Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-05-06
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Description : 06 mai 1878 06 mai 1878
Description : 1878/05/06. 1878/05/06.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ËDITION DE PARIS.
1M 6 MAt
~im"
ON.S'ABONNE
en Belgique, en Itatîe,
dans le Luxembourg, en Turquie,
régences du Maroc et de la .Tunisie,
en Chine et au Japon,
tn moyen d'une valeur payable a Paris on de
msadats-poste, soit internationaux, soit français:
en Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays,
pM renvoi d'une valeur payable a PMts.
Les Minonces sont reçue::
et~s iMM.' Bamehey, )LftMMe at C'.
E '
et
elle! doîventtoujours être agréées par )a rédaction.
MM! 6 MM
tm
ON S'ABONNE
me des PratreS-Saint-Gemtain-l'AnxetMîs, 0.
-JPZmmB~'ABCKMEHtENfT:
.1 UN an. Siamois. Trois moM
D6p&ttemeM. SO fr. 40 &. M & f
~tis. MCr. 36 tr. Ma.
Lea abonnemens partent des t" et 16 M
chaquemois.
Pat~w, em Batm~fo. '0 eeMt.
Bépmptenteno, nm mmmt~o. « eent.
tondtem, appty to Cowte aad C' foreign
mewspapers omce, n, Gresham streët, G. P. 0.;
MM. MeMzy, Bià~teo etC% i.Finch laneCorBhil!,
~E.C., London; .mtN. 'W.-B. SmMh et 6
A BruxeUes, a ro/~M <<< f~MM~, 46, rue de !tt
Madeteine, dans les kiosques et dans les-bt-
Miothèqnes dea ~ares do chemins de fer tte!
A. Valparaiao (OMi}, dtezM. Orestes L. Tomero.
Mil
"Pêtjt~~t)RS ET~ LÏTTKRMKES'
PARÏS
DIMANCHE S MA!
La .France entière aura été heureuse
d& lire le' compte-rendu du banquet qui
a été offert vendredi soir au prince de
Galles paroles exposans anglais. Les sen-
timens de l'héritier de la Couronne d'An*-
gleterre pour notre pays étaient con-
nus depuis longtemps, mais jamais peut-
être ils ne s'étaient manifestés avec au-
tant d'éclat et d'énergie. « Tout mon
cœur est avec la France, a dit le prince
M de Galles. Vous tous qui êtes présens,
N comme tous ceux qui me connaissent,
M vous savez que tous les désirs démon
.? cœur sont pour la grandeur et la
prospérité de la France )) M. Teis-
serënc dé Bort a été le ndéle inter-
prète de la pensée de tous lorsqu'il a
dit que la France et l'Angleterre pour-
suivaient chacune de leur côté, quoi-
que par une route différente, le même é
hut politique. Ces deux nations repré-
sentent en effet, dans l'Europe moderne,
les grandes traditions du gouvernement
parlementaire, du droit public, de la
liberté politique, religieuse et écono-
mique, et si leurs vieilles discordes
ont fait place à l'union la plus intime,
c'est qu'en dépit de la diversité de leurs
institutions et de leurs mœurs, elles sont
aujourd'hui en communauté parfaite d'i-
dées et de sentimens. Les journaux réac-
tionnaires se réjouissent de ce que le
prince de Galles n'a pas prononcé le nom
]de la république. Quant à nous, qui avons
pris l'habitude de ne pas distinguer avec
subtilité la France de son gouvernement,
nous sommes heureux de voir que le
prince de Galles ne s'arrête pas aux ques-
tions de forme politique, et qu'il salue
sans hésiter dans notre pays l'ami et l'é-
mule du sien.
Un article publié récemment par la~pMë
< monarchistes, d'explications et de polé-
miques qui ne sont pas sans intérêt. On
sait dans quel état'de désagrégation est
tombé le parti'bonâpartiste on n'entend
parler depuis quelques jours que des dé-
factions qui s'y produisent; elles sont
nombreuses et éclatantes. Il se passe
quelque chose d'analogue dans le parti
royaliste. L'écrivain de la .R~Më
~ le donne, dans quelques journaux, pou'r
un membre du centre droit, membre im-
portant cela va sans dire, ils le sont tous
dans 'ce'groupe. Son article est intitulé
%M ~MMOM~ WMMM'~C~Mf?~. Illusions per-
Quês! L'article débute eh en'et par cette
phrase caractéristique: « La. républi-
que est faite et iondée. Toute poli-
~Sque qui n'accepte pas cette vérité
? fondamentale et ne s'y appuie pas est
désormais une politique en l'air)); et il se
termine-par cette autre Dès l'instant
M que là république existe, elle est"- le
? patrimoine de tous les citoyens jouis-
)) sant de leurs droits civils et politiques.
a Aucun Français n'a besoin que d'au-
T) très Français daignent lui en' ouvrir les
)) portes. La loi les ouvre toutes bâttah-
~teSt Passe qui veut! Entrez donc,con-~
jo aervateurs entrez avec votre programme
» déployé, sans~vous tenir pour obligés par'
mmET<)N!)UJ()UMAL!)ES DEBATS
"DU 6 MAI 1878. »_
EXPOSITION UNIVERSELLE.
BEAUX-ARTS.
(Deuxième article.) f T.~
Voir le Numéro du 2 mai.
l r.~ ~P..
FoM~6 .-MM. Benezur,Munkacsy,
;~eisz~– Paeska.
~MM~ MM.'Paul Robert,Alfred Ber-
thoùd, Yautier, –'Burnand, Emile
Bourëart, Simon DuTand,– BosshaTdt,
Stuckelberg, Rave!, Castres,
Eugène et Jules Girardet~ Emile Da-
Tid, –'Bocion', Albert LTigardon,
Auguste Berthdud, –Koller, Castan,
'Bpdmér, Ëissiing. Topifer,
Landry, de Geymùller.
Là Hongrie fait bande à part. La salle
qu'occupent les peinturés qu'elle a en-
voyées est toute Yoisine de celles de l'Au-
triche; mais on a tenu à ne pas confondre
lés deux pays. Cette salle n'est ni très
grande ni très riche o'n y trouYe cepen-
dant quelques bons tableaux, et en par-
ticulier ceux de M. Munkacsy, qui expose
régulièrement à. Paris. Mais avant de
m'en occuper, je dois parler d'un impor-
tant ouvragé de demi-caractère qui, sans
être ir.réprpchable,présente de très sé-
r.tcusesqualtté&
11 s'agit du .B~~ac ~'jE'~KM~ roi
~o~We, si je ne me trompe, par M. Be-
nezur. Ce roi reçut au Pape Sylvestre II
là couronne qui existe encore aujourd'hui
et le titre d'apôtre dé là Hongrie qu'il mé-
rita., si l'on en croit l'histoire. encOnvertis-
t~ssantses peuples par )c fer et par le
leu. Le haut du corpsBU, le bas enveloppé
B l'accueil engageant des uns, sans vous
B laisser intimider par le langage soup-
çonneux des autres Nul n'a sur la
? république aucun droit que vous n'ayez
H Tous-mêmes. Voilà, certes, un .fier
langage Nous entrerons, dit /S~
Nous n'entrerons pas, dit ~'C/MMm; et aus-
sitôt la polémique s'engage entre les deux
journaux. j&'C/~M. accuse ;S'i?M de dé-
sertion /SMe~ se défend avec fai-
blesse. Tout en entrant dans la répu-
blique comme chez lui, Soleil dé-
clare qu'il reste ce qu'il était; ses opi-
nions n'ont pas Tarie, ne varieront ja-
mais seulement, il aime mieux attendre
dans la république que dehors le retour
du pays au système monarchique. Z'~7-
MMM reste dehors avec 'ses principes in-
flexibles et repousse les conseils de l'a-
nonyme de la T~Me ~Mec. Ce lan-
H gage n'a rien de nouveau~ dit-elle c'est
M celui que tiennent depuis trois ans et
a plus les « conservateurs qui se sont
a successivement ralliés à la république,
N avec l'espoir de la dominer. »
Rien n'est plus vrai, et ce n'est pas seu-
lement depuis trois ans que les « conser-
vateurs a tiennent ce langage. L'écrivain
de la ~PMe jp'~mec a eu des illusions
monarchiques sinon, il n'aurait pas pu
les perdre. Il raconte donc a sa manière
comment ses espérances d'autrefois se sont
tournées en déceptions. Il suit pas à pas
l'histoire de l'Assemblée Nationale, d'a-
bord à Bordeaux, puis à Versailles, et il
indique heure par heure à quel moment
la monarchie aurait pu être rétablie et ne
l'a pas été. Tel jour, il fallait renverser
M. Thiers « séance tenante tel autre, il
fallait proclamer le roi sans autre forme
de procès. Rien n'était plus facile mal-
heureusement, la majorité de l'Assem-
blée a laissé passer les bonnes occa-
sions, a commis des fautes, enfin a perdu
la tête et a. contribué elle-même à fonder
la république. Ces appréciations histori-
ques; singulièrement fantaisistes dans
quelques unes de leurs parties, sont cor-
roborées par celles durétrospectivement bien entendu, connaît
encore moins d'obstacles que la ~CMC de
~~MCB il, fût arrivé spontanément à Versailles
H pendant laCominune,laissant M.Tniersà à
H ses petits calculs et à ses grandes colères,
a et ne se préoccupant que des sentimens
a etdes dispositions de l'Assemblée Natid-
N naIe,useraitentrédansParisavecl'armée
victorieuse, comme roi de France. On
voit d'ici le tableau il est imité de Gérard
et de l'jB'm~ S'~eM~ 7V toutes ces choses si naturelles, si faciles à
faire, pourquoi M. le comte de Chambord
et la majorité de l'Assemblée ne les ont-
ils pas faites? Quoi! l'occasion ne s'est
pas présentée une fois, deux fois, mais
vingt fois, et toujours elle a été manquée!
Et lorsque enfin l'Assemblée repentante a
renversé M. Thiers, et qu'elle a voulu
faire naître une occasion dernière, l'ef-
fort des partis monarchiques n'a produit
que lé plus pitoyable avortement D'où
vient ce miracle? Il vient, croyons-nous,
de ce que les dif&cultés, I~s impossi-
bilités sur lesquelles on passe' si légère-
ment aujourd'hui se dressaient alors me-
naçantes et semblaient invincibles. Sans
doute la monarchie a eu pendant quelque
temps-la majorité dans ~a Chambre; mais
d'une grande draperie rouge, il est age-
nouillé à gauche du tableau, aux pieds du
prêtre– le Pape Sylvestre probablement–~
en grand costume pontifical, qui verse
l'eau consacrée sur sa tête humblement
inclinée. A droite en arrière se tiennent
debout deux ou trois ecclésiastiques, et
l'on voit près du Pape la tête d'un autre
prêtre qui tient la croix et lève au ciel
ses yeux pleins de ferveur. Au point 'de
vue de la composition, on peut critiquer
cette grande toile en hauteur, dont les dif-
férentes parties ne sont pas parfaitement
équilibrées. Mais la tête du Pape, et sur-
tout celle du prêtre en arrière, ont du
caractère les figures sont bien en situa-
tion, et le contraste entre ces personnages
revêtus de magnifiques costumes et ce
ro~ presque sauvage et à demi nu, pros-
terné devant la c~oix, est pittoresque et
saisissant. C'est cependant par l'exécu-
tion solide et puissante que se distingue cet
ouvrage. Les draperies sont traitées avec
beaucoup 'de largeur celle du roi, d'un
rouge éclatant et d'un ton ardent, est su-
perbe celles du Pape et des personnages
adroite méritent également des éloges.
Il y a certainement beaucoup' de savoir
et de force dans cetableau qui, par la na-
ture du sujet et la composition, appar-
tient au genre historique, mais auquelle
talent robuste et personnel de l'artiste a
donné un grand caractère.
M. Munkacsy a exposé trois de ses
meilleurs ouvrages. Le premier, 7M~~K?'
~'a~ a déjà été vu à paris, et
il y a obtenu un vif succès. Le pein-
tre, à demi assis sur le dossier d'une
chaise basse, montre un tableau posé sur
un chevalet à une jeune femme qui en
pleine lumière se détache sur le fond obs-
cur de l'appartement où l'on distingue,
dans la riche et transparente demi-teinte,
des bahuts, des tentures, des poteries.
Elle est en belle robe de velours bleu, vue
de profil; les bras appuyés sur les ge-
noux, et regarde attentivement le grand
paysage qui paraît la charmer. Ces deux
figures, dans des attitudes bien sur-
l'avait-elle dans le pays? La majorité de
la Chambre a hésité, s'est troublée, a eu
peur parce qu'elle s'est sentie abandonnée
de l'opinion, et, en fin de compte, elle a été
emportée elle-même par le courant républi-
cain. Mais, pendant toute la durée de ces
intrigues, quel a été le langage des chefs
du parti monarchique? Précisément celui
qu'on tient encore auj ourd'hui et que CMMM
a raison de ne pas trouver nouveau. Les
« conservateurs ont prétendu entrer dans
la république pour la conserver, comme
leur nom l'indique ils ont multiplié sur
leurs intentions les déclarations les plus
formelles ils ont parlé à la France comme
M. Thiers lui-même ils ont compris que
le pays ne supporterait pas un autre lan-
gage. Mais M. Thiers était sincère, dès le
début, en promettant de ne rien tenter
contre la république et en déclarant qu'elle
profiterait de ce qui aurait été fait de bien
en son nom. L'était-on au même degré
dans le clan des monarchistes déguisés
en simples « conservateurs ? w »
II y a donc beaucoup plus de trois ans
qu'on a tenu sous une autre forme lé
langage que reproduit la ~~MNous voulons espérer qu'on est cette fois
plus sincère, ou du moins plus résigné
que jadis, et les tristes expériences qu'on
a faites autorisent cette supposition. Si
des hommes du centre droit entrent dans
la république, même avec cet air vain-
queur que prend la TX~M~ <~ ~~cc,
même en déclarant qu'ils ne doivent rien
à personne et qu'ils auraient pu se faire
ouvrir, par ministère d'huissier une
porte qu'ils ont d'ailleurs trouvée ouverte,
ils seront reçus avec les égards qui
sont dus à d'aussi nobles susceptibi-
lités. S'ils veulent nous enseigner l'his-
toire de l'Assemblée Nationale, nous les
laisserons dire et nous les écouterons po-
liment, à la condition qu'ils nous permet-
tent de ne pas partager leur avis et de
trouver pariois bien puériles les explica-
tions qu'ils donnent aux éyénemens les
plus considérables. Tout ce que nous leur
demanderons, c'est d'accepter franche-
ment la république et d'y croire. S'ils n'y
croient pas, il est inutile qu'ils y vien-
nent, et leur acceptation sous béné-
fice d'inventaire paraîtra toujours de mau-
vais aloi. Z'C~MOM accuse /S~M de dé-
sertion elle se trompe, Soleil n'est pas
si coupable. Zerépublique et il persiste dans l'illusion
monarchique; s'il vient à nous il n'est pas
avec nous il marche à nos côtés, mais
c'est pour nous surveiller et même nous
empêcher de marcher; il veut $t il ne veut
pas; il hésite dans sa volonté vacillante,
il flotte, il est dans un va-et-vient conti-
nuel, perdant tous les jours un peu de
l'autorité qui lui reste, image fidèle,
dirions-n'ous, de ces « conservateurs )) qui
s'appellent aujourd'hui « constitution-
nels M, si le Soleil n'était pas K le plus
grand succès de l'époque. qualification
que les constitutionnels n'ont pas en-
core osé se décerner, peut-être par mo-
destie.
IIne'faut donc pas s'exagérer, au point
de vue républicain, l'importance de l'é-
volution qui semble sur le point de se
faire dans le parti monarchique comme
dans le parti bonapartiste. Les adhé-
sions définitives et- sans arrière-pensée
seront longtemps encore assez douteu-
prises, sont~parfaités de naturel et d'ex-
pression. L'exécution,. encore un peu
noire, est brillante et. superbe. La robe de
la dame et les accessoires au. premier
plan sont peints de main de maître. Mais
l'éclat de ces détails ne nuit pas à l'enet
général, et, avec des colorations vives et
puissantes, M. Munkacsy a su conserver
à ce tableau le caractère d'unité qu'il
donnait artinciellement à ses précédons
ouvrages. Dans le ~~oM <~c~~ jPa~-
p~M & ~tout au moins, les belles qualités 'de
l'artiste appliquées à un sujet plus sé-
rieux et d'un- plus gra.Qd intérêt;
Le poëte vêtu du sévère costume
du temps, est assis à gauche du tableau
dans un grand fauteuil à dossier élevé et
droit. Une main à la. poitrine l'autre ap-
puyée au bras du fauteuil, sa noble tête
pleine de cette expression intérieure par-
ticulière aux aveugles, il est profondé-
ment absorbé dans ses pensées. L'une de
ses 611es, assise à droite au premier plan,
écrit les dernières paroles qu'il a pronon-
cées les deux autres le regardent avec ten-
dresse et pitié. C'estun ouvrage très senti,
et, sousierapportde l'exécution, on remar-
quera les noirs superbes du vêtement du
poëte et le joli ton des robes grises de ses
filles. Le troisième tableau de l'artiste re-
présenter ce que j e crois, une scène de fian-
çailles. Le repas vient de unir, et, si les
bouteilles vides ne le disaient pas assez,
on le comprendcait en voyant les at-
titudes et les têtes avinées des con-
vives. Les deux amoureux sont assis à
droite, la main dans la main, tout entiers
à leur bonheur; à l'autre bout de la
table, où. il appuie le coude, le rival
évincé se tient immobile et regarde
dans le vide d'un air haineux et dépité.
Cet humoristique ouvrage, plein d'obser-
vation, est bien exécuté mais il me pa-
raît friser de bien près la caricature. J'ai
souvent reproché à M. Munkacsy le
caractère systématique de sa peinture.
Jadis il donnait à ses compositions un ca-
ractère d'unité qui manquait compléto-
ses. Si pourtant il s'en produit quel-
ques unes, ce sera tant mieux, et nous
ne désespérons pas de voir la républi-
que profiter autant de la bonne volonté
des monarchistes convertis qu'elle a pro-
fité de leurs maladresses et de leurs vio-
lences. Constatons pour le moment, avec
l'écrivain de la Z~Me de 7~'république est solidement fondée, qu'elle
a l'appui de l'opinion au dedans, qu'elle a
su inspirer au dehors l'estime et la con-
fiance. En présence de ce fait éclatant,
que font nos adversaires ? Ils se divisent,
et s'ils ne sont pas d'accord avec nous,
ils sont de moins en moins d'accord avec
eux-mêmes. Il 1 11. 1 1 a
PETITE BOURSE DU DIMANCHE.
Emprunt 5 0/0. 109 fr. 20, 3S.
30/0. 73fr.2S,371/2.
Egyptiennes 6 0/0.. 166 tr., 166 fr. 871/2.
ME~gTPUpMe pB'ETée.,
(Service télé~aphique de l'agence Havas.)
Constantinople, le 4 mai, soir.
Un ordre du jour du généralTotleben confirme
les pleins pouvoirs des autorités russes de la
Thrace pour la répression de la révolte.
L'amiral Hornby est venu hier à Therapia, afin
de conférer avec M. Layard. Il est retourné au-
jourd'hui à Ismidt.
Un transport anglais est arrivé aujourd'hui à
Ismidt avec des fournitures militaires et des
contre-torpilles destinées à la flotte. ,1
Le rapatriement des réfugiés s'opère très len-
tement.
Le Schah de Perse est arrivé à Tauris jeudi
dernier. L'ambassadeur persan partira prochai-
ment pour Saint-Pétersbourg, à la rencontre du
Schah qu'il accompagnera à Paris et à Londres.
Le comte Zichy reviendra ici vendredi pro-
chain.
Nous avons dit qu'il a suffi de huit an-
nées au pouvoir impérial pour délimiter
lès intérêts allemands que la Constitution
de 1871 avait vaguement désignés, et pour
créer à l'usage de quelques uns d'entre
eux des organes administratifs passable-
ment achevés, maisnonpas arrêtés au point
d~exclure l'idée du perfectionnement. On
a vu aussi comment la direction admini-
strative, concentrée d'abord entre les
mains du chancelier, s'est peu a peu dis-
tribuée et localisée autour de ce centre
créateur en des ressorts presque indé-
pendans, pouf .les aaaires.étrangères,: la
marine, l'Alsace-Lorraine, les postes et
télégraphes, véritables ministères impé-
riaux qui fonctionnent dans une sphère
d'attributions supérieures à celles des
gouvernëmens des Etats confédérés. Enfin
nous avo~ ajouté que d'autres services
moins avancés attendent encore dansjl'om-
bre de l'Office de la chancellerie l'affirma-
tion .de nouveaux besoins, et entreront plus
ou moins prochainement dans le concert
administratif de l'empire selon les pro-
grès plus ou moins rapides de la politique
unitaire.
L'idée que l'on s'est faite à l'étranger de
cette création du, prince de Bismarck et
le reproche que lui adressaient, non sans
raison, les Allemands, c'est qu'elle faisait
corps avec son auteur, qu'elle pouvait
être soutenue seulement par sa puissante
personnalité, en un mot q~'el}e était
condamnée à disparaître avec. lui. L'his-
toire, disait-on, ne manque pas d'hommes
d'Etat qui ont su-organiser de:grandes
choses; mais elle n'offre pas d'exemple
ment- de vérité. C'étaient toujours la même
couleur artificielle et' blafarde, là même
tonalité allant du noir au blanc, et il nous S'
semblait que l'habile artiste se laissait
aller 'sur là pente où .a glissé M. Ribbt.
Soit que' la réfle'xion et la comparaison
l'aient éclairé, soit qu'il ait êc'ôuté les cri-
tiquesdont il àétéTobjet, ilfait des efforts
pour prendre pied sur la route de tout le
monde, qui est la bonne il a bravement
renoncé à un parti pris, à des singula-
rités qui avaient d'abord attiré sur lui
l'attëntïot), mais qui commèhçaieo't à ir-
riter et à~a'sser les plus sincères admira-
teursde son talent:'
J'ai encore remarqué dans la sall& hon-
groise deux jolis tableaux de genre, par
M. 'Weisz. L'un représente une jeune 611e
vêtue d'un charmant costume gris et rosé
qui fait quelque confidence à une reli-
gieuse. Les expressions sont très vives
et franches; mais l'exécution des figures
est inférieure à celles des accessoires.
Dans un second ouvrage du même artiste,
c'est une mariée qui s'ajuste devant une
glace le costume blanc et rouge,
est original et piquant. Un troisième
ouvrage, où l'on voit un sujet du même
genre, me plaît beaucoup moins. L'exé-
cution de M. Weisz n'est peut-être pas
très- forte, mais elle est franche et
gaine, et les sujets qu'il traite intéres-
sent par leur caractère national.
M. Paeska expose des tableaux humo-
ristiques qui ont certainement été pris
sur nature. L'un représente un pauvre
joueur de violon debout, qui tient son
instrument des deux mains. C'est une
bonne figure, très juste de pantomime et
d'expression. Dans l'autre tableau, on
voit un crieur public assis près de son
broc et de son verre,et qui tend son tam-
bour. Ces deux figures sont' très vraies
mais l'exécution laisse beaucoup à dési-
rer.'
La vie intellectuelle et l'activité artis-
tique sont, en général, très développées
datis Jcs petits pays de l'Europe, où des
d'un fondateur d'empire qui ait en la
sagesse ou le courage de préparer son
œuvre à se passer longtemps de lui.
Or c'est en cela justement que le prince
de Bismarck semble vouloir se distinguer
des grands ministres auxquels on pourrait
le comparer, en particulier de ceux qui
ont organise l'unité française. En effet,
nous avons indiqué ce qu'il vient de faire
pour préparer et surveiller la transmission
de l'héritage politique que des rencontres
exceptionnelles d'hommes et de circon-
stances lui ont permis de constituer. La
loi votée au mois de mars dernier au-
torise, comme nous l'avons dit, le chan-
celier à se décharger de sa respon-
sabilité en bloc sur le vice-chancelier
et à la lépartirsur les chefs des divers
ressorts administratifs de l'empire elle
lui réserve en outre le droit d'intervenir r
personnellement dans la direction des af-
faires quand il le jugera convenable.
Cette loi faite en vue du prince de Bismarck,
et pour ainsi dire à sa taille, va donc
lui permettre de se retirer de plus en plus
de la manipulation des affaires, de regar-
der marcher devant lui l'organisation
qu'il 'a faite, d'assister pour ainsi dire
à ce qui se passerait après sa mort;
mais avec la ressource de pouvoir reve-
nir pour corriger ce qu'il y aurait de
défectueux soit dans le choix des nom-
més, soit dans l'équilibre des attributions
et des responsabilités.
On aurait tort de conclure de ce qui
précède que l'empire d'Allemagne est
achevé comme Etat politique et que
le prince de Bismarck n'a plus qu'à
surveiller tranquillement la transmission
de ses pouvoirs. Il lui reste à accomplir
encore une tâche qui peut passer pour la
plus importante et la plus difficile, main-
tenant que le reste est assuré. On a re-
marqué qu'au sujet de l'organisation des
services impériaux nous n'avons rien dit
des finances c'est par la raison que l'em-
pire n'en a pas. Les recettes propres que la
Constitution lui attribue se composent du
produit des douanes, naturellement très
faible dans un pays de libre-échange du
revenu des postes et télégraphes qui ne
peut être considérable avec une adminis-
tration intelligente et libérale qui se re-
garde comme chargée d'un service d'in-
térêt public et non d'une entreprise à bé-
néfices enfin du rendement des impôts de
consommation qui sont encore presque à
créer. Pour faire face à ses dépenses
croissantes, l'empire est donc obligé de
recourir chaque année au vote des con-
tributions matriculaires que doit verser
chaque Etat au prorata de sa population
cela revient à dire que l'empire financiè-
rement n'a pas d'existence et n'est
pas libre, attendu que moins les con-
tribuables sont nombreux, plus ils res-
semblent à des maîtres. Il existe néces-
sairement une caisse impériale tenue par
le ministre des finances de Prusse; mais
ce fonctionnaire n'est dans l'empire qu'un
simple caissier et non un chef de ressort
pouvant discuter avec ses collègues leurs
budgets respectifs pour réduire et combiner
leurs prétentions.
.Un tel Etat dépourvu d'impôts qu'il
prélève directement, et sans ministre des
finances pour prévoir et calculer sur une
base de recettes assurées, manque de ce
qui constitue essentiellement la personna-
institutions libérales contribuent sans
doute à amener un résultat trop con-
stant pour qu'on puisse'1'attribuër au ha-
sard.
En Suisse, par exemple, les arts sont
appréciés et encourages mais c'est sur-
tout à l'initiative privée, à des Sociétés
particulières et locales que sont dus ces
encouragemens qui tout naturellement
favorisent les productions qui convien-
nent aux appartenions et aux fortunes
modestes. On fait, il est vrai, quelques ef-
forts pour y développer le goût du grand
art, et les musées de Cale, .de Neuchâtel,
de~ausànne et dé Genève se'sont déve-
loppés depuis quelques années'; mais cet
intelligent pays, toujours au premier rang
lorsqu'il s'agit d'innovations et de réfor-
mes utiles, ne possède pourtant pas ces
ressources de tout genre collections
importantes, musées de premier ordre,
modèles vivans– qu'une grande ville seule
peut fournir pour l'étude delà Sgure, pour
la pratique de la peinture d'histoire. Ce
sont donc, en très grande majorité, des ou-
vrages de genre et des paysages que l'on
trouvera dans l'exposition suisse. Mal-
heureusement, quelques uns des peintres
les plus distingués ?de cette école
:MM. Van Muyden, Anker, Landerer, Léon
Berthoud, Albert de Meuron, Dubois,
se sont abstenus, de sorte que la
moyenne, quoique honorable, n'est pas
très élevée.
Cependant nous y avons retrouvé avec
beaucoup de plaisir le tableau d'un jeune
peintre, héritier d'un grand nom et qui
donne les plus belles espérances JM
~A~ du MM*, par M. Paul Robert. Je ne
décrirai pas en détail ce tableau dont j'ai
parlé lorsqu'il fut exposé au Salon;
mais j'insisterai de nouveau sur le carac-
itère élevé de cette peinture. Ces figures
ijeunes et idéales, dont les formes ont tant
.d'élégance, de caractère, de style, qui
flottent en jouant au-dessus des eaux
tranquilles et des prairies en ueurs, et
se détachent d'une manière si heureuse
nui* un fond de paysage du plus beau ca-
.litë il est condamné à subsister au jour
le jour des subsides queluivotentIesEtats
contribuables, et doit renoncer & tous les
projets à grande portée. C'est là ce que
paraît sentir très vivement le prince de
Bismarck, car sa préoccupation exclusive, y
depuis-que le Kulturkampfa a perdu de sa
vivacité, aété d'établiraupront del'empire
les impôts de consommation autorisés par
la Constitution. H a échoué jusqu'à pré-
sent dans cette tentative contre l'opposi-
tion du Parlement qui renoncerait bien
au droit budgétaire que lui assure le vote
annuel des contributions matriculaires,
mais seulement en échange de garanties
constitutionnelles. II est très probable qu'en
principe, et à part certaines questions de
personnes, le prince de Bismarck et le Par-
lement sont d'accord sur la nécessité de
donner à l'empire des recettes propres, et
comme corollaire un ministre des finan-
ces qui deviendrait le lien entré les chefs
des autres départemens administratifs et
ferait de leur ensemble quelque chose de
ressemblant à un cabinet. La difficulté
principale semble reposer au fond sur le
mode et l'objet de l'impôt. Et l'Allemagne
en ce' moment est peut-être moins pré-
occupée des auaires d'Orient que de la
question de savoir si le monopole du ta-
bac qu'elle abhorre sera repoussé malgré
la prédilection marquée du prince de Bis-
marck pour cette solution.
'AUGUSTE JACQUOT.
On nous écrit de Londres, le 4 mai
« L'Agence Russe, ce phonographe du cabi-
net de Saint-Pétersbourg, nous a annoncé
que l'absence de nouvelles allait se prolonger
encore durant quatre ou cinq jours. Depuis
une quinzaine, on a manqué de rensejgne-
mens positifs; il y avait des pourparlers en-
tames qui semblent se poursuivre avec une
certaine lenteur. Les correspondans de jour-
naux ne parviennent pas à percer le mystère
dont les diplomates s'entourent. Bien que
toujourschargée de menaces, la situation s'é-
claireit par momens, et il est permis d'envi-
sager l'éventualité d'une continuation du
~<ï possible et n'entraînant point de danger im-
médiat.
La Chambre des Communes va reprendre
ses travaux législatifs quelques radicaux se
plaindront sans doute du sans-gêne avec le-
quel le Parlement. a été traité dans l'anaire
des troupes de l'Inde. Lord Beaconsneld et
ses collègues ont patiemment attendu que
les vacances fussent arrivées, les membres
dispersés en province, et, le lendemain même
de .la prorogation, on a appris que l'Angle-
terre songeait à employer le service de ses
troupes indiennes. Malte est indiqué comme
destination cependant l'ile est déjà encom-
brée de troupes, et c'est un campement peu.
fait pour servir de résidence à de la cavalerie.
» Les préparatifs militaires sont menés avec
la plus grande activité. Le premier corps d'ar-
mée pourrait être embarqué tout de suite; le
second se trouve aussi fort avancé. Ce Bontlà
70,000 hommes disponibles.
Les ministres qui ont pris la parole dans~
des réunions conservatrices ont seulement
renouvelé les déclarations faites par eux an
Parlement. Ils ne nous ont rien appris de nou-
veau ils ont montré que le cabinet se main-
tenait sur le terrain où la circulaire de
lord Salisbury l'avait placé. Le secrétaire
d'Etat pour les afïaires étrangères a gardé
le silence: depuis la retraite de lordDerby~
il est devenu rame du cabinet; au point d&
vue'de la politique intérieure, le marquis de
ractère, nous transportent loin de la terre
laide et banale que nous habitons, dans.
le pays des rêves, dans le pays peuple de
douces et charmantes chimères. Cette scène
à moitié fantastique est traitée par un ar-
tiste qui peut encore faire des progrès,
mais qui possède déjà un savoir sûr et
étendu. Je l'ai déjà dit, c'est par le parti-
pris de couleur et d'en'et que pèche ce
charmant tableau mais les types des .fi-
gures ont une telle grâce et. une telle dis-
tinction, elles forment un groupe si poé-
tique et d'une si agréable composition~
elles sont dessinées avec tant de délica-
tesse'et de pureté, que l'on peut hardi-
ment engager M. Robert à persévérer dàn&
là voie où il est ehtré et lui prédire le
meilleur avenir.
Les deux grands portraits qu'expose
M. Alfred Berthoud nous ont aussi vi-
vement intéressé. Le plus important
par la dimension représente une jeune
femme debout, vue de trois quarts à droite,'
les deux mains croisées devant elle~tenant
d'une main un éventail et de l'autre des
gants. L'ajustement est du meilleur goût
robe blanche décolletée, avec un grand
collier tombant sur la poitrine, et les bras
~nus. Cette question del'ajustementdoit être
~l'une des principales préoccupations du
portraitiste. La moindre note fausse ferait
perdre au modèle l'air comme il faut que
,1e peintre doit donner à une femme du
monde en dépit des excentricités de la
'mode. Sur ce point, on ne peut que féli-
citer M, Berthoud. Il a le tact, la mesure,
;le sentiment de ce qui convient. L'en-
semble de la 6gure se détache de la ma-
nière là plus franche et la plus heureuse
sur les tentures d'un rouge sombre. Le
~dessin et le modelé des chairs manquent
;un peu de précision et de fermeté. Ce
;sont là des lacunes que l'étude comblera.
;0n trouve les mêmes qualités et les mê-
!mes défauts dans le portrait de M. Céré-
sole, ancien Président de la Confédération,
par le même artiste. Il est très bien com-
pris et d'une ressemblance frappante.
Je ne m'arrête pas aux ouvrages de
1M 6 MAt
~im"
ON.S'ABONNE
en Belgique, en Itatîe,
dans le Luxembourg, en Turquie,
en Chine et au Japon,
tn moyen d'une valeur payable a Paris on de
msadats-poste, soit internationaux, soit français:
en Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays,
pM renvoi d'une valeur payable a PMts.
Les Minonces sont reçue::
et~s iMM.' Bamehey, )LftMMe at C'.
E '
et
elle! doîventtoujours être agréées par )a rédaction.
MM! 6 MM
tm
ON S'ABONNE
me des PratreS-Saint-Gemtain-l'AnxetMîs, 0.
-JPZmmB~'ABCKMEHtENfT:
.1 UN an. Siamois. Trois moM
D6p&ttemeM. SO fr. 40 &. M & f
~tis. MCr. 36 tr. Ma.
Lea abonnemens partent des t" et 16 M
chaquemois.
Pat~w, em Batm~fo. '0 eeMt.
Bépmptenteno, nm mmmt~o. « eent.
tondtem, appty to Cowte aad C' foreign
mewspapers omce, n, Gresham streët, G. P. 0.;
MM. MeMzy, Bià~teo etC% i.Finch laneCorBhil!,
~E.C., London; .mtN. 'W.-B. SmMh et 6
Madeteine, dans les kiosques et dans les-bt-
Miothèqnes dea ~ares do chemins de fer tte!
A. Valparaiao (OMi}, dtezM. Orestes L. Tomero.
Mil
"Pêtjt~~t)RS ET~ LÏTTKRMKES'
PARÏS
DIMANCHE S MA!
La .France entière aura été heureuse
d& lire le' compte-rendu du banquet qui
a été offert vendredi soir au prince de
Galles paroles exposans anglais. Les sen-
timens de l'héritier de la Couronne d'An*-
gleterre pour notre pays étaient con-
nus depuis longtemps, mais jamais peut-
être ils ne s'étaient manifestés avec au-
tant d'éclat et d'énergie. « Tout mon
cœur est avec la France, a dit le prince
M de Galles. Vous tous qui êtes présens,
N comme tous ceux qui me connaissent,
M vous savez que tous les désirs démon
.? cœur sont pour la grandeur et la
prospérité de la France )) M. Teis-
serënc dé Bort a été le ndéle inter-
prète de la pensée de tous lorsqu'il a
dit que la France et l'Angleterre pour-
suivaient chacune de leur côté, quoi-
que par une route différente, le même é
hut politique. Ces deux nations repré-
sentent en effet, dans l'Europe moderne,
les grandes traditions du gouvernement
parlementaire, du droit public, de la
liberté politique, religieuse et écono-
mique, et si leurs vieilles discordes
ont fait place à l'union la plus intime,
c'est qu'en dépit de la diversité de leurs
institutions et de leurs mœurs, elles sont
aujourd'hui en communauté parfaite d'i-
dées et de sentimens. Les journaux réac-
tionnaires se réjouissent de ce que le
prince de Galles n'a pas prononcé le nom
]de la république. Quant à nous, qui avons
pris l'habitude de ne pas distinguer avec
subtilité la France de son gouvernement,
nous sommes heureux de voir que le
prince de Galles ne s'arrête pas aux ques-
tions de forme politique, et qu'il salue
sans hésiter dans notre pays l'ami et l'é-
mule du sien.
Un article publié récemment par la~pMë
<
miques qui ne sont pas sans intérêt. On
sait dans quel état'de désagrégation est
tombé le parti'bonâpartiste on n'entend
parler depuis quelques jours que des dé-
factions qui s'y produisent; elles sont
nombreuses et éclatantes. Il se passe
quelque chose d'analogue dans le parti
royaliste. L'écrivain de la .R~Më
~
un membre du centre droit, membre im-
portant cela va sans dire, ils le sont tous
dans 'ce'groupe. Son article est intitulé
%M ~MMOM~ WMMM'~C~Mf?~. Illusions per-
Quês! L'article débute eh en'et par cette
phrase caractéristique: « La. républi-
que est faite et iondée. Toute poli-
~Sque qui n'accepte pas cette vérité
? fondamentale et ne s'y appuie pas est
désormais une politique en l'air)); et il se
termine-par cette autre Dès l'instant
M que là république existe, elle est"- le
? patrimoine de tous les citoyens jouis-
)) sant de leurs droits civils et politiques.
a Aucun Français n'a besoin que d'au-
T) très Français daignent lui en' ouvrir les
)) portes. La loi les ouvre toutes bâttah-
~teSt Passe qui veut! Entrez donc,con-~
jo aervateurs entrez avec votre programme
» déployé, sans~vous tenir pour obligés par'
mmET<)N!)UJ()UMAL!)ES DEBATS
"DU 6 MAI 1878. »_
EXPOSITION UNIVERSELLE.
BEAUX-ARTS.
(Deuxième article.) f T.~
Voir le Numéro du 2 mai.
l
FoM~6 .-MM. Benezur,Munkacsy,
;~eisz~– Paeska.
~MM~ MM.'Paul Robert,Alfred Ber-
thoùd, Yautier, –'Burnand, Emile
Bourëart, Simon DuTand,– BosshaTdt,
Stuckelberg, Rave!, Castres,
Eugène et Jules Girardet~ Emile Da-
Tid, –'Bocion', Albert LTigardon,
Auguste Berthdud, –Koller, Castan,
'Bpdmér, Ëissiing. Topifer,
Landry, de Geymùller.
Là Hongrie fait bande à part. La salle
qu'occupent les peinturés qu'elle a en-
voyées est toute Yoisine de celles de l'Au-
triche; mais on a tenu à ne pas confondre
lés deux pays. Cette salle n'est ni très
grande ni très riche o'n y trouYe cepen-
dant quelques bons tableaux, et en par-
ticulier ceux de M. Munkacsy, qui expose
régulièrement à. Paris. Mais avant de
m'en occuper, je dois parler d'un impor-
tant ouvragé de demi-caractère qui, sans
être ir.réprpchable,présente de très sé-
r.tcusesqualtté&
11 s'agit du .B~~ac ~'jE'~KM~ roi
~o~We, si je ne me trompe, par M. Be-
nezur. Ce roi reçut au Pape Sylvestre II
là couronne qui existe encore aujourd'hui
et le titre d'apôtre dé là Hongrie qu'il mé-
rita., si l'on en croit l'histoire. encOnvertis-
t~ssantses peuples par )c fer et par le
leu. Le haut du corpsBU, le bas enveloppé
B l'accueil engageant des uns, sans vous
B laisser intimider par le langage soup-
çonneux des autres Nul n'a sur la
? république aucun droit que vous n'ayez
H Tous-mêmes. Voilà, certes, un .fier
langage Nous entrerons, dit /S~
Nous n'entrerons pas, dit ~'C/MMm; et aus-
sitôt la polémique s'engage entre les deux
journaux. j&'C/~M. accuse ;S'i?M de dé-
sertion /SMe~ se défend avec fai-
blesse. Tout en entrant dans la répu-
blique comme chez lui, Soleil dé-
clare qu'il reste ce qu'il était; ses opi-
nions n'ont pas Tarie, ne varieront ja-
mais seulement, il aime mieux attendre
dans la république que dehors le retour
du pays au système monarchique. Z'~7-
MMM reste dehors avec 'ses principes in-
flexibles et repousse les conseils de l'a-
nonyme de la T~Me ~Mec. Ce lan-
H gage n'a rien de nouveau~ dit-elle c'est
M celui que tiennent depuis trois ans et
a plus les « conservateurs qui se sont
a successivement ralliés à la république,
N avec l'espoir de la dominer. »
Rien n'est plus vrai, et ce n'est pas seu-
lement depuis trois ans que les « conser-
vateurs a tiennent ce langage. L'écrivain
de la ~PMe jp'~mec a eu des illusions
monarchiques sinon, il n'aurait pas pu
les perdre. Il raconte donc a sa manière
comment ses espérances d'autrefois se sont
tournées en déceptions. Il suit pas à pas
l'histoire de l'Assemblée Nationale, d'a-
bord à Bordeaux, puis à Versailles, et il
indique heure par heure à quel moment
la monarchie aurait pu être rétablie et ne
l'a pas été. Tel jour, il fallait renverser
M. Thiers « séance tenante tel autre, il
fallait proclamer le roi sans autre forme
de procès. Rien n'était plus facile mal-
heureusement, la majorité de l'Assem-
blée a laissé passer les bonnes occa-
sions, a commis des fautes, enfin a perdu
la tête et a. contribué elle-même à fonder
la république. Ces appréciations histori-
ques; singulièrement fantaisistes dans
quelques unes de leurs parties, sont cor-
roborées par celles du
encore moins d'obstacles que la ~CMC de
~~MCB il, fût arrivé spontanément à Versailles
H pendant laCominune,laissant M.Tniersà à
H ses petits calculs et à ses grandes colères,
a et ne se préoccupant que des sentimens
a etdes dispositions de l'Assemblée Natid-
N naIe,useraitentrédansParisavecl'armée
victorieuse, comme roi de France. On
voit d'ici le tableau il est imité de Gérard
et de l'jB'm~ S'~eM~ 7V toutes ces choses si naturelles, si faciles à
faire, pourquoi M. le comte de Chambord
et la majorité de l'Assemblée ne les ont-
ils pas faites? Quoi! l'occasion ne s'est
pas présentée une fois, deux fois, mais
vingt fois, et toujours elle a été manquée!
Et lorsque enfin l'Assemblée repentante a
renversé M. Thiers, et qu'elle a voulu
faire naître une occasion dernière, l'ef-
fort des partis monarchiques n'a produit
que lé plus pitoyable avortement D'où
vient ce miracle? Il vient, croyons-nous,
de ce que les dif&cultés, I~s impossi-
bilités sur lesquelles on passe' si légère-
ment aujourd'hui se dressaient alors me-
naçantes et semblaient invincibles. Sans
doute la monarchie a eu pendant quelque
temps-la majorité dans ~a Chambre; mais
d'une grande draperie rouge, il est age-
nouillé à gauche du tableau, aux pieds du
prêtre– le Pape Sylvestre probablement–~
en grand costume pontifical, qui verse
l'eau consacrée sur sa tête humblement
inclinée. A droite en arrière se tiennent
debout deux ou trois ecclésiastiques, et
l'on voit près du Pape la tête d'un autre
prêtre qui tient la croix et lève au ciel
ses yeux pleins de ferveur. Au point 'de
vue de la composition, on peut critiquer
cette grande toile en hauteur, dont les dif-
férentes parties ne sont pas parfaitement
équilibrées. Mais la tête du Pape, et sur-
tout celle du prêtre en arrière, ont du
caractère les figures sont bien en situa-
tion, et le contraste entre ces personnages
revêtus de magnifiques costumes et ce
ro~ presque sauvage et à demi nu, pros-
terné devant la c~oix, est pittoresque et
saisissant. C'est cependant par l'exécu-
tion solide et puissante que se distingue cet
ouvrage. Les draperies sont traitées avec
beaucoup 'de largeur celle du roi, d'un
rouge éclatant et d'un ton ardent, est su-
perbe celles du Pape et des personnages
adroite méritent également des éloges.
Il y a certainement beaucoup' de savoir
et de force dans cetableau qui, par la na-
ture du sujet et la composition, appar-
tient au genre historique, mais auquelle
talent robuste et personnel de l'artiste a
donné un grand caractère.
M. Munkacsy a exposé trois de ses
meilleurs ouvrages. Le premier, 7M~~K?'
~'a~ a déjà été vu à paris, et
il y a obtenu un vif succès. Le pein-
tre, à demi assis sur le dossier d'une
chaise basse, montre un tableau posé sur
un chevalet à une jeune femme qui en
pleine lumière se détache sur le fond obs-
cur de l'appartement où l'on distingue,
dans la riche et transparente demi-teinte,
des bahuts, des tentures, des poteries.
Elle est en belle robe de velours bleu, vue
de profil; les bras appuyés sur les ge-
noux, et regarde attentivement le grand
paysage qui paraît la charmer. Ces deux
figures, dans des attitudes bien sur-
l'avait-elle dans le pays? La majorité de
la Chambre a hésité, s'est troublée, a eu
peur parce qu'elle s'est sentie abandonnée
de l'opinion, et, en fin de compte, elle a été
emportée elle-même par le courant républi-
cain. Mais, pendant toute la durée de ces
intrigues, quel a été le langage des chefs
du parti monarchique? Précisément celui
qu'on tient encore auj ourd'hui et que CMMM
a raison de ne pas trouver nouveau. Les
« conservateurs ont prétendu entrer dans
la république pour la conserver, comme
leur nom l'indique ils ont multiplié sur
leurs intentions les déclarations les plus
formelles ils ont parlé à la France comme
M. Thiers lui-même ils ont compris que
le pays ne supporterait pas un autre lan-
gage. Mais M. Thiers était sincère, dès le
début, en promettant de ne rien tenter
contre la république et en déclarant qu'elle
profiterait de ce qui aurait été fait de bien
en son nom. L'était-on au même degré
dans le clan des monarchistes déguisés
en simples « conservateurs ? w »
II y a donc beaucoup plus de trois ans
qu'on a tenu sous une autre forme lé
langage que reproduit la ~~MNous voulons espérer qu'on est cette fois
plus sincère, ou du moins plus résigné
que jadis, et les tristes expériences qu'on
a faites autorisent cette supposition. Si
des hommes du centre droit entrent dans
la république, même avec cet air vain-
queur que prend la TX~M~ <~ ~~cc,
même en déclarant qu'ils ne doivent rien
à personne et qu'ils auraient pu se faire
ouvrir, par ministère d'huissier une
porte qu'ils ont d'ailleurs trouvée ouverte,
ils seront reçus avec les égards qui
sont dus à d'aussi nobles susceptibi-
lités. S'ils veulent nous enseigner l'his-
toire de l'Assemblée Nationale, nous les
laisserons dire et nous les écouterons po-
liment, à la condition qu'ils nous permet-
tent de ne pas partager leur avis et de
trouver pariois bien puériles les explica-
tions qu'ils donnent aux éyénemens les
plus considérables. Tout ce que nous leur
demanderons, c'est d'accepter franche-
ment la république et d'y croire. S'ils n'y
croient pas, il est inutile qu'ils y vien-
nent, et leur acceptation sous béné-
fice d'inventaire paraîtra toujours de mau-
vais aloi. Z'C~MOM accuse /S~M de dé-
sertion elle se trompe, Soleil n'est pas
si coupable. Ze
monarchique; s'il vient à nous il n'est pas
avec nous il marche à nos côtés, mais
c'est pour nous surveiller et même nous
empêcher de marcher; il veut $t il ne veut
pas; il hésite dans sa volonté vacillante,
il flotte, il est dans un va-et-vient conti-
nuel, perdant tous les jours un peu de
l'autorité qui lui reste, image fidèle,
dirions-n'ous, de ces « conservateurs )) qui
s'appellent aujourd'hui « constitution-
nels M, si le Soleil n'était pas K le plus
grand succès de l'époque. qualification
que les constitutionnels n'ont pas en-
core osé se décerner, peut-être par mo-
destie.
IIne'faut donc pas s'exagérer, au point
de vue républicain, l'importance de l'é-
volution qui semble sur le point de se
faire dans le parti monarchique comme
dans le parti bonapartiste. Les adhé-
sions définitives et- sans arrière-pensée
seront longtemps encore assez douteu-
prises, sont~parfaités de naturel et d'ex-
pression. L'exécution,. encore un peu
noire, est brillante et. superbe. La robe de
la dame et les accessoires au. premier
plan sont peints de main de maître. Mais
l'éclat de ces détails ne nuit pas à l'enet
général, et, avec des colorations vives et
puissantes, M. Munkacsy a su conserver
à ce tableau le caractère d'unité qu'il
donnait artinciellement à ses précédons
ouvrages. Dans le ~~oM <~c~~ jPa~-
p~M & ~
l'artiste appliquées à un sujet plus sé-
rieux et d'un- plus gra.Qd intérêt;
Le poëte vêtu du sévère costume
du temps, est assis à gauche du tableau
dans un grand fauteuil à dossier élevé et
droit. Une main à la. poitrine l'autre ap-
puyée au bras du fauteuil, sa noble tête
pleine de cette expression intérieure par-
ticulière aux aveugles, il est profondé-
ment absorbé dans ses pensées. L'une de
ses 611es, assise à droite au premier plan,
écrit les dernières paroles qu'il a pronon-
cées les deux autres le regardent avec ten-
dresse et pitié. C'estun ouvrage très senti,
et, sousierapportde l'exécution, on remar-
quera les noirs superbes du vêtement du
poëte et le joli ton des robes grises de ses
filles. Le troisième tableau de l'artiste re-
présenter ce que j e crois, une scène de fian-
çailles. Le repas vient de unir, et, si les
bouteilles vides ne le disaient pas assez,
on le comprendcait en voyant les at-
titudes et les têtes avinées des con-
vives. Les deux amoureux sont assis à
droite, la main dans la main, tout entiers
à leur bonheur; à l'autre bout de la
table, où. il appuie le coude, le rival
évincé se tient immobile et regarde
dans le vide d'un air haineux et dépité.
Cet humoristique ouvrage, plein d'obser-
vation, est bien exécuté mais il me pa-
raît friser de bien près la caricature. J'ai
souvent reproché à M. Munkacsy le
caractère systématique de sa peinture.
Jadis il donnait à ses compositions un ca-
ractère d'unité qui manquait compléto-
ses. Si pourtant il s'en produit quel-
ques unes, ce sera tant mieux, et nous
ne désespérons pas de voir la républi-
que profiter autant de la bonne volonté
des monarchistes convertis qu'elle a pro-
fité de leurs maladresses et de leurs vio-
lences. Constatons pour le moment, avec
l'écrivain de la Z~Me de 7~'
a l'appui de l'opinion au dedans, qu'elle a
su inspirer au dehors l'estime et la con-
fiance. En présence de ce fait éclatant,
que font nos adversaires ? Ils se divisent,
et s'ils ne sont pas d'accord avec nous,
ils sont de moins en moins d'accord avec
eux-mêmes. Il 1 11. 1 1 a
PETITE BOURSE DU DIMANCHE.
Emprunt 5 0/0. 109 fr. 20, 3S.
30/0. 73fr.2S,371/2.
Egyptiennes 6 0/0.. 166 tr., 166 fr. 871/2.
ME~gTPUpMe pB'ETée.,
(Service télé~aphique de l'agence Havas.)
Constantinople, le 4 mai, soir.
Un ordre du jour du généralTotleben confirme
les pleins pouvoirs des autorités russes de la
Thrace pour la répression de la révolte.
L'amiral Hornby est venu hier à Therapia, afin
de conférer avec M. Layard. Il est retourné au-
jourd'hui à Ismidt.
Un transport anglais est arrivé aujourd'hui à
Ismidt avec des fournitures militaires et des
contre-torpilles destinées à la flotte. ,1
Le rapatriement des réfugiés s'opère très len-
tement.
Le Schah de Perse est arrivé à Tauris jeudi
dernier. L'ambassadeur persan partira prochai-
ment pour Saint-Pétersbourg, à la rencontre du
Schah qu'il accompagnera à Paris et à Londres.
Le comte Zichy reviendra ici vendredi pro-
chain.
Nous avons dit qu'il a suffi de huit an-
nées au pouvoir impérial pour délimiter
lès intérêts allemands que la Constitution
de 1871 avait vaguement désignés, et pour
créer à l'usage de quelques uns d'entre
eux des organes administratifs passable-
ment achevés, maisnonpas arrêtés au point
d~exclure l'idée du perfectionnement. On
a vu aussi comment la direction admini-
strative, concentrée d'abord entre les
mains du chancelier, s'est peu a peu dis-
tribuée et localisée autour de ce centre
créateur en des ressorts presque indé-
pendans, pouf .les aaaires.étrangères,: la
marine, l'Alsace-Lorraine, les postes et
télégraphes, véritables ministères impé-
riaux qui fonctionnent dans une sphère
d'attributions supérieures à celles des
gouvernëmens des Etats confédérés. Enfin
nous avo~ ajouté que d'autres services
moins avancés attendent encore dansjl'om-
bre de l'Office de la chancellerie l'affirma-
tion .de nouveaux besoins, et entreront plus
ou moins prochainement dans le concert
administratif de l'empire selon les pro-
grès plus ou moins rapides de la politique
unitaire.
L'idée que l'on s'est faite à l'étranger de
cette création du, prince de Bismarck et
le reproche que lui adressaient, non sans
raison, les Allemands, c'est qu'elle faisait
corps avec son auteur, qu'elle pouvait
être soutenue seulement par sa puissante
personnalité, en un mot q~'el}e était
condamnée à disparaître avec. lui. L'his-
toire, disait-on, ne manque pas d'hommes
d'Etat qui ont su-organiser de:grandes
choses; mais elle n'offre pas d'exemple
ment- de vérité. C'étaient toujours la même
couleur artificielle et' blafarde, là même
tonalité allant du noir au blanc, et il nous S'
semblait que l'habile artiste se laissait
aller 'sur là pente où .a glissé M. Ribbt.
Soit que' la réfle'xion et la comparaison
l'aient éclairé, soit qu'il ait êc'ôuté les cri-
tiquesdont il àétéTobjet, ilfait des efforts
pour prendre pied sur la route de tout le
monde, qui est la bonne il a bravement
renoncé à un parti pris, à des singula-
rités qui avaient d'abord attiré sur lui
l'attëntïot), mais qui commèhçaieo't à ir-
riter et à~a'sser les plus sincères admira-
teursde son talent:'
J'ai encore remarqué dans la sall& hon-
groise deux jolis tableaux de genre, par
M. 'Weisz. L'un représente une jeune 611e
vêtue d'un charmant costume gris et rosé
qui fait quelque confidence à une reli-
gieuse. Les expressions sont très vives
et franches; mais l'exécution des figures
est inférieure à celles des accessoires.
Dans un second ouvrage du même artiste,
c'est une mariée qui s'ajuste devant une
glace le costume blanc et rouge,
est original et piquant. Un troisième
ouvrage, où l'on voit un sujet du même
genre, me plaît beaucoup moins. L'exé-
cution de M. Weisz n'est peut-être pas
très- forte, mais elle est franche et
gaine, et les sujets qu'il traite intéres-
sent par leur caractère national.
M. Paeska expose des tableaux humo-
ristiques qui ont certainement été pris
sur nature. L'un représente un pauvre
joueur de violon debout, qui tient son
instrument des deux mains. C'est une
bonne figure, très juste de pantomime et
d'expression. Dans l'autre tableau, on
voit un crieur public assis près de son
broc et de son verre,et qui tend son tam-
bour. Ces deux figures sont' très vraies
mais l'exécution laisse beaucoup à dési-
rer.'
La vie intellectuelle et l'activité artis-
tique sont, en général, très développées
datis Jcs petits pays de l'Europe, où des
d'un fondateur d'empire qui ait en la
sagesse ou le courage de préparer son
œuvre à se passer longtemps de lui.
Or c'est en cela justement que le prince
de Bismarck semble vouloir se distinguer
des grands ministres auxquels on pourrait
le comparer, en particulier de ceux qui
ont organise l'unité française. En effet,
nous avons indiqué ce qu'il vient de faire
pour préparer et surveiller la transmission
de l'héritage politique que des rencontres
exceptionnelles d'hommes et de circon-
stances lui ont permis de constituer. La
loi votée au mois de mars dernier au-
torise, comme nous l'avons dit, le chan-
celier à se décharger de sa respon-
sabilité en bloc sur le vice-chancelier
et à la lépartirsur les chefs des divers
ressorts administratifs de l'empire elle
lui réserve en outre le droit d'intervenir r
personnellement dans la direction des af-
faires quand il le jugera convenable.
Cette loi faite en vue du prince de Bismarck,
et pour ainsi dire à sa taille, va donc
lui permettre de se retirer de plus en plus
de la manipulation des affaires, de regar-
der marcher devant lui l'organisation
qu'il 'a faite, d'assister pour ainsi dire
à ce qui se passerait après sa mort;
mais avec la ressource de pouvoir reve-
nir pour corriger ce qu'il y aurait de
défectueux soit dans le choix des nom-
més, soit dans l'équilibre des attributions
et des responsabilités.
On aurait tort de conclure de ce qui
précède que l'empire d'Allemagne est
achevé comme Etat politique et que
le prince de Bismarck n'a plus qu'à
surveiller tranquillement la transmission
de ses pouvoirs. Il lui reste à accomplir
encore une tâche qui peut passer pour la
plus importante et la plus difficile, main-
tenant que le reste est assuré. On a re-
marqué qu'au sujet de l'organisation des
services impériaux nous n'avons rien dit
des finances c'est par la raison que l'em-
pire n'en a pas. Les recettes propres que la
Constitution lui attribue se composent du
produit des douanes, naturellement très
faible dans un pays de libre-échange du
revenu des postes et télégraphes qui ne
peut être considérable avec une adminis-
tration intelligente et libérale qui se re-
garde comme chargée d'un service d'in-
térêt public et non d'une entreprise à bé-
néfices enfin du rendement des impôts de
consommation qui sont encore presque à
créer. Pour faire face à ses dépenses
croissantes, l'empire est donc obligé de
recourir chaque année au vote des con-
tributions matriculaires que doit verser
chaque Etat au prorata de sa population
cela revient à dire que l'empire financiè-
rement n'a pas d'existence et n'est
pas libre, attendu que moins les con-
tribuables sont nombreux, plus ils res-
semblent à des maîtres. Il existe néces-
sairement une caisse impériale tenue par
le ministre des finances de Prusse; mais
ce fonctionnaire n'est dans l'empire qu'un
simple caissier et non un chef de ressort
pouvant discuter avec ses collègues leurs
budgets respectifs pour réduire et combiner
leurs prétentions.
.Un tel Etat dépourvu d'impôts qu'il
prélève directement, et sans ministre des
finances pour prévoir et calculer sur une
base de recettes assurées, manque de ce
qui constitue essentiellement la personna-
institutions libérales contribuent sans
doute à amener un résultat trop con-
stant pour qu'on puisse'1'attribuër au ha-
sard.
En Suisse, par exemple, les arts sont
appréciés et encourages mais c'est sur-
tout à l'initiative privée, à des Sociétés
particulières et locales que sont dus ces
encouragemens qui tout naturellement
favorisent les productions qui convien-
nent aux appartenions et aux fortunes
modestes. On fait, il est vrai, quelques ef-
forts pour y développer le goût du grand
art, et les musées de Cale, .de Neuchâtel,
de~ausànne et dé Genève se'sont déve-
loppés depuis quelques années'; mais cet
intelligent pays, toujours au premier rang
lorsqu'il s'agit d'innovations et de réfor-
mes utiles, ne possède pourtant pas ces
ressources de tout genre collections
importantes, musées de premier ordre,
modèles vivans– qu'une grande ville seule
peut fournir pour l'étude delà Sgure, pour
la pratique de la peinture d'histoire. Ce
sont donc, en très grande majorité, des ou-
vrages de genre et des paysages que l'on
trouvera dans l'exposition suisse. Mal-
heureusement, quelques uns des peintres
les plus distingués ?de cette école
:MM. Van Muyden, Anker, Landerer, Léon
Berthoud, Albert de Meuron, Dubois,
se sont abstenus, de sorte que la
moyenne, quoique honorable, n'est pas
très élevée.
Cependant nous y avons retrouvé avec
beaucoup de plaisir le tableau d'un jeune
peintre, héritier d'un grand nom et qui
donne les plus belles espérances JM
~A~ du MM*, par M. Paul Robert. Je ne
décrirai pas en détail ce tableau dont j'ai
parlé lorsqu'il fut exposé au Salon;
mais j'insisterai de nouveau sur le carac-
itère élevé de cette peinture. Ces figures
ijeunes et idéales, dont les formes ont tant
.d'élégance, de caractère, de style, qui
flottent en jouant au-dessus des eaux
tranquilles et des prairies en ueurs, et
se détachent d'une manière si heureuse
nui* un fond de paysage du plus beau ca-
.litë il est condamné à subsister au jour
le jour des subsides queluivotentIesEtats
contribuables, et doit renoncer & tous les
projets à grande portée. C'est là ce que
paraît sentir très vivement le prince de
Bismarck, car sa préoccupation exclusive, y
depuis-que le Kulturkampfa a perdu de sa
vivacité, aété d'établiraupront del'empire
les impôts de consommation autorisés par
la Constitution. H a échoué jusqu'à pré-
sent dans cette tentative contre l'opposi-
tion du Parlement qui renoncerait bien
au droit budgétaire que lui assure le vote
annuel des contributions matriculaires,
mais seulement en échange de garanties
constitutionnelles. II est très probable qu'en
principe, et à part certaines questions de
personnes, le prince de Bismarck et le Par-
lement sont d'accord sur la nécessité de
donner à l'empire des recettes propres, et
comme corollaire un ministre des finan-
ces qui deviendrait le lien entré les chefs
des autres départemens administratifs et
ferait de leur ensemble quelque chose de
ressemblant à un cabinet. La difficulté
principale semble reposer au fond sur le
mode et l'objet de l'impôt. Et l'Allemagne
en ce' moment est peut-être moins pré-
occupée des auaires d'Orient que de la
question de savoir si le monopole du ta-
bac qu'elle abhorre sera repoussé malgré
la prédilection marquée du prince de Bis-
marck pour cette solution.
'AUGUSTE JACQUOT.
On nous écrit de Londres, le 4 mai
« L'Agence Russe, ce phonographe du cabi-
net de Saint-Pétersbourg, nous a annoncé
que l'absence de nouvelles allait se prolonger
encore durant quatre ou cinq jours. Depuis
une quinzaine, on a manqué de rensejgne-
mens positifs; il y avait des pourparlers en-
tames qui semblent se poursuivre avec une
certaine lenteur. Les correspondans de jour-
naux ne parviennent pas à percer le mystère
dont les diplomates s'entourent. Bien que
toujourschargée de menaces, la situation s'é-
claireit par momens, et il est permis d'envi-
sager l'éventualité d'une continuation du
~<ï
médiat.
La Chambre des Communes va reprendre
ses travaux législatifs quelques radicaux se
plaindront sans doute du sans-gêne avec le-
quel le Parlement. a été traité dans l'anaire
des troupes de l'Inde. Lord Beaconsneld et
ses collègues ont patiemment attendu que
les vacances fussent arrivées, les membres
dispersés en province, et, le lendemain même
de .la prorogation, on a appris que l'Angle-
terre songeait à employer le service de ses
troupes indiennes. Malte est indiqué comme
destination cependant l'ile est déjà encom-
brée de troupes, et c'est un campement peu.
fait pour servir de résidence à de la cavalerie.
» Les préparatifs militaires sont menés avec
la plus grande activité. Le premier corps d'ar-
mée pourrait être embarqué tout de suite; le
second se trouve aussi fort avancé. Ce Bontlà
70,000 hommes disponibles.
Les ministres qui ont pris la parole dans~
des réunions conservatrices ont seulement
renouvelé les déclarations faites par eux an
Parlement. Ils ne nous ont rien appris de nou-
veau ils ont montré que le cabinet se main-
tenait sur le terrain où la circulaire de
lord Salisbury l'avait placé. Le secrétaire
d'Etat pour les afïaires étrangères a gardé
le silence: depuis la retraite de lordDerby~
il est devenu rame du cabinet; au point d&
vue'de la politique intérieure, le marquis de
ractère, nous transportent loin de la terre
laide et banale que nous habitons, dans.
le pays des rêves, dans le pays peuple de
douces et charmantes chimères. Cette scène
à moitié fantastique est traitée par un ar-
tiste qui peut encore faire des progrès,
mais qui possède déjà un savoir sûr et
étendu. Je l'ai déjà dit, c'est par le parti-
pris de couleur et d'en'et que pèche ce
charmant tableau mais les types des .fi-
gures ont une telle grâce et. une telle dis-
tinction, elles forment un groupe si poé-
tique et d'une si agréable composition~
elles sont dessinées avec tant de délica-
tesse'et de pureté, que l'on peut hardi-
ment engager M. Robert à persévérer dàn&
là voie où il est ehtré et lui prédire le
meilleur avenir.
Les deux grands portraits qu'expose
M. Alfred Berthoud nous ont aussi vi-
vement intéressé. Le plus important
par la dimension représente une jeune
femme debout, vue de trois quarts à droite,'
les deux mains croisées devant elle~tenant
d'une main un éventail et de l'autre des
gants. L'ajustement est du meilleur goût
robe blanche décolletée, avec un grand
collier tombant sur la poitrine, et les bras
~nus. Cette question del'ajustementdoit être
~l'une des principales préoccupations du
portraitiste. La moindre note fausse ferait
perdre au modèle l'air comme il faut que
,1e peintre doit donner à une femme du
monde en dépit des excentricités de la
'mode. Sur ce point, on ne peut que féli-
citer M, Berthoud. Il a le tact, la mesure,
;le sentiment de ce qui convient. L'en-
semble de la 6gure se détache de la ma-
nière là plus franche et la plus heureuse
sur les tentures d'un rouge sombre. Le
~dessin et le modelé des chairs manquent
;un peu de précision et de fermeté. Ce
;sont là des lacunes que l'étude comblera.
;0n trouve les mêmes qualités et les mê-
!mes défauts dans le portrait de M. Céré-
sole, ancien Président de la Confédération,
par le même artiste. Il est très bien com-
pris et d'une ressemblance frappante.
Je ne m'arrête pas aux ouvrages de
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