Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-06-06
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 200316 Nombre total de vues : 200316
Description : 06 juin 1878 06 juin 1878
Description : 1878/06/06. 1878/06/06.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4604642
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ËDITION DE PARIS
JEM @ M
~m
ON-S'ABONNE'
me des Prëtres-Samt-Germaiù-rAuxerrois, 0.
'!PR:X BE ~'ABSKt~EBBE~T
Un an. Six mois. Trois mou
J&~partémens. 88 fr. 40 fr. 20 &.
Rsn'is. 72 &. 36 fr. 18 ?.
Les abonnemens partent des t" et !6 de
chaque mois.
Paa~a), )Bm nmaaéB'c. S~ eeEË.
BépaB'te'nBCïM, mm arnsnéfo. XS eeBS&.
tB ![nowspapers offtce, 17, Grcsham street, G. P. 6.;
ES!S!. BSeMzy, asaw~es et C', Finch !ane CornhiU.
E.C.LonQoii; !Ba3S. 'W.-M. Smtth et Sem,
486, Strajid, W. C.. London.
A BruxeUes, & t'0/i~~ e!< pMadeleine, dans !a& kiosques et dams les M.
bhomè~aes des trares de chemins de ier bei~es~
Tatp
PARIS
MERCREM JUM J
La manière dont les lettres de convo-
cation pour le Congrès ont été rédigées
fait honneur à l'esprit de ceux qui ont
trouvé cet ingénieux moyen de donner
satisfaction aux légitimes exigences de
l'Angleterre sans blesser les susceptibili-
tés vivement surexcitées de la Russie. On se
rappelle avec quelle insistance le cabinet
~britannique avait déclaré qu'il ne pouvait
pas prendre part au Congrès sans avoir ob-
tenu d'avance la reconnaissance formelle
des droits de l'Europe. « Le gouvernement
de S. M., avait dit lord Derby, est
» obligé de déclarer nettement, avant de
pouvoir entrer dans un Congrès, que
chaque article du traité conclu entre la
M Russie et la Turquie doit être placé
devant ce Congrès, non pour y être né-
» cessairement accepté, mais pour que
M ]es puissances examinent en toute li-
berté quels articles exigent leur appro-
» bation et leur concours, et quels n'en ont
? pas besoin, w Cette prétention de l'An-
gleterre avait été combattue jusqu'icipar la
Russie, et de là était venu l'insuccès pro-
longé des négociations sur le Congrès. La
Russie ne s'opposait: pas à ce que chaque
puissance pût provoquer un débat sur
chaque article du traité de San-Stefano,
anais elle voulait se réserver à elle-même le
droit de repousser ce débat ou du moins de
yetuser d'y prendre part. «Nous laisserons
3) aux autres puissances, disait le prince
x Gortchakon', la liberté de soulever au
M Congrès telle question qu'elles jugeront
» convenable de discuter, mais nous gar-
? derons pour nous-mêmes la liberté
d'accepter ou'de ne pas accepter cette
~discussion. Le chancelier russe sou-
tenait qu'on ne pouvait demander autre
chose à la Russie sans l'exposer à une
sorte d'humiliation « II serait humiliant
N pour elle, disait-il, que, seule entre les
puissances, elle dût contracter un en-
M gagemcnt préliminaire à la veille du
a Congrès.)) »
C'est pour ménager cette susceptibilité
de la Russie que les rédacteurs des let-
tres de convocation ont imaginé de poser
à toutes les puissances la même question
et dé réclamer d'elles le même engage-
ment. On a pu être surpris, en lisant celle
de ces lettres qui était adressée à l'An-
gleterre, d'y trouver une phrase dans la-
quelle le gouvernement allemand expri-
mait « r? S. M. britannique consentirait à admet-
)) tre la libre discussion de tout le traité
M de San-Stefano et ~? ~'c?~?'c /M~. Comment l'Angleterre
se serait-elle refusée 'à faire ce qu'elle
n'avait cessé de réclamer depuis trois
mois? Mais cette phrase, qui est un véri-
table non-sens lorsqu'elle est adressée à
l'Angleterre, acquiert au contraire une
grande signification lorsqu'elle est adres-
sée à la Russie. Or, elle n'a été adressée
à l'Angleterre et à toutes les autres puis-
sances qu'afin de pouvoir être adres-
sée aussi à la Russie. « Le soussigné »,
a dit le marquis de Salisbury.dans sa ré-
ponse à l'ambassadeur allemand, ~pre-
M nant acte de la déclaration verbale de
M S. Exc. ~e ~e tMM~~oK, ~~cc
M ~M voyée aux autres puissances signa-
K taires du traité de Paris, et d'après la-
B quelle il est entendu que les autres puis-
B sances adhéreront à l'invitation
N <~M ~?Mey ~y que la Note re-
M mise par S. Exc., etc. c Ainsi la Russie,
en adhérant à une invitation « rédigée
)) dans les mêmes termes que l'invita-
tion reçue par le marquis de Salisbury, a
non seulement reconnu à tous les mem-
bres du Congres le droit de soulever un
débat sur tous les articles dû traité de
San-Stefano, mais elle a promis «d'y pren-
dre part M personnellement. C'est un
succès complet pour la politique anglaise,
et la Chambre des Lords l'a bien compris
lorsqu'elle a couvert de ses apptaudisse-
mens les paroles que le chef du Foreign-
Office a prononcées avant de lire le texte
de la lettre de convocation. « Je prie Vos
K Seigneuries, a-t il dit, d'avoir bien pré-
a sent à la mémoire le fait qu'une invita-
N 'tion du même genre a été acceptée par
toutes les autres puissances, .~M~e
H~KCjM~peM~.H »
Si cette manière de couvrir les conces-
sions de la Russie en ayant l'an* d'en de-
mander de semblables à toutes les puis-
sances ménage des susceptibilités respec-
tab'es, eUe a un avantage plus précieux
encore elle donne en quelque sorte une
sanction européenne au principe anglais;
elle oblige toutes les puissances à recon-
Naître de nouveau solennellement ce
principe, à le proclamer ou à s'y sou-
mettre. En présence d'une victoire
aussi incontestable, l'Opposition a dû
s'incliner à la Chambre des Communes
et à la Chambre des Lords. EUe l'a fait
avec une certaine bonne grâce. Lord
Granville a cordialement félicité le gou-
vernement, et le .?'MKf?~ constate que ces
éloges étaient bien mérités. « Le succès
K remporté parle ministère, dit ce journal,
m va rehausser singulièrement l'autorité de
a nos représentans au Congrès. L'Angle-
M terre a longtemps* été'seule à soutenir
o son principe, et on lui a reproché cet
isolement; mais notre demande a été
ennn reconnue juste et nous avons
IJ N~L D~S DÉB~TS
'B T T i ? ï Q t? T 11 T F ? A t R Q
i.i~tUijO J~ i ~M
M aujourd'hui la satisfaction de la voir
a acceptée par toutes les puissances. »
Cependant, l'Opposition L.'a pas tout à fait
renoncé à la petite guerre de procédure
qu'elle fait au cabinet. Lord Hartington
et lord Granville ont protesté l'un et
l'autre contre le départ simultané du pre-
mier ministre et du ministre des aSaires
étrangères pour le Congrès. Il s'est élevé
à ce sujet dans leur esprit de graves scru-
pules constitutionnels. Lord Derby n'a-
vait-il pas dit un jour qu'il serait contraire
à la pratique parlementaire qu'un ministre
responsable que le Parlement devrait
avoir toujours sous la main, s'éloignât pour
assistera une grande réunion européenne?
De deux choses l'une ou le Congrès
n'aura qu'à ratifier des arrangemens ar-
rêtés d'avance, et dans ce cas il est
fort inutile d'employer les deux princi-
paux membres du cabinet à une beso-
gne que feraient fort bien'de simples di-
plomates; du il aura, au contraire, de
longues et importantes discussions à sou-
tenir, et dans ce cas il sera fâcheux pour
les deux plénipotentiaires d'être privés des
conseils de leurs collègues. Un ministère,
en effet, est un corps collectif; il
ne se compose pas uniquement de deux
personnalités. Si le marquis de Salisbury
et lord Beaconsfield se trouvent par
hasard en désaccord sur une question, qui
partagera le diflérend? Et s'ils sont tou-
jours d'accord, sera-t-ilconvenabledeleur
part de régler à eux seuls les affaires les
plus graves, en laissant leurs collègues en-
tièrement de côté? « Lorsque les deux mem-
') bres du cabinet, a dit lord Granville, au-
? ront quitté le pays et se seront séparés de
B leurs collègues, ces derniers ne joue-
H ront-ils pas le rôle de véritables zéros
a dans la solution du problème oriental?
H II y a là un fait sans précédens. »
Lord Beaconsfield a reconnu que le
fait était sans précédons mais il a déclaré,
avec son esprit ordinaire, que son départ
et celui du marquis de Salisbury ne pou-
vaientqu'augmenter l'autorité de leurs col-
lègues. « Plus nous nous éloignerons, a-t-il
M dit, moins ils seront réduits à l'état de
a zéros, et plus leur importance gran-
a dira au contraire II a ajouté que
ce n'était qu'après de mûres délibérations
et sur l'avis du cabinet tout entier qu'il
s'était décidé à partir avec le marquis de
Salisbury. « Je puis dire, a-t-il affirmé,
a que j'entreprends cette difficile et labo-
B rieuse tâche avec l'assentiment et
M même sur les instances de tous mes
B collègues. » Les autres puissances en-
voient au Congrès leur premier mi-
nistre, ou du moins leur ministre
des affaires étrangères. Eût-il été digne
de l'Angleterre et conforme au respect dû
à l'Europe de se faire représenter par
de simples ambassadeurs ? « Nous sentons,
H a dit lord Beacoasfield, la grande res-
H ponsabiiité de la démarche que nous
B allons faire. Nous comptons sur l'appui
H du Parlement et'du pays. Si nous ne
M réussissons pas dans notre tâche et s'il est
M prouvé que cet insuccès vient de ce que
B nous avons été choisie pour représenter le
M gouvernement de la reine, nous som-
o mes prêts à subir les conséquences de
H notre faute. » Sir Stafford Northcote a
parlé dans des termes analogues à la
Chambre des Communes « La politi-
M que du gouvernement dans toutes
a les questions qui seront soulevées au
M Congrès, a-t-il dit, a été l'objet de lon-
H gués et minutieuses détibérations de la
a part du cabinet, et a été concertée entre
a nous tous. Les plénipotentiaires qui
M iront à Berlin sont assurés d'avance de
a parler et d'agir d'accord avec tous leurs
)) collègues. H
Il faut ajouter que l'opinion publique
anglaise applaudit au départ simultané
de lord Beaconsfield et du marquis de Sa-
lisbury. Elle y voit un gage de succès
pour le Congrès. Lord Beaconsfield irait-
il à Berlin s'il y était menacé d'un
échec s'il n'était pas à peu près
sûr de réussir daus sa mission ? En
voyant l'homme qui a dirigé sa poli-
tique avec tant d'habileté, de fermeté
et de bonheur, partir pour le Congrès,
l'Angleterre se persuade de plus en plus
que le Congrès assurera à la fois le main-
tien de la paix le rétablissement de
l'influence britannique et le triomphe du
droit.
-ja~C~SK M ~.A~!S
CMtt~e te 4 te S !S.a.aase. Nt~xM
se/a
Compt&ut. 7:i 83 7S !) 3X
Fin cour. 76 7H 67 i 2 32 1 2
< Ë,!8 @/a'
Comptant t0!i )04 60 -<
S e~
CcinptitmUll 20 .<.FIE c&aT lU 37 t 2 Hl 17 i 2 20
PETITE BOUBSS DO SOÏR..)
'Emprunt S 0/0. 111 &.1S, 17 1/2, 13.
3 0/0. 75 fr. 67 1/2, 70 fr.
5 0/0 turc. 13 fr. 60, SO.
Extér" espagnole.. 13 3/4,) 3/16.
Banque ottomane.. 4t2 fr. SO, 411 fr. 25.
Florins (or). 631/8
Hongrois 6 0/0. 763/4.
Egyptiennes 6 0/0.. 236 fr. 871/2,238121/2,237 SO.
Chemins égyptiens. 3Slfr.,3NOfr.
Nous recevons de notre corresponda.nt par-
ticulier les dépêches suivantes
Berlin, le S juin, midi.
» La. 6~~ F~ publie sur Nobiling
une lettre pleine de détails caractéristiques.
écrite par un homme qui le connaît person-
nellement et auquel il a fait de tout temps
l'effet d'une cervelle dérangée et dispo-
sée à la folie. Alors qu'il travaillait au
bureau de statistique de Dresde, Nobiling
crut un jour avoir trouvé la solution de la
question orientale; il se hâta d'aller à Lon-
dres faire part de son idée à un homme d'Etat
anglais. Il partit bien armé, car les armes ont
toujours été une passion pour lui. Sa solution
n'eut pas de succès il.revint pourtant très fier
de son voyage, car il s'était assis, disait-il à
qui voulait l'entendre, sur le trône de la reine
d'Angleterre. Selon l'auteur de cette lettre,
Nobihng. pendant son séjour à Dresde, ne
partageait pas les idées des socialistes démago-
gues il n'en était encore qu'au socialisme
scientifique de l'MMlers Nathusius et Thiel, pour lequel il préparait
son fameux essai qui n'est, du reste, qu'une
refonte de sa thèse doctorale. En somme, ce
maiheureux aura passé par tous les partis
sans avoir été jamais peut-être que du sien. s
« Berlin, le S juin, 9 h. soir.
» Suivant la .ProcMMM~ Co~OM~ il
serait à peu près certain que NobUing avait
sinon des complices, du moins des contidens.
» Le Z'~M<:« constatait ce matin qu'il y
a eu déjà trente-sept individus arrêtés a.
Berlin depuis dimanche, pour avoir tenu au
sujet de l'attentat des propos cyniquement
approbatifs. La Fo~ et la ~Vb~eM~cAc
~.M~MgMM Z~MMy publient ce soir la liste
de seize villes attemandes Kœnigsberg. Po-
sen, Schneidemûhl, Kroianke, Graetz, Grau-
denz, Templin, Spandau, Hannover, Stet-
tin, Barmen, Strassburg, Bielefeld, Essen,
Solingen et Dûsseldorf, où se sont pro-
duits de pareils scandales suivis d'arres-
tations opérées par la population elle-même,
non sans accompagnement de vigoureuses
'corrections manuelles appliquées aux délin-
quans. La plupart de ces individus sont so-
cialistes et s'en vantent même très fièrement.
De tels faits semblent prouver que si ce parti
n'a pas fourni de complices à Nobiling, il est'
du moins avec lui en parfaite harmonie de
sentimens. On reconnait là, du reste, le
fruit des enseignemens d'une presse qui
depuis quelques années prêche ouvertement
la guerre des classes au mépris de toutes les
supériorités sociales et de toutes les institu-
tions existantes. Ce n'est pas que les lois
manquent dans les divers Codes allemands
pour la répression de ces excitations malsai-
nes mais le gouvernement prétend que ces
armes sont encore insuffisantes, et, selon la
jP~op!MM<~ <7o~oM~Nj, pour obtenir celles
qu'il désire il s'adresserait encore une fois à
la conscience de la nation.
)) On s'attend donc à une convocation pro-
chaine du Reichstag, qui, d'ailleurs, sera ren-
due probablement nécessaire par l'institution
d'une suppléance au pouvoir de l'empereur. s
'MMgMpMe p~hrée.
(Service telé~aphique de l'agença Hav&s.)
Berlin, le H juin, 2 h. 25 m. soir.
On s'attend à la pubucation d'une ordonnance
en vertu de laquelle le prince impérial dirigera
les aifaires de FEtat à la place de l'empereur.
Il y aura aujourd'hui une nouvelle séance du
conseil des ministres, à laquelle assistera M. le
comte Stolberg, qui est arrivé à Berlin.
Berlin, le 5 juin, soir.
Les bruits relatifs à l'établissement d'une ré-
gence ne sont nullement coniirmés. Comme on
l'a déjà annoncé, il faut s'attendre seulement à
ta publication d'une ordonnance appelant le prince
impérial à la suppléance de l'empereur.
Jusqu'à cette heure (neuf heures du soir), la
publication de cette ordonnance n'a pas encore
eu tieu.
Cette après-midi, le conseil des ministres a tenu
une séance à laquelle assistaient tous les mem-
bres sans exception.
Berlin, le 5 juin, 1 h. matin.
Bulletin du 4 juin, dix heures du soir.
leurs.
)) S. M. a un peu dormi d'un sommeil tran-
quille dans le courant de la journée; ette a mangé
avec quelque appétit. »
Berlin, le 5 juin, 8 h. 4 m. matin.
Voici le bulletin de la santé de l'empereur pu-
blié ce matin
& L'empereur a bien dormi cette nuit.
& L'état général est satisfaisant. »
Berlin, le 5 juin, tl h. 34 m. matin.
Le bulletin publié ce matin à dix heures, con-
cernant l'état de santé de l'empereur, est ainsi
conçu
« S. M. a passé une bonne nuit. Ses forces re-
prennent. Les blessures de la tête et plusieurs
blessures du bras sont en voie de guérison.
& L'ennure du bras droit est dans le même état.
Il n'y a pas de fièvre. L'appétit est faible. »
On a arrêté, a l'occasion de l'attentat, un indi-
vidu à Chemnitx (Saxe), un & Brunswick et un à
Posen.
<. Berlin, le 5 juin.
Le bulletin de la santé de l'empereur. pubUé à
quatre heures et demie, cette après-midi, porte
dans l'état de S. M. se,sont maintenus.
» L'appétit a augmenté. »
Berlin, le S juin.
L'empereur a reçu ses petits-enfans et, aujour-
d'hui. le prince Charles, pour ta première fois de-
puis l'attentat. H a reçu hier, dans l'après-midi,
le prince de Bismarck.
L'impératrice, avec ses enfan&, assistera aujour-
d'hui à un service divin à l'église du Dom.
Berlin, le 5 juin, midi lu m.
I.o prince de Bismarck a eu hier soir une lon-
gue entrevue avec le prince impérial, chez lequel
s'est rendu aussi ce, matin M. de Wilmowsky,
chef du cabinet civil de l'empereur.
M. d'OubrU. ambassadeur de Russie, est parti
hier soir pour Saint-Pétersbourg avec le comte
Schouvaion. Les deux diplomates reviendront le
lia Berlin.
Berlin, le 5 juin, 8 h. 26 m. matin.
Hier, à une heure avancée de la soirée, une
perquisition a été opérée dans l'Institution pour
l'instruction des travailleurs démocrates-socia-
listes. ainsi qu'au domicile de M. Kœrner, pro-
priétaire de cette Institution, et à celui de
M. Milke, gérant.
Tous les papiers et les lettres trouvés .chez
M. Milke ont été saisis.
Berlin, le S juin, midi 36 m.
NoMiing est toujours privé de connaissance.
L'assassin fréquentait le restaurant du Jse~<:)'-
keller avec un Polonais qui n'a pas reparu dans
cet établissement depuis vendredi. Mercredi der-
nier, un Anglais parlant assez bien l'allemand
est allé à ce restaurant pour demander Nobiiing,
mais ii ne l'y a pas trouvé.
Plusieurs personnes ont encore été arrêtées
hier soir dans dés lieux publics pour avoir outragé
l'empereur.
Berlin, le 5 juin.
La. Co)'MpaM«'~M ~?'opMM~<' [semi officielle).
parlant, du nouvel attentat commis contre la vie
de l'empereur d'AHemagne se iiv*e aux ré-
flexions suivantes
« C'est en vain que l'on atlégue que la démo-
cratie socialiste ne commet pas d'attentats, parce
que les attentats sont inuti'es du moment que
les personnages assassines sont aussitôt rempla-
cés par d'autres. Cette atiégation est vaine, d'a-
bord parce que la haine enflammée a. l'excès agit
non pas en vue d'un but, mais sous l'influence
d'un instinct surexcité et indomptée, et en se-
cond lieu parce que l'attentat, sans but en appa-
rence, implique une intention horribte qui, alors
même qu'elle reste cachée au criminel, est connue e
de ceux qui ont préparé et propagé l'idée du
crime.
» Les hommes auxquels nous faisons allusion
savent que la société peut être ébranlée dans ses
fondemens nécessaires, qui reposent sur la con-
fiance qu'inspirent a, tous 11 sécurité générale, ie
frein intérieur de la conscience et le frein extérieur
de la loi. et qu'elle peut se trouver tout a coup
sans guide et sans défense. L'hypothèse qui sert
de base à ces calculs ne se réalisera pas; mais
le gouvernement fera son devoir en demandant
aux représentans de certains Etats de fournir à la
société menacée les garanties de sécurité que los
lois existantes no lui fournissent pas d'une ma-
nière sufflante.
» Le gouyernement compte sur l'énergie et le
dévouement de tous ceux qui veulent conserver
l'Etat et la société. »
Berlin, le S juin.
Parlant de l'enquête concernant Nobiling, la
même feuille dit que l'interrogatoire du meurtrier
est interrompu par l'état de ce dernier, mais que
l'on fait de tous les côtés des perquisitions on ne
peut plus actives, etquel'on a découvert ae nom-
breux faits qui donnent ]ieu de croire à une asso-
ciation criminelle. 1
Berlin, le S juin.
La .PM< reçoit de Vienne la dépêche particu-
lière suivante
<: Les socialistes de Londres connaissaient
certainement d'avance l'attentat contre l'empe-
reur Guillaume. Le comte Andrassy a raconté
hier à quelques membres des Délégations qu'il
avait appris que des détectives anglais avaient
fait savoir un jour auparavant au gouvernement
de Londres qu'une grande agitation régnait parmi
les socialistes et qu'un événement important
semblait se préparer. &
Berlin, le S juin, soir.
La police a interdit de mettre en vente le por-
trait de Nobiling, de le colporter et de l'exposer
dans les vitrines des libraires ou autres mar-
chands.
Saint-Pétersbourg, le N juin.
L'état de santé du prince Gortchakoff s'est
beaucoup amélioré, et l'on pense que le chance-
lier de l'empire russe se rendra à Berlin pour
prendre personnellement part au Congrès. La
Russie serait ainsi représentée par le prince
Gortchakoff, le comte Schouvaloff et M. d'Oubril.
Belgrade, le S juin.
M. Ristitch, ministre des affairée étrangères,
est parti pour Vienne en mission spéciale. De là,
il se rendra au Congrès, à Berlin. M. Gruic, mi-
nistre de la justice, est chargé de l'intérim du
ministère des affaires étrangères.
Constantmople, le S juin, 1 h. 5 m. soir.
M. Layard a eu hier une audience du Sultan.
On assure que des négociations pour le retrait
simultané, avant l'ouverture du Congrès, des
Turcs de Choumla et de Varna, des Russes de
San-Stofano jusqu'à Tchorlou, et de la flotte an-
glaise d'Ismidt jusqu'à Gallipoli, se poursuivent
actuellement.
Constantinople, le 4 juin, soir.
Le hatt impérial nommant Safvet Pacha grand-
vizir et chargé du portefeuille des affaires étran-
gères, et Moustapha Phosphores ministre de la
guerre, recommande des mesures destinées à
maintenir la tranquillité et la confiance en sau-
vegardant la Constitution et en mettant à exécu-
tion les réformes arrêtées.
Le hatt recommande également la continuation
des rapports amicaux avec les gouvernemens
étrangers. 1
Constantinople, le 4 juin, 10 h. soir.
Phosphoros-Mustapha Pacha est nommé mi-
nistre de la guerre.
Savfet Pacha conserverait le portefeuille des
afi'aires étrangères en même temps que le grand-
vizirat.
Constantinople, le 4 juin, soir.
M. Bratiano a conféré p'usieurs fois avec Safvet
Pacha et Mehemet-Ruchdi Pacha.
Constantinople, le 4 juin, soir.
Jeudi dernier, les Russes ont attaqué des in-
surgés musulmans qui occupaient une forte po-
sition au sud de Tatar-Bazardjik ils les ont bat-
tus et faits prisonniers.
Londres, le S juin.
Le ~Malte, le 4
« Les transports ont reçu l'ordre, par mesure
de précaution, d'embarquerunapprovisionnemont
de charbon pour quinze jours et de se tenir prêts
à prendre la mer en six heures de temps. &
On télégraphie de Vienne au ~"MKM
« Le général ToUeben a promis de retirer ses
troupes de San-Stefano vers la seconde semaine
de juiilet, si les Turcs évacuaient Choumia et les
ouvrages extérieurs de Varna.
» II est probable que les Turcs repousseront
cette offre. »
La Canée, le 4 juin, soir.
L'amiral anglais Hay et le duc d'Edimbourg
sont ici depuis hier avec quatre cuirassés.
Vienne, le 5 juin, soir.
On mande de Bucharest à la CotVM~OM~s~e~
~)oH~Kc de Vienne
« Le commandant en chef des forces russes,
sous le prétexte que la positipn actuelle de l'ar-
mée roumaine met en péril les lignes de commu-
nication des Russes, a résolu d'occuper Ploïesti
avec un régiment d'infanterie, un régiment de
cavalerie et une batterie. »
La Con-f~coK~MK~ poK~M publie le texte
complet du Mémorandum préparé par la Porte
pour le Congrès et retraçant l'histoire des négo-
ciations qui ont précédé la signature du traité de
San-Stefano.
Odessa,le 5 juin.
Des avis de Gonstantinople, en date du 3. por-
tent qu'une certaine inquiétude régne à Stam-
boul. Une panique a eu lieu samedi, et le bazar
a été momentanément fermé.
On parait s'attendre à des événemens impor-
tans à l'intérieur; des arrestations ont été faites
et des mesures de précaution ont.été prises.
Le Sultan continue à ne pas sortir.
Il résulte de la lettre insérée dans le Z;<'ca.<< He-
~M. lettre qui a amené la suppression de ce
journal, qu'il est possible qu'une nouvelle tenta-
tive ait fieu pour le remplacement du Sultan Ab-
dul-Hamid par Mourad.
Le gouvernement a ordonné au directeur du
~eoa?K HeyaM de quitter Constantinople.
Il est encore question du prochain rappel de
Midhat Pacha.
Les plénipotentiaires ottomans au Congrès se-
raient Savfet Pacha et Edhem Pacha.
Londres, le 5 juin.
L'Amirauté annonce que l'amiral sir Astley
Rey est nommé au commandement d'une escadre
destinée a un service spécial.
New-York, le 4 juin, soir.
Des avis de source officielle portent que les
Indiens campés à Idaho commettent des dé-
prédations chez les colons qui prennent la fuite.
Plusieurs de ces derniers ont été tués.
Des troupes marchent contre ces maraudeurs.
New-York, le 4 juin, soir.
On craint une nouvelle guerre avec les Indiens.
Le gouvernement a reçu des nouveltes inquiétan-
tes du fort Benton.
-dor
Les journaux annoncent que le baron de Stem-
ber~ commandera le st."a.me)' C'o~fM~M, et. le
cornue de Gripponberg. )e 6'~La Russie aurait, commande '2u ba.teaux, y com-
pris 4 chaloupes a. vapeur.
Ainsi que nous l'avons annoncé dans notre
précédent Numéro, la Gauche républicaine et
l'Union républicaine de la Chambre des Dé-
putés étaient convoquées aujourd'hui afin de
nommer chacune leurs délégués pour .faire
partie du comité des élections sénatoriales.
La Gauche républicaine a désigné MM. Le-
btond, président; Pascal Duprat, vice-prési-
dent, et Camille Sée.seeretau'e de ce groupe
parlementaire.
L'Union républicaine, de son côté, a nommé
pour délégués MM.Floqust, son président;
Tiersot, député de l'Ain, et Emile de Girar-
din.
La commission de la réorganisation des
services administratifs des Beaux-Arts s'est
réunie aujourd'hui rue de Valois, sous la
présidence de M. Edouard Charton, sénateur.
On avait convoqué M. Guillaume, nommé di-
recteur des Beaux-Arts à la suite du refus de
M. Edouard Charton d'accepter le portefeuille
d'un ministère des beaux-arts que l'on aurait
créé.
M. Lambert de Sainte-Croix, au nom d'une
sous-commission composée de MM. Proust,
Tirard, Marbeau et de Ronchaud, a lu un rap-
port très intéressant sur les réformes et les
améliorations à introduire dans les diverses
parties de la direction. Les décisions défi-
nitives ont été ajournées à une prochaine
séance.
On nous reproche d'avoir proposé de
refuser l'enseignement classique aux jeu-
nes gens qui sont incapables d'en profi-
ter. Avez-vous le droit de le faire? nous
di),-on. Pouvez-vous fermer les classes de
latin et de grec à tous ceux qui auront
montré, dans une série d'épreuves con-
cluantes, leur défaut absolu de vocation ? q
Parmi les mauvais élèves dont vous ne
voudrez plus pour les lycées et les collé-
ges, combien en trouverez-vous cepen-
dant que leur naissance, leur position de
fortune, l'importance sociale de leur~fa-
mille prédestinent & faire partie de ce
qu'on appelle les classes dirigeantes? '1
Peu importe la faiblesse de leur in-
telligence ou l'inertie de leur volonté! l
Le hasard les a placés à un rang dont
vous ne devez pas les faire déchoir.
Si vous les condamnez à une éducation
spéciale et purement française, si vous
les élevez comme de futurs contre-maîtres
ou de futurs commis de bureau, si vous
les formez, en un mot, pour et par un
métier, eux qui n'exerceront jamais au-
cun métier, vous commettrez une injustice
dont il leur sera légitimement permis de se
plaindre, car ils auraient besoin d'une édu-
cation toute différente pour jouer le rûle
qu'ils seront appelés à remplir dans la
société. Il ne vous appartient pas de les
contraindre à travailler; mais vous devez
leur fournir les moyens de s'appliquer,
dans la mesure de leur esprit et de leur
zèle, au genre d'étude qui produit seul
non seulement des lettrés et des savans,
maïs des hommes du monde et des gens
de goût.
Cette objection serait fondée s'il était
vrai que l'éducation classique telle que
la reçoivent les élèves qui restent jus-
qu'au baccalauréat dans « la queue ') de
leurs classes préparât mieux ces élè-
ves à tenir un rang important dans la
société que ne pourrait le faire un en-
seignement moyen bien dirigé. La ques-
tion est de savoir si quelques notions im-
parfaites de latin et de grec, c'est-à-dire
une pure science de mots, valent mieux
pour le développement des intelligen-
ces paresseuses que des connaissan-
ces littéraires et scientifiques préci-
ses qui, tout en répondant aux néces-
sités de la vie moderne, pourraient parfai-
tement être enseignées de manière à
stimuler toutes les facultés de l'esprit.
Nous sommes persuadés pour notre
compte que l'éducation moyenne est suf-
fisante pour former non seulement des in-
dustriels, des commerçans, des adminis-
trateurs, mais même des oisifs distingués.
On peut, avec le français seul, apprendre
aux jeunes gens ces principes de logique
qui font qu'on pense bien, ces règles de
clarté et de justesse qui font qu'on sait
parler et écrire sa langue avec simplicité,
fermeté et agrément. Cette opinion, d'ail-
leurs, n'a rien de moderne. Un écrivain
d'une ancienneté respectable et d'une au-
torité des moins contestées, l'abbé Fleury,
l'exprimait déjà dans son excellent livre
sur CAoM; et la ~e~o~e des <%MO~, livre
trop peu connu, trop peu cité, qui mérite-
rait d'être placé à côté du J~M~
c~M~M de Rollin
< Je ne voudrais pas, disait l'abbé Fleury,
que les préceptes de la grammaire fussent
secs et décharnés comme ils sont dans les
livres; je voudrais les rendre sensibles et
agréables par l'usage. Quand un enfant au-
rait lu quelque temps en sa laogue des cho-
ses qu'il entendrait et où il prendrait plai-
sir, s'il était possible, on commeueerait~par
lui faire observer que toute cette écriture ne
consiste qu'en vingt-deux lettres, et que
tous ces grands discours ne sont composés
que de neuf genres de mots qu'il y a deux
sortes d'articles qu'il y a des genres dans
les noms, des temps et des personnes dass
les verbes, des nombres dans les uns et dans
les autres, et ainsi du reste. Lorsqu'il sau-
rait un peu écrire, on lui ferait rédi-
ger les histoires que Fon lui aurait con-
tées. et on lui corrigerait les mots bas
ou impropres, les mauvaises constructions
et les fautes d'orthographe. On pourrait lui
dire les règles des étymologies et lui en ap-
prendre plusieurs aux occasions. Elles ser-
vent fort pour entendre la force des mots et
l'orthographe, et elles sont divertissantes.
Ainsi, avec un p~u de préceptes et beaucoup
JEM! 6 jm;'
im.
ON S'ABONNE'
eiiBeIgi(rae,enIt&Me,
d&na te Lu-sembour~, en Torq~ie,
agences du Maroc et de la Tunisip
en Chine et au Japon
f&a moyen d'une valeur payable à Paris ou dt
«Mtdats-poste, soit 'internationaux, soit trançat<
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous tt~s autres pays,
pM FeRvoi d'une valeur payable PMle.
Les annonces sont reçue*
~
<,p!aced
«tita bureau du ~~NB!WAt<<
d'exercices, ~Mf~/mi! c~ ~M.B OM aKM~ cMAOMK~ AOMM~C JSO?~ ~'?~0~ CM, fi!
~KC n'en ~passé ~M~ ou ~C ~My CM COH~e. La pj'~0'~
en ?~&?~D'SZCK< ~MMM'Cr /? et ~ppMK~~ ~OM:~
les ~'MaMC:e~, les ~~cASM~ et MMi' MjUaMM' ~faM, s'ils MBSt'CM~ SMj'ai dit, il leur ~0'aM ~tfM ~~M aisé de se A'M'M!'
de ~OM~' ~!M'M /?'.aMCMa~, ~<~<'H<-e~'de /S MCCCM!~ t~M ~m yc'M)' ~r~ ~a~ ~?0-
B
On sait ce que c'était qu'un «honnête
homme)) au dix-septième siècle et combien
il fallait réunir de qualités distinguées et'
brillantes pour mériter un pareil titre.
L'abbé Fleury l'accorde cependant sans
hésiter à tous ceux qui ont reçu ce que'
nous appellerions aujourd'hui une excel-
lente éducation primaire supérieure. Il va
même plus loia, puisqu'il préfère les jeu-
nes gens formés par sa méthode unique-
ment française à la plupart de ceux « qui
ont passé huit ou dix ans au collège.
Nous sommes heureux de mettre nos pro-
pres idées sous la protection d'un des
meilleurs humanistes des derniers siècles.
Ne nous faisons pas d'illusion dans les*
classes qu'on se plaît à qualifier de diri-
geantes aussi bien que dans les autres,
il y a une élite très restreinte d'esprits
susceptibles de comprendre ce qui est no-
ble, fin, élevé, et une masse compacte
d'intelligences moyennes à laquelle il ne
faut pas donner une nourriture intellec-
tuelle trop délicate, car elles sont incapa-
bles de la supporter. Pour se contormer
à la nature des choses, l'éducation pu-
blique est obligée de tenir compte de ces
différences de tempérament qu'elle s'effor-
cerait en vain d'effacer. Nous sommes
des partisans décidés de l'instruction
classique. Une société et une civilisation
s'affaibliraient rapidement s'il ne s'y trou-
vait pas un certain nombre d'hommes
élevés de bonne heure comme s'ils de-
vaient avoir pour mission unique le culte
de la beauté désintéressée. C'est le levain
sans lequel la pâte sociale serait toujours
molle et inerte. Aussi ne saurait-on re-
pousser avec trop de force ceux qui pro-
posent de chasser les humanités de l'en-
seignement. Mais, -en voulant étendre au
delà des limites raisonnables la classe des
privilégiés de l'esprit, on risque de lui
faire perdre toute cohésion, toute distinc-
tion, toute influence. Elle ne peut être
forte et puissante qu'à la condition d'être
restreinte. Sacrifier l'utile au beau serait
aussi injuste que de sacrifier le beau
l'utile. Même parmi les fils de famille que
leur fortune mettrait en mesure de culti-
ver uniquement les délicatesses de la
pensée, de s'adonner tout entiers à l'amour
des arts ou au développement du goût, il
en est beaucoup qui sont ramenés par la.
nature de leur esprit à des occupations
moins relevées, et pour lesquels cette
éducation parfaite que donne l'étude des
langues classiques ne vaut pas, en con-
séquence, l'éducation plus modeste, mais
mieux appropriée, qu'ils peuvent acqué-
rir au moyen du français, des langues
étrangères et des sciences.
L'important, c'est que cette seconde
éducation ne soit pas une éducation tech-
nique, professionnelle, conduisant à un
métier déterminé, car il serait absurde
de préparer à un métier ceux qui n'en
suivront peut-être aucun, mais qu'elle
se propose d'atteindre, par une voie diffé-
rente, le même but que l'enseignement
classique, c'est-à-dire le développement
harmonique des facultés de l'intelligence.
C'est ce que M. Thorbecke, ministre de
l'intérieur du royaume néerlandais, a ex-
pliqué avec une grande justesse dans l'ex-
posé des motifs de la loi qui a établi en
Hollande l'enseignement moyen.
a Le caractëre principal de l'enseignement
moyen &. régler par l'Etat, disait-il, doit être
une préparation générale,, soit à une posi-
tion sociale, soit à une grande diversité de
professions, soit au service public. U n'entre
pas dans les idées de l'Etat de dresser les
élèves pour une branche d'instruction quel-
conque, ni de changer les écoles en ateliers
ce que le gouvernement propose, ce n'est pas
de taire enseigner la pratique dans' ses dé-
tails, mais de développer l'esprit et les or-
ganes de cfaQière à ce qu'ils deviennent ap-
tes à la vie pratique.
On ne saurait mieux dire l'enseigne-
ment moyen doit être aussi général que
l'enseignement classique. Une des causes
qui ont le plus nui au succès de l'ensei-
gnement secondaire spécial organisé par
M. Duruy, c'est ce malheureux adjectif
~MCM~, d'après lequel bien des personnes
ont jugé que le nouvel enseignement était
technique et professionnel. Un autre motif
a contribué dans une large mesure au
demi-échec de l'enseignement secondaire
spécial, c'e~t le maintien du baccalauréat
comme clef, ou plutôt comme barrière à
l'entrée des carrières. La plupart des
pères de famille se préoccupent moins de
ce que leurs fils apprendront à l'école que
de ce qu'ils feront quand ils la quitteront.
Or l'enseignement secondaire spécial ne
conduit directement à rien. C'est une
route dont on ne voit pas le but en s'y
engageant. Si l'on voulait qu'elle fût suivie
par un plus grand nombre de jeunes
gens, il faudrait remplacer, dans bien
des cas, le baccalauréat par le diplôme
de l'enseignement moyen. Cette réforme
aurait le double avantage de relever à la.
fois le diplôme de l'enseignement moyen
JEM @ M
~m
ON-S'ABONNE'
me des Prëtres-Samt-Germaiù-rAuxerrois, 0.
'!PR:X BE ~'ABSKt~EBBE~T
Un an. Six mois. Trois mou
J&~partémens. 88 fr. 40 fr. 20 &.
Rsn'is. 72 &. 36 fr. 18 ?.
Les abonnemens partent des t" et !6 de
chaque mois.
Paa~a), )Bm nmaaéB'c. S~ eeEË.
BépaB'te'nBCïM, mm arnsnéfo. XS eeBS&.
tB ![
ES!S!. BSeMzy, asaw~es et C', Finch !ane CornhiU.
E.C.LonQoii; !Ba3S. 'W.-M. Smtth et Sem,
486, Strajid, W. C.. London.
A BruxeUes, & t'0/i~~ e!< p
bhomè~aes des trares de chemins de ier bei~es~
Tatp
PARIS
MERCREM JUM J
La manière dont les lettres de convo-
cation pour le Congrès ont été rédigées
fait honneur à l'esprit de ceux qui ont
trouvé cet ingénieux moyen de donner
satisfaction aux légitimes exigences de
l'Angleterre sans blesser les susceptibili-
tés vivement surexcitées de la Russie. On se
rappelle avec quelle insistance le cabinet
~britannique avait déclaré qu'il ne pouvait
pas prendre part au Congrès sans avoir ob-
tenu d'avance la reconnaissance formelle
des droits de l'Europe. « Le gouvernement
de S. M., avait dit lord Derby, est
» obligé de déclarer nettement, avant de
pouvoir entrer dans un Congrès, que
chaque article du traité conclu entre la
M Russie et la Turquie doit être placé
devant ce Congrès, non pour y être né-
» cessairement accepté, mais pour que
M ]es puissances examinent en toute li-
berté quels articles exigent leur appro-
» bation et leur concours, et quels n'en ont
? pas besoin, w Cette prétention de l'An-
gleterre avait été combattue jusqu'icipar la
Russie, et de là était venu l'insuccès pro-
longé des négociations sur le Congrès. La
Russie ne s'opposait: pas à ce que chaque
puissance pût provoquer un débat sur
chaque article du traité de San-Stefano,
anais elle voulait se réserver à elle-même le
droit de repousser ce débat ou du moins de
yetuser d'y prendre part. «Nous laisserons
3) aux autres puissances, disait le prince
x Gortchakon', la liberté de soulever au
M Congrès telle question qu'elles jugeront
» convenable de discuter, mais nous gar-
? derons pour nous-mêmes la liberté
d'accepter ou'de ne pas accepter cette
~discussion. Le chancelier russe sou-
tenait qu'on ne pouvait demander autre
chose à la Russie sans l'exposer à une
sorte d'humiliation « II serait humiliant
N pour elle, disait-il, que, seule entre les
puissances, elle dût contracter un en-
M gagemcnt préliminaire à la veille du
a Congrès.)) »
C'est pour ménager cette susceptibilité
de la Russie que les rédacteurs des let-
tres de convocation ont imaginé de poser
à toutes les puissances la même question
et dé réclamer d'elles le même engage-
ment. On a pu être surpris, en lisant celle
de ces lettres qui était adressée à l'An-
gleterre, d'y trouver une phrase dans la-
quelle le gouvernement allemand expri-
mait « r
)) tre la libre discussion de tout le traité
M de San-Stefano et ~
se serait-elle refusée 'à faire ce qu'elle
n'avait cessé de réclamer depuis trois
mois? Mais cette phrase, qui est un véri-
table non-sens lorsqu'elle est adressée à
l'Angleterre, acquiert au contraire une
grande signification lorsqu'elle est adres-
sée à la Russie. Or, elle n'a été adressée
à l'Angleterre et à toutes les autres puis-
sances qu'afin de pouvoir être adres-
sée aussi à la Russie. « Le soussigné »,
a dit le marquis de Salisbury.dans sa ré-
ponse à l'ambassadeur allemand, ~pre-
M nant acte de la déclaration verbale de
M S. Exc. ~e ~e tMM~~oK, ~~cc
M ~
K taires du traité de Paris, et d'après la-
B quelle il est entendu que les autres puis-
B sances adhéreront à l'invitation
N <~M ~?Mey ~y que la Note re-
M mise par S. Exc., etc. c Ainsi la Russie,
en adhérant à une invitation « rédigée
)) dans les mêmes termes que l'invita-
tion reçue par le marquis de Salisbury, a
non seulement reconnu à tous les mem-
bres du Congres le droit de soulever un
débat sur tous les articles dû traité de
San-Stefano, mais elle a promis «d'y pren-
dre part M personnellement. C'est un
succès complet pour la politique anglaise,
et la Chambre des Lords l'a bien compris
lorsqu'elle a couvert de ses apptaudisse-
mens les paroles que le chef du Foreign-
Office a prononcées avant de lire le texte
de la lettre de convocation. « Je prie Vos
K Seigneuries, a-t il dit, d'avoir bien pré-
a sent à la mémoire le fait qu'une invita-
N 'tion du même genre a été acceptée par
toutes les autres puissances, .~M~e
H~KCjM~peM~.H »
Si cette manière de couvrir les conces-
sions de la Russie en ayant l'an* d'en de-
mander de semblables à toutes les puis-
sances ménage des susceptibilités respec-
tab'es, eUe a un avantage plus précieux
encore elle donne en quelque sorte une
sanction européenne au principe anglais;
elle oblige toutes les puissances à recon-
Naître de nouveau solennellement ce
principe, à le proclamer ou à s'y sou-
mettre. En présence d'une victoire
aussi incontestable, l'Opposition a dû
s'incliner à la Chambre des Communes
et à la Chambre des Lords. EUe l'a fait
avec une certaine bonne grâce. Lord
Granville a cordialement félicité le gou-
vernement, et le .?'MKf?~ constate que ces
éloges étaient bien mérités. « Le succès
K remporté parle ministère, dit ce journal,
m va rehausser singulièrement l'autorité de
a nos représentans au Congrès. L'Angle-
M terre a longtemps* été'seule à soutenir
o son principe, et on lui a reproché cet
isolement; mais notre demande a été
ennn reconnue juste et nous avons
IJ N~L D~S DÉB~TS
'B T T i ? ï Q t? T 11 T F ? A t R Q
i.i~tUijO J~ i ~M
M aujourd'hui la satisfaction de la voir
a acceptée par toutes les puissances. »
Cependant, l'Opposition L.'a pas tout à fait
renoncé à la petite guerre de procédure
qu'elle fait au cabinet. Lord Hartington
et lord Granville ont protesté l'un et
l'autre contre le départ simultané du pre-
mier ministre et du ministre des aSaires
étrangères pour le Congrès. Il s'est élevé
à ce sujet dans leur esprit de graves scru-
pules constitutionnels. Lord Derby n'a-
vait-il pas dit un jour qu'il serait contraire
à la pratique parlementaire qu'un ministre
responsable que le Parlement devrait
avoir toujours sous la main, s'éloignât pour
assistera une grande réunion européenne?
De deux choses l'une ou le Congrès
n'aura qu'à ratifier des arrangemens ar-
rêtés d'avance, et dans ce cas il est
fort inutile d'employer les deux princi-
paux membres du cabinet à une beso-
gne que feraient fort bien'de simples di-
plomates; du il aura, au contraire, de
longues et importantes discussions à sou-
tenir, et dans ce cas il sera fâcheux pour
les deux plénipotentiaires d'être privés des
conseils de leurs collègues. Un ministère,
en effet, est un corps collectif; il
ne se compose pas uniquement de deux
personnalités. Si le marquis de Salisbury
et lord Beaconsfield se trouvent par
hasard en désaccord sur une question, qui
partagera le diflérend? Et s'ils sont tou-
jours d'accord, sera-t-ilconvenabledeleur
part de régler à eux seuls les affaires les
plus graves, en laissant leurs collègues en-
tièrement de côté? « Lorsque les deux mem-
') bres du cabinet, a dit lord Granville, au-
? ront quitté le pays et se seront séparés de
B leurs collègues, ces derniers ne joue-
H ront-ils pas le rôle de véritables zéros
a dans la solution du problème oriental?
H II y a là un fait sans précédens. »
Lord Beaconsfield a reconnu que le
fait était sans précédons mais il a déclaré,
avec son esprit ordinaire, que son départ
et celui du marquis de Salisbury ne pou-
vaientqu'augmenter l'autorité de leurs col-
lègues. « Plus nous nous éloignerons, a-t-il
M dit, moins ils seront réduits à l'état de
a zéros, et plus leur importance gran-
a dira au contraire II a ajouté que
ce n'était qu'après de mûres délibérations
et sur l'avis du cabinet tout entier qu'il
s'était décidé à partir avec le marquis de
Salisbury. « Je puis dire, a-t-il affirmé,
a que j'entreprends cette difficile et labo-
B rieuse tâche avec l'assentiment et
M même sur les instances de tous mes
B collègues. » Les autres puissances en-
voient au Congrès leur premier mi-
nistre, ou du moins leur ministre
des affaires étrangères. Eût-il été digne
de l'Angleterre et conforme au respect dû
à l'Europe de se faire représenter par
de simples ambassadeurs ? « Nous sentons,
H a dit lord Beacoasfield, la grande res-
H ponsabiiité de la démarche que nous
B allons faire. Nous comptons sur l'appui
H du Parlement et'du pays. Si nous ne
M réussissons pas dans notre tâche et s'il est
M prouvé que cet insuccès vient de ce que
B nous avons été choisie pour représenter le
M gouvernement de la reine, nous som-
o mes prêts à subir les conséquences de
H notre faute. » Sir Stafford Northcote a
parlé dans des termes analogues à la
Chambre des Communes « La politi-
M que du gouvernement dans toutes
a les questions qui seront soulevées au
M Congrès, a-t-il dit, a été l'objet de lon-
H gués et minutieuses détibérations de la
a part du cabinet, et a été concertée entre
a nous tous. Les plénipotentiaires qui
M iront à Berlin sont assurés d'avance de
a parler et d'agir d'accord avec tous leurs
)) collègues. H
Il faut ajouter que l'opinion publique
anglaise applaudit au départ simultané
de lord Beaconsfield et du marquis de Sa-
lisbury. Elle y voit un gage de succès
pour le Congrès. Lord Beaconsfield irait-
il à Berlin s'il y était menacé d'un
échec s'il n'était pas à peu près
sûr de réussir daus sa mission ? En
voyant l'homme qui a dirigé sa poli-
tique avec tant d'habileté, de fermeté
et de bonheur, partir pour le Congrès,
l'Angleterre se persuade de plus en plus
que le Congrès assurera à la fois le main-
tien de la paix le rétablissement de
l'influence britannique et le triomphe du
droit.
-ja~C~SK M ~.A~!S
CMtt~e te 4 te S !S.a.aase. Nt~xM
se/a
Compt&ut. 7:i 83 7S !) 3X
Fin cour. 76 7H 67 i 2 32 1 2
< Ë,!8 @/a'
Comptant t0!i )04 60 -<
S e~
CcinptitmUll 20 .<.
PETITE BOUBSS DO SOÏR..)
'Emprunt S 0/0. 111 &.1S, 17 1/2, 13.
3 0/0. 75 fr. 67 1/2, 70 fr.
5 0/0 turc. 13 fr. 60, SO.
Extér" espagnole.. 13 3/4,) 3/16.
Banque ottomane.. 4t2 fr. SO, 411 fr. 25.
Florins (or). 631/8
Hongrois 6 0/0. 763/4.
Egyptiennes 6 0/0.. 236 fr. 871/2,238121/2,237 SO.
Chemins égyptiens. 3Slfr.,3NOfr.
Nous recevons de notre corresponda.nt par-
ticulier les dépêches suivantes
Berlin, le S juin, midi.
» La. 6~~ F~ publie sur Nobiling
une lettre pleine de détails caractéristiques.
écrite par un homme qui le connaît person-
nellement et auquel il a fait de tout temps
l'effet d'une cervelle dérangée et dispo-
sée à la folie. Alors qu'il travaillait au
bureau de statistique de Dresde, Nobiling
crut un jour avoir trouvé la solution de la
question orientale; il se hâta d'aller à Lon-
dres faire part de son idée à un homme d'Etat
anglais. Il partit bien armé, car les armes ont
toujours été une passion pour lui. Sa solution
n'eut pas de succès il.revint pourtant très fier
de son voyage, car il s'était assis, disait-il à
qui voulait l'entendre, sur le trône de la reine
d'Angleterre. Selon l'auteur de cette lettre,
Nobihng. pendant son séjour à Dresde, ne
partageait pas les idées des socialistes démago-
gues il n'en était encore qu'au socialisme
scientifique de l'MM
son fameux essai qui n'est, du reste, qu'une
refonte de sa thèse doctorale. En somme, ce
maiheureux aura passé par tous les partis
sans avoir été jamais peut-être que du sien. s
« Berlin, le S juin, 9 h. soir.
» Suivant la .ProcMMM~ Co~OM~ il
serait à peu près certain que NobUing avait
sinon des complices, du moins des contidens.
» Le Z'~M<:« constatait ce matin qu'il y
a eu déjà trente-sept individus arrêtés a.
Berlin depuis dimanche, pour avoir tenu au
sujet de l'attentat des propos cyniquement
approbatifs. La Fo~ et la ~Vb~eM~cAc
~.M~MgMM Z~MMy publient ce soir la liste
de seize villes attemandes Kœnigsberg. Po-
sen, Schneidemûhl, Kroianke, Graetz, Grau-
denz, Templin, Spandau, Hannover, Stet-
tin, Barmen, Strassburg, Bielefeld, Essen,
Solingen et Dûsseldorf, où se sont pro-
duits de pareils scandales suivis d'arres-
tations opérées par la population elle-même,
non sans accompagnement de vigoureuses
'corrections manuelles appliquées aux délin-
quans. La plupart de ces individus sont so-
cialistes et s'en vantent même très fièrement.
De tels faits semblent prouver que si ce parti
n'a pas fourni de complices à Nobiling, il est'
du moins avec lui en parfaite harmonie de
sentimens. On reconnait là, du reste, le
fruit des enseignemens d'une presse qui
depuis quelques années prêche ouvertement
la guerre des classes au mépris de toutes les
supériorités sociales et de toutes les institu-
tions existantes. Ce n'est pas que les lois
manquent dans les divers Codes allemands
pour la répression de ces excitations malsai-
nes mais le gouvernement prétend que ces
armes sont encore insuffisantes, et, selon la
jP~op!MM<~ <7o~oM~Nj, pour obtenir celles
qu'il désire il s'adresserait encore une fois à
la conscience de la nation.
)) On s'attend donc à une convocation pro-
chaine du Reichstag, qui, d'ailleurs, sera ren-
due probablement nécessaire par l'institution
d'une suppléance au pouvoir de l'empereur. s
'MMgMpMe p~hrée.
(Service telé~aphique de l'agença Hav&s.)
Berlin, le H juin, 2 h. 25 m. soir.
On s'attend à la pubucation d'une ordonnance
en vertu de laquelle le prince impérial dirigera
les aifaires de FEtat à la place de l'empereur.
Il y aura aujourd'hui une nouvelle séance du
conseil des ministres, à laquelle assistera M. le
comte Stolberg, qui est arrivé à Berlin.
Berlin, le 5 juin, soir.
Les bruits relatifs à l'établissement d'une ré-
gence ne sont nullement coniirmés. Comme on
l'a déjà annoncé, il faut s'attendre seulement à
ta publication d'une ordonnance appelant le prince
impérial à la suppléance de l'empereur.
Jusqu'à cette heure (neuf heures du soir), la
publication de cette ordonnance n'a pas encore
eu tieu.
Cette après-midi, le conseil des ministres a tenu
une séance à laquelle assistaient tous les mem-
bres sans exception.
Berlin, le 5 juin, 1 h. matin.
Bulletin du 4 juin, dix heures du soir.
)) S. M. a un peu dormi d'un sommeil tran-
quille dans le courant de la journée; ette a mangé
avec quelque appétit. »
Berlin, le 5 juin, 8 h. 4 m. matin.
Voici le bulletin de la santé de l'empereur pu-
blié ce matin
& L'empereur a bien dormi cette nuit.
& L'état général est satisfaisant. »
Berlin, le 5 juin, tl h. 34 m. matin.
Le bulletin publié ce matin à dix heures, con-
cernant l'état de santé de l'empereur, est ainsi
conçu
« S. M. a passé une bonne nuit. Ses forces re-
prennent. Les blessures de la tête et plusieurs
blessures du bras sont en voie de guérison.
& L'ennure du bras droit est dans le même état.
Il n'y a pas de fièvre. L'appétit est faible. »
On a arrêté, a l'occasion de l'attentat, un indi-
vidu à Chemnitx (Saxe), un & Brunswick et un à
Posen.
<. Berlin, le 5 juin.
Le bulletin de la santé de l'empereur. pubUé à
quatre heures et demie, cette après-midi, porte
» L'appétit a augmenté. »
Berlin, le S juin.
L'empereur a reçu ses petits-enfans et, aujour-
d'hui. le prince Charles, pour ta première fois de-
puis l'attentat. H a reçu hier, dans l'après-midi,
le prince de Bismarck.
L'impératrice, avec ses enfan&, assistera aujour-
d'hui à un service divin à l'église du Dom.
Berlin, le 5 juin, midi lu m.
I.o prince de Bismarck a eu hier soir une lon-
gue entrevue avec le prince impérial, chez lequel
s'est rendu aussi ce, matin M. de Wilmowsky,
chef du cabinet civil de l'empereur.
M. d'OubrU. ambassadeur de Russie, est parti
hier soir pour Saint-Pétersbourg avec le comte
Schouvaion. Les deux diplomates reviendront le
lia Berlin.
Berlin, le 5 juin, 8 h. 26 m. matin.
Hier, à une heure avancée de la soirée, une
perquisition a été opérée dans l'Institution pour
l'instruction des travailleurs démocrates-socia-
listes. ainsi qu'au domicile de M. Kœrner, pro-
priétaire de cette Institution, et à celui de
M. Milke, gérant.
Tous les papiers et les lettres trouvés .chez
M. Milke ont été saisis.
Berlin, le S juin, midi 36 m.
NoMiing est toujours privé de connaissance.
L'assassin fréquentait le restaurant du Jse~<:)'-
keller avec un Polonais qui n'a pas reparu dans
cet établissement depuis vendredi. Mercredi der-
nier, un Anglais parlant assez bien l'allemand
est allé à ce restaurant pour demander Nobiiing,
mais ii ne l'y a pas trouvé.
Plusieurs personnes ont encore été arrêtées
hier soir dans dés lieux publics pour avoir outragé
l'empereur.
Berlin, le 5 juin.
La. Co)'MpaM«'~M ~?'opMM~<' [semi officielle).
parlant, du nouvel attentat commis contre la vie
de l'empereur d'AHemagne se iiv*e aux ré-
flexions suivantes
« C'est en vain que l'on atlégue que la démo-
cratie socialiste ne commet pas d'attentats, parce
que les attentats sont inuti'es du moment que
les personnages assassines sont aussitôt rempla-
cés par d'autres. Cette atiégation est vaine, d'a-
bord parce que la haine enflammée a. l'excès agit
non pas en vue d'un but, mais sous l'influence
d'un instinct surexcité et indomptée, et en se-
cond lieu parce que l'attentat, sans but en appa-
rence, implique une intention horribte qui, alors
même qu'elle reste cachée au criminel, est connue e
de ceux qui ont préparé et propagé l'idée du
crime.
» Les hommes auxquels nous faisons allusion
savent que la société peut être ébranlée dans ses
fondemens nécessaires, qui reposent sur la con-
fiance qu'inspirent a, tous 11 sécurité générale, ie
frein intérieur de la conscience et le frein extérieur
de la loi. et qu'elle peut se trouver tout a coup
sans guide et sans défense. L'hypothèse qui sert
de base à ces calculs ne se réalisera pas; mais
le gouvernement fera son devoir en demandant
aux représentans de certains Etats de fournir à la
société menacée les garanties de sécurité que los
lois existantes no lui fournissent pas d'une ma-
nière sufflante.
» Le gouyernement compte sur l'énergie et le
dévouement de tous ceux qui veulent conserver
l'Etat et la société. »
Berlin, le S juin.
Parlant de l'enquête concernant Nobiling, la
même feuille dit que l'interrogatoire du meurtrier
est interrompu par l'état de ce dernier, mais que
l'on fait de tous les côtés des perquisitions on ne
peut plus actives, etquel'on a découvert ae nom-
breux faits qui donnent ]ieu de croire à une asso-
ciation criminelle. 1
Berlin, le S juin.
La .PM< reçoit de Vienne la dépêche particu-
lière suivante
<: Les socialistes de Londres connaissaient
certainement d'avance l'attentat contre l'empe-
reur Guillaume. Le comte Andrassy a raconté
hier à quelques membres des Délégations qu'il
avait appris que des détectives anglais avaient
fait savoir un jour auparavant au gouvernement
de Londres qu'une grande agitation régnait parmi
les socialistes et qu'un événement important
semblait se préparer. &
Berlin, le S juin, soir.
La police a interdit de mettre en vente le por-
trait de Nobiling, de le colporter et de l'exposer
dans les vitrines des libraires ou autres mar-
chands.
Saint-Pétersbourg, le N juin.
L'état de santé du prince Gortchakoff s'est
beaucoup amélioré, et l'on pense que le chance-
lier de l'empire russe se rendra à Berlin pour
prendre personnellement part au Congrès. La
Russie serait ainsi représentée par le prince
Gortchakoff, le comte Schouvaloff et M. d'Oubril.
Belgrade, le S juin.
M. Ristitch, ministre des affairée étrangères,
est parti pour Vienne en mission spéciale. De là,
il se rendra au Congrès, à Berlin. M. Gruic, mi-
nistre de la justice, est chargé de l'intérim du
ministère des affaires étrangères.
Constantmople, le S juin, 1 h. 5 m. soir.
M. Layard a eu hier une audience du Sultan.
On assure que des négociations pour le retrait
simultané, avant l'ouverture du Congrès, des
Turcs de Choumla et de Varna, des Russes de
San-Stofano jusqu'à Tchorlou, et de la flotte an-
glaise d'Ismidt jusqu'à Gallipoli, se poursuivent
actuellement.
Constantinople, le 4 juin, soir.
Le hatt impérial nommant Safvet Pacha grand-
vizir et chargé du portefeuille des affaires étran-
gères, et Moustapha Phosphores ministre de la
guerre, recommande des mesures destinées à
maintenir la tranquillité et la confiance en sau-
vegardant la Constitution et en mettant à exécu-
tion les réformes arrêtées.
Le hatt recommande également la continuation
des rapports amicaux avec les gouvernemens
étrangers. 1
Constantinople, le 4 juin, 10 h. soir.
Phosphoros-Mustapha Pacha est nommé mi-
nistre de la guerre.
Savfet Pacha conserverait le portefeuille des
afi'aires étrangères en même temps que le grand-
vizirat.
Constantinople, le 4 juin, soir.
M. Bratiano a conféré p'usieurs fois avec Safvet
Pacha et Mehemet-Ruchdi Pacha.
Constantinople, le 4 juin, soir.
Jeudi dernier, les Russes ont attaqué des in-
surgés musulmans qui occupaient une forte po-
sition au sud de Tatar-Bazardjik ils les ont bat-
tus et faits prisonniers.
Londres, le S juin.
Le ~
« Les transports ont reçu l'ordre, par mesure
de précaution, d'embarquerunapprovisionnemont
de charbon pour quinze jours et de se tenir prêts
à prendre la mer en six heures de temps. &
On télégraphie de Vienne au ~"MKM
« Le général ToUeben a promis de retirer ses
troupes de San-Stefano vers la seconde semaine
de juiilet, si les Turcs évacuaient Choumia et les
ouvrages extérieurs de Varna.
» II est probable que les Turcs repousseront
cette offre. »
La Canée, le 4 juin, soir.
L'amiral anglais Hay et le duc d'Edimbourg
sont ici depuis hier avec quatre cuirassés.
Vienne, le 5 juin, soir.
On mande de Bucharest à la CotVM~OM~s~e~
~)oH~Kc de Vienne
« Le commandant en chef des forces russes,
sous le prétexte que la positipn actuelle de l'ar-
mée roumaine met en péril les lignes de commu-
nication des Russes, a résolu d'occuper Ploïesti
avec un régiment d'infanterie, un régiment de
cavalerie et une batterie. »
La Con-f~coK~MK~ poK~M publie le texte
complet du Mémorandum préparé par la Porte
pour le Congrès et retraçant l'histoire des négo-
ciations qui ont précédé la signature du traité de
San-Stefano.
Odessa,le 5 juin.
Des avis de Gonstantinople, en date du 3. por-
tent qu'une certaine inquiétude régne à Stam-
boul. Une panique a eu lieu samedi, et le bazar
a été momentanément fermé.
On parait s'attendre à des événemens impor-
tans à l'intérieur; des arrestations ont été faites
et des mesures de précaution ont.été prises.
Le Sultan continue à ne pas sortir.
Il résulte de la lettre insérée dans le Z;<'ca.<< He-
~M. lettre qui a amené la suppression de ce
journal, qu'il est possible qu'une nouvelle tenta-
tive ait fieu pour le remplacement du Sultan Ab-
dul-Hamid par Mourad.
Le gouvernement a ordonné au directeur du
~eoa?K HeyaM de quitter Constantinople.
Il est encore question du prochain rappel de
Midhat Pacha.
Les plénipotentiaires ottomans au Congrès se-
raient Savfet Pacha et Edhem Pacha.
Londres, le 5 juin.
L'Amirauté annonce que l'amiral sir Astley
Rey est nommé au commandement d'une escadre
destinée a un service spécial.
New-York, le 4 juin, soir.
Des avis de source officielle portent que les
Indiens campés à Idaho commettent des dé-
prédations chez les colons qui prennent la fuite.
Plusieurs de ces derniers ont été tués.
Des troupes marchent contre ces maraudeurs.
New-York, le 4 juin, soir.
On craint une nouvelle guerre avec les Indiens.
Le gouvernement a reçu des nouveltes inquiétan-
tes du fort Benton.
-dor
Les journaux annoncent que le baron de Stem-
ber~ commandera le st."a.me)' C'o~fM~M, et. le
cornue de Gripponberg. )e 6'~
pris 4 chaloupes a. vapeur.
Ainsi que nous l'avons annoncé dans notre
précédent Numéro, la Gauche républicaine et
l'Union républicaine de la Chambre des Dé-
putés étaient convoquées aujourd'hui afin de
nommer chacune leurs délégués pour .faire
partie du comité des élections sénatoriales.
La Gauche républicaine a désigné MM. Le-
btond, président; Pascal Duprat, vice-prési-
dent, et Camille Sée.seeretau'e de ce groupe
parlementaire.
L'Union républicaine, de son côté, a nommé
pour délégués MM.Floqust, son président;
Tiersot, député de l'Ain, et Emile de Girar-
din.
La commission de la réorganisation des
services administratifs des Beaux-Arts s'est
réunie aujourd'hui rue de Valois, sous la
présidence de M. Edouard Charton, sénateur.
On avait convoqué M. Guillaume, nommé di-
recteur des Beaux-Arts à la suite du refus de
M. Edouard Charton d'accepter le portefeuille
d'un ministère des beaux-arts que l'on aurait
créé.
M. Lambert de Sainte-Croix, au nom d'une
sous-commission composée de MM. Proust,
Tirard, Marbeau et de Ronchaud, a lu un rap-
port très intéressant sur les réformes et les
améliorations à introduire dans les diverses
parties de la direction. Les décisions défi-
nitives ont été ajournées à une prochaine
séance.
On nous reproche d'avoir proposé de
refuser l'enseignement classique aux jeu-
nes gens qui sont incapables d'en profi-
ter. Avez-vous le droit de le faire? nous
di),-on. Pouvez-vous fermer les classes de
latin et de grec à tous ceux qui auront
montré, dans une série d'épreuves con-
cluantes, leur défaut absolu de vocation ? q
Parmi les mauvais élèves dont vous ne
voudrez plus pour les lycées et les collé-
ges, combien en trouverez-vous cepen-
dant que leur naissance, leur position de
fortune, l'importance sociale de leur~fa-
mille prédestinent & faire partie de ce
qu'on appelle les classes dirigeantes? '1
Peu importe la faiblesse de leur in-
telligence ou l'inertie de leur volonté! l
Le hasard les a placés à un rang dont
vous ne devez pas les faire déchoir.
Si vous les condamnez à une éducation
spéciale et purement française, si vous
les élevez comme de futurs contre-maîtres
ou de futurs commis de bureau, si vous
les formez, en un mot, pour et par un
métier, eux qui n'exerceront jamais au-
cun métier, vous commettrez une injustice
dont il leur sera légitimement permis de se
plaindre, car ils auraient besoin d'une édu-
cation toute différente pour jouer le rûle
qu'ils seront appelés à remplir dans la
société. Il ne vous appartient pas de les
contraindre à travailler; mais vous devez
leur fournir les moyens de s'appliquer,
dans la mesure de leur esprit et de leur
zèle, au genre d'étude qui produit seul
non seulement des lettrés et des savans,
maïs des hommes du monde et des gens
de goût.
Cette objection serait fondée s'il était
vrai que l'éducation classique telle que
la reçoivent les élèves qui restent jus-
qu'au baccalauréat dans « la queue ') de
leurs classes préparât mieux ces élè-
ves à tenir un rang important dans la
société que ne pourrait le faire un en-
seignement moyen bien dirigé. La ques-
tion est de savoir si quelques notions im-
parfaites de latin et de grec, c'est-à-dire
une pure science de mots, valent mieux
pour le développement des intelligen-
ces paresseuses que des connaissan-
ces littéraires et scientifiques préci-
ses qui, tout en répondant aux néces-
sités de la vie moderne, pourraient parfai-
tement être enseignées de manière à
stimuler toutes les facultés de l'esprit.
Nous sommes persuadés pour notre
compte que l'éducation moyenne est suf-
fisante pour former non seulement des in-
dustriels, des commerçans, des adminis-
trateurs, mais même des oisifs distingués.
On peut, avec le français seul, apprendre
aux jeunes gens ces principes de logique
qui font qu'on pense bien, ces règles de
clarté et de justesse qui font qu'on sait
parler et écrire sa langue avec simplicité,
fermeté et agrément. Cette opinion, d'ail-
leurs, n'a rien de moderne. Un écrivain
d'une ancienneté respectable et d'une au-
torité des moins contestées, l'abbé Fleury,
l'exprimait déjà dans son excellent livre
sur CAoM; et la ~e~o~e des <%MO~, livre
trop peu connu, trop peu cité, qui mérite-
rait d'être placé à côté du J~M~
c~M~M de Rollin
< Je ne voudrais pas, disait l'abbé Fleury,
que les préceptes de la grammaire fussent
secs et décharnés comme ils sont dans les
livres; je voudrais les rendre sensibles et
agréables par l'usage. Quand un enfant au-
rait lu quelque temps en sa laogue des cho-
ses qu'il entendrait et où il prendrait plai-
sir, s'il était possible, on commeueerait~par
lui faire observer que toute cette écriture ne
consiste qu'en vingt-deux lettres, et que
tous ces grands discours ne sont composés
que de neuf genres de mots qu'il y a deux
sortes d'articles qu'il y a des genres dans
les noms, des temps et des personnes dass
les verbes, des nombres dans les uns et dans
les autres, et ainsi du reste. Lorsqu'il sau-
rait un peu écrire, on lui ferait rédi-
ger les histoires que Fon lui aurait con-
tées. et on lui corrigerait les mots bas
ou impropres, les mauvaises constructions
et les fautes d'orthographe. On pourrait lui
dire les règles des étymologies et lui en ap-
prendre plusieurs aux occasions. Elles ser-
vent fort pour entendre la force des mots et
l'orthographe, et elles sont divertissantes.
Ainsi, avec un p~u de préceptes et beaucoup
JEM! 6 jm;'
im.
ON S'ABONNE'
eiiBeIgi(rae,enIt&Me,
d&na te Lu-sembour~, en Torq~ie,
en Chine et au Japon
f&a moyen d'une valeur payable à Paris ou dt
«Mtdats-poste, soit 'internationaux, soit trançat<
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous tt~s autres pays,
pM FeRvoi d'une valeur payable PMle.
Les annonces sont reçue*
~
<,p!aced
«tita bureau du ~~NB!WAt<<
d'exercices, ~Mf~/mi! c~ ~M.B OM
~KC n'en ~passé ~M~ ou ~C ~My CM COH~e. La pj'~0'~
en ?~&?~D'SZCK< ~MMM'Cr /? et ~ppMK~~ ~OM:~
de ~OM~' ~!M'M /?'.
B
On sait ce que c'était qu'un «honnête
homme)) au dix-septième siècle et combien
il fallait réunir de qualités distinguées et'
brillantes pour mériter un pareil titre.
L'abbé Fleury l'accorde cependant sans
hésiter à tous ceux qui ont reçu ce que'
nous appellerions aujourd'hui une excel-
lente éducation primaire supérieure. Il va
même plus loia, puisqu'il préfère les jeu-
nes gens formés par sa méthode unique-
ment française à la plupart de ceux « qui
ont passé huit ou dix ans au collège.
Nous sommes heureux de mettre nos pro-
pres idées sous la protection d'un des
meilleurs humanistes des derniers siècles.
Ne nous faisons pas d'illusion dans les*
classes qu'on se plaît à qualifier de diri-
geantes aussi bien que dans les autres,
il y a une élite très restreinte d'esprits
susceptibles de comprendre ce qui est no-
ble, fin, élevé, et une masse compacte
d'intelligences moyennes à laquelle il ne
faut pas donner une nourriture intellec-
tuelle trop délicate, car elles sont incapa-
bles de la supporter. Pour se contormer
à la nature des choses, l'éducation pu-
blique est obligée de tenir compte de ces
différences de tempérament qu'elle s'effor-
cerait en vain d'effacer. Nous sommes
des partisans décidés de l'instruction
classique. Une société et une civilisation
s'affaibliraient rapidement s'il ne s'y trou-
vait pas un certain nombre d'hommes
élevés de bonne heure comme s'ils de-
vaient avoir pour mission unique le culte
de la beauté désintéressée. C'est le levain
sans lequel la pâte sociale serait toujours
molle et inerte. Aussi ne saurait-on re-
pousser avec trop de force ceux qui pro-
posent de chasser les humanités de l'en-
seignement. Mais, -en voulant étendre au
delà des limites raisonnables la classe des
privilégiés de l'esprit, on risque de lui
faire perdre toute cohésion, toute distinc-
tion, toute influence. Elle ne peut être
forte et puissante qu'à la condition d'être
restreinte. Sacrifier l'utile au beau serait
aussi injuste que de sacrifier le beau
l'utile. Même parmi les fils de famille que
leur fortune mettrait en mesure de culti-
ver uniquement les délicatesses de la
pensée, de s'adonner tout entiers à l'amour
des arts ou au développement du goût, il
en est beaucoup qui sont ramenés par la.
nature de leur esprit à des occupations
moins relevées, et pour lesquels cette
éducation parfaite que donne l'étude des
langues classiques ne vaut pas, en con-
séquence, l'éducation plus modeste, mais
mieux appropriée, qu'ils peuvent acqué-
rir au moyen du français, des langues
étrangères et des sciences.
L'important, c'est que cette seconde
éducation ne soit pas une éducation tech-
nique, professionnelle, conduisant à un
métier déterminé, car il serait absurde
de préparer à un métier ceux qui n'en
suivront peut-être aucun, mais qu'elle
se propose d'atteindre, par une voie diffé-
rente, le même but que l'enseignement
classique, c'est-à-dire le développement
harmonique des facultés de l'intelligence.
C'est ce que M. Thorbecke, ministre de
l'intérieur du royaume néerlandais, a ex-
pliqué avec une grande justesse dans l'ex-
posé des motifs de la loi qui a établi en
Hollande l'enseignement moyen.
a Le caractëre principal de l'enseignement
moyen &. régler par l'Etat, disait-il, doit être
une préparation générale,, soit à une posi-
tion sociale, soit à une grande diversité de
professions, soit au service public. U n'entre
pas dans les idées de l'Etat de dresser les
élèves pour une branche d'instruction quel-
conque, ni de changer les écoles en ateliers
ce que le gouvernement propose, ce n'est pas
de taire enseigner la pratique dans' ses dé-
tails, mais de développer l'esprit et les or-
ganes de cfaQière à ce qu'ils deviennent ap-
tes à la vie pratique.
On ne saurait mieux dire l'enseigne-
ment moyen doit être aussi général que
l'enseignement classique. Une des causes
qui ont le plus nui au succès de l'ensei-
gnement secondaire spécial organisé par
M. Duruy, c'est ce malheureux adjectif
~MCM~, d'après lequel bien des personnes
ont jugé que le nouvel enseignement était
technique et professionnel. Un autre motif
a contribué dans une large mesure au
demi-échec de l'enseignement secondaire
spécial, c'e~t le maintien du baccalauréat
comme clef, ou plutôt comme barrière à
l'entrée des carrières. La plupart des
pères de famille se préoccupent moins de
ce que leurs fils apprendront à l'école que
de ce qu'ils feront quand ils la quitteront.
Or l'enseignement secondaire spécial ne
conduit directement à rien. C'est une
route dont on ne voit pas le but en s'y
engageant. Si l'on voulait qu'elle fût suivie
par un plus grand nombre de jeunes
gens, il faudrait remplacer, dans bien
des cas, le baccalauréat par le diplôme
de l'enseignement moyen. Cette réforme
aurait le double avantage de relever à la.
fois le diplôme de l'enseignement moyen
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 78.52%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 78.52%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1" Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0" La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k4604642/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k4604642/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k4604642/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k4604642/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k4604642
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k4604642
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k4604642/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest