Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-04-16
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Description : 16 avril 1878 16 avril 1878
Description : 1878/04/16. 1878/04/16.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ËDITION DE PARÏS.
MM~Am
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dans le Luxembourg, en Turquie,
régences du Maroc et de la Tunisie,
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PAMS
HJKDt io AVRIL
II serait inutile de se faire illusion sur
la gravité de la situation européenne
Nous sommes peut-être menacés d'une
grande guerre. Soudainement réveillée de
sa. léthargie, l'Angleterre est prête à profi-
ter de l'occasion qui se présente à elle pour
reprendre dans le monde la place qu'elle
semblait avoir abandonnée depuis quel-
ques années. Qui sait si ce n'est pas la
dernière fois que des circonstances favo-
rables lui permettront de relever sa puis-
sance et son prestige, en confondant sa
cause avec celle de tous? De son côté, la
Russie s'est tellement avancée, elle s'est
tellement grisée de ses propres succès qu'il
lui est presque impossible de reculer.
L'Autriche hésite, tâtonne, craint de se
compromettre, mais que les hostilités
commencent, et la force des choses brisera
toutes les résistances, enacera tous les
Rcrupules. Le mouvement donné est si vif
qu'il risque de tout entraîner. Serait-il
encore possible de l'arrêter? Tout le
monde le croit, mais un seul Etat a en ce
moment le bras assez fort pour tenter une
pareille entreprise. Grandeur oblige Si
l'Allemagne, dédaignant l'appel qui lui
.arrive de tous côtés, laisse les événemens
se précipiter et la guerre commencer,
n'aura-t-elle pas manqué à la principale
mission de tout peuple qui s'élève au-
dessns des autres par la puissance mili-
tau:e et diplomatique?
Malheureusement, l'Allemagne ne pa-
raît pas prendre à cœur le devoir que lui
impose sa situation exceptionnelle. Sa po-
litique est aussi énigmatique qu'il y a
deux ans. L'opinion publique, que M. de
Bismarcka.vaithabituée à une action forte,
olaire, puissante, s'étonne. Comment se
fait-il que l'Allemagne conduite par le
plus entreprenant des hommes d'Etat, s'ef-
face d'elle-même? Nous avions assisté à
une suite ininterrompue de si grands
succès, que nous en étions presque ar-
rivés à croire que M. de Bismarck ne
pouvait connaître ni les insuccès ni
~les mécomptes, ni ces surprises des cho-
ses qui déroutent quelquefois les pré-
visions des politiques les plus clair-
voyans. Et pourtant, –il est impossible de
ne pas s'en apercevoir,–M. de Bismarck
a. été trompé par les événemens auxquels
nous assistons. Ces fameux bons mots
du chancelier, ces expressions énergi-
ques qui résumaient jusqu'ici avec une
cancision et une justesse extraordinaires
tout~ une situation, ces «paroles ailées »
(~K~~e IFo~c) qui parcouraient l'Eu-
rope comme des ~yertissemens et des pro-
phéties, que de fois depuis deux ans ne les
avons-nous pas vus tomber à faux et
se briser en quelque sorte contre les faits
Que sont devenus et « le petit brin d'Her-
zégovine (~J5M~e~M.B'o!PMM~ )),et« les
os du fusilier poméranieu M, et « le cour-
tage honnête M, et le « beati ~Mf/ca~H,
et K l'impossibilité d'une lutte entre la
théine et l'éléphant? » Ironie ou fatalité,
touscesmots retentissans, qui paraissaient,
à l'origine, admirables de perspicacité et
de bon sens, ont été emportés depuis par
les événemens. Qu'en reste-t-il aujour-
d'hui ?
On sait dans quelles proportions a
grossi « le petit brin d'Herzégovine a Une
grande guerre européenne est sur le point
d'en sortir. H y a quelques mois déjà,
une méchante feuille allemande, fondée
pour agacer M. de Bismarck, et qui
a fini par succomber sous les procès,
la C7oeAavait l'habitude de placer régulièrement
so ds la rubrique K un'petit brin d'Herzégov-
ine M, le récit des carnages de PIevna, de
Schipka, etc. Epigramme d'autant plus
vive, qu'on peut se demander ce que sont
devenus ces malheureux Herzégoviniens
qui ont donné l'impulsion à .la crise
orientale, et dont personne ne s'occupe
plus auj ourd'hui. Toute la diplomatie eu-
ropéenne s'était mise en mouvement pour
eux il y a deux ans. Mais tout passe, ils
ont été bientôt supplantés par les Bul-
gares, et aujourd'hui, la Fo~Mc~e <7o?'-
~OK~H~ annonce que leurs cheis Sko-
bla et Babic partent pour Saint-Péters-
bourg afin de protester contre le traité de
San-Stefano et de ;se plaindre au czar de
les avoir trop oubliés! –Les os du fusi-
lier poméra.nien n'ont pas été compromis,
il est vrai; mais l'opinion publique alle-
mande commence à trouver que la conso-
lation est maigre. Dans leur perplexité,
's Allemands se demandent de plus en
plus si leur puissant empire n'a été rétabli
que pour devenirs une succursale de la
Russie. ') Cette situation-assez modeste
pourrait encore être dangereuse, et, bon
mot pour bon mot, les moins oublieux se
rappellent qu'un homme dont les paroles
i-ont également gravées dans tous les cœurs
.diemands, le grand Frédéric, s'était écrié
en 177~i, en apprenant là conclusion du
traité de Koutchouk-Kaïnardji a Si les
N Russes ont un jour Constantinople, deux
ans après ils pourraient bien avoir
Kœnigsberg Le courtage honnête
que M. de'Bismarck préférait à un arbitrage
ou à une médiation en règle a-t-il quel-
que chance de succès en présence de l'at-
titude qu'ont prise la Russie et l'Angle-
terre? Evidemment non. L'abîme est trop
profond pour êLre comblé aussi aisément.
Le ~'M~, parlant du rôle 'de médiateur 1
que pourrait jouer l'Allemagne, dit
que pourrait jouer l'Allemagne, dit avec
raison « Si ces efforts doivent réussir,
H ce ne peut être qu'à la condition que
M la Russie accepte pleinement le point
') de vue anglais. Aucune explication du
M traité de San-Stefano, aucune conces-
M sion séparée ne saurait conjurer la
M difficulté. Si le prince de Bismarck peut
M amener la Russie à présenter ses expli-
H cations au Congrès et à entendre sans
K aucune réserve les nôtres sur tous
M les points du traité, alors seulement il
restera encore quelques chances de
B paix. » Le ~~o~~M~ s'est changé
déjà en MMe~ ~o~~M~M. Aucun coup
de feu n'a pourtant été tiré mais il a
suffi que l'Angleterre reiusât de reconnaî-
tre les conquêtes de la Russie pour que
celle-ci sentît sa possession en danger
et ne pût avoir aucune confiance dans la
durée de ses succès. La guerre
entre la baleine et l'éléphant oiïre en
enet des perspectives beaucoup plus
dangereuses qu'on ne l'avait soupçonné
d'abord. Après les premières rodomon-
tades, les journaux russes ont été obli-
gés d'avouer que l'Angleterre pouvait
entamer la Russie de tous les côtés et
lui causer les plus graves, embarras.
Mais la Russie, que peut-elle contre
l'Angleterre? Les Russes ont bien cher-
ché, et le résultat de leurs eSbrts a été
d'imaginer, pour porter un coup décisif
à la puissance britannique, des projets
d'expédition dans l'Inde, et sur mer une
campagne de corsaires, projets qui sont un
curieux témoignage de l'impression que
les romans de notre compatriote Jules
Verne ont produite sur les imaginations
moscovites, Les Russes comptent em-
ployer, pour atteindre la puissance et le
commerce de l'Angleterre, des moyens
analogues à ceux dont les héros du ro-
mancier français se servent pour monter
dans la lune ou pour descendre au centre
de la terre. C'est un véritable envahisse-
ment de la politique par la fiction.
On le voit, il ne reste rien des « paroles
ailées H de M. de Bismarck. Que reste-t-il
de ses déclarations officielles? Dans sa
fameuse conversation après un dîner
parlementaire, le 1' décembre 1876, le
chancelier allemand a dit
« Il n'y a pas encore à désespérer de la
conservation de la paix; mais si la guerre de-
vait avoir lieu,–ce qui est assez probable,–
ce serait une guerre longue et dii'Bcile. La
Russie et la Turquie s'épuiseraient mutuelle-
ment par la lutte, et alors se présenterait
pour l'Allemagne l'occasion d'ofTrir sa média-
tion avec plus de succès. N
Lord Derby a dit exactement la même
chose à la Chambre des Lords peu après
le commencement de la guerre. Cette ma-
nière d'attendre l'issue des complications
en laissant à la fortune tout ce qu'on
pourrait lui enlever par conseil ou
par prévoyance était d'ailleurs on
le sait, le principe même de la con-
duite de Napoléon III. M. de Bismarck,
par la plus étonnante des fatalités, aurait-
il été victime de la même illusion que ces
deux grands politiques? Serait-il à tel
point changé qu'il renonçât à diriger les
événemens, préférant se laisser conduire
par eux? Aurait-il été dupe, comme
M. Gladstone ou le professeur Freeman,
de la philanthropie de la Russie? Le 5 dé-
cembre 1876, il disait mot pour mot au
Reichstag
a Il n'y a pas la moindre raison de
supposer que la Russie ait en vue n'importe
quelle conquête. Si le préopinant (M. Richter)
pouvait Journir la preuve, du contraire, la po-
litique tout entière de l'Europe se modiQe-
rait et prendrait une face nouvelle. Le pré-
opinant, s'il était à même de prouver ce qu'il
avance, rendrait peut-être à certaius gouver-
nemens un service signalé. Mais jusqu'ici
nous n'avons que l'assurance solennelle de
l'empereur Alexandre qu'il renonce à toute
acquisition territoriale, et je ne sais pas ce
qui, surtout dans notre pays, pourrait nous
donner le droit d'inspirer au pub)ic le soup-
çon qu'il s'agit pour les Russes de nouvelles
conquêtes." n
-M. Richter,pourra se vanter d'avoir été
une fois dans sa vie plus clairvoyant que
M. de Bismarck. Mais, au milieu de toutes
ces surprises, qu'est devenue l'alliance
des trois empereurs ? Cette alliance,
qui était le pivot de la politique du
gouvernement de' Berlin et qui devait
servir d'étoile polaire à toute l'Europe,
qu'a-t-elle produit? Elle avait été solen-
nellement établie pour maintenir la paix
nous sortons d'une guerre terrible et nous
sommes sur le point d'entrer dans une
autre. Combien de fois M. de Bismarck ne
s'est-il pas vanté au Parlement et ailleurs
de l'efficacité de cette alliance qui devait
aplanir .toutes les difficultés entre la
Russie et l'Autriche! L'Allemagne
est l'amie de son amie, disait-ii; elle
se fait fort d'écarter tout sujet de
dissension entre les deux autres em-
pires, et, quant à elle, elle signera des
deux mains tout ce que ses alliés con-
certeront. Ce concert entre l'Au-
triche et la Russie, où était-il à San-
Stefano ? Jamais les divisions n'ont été
plus profondes, et aujourd'hui, comme
le dit la .Py&Me de Vienne, « la politique
» autrichienne, au lieu de suivre la route
M de Berlin à Saint-Pétersbourg se pro-
N mène sur celte de Londres à Constan-
» tinpple. »
L'Allemagne n'a rien prévu, rien pré-
venu, rien empêché. Songe-t-elle du
moins à réparer le mal qu'elle a laissé se
produire? On a pu le croire en lisant il y
a quelques jours les articles de la jPo~ et
ont fait le tour de l'Europe. Mais cette es-
pérance n'est confirmée jusqu'ici par
aucun fait saisissable. Si la Russie
est parvenue à imposer à la Turquie
la paix que l'on sait, n'est-ce pas parce
que le bras de l'Allemagne a retenu l'Au-
triche pendant toute la guerre actuelle,
mais surtout après les désastres de
Plevna, comme le bras de la Russie l'avait
déjà retenue pendant la guerre de 1870-
1871, après Wœrth et Sedan? Rien ne
prouve que le traité de San-Stefano
ait ouvert les yeux au cabinet de
Berlin sur les dangers de la protection
dont il couvre les entreprises russes.
L'incident de la Roumanie semble indi-
quer au contraire qu'il est prêt à tout
sacrifier à l'alliance russe « Com-
ment s'écrient les journaux allemands,
la défunte Diète de Francfort a pris
une résolution solennelle, au moment
de la guerre de Crimée, pour déclarer
que l'influence russe devait être exclue
des bouches du Danube, et ce que cette
misérable Assemblée, objet de tant de mé-
pris, a eu le courage de faire, le puissant
empire d'Allemagne n'osera pas le faire à
son tour )) M. Bratiano aavoué, durant son
voyage à Berlin, qu'en choisissant un
prince de Hohenzollern pour la gouver-
ner, la Roumanie avait cru placer sous la
protection de l'Allemagne les bouches du
Danube, ce fleuve allemand par excel-
lence. Elle se trompait. S'il faut en croire
les journaux, l'Allemagne qui a fait une
des plus grandes guerres de l'histoire, la
guerre de 1870-1871, à cause du prince
Léopold de Hohenzollern ne fera rien
du tout pour son frère le prince Charles.
La cour de Berlin reprocherait même à
ce dernier, suivant la .&'<~MMC~ ~e~-
~M~, de manquer de respect au czar
en défendant l'intégrité de son pays.
Le chef puissant de la famille ~.es
Hohenzollern laissera-t-il dépouiller sqas
protestation un des membres les plus
intéressans de cette famille? Et faut-
il croire que le mot prêté à l'em-
pereur Guillaume, nous ne savons sur
quelle autorité, par le journal la F~-
~~Mf de Prague, est l'expression de
la vérité « Les canons, aurait dit
M l'empereur peuvent gronder depuis
H la mer Blanche jusqu'à l'Indus, de-
)) puis le Kamtschatka jusqu'à la Seine
M et la Tamise; tout cela ne suffira pas à
? dénouer l'alliance impériale russo-alle-
K mande, a M. de Bismarck, qui a eu assez
d'influence sur l'esprit de son souverain
pour faire de lui un allié de Garibaldi,
n'en aurait-il plus assez pour le détacher
d'Alexandre H?
Nous ne chercherons pas à savoir ce
que va faire l'Allemagne. Les journaux
de Berlin accueillent avec beaucoup de
maussaderie la demande de médiation
qui a été adressée, dit-on, à leur gou-
vernement. La ~~M~ ~CM'MM/ dé-
clare que l'Allemagne ne peut pas dépas-
ser le rôle de courtier honnête. « Exercer
M une pression sur l'une ou l'autre des
M puissances, dit-elle, sortir de l'équilibre
a diplomatique entre les deux adversai-
? res, il n'y faut pas songer; l'Allemagne
H n'y est pas préparée. Le prince de Bis-
M marck ne peut, pas plus que les minis-
a très anglais et russes, combler l'abîme
M qui sépare les vues de ces ministres
M et ébranler des résolutions arrêtées.D »
La .~(M'~ew~cAe ~~M~M~ ~6~WMj/ dé-
clare, de son côté que « toute mé-
B diation. serait inutile si les deux ad-
H versaires n'étaient pas décidés d'avance
B à faire des concessions », ce qui équi-
vaut à dire que la médiation est impos-
sible, puisque le point de vue européen de
l'Angleterre exclut toute idée de conces-
sion. L'Allemagne, qui seule pourrait sau-
ver la paix, est-elle donc disposée à lais-
ser la guerre éclater? Nous n'oserions pas
exprimer un avis à ce sujet; mais voici
celui d'une feuille autrichienne ministé-
rielle, et par conséquent condamnée par
son caractère à une certaine réserve, la
.P~~ de Vienne
« H nous semble que dans nos cercles poli-
tiques on n'a pas encore une idée bien claire
de l'attitude de l'Allemagne dans la question
d'Orient. Nous continuons à lire tantôt dans
une feuille, tantôt dans une autre, d'étran-
ges exhortations adressées au chancelier al-
iemand, et par lesquelles on l'engage à
mettre enSn de côté sa sympathie pour la
Russie, et à prendre résolument parti pour
l'Autriche et ses plans en Orient. Comme si
pour le prince de Bismarck il s'agissait de sa-
voir de quel côté penche son cœur, et non de
quel côte tendent sa raison et sa politique?
Croit-on vraiment que le directeur des desti-
nées allemandes verrait avec un bien grand dê-
piaisir que la puissance politique et militaire
de la Russie fût encore longtemps occupée
en Orient, que l'Angleterre et la Russie se
prissent aux cheveux, que l'Autriche ne
parvînt pas de sitôt à avoir la tranquillité
au dedans et au dehors ? Le grand stra-
tégiste Moltke a dit après la guerre
française que l'AHemsgne avait besoin
d'un* demi-siècle pour consolider la position
acquise. Or qu'est-ce qui pourrait contribuer
mieux à cette consolidation que l'affaiblisse-
ment des puissances voisines, par des compli-
cations qui occuperaient leurs forces loin
des frontières allemandes, au sud-est de
l'Europe et au cœur de l'Asie? Chaque
Etat comme chaque homme se préfère à
tous les autres, et, bien qu'on puisse dé-
sirer sincèrement la paix en Allemagne,
on y déclare sans cesse et sans ambages
que toute la question d'Orient, et le
traité de San-Stefano, et tout ce qui
se passe là-bas, ne touchent aucunement
l'AUemagne. Si l'on désire le maintien de la
paix, c'est pour des raisons économiques et
humanitaires. Mais si néanmoins une guerre
européenne éclate, alors on peut en être
certain aucun Etat ne saura tirer un si
grand profit de sa neutralité que l'Allema-
gne. ')
BOURSE DE PAMS
CMiMre te 13 te 15. SEenaexe. Bt~tee.
S e/0
Comptant. 72 2S. 7220. S.
Fincour. 72171/2 72 s.121/2
t/w c/e
Comptantl02SO.102lO. .40,
&e/e
Comptantt092S.10895.30.
Finconr.l0915.10897l2 .1712 2
PETITE BOURSE DU SOIR.
Emprunt S 0/0. 109 fr., 108 fr. 87 1/2, 90.
30/0. 71&.8S.
5 0/0 turc. Sfr.lO.
Egyptiennes 6 0/0.. 147 fr. 50.
TéMgfapMe pf!v<<
(Service télégraphique de l'agence Havas.)
Berlin, le 15 avril, soir.
A propos de l'information publiée par les jour-
naux, et d'après laquelle le prince de Bismarck
se serait montré très froid vis-à-vis de M. Bra-
tiano et même vis-à-vis de la personne du prince
Charles, la Gazette de ~M~M~e du Nord dit
« M. Bratiano doit avoir su, avant son arrivée
à Berlin, que l'Allemagne n'est pas disposée à sa-
crifier ses relations avec la Russie à la prise en
considération des vœux de la Roumanie dans la
question de la Bessarabie, laquelle ne touche pas
aux intérêts allemands.
» Assurément, dit encore la 6'a~~e, la nouvelle
donnee par un journal, d'après laquelle te prince de
Bismarck aurait témoigné de la froideur à M. Bra-
tiano et vis-à-vis de la personne du prince Char-
les est inexacte. La vive sympathie que l'on
éprouve ici pour le prince n'a fait que s'augmen-
ter par suite des récens événemens. Le meilleur
conseil qui puisse être donné à M. Bratiano,
considéré aussi comme chef du parti radical en
Roumanie, est de faire de son coté tout le pos-
sible pour qu'un prince aussi remarquablement
doué pour le gouvernement puisse être conservé
à la Roumanie. Ce conseil a certainement été
donné ici à M. Bratiano. ainsi que l'assurance
des sentimens les plus bienveillans pour la na-
tion roumaine &
Constantinople, le t4 avril.
Les Russes ont pris toutes leurs dispositions
pour une prompte occupation de Constantinople
et du haut Bosphore au premier signal, en cas
de rupture avec l'Angleterre.
Constantinople. le 14 avril.
Le grand-duc Nicoias, avec HO officiers d'état-
major, a remonté hier le Bosphore jusqu'à Buyuk-
déré et a parcouru les positions occupées par les
Turcs.
Le patriarche grec a adressé une protestation
à la Sublime-Porte, au grand-duc Nicolas et à
toutes les ambassades, relativement à la prise
de possession des églises grecques par les Bul-
gares dans plusieurs villes de la Bulgarie.
Le prince Hassan retournera en Egypte à la
lin de la semaine.
Vienne, le 1S avril.
La ~VoMM~ Presse annonce que la réponse de
la Russie aux objections de l'Autriche contre le
traité de San-Stefano est arrivée. Elle a été com-
muniquée confidentiellement au gouvernement
par l'ambassadeur de Russie, M. de Novikoff.
Cette réponse serait très conciliante et autori-
serait à espérer qu'une transformation du traité
de San-Stefano dans le sens indiqué par l'Au-
triche sera possible.
Le Lloyd de Pesth reçoit des renseignemens
analogues, ajoutant que la Russie est d'accord
que l'Autriche étende son influence sur la moitié
occidentale de la péninsule des Balkans. La
Russie serait disposée à diminuer le nombre des
troupes qui occupent la Bulgarie et à rectifie&les
frontières que le traité de San-Stefano a données
à ce pays.
Vienne, le 18 avril.
La Con'M~OMa'iïacc ~oH~Mc annonce, contrai-
rement a toutes les nouvelles qui ont couru,
que le cabinet de Saint-Pétersbourg n'a pas
encore répondu aux observations du cabinet de
Vienne concernant le traité de San-Stefano, trans-
mises au gouvernement russe par le général
Ignatieu.
Bucharest, le ~4 avril, soir.
La nouvelle donnée par la .Po/~MeAe Co~'MpoM-
~MM de Vienne .disant que, sur la demande du prince
Gortchakoft, M. Cogalniceano. ministre des affai-
res étrangères, aurait sollicité à plusieurs reprises.
du prince de Roumanie, la destitution de M J.
Balaceano, agent diplomatique de Roumanie à
Vienne, est complètement fausse. Le prince Gort-
chakofî ni aucun autre agent russe ne s'est ja-
mais adressé au gouvernement roumain directe-
ment ou indirectement pour demander le rappel
de M. Balaceano.
Bucharest, le 1S avril.
M. Bratiano est revenu ce soir à quatre heures.
Le chemin de fer est interrompu entre Barbosi
et Hanokonaki.
Le pont de Petrosani, sur le Danube, est
rompu.
Raguse, le H avril, soir.
Trente-deux chefs insurgés de l'Herzégovine oc-
cidentale sont arrivés ici aujourd'hui, revenant de
Cettigne où ils avaient été appelés. Ils repartent
cette nuit pour Popovo.
Ils vont reprendre les armes sous le drapeau
monténégrin et sont résolus à ne pas se sou-
mettre à la Turquie.
Londres, le 15 avril.
Le FMMM publie les nouvelles suivantes
Saint-Pétersbourg, le 14. Les eubrts que fait
en ce moment l'AUemagne pourront peut être
aboutir à la réunion d'une Conférence prélimi-
naire. On croit en etîet que le gouvernement
anglais est actuellement plus favorable que par
le passé à cette proposition.
Berlin, le 13. On dit que la Russie cherche à
émettre un emprunt en Amérique. Des négocia-
tions sont ouvertes aussi dans ce but en Allema-
gne et en Hollande.
Belgrade, le 14.– La Russie s'efforce de gagner
l'alliance des Serbes pour l'éventualité d'une nou-
velle guerre. Le prince Milan est favorable à cette
alliance, à laquelle le cabinet est opposé. Le co-
ionel Leschanine s'est rendu à Saint-Pétersbourg
pour communiquer cette situation.
Les préparatifs pour la guerre continuent sans
relâche.
Une crise ministérieUe est probable.
On télégraphie de Berlin au ~fo~'MM~ .Po~< que
le nouvel emprunt russe doit s'élever à SO mil-
lions de roubles, indépendamment d'une émission
de bons du- Trésor.
Le ,S<Constantinople, le Les Russes ont invité
toutes les villes de la Bulgarie à envoyer des
délégués à Philippopoti pour l'élection du prince.
Belgrade, le 14. On s'attend à ce que le
prince Milan proclame l'indépendance de la Serbie
!e 21 de ce mois.
Une dépêche de Vienne annonce que la ré-
ponse du prince Gortchakofî aux objections pré-
sentées par le comte Andrassy contre le traité de
San-Stefano est parvenue le 0 aux mains du
gouvernement autrichien. Le ton de cette ré-
ponse est. très conciliant. Aussi les journaux
semi-officieux commencent-ils de nouveau a se
montrer froids pour une alliance avec l'Angle-
terre.
Le .PtM'Jy ?Mvantes
Constantinople, le 14. Les Turcs ont ce.ssë la
construction d'ouvragesàla suite des remontran-
ces des Russes.
Vienne, le 14. Les Russes doivent occuper
la Roumanie et désarmer aussitôt l'armée rou-
manie.
La guerre entre l'Angleterre et la Russie est
considérée comme inévitable.
Berlin, le 14. Le prince Charles de Roumanie
a notifié aux empereurs d'Allemagne et d'Au-
triche son intention d'abdiquer si l'on permet-
tait à la Russie d'usurper le gouvernement de la
Roumanie.
Londres, le 15 avril.
Les journaux anglais considèrent que la situa-
tion offre aujourd'hui moins de place à l'espé-
rance d'une solution pacifique.
Le Times décrit cette situation de la manière
suivante
« Nous n'avons à signaler aujourd'hui aucun
changement dans l'attitude des puissances euro-
péennes.
& La perspective d'un Congrès dans lequel toutes
les difucultes seraient aplanies pacifiquement est
aussi éloignée que jamais. En Russie comme en
Angleterre, il existe un sentiment profond que
la guerre est devenue inévitable entre les deux
pays. ))
Toutefois, le ?*MKM ne désespère pas encore
qu'une solution pacifique ne soit amenée.
« Les élémens de cette solution existent, dit le
journal de la Cité c'est le devoir de la diplo-
matie de tirer d'eux le plus grand parti possible.
Si l'hésitation de la Russie à soumettre le traité
de San-Stefàno aux autres puissances ne couvre
aucune arrière-pensée, si la discussion porte
réellement sur la forme, la difficulté d'arriver à
une solution ne saurait être insurmontable.
» Mais la Russie, conclut le ~MMM, doit être
disposée à faire quelque chose de plus quelde sou-
mettre le traité aux représentans assemblés des
puissances, car on lui demandera aussi de mo-
difier ses désirs suivant les intérêts de ses voi-
sins. &
Londres, le 15 avril, 6 h. soir.
C/MM~ve des CoMMMM~. M. Wolf demande
s'il est exact, comme l'annonce ce matin le Stan-
dard, que les Russes aient déjà pris des mesu-
res pour qu'il soit procédé à l'élection du prince
de Bulgarie.
Sir Stafford Northcote répond que le gouverne-
ment n'a reçu à cet égard aucune information.
Il prie M. Wolti de répéter sa question demain.
Un fait entièrement étranger à la ques-
tion d'Orient vient de jeter l'émoi dans
l'Angleterre; il s'agit de l'assassinat com-
mis en Irlande, sur la grande route, en
plein jour, sur un propriétaire, le comte
de Leitrim, membre de la Chambre des
Lords. Ce genre de vengeance popu-
laire n'a rien de nouveau il a depuis
des siècles existé en Irlande, le pays des
sociétés secrètes. Il n'y faut pas chercher
des causes politiques, comme dans la plu-
part de nos révolutions. Le mal a une
autre origine c'est la guerre agraire,
comme on l'appelle dans la langue du
pays, c'est-à-dire la conspiration perma-
nente du cultivateur contre le proprié-
taire. Bien des fois déjà nous avons
raconté ces épisodes sanglans qui se
représentent toujours sous la même forme.
En Irlande, il y a peu d'industrie; c'est
la terre qui est la matière première du
travail, et c'est la passion de la terre qui
est la plus vive de toutes. Le paysan se
regarde comme copropriétaire du sol, et
quand le titulaire de la propriété veut l'ex-
pulser, il se venge par des coups de fusil. Il
tombe rarement sous la main. de la justice,
parce qu'il est protégé par l'universelle
complicité populaire. Il attend le maître,
le tyran, le confiscateur, au coin d'une
route, et il l'assassine à la lumière du
soleil; il se regarde comme l'exécuteur
d'une loi sociale. Y eût-il vingt témoins
du crime, on n'en trouvera pas un qui
dépose. Le vide se fait auprès de la vic-
time, et les assassins trouyent.partput le
silence et la fraternité.
C'est ainsi que cela a eu lieu cette
fois encore. Lord Leitrim passait pour un
maître rigoureux et avait soulevé de vio-
lentes animosités. Cet homme de soixante-
dix ans était très déterminé; il savait les
dangers qu'il courait, et il les affrontait. L'a-
vant-dernière semaine, il a été attaqué sur
la grande route et impitoyablement assas-
siné. Deux de ses gens qui étaient avec lui
et qui auraient pu servir de témoins ont
partagé son sort. Ce qui prouve à quel
point est générale et profonde cette con-
spiration du pauvre contre le riche, c'est
que le crime commis à une des extrémités
de l'Irlande a eu son écho à Dublin, où
lord Leitrim a été enterré dans un caveau
de famille, et où c'est avec peine qu'on a
arraché son cercueil à la violence popu-
laire.
Ce meurtre a causé une grande émotion
parce qu'on commençait à espérer que la
guerre servile, la guerre agraire, avait
diminué d'intensité. Le dernier ministère
anglais, celui de M* Gladstone, avait fait
voter une loi qui corrigeait le droit ab-
solu des propriétaires, et les obligeait à
donner une certaine compensation aux
fermiers qu'ils congédiaient. Les ven-
geances particulières étaient donc de-
venues plus rares. Assurément, on ap-
prenait encore de temps en temps le
meurtre d'un fermier qui avait osé
prendre la place d'un autre, ou celui
d'un homme d'affaires chargé de gérer une
propriété, et, régulièrement, on ne trouvait
ni témoins pour avoir vu, ni jurés pour se
mettre d'accord.Mais c'étaitdupetitmonde,
et on ne s'en occupait pas beaucoup.
Le chanoine Sydney Smith disait qu'on
ne ferait jamais une loi sur les accidens
de chemins de fer avant qu'on eût brûlé
un évêque. C'est ainsi que l'assassinat
d'un lord, d'un très grand propriétaire, a
secoué l'opinion publique et a rappelé
l'attention sur l'état social de l'Irlande,
comme une pierre jetée au fond d'un ma-
rais en fait remonter à la surface toutes
les impuretés,
IIy a eu, à cetteoccasion, des discussions
dans la Chambre des Lords et dans la Cham-
bre des Communes, et celle de la seconde
Chambre a été tellement violente qu'ilafallu
faire évacuer la salle et ordonner le huis
clos. Des députés irlandais ont attaqué
et outragé la mémoire de l'homme assas-
siné, se faisant les avocats du crime,
et ont. provoqué un tel tumulte qu'il
a fallu faire sortir le public. On sait
que l'Angleterre tient à ses vieux usages,
même quand ils ne sont plus que des
fictions. Or ce n'est que par tolérance
que les étrangers et les représentans
de la presse sont admis à assister aux
séances, et il suffit qu'un député dise
simplement « Je vois des étrangers
dans la salle M, pour que le président
mette aux voix le huis clos. Ce n'est donc
que par des indiscrétions, et par des in-
discrétions certainement illégales, que les
journaux peuvent publier quelques ren-
seignemens sur la séance devenue secrète.
La salle a été évacuée à neuf heures du
soir et n'a été ouverte de nouveau qu'à
minuit et demi. Pendant cet intervalle,
la discussion a continué avec une vio-
lence croissante, et, ce qui peut donner
une idée du tumulte qui s'est produit,
c'est que des hommes comme M. Glad-
stone et lord HarUngton ont dû se plain-
dre au président d'avoir été insultés dans
les couloirs par certains de leurs collè-
gues. En dernier résultat, la motion du
groupe irlandais, qui avait pour but de
censurer la conduite de la justice, a été
repoussée, et elle n'était, du reste, desti-
née qu'à provoquer une discussion. Mais
nous nous demandons à quoi sert le huis
clos s'il n'emporte pas l'interdiction abso-
lue de la publicité, et si tous les jour-
naux peuvent, le lendemain matin, rendre
rendre compte plus ou moins fidèlement
de la discussion interdite.
JOHN LEMOINNE.
On nous écrit de Constantiuople; le
5 avril:
Vous vous êtes déjà occupés à plusieurs
reprises des griefs trop fondés des Roumains
contre les prétentions russes vous vous êtes
également occupés des revendications grec-
ques, et vous avez eu raison de montrer tout
ce qu'elles avaient de légitime; mais les Grecs
et les Roumains ne sont pas les seuls à
avoir des droits à faire valoir dans le re-
maniement de l'empire ottoman, et les
droits des Arméniens bien que ceux-ci ne
les aient jamais revendiqués les armes à
la main, bien qu'ils se soient soumis à la do-
mination turque avec plus de docilité que
tous les autres, qu'ils aient pris une part active
au gouvernement général et acquis dans le
pays une influence due à leur intelligence,
à leur savoir-faire indéniables, ces droitg,
dis-je, sont peut-être plus nettement tracés
que ceux de toutes les nationalités qui oateu
à subir la domination ottomane.
N En tout cas, ils sont certainement les
plus anciens; sans être réfractaires en aucune
façon à la civilisation européenne, les Armé-
niens ne peuvent-ils pas, en effet, comp-
ter parmi les peuples qui ont le mieux
conservé, et cela depuis les temps les
plus reculés, leur nationalité, leur langue,
leur caractère propre? Et cependant, combien
de dominations diverses n'ont-ils pas su-
bies, dominations brutales, sauvages, dont
les violences des Kurdes et des Circassiens
sont, de nos jours, la dernière expression ? '?
Ne compte-t-on pas par. milliers les victimes
que ces derniers ont faites en Arménie pen-
dant la guerre qui vient de unir?
B L'article 16 du traité de San-Stefano re-
connaît catégoriquement qu'il y a une me-
sure nécessaire à prendre à l'égard des Armé-
niens.
« Comme l'évacuation des troupes russes, dit
cet article, des territoires qu'elles occupent en
Arménie et qui doivent être rendus à la Tur-
quie, peut donner naissance à des conflits et à
des complications défavorables aux bonnes rela-
tions des deux pays, la Sublime-Porte s'engage a.
réaliser sans délai les améliorations et les réfor-
mes réclamées par les besoins locaux dans les
provinces habitées par les Arméniens, et à ga-
rantir leur sécurité contre les Kurdes et les Cir"
cassiens. &
a Cet article, tout succinct qu'il puisse être,
n'en est pas moins fort éloquent. Comment
se fait-il, en effet, que la Russie, si peu
conûante d'ordinaire, et non pas sans raison,
dans les engagemens de la Sublime-Porte, se
mette tout d'un coup à s'en rapporter à elle
dans cette question de la sécurité de l'Armé-
nie ? Il est vrai que le doute se laisse entre-
voir dans la première phrase de l'article
plus que le doute, car on y voit exprimé
l'espoir qu'il naîtra des « conflits et des
complications défavorables aux bonnes re-
lations des deux pays. B II est vrai aussi
qu'il est stipulé que les provinces ar-
méniennes de la Haute-Asie jouiront du
même régime que certaines provinces chré-
tiennes des Balkans, et obtiendront des
réformes en rapport avec les besoins locaux.
Soit mais tout cela est bien vague et
rassure médiocrement les patriotes armé-
niens avec lesquels j'ai eu à causer duprésent
et de l'avenir de leur pays.
o Pour eux, leurs aspirations ne vont en
rien à l'extrême; ils ne songent nullement à
s'affranchir de l'autorité ottomane, à rétablir
un royaume d'Arménie; ils ne veulent pas
rendre aux élémens musulmans qui se trou-
vent chez eux le mal qu'ils ont souffert; ils
n'aspirent qu'à une chose, à ce qu'on les
laisse libres de développer leur activité; ils
parviendront alors à vivre côte à côte avec.
les muisumans; et en procédant, non par la
violence, mais par la persuasion, ils sauront
amener la fusion des intérêts, ce rêve tou-
jours poursuivi et jamais atteint.
Ne sont-ils pas capables, en eHet, de
trouver en eux-mêmes tous les élémens
d'une bonne administration, qui peut seule
eSacer les rivalités et pacifier les es-
prits ? Ils sont travailleurs, instruits, au
MM~Am
<'
v
ON S'ABOIE
eBBetp'ique,enKa!iH.
dans le Luxembourg, en Turquie,
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon.
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.en AUemagne, en Autriche, en Russie,
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II serait inutile de se faire illusion sur
la gravité de la situation européenne
Nous sommes peut-être menacés d'une
grande guerre. Soudainement réveillée de
sa. léthargie, l'Angleterre est prête à profi-
ter de l'occasion qui se présente à elle pour
reprendre dans le monde la place qu'elle
semblait avoir abandonnée depuis quel-
ques années. Qui sait si ce n'est pas la
dernière fois que des circonstances favo-
rables lui permettront de relever sa puis-
sance et son prestige, en confondant sa
cause avec celle de tous? De son côté, la
Russie s'est tellement avancée, elle s'est
tellement grisée de ses propres succès qu'il
lui est presque impossible de reculer.
L'Autriche hésite, tâtonne, craint de se
compromettre, mais que les hostilités
commencent, et la force des choses brisera
toutes les résistances, enacera tous les
Rcrupules. Le mouvement donné est si vif
qu'il risque de tout entraîner. Serait-il
encore possible de l'arrêter? Tout le
monde le croit, mais un seul Etat a en ce
moment le bras assez fort pour tenter une
pareille entreprise. Grandeur oblige Si
l'Allemagne, dédaignant l'appel qui lui
.arrive de tous côtés, laisse les événemens
se précipiter et la guerre commencer,
n'aura-t-elle pas manqué à la principale
mission de tout peuple qui s'élève au-
dessns des autres par la puissance mili-
tau:e et diplomatique?
Malheureusement, l'Allemagne ne pa-
raît pas prendre à cœur le devoir que lui
impose sa situation exceptionnelle. Sa po-
litique est aussi énigmatique qu'il y a
deux ans. L'opinion publique, que M. de
Bismarcka.vaithabituée à une action forte,
olaire, puissante, s'étonne. Comment se
fait-il que l'Allemagne conduite par le
plus entreprenant des hommes d'Etat, s'ef-
face d'elle-même? Nous avions assisté à
une suite ininterrompue de si grands
succès, que nous en étions presque ar-
rivés à croire que M. de Bismarck ne
pouvait connaître ni les insuccès ni
~les mécomptes, ni ces surprises des cho-
ses qui déroutent quelquefois les pré-
visions des politiques les plus clair-
voyans. Et pourtant, –il est impossible de
ne pas s'en apercevoir,–M. de Bismarck
a. été trompé par les événemens auxquels
nous assistons. Ces fameux bons mots
du chancelier, ces expressions énergi-
ques qui résumaient jusqu'ici avec une
cancision et une justesse extraordinaires
tout~ une situation, ces «paroles ailées »
(~K~~e IFo~c) qui parcouraient l'Eu-
rope comme des ~yertissemens et des pro-
phéties, que de fois depuis deux ans ne les
avons-nous pas vus tomber à faux et
se briser en quelque sorte contre les faits
Que sont devenus et « le petit brin d'Her-
zégovine (~J5M~e~M.B'o!PMM~ )),et« les
os du fusilier poméranieu M, et « le cour-
tage honnête M, et le « beati ~Mf/ca~H,
et K l'impossibilité d'une lutte entre la
théine et l'éléphant? » Ironie ou fatalité,
touscesmots retentissans, qui paraissaient,
à l'origine, admirables de perspicacité et
de bon sens, ont été emportés depuis par
les événemens. Qu'en reste-t-il aujour-
d'hui ?
On sait dans quelles proportions a
grossi « le petit brin d'Herzégovine a Une
grande guerre européenne est sur le point
d'en sortir. H y a quelques mois déjà,
une méchante feuille allemande, fondée
pour agacer M. de Bismarck, et qui
a fini par succomber sous les procès,
la C7oeAavait l'habitude de placer régulièrement
so ds la rubrique K un'petit brin d'Herzégov-
ine M, le récit des carnages de PIevna, de
Schipka, etc. Epigramme d'autant plus
vive, qu'on peut se demander ce que sont
devenus ces malheureux Herzégoviniens
qui ont donné l'impulsion à .la crise
orientale, et dont personne ne s'occupe
plus auj ourd'hui. Toute la diplomatie eu-
ropéenne s'était mise en mouvement pour
eux il y a deux ans. Mais tout passe, ils
ont été bientôt supplantés par les Bul-
gares, et aujourd'hui, la Fo~Mc~e <7o?'-
~OK~H~ annonce que leurs cheis Sko-
bla et Babic partent pour Saint-Péters-
bourg afin de protester contre le traité de
San-Stefano et de ;se plaindre au czar de
les avoir trop oubliés! –Les os du fusi-
lier poméra.nien n'ont pas été compromis,
il est vrai; mais l'opinion publique alle-
mande commence à trouver que la conso-
lation est maigre. Dans leur perplexité,
's Allemands se demandent de plus en
plus si leur puissant empire n'a été rétabli
que pour devenirs une succursale de la
Russie. ') Cette situation-assez modeste
pourrait encore être dangereuse, et, bon
mot pour bon mot, les moins oublieux se
rappellent qu'un homme dont les paroles
i-ont également gravées dans tous les cœurs
.diemands, le grand Frédéric, s'était écrié
en 177~i, en apprenant là conclusion du
traité de Koutchouk-Kaïnardji a Si les
N Russes ont un jour Constantinople, deux
ans après ils pourraient bien avoir
Kœnigsberg Le courtage honnête
que M. de'Bismarck préférait à un arbitrage
ou à une médiation en règle a-t-il quel-
que chance de succès en présence de l'at-
titude qu'ont prise la Russie et l'Angle-
terre? Evidemment non. L'abîme est trop
profond pour êLre comblé aussi aisément.
Le ~'M~, parlant du rôle 'de médiateur 1
que pourrait jouer l'Allemagne, dit
que pourrait jouer l'Allemagne, dit avec
raison « Si ces efforts doivent réussir,
H ce ne peut être qu'à la condition que
M la Russie accepte pleinement le point
') de vue anglais. Aucune explication du
M traité de San-Stefano, aucune conces-
M sion séparée ne saurait conjurer la
M difficulté. Si le prince de Bismarck peut
M amener la Russie à présenter ses expli-
H cations au Congrès et à entendre sans
K aucune réserve les nôtres sur tous
M les points du traité, alors seulement il
restera encore quelques chances de
B paix. » Le ~~o~~M~ s'est changé
déjà en MMe~ ~o~~M~M. Aucun coup
de feu n'a pourtant été tiré mais il a
suffi que l'Angleterre reiusât de reconnaî-
tre les conquêtes de la Russie pour que
celle-ci sentît sa possession en danger
et ne pût avoir aucune confiance dans la
durée de ses succès. La guerre
entre la baleine et l'éléphant oiïre en
enet des perspectives beaucoup plus
dangereuses qu'on ne l'avait soupçonné
d'abord. Après les premières rodomon-
tades, les journaux russes ont été obli-
gés d'avouer que l'Angleterre pouvait
entamer la Russie de tous les côtés et
lui causer les plus graves, embarras.
Mais la Russie, que peut-elle contre
l'Angleterre? Les Russes ont bien cher-
ché, et le résultat de leurs eSbrts a été
d'imaginer, pour porter un coup décisif
à la puissance britannique, des projets
d'expédition dans l'Inde, et sur mer une
campagne de corsaires, projets qui sont un
curieux témoignage de l'impression que
les romans de notre compatriote Jules
Verne ont produite sur les imaginations
moscovites, Les Russes comptent em-
ployer, pour atteindre la puissance et le
commerce de l'Angleterre, des moyens
analogues à ceux dont les héros du ro-
mancier français se servent pour monter
dans la lune ou pour descendre au centre
de la terre. C'est un véritable envahisse-
ment de la politique par la fiction.
On le voit, il ne reste rien des « paroles
ailées H de M. de Bismarck. Que reste-t-il
de ses déclarations officielles? Dans sa
fameuse conversation après un dîner
parlementaire, le 1' décembre 1876, le
chancelier allemand a dit
« Il n'y a pas encore à désespérer de la
conservation de la paix; mais si la guerre de-
vait avoir lieu,–ce qui est assez probable,–
ce serait une guerre longue et dii'Bcile. La
Russie et la Turquie s'épuiseraient mutuelle-
ment par la lutte, et alors se présenterait
pour l'Allemagne l'occasion d'ofTrir sa média-
tion avec plus de succès. N
Lord Derby a dit exactement la même
chose à la Chambre des Lords peu après
le commencement de la guerre. Cette ma-
nière d'attendre l'issue des complications
en laissant à la fortune tout ce qu'on
pourrait lui enlever par conseil ou
par prévoyance était d'ailleurs on
le sait, le principe même de la con-
duite de Napoléon III. M. de Bismarck,
par la plus étonnante des fatalités, aurait-
il été victime de la même illusion que ces
deux grands politiques? Serait-il à tel
point changé qu'il renonçât à diriger les
événemens, préférant se laisser conduire
par eux? Aurait-il été dupe, comme
M. Gladstone ou le professeur Freeman,
de la philanthropie de la Russie? Le 5 dé-
cembre 1876, il disait mot pour mot au
Reichstag
a Il n'y a pas la moindre raison de
supposer que la Russie ait en vue n'importe
quelle conquête. Si le préopinant (M. Richter)
pouvait Journir la preuve, du contraire, la po-
litique tout entière de l'Europe se modiQe-
rait et prendrait une face nouvelle. Le pré-
opinant, s'il était à même de prouver ce qu'il
avance, rendrait peut-être à certaius gouver-
nemens un service signalé. Mais jusqu'ici
nous n'avons que l'assurance solennelle de
l'empereur Alexandre qu'il renonce à toute
acquisition territoriale, et je ne sais pas ce
qui, surtout dans notre pays, pourrait nous
donner le droit d'inspirer au pub)ic le soup-
çon qu'il s'agit pour les Russes de nouvelles
conquêtes." n
-M. Richter,pourra se vanter d'avoir été
une fois dans sa vie plus clairvoyant que
M. de Bismarck. Mais, au milieu de toutes
ces surprises, qu'est devenue l'alliance
des trois empereurs ? Cette alliance,
qui était le pivot de la politique du
gouvernement de' Berlin et qui devait
servir d'étoile polaire à toute l'Europe,
qu'a-t-elle produit? Elle avait été solen-
nellement établie pour maintenir la paix
nous sortons d'une guerre terrible et nous
sommes sur le point d'entrer dans une
autre. Combien de fois M. de Bismarck ne
s'est-il pas vanté au Parlement et ailleurs
de l'efficacité de cette alliance qui devait
aplanir .toutes les difficultés entre la
Russie et l'Autriche! L'Allemagne
est l'amie de son amie, disait-ii; elle
se fait fort d'écarter tout sujet de
dissension entre les deux autres em-
pires, et, quant à elle, elle signera des
deux mains tout ce que ses alliés con-
certeront. Ce concert entre l'Au-
triche et la Russie, où était-il à San-
Stefano ? Jamais les divisions n'ont été
plus profondes, et aujourd'hui, comme
le dit la .Py&Me de Vienne, « la politique
» autrichienne, au lieu de suivre la route
M de Berlin à Saint-Pétersbourg se pro-
N mène sur celte de Londres à Constan-
» tinpple. »
L'Allemagne n'a rien prévu, rien pré-
venu, rien empêché. Songe-t-elle du
moins à réparer le mal qu'elle a laissé se
produire? On a pu le croire en lisant il y
a quelques jours les articles de la jPo~ et
pérance n'est confirmée jusqu'ici par
aucun fait saisissable. Si la Russie
est parvenue à imposer à la Turquie
la paix que l'on sait, n'est-ce pas parce
que le bras de l'Allemagne a retenu l'Au-
triche pendant toute la guerre actuelle,
mais surtout après les désastres de
Plevna, comme le bras de la Russie l'avait
déjà retenue pendant la guerre de 1870-
1871, après Wœrth et Sedan? Rien ne
prouve que le traité de San-Stefano
ait ouvert les yeux au cabinet de
Berlin sur les dangers de la protection
dont il couvre les entreprises russes.
L'incident de la Roumanie semble indi-
quer au contraire qu'il est prêt à tout
sacrifier à l'alliance russe « Com-
ment s'écrient les journaux allemands,
la défunte Diète de Francfort a pris
une résolution solennelle, au moment
de la guerre de Crimée, pour déclarer
que l'influence russe devait être exclue
des bouches du Danube, et ce que cette
misérable Assemblée, objet de tant de mé-
pris, a eu le courage de faire, le puissant
empire d'Allemagne n'osera pas le faire à
son tour )) M. Bratiano aavoué, durant son
voyage à Berlin, qu'en choisissant un
prince de Hohenzollern pour la gouver-
ner, la Roumanie avait cru placer sous la
protection de l'Allemagne les bouches du
Danube, ce fleuve allemand par excel-
lence. Elle se trompait. S'il faut en croire
les journaux, l'Allemagne qui a fait une
des plus grandes guerres de l'histoire, la
guerre de 1870-1871, à cause du prince
Léopold de Hohenzollern ne fera rien
du tout pour son frère le prince Charles.
La cour de Berlin reprocherait même à
ce dernier, suivant la .&'<~MMC~ ~e~-
~M~, de manquer de respect au czar
en défendant l'intégrité de son pays.
Le chef puissant de la famille ~.es
Hohenzollern laissera-t-il dépouiller sqas
protestation un des membres les plus
intéressans de cette famille? Et faut-
il croire que le mot prêté à l'em-
pereur Guillaume, nous ne savons sur
quelle autorité, par le journal la F~-
~~Mf de Prague, est l'expression de
la vérité « Les canons, aurait dit
M l'empereur peuvent gronder depuis
H la mer Blanche jusqu'à l'Indus, de-
)) puis le Kamtschatka jusqu'à la Seine
M et la Tamise; tout cela ne suffira pas à
? dénouer l'alliance impériale russo-alle-
K mande, a M. de Bismarck, qui a eu assez
d'influence sur l'esprit de son souverain
pour faire de lui un allié de Garibaldi,
n'en aurait-il plus assez pour le détacher
d'Alexandre H?
Nous ne chercherons pas à savoir ce
que va faire l'Allemagne. Les journaux
de Berlin accueillent avec beaucoup de
maussaderie la demande de médiation
qui a été adressée, dit-on, à leur gou-
vernement. La ~~M~ ~CM'MM/ dé-
clare que l'Allemagne ne peut pas dépas-
ser le rôle de courtier honnête. « Exercer
M une pression sur l'une ou l'autre des
M puissances, dit-elle, sortir de l'équilibre
a diplomatique entre les deux adversai-
? res, il n'y faut pas songer; l'Allemagne
H n'y est pas préparée. Le prince de Bis-
M marck ne peut, pas plus que les minis-
a très anglais et russes, combler l'abîme
M qui sépare les vues de ces ministres
M et ébranler des résolutions arrêtées.D »
La .~(M'~ew~cAe ~~M~M~ ~6~WMj/ dé-
clare, de son côté que « toute mé-
B diation. serait inutile si les deux ad-
H versaires n'étaient pas décidés d'avance
B à faire des concessions », ce qui équi-
vaut à dire que la médiation est impos-
sible, puisque le point de vue européen de
l'Angleterre exclut toute idée de conces-
sion. L'Allemagne, qui seule pourrait sau-
ver la paix, est-elle donc disposée à lais-
ser la guerre éclater? Nous n'oserions pas
exprimer un avis à ce sujet; mais voici
celui d'une feuille autrichienne ministé-
rielle, et par conséquent condamnée par
son caractère à une certaine réserve, la
.P~~ de Vienne
« H nous semble que dans nos cercles poli-
tiques on n'a pas encore une idée bien claire
de l'attitude de l'Allemagne dans la question
d'Orient. Nous continuons à lire tantôt dans
une feuille, tantôt dans une autre, d'étran-
ges exhortations adressées au chancelier al-
iemand, et par lesquelles on l'engage à
mettre enSn de côté sa sympathie pour la
Russie, et à prendre résolument parti pour
l'Autriche et ses plans en Orient. Comme si
pour le prince de Bismarck il s'agissait de sa-
voir de quel côté penche son cœur, et non de
quel côte tendent sa raison et sa politique?
Croit-on vraiment que le directeur des desti-
nées allemandes verrait avec un bien grand dê-
piaisir que la puissance politique et militaire
de la Russie fût encore longtemps occupée
en Orient, que l'Angleterre et la Russie se
prissent aux cheveux, que l'Autriche ne
parvînt pas de sitôt à avoir la tranquillité
au dedans et au dehors ? Le grand stra-
tégiste Moltke a dit après la guerre
française que l'AHemsgne avait besoin
d'un* demi-siècle pour consolider la position
acquise. Or qu'est-ce qui pourrait contribuer
mieux à cette consolidation que l'affaiblisse-
ment des puissances voisines, par des compli-
cations qui occuperaient leurs forces loin
des frontières allemandes, au sud-est de
l'Europe et au cœur de l'Asie? Chaque
Etat comme chaque homme se préfère à
tous les autres, et, bien qu'on puisse dé-
sirer sincèrement la paix en Allemagne,
on y déclare sans cesse et sans ambages
que toute la question d'Orient, et le
traité de San-Stefano, et tout ce qui
se passe là-bas, ne touchent aucunement
l'AUemagne. Si l'on désire le maintien de la
paix, c'est pour des raisons économiques et
humanitaires. Mais si néanmoins une guerre
européenne éclate, alors on peut en être
certain aucun Etat ne saura tirer un si
grand profit de sa neutralité que l'Allema-
gne. ')
BOURSE DE PAMS
CMiMre te 13 te 15. SEenaexe. Bt~tee.
S e/0
Comptant. 72 2S. 7220. S.
Fincour. 72171/2 72 s.121/2
t/w c/e
Comptantl02SO.102lO. .40,
&e/e
Comptantt092S.10895.30.
Finconr.l0915.10897l2 .1712 2
PETITE BOURSE DU SOIR.
Emprunt S 0/0. 109 fr., 108 fr. 87 1/2, 90.
30/0. 71&.8S.
5 0/0 turc. Sfr.lO.
Egyptiennes 6 0/0.. 147 fr. 50.
TéMgfapMe pf!v<<
(Service télégraphique de l'agence Havas.)
Berlin, le 15 avril, soir.
A propos de l'information publiée par les jour-
naux, et d'après laquelle le prince de Bismarck
se serait montré très froid vis-à-vis de M. Bra-
tiano et même vis-à-vis de la personne du prince
Charles, la Gazette de ~M~M~e du Nord dit
« M. Bratiano doit avoir su, avant son arrivée
à Berlin, que l'Allemagne n'est pas disposée à sa-
crifier ses relations avec la Russie à la prise en
considération des vœux de la Roumanie dans la
question de la Bessarabie, laquelle ne touche pas
aux intérêts allemands.
» Assurément, dit encore la 6'a~~e, la nouvelle
donnee par un journal, d'après laquelle te prince de
Bismarck aurait témoigné de la froideur à M. Bra-
tiano et vis-à-vis de la personne du prince Char-
les est inexacte. La vive sympathie que l'on
éprouve ici pour le prince n'a fait que s'augmen-
ter par suite des récens événemens. Le meilleur
conseil qui puisse être donné à M. Bratiano,
considéré aussi comme chef du parti radical en
Roumanie, est de faire de son coté tout le pos-
sible pour qu'un prince aussi remarquablement
doué pour le gouvernement puisse être conservé
à la Roumanie. Ce conseil a certainement été
donné ici à M. Bratiano. ainsi que l'assurance
des sentimens les plus bienveillans pour la na-
tion roumaine &
Constantinople, le t4 avril.
Les Russes ont pris toutes leurs dispositions
pour une prompte occupation de Constantinople
et du haut Bosphore au premier signal, en cas
de rupture avec l'Angleterre.
Constantinople. le 14 avril.
Le grand-duc Nicoias, avec HO officiers d'état-
major, a remonté hier le Bosphore jusqu'à Buyuk-
déré et a parcouru les positions occupées par les
Turcs.
Le patriarche grec a adressé une protestation
à la Sublime-Porte, au grand-duc Nicolas et à
toutes les ambassades, relativement à la prise
de possession des églises grecques par les Bul-
gares dans plusieurs villes de la Bulgarie.
Le prince Hassan retournera en Egypte à la
lin de la semaine.
Vienne, le 1S avril.
La ~VoMM~ Presse annonce que la réponse de
la Russie aux objections de l'Autriche contre le
traité de San-Stefano est arrivée. Elle a été com-
muniquée confidentiellement au gouvernement
par l'ambassadeur de Russie, M. de Novikoff.
Cette réponse serait très conciliante et autori-
serait à espérer qu'une transformation du traité
de San-Stefano dans le sens indiqué par l'Au-
triche sera possible.
Le Lloyd de Pesth reçoit des renseignemens
analogues, ajoutant que la Russie est d'accord
que l'Autriche étende son influence sur la moitié
occidentale de la péninsule des Balkans. La
Russie serait disposée à diminuer le nombre des
troupes qui occupent la Bulgarie et à rectifie&les
frontières que le traité de San-Stefano a données
à ce pays.
Vienne, le 18 avril.
La Con'M~OMa'iïacc ~oH~Mc annonce, contrai-
rement a toutes les nouvelles qui ont couru,
que le cabinet de Saint-Pétersbourg n'a pas
encore répondu aux observations du cabinet de
Vienne concernant le traité de San-Stefano, trans-
mises au gouvernement russe par le général
Ignatieu.
Bucharest, le ~4 avril, soir.
La nouvelle donnée par la .Po/~MeAe Co~'MpoM-
~MM de Vienne .disant que, sur la demande du prince
Gortchakoft, M. Cogalniceano. ministre des affai-
res étrangères, aurait sollicité à plusieurs reprises.
du prince de Roumanie, la destitution de M J.
Balaceano, agent diplomatique de Roumanie à
Vienne, est complètement fausse. Le prince Gort-
chakofî ni aucun autre agent russe ne s'est ja-
mais adressé au gouvernement roumain directe-
ment ou indirectement pour demander le rappel
de M. Balaceano.
Bucharest, le 1S avril.
M. Bratiano est revenu ce soir à quatre heures.
Le chemin de fer est interrompu entre Barbosi
et Hanokonaki.
Le pont de Petrosani, sur le Danube, est
rompu.
Raguse, le H avril, soir.
Trente-deux chefs insurgés de l'Herzégovine oc-
cidentale sont arrivés ici aujourd'hui, revenant de
Cettigne où ils avaient été appelés. Ils repartent
cette nuit pour Popovo.
Ils vont reprendre les armes sous le drapeau
monténégrin et sont résolus à ne pas se sou-
mettre à la Turquie.
Londres, le 15 avril.
Le FMMM publie les nouvelles suivantes
Saint-Pétersbourg, le 14. Les eubrts que fait
en ce moment l'AUemagne pourront peut être
aboutir à la réunion d'une Conférence prélimi-
naire. On croit en etîet que le gouvernement
anglais est actuellement plus favorable que par
le passé à cette proposition.
Berlin, le 13. On dit que la Russie cherche à
émettre un emprunt en Amérique. Des négocia-
tions sont ouvertes aussi dans ce but en Allema-
gne et en Hollande.
Belgrade, le 14.– La Russie s'efforce de gagner
l'alliance des Serbes pour l'éventualité d'une nou-
velle guerre. Le prince Milan est favorable à cette
alliance, à laquelle le cabinet est opposé. Le co-
ionel Leschanine s'est rendu à Saint-Pétersbourg
pour communiquer cette situation.
Les préparatifs pour la guerre continuent sans
relâche.
Une crise ministérieUe est probable.
On télégraphie de Berlin au ~fo~'MM~ .Po~< que
le nouvel emprunt russe doit s'élever à SO mil-
lions de roubles, indépendamment d'une émission
de bons du- Trésor.
Le ,S<
toutes les villes de la Bulgarie à envoyer des
délégués à Philippopoti pour l'élection du prince.
Belgrade, le 14. On s'attend à ce que le
prince Milan proclame l'indépendance de la Serbie
!e 21 de ce mois.
Une dépêche de Vienne annonce que la ré-
ponse du prince Gortchakofî aux objections pré-
sentées par le comte Andrassy contre le traité de
San-Stefano est parvenue le 0 aux mains du
gouvernement autrichien. Le ton de cette ré-
ponse est. très conciliant. Aussi les journaux
semi-officieux commencent-ils de nouveau a se
montrer froids pour une alliance avec l'Angle-
terre.
Le .PtM'Jy ?Mvantes
Constantinople, le 14. Les Turcs ont ce.ssë la
construction d'ouvragesàla suite des remontran-
ces des Russes.
Vienne, le 14. Les Russes doivent occuper
la Roumanie et désarmer aussitôt l'armée rou-
manie.
La guerre entre l'Angleterre et la Russie est
considérée comme inévitable.
Berlin, le 14. Le prince Charles de Roumanie
a notifié aux empereurs d'Allemagne et d'Au-
triche son intention d'abdiquer si l'on permet-
tait à la Russie d'usurper le gouvernement de la
Roumanie.
Londres, le 15 avril.
Les journaux anglais considèrent que la situa-
tion offre aujourd'hui moins de place à l'espé-
rance d'une solution pacifique.
Le Times décrit cette situation de la manière
suivante
« Nous n'avons à signaler aujourd'hui aucun
changement dans l'attitude des puissances euro-
péennes.
& La perspective d'un Congrès dans lequel toutes
les difucultes seraient aplanies pacifiquement est
aussi éloignée que jamais. En Russie comme en
Angleterre, il existe un sentiment profond que
la guerre est devenue inévitable entre les deux
pays. ))
Toutefois, le ?*MKM ne désespère pas encore
qu'une solution pacifique ne soit amenée.
« Les élémens de cette solution existent, dit le
journal de la Cité c'est le devoir de la diplo-
matie de tirer d'eux le plus grand parti possible.
Si l'hésitation de la Russie à soumettre le traité
de San-Stefàno aux autres puissances ne couvre
aucune arrière-pensée, si la discussion porte
réellement sur la forme, la difficulté d'arriver à
une solution ne saurait être insurmontable.
» Mais la Russie, conclut le ~MMM, doit être
disposée à faire quelque chose de plus quelde sou-
mettre le traité aux représentans assemblés des
puissances, car on lui demandera aussi de mo-
difier ses désirs suivant les intérêts de ses voi-
sins. &
Londres, le 15 avril, 6 h. soir.
C/MM~ve des CoMMMM~. M. Wolf demande
s'il est exact, comme l'annonce ce matin le Stan-
dard, que les Russes aient déjà pris des mesu-
res pour qu'il soit procédé à l'élection du prince
de Bulgarie.
Sir Stafford Northcote répond que le gouverne-
ment n'a reçu à cet égard aucune information.
Il prie M. Wolti de répéter sa question demain.
Un fait entièrement étranger à la ques-
tion d'Orient vient de jeter l'émoi dans
l'Angleterre; il s'agit de l'assassinat com-
mis en Irlande, sur la grande route, en
plein jour, sur un propriétaire, le comte
de Leitrim, membre de la Chambre des
Lords. Ce genre de vengeance popu-
laire n'a rien de nouveau il a depuis
des siècles existé en Irlande, le pays des
sociétés secrètes. Il n'y faut pas chercher
des causes politiques, comme dans la plu-
part de nos révolutions. Le mal a une
autre origine c'est la guerre agraire,
comme on l'appelle dans la langue du
pays, c'est-à-dire la conspiration perma-
nente du cultivateur contre le proprié-
taire. Bien des fois déjà nous avons
raconté ces épisodes sanglans qui se
représentent toujours sous la même forme.
En Irlande, il y a peu d'industrie; c'est
la terre qui est la matière première du
travail, et c'est la passion de la terre qui
est la plus vive de toutes. Le paysan se
regarde comme copropriétaire du sol, et
quand le titulaire de la propriété veut l'ex-
pulser, il se venge par des coups de fusil. Il
tombe rarement sous la main. de la justice,
parce qu'il est protégé par l'universelle
complicité populaire. Il attend le maître,
le tyran, le confiscateur, au coin d'une
route, et il l'assassine à la lumière du
soleil; il se regarde comme l'exécuteur
d'une loi sociale. Y eût-il vingt témoins
du crime, on n'en trouvera pas un qui
dépose. Le vide se fait auprès de la vic-
time, et les assassins trouyent.partput le
silence et la fraternité.
C'est ainsi que cela a eu lieu cette
fois encore. Lord Leitrim passait pour un
maître rigoureux et avait soulevé de vio-
lentes animosités. Cet homme de soixante-
dix ans était très déterminé; il savait les
dangers qu'il courait, et il les affrontait. L'a-
vant-dernière semaine, il a été attaqué sur
la grande route et impitoyablement assas-
siné. Deux de ses gens qui étaient avec lui
et qui auraient pu servir de témoins ont
partagé son sort. Ce qui prouve à quel
point est générale et profonde cette con-
spiration du pauvre contre le riche, c'est
que le crime commis à une des extrémités
de l'Irlande a eu son écho à Dublin, où
lord Leitrim a été enterré dans un caveau
de famille, et où c'est avec peine qu'on a
arraché son cercueil à la violence popu-
laire.
Ce meurtre a causé une grande émotion
parce qu'on commençait à espérer que la
guerre servile, la guerre agraire, avait
diminué d'intensité. Le dernier ministère
anglais, celui de M* Gladstone, avait fait
voter une loi qui corrigeait le droit ab-
solu des propriétaires, et les obligeait à
donner une certaine compensation aux
fermiers qu'ils congédiaient. Les ven-
geances particulières étaient donc de-
venues plus rares. Assurément, on ap-
prenait encore de temps en temps le
meurtre d'un fermier qui avait osé
prendre la place d'un autre, ou celui
d'un homme d'affaires chargé de gérer une
propriété, et, régulièrement, on ne trouvait
ni témoins pour avoir vu, ni jurés pour se
mettre d'accord.Mais c'étaitdupetitmonde,
et on ne s'en occupait pas beaucoup.
Le chanoine Sydney Smith disait qu'on
ne ferait jamais une loi sur les accidens
de chemins de fer avant qu'on eût brûlé
un évêque. C'est ainsi que l'assassinat
d'un lord, d'un très grand propriétaire, a
secoué l'opinion publique et a rappelé
l'attention sur l'état social de l'Irlande,
comme une pierre jetée au fond d'un ma-
rais en fait remonter à la surface toutes
les impuretés,
IIy a eu, à cetteoccasion, des discussions
dans la Chambre des Lords et dans la Cham-
bre des Communes, et celle de la seconde
Chambre a été tellement violente qu'ilafallu
faire évacuer la salle et ordonner le huis
clos. Des députés irlandais ont attaqué
et outragé la mémoire de l'homme assas-
siné, se faisant les avocats du crime,
et ont. provoqué un tel tumulte qu'il
a fallu faire sortir le public. On sait
que l'Angleterre tient à ses vieux usages,
même quand ils ne sont plus que des
fictions. Or ce n'est que par tolérance
que les étrangers et les représentans
de la presse sont admis à assister aux
séances, et il suffit qu'un député dise
simplement « Je vois des étrangers
dans la salle M, pour que le président
mette aux voix le huis clos. Ce n'est donc
que par des indiscrétions, et par des in-
discrétions certainement illégales, que les
journaux peuvent publier quelques ren-
seignemens sur la séance devenue secrète.
La salle a été évacuée à neuf heures du
soir et n'a été ouverte de nouveau qu'à
minuit et demi. Pendant cet intervalle,
la discussion a continué avec une vio-
lence croissante, et, ce qui peut donner
une idée du tumulte qui s'est produit,
c'est que des hommes comme M. Glad-
stone et lord HarUngton ont dû se plain-
dre au président d'avoir été insultés dans
les couloirs par certains de leurs collè-
gues. En dernier résultat, la motion du
groupe irlandais, qui avait pour but de
censurer la conduite de la justice, a été
repoussée, et elle n'était, du reste, desti-
née qu'à provoquer une discussion. Mais
nous nous demandons à quoi sert le huis
clos s'il n'emporte pas l'interdiction abso-
lue de la publicité, et si tous les jour-
naux peuvent, le lendemain matin, rendre
rendre compte plus ou moins fidèlement
de la discussion interdite.
JOHN LEMOINNE.
On nous écrit de Constantiuople; le
5 avril:
Vous vous êtes déjà occupés à plusieurs
reprises des griefs trop fondés des Roumains
contre les prétentions russes vous vous êtes
également occupés des revendications grec-
ques, et vous avez eu raison de montrer tout
ce qu'elles avaient de légitime; mais les Grecs
et les Roumains ne sont pas les seuls à
avoir des droits à faire valoir dans le re-
maniement de l'empire ottoman, et les
droits des Arméniens bien que ceux-ci ne
les aient jamais revendiqués les armes à
la main, bien qu'ils se soient soumis à la do-
mination turque avec plus de docilité que
tous les autres, qu'ils aient pris une part active
au gouvernement général et acquis dans le
pays une influence due à leur intelligence,
à leur savoir-faire indéniables, ces droitg,
dis-je, sont peut-être plus nettement tracés
que ceux de toutes les nationalités qui oateu
à subir la domination ottomane.
N En tout cas, ils sont certainement les
plus anciens; sans être réfractaires en aucune
façon à la civilisation européenne, les Armé-
niens ne peuvent-ils pas, en effet, comp-
ter parmi les peuples qui ont le mieux
conservé, et cela depuis les temps les
plus reculés, leur nationalité, leur langue,
leur caractère propre? Et cependant, combien
de dominations diverses n'ont-ils pas su-
bies, dominations brutales, sauvages, dont
les violences des Kurdes et des Circassiens
sont, de nos jours, la dernière expression ? '?
Ne compte-t-on pas par. milliers les victimes
que ces derniers ont faites en Arménie pen-
dant la guerre qui vient de unir?
B L'article 16 du traité de San-Stefano re-
connaît catégoriquement qu'il y a une me-
sure nécessaire à prendre à l'égard des Armé-
niens.
« Comme l'évacuation des troupes russes, dit
cet article, des territoires qu'elles occupent en
Arménie et qui doivent être rendus à la Tur-
quie, peut donner naissance à des conflits et à
des complications défavorables aux bonnes rela-
tions des deux pays, la Sublime-Porte s'engage a.
réaliser sans délai les améliorations et les réfor-
mes réclamées par les besoins locaux dans les
provinces habitées par les Arméniens, et à ga-
rantir leur sécurité contre les Kurdes et les Cir"
cassiens. &
a Cet article, tout succinct qu'il puisse être,
n'en est pas moins fort éloquent. Comment
se fait-il, en effet, que la Russie, si peu
conûante d'ordinaire, et non pas sans raison,
dans les engagemens de la Sublime-Porte, se
mette tout d'un coup à s'en rapporter à elle
dans cette question de la sécurité de l'Armé-
nie ? Il est vrai que le doute se laisse entre-
voir dans la première phrase de l'article
plus que le doute, car on y voit exprimé
l'espoir qu'il naîtra des « conflits et des
complications défavorables aux bonnes re-
lations des deux pays. B II est vrai aussi
qu'il est stipulé que les provinces ar-
méniennes de la Haute-Asie jouiront du
même régime que certaines provinces chré-
tiennes des Balkans, et obtiendront des
réformes en rapport avec les besoins locaux.
Soit mais tout cela est bien vague et
rassure médiocrement les patriotes armé-
niens avec lesquels j'ai eu à causer duprésent
et de l'avenir de leur pays.
o Pour eux, leurs aspirations ne vont en
rien à l'extrême; ils ne songent nullement à
s'affranchir de l'autorité ottomane, à rétablir
un royaume d'Arménie; ils ne veulent pas
rendre aux élémens musulmans qui se trou-
vent chez eux le mal qu'ils ont souffert; ils
n'aspirent qu'à une chose, à ce qu'on les
laisse libres de développer leur activité; ils
parviendront alors à vivre côte à côte avec.
les muisumans; et en procédant, non par la
violence, mais par la persuasion, ils sauront
amener la fusion des intérêts, ce rêve tou-
jours poursuivi et jamais atteint.
Ne sont-ils pas capables, en eHet, de
trouver en eux-mêmes tous les élémens
d'une bonne administration, qui peut seule
eSacer les rivalités et pacifier les es-
prits ? Ils sont travailleurs, instruits, au
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