Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-07-01
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Description : 01 juillet 1878 01 juillet 1878
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ËBITJtON DE PARïS.
MMM ET MAMt ~mLET
1878.
Mt M~ ~jmm
ON S'ADONNE
Mt Ptettes~ainK~Mmain-rAaxefMh, it.
~MM~MBJ~AmOMMKMBMZ: t
Un aa. Six !~eia. Ttots m<~<.
DôpMtemeM* 80 tr. 40 &. 20 Cf.
Pt&s. 72 &. 36 tr. i8&.
LM )tbomnemam partent dMi** « i< dw
chaque mois.
JMMAL DES DEBATS
~S'ABOM~B
~Belgique, en ItaUe.
dans le Luxembourg, en Turquie,
M Suisse, en Syrie, en Roumanie et Sans tM
Kgenc.es
enChmeetauJapon,
-y~ d'une Taleur payable a Paris on de
MBdats-poste, soit intomatfonaux, soit tranceit.
jm Attemagne, en Autriche, en Rusait.
et dans tous tes pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres paya,
MH-~Ot d'une Taleur payaoMtJM-tt.
POUTÏMES ET L!TTËM!RES
J~u~tt, ~'M~éM. eetg.
-n~*napa.pers oBIce, i7, Gresham street, G. P. 0.;
MNLneMzy, B&*ie E. C., London; MM. "W.-K. iNmMt t86.Strtmd,W.G. London.
~.BmxeUes, & t'O/~M <<< ~M~M, «, taedeiR
Madeleine, dans !M kiosques et daps les bt*
bMothèmMB des ~ares d~ chetnins de fer betRes.
A. VidpKraise (<&Ui). chez M.~MstM 1t. Torm~o.
L
~C.jMM. ~ehey, tmaM. ttC',
<,ptacedetaB6~r8e,
~aMMiftat tOtt}oM69tresf~~esp!ur tt t~dMMM.
PAMS
HJN~Ï r JMLTLET
Ceux qui n'ont pas vu la fête hier
à Paris s'en feront difficilement une
idée. Nous avons essayé plus loin
d'en réunir les détails principaux, mais
nous avons dû ~n négliger beaucoup, et
ce dont il est (ufûciie de rendre compte,
c'est de la physionomie à la fois tran-
quille et animée de la population pa-
risienne. Jamais fête n'a eu moins l'ap-
parence d'une manifestation de parti, et
chacun y cherchait son plaisir particu-
lier plutôt que le désagrément que ses
adversaires en pouvaient éprouver. La
joie était sur tous les visages comme
dans les cœurs. Grâce à l'immense
étendue du champ de fête, il n'y' a eu
de désordre nulle part. La foule s'est
promenée toute la journée à travers les
rues le soir, elle s'est portée presque
tout entière aux Champs-Elysées et au
gais de Boulogne; mais là encore t'espace
était si étendu, qu'il n'y a eu aucun en-
combrement. Les illuminations se sont
prolongées presque jusqu'au joir, et,
quand le jour est venu. Pans s'est re-
trouvé, nous ne pouvons pas dire s'est ré-
veillé, couvert de drapeaux, de neurs et
Ùe guirlandes comme la veille, avec la sa-
tisfaction d'avoir vu se terminer si bien
une journée qui avait si heureusement
commencé.
Elle avait commencé par l'inauguration
d'une statue de la République au Champ-
de-M&rs, devant le péristyle de l'Exposi-
tion. Tous les ministres, sauf M. Dufaure,
empêché par un deuil de famille, assis-
sent à cette cérémonie préliminaire. Elle
a été particulièrement marquée par deux
discours prononcés l'un par M. Teisserenc
de Bort, ministre de l'agriculture et du
commerce, l'autre par M. de Marcère, mi-
nistre de l'intérieur. M. Teisserenc de
Bort était chez lui à l'Exposition uni-
verselle, et il' s'est contenté d'en
flire aimablement les honneurs. M. de
Marcère à parlé plutôt en homme
politique, et il l'a fait avec une'vi-
gueur et une élévation de langage
qui ont vivement frappé ses auditeurs.
Les illuminations et les feux d'artifice
Tassent vite, ~ur éclat dure quelques
heures un bon discours, au contraire, i.ur-
vit à la circonstance qui l'a produit et en
prolonge le souvenir. M. de Marcère a
f;'ès noblement parlé de la Franc&, de son
histoire depuis un siècle, des souffrances
hiétoira dëpuis un siéc~e, des souffrances
Qu'elle a endurées, après avoir renversé
~n gouvernement séculaire, pour en créer
un autre et mettre fin à !a période révo-
lutionnaire. Sortir de l'ère des révolu-
tions! tous les gouvernent ens qui se sont
succédé chez nous ont eu cette préten-
~on, et presque tousi'onl.eueàvec sincé-
rité. L'événemenHe8 a déçus, et, loin d'en
tirer pour la/république actuelle un sujet
d'orgueil,ii~aut sans doute entirerunele-
eon.Larépubliquenedureraqaesielleévite
les fautes que les autres ont commises; ou
celles qui sont plus particulièrement dans
sa nature. Ce qui est certain, et ce que
M. le mini&tra de l'intérieur a pu dire avec
raison, c'est qu'aucun gouvernement ne
procède mieux qu'elle des principes de
la Révolution et n'en est l'application plus
naturelle. Il a fallu longtemps pour que,
au milieu des partis que l'ancien
régime nous avait laissés et de ceux qui
'se sont formés "depuis, la république
trouvât enfin le calme, le, sang-froid et
t'organisation qui pouvaient la faire vi-
vre. L'oeuvre des Assemblées constituan-
tes ne pouvaït ;pas rem~lacer celle du
tes ne pouvait pas remplacer celle du
temps, maia le temps désormais à fait la
sienne. Il a rongé de vétusté tous lea par-
us monarchiques, et il ~a grandi et iorti-
Sé la république, au point que la répu-
blique, qui était autrefois moins qu'un
parti, qui était une secte, est devenue
la nation elle-même. On a pu le voir
hier dans cette fête qui n'avait pas
réuni seulement les Parisiens, mais
à laquelle la province a pris une si l~rge
pa!-t. Nous ne croyons pas, nous qui par-
lons toujours avec respect de plusieurs
des gouvernemens qui ont précédé, et qui
Teconnaiasons volontiers la part de bonne
et honnête volonté qu'ils ont ioua appor-
tée dans leur rude t&che, nous ne croyons
pas qu'aucun d'eux eût pu donner une
fête comme celle d'hier et la supporter
sans péril. Autrefois, les moindres éme-
ttons menaçaient toujours de dégénérer
en émeutes l'esprit public toujours
chMgé d'électricités contraires n'avait
besoin que d'une étincelle pour éclater
a.vec violence l'inquiétude était en haut,
et la colère en bas. Ecoutez Ie3 hommes
des générations qui sont venues avant
nous; ils ne s'expliquent pas l'état actuel
du pays, ils n'y comprennent rien; leurs
souvenirs les obsèdent et les empêchent
de bien voir le présent. Aussi leurs pro-
phéties sont-elles terrible~et chaque fois
qu'on annonce une réjouissance ou~
même une réunion quelconque, ils s'at-~
tendent à voir des barricades, fer-
ment leurs fenêtres et a'en vont à la
campagne. Nous avons entendu former
~epuis quelques jours de bien sombres
pronostics; nous n'y avons pas cru, le
gouvernement n'y a pas cru davantage.
.Le gouvernement autrefois était tou-
}onr8 occupé à déjouer, à prévenir un
ranger que l'excès de ses précautions
contribuait souvent & faire naître. 11
.a aujourd'hui pleine confiance, et, s'il
se préoccupe d'une chose, c'est que
la. circulation des Toitures ne gêne pas
celle des piétons. «Les temps sont ac-
complis s, a dit M. le ministre de l'inté-
rieur. Il n'est pas douteux, en tout cas,
que les temps ne soient changés, profondé-
ment modifiés dans leurs caractères. La
république est devenue un gouverne-
ment dans le sens concret du mot. Elle
en a pris l'allure, elle en a l'autorité. Là
république dont la statue se dresse de-
puis hier au milieu des merveilles que
l'art et l'industrieontentassées auChamp-
~de-Mars h'estplus cette république agi-
tée, inquiète, suspecte et suspectante,
violente et toujours destinée à Être violée,
qui a fait l'effroi de nos pères. « La voici,
s'est écrié M. de Marcère, sous la forme é
que lui a donnée un grand artiste, et avec
les attributs que nous désirions pour elle.
EUe est noble et simple, calme et forte;
elle est assise et reposée. x<
L'inspiration qui a si bien servi M. de
Marcère dans son discours a été celle de
toute la journée. L'attitude et la conduite
de la population parisienne n'ont pas
donné de démenti à la conception grave
et pure que l'habile sculpteur Qlésinger
a eue de la République. On avait annoncé
dés chansons séditieuses Nous avons, à
la vérité, entendu .~M'M.ye mais il
nous est difficile de considérer 7<ï ./b~
~~Më comme un chant séditieux, et
tout au plus pourrions-nous regretter la
manièredont elle est interprétée par les
choeurs .improvisés sur nos boulevards.
Les Parisiens, qui ont tant d'esprit, n'ont
pas celui de comprendre qu'ils n'ont pas le
gosier musical, et c'est pourtant une vé-
rité dont ils ont fourni hier une preuve nou-
velle, quoique surabondante. L'intention
n'était pas mauvaise; maisquedirede l'exé-
cution ? On avait annoncé des cris de
« Vive l'amnistie! a Jamais nous n'avons
mieux compris combien cette question de
l'amnistie était une question artificielle;
elle a été complètement oubliée au milieu
de la fête, tien qu'elle fût sur le pro-
gramme de quelques démocrates. Il est
vrai que le ~ûM~M~ o/?~ annonçait le
matin même que M. le Président de la ré-
publique avait accordé leur grâce à <,269
condamnés A des peines de droit com-
mun, détenus dans les colonies, maisons
centrales, etc. Rien de mieux Le droit
de grâce est le plus beau de ceux qui ap-
partiennent au Président de la républi-
que, et M. le maréchal de Mac-Mahon r
pouvait pas trouver une meilleure occa-
sion d'en user généreusement. Autant
nous sommes contraires au principe de
t'amnistie, autant nous sommes favora-
bles à l'usage du droit de grâce mais il
y a, ou le sait, entre la grâce et l'amnistie
une différence de nature. Les grâces ac-
cordéeshier ontparu sufnsantes.et l'amnis-
tie s'est trouvée, comme on dit dans le
jargon du jour dépourvue d'actua-
lité. Et les bonnets phrygiens dont
on avait annoncé une véritable ava-
lanche ? Où étaient-ils ? Nous n'en
avons pas vu. Les conservateurs à
tous crins ont fait jadis une importante
manifestation avec des bonnets à poil; on
assurait que les radicaux jaloux se pro-
posaient d'en faire une avec des bonnets
phrygiens. Nous n'avons pas eu cette
contre-partie. La. fête a conservé jusqu'au
bout le caractère d'une réjouissance trop
franche pour dégénérer jamais en mani-
festation. 1
Le soir, tout Paris était couvert de feux.
La nuit était admirable, le ciel légèrement
couvert, la température très douce. Les
illuminations ont eu toute leur valeur.
L'aspect du Bois de Boulogne en particu-
lier était féerique. Toutes les profondeurs
du Bois étaient éclairées de 'anternes vé-
nitiennes des pièces d'artifice partaient
dans tous les sens les eaux.du lac étaier~
couvertes de feux et sillonnées de bateaux;
des feux de Bengale répandaient dans les
bosquets les lueurs les plus vives et
les plus délicates. Enfin, vers dix heures,
une retraite aux flambeaux, précédée par
dés cuirassiers portant des torches, a fait
le tour des lacs et a ramené dans là viHe
toute la population qui l'avait quittée. La
fête s'est prolongée jusqu'au matin elle
dure encore sur bien des points elle lais-
sera le souvenir d'une journée brillante et
heureuse qu'il est inutile de vanter, mais
où nous avons trouvé quelques indica-
tions rassurantes sur l'état de l'esprit
public.
La place et le temps nous manquent
aujourd'hui pour parler du Congrès. Aussi
bien, pendant le jour de congé que nous
Bous sommes donné Mer, les dépêches et
correspondances sont arrivées si nom-
breuses que nous avons besoin de
quelques heures pour en débrouiller
l'écheveau. En voici un court résumé.
Le Congrès marche d'un pas précipité.
La chaleur d'un côté, M. Bismarck de
l'autre pressent ses travaux. L'ascendant
de ce dernier grandit tous les jours. Le
Congrès suit docilement ses impulsions
quant au fond et quant & la formé des
questions; le chancelier a hâte d'en finir
et donne aux travaux du Congrès un
mouvement si impétueux, qu'un journal
de Vienne l'appelle, non sans raison, le
Gourko daCongrès.Ainsi, dans les séances
du 28 et du 29, les plénipotentiaires ont,
paraît-il, abordé a. la fois plusieurs ques-
tions,tranchantle8unes,reMvoyantIerègIe-
ment déunitii des autres à des commissions.
La Russie ayant repris en détail, dans la
question dé la Bulgarie, à; peu près tout
ce qu'elle avait concédé en principe, c'est
la fameuse a sphère des intérêts autri-
chiens dans la partie occidentale de la
péninsule des Balkans, qui est maintenant
à l'ordre du jour, et les dépêches de notre
correspondantN.,dont nos .lecteurs ont pu
reconnaître la sûreté d'informations, affir-
ment que le Congrès est très favorable-
mehtdisposé auxprétentionsdel'Autriche,
et qu'il croit, en les satisfaisant, corri-
ger ce qu'il a trop concédé à la Russie.
Ainsi l'Autriche a obtenu par un vote
unanime du Congrès, excepté la voix
de la Turquie, le mandat d'occuper par
ses troupes la Bosnie et l'Herzégovine
pour rétablir l'ordre et la sécurité dans
ces provinces, y ramener les réfugiés et
y introduire des réformes exigées par leur
situation. Le Congrès n'a pas indique
!e terme deroccupation. Les plénipoten-
tiaires turcs ont protesté contre l'occupa-
tion en la qualiuant d'acte d'agression,
mais le Congrès a passé outre et on ne
croit pas que la Porte risque une résis-
tance armée. La question de la délimita-
tion de la Serbie et du Monténégro a été
abandonnée à une commission et sera
aussi résolue sans doute dans un sens
satisfaisant pour l'Autriche. La question
grecque a été abordée le pléaipoten-
tiaire grec, admis au Congrès, a lu le Mé-
morandum demandant l'annexion de la
Thessalie, del'Epire et de la Crète. Oh
croit que du côté des deux premières pro-
vinces .la Grèce n'obtiendra qu'une rec-
tification de frontière, mais on sup-
pose que ses perspectives sont meilleures
par rapport à la Crète. La question
de la Roumanie a été touchée, et l'Angle-
terre a renouvelé a.u sujet delà Bessara-
bie les regrets entièrement platoniques
de son Mémorandum. Bref, les travaux du
Congrès marchent si rapidement que tou-
tes les dépêches sont d'accord pour
désigner avec certitude la date du
10 juillet comme le terme de ses tra-
vaux. Les commissions spéciales tra-
vailleront ensuite, et leur œuvre sera
examinée et ratifiée en septembre dans
une nouvelle session du Congrès ou d'une
Conférence qui aura à signer le traité dé-
finitif destiné à porter le nom de traité
de Berlin et à remplacer celui de Paris.
Nous apprécierons demain l'esprit et la `
portée des résolutions du Congrès en tant
qu'elles sont connues jusqu'ici.
Nous avions compté, dans un de nos
derniers Bulletins/M. Trystram parmi les
députés invalidés qui ne se représentent
pas aux élections. C'est là une erreur que
nous nous empressons de rectifier et qui
vient d'une transposition de noms. Nous
avions voulu parler de M. d'Arras.
BOURSE DE PARIS
Ct&ture le 29 le! MaMaae. Bm!sse.
8
Comptant. tG 712 ~8M.~ .M 12 2
Liquid. 76271,2 7590.M 1/2
Fin cour. '76 S.221/2
Aâ/ee/o, w
ComptanttOCSO.tQS').25~
ae/e
Comptanm3!iO.H3Liquid. 113 S7 1 113 !!S. 21/2
Fin cour. 113 80.221~2
tBT.n'B BOCMB DU SOU.
Emprunt 5 0/0. 11!&. 67 1/2, 65.
30/0. Mfr.lO.
N0/0 turc. lSfr.65,60.
Banque ottomane.. ~Slfr.87.
Egyptiennes 6 0/0.. 271 fr. 2H, 270 fr., 272 fr. 50.
Intérieure. 123/4.
Nous recevons de nos correspondons parti-
culiers les dépêches suivantes
« Berlin, le 29 juin, 7 h. 30 m. soir.
"Le Congres a commencé, dans sa séance
d'hier l'examen des questions relatives à la.
Serbie, au Monténégro, à la Bosnie et à l'Her-
zégovine. Aucune décision définitive n'a été
pnse encore on a seulement proclamé l'éga-
lité des droits en faveur des juifs.
H La question israélite a donc fait un grand
pas. Le principe proclamé par le Congrès, à.
la demande de la France, reçoit partout son
application immédiate, et les israéMtes appe-
lés à. en profiter les premiers remportent un
triomphe plus complet qu'ils ne s'y atten-
daient eux-mêmes.
Quant à ce qui concerne la fixation des
frontières de la Serbie et du Monténégro, ette
a été confiée & une commission composée des
seconds plénipotentiaires. On espère qu'elle
aura terminé Son travail d'ici à lundi, et
pourra venter son rapport de façon à fari-
litër la solu'ion immédiate.
!) En attendant, les plénipotentiaires grecs
MM. DelyannisetRanghabé ont été nvités à
assister aujourd'hui à la séance où l'on s'occu-
pera de régler le sort des provinces helléni-
ques, do l'Albanie et autres provinces limi-
trophes. Si la discussion n'aboutissait pas
aujourd'hui, elle serait continuée lundi; mais
il est probable que l'accord se fera.
On ne prévoit pas de grands dissentimens
sur ce point, bien qu'il soit des plus délicats
à régler si l'on voulait se conformer dans
toute la force du terme au principe moderne
des nationalités. Il y a des districts bien clai-
rement, bien exclusivement grecs; d'autres
au contraire où la population hellénique
se confond avec la nationalité albanaise
serbe, roumaine ou turque. `
"Mais le Congrès a admis en principe la for-
mation d'une Roumëlie occidentale sujette de
laTurquie, et à laquelle sera accordée une
large autonomie locate. Il n'y a. doue gaère
qu'a fixer la frontière de cette province et à
poser les règles fondamentales de son admi-
nistration future. e
a L'occupation projetée de la Bosnie et de
l'Herzégovine a donné Heu à de plus sérieux
débats. Les Turcs ont proteste, comme on
pouvait s'y attendre; mais leur protestation a
été de pure forme, et, en présence de l'un mi-
mité de vues qui s'est manifestée, ils sentent
bien qu'il leur est impossibie d'insister.
') II est remarquable que les plénipoten-
tiaires soient, dès le début, bien plus una-
nimes dans leur intention de conGer à l'Au-
triche-Hongrie le mandat d'occuper les pro-
vinces occidentales de la Turquie, qu'ils ne
l'ont .encore .été dans aucune autre ques-
tion.
a C'est pour eux, en enet, un moyen
convenu d'opposer une digue à l'invasion
panslaviste et de rétablir eu Orient l'é-
quilibre par trop détruit au pront exclusif de
l'inuuence russe. A tort ou à raisoh. ils ont
cru devoir céder sur d'autrespoints aux désirs
de la Russie vivement appuyée par M. de Bis-
marck; mais ils sont heureux de reconnaître le
caractère européen des réclamations formulées
par l'Autriche-Hongrie, et de donner à la mo-
narchie de~ Habsbourg un mandat qui lui per-
met te d'accomplir au moins en partie sa mis-
sion civilisatrice en Orient. Que peuvent donc
faire les plénipotentiaires turcs contre de telles
dispositions d'e&prit? C'est le cas ou jamais
de rappeler, comme le faisait d'ailleurs spiri-
tuellement l'un d'entre eux, le mot qui circulaà à
Paris vers la fin du règne de Louis XVI, alors
que le ministre des fmances, M. de Galonné,
voulut établir de nouveaux impôts.Un dessin
du temps le représente entoure de volatiles
auxquels il demande « A quelle saucé voulëz-
voua être mangés? Mais, répondent-ils en
chœur, nous no voulons pas être mangés du
tout. –Pardon! vous sortez de la question. s
Les Turcs sont dans cette situation. L'Europe
croit avoir fait beaucoup pour eux en leur lais-
sant la Roumélié et en leur assurant la fron-
tière des Balkans. Elle s'étonnerait aujourd'hui
qu'ils se montrassent par trop rebeUes aux
décisions qu'elle veut prendre dans l'Ouest.
Ils n'ont, en somme, que le choix entre le
traité de San-Stefano ou la solution adoptée
par le Congrès. Ils savent bien que, s'ils se
montrent concilians, on fera pour eux tout
ce qui sera possible. Ils céderont après avoir
fait entendre une protestation qui sauve leur
dignité. Que peuvent-ils faire autre chose?
a Tous les bruits pessimistes qui ont été
répandus hier, et qui ont même mit baisser
la Bourse, sont donc non seulement exagé-
rés, mais eana fondement. Je dois vous dire,
du reste, que lorsqu'on met en doute l'issue
favorable du Congres on méconnaît la vo-
lonté inflexible de M. de Bismarck. La facon
dont son ascendant s'exerce sur les plénipo-
tentiaires ne laisse aucun doute possible sur
le résultat des négociations. Il y aura une
paix quelconque, durable ou non, peu im-
porte; mais il y en aura une, gardez-vous
d'en douter; la. chose est absolument cer-
taine.
r Je vous ai télégraphié hier quelles seront,
s°Ion toute apparence, les limites de la Ser-
bie. Sa population recevra une augmentation
d'environ 300,000 hommes, et c'est elle, fina-
iRuaent, qui sera la plus heureuse car, en
-somme, les braves Monténégrins seront beau-
coup moins bien traités. D~ns le Nord, l'Au-
triche ne veut rien leur céder. Au Midi, ils
recevront la jouissance du port d'Antivari
mais, l'Autriche s'y réservant le droit
de police et le service sanitaire, ils n'au-
ront pas le droit d'y pouvoir hisser le drapeau
monténégrin. Du côté de la Bojanà, ils pour-
raient avoirune frontière natureUe mais on ne
peut pas leur donner des terres de ce côté parce
qu'il y a là une population mixte dont une
partie reiuse de se joindre à eux. Espérons
que d'ici A lundi il ~era possible de trouver un
moyen de les satisfaire sans nuire à d'autres
intérêts. ? u N.
«Berlin, le 30 juin, 6 h. soir.
e La séance tenue hier par le Congrès a eu
un résultat des plus importans. La question
'd'Orient est entrée, par le fait, dans une nou-
velle phase. Jusqu'ici on ne s'était occupé
que des intérêts russes actuellement, on en
es~ "rrivé à la sphèredes intérêts austro-hon-
grois.
a Les plénipotentiaires sont unanimes à re-
connaître les services que l'Autriche-Hongrie
a rendus à la paix européenne en maintenant
la neutralité pendant la guerre turco-russe
ils se montrent tout disposés à lui en savoir
d'autant plus de gré que le maintien de son
inûuence en Orient leur parait une nécessité
de premier ordre. La façon généreuse dont elle
s'est conduite depuis trois ans à l'égard des
réfugiés bosniaques qui actuellement ne veu-
lent rentrer dans leurs foyers f~ue sous sa
protection démontre également qu'elle com-
prend au plus haut degré les devoirs de l'hu-
manité et de la civilisation. Bref, on a tenu a
donner à son ministre une preuve de con-
fiance, et mes prévisions à cet égard se sont
de tout point réalisées.
< Le comte Andrassy a reçu de l'Europe le
mandat formel d'occuper militairement la
Bosnie et l'Herzégovine jusqu'à ce qu'un état
de choses conforme aux nécessit.és des temps
modernes y ait été dénaitivement installé en
faveur des chrétiens.
)) Dans cette même séance d'hier, les plé-
nipotentiaires grecs ont donné lecture du
Mémoire qu'ils avaient préparé pour résumer
leurs demandes. La discussion s'ouvrira à ce
sujet dans la séance prochaine. Les Grecs de-
mandent l'Epire, la Thessalie et la Crète.
Dans l'exposé des motifs, ils déclarent que si
le Congrès ne tenait pas compte des réclama-
tions du gouvernement d'Athènes, la dynastie
royale serait menacée. C'est le roi lu{-même,
en eHet, qui s'efforçait d'apaiser l'insurrection
par des promesses qui lui ont été faites à Lon-
dres et ailleurs. L'annexion de ces provinces
au royaumodeGrèce pourrait seule mettre un
terme aux agitations qui n'ont cess~ de se
produire en ces dernières années et
supprimer ainsi l'une des causes de trou-
ble qui ont le plus longtemps inquiété
l'Europe entière. On est disposé, au sein du
Congrès, à lui accorder une rectification de
frontière du cûté de Volo il est question aussi
déplacer la Crète soussa suzeraineté. Le tri-
but qu'elle aura à payer à la Grèce seraifem-
ployé d'abord au règlement de la Dette tur-
que, au prorata de la répartition.
? On aégalement 'abordé hier la question
de la Roumanie. L'Angleterre a protesté
contre la rétrocession de la Bessarabie à la
Russie mais elle a maintenu sa protestation
dans des termes généraux, comme il était
convenu. Au surplus, il semble qu'un arran- i
gement devienne possible, en ce sens i
que les frontières de la Dobrutseha soient
rectinées de manièreàdonher à la Roumanie, i
aux dépens de ta Bulgarie, des compensations
sufSsantes.
a Quant à la Serbie et au Monténé- i
gro, aucune décision n'a pu être prisé, i
par la raison que les commissions char-
gées de Sxer les limites des deux prin- n
cipautés n'ont pas fini leurs travaux. i
Pour la Serbie, notamment, il s'élève Tme é
) difficulté assez grave. Je vous ai dit dans le
temps que la R ussie avait demand é l'an nexion
..à la Bulgarie du diotrict du Pirot{sandjak de
Nisch). prétendant que la population de Pirot
est bulgare. Les Serbes disent que la ville
elle-même est peuplée, H est vrai, de Bul-
gares, mais que le district, les campagnes
..sont serbes. M. Ristitch s'est adressé au
prince Milan pour lui demander s'il pouvait
proposer un plébiscite.
L'indépendance serbe a été reconnue,
mais elle n'a pas été mise sous la garantie de
l'Europe. La liberté et l'égalité des cultes lui
ont été imposées.
L'affaire du Monténégro traîne. Je vous
l'ai exptiqué hier; depuis, rien n'a été fait.
Néanmoins, on fspère finir d'ici à demain.
o L'exploitation etiadirectionde tousiesche-
mins de fer de la Turquie, à partir de Belgrade.
ainsi que les voies ferrées de la Bulgarie, se-
ront placées entre les mains de la Société au-
trichienne, exploitation dont l'actionnaire
prineipai, M. Hirsch, se trouve en ce moment
à Berlin, en train de régler certaines questions
d'un ordre général.
» La question de la contribution de guerre
sera discutée en dernier lieu. H est question,
dit-on, d'en faire gr&ee à la Turquie. On
espère que le Congrès aura terminé ses
travaux vers le 10 .juillet. Avant de se
dissoudre, il donnera de~ instructions aux
commissions qui auront à compléter son ceu-
vre en réglant les détails d'administration et
d'organisation dans les nouvelles provinces.
Les commissions chargées de la délimitation
des frontières seront composées d'officiers su-
périeurs de chaque pays. La commission
chargée do rédiger le traité do paix a été con-
stituée il y a trois jours. N.
a Berlin, le 30 juin, 6 h. soir.
') Voici quelques détails qui- complètent
les renseignomens des jours précédons et rec-
tifient les interprétations inexactes auxquel-
les ils pourraientdonner lieu
a On m'affirme que la frontière de la Rou-
méiie serait vraiment une frontière stratégi-
que; que les montagnes du Rhodope qui,
traversant le sandjak de Sofia, forment
la suite de la ligne des Balkans, peuvent
être mis eh état de parfaite défense.
J'ajoute que le comte Andrassy, voulant
contribuer à assurer à la Roumélie une
sécurité complète, aobtenu, que les vallées de
Karasa et de Mesta, ausud de Djunna, soient
attribuée;} a là Turquie, de manière à faciliter
l'établissement de leur ligne de défense.
)) II a été décidé, dans la séance d'avant-
hier, que les iufteresses du Danube seront
rasées, aux termes du. traité de San-Stefano
mais on y a ajouté la clause que la Bulgarie
n'aura pas le droit de construire des .forte-
resses à l'avenir.
)) L'occupation est fixée à neuf mois seule-
ment pour la Bulgarie et la Roumétie; l"s
trois mois en plus sont pour la Roumanie, de
sorte que, dans neuf mois u. partir du jour
où le traité de Berlin sera signé, le dernier
soldat russe devra quitter la Bulgarie. Les
plénipotentiaires français voulaient réduire
îe terme de l'occupation à six mois; mais
leurs enbrts n'ont pas été appuyés par les
autres plénipotentiaires. Les Russes ont in-
sisté beaucoup, et la proposition trançMse a
été abandonnée.
Mlls'agit, pour l'armée russe, d'une triple
opération il leur faudrad'abord retirer en Rou-
mélie tout ce qu'ils ont de soldats dans la
Turquie proprement dite, puis de Roumélie
en Bulgarie, et ensuite se retirer sur la Rou-
manie. L'évacuation des hôpitaux et des ma-
gasins qu'ils ont construits dans ce pays de-
mandera trois mois au moins.
M Le nombre dos troupes que la Turquie
pourra avoir dans les Balkans n'a pas été li-
mité les lignes d'étapes que le gouverne-
ment ottoman veut adopter pour la marche
de ses troupes en Roumélie sont à fixer d'a-
vance, mais dans le sens qu'il voudra lui-
même désigner. `'
a Ces mesures de précaution ont été prises
pour éviter toutcontactdel'arméeavec la po-
pulation, fanatisée et excitéecomme elle le sera
contre les Turcs après un séjour prolongé de
l'armée russe dans le pays. Le Sultan n'est
tenu à ces restrictions qu'en temps de paix,
en cas de guerre ou de révolution, il reprend
ses droits de souveraineté absolue, o N.
K Berlin, le 1" juillet, 9 h. soir.
H Les commissions qui avaient été char-
gées de tracer les frontières de la Serbie et
du Monténégro ont terminé leurs travaux,
et la question peut maintenant être soumise
au vote du Congrès. Mais il y a encore entre
l'Autriche et la Russie une divergence au
sujet de Pirot la Russie voudrait eu faire
une place frontière de la Bulgarie à l'Ouest,
tandis que l'Autriche désirerait voir ce point
attribué à la Serbie.
» M. Ristitch. comme je vous l'ai télégra-
phié, a songé .à proposé de vider la difficulté
par l'expédient napoléonien du plébiscite. lia a
reçu du prince Milan l'autorisation de formuler
tette proposition au Congrès; mais on doute
qu'elle reçoive un bon accueil de la part des
plénipotentiaires. Cette insistance de ta Rus-
sie à avoir Pirot prouve combien eUe tient
& rendre forte la nouvelle Bulgarie elle
voit que l'Europe est disposée a appuyer j
les Grecs, dont l'influence peut devenir très <
grande en Orient, et eile met tout en œuvre
pour que la Bulgarie puisse, dans l'avenir, (
taire contre-poids à la Grèce, t
.a Il est certain, d'ailieuM, que le traité de (
San-Stefano sortira fortement mutilé et t
en quelque sorte refait en entier à la suite
des décisions du Congrès; il n'y aura pas un t
seul point de ce traité qui ne soit changé t
d'une façon presque radicale. Ainsi, pour c
comp)éter ce que je vous ai dit sur la i
Roumélie orientale par exemple, le gou-
verneur chrétien, qui doit ètre~ nommé Î
pour cinq ans par le Sultan avec l'assen- ]
timent des puissances, pourra être ré- 1
voqué par la Sublime'Porte malgré le veto des t
puissances.dontlëgouvernement ottomansera
libre de ne pas tenir comp te. On a voulu laisser,
dans cette province qui reste turque, une plus î
grande part d'autorité à la Turquie; mais une s
certaine émotion se produit dans les cercles
russes au sujet de ces concessions, et il est po- r
sitif notamment qu'il y a un désaccord entre
leprinceGortchakofiotle comte Sehouvalofl' 1
qun'eprésentent deux points de vue tout à e
fait opposés. Le comte Schouvaloff, beaucoup g
plus pacifique, parait désapprouver la rétro- j
cession de la Bessarabie en présence des ter-
mes formels de la convention russo-roumaine t
qui a garanti l'intégrité du territoire delà t
principauté. Tout en se conformant aux (;
instructions de son souverain, il laisse corn- j d
prendre que l'empereur a été mal conseillé
par suite de ce désaccord, M. de Nelidoff, le f
collaborateur du général Ignatiefi pour la
rédaction du traité de San-Stèfano, a quitté e
Berlin. Le prince de Hesse vient, au con- <'
traire. d'y ~arriver, porteur d'instructions l
conndentiellesde la pattdu czar. Il est certain, C
après tout, que quelques concessions sont in- g
dispensables de la part de la Russie; elle
ne peut pas lutter contre les intentions m&-
mfestes de l'Europe entière mais le prince
Gortchakott, qui recherche la popularité
comme tous les vieillards, et qui a déparé
souvent qu'il mettait son ambition à détruire
jusqu'au dernier vestige du traité de Paris
tend visiblement à laisser au comte Schou-
valon'la responsabilité de toutes ces conces-
sions.
)) Les frontières du Montenegro seront
Sxées comme suit au nord, la principauté
s étendrait jusqu'à Tara; du côté de l'Herzé-
govine, elle recevrait la forteresse et la
vallée de Nikchitch; du côté de l'Albanie
eUeaura Kutchki et Podgoritza; là jouis~
sance du port d'Antivari dans les condi.
lions que je vous ai indiquées, et le droit de
navigation sur la Bojana. Au total, le Monté-
négro aura moins que ne voulait lui donner
la ConférencedeConstantinople. Aussi lés dé-
tégués monténégrins sont-ils mécontens- ils
font observer qu'ils n'auront pas de frontières
naturelles, qu'il faudra planter sur les routes
des poteaux administratifs, et que cela ne
manquerapasde donner lieu à de nombreuses
contestations. Quand la question des fron-
tières sera définitivement réglée, ils ont l'in-
tention de demander une indemnité de
guerre tant pour les dépenses que leur ont
occasionnées les réfugiés herzégoviniens et
bosniaques, qu'au sujet des prisonniers de
guerre turcs qu'ils ont encore en .leur pou-
voir: Comme on ne leur a fait aucun prison~
nier, lia ne peuvent pas avoir recours à un
échange et ils demandent, comme d'autres
1 ont tait, une indemnité.
N Dans la séance d'aujourd'hui, le Congrès
s'est occupé de, la Roumanie. Les dé-
légués roumains avaient eu dans la ma-
tinée une très longue conférence avec lord
Beacons&eld, Lorsque le Congrès a été réuni,
les deux délégués roumains. MM. Bratiano et
Cogalniceano, ont été introduits. Le prince de
Bismarck s'est levé et est allé à leur ren-
contre de la façon la plus aimable. Ha
ont pris place à côté des délégués turcs
M. Cogalniceano a lu le plaidoyer qu'il avait
préparé à cet effet; ensuite, M. Bratiano a pro-
noncé un discours et a déposé sur la table
du Congrès la convention russo-roumaine si-
gnée par l'empereur Alexandre et la procla-
mation du grand-duc Nicolas au moment de
lentrée des troupes.
a Avant que les deux hommes d'Etat se
soient retirés. M. do Radowitz les a invités
venir au buffet; maia ils ont décliné courtoi-
sement cette invitation. Après leur départ, le
prince Gortchakou' a prononcé un long dis-
cours dans lequel ils'estefïorcéde prouver que
la Roumanie était ingrate envers la Russie
qui n'a cessé depuis un siècle, a-t il dit, de
combattre pour sa délivrance. Ensuite le Con-
grès a reconnu l'indépendance de la Roumanie
aux mêmes conditions que celle de la Serbie
(liberté des cultes), et la. rétrocession de la
Bessarabie à la Russie a été santionnée. Par con-
tre, la Roumanie recevra la Dobrutscha avec
une des bouches du Danube et File du Ser-
pent. Les frontières de la Dobrutscha au
sud-est s'étendront jusqu'à Silistria et jusqu'à
Mangali sur la mer Noire. Cette dernière
proposition a été faite par M. Waddington et
chaleureusement appuyée par le comte An-
drassyetle marquis de Sa'isbury. Le Congrès
a reconnu ensuite l'indépendance du Monté-
négro. La solution définitive de la question
bosniaque a été ajournée.
)) Les délégués turcs, depuis la protestation
qu'ils ont formulée contre l'occupation de la
Bosnie par les troupes autrichiennes, n'ont
pas reçu de nouvelles instructions de Gone-
tantinople. On attend qu'elles leur soient ar-
rivées. ? N.
K Vienne, le 1" juillet, 6 h. 3m. soir.
B Le gouvernement italien s'est empressé de
donner pleine satisfaction au consul géné-
ral autrichien à Venise, au sujet des démons-
trations fâcheuses dont son hôtela été l'objet.
La remise en place des armoiries austro-
hongroises arrachées par une foule enrénéc
s'est iaite avec grande solennité. Un nombre
.très considérable d'habitans de la ville ont
témoigné leur indignation en déposant leurs
cartes au consulat. Le préfet s'est rendu deux
fois chez le consul général dans la même in-
tention. Le président des ministres à Rome a.
fait les mêmes démarches auprès du chargé *e
d'anaires M. de Gravenegg. Après cette sa-
tisfaction, l'incident est regardé comme
aplani et ne pourra nullement troubler les
bonnes relations entre les doux puissances.
H J'apprends de bonne source que le terme
pour l'occupation de la Bosnie et de l'Herzé-
govine n'est pas aussi avancé que l'on sup-
posait. On attend encore un ordre de mobile
sation, et c'est seulement douze à seize jours
après .avoir reçu cet ordre que nos troupes
seront à môme de franchir la frontière. Or cet
ordre n'a pas encore été donné.)) u
Nous n'arrivons pas trop tard (nous
voulions laisser passer la fête) pour parler
encore de la princesse infortunée qui
vient d'être ravie à l'amour d'un roi et
aux espérances d'une généreuse nation.
Après avoir annoncé sa mort avec l'émo-
tion qu'inspirait la rapidité foudroyante
d'une telle catastrophe; nous aimons .à
recueillir autour de nous l'impression
qu'elle a produite en France car c'est là
un signe du temps. La France a établi
chez elle un gouvernement républicain
comme la seule garantie d'ordre social et
de prospérité publique que les révolutions
lut eussent laissée. Elle n'a pas fermé son
cœur aux agiotions royales que le mal-
heur fait éclater sur des trônes étrangers.
Elle les ressent surtout quand ces tris-
tesses viennent atteindre des familles qui
autrefois, et récemment encore pendant
près d'un demi-siècle, oui régné sur elle
avec tant d'honneur et avec tant d'éclat.
C'était une petite-fille de notre roi
Louis-Philippe, une nièce de la reine
Isabelle, une (111~ du duc deMontpensier
et de l'Infante Louise-Ferdinande, une
sœur delà comtesse de Paris, c'était la
descendante des deux branchés de I&
même race, illustre entre toutes dans l'his-
toire du monde, dona Maria de las Mer-
cedes de Orléans y Bourbon, qui venait
de s'éteindre àMadrid, dans la première
fleur de son Age et de son destin!
EMe avait ses dix-huit ans à peine, celle
que l'Espagne pleure en ce moment., etdont
le sort douloureux est venu tout d'un
coup attendrir l'Europe suspendue aux
graves délibérations de ses plénipoten-
MMM ET MAMt ~mLET
1878.
Mt M~ ~jmm
ON S'ADONNE
Mt Ptettes~ainK~Mmain-rAaxefMh, it.
~MM~MBJ~AmOMMKMBMZ: t
Un aa. Six !~eia. Ttots m<~<.
DôpMtemeM* 80 tr. 40 &. 20 Cf.
Pt&s. 72 &. 36 tr. i8&.
LM )tbomnemam partent dMi** « i< dw
chaque mois.
JMMAL DES DEBATS
~S'ABOM~B
~Belgique, en ItaUe.
dans le Luxembourg, en Turquie,
M Suisse, en Syrie, en Roumanie et Sans tM
Kgenc.es
enChmeetauJapon,
-y~ d'une Taleur payable a Paris on de
MBdats-poste, soit intomatfonaux, soit tranceit.
jm Attemagne, en Autriche, en Rusait.
et dans tous tes pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres paya,
MH-~Ot d'une Taleur payaoMtJM-tt.
POUTÏMES ET L!TTËM!RES
J~u~tt, ~'M~éM. eetg.
-
MNLneMzy, B&*ie
~.BmxeUes, & t'O/~M <<< ~M~M, «, taedeiR
Madeleine, dans !M kiosques et daps les bt*
bMothèmMB des ~ares d~ chetnins de fer betRes.
A. VidpKraise (<&Ui). chez M.~MstM 1t. Torm~o.
L
~C.jMM. ~ehey, tmaM. ttC',
<,ptacedetaB6~r8e,
~aMMiftat tOtt}oM69tresf~~esp!ur tt t~dMMM.
PAMS
HJN~Ï r JMLTLET
Ceux qui n'ont pas vu la fête hier
à Paris s'en feront difficilement une
idée. Nous avons essayé plus loin
d'en réunir les détails principaux, mais
nous avons dû ~n négliger beaucoup, et
ce dont il est (ufûciie de rendre compte,
c'est de la physionomie à la fois tran-
quille et animée de la population pa-
risienne. Jamais fête n'a eu moins l'ap-
parence d'une manifestation de parti, et
chacun y cherchait son plaisir particu-
lier plutôt que le désagrément que ses
adversaires en pouvaient éprouver. La
joie était sur tous les visages comme
dans les cœurs. Grâce à l'immense
étendue du champ de fête, il n'y' a eu
de désordre nulle part. La foule s'est
promenée toute la journée à travers les
rues le soir, elle s'est portée presque
tout entière aux Champs-Elysées et au
gais de Boulogne; mais là encore t'espace
était si étendu, qu'il n'y a eu aucun en-
combrement. Les illuminations se sont
prolongées presque jusqu'au joir, et,
quand le jour est venu. Pans s'est re-
trouvé, nous ne pouvons pas dire s'est ré-
veillé, couvert de drapeaux, de neurs et
Ùe guirlandes comme la veille, avec la sa-
tisfaction d'avoir vu se terminer si bien
une journée qui avait si heureusement
commencé.
Elle avait commencé par l'inauguration
d'une statue de la République au Champ-
de-M&rs, devant le péristyle de l'Exposi-
tion. Tous les ministres, sauf M. Dufaure,
empêché par un deuil de famille, assis-
sent à cette cérémonie préliminaire. Elle
a été particulièrement marquée par deux
discours prononcés l'un par M. Teisserenc
de Bort, ministre de l'agriculture et du
commerce, l'autre par M. de Marcère, mi-
nistre de l'intérieur. M. Teisserenc de
Bort était chez lui à l'Exposition uni-
verselle, et il' s'est contenté d'en
flire aimablement les honneurs. M. de
Marcère à parlé plutôt en homme
politique, et il l'a fait avec une'vi-
gueur et une élévation de langage
qui ont vivement frappé ses auditeurs.
Les illuminations et les feux d'artifice
Tassent vite, ~ur éclat dure quelques
heures un bon discours, au contraire, i.ur-
vit à la circonstance qui l'a produit et en
prolonge le souvenir. M. de Marcère a
f;'ès noblement parlé de la Franc&, de son
histoire depuis un siècle, des souffrances
hiétoira dëpuis un siéc~e, des souffrances
Qu'elle a endurées, après avoir renversé
~n gouvernement séculaire, pour en créer
un autre et mettre fin à !a période révo-
lutionnaire. Sortir de l'ère des révolu-
tions! tous les gouvernent ens qui se sont
succédé chez nous ont eu cette préten-
~on, et presque tousi'onl.eueàvec sincé-
rité. L'événemenHe8 a déçus, et, loin d'en
tirer pour la/république actuelle un sujet
d'orgueil,ii~aut sans doute entirerunele-
eon.Larépubliquenedureraqaesielleévite
les fautes que les autres ont commises; ou
celles qui sont plus particulièrement dans
sa nature. Ce qui est certain, et ce que
M. le mini&tra de l'intérieur a pu dire avec
raison, c'est qu'aucun gouvernement ne
procède mieux qu'elle des principes de
la Révolution et n'en est l'application plus
naturelle. Il a fallu longtemps pour que,
au milieu des partis que l'ancien
régime nous avait laissés et de ceux qui
'se sont formés "depuis, la république
trouvât enfin le calme, le, sang-froid et
t'organisation qui pouvaient la faire vi-
vre. L'oeuvre des Assemblées constituan-
tes ne pouvaït ;pas rem~lacer celle du
tes ne pouvait pas remplacer celle du
temps, maia le temps désormais à fait la
sienne. Il a rongé de vétusté tous lea par-
us monarchiques, et il ~a grandi et iorti-
Sé la république, au point que la répu-
blique, qui était autrefois moins qu'un
parti, qui était une secte, est devenue
la nation elle-même. On a pu le voir
hier dans cette fête qui n'avait pas
réuni seulement les Parisiens, mais
à laquelle la province a pris une si l~rge
pa!-t. Nous ne croyons pas, nous qui par-
lons toujours avec respect de plusieurs
des gouvernemens qui ont précédé, et qui
Teconnaiasons volontiers la part de bonne
et honnête volonté qu'ils ont ioua appor-
tée dans leur rude t&che, nous ne croyons
pas qu'aucun d'eux eût pu donner une
fête comme celle d'hier et la supporter
sans péril. Autrefois, les moindres éme-
ttons menaçaient toujours de dégénérer
en émeutes l'esprit public toujours
chMgé d'électricités contraires n'avait
besoin que d'une étincelle pour éclater
a.vec violence l'inquiétude était en haut,
et la colère en bas. Ecoutez Ie3 hommes
des générations qui sont venues avant
nous; ils ne s'expliquent pas l'état actuel
du pays, ils n'y comprennent rien; leurs
souvenirs les obsèdent et les empêchent
de bien voir le présent. Aussi leurs pro-
phéties sont-elles terrible~et chaque fois
qu'on annonce une réjouissance ou~
même une réunion quelconque, ils s'at-~
tendent à voir des barricades, fer-
ment leurs fenêtres et a'en vont à la
campagne. Nous avons entendu former
~epuis quelques jours de bien sombres
pronostics; nous n'y avons pas cru, le
gouvernement n'y a pas cru davantage.
.Le gouvernement autrefois était tou-
}onr8 occupé à déjouer, à prévenir un
ranger que l'excès de ses précautions
contribuait souvent & faire naître. 11
.a aujourd'hui pleine confiance, et, s'il
se préoccupe d'une chose, c'est que
la. circulation des Toitures ne gêne pas
celle des piétons. «Les temps sont ac-
complis s, a dit M. le ministre de l'inté-
rieur. Il n'est pas douteux, en tout cas,
que les temps ne soient changés, profondé-
ment modifiés dans leurs caractères. La
république est devenue un gouverne-
ment dans le sens concret du mot. Elle
en a pris l'allure, elle en a l'autorité. Là
république dont la statue se dresse de-
puis hier au milieu des merveilles que
l'art et l'industrieontentassées auChamp-
~de-Mars h'estplus cette république agi-
tée, inquiète, suspecte et suspectante,
violente et toujours destinée à Être violée,
qui a fait l'effroi de nos pères. « La voici,
s'est écrié M. de Marcère, sous la forme é
que lui a donnée un grand artiste, et avec
les attributs que nous désirions pour elle.
EUe est noble et simple, calme et forte;
elle est assise et reposée. x<
L'inspiration qui a si bien servi M. de
Marcère dans son discours a été celle de
toute la journée. L'attitude et la conduite
de la population parisienne n'ont pas
donné de démenti à la conception grave
et pure que l'habile sculpteur Qlésinger
a eue de la République. On avait annoncé
dés chansons séditieuses Nous avons, à
la vérité, entendu .~M'M.ye mais il
nous est difficile de considérer 7<ï ./b~
~~Më comme un chant séditieux, et
tout au plus pourrions-nous regretter la
manièredont elle est interprétée par les
choeurs .improvisés sur nos boulevards.
Les Parisiens, qui ont tant d'esprit, n'ont
pas celui de comprendre qu'ils n'ont pas le
gosier musical, et c'est pourtant une vé-
rité dont ils ont fourni hier une preuve nou-
velle, quoique surabondante. L'intention
n'était pas mauvaise; maisquedirede l'exé-
cution ? On avait annoncé des cris de
« Vive l'amnistie! a Jamais nous n'avons
mieux compris combien cette question de
l'amnistie était une question artificielle;
elle a été complètement oubliée au milieu
de la fête, tien qu'elle fût sur le pro-
gramme de quelques démocrates. Il est
vrai que le ~ûM~M~ o/?~ annonçait le
matin même que M. le Président de la ré-
publique avait accordé leur grâce à <,269
condamnés A des peines de droit com-
mun, détenus dans les colonies, maisons
centrales, etc. Rien de mieux Le droit
de grâce est le plus beau de ceux qui ap-
partiennent au Président de la républi-
que, et M. le maréchal de Mac-Mahon r
pouvait pas trouver une meilleure occa-
sion d'en user généreusement. Autant
nous sommes contraires au principe de
t'amnistie, autant nous sommes favora-
bles à l'usage du droit de grâce mais il
y a, ou le sait, entre la grâce et l'amnistie
une différence de nature. Les grâces ac-
cordéeshier ontparu sufnsantes.et l'amnis-
tie s'est trouvée, comme on dit dans le
jargon du jour dépourvue d'actua-
lité. Et les bonnets phrygiens dont
on avait annoncé une véritable ava-
lanche ? Où étaient-ils ? Nous n'en
avons pas vu. Les conservateurs à
tous crins ont fait jadis une importante
manifestation avec des bonnets à poil; on
assurait que les radicaux jaloux se pro-
posaient d'en faire une avec des bonnets
phrygiens. Nous n'avons pas eu cette
contre-partie. La. fête a conservé jusqu'au
bout le caractère d'une réjouissance trop
franche pour dégénérer jamais en mani-
festation. 1
Le soir, tout Paris était couvert de feux.
La nuit était admirable, le ciel légèrement
couvert, la température très douce. Les
illuminations ont eu toute leur valeur.
L'aspect du Bois de Boulogne en particu-
lier était féerique. Toutes les profondeurs
du Bois étaient éclairées de 'anternes vé-
nitiennes des pièces d'artifice partaient
dans tous les sens les eaux.du lac étaier~
couvertes de feux et sillonnées de bateaux;
des feux de Bengale répandaient dans les
bosquets les lueurs les plus vives et
les plus délicates. Enfin, vers dix heures,
une retraite aux flambeaux, précédée par
dés cuirassiers portant des torches, a fait
le tour des lacs et a ramené dans là viHe
toute la population qui l'avait quittée. La
fête s'est prolongée jusqu'au matin elle
dure encore sur bien des points elle lais-
sera le souvenir d'une journée brillante et
heureuse qu'il est inutile de vanter, mais
où nous avons trouvé quelques indica-
tions rassurantes sur l'état de l'esprit
public.
La place et le temps nous manquent
aujourd'hui pour parler du Congrès. Aussi
bien, pendant le jour de congé que nous
Bous sommes donné Mer, les dépêches et
correspondances sont arrivées si nom-
breuses que nous avons besoin de
quelques heures pour en débrouiller
l'écheveau. En voici un court résumé.
Le Congrès marche d'un pas précipité.
La chaleur d'un côté, M. Bismarck de
l'autre pressent ses travaux. L'ascendant
de ce dernier grandit tous les jours. Le
Congrès suit docilement ses impulsions
quant au fond et quant & la formé des
questions; le chancelier a hâte d'en finir
et donne aux travaux du Congrès un
mouvement si impétueux, qu'un journal
de Vienne l'appelle, non sans raison, le
Gourko daCongrès.Ainsi, dans les séances
du 28 et du 29, les plénipotentiaires ont,
paraît-il, abordé a. la fois plusieurs ques-
tions,tranchantle8unes,reMvoyantIerègIe-
ment déunitii des autres à des commissions.
La Russie ayant repris en détail, dans la
question dé la Bulgarie, à; peu près tout
ce qu'elle avait concédé en principe, c'est
la fameuse a sphère des intérêts autri-
chiens dans la partie occidentale de la
péninsule des Balkans, qui est maintenant
à l'ordre du jour, et les dépêches de notre
correspondantN.,dont nos .lecteurs ont pu
reconnaître la sûreté d'informations, affir-
ment que le Congrès est très favorable-
mehtdisposé auxprétentionsdel'Autriche,
et qu'il croit, en les satisfaisant, corri-
ger ce qu'il a trop concédé à la Russie.
Ainsi l'Autriche a obtenu par un vote
unanime du Congrès, excepté la voix
de la Turquie, le mandat d'occuper par
ses troupes la Bosnie et l'Herzégovine
pour rétablir l'ordre et la sécurité dans
ces provinces, y ramener les réfugiés et
y introduire des réformes exigées par leur
situation. Le Congrès n'a pas indique
!e terme deroccupation. Les plénipoten-
tiaires turcs ont protesté contre l'occupa-
tion en la qualiuant d'acte d'agression,
mais le Congrès a passé outre et on ne
croit pas que la Porte risque une résis-
tance armée. La question de la délimita-
tion de la Serbie et du Monténégro a été
abandonnée à une commission et sera
aussi résolue sans doute dans un sens
satisfaisant pour l'Autriche. La question
grecque a été abordée le pléaipoten-
tiaire grec, admis au Congrès, a lu le Mé-
morandum demandant l'annexion de la
Thessalie, del'Epire et de la Crète. Oh
croit que du côté des deux premières pro-
vinces .la Grèce n'obtiendra qu'une rec-
tification de frontière, mais on sup-
pose que ses perspectives sont meilleures
par rapport à la Crète. La question
de la Roumanie a été touchée, et l'Angle-
terre a renouvelé a.u sujet delà Bessara-
bie les regrets entièrement platoniques
de son Mémorandum. Bref, les travaux du
Congrès marchent si rapidement que tou-
tes les dépêches sont d'accord pour
désigner avec certitude la date du
10 juillet comme le terme de ses tra-
vaux. Les commissions spéciales tra-
vailleront ensuite, et leur œuvre sera
examinée et ratifiée en septembre dans
une nouvelle session du Congrès ou d'une
Conférence qui aura à signer le traité dé-
finitif destiné à porter le nom de traité
de Berlin et à remplacer celui de Paris.
Nous apprécierons demain l'esprit et la `
portée des résolutions du Congrès en tant
qu'elles sont connues jusqu'ici.
Nous avions compté, dans un de nos
derniers Bulletins/M. Trystram parmi les
députés invalidés qui ne se représentent
pas aux élections. C'est là une erreur que
nous nous empressons de rectifier et qui
vient d'une transposition de noms. Nous
avions voulu parler de M. d'Arras.
BOURSE DE PARIS
Ct&ture le 29 le! MaMaae. Bm!sse.
8
Comptant. tG 712 ~8M.~ .M 12 2
Liquid. 76271,2 7590.M 1/2
Fin cour. '76 S.221/2
Aâ/ee/o, w
ComptanttOCSO.tQS').25~
ae/e
Comptanm3!iO.H3
Fin cour. 113 80.221~2
tBT.n'B BOCMB DU SOU.
Emprunt 5 0/0. 11!&. 67 1/2, 65.
30/0. Mfr.lO.
N0/0 turc. lSfr.65,60.
Banque ottomane.. ~Slfr.87.
Egyptiennes 6 0/0.. 271 fr. 2H, 270 fr., 272 fr. 50.
Intérieure. 123/4.
Nous recevons de nos correspondons parti-
culiers les dépêches suivantes
« Berlin, le 29 juin, 7 h. 30 m. soir.
"Le Congres a commencé, dans sa séance
d'hier l'examen des questions relatives à la.
Serbie, au Monténégro, à la Bosnie et à l'Her-
zégovine. Aucune décision définitive n'a été
pnse encore on a seulement proclamé l'éga-
lité des droits en faveur des juifs.
H La question israélite a donc fait un grand
pas. Le principe proclamé par le Congrès, à.
la demande de la France, reçoit partout son
application immédiate, et les israéMtes appe-
lés à. en profiter les premiers remportent un
triomphe plus complet qu'ils ne s'y atten-
daient eux-mêmes.
Quant à ce qui concerne la fixation des
frontières de la Serbie et du Monténégro, ette
a été confiée & une commission composée des
seconds plénipotentiaires. On espère qu'elle
aura terminé Son travail d'ici à lundi, et
pourra venter son rapport de façon à fari-
litër la solu'ion immédiate.
!) En attendant, les plénipotentiaires grecs
MM. DelyannisetRanghabé ont été nvités à
assister aujourd'hui à la séance où l'on s'occu-
pera de régler le sort des provinces helléni-
ques, do l'Albanie et autres provinces limi-
trophes. Si la discussion n'aboutissait pas
aujourd'hui, elle serait continuée lundi; mais
il est probable que l'accord se fera.
On ne prévoit pas de grands dissentimens
sur ce point, bien qu'il soit des plus délicats
à régler si l'on voulait se conformer dans
toute la force du terme au principe moderne
des nationalités. Il y a des districts bien clai-
rement, bien exclusivement grecs; d'autres
au contraire où la population hellénique
se confond avec la nationalité albanaise
serbe, roumaine ou turque. `
"Mais le Congrès a admis en principe la for-
mation d'une Roumëlie occidentale sujette de
laTurquie, et à laquelle sera accordée une
large autonomie locate. Il n'y a. doue gaère
qu'a fixer la frontière de cette province et à
poser les règles fondamentales de son admi-
nistration future. e
a L'occupation projetée de la Bosnie et de
l'Herzégovine a donné Heu à de plus sérieux
débats. Les Turcs ont proteste, comme on
pouvait s'y attendre; mais leur protestation a
été de pure forme, et, en présence de l'un mi-
mité de vues qui s'est manifestée, ils sentent
bien qu'il leur est impossibie d'insister.
') II est remarquable que les plénipoten-
tiaires soient, dès le début, bien plus una-
nimes dans leur intention de conGer à l'Au-
triche-Hongrie le mandat d'occuper les pro-
vinces occidentales de la Turquie, qu'ils ne
l'ont .encore .été dans aucune autre ques-
tion.
a C'est pour eux, en enet, un moyen
convenu d'opposer une digue à l'invasion
panslaviste et de rétablir eu Orient l'é-
quilibre par trop détruit au pront exclusif de
l'inuuence russe. A tort ou à raisoh. ils ont
cru devoir céder sur d'autrespoints aux désirs
de la Russie vivement appuyée par M. de Bis-
marck; mais ils sont heureux de reconnaître le
caractère européen des réclamations formulées
par l'Autriche-Hongrie, et de donner à la mo-
narchie de~ Habsbourg un mandat qui lui per-
met te d'accomplir au moins en partie sa mis-
sion civilisatrice en Orient. Que peuvent donc
faire les plénipotentiaires turcs contre de telles
dispositions d'e&prit? C'est le cas ou jamais
de rappeler, comme le faisait d'ailleurs spiri-
tuellement l'un d'entre eux, le mot qui circulaà à
Paris vers la fin du règne de Louis XVI, alors
que le ministre des fmances, M. de Galonné,
voulut établir de nouveaux impôts.Un dessin
du temps le représente entoure de volatiles
auxquels il demande « A quelle saucé voulëz-
voua être mangés? Mais, répondent-ils en
chœur, nous no voulons pas être mangés du
tout. –Pardon! vous sortez de la question. s
Les Turcs sont dans cette situation. L'Europe
croit avoir fait beaucoup pour eux en leur lais-
sant la Roumélié et en leur assurant la fron-
tière des Balkans. Elle s'étonnerait aujourd'hui
qu'ils se montrassent par trop rebeUes aux
décisions qu'elle veut prendre dans l'Ouest.
Ils n'ont, en somme, que le choix entre le
traité de San-Stefano ou la solution adoptée
par le Congrès. Ils savent bien que, s'ils se
montrent concilians, on fera pour eux tout
ce qui sera possible. Ils céderont après avoir
fait entendre une protestation qui sauve leur
dignité. Que peuvent-ils faire autre chose?
a Tous les bruits pessimistes qui ont été
répandus hier, et qui ont même mit baisser
la Bourse, sont donc non seulement exagé-
rés, mais eana fondement. Je dois vous dire,
du reste, que lorsqu'on met en doute l'issue
favorable du Congres on méconnaît la vo-
lonté inflexible de M. de Bismarck. La facon
dont son ascendant s'exerce sur les plénipo-
tentiaires ne laisse aucun doute possible sur
le résultat des négociations. Il y aura une
paix quelconque, durable ou non, peu im-
porte; mais il y en aura une, gardez-vous
d'en douter; la. chose est absolument cer-
taine.
r Je vous ai télégraphié hier quelles seront,
s°Ion toute apparence, les limites de la Ser-
bie. Sa population recevra une augmentation
d'environ 300,000 hommes, et c'est elle, fina-
iRuaent, qui sera la plus heureuse car, en
-somme, les braves Monténégrins seront beau-
coup moins bien traités. D~ns le Nord, l'Au-
triche ne veut rien leur céder. Au Midi, ils
recevront la jouissance du port d'Antivari
mais, l'Autriche s'y réservant le droit
de police et le service sanitaire, ils n'au-
ront pas le droit d'y pouvoir hisser le drapeau
monténégrin. Du côté de la Bojanà, ils pour-
raient avoirune frontière natureUe mais on ne
peut pas leur donner des terres de ce côté parce
qu'il y a là une population mixte dont une
partie reiuse de se joindre à eux. Espérons
que d'ici A lundi il ~era possible de trouver un
moyen de les satisfaire sans nuire à d'autres
intérêts. ? u N.
«Berlin, le 30 juin, 6 h. soir.
e La séance tenue hier par le Congrès a eu
un résultat des plus importans. La question
'd'Orient est entrée, par le fait, dans une nou-
velle phase. Jusqu'ici on ne s'était occupé
que des intérêts russes actuellement, on en
es~ "rrivé à la sphèredes intérêts austro-hon-
grois.
a Les plénipotentiaires sont unanimes à re-
connaître les services que l'Autriche-Hongrie
a rendus à la paix européenne en maintenant
la neutralité pendant la guerre turco-russe
ils se montrent tout disposés à lui en savoir
d'autant plus de gré que le maintien de son
inûuence en Orient leur parait une nécessité
de premier ordre. La façon généreuse dont elle
s'est conduite depuis trois ans à l'égard des
réfugiés bosniaques qui actuellement ne veu-
lent rentrer dans leurs foyers f~ue sous sa
protection démontre également qu'elle com-
prend au plus haut degré les devoirs de l'hu-
manité et de la civilisation. Bref, on a tenu a
donner à son ministre une preuve de con-
fiance, et mes prévisions à cet égard se sont
de tout point réalisées.
< Le comte Andrassy a reçu de l'Europe le
mandat formel d'occuper militairement la
Bosnie et l'Herzégovine jusqu'à ce qu'un état
de choses conforme aux nécessit.és des temps
modernes y ait été dénaitivement installé en
faveur des chrétiens.
)) Dans cette même séance d'hier, les plé-
nipotentiaires grecs ont donné lecture du
Mémoire qu'ils avaient préparé pour résumer
leurs demandes. La discussion s'ouvrira à ce
sujet dans la séance prochaine. Les Grecs de-
mandent l'Epire, la Thessalie et la Crète.
Dans l'exposé des motifs, ils déclarent que si
le Congrès ne tenait pas compte des réclama-
tions du gouvernement d'Athènes, la dynastie
royale serait menacée. C'est le roi lu{-même,
en eHet, qui s'efforçait d'apaiser l'insurrection
par des promesses qui lui ont été faites à Lon-
dres et ailleurs. L'annexion de ces provinces
au royaumodeGrèce pourrait seule mettre un
terme aux agitations qui n'ont cess~ de se
produire en ces dernières années et
supprimer ainsi l'une des causes de trou-
ble qui ont le plus longtemps inquiété
l'Europe entière. On est disposé, au sein du
Congrès, à lui accorder une rectification de
frontière du cûté de Volo il est question aussi
déplacer la Crète soussa suzeraineté. Le tri-
but qu'elle aura à payer à la Grèce seraifem-
ployé d'abord au règlement de la Dette tur-
que, au prorata de la répartition.
? On aégalement 'abordé hier la question
de la Roumanie. L'Angleterre a protesté
contre la rétrocession de la Bessarabie à la
Russie mais elle a maintenu sa protestation
dans des termes généraux, comme il était
convenu. Au surplus, il semble qu'un arran- i
gement devienne possible, en ce sens i
que les frontières de la Dobrutseha soient
rectinées de manièreàdonher à la Roumanie, i
aux dépens de ta Bulgarie, des compensations
sufSsantes.
a Quant à la Serbie et au Monténé- i
gro, aucune décision n'a pu être prisé, i
par la raison que les commissions char-
gées de Sxer les limites des deux prin- n
cipautés n'ont pas fini leurs travaux. i
Pour la Serbie, notamment, il s'élève Tme é
) difficulté assez grave. Je vous ai dit dans le
temps que la R ussie avait demand é l'an nexion
..à la Bulgarie du diotrict du Pirot{sandjak de
Nisch). prétendant que la population de Pirot
est bulgare. Les Serbes disent que la ville
elle-même est peuplée, H est vrai, de Bul-
gares, mais que le district, les campagnes
..sont serbes. M. Ristitch s'est adressé au
prince Milan pour lui demander s'il pouvait
proposer un plébiscite.
L'indépendance serbe a été reconnue,
mais elle n'a pas été mise sous la garantie de
l'Europe. La liberté et l'égalité des cultes lui
ont été imposées.
L'affaire du Monténégro traîne. Je vous
l'ai exptiqué hier; depuis, rien n'a été fait.
Néanmoins, on fspère finir d'ici à demain.
o L'exploitation etiadirectionde tousiesche-
mins de fer de la Turquie, à partir de Belgrade.
ainsi que les voies ferrées de la Bulgarie, se-
ront placées entre les mains de la Société au-
trichienne, exploitation dont l'actionnaire
prineipai, M. Hirsch, se trouve en ce moment
à Berlin, en train de régler certaines questions
d'un ordre général.
» La question de la contribution de guerre
sera discutée en dernier lieu. H est question,
dit-on, d'en faire gr&ee à la Turquie. On
espère que le Congrès aura terminé ses
travaux vers le 10 .juillet. Avant de se
dissoudre, il donnera de~ instructions aux
commissions qui auront à compléter son ceu-
vre en réglant les détails d'administration et
d'organisation dans les nouvelles provinces.
Les commissions chargées de la délimitation
des frontières seront composées d'officiers su-
périeurs de chaque pays. La commission
chargée do rédiger le traité do paix a été con-
stituée il y a trois jours. N.
a Berlin, le 30 juin, 6 h. soir.
') Voici quelques détails qui- complètent
les renseignomens des jours précédons et rec-
tifient les interprétations inexactes auxquel-
les ils pourraientdonner lieu
a On m'affirme que la frontière de la Rou-
méiie serait vraiment une frontière stratégi-
que; que les montagnes du Rhodope qui,
traversant le sandjak de Sofia, forment
la suite de la ligne des Balkans, peuvent
être mis eh état de parfaite défense.
J'ajoute que le comte Andrassy, voulant
contribuer à assurer à la Roumélie une
sécurité complète, aobtenu, que les vallées de
Karasa et de Mesta, ausud de Djunna, soient
attribuée;} a là Turquie, de manière à faciliter
l'établissement de leur ligne de défense.
)) II a été décidé, dans la séance d'avant-
hier, que les iufteresses du Danube seront
rasées, aux termes du. traité de San-Stefano
mais on y a ajouté la clause que la Bulgarie
n'aura pas le droit de construire des .forte-
resses à l'avenir.
)) L'occupation est fixée à neuf mois seule-
ment pour la Bulgarie et la Roumétie; l"s
trois mois en plus sont pour la Roumanie, de
sorte que, dans neuf mois u. partir du jour
où le traité de Berlin sera signé, le dernier
soldat russe devra quitter la Bulgarie. Les
plénipotentiaires français voulaient réduire
îe terme de l'occupation à six mois; mais
leurs enbrts n'ont pas été appuyés par les
autres plénipotentiaires. Les Russes ont in-
sisté beaucoup, et la proposition trançMse a
été abandonnée.
Mlls'agit, pour l'armée russe, d'une triple
opération il leur faudrad'abord retirer en Rou-
mélie tout ce qu'ils ont de soldats dans la
Turquie proprement dite, puis de Roumélie
en Bulgarie, et ensuite se retirer sur la Rou-
manie. L'évacuation des hôpitaux et des ma-
gasins qu'ils ont construits dans ce pays de-
mandera trois mois au moins.
M Le nombre dos troupes que la Turquie
pourra avoir dans les Balkans n'a pas été li-
mité les lignes d'étapes que le gouverne-
ment ottoman veut adopter pour la marche
de ses troupes en Roumélie sont à fixer d'a-
vance, mais dans le sens qu'il voudra lui-
même désigner. `'
a Ces mesures de précaution ont été prises
pour éviter toutcontactdel'arméeavec la po-
pulation, fanatisée et excitéecomme elle le sera
contre les Turcs après un séjour prolongé de
l'armée russe dans le pays. Le Sultan n'est
tenu à ces restrictions qu'en temps de paix,
en cas de guerre ou de révolution, il reprend
ses droits de souveraineté absolue, o N.
K Berlin, le 1" juillet, 9 h. soir.
H Les commissions qui avaient été char-
gées de tracer les frontières de la Serbie et
du Monténégro ont terminé leurs travaux,
et la question peut maintenant être soumise
au vote du Congrès. Mais il y a encore entre
l'Autriche et la Russie une divergence au
sujet de Pirot la Russie voudrait eu faire
une place frontière de la Bulgarie à l'Ouest,
tandis que l'Autriche désirerait voir ce point
attribué à la Serbie.
» M. Ristitch. comme je vous l'ai télégra-
phié, a songé .à proposé de vider la difficulté
par l'expédient napoléonien du plébiscite. lia a
reçu du prince Milan l'autorisation de formuler
tette proposition au Congrès; mais on doute
qu'elle reçoive un bon accueil de la part des
plénipotentiaires. Cette insistance de ta Rus-
sie à avoir Pirot prouve combien eUe tient
& rendre forte la nouvelle Bulgarie elle
voit que l'Europe est disposée a appuyer j
les Grecs, dont l'influence peut devenir très <
grande en Orient, et eile met tout en œuvre
pour que la Bulgarie puisse, dans l'avenir, (
taire contre-poids à la Grèce, t
.a Il est certain, d'ailieuM, que le traité de (
San-Stefano sortira fortement mutilé et t
en quelque sorte refait en entier à la suite
des décisions du Congrès; il n'y aura pas un t
seul point de ce traité qui ne soit changé t
d'une façon presque radicale. Ainsi, pour c
comp)éter ce que je vous ai dit sur la i
Roumélie orientale par exemple, le gou-
verneur chrétien, qui doit ètre~ nommé Î
pour cinq ans par le Sultan avec l'assen- ]
timent des puissances, pourra être ré- 1
voqué par la Sublime'Porte malgré le veto des t
puissances.dontlëgouvernement ottomansera
libre de ne pas tenir comp te. On a voulu laisser,
dans cette province qui reste turque, une plus î
grande part d'autorité à la Turquie; mais une s
certaine émotion se produit dans les cercles
russes au sujet de ces concessions, et il est po- r
sitif notamment qu'il y a un désaccord entre
leprinceGortchakofiotle comte Sehouvalofl' 1
qun'eprésentent deux points de vue tout à e
fait opposés. Le comte Schouvaloff, beaucoup g
plus pacifique, parait désapprouver la rétro- j
cession de la Bessarabie en présence des ter-
mes formels de la convention russo-roumaine t
qui a garanti l'intégrité du territoire delà t
principauté. Tout en se conformant aux (;
instructions de son souverain, il laisse corn- j d
prendre que l'empereur a été mal conseillé
par suite de ce désaccord, M. de Nelidoff, le f
collaborateur du général Ignatiefi pour la
rédaction du traité de San-Stèfano, a quitté e
Berlin. Le prince de Hesse vient, au con- <'
traire. d'y ~arriver, porteur d'instructions l
conndentiellesde la pattdu czar. Il est certain, C
après tout, que quelques concessions sont in- g
dispensables de la part de la Russie; elle
ne peut pas lutter contre les intentions m&-
mfestes de l'Europe entière mais le prince
Gortchakott, qui recherche la popularité
comme tous les vieillards, et qui a déparé
souvent qu'il mettait son ambition à détruire
jusqu'au dernier vestige du traité de Paris
tend visiblement à laisser au comte Schou-
valon'la responsabilité de toutes ces conces-
sions.
)) Les frontières du Montenegro seront
Sxées comme suit au nord, la principauté
s étendrait jusqu'à Tara; du côté de l'Herzé-
govine, elle recevrait la forteresse et la
vallée de Nikchitch; du côté de l'Albanie
eUeaura Kutchki et Podgoritza; là jouis~
sance du port d'Antivari dans les condi.
lions que je vous ai indiquées, et le droit de
navigation sur la Bojana. Au total, le Monté-
négro aura moins que ne voulait lui donner
la ConférencedeConstantinople. Aussi lés dé-
tégués monténégrins sont-ils mécontens- ils
font observer qu'ils n'auront pas de frontières
naturelles, qu'il faudra planter sur les routes
des poteaux administratifs, et que cela ne
manquerapasde donner lieu à de nombreuses
contestations. Quand la question des fron-
tières sera définitivement réglée, ils ont l'in-
tention de demander une indemnité de
guerre tant pour les dépenses que leur ont
occasionnées les réfugiés herzégoviniens et
bosniaques, qu'au sujet des prisonniers de
guerre turcs qu'ils ont encore en .leur pou-
voir: Comme on ne leur a fait aucun prison~
nier, lia ne peuvent pas avoir recours à un
échange et ils demandent, comme d'autres
1 ont tait, une indemnité.
N Dans la séance d'aujourd'hui, le Congrès
s'est occupé de, la Roumanie. Les dé-
légués roumains avaient eu dans la ma-
tinée une très longue conférence avec lord
Beacons&eld, Lorsque le Congrès a été réuni,
les deux délégués roumains. MM. Bratiano et
Cogalniceano, ont été introduits. Le prince de
Bismarck s'est levé et est allé à leur ren-
contre de la façon la plus aimable. Ha
ont pris place à côté des délégués turcs
M. Cogalniceano a lu le plaidoyer qu'il avait
préparé à cet effet; ensuite, M. Bratiano a pro-
noncé un discours et a déposé sur la table
du Congrès la convention russo-roumaine si-
gnée par l'empereur Alexandre et la procla-
mation du grand-duc Nicolas au moment de
lentrée des troupes.
a Avant que les deux hommes d'Etat se
soient retirés. M. do Radowitz les a invités
venir au buffet; maia ils ont décliné courtoi-
sement cette invitation. Après leur départ, le
prince Gortchakou' a prononcé un long dis-
cours dans lequel ils'estefïorcéde prouver que
la Roumanie était ingrate envers la Russie
qui n'a cessé depuis un siècle, a-t il dit, de
combattre pour sa délivrance. Ensuite le Con-
grès a reconnu l'indépendance de la Roumanie
aux mêmes conditions que celle de la Serbie
(liberté des cultes), et la. rétrocession de la
Bessarabie à la Russie a été santionnée. Par con-
tre, la Roumanie recevra la Dobrutscha avec
une des bouches du Danube et File du Ser-
pent. Les frontières de la Dobrutscha au
sud-est s'étendront jusqu'à Silistria et jusqu'à
Mangali sur la mer Noire. Cette dernière
proposition a été faite par M. Waddington et
chaleureusement appuyée par le comte An-
drassyetle marquis de Sa'isbury. Le Congrès
a reconnu ensuite l'indépendance du Monté-
négro. La solution définitive de la question
bosniaque a été ajournée.
)) Les délégués turcs, depuis la protestation
qu'ils ont formulée contre l'occupation de la
Bosnie par les troupes autrichiennes, n'ont
pas reçu de nouvelles instructions de Gone-
tantinople. On attend qu'elles leur soient ar-
rivées. ? N.
K Vienne, le 1" juillet, 6 h. 3m. soir.
B Le gouvernement italien s'est empressé de
donner pleine satisfaction au consul géné-
ral autrichien à Venise, au sujet des démons-
trations fâcheuses dont son hôtela été l'objet.
La remise en place des armoiries austro-
hongroises arrachées par une foule enrénéc
s'est iaite avec grande solennité. Un nombre
.très considérable d'habitans de la ville ont
témoigné leur indignation en déposant leurs
cartes au consulat. Le préfet s'est rendu deux
fois chez le consul général dans la même in-
tention. Le président des ministres à Rome a.
fait les mêmes démarches auprès du chargé *e
d'anaires M. de Gravenegg. Après cette sa-
tisfaction, l'incident est regardé comme
aplani et ne pourra nullement troubler les
bonnes relations entre les doux puissances.
H J'apprends de bonne source que le terme
pour l'occupation de la Bosnie et de l'Herzé-
govine n'est pas aussi avancé que l'on sup-
posait. On attend encore un ordre de mobile
sation, et c'est seulement douze à seize jours
après .avoir reçu cet ordre que nos troupes
seront à môme de franchir la frontière. Or cet
ordre n'a pas encore été donné.)) u
Nous n'arrivons pas trop tard (nous
voulions laisser passer la fête) pour parler
encore de la princesse infortunée qui
vient d'être ravie à l'amour d'un roi et
aux espérances d'une généreuse nation.
Après avoir annoncé sa mort avec l'émo-
tion qu'inspirait la rapidité foudroyante
d'une telle catastrophe; nous aimons .à
recueillir autour de nous l'impression
qu'elle a produite en France car c'est là
un signe du temps. La France a établi
chez elle un gouvernement républicain
comme la seule garantie d'ordre social et
de prospérité publique que les révolutions
lut eussent laissée. Elle n'a pas fermé son
cœur aux agiotions royales que le mal-
heur fait éclater sur des trônes étrangers.
Elle les ressent surtout quand ces tris-
tesses viennent atteindre des familles qui
autrefois, et récemment encore pendant
près d'un demi-siècle, oui régné sur elle
avec tant d'honneur et avec tant d'éclat.
C'était une petite-fille de notre roi
Louis-Philippe, une nièce de la reine
Isabelle, une (111~ du duc deMontpensier
et de l'Infante Louise-Ferdinande, une
sœur delà comtesse de Paris, c'était la
descendante des deux branchés de I&
même race, illustre entre toutes dans l'his-
toire du monde, dona Maria de las Mer-
cedes de Orléans y Bourbon, qui venait
de s'éteindre àMadrid, dans la première
fleur de son Age et de son destin!
EMe avait ses dix-huit ans à peine, celle
que l'Espagne pleure en ce moment., etdont
le sort douloureux est venu tout d'un
coup attendrir l'Europe suspendue aux
graves délibérations de ses plénipoten-
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