Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-04-25
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Description : 25 avril 1878 25 avril 1878
Description : 1878/04/25. 1878/04/25.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ËDÏTION DE PARIS.
JEBMMAm
i878.
p~ S'ABONîME 1'
Me des Pretres-Sain~Ctennain-rAuxerrois, i?.
ww~ttMt~ABOMMBm~nr:
t!na&. giimots. Trois mo!ft.
D&pMtemeM. 80 tf. 40 &, zo tr.
Bans. M&. 36 &. i8fr.
JMMMAm
i878.
ON S'ABONfanB
d tu Belgique, en Italie..
dans le Luxembourg, en Turquie,
on Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans te<
régences du Maroc et. de la Tunisie,
en Chine et au Japon,
.m moyen d'une valeur payable a Paris ou do
mandats-poste, soit internationaux, soit Crançai<.
en AUemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
Chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays
PM l'envoi d'une valeur payaMe & r* -tLes annonces sontrecuM
etKzBM.~
<, place de la Bôurae,
tUMaeiYenttoujoursetreagteeoapar ta tedMttMt.
JMfMAL BES DEBATS
POMTKUJES EÏ HTTËRAMES
Les $bonMmeM pMtent des i" chaque moie.
~m~MMm~ M<<
~~aM«MMiw, MKHma~M. M ««$.
M~nitéM, apply te Ce~te and C°, foretgB~ews-
Mpaft omce, t7, Sresham street, G. P'O.,
mN~ethy, ibE. Û.,Lmdom; WUH. W.-N. SmKh et «Mt,
iMtStN~d.W C, London.
AIM~M,~ l'O~M <{< ~tM~M, 46, Mede~
]~dHM8të' ~ans les Mo~ques et dans !ed M.
bbJl e, dans es kioq~es et dans Idé bi··
M ~YMpM&iso (Chili), chez M. Orëstes L. TorBetC. r
PAMS
~ERCREM 34 AVR!L
Nous attendrons~ pour répondre à l'ar-
ticle de la Fc~ dont notre correspondant
de Berlin nous a adressé le résumé télé-
graphique, qile ë?t article soit tout entier r
sous nos yeux. Nous ne sommes pas de
ceux qui se Contentent de critiquer les
sautions de la question d'Orient propo-
sées jusqu'ici. Nous sommes prêts à ex-
pliquer comment en devrait., suivant
noué, dénouer la crise actuelle pour ga-
rantir à la fois « les intérêts euro-
péens et les intérêts de la civilisation. »
~es deniers intérêts eh particulier neus
sont très Chers, et c'est pour cela que
nous avons toujours refusé de croire que
la Russie iu.t la nation la mieux préparée
pour porter aux populations de la. Turquie
ta liberté, la pai~etle progrès. Nous avons
exposé il y a deux jours, à propos du pro"
c$s deYéra Zassouiltch, l'état moral de la
société russe. Cette société a tous les
défauts de lademi~culturc et de la dem!-
civilisatibB. Tout !e monde à rencontré
sur son chemin des hommes qui avaient
reçu une instruction trop rapide, qui s'e-
stent rempli l'esprit d'idées et de princi-
pes mai digérés, ei. qui, dans leur précipi-
tation d'apprendre, n'avaient jamais eu
le temps de réûéchir. Ces hommes-là s'é-
prennent d'ordinaire des théories les plus
avancées, qu'ils acceptent sans contrôle
et qu'ils professent avec l'assurance va-
iii~ëusë que donne le manque de jugement.
L& société russe a fait de la même ma-
nière son éducation morale et intellec-
tuelle. Elle est passée brusquement de
l'jtgoorancepresque complète a une science
qu'elle n~a pas eu le Msir de s'assimiler
régulièrement. Etie est allée d'un Mùl bond
aux derrucrcs consciences de tous les
systèmes. Néthode dangereuse dont le
plus grand défaut est de développer un
immënSe orgtieil che~ ceux qui la sut-
vent! Comme eUe n'a ni expérience ni
sens critique, la Russie s'imagine qu'el'ë
possède la vérité absolue et qu'elle est
arrivée à une conception d& la société i
et de la civilisation bien supérieure
& celle des peUplea occidentaux. De là
à s'adjuger une mission historique pro-
videntielte il n'y a qu'un pas. La Rus-
aie fa franchi ce pas elle est partie en
guerre pour apparier aux Slaves de Tur-
quie d'abord, au monde ensuite une liberté
qu'ehe n'a jamais possédée elle-même et
qu'elle n'est pas sur le point de conquérir.
Nous ne voudrions pas qu'on nous ac-
cusàt de calomnier un grand pays pour
lequel, quoi qu'on en dise, nous n'avons
que des sentimens amicaux. A. ceux qui
dateraient de notre témoignage, nous
proposerons cetui d~tf Russe trës éclairé,
d'un slavophile très convaincu, d'un homme
qui désire, comme tous ses concitoyens,
l'émancipation générale de la race slave. II
a paru à Genève, à la un de l'année 1876,
une brochure extrêmement curieuse que
Mus avons voulu bien souvent citer sans
trouver jusqu'ici ~occasion de le Mre.
L'auteur était un ancien professeur à l'Lm-
versité de Kiew, M. Dragomanoff, destitué
de sa charge pour avoir eu l'imprudence
de favoriser le mouvement littéraire petit-
russiëh. On sait qu'il existe chez nous une
école de poëtes et d'érudits qui ont la j
-préieMioo d'avoir retrouvé ta langue
et la littérature provençales, et d'en
continuer tidèlemen-t les traditions. H
existe en Russie une école du même
genre, qui n'a pas de visées dangereu-
ses, mais qui se propose de conserver
et de rajeunir les souvenirs poétiques
et littéraires de la Petite-Russie. M. Dra-
gomanon en faisait partie. C'est la cause
de sa disgrâce. Figurez-vous, si vous <
pouvez, nn professeur de la Fa- <
culte d'Aix ou de la Faculté de Montpel- 1
lier, banni de sa chaire pour avoir col- `
la&oré à la publication de l'M<ï /M-OM- (
c<~p~, de la ~CM~ <~ ~~Mt~ ?'rn~MM ou de Li ~oM~gK~ et vous <
comprendrez le crime et le chati- }
mentdeM.Dragomauoa'.Retiréàl'étraager,
rancien professeur de Kiewa pronté de ses j e
Msirs pour publier une, brochure qui
a paru a la fin de la guerre serbe et
qui, partant du sage principe de l'Evan- t
~lle Médecin, guéris toi toi-même avait l
~our but de démontrer que la libération (
des Slaves devrait commencer par la libé- j
ration de la Russie. « Avant de songer 1
a aux autres, disait M. DragomanoH, dé- 1
livrons-nous nous-mêmes des principes, i
M des pratiques et de~ institutions turcs, j J
B et du gouvernement à la turque qui exis- i
» tent chez nous. Et, pour mettre plus en E
relief sa pensée, M. Dragomanon' inthu- fi
lait sa brochure ~M~ ~M ~o~ <~ ]
~M ~&M' Nous allons en résumer quel- c
ques passages en conservant autant que J
possible les expressions de l'auteur r
< Ce qui nous révolte en Turquie, disait-i!, s
existe également chez nous nous avons Fé-
puisement du peuple par Mutes sortes de s
taxes injustes, par un système d'impôts t
auranne et condamné depuis longtemps qui <
fait peser toutes les charges de l'Ltat sur i
le paysan, devenu ~n ~a russe; nous c
avons l'arBitrau-e effrayant des âgées du t
couvoir, l'absence compacte de garanties r
pour la sécurité et !a I:b!;rt6 individuelles; f
nous avons e:i outre ce que n'a pas t
ta tumuie l'into~éraace religieuse et ua.- (
tionaÏe. Ces itoaux sont si anciens chez r
nous, nous y sommes teUcnieDt ha.bUuque nous les regar ions avec une comptète tn- c
senstbilité et que nous avons cessé de nous en 1 1
émouvoir, quoique tout cela v~leb~n <. les < c
atrocitesbulgares xquinous révoltent. Lorsque
se sout.produits les troubles de l'Herzégovine,
provoqués par des motifs agraires, nous avons
eu precisétHKnt en diverses contréeâ a des dés-
ordres agraires. DLedistrietdeTchigirine, par
exemple, a été dépeuplé et changé en désert.
par suite de ces désordres; la même chose
s'est produite dans les gouvernemeag de Vo-
ronéje, deTchernigofT.etc. Cesdésordresagrai-
res ont même produit, depuis, une famine
chronique oaag plusieurs districts ruraux.
Pendant les derniëres années, des milliers
de personnes ont été enfermées dans des ca-
semates meurtrières ou ont été déportées
« par voia administrative )) dans les gouber-
nies éloignées; des condamnations vraiment
barbares ont ét~ prononcées dans une série
de procès politiques. Une jeûne Bile de dix-
sept ans a été condamnée aux travaux
forcés dans les mines à cause d'une petite
brochure socialiste comme il en circule des
milliers à l'Occident. Dans le feu mémo
de nos croisades morales contre les Turcs
et les Magyars, les avertissemens pleuvaient
8tjr nos journaux cinq feuiUes étaient sus-
pendues ou supprimées, et cependant, à
l'Époque de l'insurrection de la Crète, le
pnncë Gortcbabon'avait affirmé encore que
îa presse était libre en Russie. Au moment
où nous partions pour délivrer les Slaves, la
langue polonaise était exclue des tribunaux
de Pologne; l'impression de livres écrits dans
Fidiome petit-russien était défendue; il
était môme interdit de citer, dans les notes
des ouvrages historiques, les textes des do-
cumens écrits dans cet idiome les chan-
sons petites russiennes étaient prohibées
dans les concerts. Les dissidena et les sec-
taires, attendant vainement la liberté de con-
sci&nce, remplissaient les prisons et les mo-
nastères. Tout dernièrement, une loi a été
édictée pour renforcer le pouvoir des gouver-
neurs de province, loi inouïe qui leur donne la
faculté d'éclaircir et de compléter la législa-
tion par des arrêtés particuliers. La commission
Chargée de réviser le règlement des universités
s'est miss à travailler vaillamment à la
destruction do leur indépendance. Enûn,
probablement pour répondra aux musulmans
des Balkans, il a été interdit aux jeunes ni!es
de religion mahométa.ne d'exercer' la profes-
sion d'institutrice, mesure qui a sans doute
été conseillée par quelqu'un cherchant à faire
la charge d'un gouvernement occupé à récla-
mer t'c'ga!*té aos chrétiens et des musulmans
de Turquie, s
Un pareil tableau sorti de !a plume d'un
Russe n'est-il pas instructif? M. Drago-
ïnanou' trouve même que les Turcs sont,
isous certains rapports, supérieurs à ses
concitoyens. Eu Turquie, chacun a la fa-
culté de passer à son gré « d'une secte de
giaours dans une autre. M. Katkon' lui-
même, le fameux rédacteur de la 6~./tfMM~, a découvert qu'il y avait beau-
coup plus d'écoles primaires dans les pro-
vinces turques qu'en Russie. D'autre part,
il est incontestable que la presse est bien
plus libre à Constantinople qu'à Saint-
-Pétersbourg. Mais nous continuons à tra-
duire M. Drag'omaaoif en le résumant,
sans altérer en rien Di sa. pensée ni
son style:.
c En un mot. un Etat où, sous forme d'au-
tocratie, domine un épouvantable arbitraire
administratif; où les priviiégea des classes
existent encore dans le système d'impôts où
règne la méthode de russification forcée d~
tout ce qui n'est pas russe où l'Eglise domi-
nante est soutenue par la po)ice; où il
n'existe aucune trace de liberté indivi-
duelle, un pareil Etat uo peut pas sou-
tenir la cause de la liberté et du M~o-
OfM'MMMM~ parmi les Slaves de la Turquie.
L'influence d'un pareil Etat sur les Slaves dé-
livrés du régime turc ne peut être que fu-
neste et ne peut produire chez les Serbes, les
Bulgares, etc., qu'une haine qui se portera
facilement du gouvernement russe à. la na-
tion russe elle-même, a
A défaut du gouvernement, la société
russe, dans son état actuel, est-elle capa-
ble d'entreprendre avec fruit l'oeuvre de
la civilisation des Slaves? Au moment où
M. Dragomanofi écrivait, les volontaires,
qui représentaient très exactement ce! te
société, venaient de tenter l'entreprise en
Serbie. Voici comment l'écrivain russe
appréciait leur œuvre
o La société russe, élevée par un pareil
gouvernement, ne vaut pas mieux que lui, et
on peut en juger par les volontaires qui sont
allés soutenir les Serbes dans la guerrd contre
loa Turcs. Ce mouvement de volontaires, g) ace
à l'enthousiasme facile du public russe, a
été salué dans la presse comme une preuve *e
que la société russe était arr.véo à la
maturité et qu'elle était capable d'agir par
eUe-mème. Eh bien! voyons un peu quels
principes, quelles habitudes, quels procédés
a apportés aux Serbes la « mûre société
russe? B On a passé aux volontaires leur ivro-
gtit'rie à cause de Itur incontestable bra-
voure on leur a passé pour le même motif l'ir-
régularité etiesans-gêneavec lesquels ils trai-
taient les questions pécuniaires; mais bien-
tôt d'autres mœurs ont apparu. La plu-
part de ces volontaires étaient des offi-
ciers qui s'étaient formés à un arbitraire et à
une violence sans contrôle au Caucase, en
Pologne, etc. Aussi, pendant les quelques
mois de la guerre serbe, il s'est développé le
long du Danube Meu, de la Sava et de la
Morava un système df gifles et de coups de
poing sur la mâchoire (~Mr~oM/M) dont ou n'a
jamais eu l'idée chez nous, môme dans les
goubernies les plus éloignées. Tout le monde,
soldats et paysans, étudians des Univer-
sités et professeurs de collège, Serbes et
Bulgares ont été soumis à ce même pro-
cédé de civiiisation. C'est de cette manière
qu'on a tenté d'apprendre aux Serbes et aux
Bu.!gat'fs l'art militaire. et uon seulement
nos officiers d'infanterie de ligne, mai~ encore
nos journalistes qui sont allés en Serbie, ne
semblaient pas se douter que les Serbes,
voira même les Bulgares, avaient conservé
sous le joug peu compliqué des Turcs.
un sentiment beaucoup plus vif de la liberté
et de l'inviolabilité personnelle que cflui que
nous éprouvons, nous autres Russes, habitués
depuis tMtt de siècles à notre despotisme, à
notre poîice, à notre tabieau- de rarchie bureaucratique). Us n'ont pas compria
qu't-n Turquie, gr&co à l'état primitif delà
tyrannie ottomane, il y avait beaucoup plus
d'égalité et de liberté que chez nous, et qu'il
y en avait surtout en Serbie, où la nouvelle
génération a été élevée dans la liberté politi-
que et constitutionnelle. Les Serbes et les
Bulgares n'ont pu voir en nos volontaires que
dea ~bachi-bozouks russes e, et il leur est per-
j~s~fr ~<' 'f
Dtisda dife au.}o~rdhui qu'ils ont fait con-
M)~~ce~a'v~c une a Russie turque. Et que
pen~~ot~e'Q~ae e nos compatriotes qui par-
lent aprts~fëla de délivrer encore d'autres
Slaves, Isa Slaves de l'Autriche, de !a Hon-
grie, de la Prusse, de la Roumanie, etc.?
Tant que lo régime turc existe chez
nous, il est ridicule d'ouvrir la bouche
pour demander la délivrance d°s frères sla-
ves habitant l'Autriche) l'Allemagne et la
Roumanie. Le Slovaque, qui est soi-disant
opprimé par les Magyars, et même le juif f
roumain, ~ouit de beaucoup plus de liberté,
non seulement individueile. mais nationale,
que n'en ont en Russie, nous ne disons pas
~n Polonais, un Lithuanien, un Ukrainien, un
Georgien, mais tout membre de la race domi-
nante grande-russe l'habitant de Moscou,
qui ne peut faire un pas sans ta permission de la
police le représentant de la presse russe pa-
triotique lui-même qui, sur un signe parti de
quelque bureau, peut disparaître avecson pa-
triotisme, avec son travail de plusieurs an-
nées, avec son journal, et tous ses biens.
Il .résultai), donc de l'expédition de
Serbie, pour tout observateur impartial,
fût-il Russe d'origine, que la Russie
n'était pas mûre pour entreprendre
l'œuvre de la régénération de l'Orient.
L'expédition de Buigarie a confirmé cette
première démonstration. On se rappelle
l'échec piteux des projets du prince *e
Tcherkassky, échec tellement humiliant
qu'il a amené la mort du prince. Pour cou-
per court aux difficultés, les Russes ont
tout simplement soumis la Bulgarie au ré-
gime militaire, à l'aide des procédés décrits
par M. DragomanoiF et suivant le système
philanthropique et progressiste inauguré
en Serbie. Il en résulte, comme nous l'ap-
prennent nos dépêches d'aujourd'hui, une
sanglante insurrection. L'épreuve est donc
complète, et nous avons le droit de
dire que le traité de San-SLefanô n'est
pas une solution vraiment européenne,
libérale et civilisatrice de la question
d'Orient. Les Russes peuvent conquérir
la Turquie, ils ne peuvent pas la régé-
nérer. Une semblable mission ne saurait
être remplie par un peuple qui a besoin
de se délivrer et de se réformer lui-même
avant de délivrer et de réformer les
autres. Mais si la solution purement
russe est mauvaise, y en a-t-il une de
bonne à proposer à la place? Nous le
croyons fermement pour notre compte,
et nous essaierons de le prouver en re-
pondant à la F
BOURSE DE PAMS
Cïe~Mfe t< 23. t9 2i. tSaosee. N~!M<
se/w
Comptant. 72 35~. -?34'i.
Fin COUT ~371,2 72 M. 712
At/XtKt/e
Comptante SO.~ 102 M.
ae/a'
Comp~nHM6SJ.'iM'?S.10.
F:ncMr.lC9C'i.{0970. S.
PNTITE BOURSE DU SO!?.
Emprunt S 0/0. l09f.60,M,'i3,S)
30/0. M&.35.
Extérieur nou.veau. 29 3/8.
Florins (or). S8~16,<1.2
Egyptiennes 6 0/0.. tMfc.5<,)M.
~Nous recevons de notre corresponda.n,t par-
ticulier la dépèche suivante
« Berlin, le 21 avril, soir.
K L'ajournement du voyaga de l'empereur
à 'Wiosbaden donue lieu à des interprétations
diverses. Les uns y découvrent un indice de
la gravita de lu situation qui se compli-
querait chaque jour davantaga les autres,
au contraire, mais ce n'est pas le plus grand
nombre, y voient la preuve que les pourpar-
lers aboutiront plus prochainement qu'on ne
pense à la réunion du Congrès ou au moins
d'une Conférence préliminaire. On remarque
que la 6'o/')'&~oN~MC~ jp?'opM:c:~c ( organe
prussien semi-officiel, h'-bdomadairf), dans
une Note qu'elle consacre aujourd'hui aux
négociations préparatoires. ;ne dit pas un mot
soit des résultats qu'elles ont déjà produit,
soit de ceux qu'on en peut attendre .encore.
» La polémique qui s'est engagée entre la
pressé officieuse et la presse libérale depuis
le dernier remaniement ministériel va tou-
jours en s'échauffant; ce qui peut faire pré-
sager une fin de session orageuse, sinon la
dissolution du Reichsiag. »
MtégMpMe pfSTée.
(Service télégraphique do t'agence Havas.)
Londres, le 24 avril.
Le 7'MKM publie la dépêche suivante
Constantinople, le 23. Une insurrection de la
population musulmane a éclaté en Bulgarie, sur
un territoire de plus de <0,0(M milles anglais
carrés qui commence entre Tatar-Bazardjik
et PhilippopoU et qui s'btend jusqu'à Gumuld-
schinia et Tchirmen, point frontière de la nou-
velle Bulgarie sur la gauche d'Andrinople.
Les insurgés tiennent en éveil 30,000 Russes.
Cette insurrection a été amenée par l'intoléra-
ble oppression du régime russo-bulgare et par
la conduite dos Bulgares, qui enlèvent tes femmes
turques.
Un engagement sanglant et indécis a eu lieu le
18 de ce mois à Demotioa. Les Russes ont perdu
dans cette affaire SOO hommes, dont 8 ofticiers
qui ont été tués.
Le commandant russe a Dcmottca a demandé
des renforts. 2.000 hommes d'infanterie et deux
sotnias de cosaques ont été envoyés d'Andri-
nople.
Les demandes de renforts ont beaucoup réduit
les garnisons d'AndrinopIe et de Philippopoli.
Constantinople, le 24 avril.
Les paysans musulmans et les Pomaks de
Thr'ce qui se sont souievéa dans la région des
monts Rhodope sont, dit-on, au nombre de
tS.i'tûO environ~ tous bien armés et possédant
trois canons.
Dans les engagemens qui ont eu lieu avec les
Russes, il y a ou plusieurs centaines de morts et
de blessés des deux côtés.
Constantinople, le 24 avril.
Le grand-duc Nicolas, recevant lundi la d~pu-
tatioa des notables bulgares qui lui présentaient
une Adresse de remercîmens, a recommandé la
concorde entre les chrétiens et les musulmans
de Bulgarie.
Le grand-duc a invité les ministres et les géné-
raux turcs à assister a la revue qui sera passée
lundi..
L'insurrection des musulmans et des Pomaks
(Bu)gares convertis a l'islamisme) prend de l'ex-
tension dans la partie sud-est des monts Rho-
dope. Les Russes envoient de nouveaux renforts
contre les insurgés.
Athènes, le 24 avril.
L'opinion des Grecs; & Athènes comme a Con-
stantinople, sur la manière de résoudre la crise
orientale peut se résumer ainsi
f Retr'-ite des Russes au delà des Balkans
2" Cession au royaume de Grèce dos provinces,
indiscutablement helléniques, de la Candie et des
ites de l'Archipel
3* Les autres provinces resteraient sous la do-
mination ottomane et seraient dotées de larges
prérogatives gouvernementales avec la garantie
de l'Europe.
Sur ces bases, de grands efforts se font depuis
quelques jours pour un armistice dans les pro-
vinces de Thessalie. d'Epire et de Macédoine, par
l'entremise de l'Angleterre
Vienne, le 24 avril, soir.
La Csuivante de Bucharest
« La crainte que les Russes n'occupent subite-
ment Bucharest va croissant. Les Russes sont
campés à 20 kilomètres de la capitale.
o Le bruit court que les Russes veulent amener
!e prince à former un cabinet Florescu-Cretzu-
lescu, atin d'obtenir une nouvelle convention mi-
litaire rédigée dans l'esprit du l'article 8 du traité
de pahc.
II parait même que les Russes ont envoyé un
ultimatum dans ce sens.
& La concentration de l'armée roumaine dans
la Petite-Valachie est déjà achevée. u
Constantinople, le 23 avril, soir.
L'état sanitaire s'est amélioré à Thérapia. Le
départ des ambassades pour cette localité est
prochain.
Cologne, le 23 avril.
La vante
vante <: Vienne, le 23 avril.
))Sir H. E'iiot. ambassadeur d'Angleterre àVienne~
a eu aujourd'hui une longue conférence avec le
comte Andrassy. La situation de l'Orient a été le
sujet de 1' ntretien. Sir H. Elliot a transmis au
comte Andrassy d'importantes communications
de son cabinets
» Ces communications, ainsi que la réponse du
comte Andfassy. sont encore enveloppées du se-
cret le plus absolu. &
Athènes, le 23 avril, soir.
Après un armistice de cinq jours conclu par
l'entremise des consuls anglais, entre les Turcs
et les insurgés thessaliens, les consuls ont en-
gagé les insurgés à remettre le sort sa~'e aux délibérations de l'Europe.
Les insurgés ont refusé de déposer les armes,
en alléguant la crainte de voir renouveler les
atrocités passées. Ils ont déclaré qu'ils étaient
décidés à combattre pour obtenir leur annexion
a la Grèce.
On espère que les consuls feront prolonger
l'armistice et qu'ils obtiendront de la Porte des
garanties de sécurité pour les familles chrétien-
nes et pour l'existence des insurgés.
Londres, le 24 avril.
Le ftMM publie les nouvelles suivantes
Bertin, le 23.– Dans les dernières négociations,
il n'a même pas été fait mention de la réunion
d'une Conférence préliminaire.
On croit ici que l'empressement des Russes à
négocier le retrait simultané de leurs troupes rt
de la flotte anglaise indique simplement leur dé-
sir de temporiser.
Saint-Pétersbourg, le 23. Les négociations
relatives au retrait simultané des troupes russes
et de la tlotte anglaise avancent lentement. Le
bruit a couru que le prince de Bismarck enten-
dait abandonner toute nouvelle tentative de con-
ciliation. Mais les cercles bien informés n'ajou-
tent aucune foi a ce bruit, bien qu'on n'ait, en
général, qu'une faible conilance dans le succès
déiinitif des négociations.
San-Stefano, le 23. D'après des lettres par-
ticulières, le général Miloutiue, ministre de la
guerre, doit prendre le commandement des forces
russes du Caucase, et le général KauH'mann doit le
remplacer comme ministre,
La Russie fait de grands préparatifs militaires
en Asie.
Vingt-cinq régimcns de cosaques doivent être
levés.
On assure 'qu'une expédition d'Orenbourg à
Tachkend est en voie d'organisation.
Le général Skobeletï jeune est malade de la
nèvre.
Bucharest, le 23. Les avant-postes du
~t" corps d'armée russe sont à une heure de
marche de Bucharest.
Le ~tMta!~ publie la nouvelle ci-après
Vienne, le 23. La Russie, craignant que les
Turcs ne permettent aux Anglais d'occuper, en c? s
de guerre. les forts qui bordent le Bosphore, de-
mande à l'Allemagne de garantir la ligne de dé-
marcation. Le prince de Bismarck examine cette
question.
On télégraphie de Saint-Pétersbourg au Daily
~VOM
« L'idée d'une Conférence pré!iminaira a été ad-
optée en principe.
» On annonce que l'entente semble assurée sur
la question du temps nécessaire aux troupes rus-
ses et à la Hotte anglaise pour regagner leurs
positions respectives actuelles.
» Mais l'Angleterre soulève de nouvelles diffi-
culté." se rattachant su, passage des Dardanelles,
et elle insiste de nouveau pour que la Russie dé-
clare officiellement qu'elle considère la communi-
cation du traité aux puissances comme équiva-
lant à sa soumission devant le Congrès ~M<:CM:~
it ~0~ Me COM~'fM). ? »
On télégraphie de Vienne au même journal
« Sur la demande de l'Allemagne, l'Italie prête
son concours à la médiation. »
Le Da<7y TMe~A annonce, dans. une dépêche
de Constantinople, que le Parlement, bulgare doit
s'assembler à Tirnova le 1" mai.
Londres, le 24 avril.
Le comte de Munster, ambassadeur d'Alle-
magne à Londres, doit faire une visite à lord
Sahsbury, aujourd'hui à Hartfietd, où se trouve
déjà. lord Beaconstleid.
Leva être échangée entre le cabinet de Londres et
celui de Lisbonne, relativement aux procédés du
commandant d'un navire de guerre angtais qui a
inspecté un navire portant pavillon portugais,
suspect d'avoir des esclaves à bord.
Le même journal apprend de bonne source que
treize ofuciers russes appartenant à l'arme du
génie sont arrivés ces derniers jours à Rome. en
route pour Suez et le golfe Persique. lis doivent
rentrer en Russie par la Perse.
Rome, le 23 avril.
La jB?'/b~Kcial hellénique.Elle ajoute que M.Paparrigopoulos,
le chargé actuel des affaires de la Grèce, est le
seul intermédiaire entre les cabinets de Rome et
d'Athènes.
L'ambassadeur persan a diné hier soir au Qui-
rinal.
Rome, le 24 avril.
Le Père Curct est arrivé ici. On assure qu'il
est venu à la suite d'une invitation du Pape qui
désirerait avoir son concours dans la direction
des atfaires de l'Eglise.
Hambourg, le 2~ avril, soir.
Le prince de Bismarck, qui est a Friedrichsruhe,
est atteint de l'A~MM. Sa famille est auprès
de lui. Son médecin ordinaire, le docteur Struck,
qui était à Wiesbaden, a été appelé. En atten-
dant, c'est le docteur Andressen qui soigne le
chancelier.
Madrid.ie23avrU.
CûM~ Le ministre des Bnances,'répondant
à une interpeltation, déclare qu'il a emprunté a
la Banque d'Espagne 40 millions de reaux au
taux de 6 0/0 et avec la garantie des titres con-
solidés 3 0/0. <
M. Cardenas combat cet emprunt.
La discussion continue.
La. résolution prise par la Russie d'oc-
cuper eif Roumanie des positions stra-
tégiques a amené dans ces derniers temps
divers mouvemens soit dans l'armée rou-
maine, soit dans l'armée russe. La pre-
mière, cantonnée à Turn-Severin, à Kalafat
et à Crajova, opère de façon à maintenir
ses communications avec la ligne des Kar-
pathes, derrière laquelle elle se retirerait
si la Russie manifestait l'intention de la
désarmer. Déjà elle est rassemblée en
partie derrière l'Aluta. Quant à l'armée
russe, elle s'étale pour ainsi dire de plus
en plus sur toute la partie orientale de la
Roumanie. Elle y a pris possession de toutes
les lignes de chemins de 1er elle occupe
entièrement la voie qui mène de Reni à
Bolgrad, tout le cours du Danube de-
puis son embouchure jusqu'à Cala-
raschi en Bessarabie, et, au centre
de la Valachie, elle est établie sur les
deux rives de l'Argisch. Il se peut
que l'occupation de ces différens points
soit faite autant en vue de tenir l'Au-
triche en échec et d'envahir au be-
soin la Bukovine et la Transylvanie que
pour assurer la ligne de retraite de l'ar-
mée russe dans le cas où la flotte an-
glaise lui fermerait ses communications
du côté de la mer. D'après ces derniers
mouvemens de troupes, la position des
divers corps de l'armée d'invasion se
trouve ainsi modifiée Le grand-duc Ni-
colas menace Constantinople à la tête de
65,000 hommes, y compris la garde im-
périale. Le général Radetsky, avec
2~i,000 hommes, occupe la ville d'Andri-
nople et ses environs. Une série de pos-
tes militaires assure ses communications
avec le versant septentrional des Balkans.
Le corps du général Zimmermann, après
avoir mis garnison à Silistrie, est rentré
en Roumanie, où il a pris position à Reni,
à Galatz et à Braïla. Celui du czarévitz,
après avoir aussi laissé une garnison à
Roustchouk, s'est replié, parGiurgewo,
sur Bncharest, et est échelonné de ma-
nière à maintenir toutes les communica-
tions par les voies ferrées. Enfin, un dé-
tachement considérable a été acheminé,
par Widdin, vers la Petite-Valachie, où
une forte partie de l'armée roumaine était
encore concentrée à la date des dernières
nouvelles.
Dans son Numéro du 14 avril, la ~F~
Z~?~7 contenait d'intéressaus détails sur
l'état sauitaire de ces différens corps d'ar-
mée, détails empruntés vraisemblable-
ment aux rapports officiels des agens
consulaires de l'Autriche. Il résulte de
ces documens que l'épidémie typhoïde
qui décime l'armée d'invasion a d'abord
eu son point de départ et son centre dans
les hôpitaux de campagne de Frateschti
il a fallu les évacuer et transporter les
malades à Giurgewo. D'après les asser-
tions des médecins militaires, l'épidémie,
encore très sérieuse en Bulgarie, tendrait
à diminuer en Roumanie, où le nombre
des décès ne serait plus en moyenne que
de 30 par semaine. Ce sont toujours
les districts de Simnitza et de Fra-
teschti qui fournissent les statistiques
les plus mauvaises. Dans la Bulgarie su-
périeure, l'enterrement et la désinfec-
tion des cadavres s'eifectuent avec une
grande lenteur. Quoiqu'il soit encore très
difficile d'obtenir des renseignemens di-
gnes de foi sur ce pays, on sait cepen-
dant que le typhus et les aGections scro-
fuleuses s'y sont développés dans de très
larges proportions parmi les troupes rus-
ses. Les hôpitaux de Sistova, de Biéla et
de Tirnova sont encombrés, et cette situa-
tion est encore aggravée par l'impossi-
bilité d'en faire sortir les convalescens.
A Roustchouk, on a été obligé de transfor-
mer en ambulances un grand nombre de
maisons particulières; on annonce, du
reste de Saint-Pétersbourg que l'on va
former une commission sanitaire sous la
direction du général Foullon. Telle est la j
triste rançon de la victoire.
A une autre extrémité du théâtre de la ]
guerre, la situation donne lieu à des con-
sidérations d'un autre ordre, mais égale- <
ment dignes d'intérêt. Ainsi, les* avis les i
plus récens parvenus du Montenegro c
à Cattaro et à Raguse ont inspiré au ça- (
binet de Vienne de sérieuses appréhen-
sions. Le prince Nikita est loin d'être satis- }
fait de l'accroissement de territoire qui lui (
a été promis par le traité de San-Stefano, (
et il s'est mis aussitôt en mesure de .s'as- t
surer des avantages plus considérables. 1
Le traité n'avait stipulé en sa faveur que I
la cession d'un port sur l'Adriatique, 1
sans désignation certaine. Au lieu d'un, r
il en a pris trois Antivari, Dulcigno et
Durazzo; en outre, ses troupes occupent 1
toute la plaine de la Bojana. La popula- s
tion de ces divers districts, principale- c
ment composée de Grecs, d'Albanais et a
de Tares, est soumise par les envahis- s
seurs à toute sorte de privations et de
mauvais traitemens. Elle a fait appel aux &
autorités consulaires autrichiennes, qui
ont transmis au gouvernement austro- g
hongrois l'expression de ses griefs. D'a- d
près une dépêche de Vienne en date du j:
15 avril, le comte Andrassy aurait ré- d
pondu qu'il lui était impossible de rien
faire en faveur de ces malheureux habitans
avant la réunion du Congrès, c'est-à-dire~
selon toute probabilité qu'il les a ren-
voyés aux calendes grecques mais, en
réalité, le chancelier impérial d'Autriche.
ne pouvait guère leur faire d'autre ré-
ponse. En attendant, il règne à Antivarf
et dans le voisinage de ce port un grand
mécontentement au sujet du traité de
San-Stefano. Dans toute l'étendue du dis-
trict compris entre Dulcigno et la Bojana,
la population manifeste la plus vive op-
position à une annexion au Monténégro
elle refuse de se laisser incorporer dans
la petite armée du prince Nikita, et,
sans distinction de croyance, tous les ha-'
bitans témoignent hautement de leur dé-
sir de passer sous la domination autri-
chienne. Ces dispositions hostiles au Mon-
tenegro ont excité à Cettinié une grande
inquiétude, d'autant plus que la popula-
tion de Spizza ne dissimule pas qu'elle
partage les mêmes sentimens. On craint
même qu'un soulèvement n'éclate dans
cette dernière ville. Aussi le gouverne-
ment monténégrin s'est-il empressé
d'occuper les forts de Nehap et de
Golbrovo, dont il a expulsé les anciennes
garnisons, composées presque exclusive-
ment de Spizzanetes. Un fort détachement
de soldats monténégrins est actuellement
occupé à fortiner Punta di Volovizza, du
côté de la terre et du côté de la mer.
En Herzégovine, nous constatons une
situation tout à fait diSérente. Là, une
grande partie des habitans protestent con-
tre le maintien de la domination turque
dans leur pays. Quarante-deux chefs d'in-
surgés, après s'être réunis à Cettinié, au
commencement de ce mois, pour y confé-
rer avec le gouvernement monténégrin,
se sont rendus le ~4 avril à Popovo a6n
d'y organiser des bandes armées sous la
bannière du prince Nikita. On voit que
le malencontreux traité par lequel la
Russie croyait avoir assuré le règlement
amiable des anaires d'Orient, loin de sim-
ptiner les questions, les a davantage en-
core embrouillées. Elle n'a réussi qu'à
mécontenter tout le monde, Roumains,
Monténégrins, Herzégoviniens, et peut-
être serait-on fondé a dire, au point où
les choses en sont maintenant arrivées,
qu'il n'est pas bien sûr qu'elle même ait
actuellement sujet de s'en applaudir.
ERNEST DOTTAIN.
On nous écrit de Madrid, le 21 avril
a Le Diario ~e Barcelone a publié, le 9 de'
ce mois, une lettre de son correspondant de~
Madrid sur la situation actuelle du gouver-
nement et des partis politiques. Cette lettre,
signée Mamerto, pseudonyme dont se couvre
le général SMichezBregua, ancien sous-se-
crétaire d'Etat à la guerre pendant le mini-
stère de Prim et ancien capitaine-général de
la Galice, est très importante par les révéla-
tions qui y sont faites et qui proviennent de
renseignemens puisés, dit-on, aux meilleures
sources. Je ne suis donc pas étonné qu'elle
ait eu un grand retentissement et qu'elle ait
donné lieu à de nombreux commentaires, soit
dans la presse, soit dans les cercles politi-
ques. Mamerto a résumé en e8et, dans ses
appréciations, les pensées et les craintes que
l'on entrevoit dans les régions officielles.
n Suivant ce correspondant, deux partis
seulement sont aujourd'hui assez forte-
ment organisés pour pouvoir aspirer à pren-
dre la succession de M. Canovas ce sont le
parti constitutionnel et le parti modéré his-
torique mais ils ne recueilleront pas encore
cette succession. Le premier, il faut bien lo
dire, n'a pas réussi jusqu'à présent à dissiper
les ménances qui existent contre lui à l'état
latent; il les entretient, au contraire, par
une politique étroite et équivoque. Un mi-
nistère entièrement constitutionnel ne pourra
donc prendre la succession du ministère ac-
tuel que si des circonstances imprévues l'im-
posent comme une nécessité suprême du mo-
ment. Quant au second, on doit le con-
sidérer comme une sorte de réserve à
laquelle il ne conviendra de recourir que
lorsque des événemens inattendus rendront
indispensable une. politique de combat et de
force.
D Le seul héritier possible de M. Canovas
estM.Posadà Herrera. Ce dernier, en eSet,
est descendu de sa propre volonté du pié-
destal où les circonstances l'avaient placé, et
s'est retiré à Lianes sans y avoir été con-
traint par aucune manifestation hostile de
l'opinion publique, ce qui augmente son
prestige au lieu de le diminuer; il s'est retiré,
en un mot, pour ne pas se livrer prisonnier
à l'Opposition. Suivant Mamerto, l'attitude
de M. Posada Herrera est celle que je vais in-
diquer. Cet homme d'Etat ne s'est pas séparé
de la partie la plus importante de la majorité
actuelle et ne recherche pas le pouvoir pour
le pouvoir lui-même, mais il l'acceptera
comme un sacrifice imposé à son patriotisme
quand M. Canovas jugera opportun de se re-
tirer, et il respectera, tout en l'améliorant,
l'organisation actuelle, et surtout l'élément
militaire. M. Canovas, qui se rend parfaite-
ment compte de cette attitude, craint qu'un
ministère présidé par M. Posada Herrera ne
manque de force et ne présente des dangers
pour la réorganisation des partis politiques.
Il ne pourra néanmoins empocher qu'une
solution qui revêt un caractère de con-
ciliation et de tolérance, et une tendance à
aplanir toutes les aspérités politiques, ne
s'impose un jour par l'esprit patrioti-
que et désintéressé qu'elle représente, et
surtout par cette considération qu'aucun
homme ne réunit comme M. Posada Herrera
les conditions de talent et de position néces-
saires pour pouvoir le remplacer au moment
d'une crise générale. On ne sait pas et on ne
peut pas prévoir quand le président du conseil
donnera sa démission. Aujourd'hui, il se croit
JEBMMAm
i878.
p~ S'ABONîME 1'
Me des Pretres-Sain~Ctennain-rAuxerrois, i?.
ww~ttMt~ABOMMBm~nr:
t!na&. giimots. Trois mo!ft.
D&pMtemeM. 80 tf. 40 &, zo tr.
Bans. M&. 36 &. i8fr.
JMMMAm
i878.
ON S'ABONfanB
d tu Belgique, en Italie..
dans le Luxembourg, en Turquie,
on Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans te<
régences du Maroc et. de la Tunisie,
en Chine et au Japon,
.m moyen d'une valeur payable a Paris ou do
mandats-poste, soit internationaux, soit Crançai<.
en AUemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
Chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays
PM l'envoi d'une valeur payaMe & r* -t
etKzBM.~
<, place de la Bôurae,
tUMaeiYenttoujoursetreagteeoapar ta tedMttMt.
JMfMAL BES DEBATS
POMTKUJES EÏ HTTËRAMES
Les $bonMmeM pMtent des i"
~m~MMm~ M<<
~~aM«MMiw, MKHma~M. M ««$.
M~nitéM, apply te Ce~te and C°, foretgB~ews-
Mpaft omce, t7, Sresham street, G. P'O.,
mN~ethy, ib
iMtStN~d.W C, London.
AIM~M,~ l'O~M <{< ~tM~M, 46, Mede~
]~dHM8të' ~ans les Mo~ques et dans !ed M.
bbJl e, dans es kioq~es et dans Idé bi··
M
PAMS
~ERCREM 34 AVR!L
Nous attendrons~ pour répondre à l'ar-
ticle de la Fc~ dont notre correspondant
de Berlin nous a adressé le résumé télé-
graphique, qile ë?t article soit tout entier r
sous nos yeux. Nous ne sommes pas de
ceux qui se Contentent de critiquer les
sautions de la question d'Orient propo-
sées jusqu'ici. Nous sommes prêts à ex-
pliquer comment en devrait., suivant
noué, dénouer la crise actuelle pour ga-
rantir à la fois « les intérêts euro-
péens et les intérêts de la civilisation. »
~es deniers intérêts eh particulier neus
sont très Chers, et c'est pour cela que
nous avons toujours refusé de croire que
la Russie iu.t la nation la mieux préparée
pour porter aux populations de la. Turquie
ta liberté, la pai~etle progrès. Nous avons
exposé il y a deux jours, à propos du pro"
c$s deYéra Zassouiltch, l'état moral de la
société russe. Cette société a tous les
défauts de lademi~culturc et de la dem!-
civilisatibB. Tout !e monde à rencontré
sur son chemin des hommes qui avaient
reçu une instruction trop rapide, qui s'e-
stent rempli l'esprit d'idées et de princi-
pes mai digérés, ei. qui, dans leur précipi-
tation d'apprendre, n'avaient jamais eu
le temps de réûéchir. Ces hommes-là s'é-
prennent d'ordinaire des théories les plus
avancées, qu'ils acceptent sans contrôle
et qu'ils professent avec l'assurance va-
iii~ëusë que donne le manque de jugement.
L& société russe a fait de la même ma-
nière son éducation morale et intellec-
tuelle. Elle est passée brusquement de
l'jtgoorancepresque complète a une science
qu'elle n~a pas eu le Msir de s'assimiler
régulièrement. Etie est allée d'un Mùl bond
aux derrucrcs consciences de tous les
systèmes. Néthode dangereuse dont le
plus grand défaut est de développer un
immënSe orgtieil che~ ceux qui la sut-
vent! Comme eUe n'a ni expérience ni
sens critique, la Russie s'imagine qu'el'ë
possède la vérité absolue et qu'elle est
arrivée à une conception d& la société i
et de la civilisation bien supérieure
& celle des peUplea occidentaux. De là
à s'adjuger une mission historique pro-
videntielte il n'y a qu'un pas. La Rus-
aie fa franchi ce pas elle est partie en
guerre pour apparier aux Slaves de Tur-
quie d'abord, au monde ensuite une liberté
qu'ehe n'a jamais possédée elle-même et
qu'elle n'est pas sur le point de conquérir.
Nous ne voudrions pas qu'on nous ac-
cusàt de calomnier un grand pays pour
lequel, quoi qu'on en dise, nous n'avons
que des sentimens amicaux. A. ceux qui
dateraient de notre témoignage, nous
proposerons cetui d~tf Russe trës éclairé,
d'un slavophile très convaincu, d'un homme
qui désire, comme tous ses concitoyens,
l'émancipation générale de la race slave. II
a paru à Genève, à la un de l'année 1876,
une brochure extrêmement curieuse que
Mus avons voulu bien souvent citer sans
trouver jusqu'ici ~occasion de le Mre.
L'auteur était un ancien professeur à l'Lm-
versité de Kiew, M. Dragomanoff, destitué
de sa charge pour avoir eu l'imprudence
de favoriser le mouvement littéraire petit-
russiëh. On sait qu'il existe chez nous une
école de poëtes et d'érudits qui ont la j
-préieMioo d'avoir retrouvé ta langue
et la littérature provençales, et d'en
continuer tidèlemen-t les traditions. H
existe en Russie une école du même
genre, qui n'a pas de visées dangereu-
ses, mais qui se propose de conserver
et de rajeunir les souvenirs poétiques
et littéraires de la Petite-Russie. M. Dra-
gomanon en faisait partie. C'est la cause
de sa disgrâce. Figurez-vous, si vous <
pouvez, nn professeur de la Fa- <
culte d'Aix ou de la Faculté de Montpel- 1
lier, banni de sa chaire pour avoir col- `
la&oré à la publication de l'M<ï /M-OM- (
c<~p~, de la ~CM~ <~ ~~Mt~ ?'rn~MM ou de Li ~oM~gK~ et vous <
comprendrez le crime et le chati- }
mentdeM.Dragomauoa'.Retiréàl'étraager,
rancien professeur de Kiewa pronté de ses j e
Msirs pour publier une, brochure qui
a paru a la fin de la guerre serbe et
qui, partant du sage principe de l'Evan- t
~lle Médecin, guéris toi toi-même avait l
~our but de démontrer que la libération (
des Slaves devrait commencer par la libé- j
ration de la Russie. « Avant de songer 1
a aux autres, disait M. DragomanoH, dé- 1
livrons-nous nous-mêmes des principes, i
M des pratiques et de~ institutions turcs, j J
B et du gouvernement à la turque qui exis- i
» tent chez nous. Et, pour mettre plus en E
relief sa pensée, M. Dragomanon' inthu- fi
lait sa brochure ~M~ ~M ~o~ <~ ]
~M ~&M' Nous allons en résumer quel- c
ques passages en conservant autant que J
possible les expressions de l'auteur r
< Ce qui nous révolte en Turquie, disait-i!, s
existe également chez nous nous avons Fé-
puisement du peuple par Mutes sortes de s
taxes injustes, par un système d'impôts t
auranne et condamné depuis longtemps qui <
fait peser toutes les charges de l'Ltat sur i
le paysan, devenu ~n ~a russe; nous c
avons l'arBitrau-e effrayant des âgées du t
couvoir, l'absence compacte de garanties r
pour la sécurité et !a I:b!;rt6 individuelles; f
nous avons e:i outre ce que n'a pas t
ta tumuie l'into~éraace religieuse et ua.- (
tionaÏe. Ces itoaux sont si anciens chez r
nous, nous y sommes teUcnieDt ha.bUuque nous les regar ions avec une comptète tn- c
senstbilité et que nous avons cessé de nous en 1 1
émouvoir, quoique tout cela v~leb~n <. les < c
atrocitesbulgares xquinous révoltent. Lorsque
se sout.produits les troubles de l'Herzégovine,
provoqués par des motifs agraires, nous avons
eu precisétHKnt en diverses contréeâ a des dés-
ordres agraires. DLedistrietdeTchigirine, par
exemple, a été dépeuplé et changé en désert.
par suite de ces désordres; la même chose
s'est produite dans les gouvernemeag de Vo-
ronéje, deTchernigofT.etc. Cesdésordresagrai-
res ont même produit, depuis, une famine
chronique oaag plusieurs districts ruraux.
Pendant les derniëres années, des milliers
de personnes ont été enfermées dans des ca-
semates meurtrières ou ont été déportées
« par voia administrative )) dans les gouber-
nies éloignées; des condamnations vraiment
barbares ont ét~ prononcées dans une série
de procès politiques. Une jeûne Bile de dix-
sept ans a été condamnée aux travaux
forcés dans les mines à cause d'une petite
brochure socialiste comme il en circule des
milliers à l'Occident. Dans le feu mémo
de nos croisades morales contre les Turcs
et les Magyars, les avertissemens pleuvaient
8tjr nos journaux cinq feuiUes étaient sus-
pendues ou supprimées, et cependant, à
l'Époque de l'insurrection de la Crète, le
pnncë Gortcbabon'avait affirmé encore que
îa presse était libre en Russie. Au moment
où nous partions pour délivrer les Slaves, la
langue polonaise était exclue des tribunaux
de Pologne; l'impression de livres écrits dans
Fidiome petit-russien était défendue; il
était môme interdit de citer, dans les notes
des ouvrages historiques, les textes des do-
cumens écrits dans cet idiome les chan-
sons petites russiennes étaient prohibées
dans les concerts. Les dissidena et les sec-
taires, attendant vainement la liberté de con-
sci&nce, remplissaient les prisons et les mo-
nastères. Tout dernièrement, une loi a été
édictée pour renforcer le pouvoir des gouver-
neurs de province, loi inouïe qui leur donne la
faculté d'éclaircir et de compléter la législa-
tion par des arrêtés particuliers. La commission
Chargée de réviser le règlement des universités
s'est miss à travailler vaillamment à la
destruction do leur indépendance. Enûn,
probablement pour répondra aux musulmans
des Balkans, il a été interdit aux jeunes ni!es
de religion mahométa.ne d'exercer' la profes-
sion d'institutrice, mesure qui a sans doute
été conseillée par quelqu'un cherchant à faire
la charge d'un gouvernement occupé à récla-
mer t'c'ga!*té aos chrétiens et des musulmans
de Turquie, s
Un pareil tableau sorti de !a plume d'un
Russe n'est-il pas instructif? M. Drago-
ïnanou' trouve même que les Turcs sont,
isous certains rapports, supérieurs à ses
concitoyens. Eu Turquie, chacun a la fa-
culté de passer à son gré « d'une secte de
giaours dans une autre. M. Katkon' lui-
même, le fameux rédacteur de la 6~
coup plus d'écoles primaires dans les pro-
vinces turques qu'en Russie. D'autre part,
il est incontestable que la presse est bien
plus libre à Constantinople qu'à Saint-
-Pétersbourg. Mais nous continuons à tra-
duire M. Drag'omaaoif en le résumant,
sans altérer en rien Di sa. pensée ni
son style:.
c En un mot. un Etat où, sous forme d'au-
tocratie, domine un épouvantable arbitraire
administratif; où les priviiégea des classes
existent encore dans le système d'impôts où
règne la méthode de russification forcée d~
tout ce qui n'est pas russe où l'Eglise domi-
nante est soutenue par la po)ice; où il
n'existe aucune trace de liberté indivi-
duelle, un pareil Etat uo peut pas sou-
tenir la cause de la liberté et du M~o-
OfM'MMMM~ parmi les Slaves de la Turquie.
L'influence d'un pareil Etat sur les Slaves dé-
livrés du régime turc ne peut être que fu-
neste et ne peut produire chez les Serbes, les
Bulgares, etc., qu'une haine qui se portera
facilement du gouvernement russe à. la na-
tion russe elle-même, a
A défaut du gouvernement, la société
russe, dans son état actuel, est-elle capa-
ble d'entreprendre avec fruit l'oeuvre de
la civilisation des Slaves? Au moment où
M. Dragomanofi écrivait, les volontaires,
qui représentaient très exactement ce! te
société, venaient de tenter l'entreprise en
Serbie. Voici comment l'écrivain russe
appréciait leur œuvre
o La société russe, élevée par un pareil
gouvernement, ne vaut pas mieux que lui, et
on peut en juger par les volontaires qui sont
allés soutenir les Serbes dans la guerrd contre
loa Turcs. Ce mouvement de volontaires, g) ace
à l'enthousiasme facile du public russe, a
été salué dans la presse comme une preuve *e
que la société russe était arr.véo à la
maturité et qu'elle était capable d'agir par
eUe-mème. Eh bien! voyons un peu quels
principes, quelles habitudes, quels procédés
a apportés aux Serbes la « mûre société
russe? B On a passé aux volontaires leur ivro-
gtit'rie à cause de Itur incontestable bra-
voure on leur a passé pour le même motif l'ir-
régularité etiesans-gêneavec lesquels ils trai-
taient les questions pécuniaires; mais bien-
tôt d'autres mœurs ont apparu. La plu-
part de ces volontaires étaient des offi-
ciers qui s'étaient formés à un arbitraire et à
une violence sans contrôle au Caucase, en
Pologne, etc. Aussi, pendant les quelques
mois de la guerre serbe, il s'est développé le
long du Danube Meu, de la Sava et de la
Morava un système df gifles et de coups de
poing sur la mâchoire (~Mr~oM/M) dont ou n'a
jamais eu l'idée chez nous, môme dans les
goubernies les plus éloignées. Tout le monde,
soldats et paysans, étudians des Univer-
sités et professeurs de collège, Serbes et
Bulgares ont été soumis à ce même pro-
cédé de civiiisation. C'est de cette manière
qu'on a tenté d'apprendre aux Serbes et aux
Bu.!gat'fs l'art militaire. et uon seulement
nos officiers d'infanterie de ligne, mai~ encore
nos journalistes qui sont allés en Serbie, ne
semblaient pas se douter que les Serbes,
voira même les Bulgares, avaient conservé
sous le joug peu compliqué des Turcs.
un sentiment beaucoup plus vif de la liberté
et de l'inviolabilité personnelle que cflui que
nous éprouvons, nous autres Russes, habitués
depuis tMtt de siècles à notre despotisme, à
notre poîice, à notre tabieau- de
qu't-n Turquie, gr&co à l'état primitif delà
tyrannie ottomane, il y avait beaucoup plus
d'égalité et de liberté que chez nous, et qu'il
y en avait surtout en Serbie, où la nouvelle
génération a été élevée dans la liberté politi-
que et constitutionnelle. Les Serbes et les
Bulgares n'ont pu voir en nos volontaires que
dea ~bachi-bozouks russes e, et il leur est per-
j~s~fr ~<' 'f
Dtisda dife au.}o~rdhui qu'ils ont fait con-
M)~~ce~a'v~c une a Russie turque. Et que
pen~~ot~e'Q~ae e nos compatriotes qui par-
lent aprts~fëla de délivrer encore d'autres
Slaves, Isa Slaves de l'Autriche, de !a Hon-
grie, de la Prusse, de la Roumanie, etc.?
Tant que lo régime turc existe chez
nous, il est ridicule d'ouvrir la bouche
pour demander la délivrance d°s frères sla-
ves habitant l'Autriche) l'Allemagne et la
Roumanie. Le Slovaque, qui est soi-disant
opprimé par les Magyars, et même le juif f
roumain, ~ouit de beaucoup plus de liberté,
non seulement individueile. mais nationale,
que n'en ont en Russie, nous ne disons pas
~n Polonais, un Lithuanien, un Ukrainien, un
Georgien, mais tout membre de la race domi-
nante grande-russe l'habitant de Moscou,
qui ne peut faire un pas sans ta permission de la
police le représentant de la presse russe pa-
triotique lui-même qui, sur un signe parti de
quelque bureau, peut disparaître avecson pa-
triotisme, avec son travail de plusieurs an-
nées, avec son journal, et tous ses biens.
Il .résultai), donc de l'expédition de
Serbie, pour tout observateur impartial,
fût-il Russe d'origine, que la Russie
n'était pas mûre pour entreprendre
l'œuvre de la régénération de l'Orient.
L'expédition de Buigarie a confirmé cette
première démonstration. On se rappelle
l'échec piteux des projets du prince *e
Tcherkassky, échec tellement humiliant
qu'il a amené la mort du prince. Pour cou-
per court aux difficultés, les Russes ont
tout simplement soumis la Bulgarie au ré-
gime militaire, à l'aide des procédés décrits
par M. DragomanoiF et suivant le système
philanthropique et progressiste inauguré
en Serbie. Il en résulte, comme nous l'ap-
prennent nos dépêches d'aujourd'hui, une
sanglante insurrection. L'épreuve est donc
complète, et nous avons le droit de
dire que le traité de San-SLefanô n'est
pas une solution vraiment européenne,
libérale et civilisatrice de la question
d'Orient. Les Russes peuvent conquérir
la Turquie, ils ne peuvent pas la régé-
nérer. Une semblable mission ne saurait
être remplie par un peuple qui a besoin
de se délivrer et de se réformer lui-même
avant de délivrer et de réformer les
autres. Mais si la solution purement
russe est mauvaise, y en a-t-il une de
bonne à proposer à la place? Nous le
croyons fermement pour notre compte,
et nous essaierons de le prouver en re-
pondant à la F
BOURSE DE PAMS
Cïe~Mfe t< 23. t9 2i. tSaosee. N~!M<
se/w
Comptant. 72 35~. -?34'i.
Fin COUT ~371,2 72 M. 712
At/XtKt/e
Comptante SO.~ 102 M.
ae/a'
Comp~nHM6SJ.'iM'?S.10.
F:ncMr.lC9C'i.{0970. S.
PNTITE BOURSE DU SO!?.
Emprunt S 0/0. l09f.60,M,'i3,S)
30/0. M&.35.
Extérieur nou.veau. 29 3/8.
Florins (or). S8~16,<1.2
Egyptiennes 6 0/0.. tMfc.5<,)M.
~Nous recevons de notre corresponda.n,t par-
ticulier la dépèche suivante
« Berlin, le 21 avril, soir.
K L'ajournement du voyaga de l'empereur
à 'Wiosbaden donue lieu à des interprétations
diverses. Les uns y découvrent un indice de
la gravita de lu situation qui se compli-
querait chaque jour davantaga les autres,
au contraire, mais ce n'est pas le plus grand
nombre, y voient la preuve que les pourpar-
lers aboutiront plus prochainement qu'on ne
pense à la réunion du Congrès ou au moins
d'une Conférence préliminaire. On remarque
que la 6'o/')'&~oN~MC~ jp?'opM:c:~c ( organe
prussien semi-officiel, h'-bdomadairf), dans
une Note qu'elle consacre aujourd'hui aux
négociations préparatoires. ;ne dit pas un mot
soit des résultats qu'elles ont déjà produit,
soit de ceux qu'on en peut attendre .encore.
» La polémique qui s'est engagée entre la
pressé officieuse et la presse libérale depuis
le dernier remaniement ministériel va tou-
jours en s'échauffant; ce qui peut faire pré-
sager une fin de session orageuse, sinon la
dissolution du Reichsiag. »
MtégMpMe pfSTée.
(Service télégraphique do t'agence Havas.)
Londres, le 24 avril.
Le 7'MKM publie la dépêche suivante
Constantinople, le 23. Une insurrection de la
population musulmane a éclaté en Bulgarie, sur
un territoire de plus de <0,0(M milles anglais
carrés qui commence entre Tatar-Bazardjik
et PhilippopoU et qui s'btend jusqu'à Gumuld-
schinia et Tchirmen, point frontière de la nou-
velle Bulgarie sur la gauche d'Andrinople.
Les insurgés tiennent en éveil 30,000 Russes.
Cette insurrection a été amenée par l'intoléra-
ble oppression du régime russo-bulgare et par
la conduite dos Bulgares, qui enlèvent tes femmes
turques.
Un engagement sanglant et indécis a eu lieu le
18 de ce mois à Demotioa. Les Russes ont perdu
dans cette affaire SOO hommes, dont 8 ofticiers
qui ont été tués.
Le commandant russe a Dcmottca a demandé
des renforts. 2.000 hommes d'infanterie et deux
sotnias de cosaques ont été envoyés d'Andri-
nople.
Les demandes de renforts ont beaucoup réduit
les garnisons d'AndrinopIe et de Philippopoli.
Constantinople, le 24 avril.
Les paysans musulmans et les Pomaks de
Thr'ce qui se sont souievéa dans la région des
monts Rhodope sont, dit-on, au nombre de
tS.i'tûO environ~ tous bien armés et possédant
trois canons.
Dans les engagemens qui ont eu lieu avec les
Russes, il y a ou plusieurs centaines de morts et
de blessés des deux côtés.
Constantinople, le 24 avril.
Le grand-duc Nicolas, recevant lundi la d~pu-
tatioa des notables bulgares qui lui présentaient
une Adresse de remercîmens, a recommandé la
concorde entre les chrétiens et les musulmans
de Bulgarie.
Le grand-duc a invité les ministres et les géné-
raux turcs à assister a la revue qui sera passée
lundi..
L'insurrection des musulmans et des Pomaks
(Bu)gares convertis a l'islamisme) prend de l'ex-
tension dans la partie sud-est des monts Rho-
dope. Les Russes envoient de nouveaux renforts
contre les insurgés.
Athènes, le 24 avril.
L'opinion des Grecs; & Athènes comme a Con-
stantinople, sur la manière de résoudre la crise
orientale peut se résumer ainsi
f Retr'-ite des Russes au delà des Balkans
2" Cession au royaume de Grèce dos provinces,
indiscutablement helléniques, de la Candie et des
ites de l'Archipel
3* Les autres provinces resteraient sous la do-
mination ottomane et seraient dotées de larges
prérogatives gouvernementales avec la garantie
de l'Europe.
Sur ces bases, de grands efforts se font depuis
quelques jours pour un armistice dans les pro-
vinces de Thessalie. d'Epire et de Macédoine, par
l'entremise de l'Angleterre
Vienne, le 24 avril, soir.
La C
« La crainte que les Russes n'occupent subite-
ment Bucharest va croissant. Les Russes sont
campés à 20 kilomètres de la capitale.
o Le bruit court que les Russes veulent amener
!e prince à former un cabinet Florescu-Cretzu-
lescu, atin d'obtenir une nouvelle convention mi-
litaire rédigée dans l'esprit du l'article 8 du traité
de pahc.
II parait même que les Russes ont envoyé un
ultimatum dans ce sens.
& La concentration de l'armée roumaine dans
la Petite-Valachie est déjà achevée. u
Constantinople, le 23 avril, soir.
L'état sanitaire s'est amélioré à Thérapia. Le
départ des ambassades pour cette localité est
prochain.
Cologne, le 23 avril.
La vante
vante <: Vienne, le 23 avril.
))Sir H. E'iiot. ambassadeur d'Angleterre àVienne~
a eu aujourd'hui une longue conférence avec le
comte Andrassy. La situation de l'Orient a été le
sujet de 1' ntretien. Sir H. Elliot a transmis au
comte Andrassy d'importantes communications
de son cabinets
» Ces communications, ainsi que la réponse du
comte Andfassy. sont encore enveloppées du se-
cret le plus absolu. &
Athènes, le 23 avril, soir.
Après un armistice de cinq jours conclu par
l'entremise des consuls anglais, entre les Turcs
et les insurgés thessaliens, les consuls ont en-
gagé les insurgés à remettre le sort
Les insurgés ont refusé de déposer les armes,
en alléguant la crainte de voir renouveler les
atrocités passées. Ils ont déclaré qu'ils étaient
décidés à combattre pour obtenir leur annexion
a la Grèce.
On espère que les consuls feront prolonger
l'armistice et qu'ils obtiendront de la Porte des
garanties de sécurité pour les familles chrétien-
nes et pour l'existence des insurgés.
Londres, le 24 avril.
Le ftMM publie les nouvelles suivantes
Bertin, le 23.– Dans les dernières négociations,
il n'a même pas été fait mention de la réunion
d'une Conférence préliminaire.
On croit ici que l'empressement des Russes à
négocier le retrait simultané de leurs troupes rt
de la flotte anglaise indique simplement leur dé-
sir de temporiser.
Saint-Pétersbourg, le 23. Les négociations
relatives au retrait simultané des troupes russes
et de la tlotte anglaise avancent lentement. Le
bruit a couru que le prince de Bismarck enten-
dait abandonner toute nouvelle tentative de con-
ciliation. Mais les cercles bien informés n'ajou-
tent aucune foi a ce bruit, bien qu'on n'ait, en
général, qu'une faible conilance dans le succès
déiinitif des négociations.
San-Stefano, le 23. D'après des lettres par-
ticulières, le général Miloutiue, ministre de la
guerre, doit prendre le commandement des forces
russes du Caucase, et le général KauH'mann doit le
remplacer comme ministre,
La Russie fait de grands préparatifs militaires
en Asie.
Vingt-cinq régimcns de cosaques doivent être
levés.
On assure 'qu'une expédition d'Orenbourg à
Tachkend est en voie d'organisation.
Le général Skobeletï jeune est malade de la
nèvre.
Bucharest, le 23. Les avant-postes du
~t" corps d'armée russe sont à une heure de
marche de Bucharest.
Le ~tMta!~ publie la nouvelle ci-après
Vienne, le 23. La Russie, craignant que les
Turcs ne permettent aux Anglais d'occuper, en c? s
de guerre. les forts qui bordent le Bosphore, de-
mande à l'Allemagne de garantir la ligne de dé-
marcation. Le prince de Bismarck examine cette
question.
On télégraphie de Saint-Pétersbourg au Daily
~VOM
« L'idée d'une Conférence pré!iminaira a été ad-
optée en principe.
» On annonce que l'entente semble assurée sur
la question du temps nécessaire aux troupes rus-
ses et à la Hotte anglaise pour regagner leurs
positions respectives actuelles.
» Mais l'Angleterre soulève de nouvelles diffi-
culté." se rattachant su, passage des Dardanelles,
et elle insiste de nouveau pour que la Russie dé-
clare officiellement qu'elle considère la communi-
cation du traité aux puissances comme équiva-
lant à sa soumission devant le Congrès ~M<:CM:~
it ~0~ Me COM~'fM). ? »
On télégraphie de Vienne au même journal
« Sur la demande de l'Allemagne, l'Italie prête
son concours à la médiation. »
Le Da<7y TMe~A annonce, dans. une dépêche
de Constantinople, que le Parlement, bulgare doit
s'assembler à Tirnova le 1" mai.
Londres, le 24 avril.
Le comte de Munster, ambassadeur d'Alle-
magne à Londres, doit faire une visite à lord
Sahsbury, aujourd'hui à Hartfietd, où se trouve
déjà. lord Beaconstleid.
Le
celui de Lisbonne, relativement aux procédés du
commandant d'un navire de guerre angtais qui a
inspecté un navire portant pavillon portugais,
suspect d'avoir des esclaves à bord.
Le même journal apprend de bonne source que
treize ofuciers russes appartenant à l'arme du
génie sont arrivés ces derniers jours à Rome. en
route pour Suez et le golfe Persique. lis doivent
rentrer en Russie par la Perse.
Rome, le 23 avril.
La jB?'/b~Kcial hellénique.Elle ajoute que M.Paparrigopoulos,
le chargé actuel des affaires de la Grèce, est le
seul intermédiaire entre les cabinets de Rome et
d'Athènes.
L'ambassadeur persan a diné hier soir au Qui-
rinal.
Rome, le 24 avril.
Le Père Curct est arrivé ici. On assure qu'il
est venu à la suite d'une invitation du Pape qui
désirerait avoir son concours dans la direction
des atfaires de l'Eglise.
Hambourg, le 2~ avril, soir.
Le prince de Bismarck, qui est a Friedrichsruhe,
est atteint de l'A~MM. Sa famille est auprès
de lui. Son médecin ordinaire, le docteur Struck,
qui était à Wiesbaden, a été appelé. En atten-
dant, c'est le docteur Andressen qui soigne le
chancelier.
Madrid.ie23avrU.
CûM~ Le ministre des Bnances,'répondant
à une interpeltation, déclare qu'il a emprunté a
la Banque d'Espagne 40 millions de reaux au
taux de 6 0/0 et avec la garantie des titres con-
solidés 3 0/0. <
M. Cardenas combat cet emprunt.
La discussion continue.
La. résolution prise par la Russie d'oc-
cuper eif Roumanie des positions stra-
tégiques a amené dans ces derniers temps
divers mouvemens soit dans l'armée rou-
maine, soit dans l'armée russe. La pre-
mière, cantonnée à Turn-Severin, à Kalafat
et à Crajova, opère de façon à maintenir
ses communications avec la ligne des Kar-
pathes, derrière laquelle elle se retirerait
si la Russie manifestait l'intention de la
désarmer. Déjà elle est rassemblée en
partie derrière l'Aluta. Quant à l'armée
russe, elle s'étale pour ainsi dire de plus
en plus sur toute la partie orientale de la
Roumanie. Elle y a pris possession de toutes
les lignes de chemins de 1er elle occupe
entièrement la voie qui mène de Reni à
Bolgrad, tout le cours du Danube de-
puis son embouchure jusqu'à Cala-
raschi en Bessarabie, et, au centre
de la Valachie, elle est établie sur les
deux rives de l'Argisch. Il se peut
que l'occupation de ces différens points
soit faite autant en vue de tenir l'Au-
triche en échec et d'envahir au be-
soin la Bukovine et la Transylvanie que
pour assurer la ligne de retraite de l'ar-
mée russe dans le cas où la flotte an-
glaise lui fermerait ses communications
du côté de la mer. D'après ces derniers
mouvemens de troupes, la position des
divers corps de l'armée d'invasion se
trouve ainsi modifiée Le grand-duc Ni-
colas menace Constantinople à la tête de
65,000 hommes, y compris la garde im-
périale. Le général Radetsky, avec
2~i,000 hommes, occupe la ville d'Andri-
nople et ses environs. Une série de pos-
tes militaires assure ses communications
avec le versant septentrional des Balkans.
Le corps du général Zimmermann, après
avoir mis garnison à Silistrie, est rentré
en Roumanie, où il a pris position à Reni,
à Galatz et à Braïla. Celui du czarévitz,
après avoir aussi laissé une garnison à
Roustchouk, s'est replié, parGiurgewo,
sur Bncharest, et est échelonné de ma-
nière à maintenir toutes les communica-
tions par les voies ferrées. Enfin, un dé-
tachement considérable a été acheminé,
par Widdin, vers la Petite-Valachie, où
une forte partie de l'armée roumaine était
encore concentrée à la date des dernières
nouvelles.
Dans son Numéro du 14 avril, la ~F~
Z~?~7 contenait d'intéressaus détails sur
l'état sauitaire de ces différens corps d'ar-
mée, détails empruntés vraisemblable-
ment aux rapports officiels des agens
consulaires de l'Autriche. Il résulte de
ces documens que l'épidémie typhoïde
qui décime l'armée d'invasion a d'abord
eu son point de départ et son centre dans
les hôpitaux de campagne de Frateschti
il a fallu les évacuer et transporter les
malades à Giurgewo. D'après les asser-
tions des médecins militaires, l'épidémie,
encore très sérieuse en Bulgarie, tendrait
à diminuer en Roumanie, où le nombre
des décès ne serait plus en moyenne que
de 30 par semaine. Ce sont toujours
les districts de Simnitza et de Fra-
teschti qui fournissent les statistiques
les plus mauvaises. Dans la Bulgarie su-
périeure, l'enterrement et la désinfec-
tion des cadavres s'eifectuent avec une
grande lenteur. Quoiqu'il soit encore très
difficile d'obtenir des renseignemens di-
gnes de foi sur ce pays, on sait cepen-
dant que le typhus et les aGections scro-
fuleuses s'y sont développés dans de très
larges proportions parmi les troupes rus-
ses. Les hôpitaux de Sistova, de Biéla et
de Tirnova sont encombrés, et cette situa-
tion est encore aggravée par l'impossi-
bilité d'en faire sortir les convalescens.
A Roustchouk, on a été obligé de transfor-
mer en ambulances un grand nombre de
maisons particulières; on annonce, du
reste de Saint-Pétersbourg que l'on va
former une commission sanitaire sous la
direction du général Foullon. Telle est la j
triste rançon de la victoire.
A une autre extrémité du théâtre de la ]
guerre, la situation donne lieu à des con-
sidérations d'un autre ordre, mais égale- <
ment dignes d'intérêt. Ainsi, les* avis les i
plus récens parvenus du Montenegro c
à Cattaro et à Raguse ont inspiré au ça- (
binet de Vienne de sérieuses appréhen-
sions. Le prince Nikita est loin d'être satis- }
fait de l'accroissement de territoire qui lui (
a été promis par le traité de San-Stefano, (
et il s'est mis aussitôt en mesure de .s'as- t
surer des avantages plus considérables. 1
Le traité n'avait stipulé en sa faveur que I
la cession d'un port sur l'Adriatique, 1
sans désignation certaine. Au lieu d'un, r
il en a pris trois Antivari, Dulcigno et
Durazzo; en outre, ses troupes occupent 1
toute la plaine de la Bojana. La popula- s
tion de ces divers districts, principale- c
ment composée de Grecs, d'Albanais et a
de Tares, est soumise par les envahis- s
seurs à toute sorte de privations et de
mauvais traitemens. Elle a fait appel aux &
autorités consulaires autrichiennes, qui
ont transmis au gouvernement austro- g
hongrois l'expression de ses griefs. D'a- d
près une dépêche de Vienne en date du j:
15 avril, le comte Andrassy aurait ré- d
pondu qu'il lui était impossible de rien
faire en faveur de ces malheureux habitans
avant la réunion du Congrès, c'est-à-dire~
selon toute probabilité qu'il les a ren-
voyés aux calendes grecques mais, en
réalité, le chancelier impérial d'Autriche.
ne pouvait guère leur faire d'autre ré-
ponse. En attendant, il règne à Antivarf
et dans le voisinage de ce port un grand
mécontentement au sujet du traité de
San-Stefano. Dans toute l'étendue du dis-
trict compris entre Dulcigno et la Bojana,
la population manifeste la plus vive op-
position à une annexion au Monténégro
elle refuse de se laisser incorporer dans
la petite armée du prince Nikita, et,
sans distinction de croyance, tous les ha-'
bitans témoignent hautement de leur dé-
sir de passer sous la domination autri-
chienne. Ces dispositions hostiles au Mon-
tenegro ont excité à Cettinié une grande
inquiétude, d'autant plus que la popula-
tion de Spizza ne dissimule pas qu'elle
partage les mêmes sentimens. On craint
même qu'un soulèvement n'éclate dans
cette dernière ville. Aussi le gouverne-
ment monténégrin s'est-il empressé
d'occuper les forts de Nehap et de
Golbrovo, dont il a expulsé les anciennes
garnisons, composées presque exclusive-
ment de Spizzanetes. Un fort détachement
de soldats monténégrins est actuellement
occupé à fortiner Punta di Volovizza, du
côté de la terre et du côté de la mer.
En Herzégovine, nous constatons une
situation tout à fait diSérente. Là, une
grande partie des habitans protestent con-
tre le maintien de la domination turque
dans leur pays. Quarante-deux chefs d'in-
surgés, après s'être réunis à Cettinié, au
commencement de ce mois, pour y confé-
rer avec le gouvernement monténégrin,
se sont rendus le ~4 avril à Popovo a6n
d'y organiser des bandes armées sous la
bannière du prince Nikita. On voit que
le malencontreux traité par lequel la
Russie croyait avoir assuré le règlement
amiable des anaires d'Orient, loin de sim-
ptiner les questions, les a davantage en-
core embrouillées. Elle n'a réussi qu'à
mécontenter tout le monde, Roumains,
Monténégrins, Herzégoviniens, et peut-
être serait-on fondé a dire, au point où
les choses en sont maintenant arrivées,
qu'il n'est pas bien sûr qu'elle même ait
actuellement sujet de s'en applaudir.
ERNEST DOTTAIN.
On nous écrit de Madrid, le 21 avril
a Le Diario ~e Barcelone a publié, le 9 de'
ce mois, une lettre de son correspondant de~
Madrid sur la situation actuelle du gouver-
nement et des partis politiques. Cette lettre,
signée Mamerto, pseudonyme dont se couvre
le général SMichezBregua, ancien sous-se-
crétaire d'Etat à la guerre pendant le mini-
stère de Prim et ancien capitaine-général de
la Galice, est très importante par les révéla-
tions qui y sont faites et qui proviennent de
renseignemens puisés, dit-on, aux meilleures
sources. Je ne suis donc pas étonné qu'elle
ait eu un grand retentissement et qu'elle ait
donné lieu à de nombreux commentaires, soit
dans la presse, soit dans les cercles politi-
ques. Mamerto a résumé en e8et, dans ses
appréciations, les pensées et les craintes que
l'on entrevoit dans les régions officielles.
n Suivant ce correspondant, deux partis
seulement sont aujourd'hui assez forte-
ment organisés pour pouvoir aspirer à pren-
dre la succession de M. Canovas ce sont le
parti constitutionnel et le parti modéré his-
torique mais ils ne recueilleront pas encore
cette succession. Le premier, il faut bien lo
dire, n'a pas réussi jusqu'à présent à dissiper
les ménances qui existent contre lui à l'état
latent; il les entretient, au contraire, par
une politique étroite et équivoque. Un mi-
nistère entièrement constitutionnel ne pourra
donc prendre la succession du ministère ac-
tuel que si des circonstances imprévues l'im-
posent comme une nécessité suprême du mo-
ment. Quant au second, on doit le con-
sidérer comme une sorte de réserve à
laquelle il ne conviendra de recourir que
lorsque des événemens inattendus rendront
indispensable une. politique de combat et de
force.
D Le seul héritier possible de M. Canovas
estM.Posadà Herrera. Ce dernier, en eSet,
est descendu de sa propre volonté du pié-
destal où les circonstances l'avaient placé, et
s'est retiré à Lianes sans y avoir été con-
traint par aucune manifestation hostile de
l'opinion publique, ce qui augmente son
prestige au lieu de le diminuer; il s'est retiré,
en un mot, pour ne pas se livrer prisonnier
à l'Opposition. Suivant Mamerto, l'attitude
de M. Posada Herrera est celle que je vais in-
diquer. Cet homme d'Etat ne s'est pas séparé
de la partie la plus importante de la majorité
actuelle et ne recherche pas le pouvoir pour
le pouvoir lui-même, mais il l'acceptera
comme un sacrifice imposé à son patriotisme
quand M. Canovas jugera opportun de se re-
tirer, et il respectera, tout en l'améliorant,
l'organisation actuelle, et surtout l'élément
militaire. M. Canovas, qui se rend parfaite-
ment compte de cette attitude, craint qu'un
ministère présidé par M. Posada Herrera ne
manque de force et ne présente des dangers
pour la réorganisation des partis politiques.
Il ne pourra néanmoins empocher qu'une
solution qui revêt un caractère de con-
ciliation et de tolérance, et une tendance à
aplanir toutes les aspérités politiques, ne
s'impose un jour par l'esprit patrioti-
que et désintéressé qu'elle représente, et
surtout par cette considération qu'aucun
homme ne réunit comme M. Posada Herrera
les conditions de talent et de position néces-
saires pour pouvoir le remplacer au moment
d'une crise générale. On ne sait pas et on ne
peut pas prévoir quand le président du conseil
donnera sa démission. Aujourd'hui, il se croit
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