomane.. 4S2fr.SO.
Florins (or). 66't6,l/2..
Hongrois 6 0/0. 8011/16,3/4.
Egyptiennes 6 0/0.. 280 &.
.s.
Nous recevons de nos correspondons parti-
cutiers les dépêches suivantes:
a Berlin, !e 6 juillet, 8 h. soir.
Dans la séance tenue hier par !e Congrès,'
la question grecque a. été vidée, et voici
l'historique de ta discussion. Lorsque le Con-
grès eut décidé d'admettre les Grecs à expo-
ser devant lui leurs vœux et leura demandes.
M. Delyaanis et M. Ranghabé ont été intro-
duits dans 1s salle du Congrès (séance du
29 juin), et ils ont donné lecture d'une dé-
claration ainsi conçue
ment hellénique ont toujours été Identiques aux
aspirations de la nation entière dont la Grèce
libre n° constitue qu'une petite partie. Ces
mêmes aspirations animaient )e peuple hellène
quand il entreprit en t82t la longue guerre
de son indépendance. Quant à leur réalisation
complète, le gouvernement hellénique ne saurait
se mire iliusion sur les nombreuses diiucuités
qu'elle rencontre.
La ferme résolution de l'Europe d'étaMir la
paix en Orient sans trop ébranler l'état de choses
existant indique au gouvernement hellénique les
timites qu'il doit imposer à ses aspirations. Ainsi
le gouvernement doit limiter ses voeux et voir
dans l'annexion de Candie et des provinces limi-
trophes du royaume touj, ce qui pour le moment
pourrait être fait pour la Grèce.
o Les vœux du gouvernement du roi ne s'op-
posent ni aux intérêts de l'Europe ni à ceux de
PEtat voisin. Leur satisfaction serait l'accomplis-
sement de la volonté ferme et tenace des popu-
lations de ces provinces, et donnerait le calme et
une existence tenable au royaume.
Nous croyons que l'accomplissement des
vœux ci-dassus énoncés est dans les intérêts de
l'Europe. Sa volonté étant d'amener et de conso-
lider ta paix en Orient, l'annexion de ces pro-
vinces serait le moyen le plus efficace et le seul
possible pour écarter toutes les causes qui pour-
raient dans l'avenir faire péricliter l'oeuvre paci-
ficatrice de l'Europe. On n'aurait qu'à se rappeler
le passé de ces provinces, les causes qui les ont
tant de foisagitées eties moyens extrêmesauxquels
ces contrées ont eu recours pour améliorer !eur sort,
pour être pleinement convaincu que les mêmes cau-
ses amèneraient dans un avenir plus ou moins pro-
chain les mêmes tristes résultats. D'ailleurs, l'Eu-
rope ayant vu dans la création du royaume hel-
iénique une œuvre extrêmement civilisatrice,
~on agrandissement ne serait que le complément
de cettèœuvrë. L'annexion de ces provinces serait
aussi dans l'intérêt de la Turquie. Elle lui évite-
rait dans l'avenir toute cause des troubles qui ont
tant de fois épuisé son budget, compromts ses
intérêts politique. et aigri les relations de bon
voisinage dont le royaume hellénique a été
de tout temps si soigneux. Quant à l'intérêt, capital
que ces mêmes provinces trouveraient dans leur
annexion, it est généralement connu que depuis
un demi-siècle déjà elles réclament leur union à
la. Grèce. EUes ont bien des fois et hautement
manifesté ce désir. Elles n'ont pas hésité même
u. prendre le& atmes & plusieurs repr&eseta
s'attirer tous les malheurs de la guerre pour
!e réaliser. Il y a quelques mots à peine, rune
d'elles n'a pu être pacifiée que sur l'assurance
formelle d'une grande puissance que la cause
hellénique ne serait point lésée et que cette
puissance même dirait explicitement a.U Congrès
que cette pacification est due a son interven-
tion. Une autre province, Hie de Candie, est en-
core en p!eine insurrection, et, d'après les der-
nières nouvelles, )e sang y coule en abondance.
Ne serait-ce pas une œuvre de j ustice et d'huma-
nité que de satisfaire aux aspirations nationales
de ces pays, de combler leurs vœux tant de fois
manifestes et de leur épargner a l'avenir les des-
tructions et les catastrophes auxquelles ils s'ex-
posent pour parvenir à une existence nationale ? 7
)) Quant au royaume hellénique, toutes les ma-
nifestations des voeux nationaux des Hellènes de
la Turquie ne peuvent naturellement que pro-
duire une profonde émotion dans le royaume
hellénique. Les originaires des provinces grec-
ques de l'empire ottoman y comptent par
milliers. un grand nombre y occupent des
places distinguées dans toutes les branches de
l'administration, dans la marine et dans l'ar-
mée, d'autrësnon moins nombreux s'y distinguent
par leur activité industrielle et commerciale. Le
contre-coup que la nouvelle d'une insurrection
hellénique en Turquie'produit dans leurs cœurs
est trop puissant pour ne pas les remuer. Il
pousse les uns à passer les frontières pour s'u-
nir aux combattans, les autres à vider leur bourse
pour la cause commune. Cette commotion est
vite communiquée à tous les habitans du pays,
quoique non originaires des provinces combat-
tantes. et la population entière du royaume, qui
ne peut oublier ce qu'elle doit aux combats an-
térieurs de ces frères déshérités, ni rester im-
passible vis-à-vis~de leur lutte de délivrance, court
se mettre dans leurs rangs pour les aider à re-
conquérir léur liberté.
Un pareil état de choses fait naître chaque fois
dans le royaume hellénique des crises sérieuses
qui rendent très difficile la positio n de son gouver-
nement. Ne pouvant refuser ses sympathies" aux
Hellènes des provinces en question, unis à la Grèce
libre par des liens d'histoire, d'origine et de mal-
heurs communs; ne devant pas afficher une in-
différence qui le frustrerait do là confiance de
l'hellénisme et étoufferait las justes espérances
que lés Hellènes de la Turquie ont de tout
temps fondées Sur la Grèce libre, tout gouver-
nement hellénique serait impuissant à résister au
courant. Crut-il môme devoir le faire en sacrifiant
les intérêts les plus précieux du royaume, il se-
rait renversé par le courant qui entraînerait le
pays tout entier dans la lutte des provinces
insurgées. Dans le cas même où le gouverne-
ment aurait la force d'opposer une digue au
courant national, tous ces efforts resteraient sans
effet à cause de l'étendue et de la conformation
de la ligne frontière du royaume qu'une armée de
100,000 hommes même ne serait pas en état
de garder de manière à pouvoir empêcher
la sortie clandestine des volontaires. La
situation créée au gouvernement hellénique
par ces mouvemens insurrectionnels n'*est pas
moins difficile et intenable au point de vue
financier. Le budget du royaume a bien des
fois subi et subu encore l'influença de pareils
événemens. Si grande et si éclatante que soit
la différence entre le budget des recettes pu-
bliques dressé en t8M par le Président do
la Grèce, et celui de l'exercice de l'année der-
nière, il n'en est pas moins vrai que les secours
pécuniaires alloués chaque lois aux réfugiés
des provinces insurgées et aux eombattans ra-
patriés, ainsi que les armemens motivés par
cette situation anormale et par les relations tant
soit peu tendues avec l'Etat .limitrophe qui en
ont toujours été la conséquence, ont bien des fois
englouti plusieurs millions, augmenté la dette pu-
blique et affecté à des dépenser infructueuses la
plus grande part des recettes publiques qui,
appliquées au développement matériel du pays,
en auraient bien plus encore augmenté les res-
sources et le bien-être. Si de grandes et riches
nations avec lesquelles la peUte Grèce ne
saurait jamais se mesurer ont toujours, en
des circonstances analogues, ressenti les suites
~onéreuses de dépenses do même nature, il est
bien naturel que le pauvre royaume hellénique,
qui plus d'une fois s'est trouvé dans le cas
de devoir faire face à do pareilles obligations,
qui aujourd'hui encore entretient sur son ter-
ritoire 30,000 réfugiés et doit s'occuper de
prépara.tifs au-dessus de ses forces. il est
bien naturel que non seuiemeut il se res-
sente de tout le poids de pareilles dépenses, mais
qu'il en soit écrasé. Le gouvernement de S. M.
est pénétré de la conviction inébranlable qu'un
pareil état de choses ne pourrait se prolonger. Il
croit remplir un devoir qu'il ne lui est point per-
mis de négliger en s'empressant d'exposer au
Congrès cette situation et de le prier de bien vou-
loir y remédier en écartant' les causes qui l'ont
préparée. »
s C'est ta France qui a fait ensuite la mo-
tion d'étendre les frontières du royaume hel-
lénique jusqu'à Semendrià etKalamos. Cette
motion a été présentée hier par M. Wadding-
ton et la comte Corti, ministre d'Italie, a
prononcé un discours dans lequel il l'a cha-
leureusement appuyée. M. de Bismarck a
pris ensuite la parole et a 'vivement conseillé
aux plénipotentiaires turcs de prendra en sé-
rieuse considération les désirs formulés par
la France et l'Italie, et visiblement approuvés
par tous les membres du Congrès.
o Avec sa netteté ordinaire ~e langage, le
chancelier a fait comprendre aux ministres
ottomans que la Porte avait elle-même le plus
grand intérêt à satisfaire les Grecs, de façon à
pouvoir vivre avec eux en bonne intelli-
gence et à faire cesser ces agitations perpé-
tuelles qui troublent le repos de l'Europe. Il
leur a recommandé de se montrer coneilians
et de se faire des relations de bon voisinage
avec un peuple auquel l'Europe témoigne si
hautement son intérêt.
N Tous les autres plénipotentiaires, même
ceux de la Russie, ont approuvé les paroles
prononcées par le président du Congrès et
ont donné leur adhésion à la motion de
M. Wa.ddiogtoa. Il a été décidé, en consé-
quence, que la Porte-Ottomane serait invitée
à étendre les frontières de la Grèce jusqu'à
Semendria d'une part, Kalamos d'autre part,
et à s'entendre directement avec le cabinet
d'Athènes pour tracer la ligne de démarca-
tion entre les deux pays.
s Dans le cas où les deux Etats ne pour-
raient pas s'entendre à l'amiable, les puis-
sances réunies au Congrès offrent leur média-
tion. Cette invitation- du Congrès peut, sous
certains rapports, être considérée comme un
ordre, et si la Porte-Ottomane était bien in-
spirée, elle se hâterait d'y donner suite.
Comme le lui a fait observer M. de Bis-
marck, plie a intérêt à satisfaire les Grecs, at-
tendu qu'elle satisferait en même temps les
ptiissancea qui viennent de 1~ soutenir elle
mêmo contre l'ambition russe en lui conser-
vant la. Roumélie avec la limite des Balkans.
Si elle soulevé, au contra.ire, de nouvelles dif-
ficultés, e'ie peut donner aux puissancesl'oc-
casion d'intervenir de nouveau dans ses af-
faires, et peut-être avec de moins bonnes in-
tentions.
o Cependant les choses ne se passeront p&s,
on peut le prévoir, sans quelque'difSculté.
Les plénipotentiaires ottomans ont déclaré
qu'ils n'avaient pas d'instructions relative-
ment à la question grecque. lia laissent
entendre que la Porte-Ottomane consen-
tira à accorder une recti6ca.ti.on do fron-
tières, mais ils refusent de prendre a.uc~n
engagement positif, n'ayant jusqu'ici aucune
instruction précise à cet égSrd.
t Ilestnaturelque les G?ecs soient peu satis-
faits. Si l'on eût voulu faire pour eux quelque
chose de sérieux, il )eur fallait accorder tout,
ou leur laisser leurs frontièrrs actuelles. Le
principe de l'extension du territoire grec au
delà des montagnes est pose. C'est le premier
pas vers des annexions ultérieures. L'Epire et
îa ThessaHese trouvent coupées en deux.
De chaque coté des nouvelles frontières,
il y aura des Grecs partant la môme
langue, ayant les mêmes aspirations, appar-
tenant à la même nationalité mais la nation
grecque n'en sera pas moins profondément
reconnaissante envers la. France qui, renouant
ainsi la chaîne de ses traditions, se sera.
acquis da nouveaux droits à leur éternelle
gratitude. Si f-He n'a pas Mt plus pour eux,
ils comprennent que c'est !a faute des circon-
stances. Elte a tenté en leur faveur tout ce
qui était possible dans l'état actuel des choses.
t On espère que la dernière séance aura
lieu lundi, et l'on s'occupjara immédiatement
de la rédaction définitive du traité do paix;
mais les commissions militaires chargées de
tracer définitivement les frontières de 1~
Roumétie, de la Serbie et des Balkans avan-
cent si lentement leurs travaux qui devront
être joints au texte du traité, quela signa~
ture pourrait bien être ajournée à mercredi
ou vendredi. J'ajouterai seulement à ce que
je vous ai déjà dit sur ce point qu'une zone
militaire de ë kilomètres sera attribuée aux
Turcs au bas des Balkans. ? ü W'
a BepHn, le 6 juillet, 10 h. soir.
a Dans lascahce d'aujourd'hui, le Congrès a
discuté les questions d'Arménie et de Ba-
toum. La Russie laisse à la Turquie les val-
lées de l'Araxes et de Bayazid, et'conserve
pour elle Kars et Ardahan. Une fois ces points
décidés, le Congrus est passé à la question
de Batoum. Lord Beaconsneld a prononcé
un long discoure contre la cession de Ba-
toum à la Russie. Voyant ces dispositions de
l'Angleterre, les Russes ont demandé alors
que Batoum devînt un port franc. La discus-
sion s'est engagée à ce sujet. Les plénipo-
tentiaires ne sont pas parvenus à s'entendre
sur la question des garanties. Lundi matin,
lord Beaconsneld doit voir Je comte Sehouva-
loff pour s'entendre au sujet de ces garanties.
La suite de la discussion en séance est
donc remise à lundi. Les puissances paraissent
être favorables à la proposition rus3e pour la
déclaration do Batoum port franc, avec des
garanties. Il est probable que l'entente aura
lieu sur cette base qui serait adoptée.
N.
Le prince Auersperg a offert Mer 3. l'em-
pereur la dérnission du cabinet entier, comme
cela avait été convenu au cours des régoeia-
tions pour !ë renouvellement du Compromis
austro-hongrois. On croit que la décision im-
périale à ce sujet sera remise au début do la
prochaine session parlementaire. En atten-
dant, le cabinet sera probablement chargé de
continuer l'exp~d.ition des affaires pendant
l'été. Du reste, la plupart des ministres pren-
dront un congé. Le prinea Auersperg ira en
Suisse.
o Le Schah de Perse est arrivé hier soir. Il
a été reçu à 'a gare par l'fmpereUr qui l'a
conduit à la Hofbu"g où des appartenions
étaient préparés. Aujourd'hui, on donnera en
son honneur une représentation de gala a
l'Opéra, n
La Chambre des Députés a décidé dans
son avant-dernière séance que la loi de
M. Paul Bert sur l'établissement des
écoles primaires, dont l'urgence avait
été proclamée, serait soumise cepen-
dant à une seconde délibération. C'est
sur la demande de M. Paul Bert lui-
même que cette décision a 6,té prise. Il
eût été fâcheux, en eSet, de discuter et
de résoudre à la hâte, au terme d'une ses-
sion que tout le monde était pressé de
voir finir, une question d'une importance
capitale qui demande à être traitée avec
calme et qui comporte d'assez longs déve-
loppemens. M. Paul Bert n'a rien à crain-
dre de la discussion. Son projet est de
ceux qui peuvent affronter sans inconvé-
niens les débats les plus approfondis. Nous
n'avons pas été surpris de la vivacité avec
laquelle il a attaqué par M. Granier
de Cassagnac, par M. de la Bassetière, par
M.LéProvostdeLaunay et par M. de
Baudry-d'Asson. Nous nous attendons
même à un assaut en. règle au moment
de la .seconde lecture. M. Paul Bert
a entrepris une o&uvre dans laquelle
il devait avoir pour adversaires les hom-
mes qui ont essayé, en 1850, de dé-
truire l'instruction primaire, ou du moins
de la restreindre dans des limites aussi
étroites que possible. On n'a pas oublié
qu'il avait déposé l'année dernière un
grand projet de loi sur les conditions
du recrutement et du fonctionnement des
instituteurs et des institutrices primaires,
et qu'il avait rédigé à ce propos un rapport
d'ensemble où il signalait avec une mo"
dération et une fermeté remarquables
tous les points de la législation do 18SO
qu'un gouvernement démocratique et li-
béral devrait s'appliquer à modifier le
plus prbmptement possible. Nous n'hési-
tons pas & dire que ce rapport, véritable
modèle d'exposition, est l'étude la plus
complète, la plus impartiale, la plus in-
structive et la plus intéressante qui ait
été publiée sur nos lois d'enseignement
primaire. Elle a paru, par malheur, le
18 mai 1877, c'est-à-dire à une époque où
les survivans de 1850 venaient de s'empa-
rer du pouvoir et) de chercher à faire
triompher de nouveau leur politique d'a-
veugle réaction. M. Paul Bert a laissé pas-
ser l'orage; mais, dès que la république
est sortie victorieuse de la nouvelle
épreuve à laquelle on l'avait soumise, il
a repris son projet en détail et l'a pro-
posé de nouveau à l'adoption des Cham-
bres. Cette fois, les circonstances étaient
bien changées. Il n'avait plus à craijudre
d'être arrêté il avait à craindre, au con-
traire, d'être prévenu. C'est ainsi que
dans la question des écoles normales, la
plus importante "de tous, le ministère de
l'instruction publique l'a devancé, de sorte
que la loi de M. Paul Bert servira plutôt
à ratifier ce qui aura. été fait qu'à indi-
quer ce qu'il faudrait faire.
Est-ce à dire que cette loi soit inutile ? R
A coup sûr non, et nous espérons bie~
que- les Chambres s'empresseront de la,
voter à leur retour. Il faut opposer
une barrière légale à ceux qui cher-f
cheraient encore à, recommencer la; dé"
testable entreprise de 18SO. L'enseigne-
ment primaire avait été organisé chez
nous avec une habileté, une simplicité de
moyens et une prévoyance admirables.
par la fameuse loi de 1833 que M. Guizot,
chose curieuse avait empruntée presque
tout entière au ministre de l'instruction pu-
blique du cabinet de Polignac, M. de Guer-
non-RanviIIe. Mais, après la chute du gou-
vernement de Juillet et pendant la période
de réaction violente qui suivit la première
année de la république, la coalition des
partis monarchistes, légitimistes, orléa-
nistes, bonapartistes, n'épargna rien pour
détruire l'ouvre féconde de M. de Guernon-
RanvtHe et de M. Guizot. Les écoles nor-
males furent sacrifiées tout d'abord. L'ar-
ticle 11 de la loi. de 1833 était ainsi
conçu
a Tout département sera tenu d'entretenir
une école normale primaire, soit par lui-m~me;
soit en se réunissant à un ou plusieurs dé-
partemens voisins.
» Les consens généraux délibéreront sur
les moyens d'assurer l'entretien des écoles-
normales primaires. Ils délibéreront égale-
ment sur la réunion de plusieurs départe-
mens pour l'entretien d'une seule école nor-
male. Cett,e réunion devra ~tre autorisée par
ordonnance royale, »
La loi de 1833 répondait si bien aux
vœux et aux besoins des populations que
soixante-trois écoles normales pour les
instituteurs et six pour les institutrices
furent iondées pendant le règne de Louis-
Philippe, Les réactionnaires de 1860, don~
le but secret était de détruire l'enseigne-
ment laïque inauguré par M. Guizot, ne
pouvaient manquer d'être très gênés par
ces fondations. Aussi seh&tèrent-ils de cher-
cher des moyens d'amener la suppression
complète des écoles normales. « Les écoles
normales », disait M. Beugnot, rapporteur
du projet de loi destiné à réaliser cette
singulière réforme, « donnent aux jeunes
gens une éducation disproportionnée avec
[e sort qui leur est réservé, éducation
qui les condamne malgré eux à être des
mécontens, des malheureux, et à devenir
à leur insu des instrumens. entre tes
mains des factions. Pauvres instituteurs
des campagnes dont la vie modeste, les
ambitions satisfaites, le bonheur tran-
quille est la meitleure des~eçons pour les
paysans au milieu desquels vous vivez,
qui se serait douté que vous fussiez des
espèces de Werther ou de Bénédict prêts
a entrer en révolte contre une société qui
vous a élevés en vue de la plus brillante
existence et qui vous a condamnés ensuite
au sort vulgaire de bons bourgeois cam-
pagnards cultivant paisiblement leur jar-
din Nous n'exagérons pas. Nourris de
littérature romantique plutôt que d'expé-
rience pratique, les réactionnaires de 1880
s'imaginaient de bonne foi que les écoles
normales étaient des espèces d'universités
où l'on formait les instituteurs à toutes
tes délicatesses de l'imagination et de l'es-
prit pour les envoyer ensuite végéter
grossièrement au milieu de petits paysans.
On est stupéfait d'entendre M. Beugnot
parler avec une naïve emphase de l'instal-
lation splendide de ces écoles, de l'in-
struction supérieure qui y aurait été don-
née, « des connaissances variées, brillan-
tes, inutiles à la fonction de l'instituteur,
des études exagérées qui ouvrent l'esprit
des jeunes gens aux. plus brillantes espé-
rances dont les années d'études auraient
été remplies M, etc.
Ceux qui étaient à peine nés en 1850 et
qui n'ont pas connu les splendeurs des
écoles normales décrites par M. Beugnot
se demandent, en présence de la pauvreté
des écoles actuelles, ce que sont devenus
le personnel et le matériel nécessaires a.
cet enseignement exagéré. Hélas! nous
serions fort heureux aujourd'hui de re-
trouver toutes ces richesses si elles
avaient existé ailleurs que dans l'ima-
gination fertile de M. Beugnot et de
ses amis. Poursuivant son idée pré-
conçue, le rapporteur de 1850 proposait
de remplacer les écoles normales par un
stage dans les écoles primaires Nous
aurons trouvé ainsi, disait-il, sans enbrts
pénibles, sans grande dépense et sans
tout le luxe scientifique des écoles nor-
mâles, le véritable instituteur primaire,
simple, laborieux, borné dans ses besoins
et dans ses désirs, et pour lequel ses éco-
liers et sa commune seront le monde tout
entier, en un mot l'instituteur que les
écoles normales ne nous ont point
donné, et qu'elles ne nous donneront
j&mais. »
M. Beugnot se trompait. Le législateur
de 1880 n'ayant pas osé rendre obligatoire
la destruction des écoles normales, les
mœurs ont résisté à l'influence des lois,
et les écoles normales ont continué à nous
donner des instituteurs honnêtes, dévoués,
laborieux, contens de leur sort, habitant
sans regrets la campagne et résistant sans
peine aux suggestions des factieux. « Nous
avons enfin obtenu et enlevé de vive force,
parmi tant d'autres conquêtes sembla-
bles, s'écriait M. Dupanloup, la destruction
des écoles normales! a Cri de triomphe
imprudent, car il n'y a eu, en fait, qu'un très
petit nombre d'écoles supprimées. Il
existe aujourd'hui 7 9 écoles normales d'in-
stituteurs réunissant une population de
3,483 élèves-maîtres, et 19 écoles d'inst~
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