Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-03-26
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Description : 26 mars 1878 26 mars 1878
Description : 1878/03/26. 1878/03/26.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ËDITïON DE PARIS.
MM~ms
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.OSf S'ABONNE
· en Belgique, en Italie,
dans le Luxembourg, en Turquie,
en Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans IM
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon,
au moyen d'une 'valeur payable .a Paris ou de
~&ndats-poste,soit internationaux, soit francatt,
en Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez. tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays,
pM renvoi d'une-valeur payable jMfit.
I.M annonces ~ont Mcaes
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OM SABONNÈ
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chaque mois.
~M~, tint jMmnéx'e. M ~Nt.
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«it.~ettty. màviie<) et C'Finch tane ComMI,
E. C.,I.bndo!i; M~M. ~M. N
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A BruxeUes, & l'O~M jH~!«M, «, me
MadHëine, dàts tes kiosques et dans 'tes M.
bUotMqûes des gares d" chemins de fer Ce~es.
A. Vatpàraiso (Chili), chezM.Orostes L. TorheN.
JMJMAL BES DEBATS
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F~LHi~iJM Mi Lil i~RAiniio
PAMS
MJNM 2o MARS
t,
Revenons au traité de San-Stefano.
Tous les journaux de l'E urope en parlent
aujourd'hui, et nulle part la lecture du
texte officiel n'a afTaibli l'impression pro-
duite par les résumés préparatoires et par
les détails isolés qui nous étaient déjà
parvenus elle Ta plutôt aggravée. A
Londres, l'émotion a été profonde, mais
on peut dire que l'esprit public était dis-
posé à tout accueillir avec vivacité. A
-Vienne, au contraire, le mot d'ordre donné
récemment a la presse officieuse était t
d'admettre le traité à correction, mais
avec une faveur préventive toutefois, la
surprise a été telle, que la plume est en
quelque sorte partie d'elle-même dans la
,;main des journalistes, et le 2~
journal ministériel, ne peut s'empêcher
de déclarer que les préliminaires de San-
Stefano sont incompatiblesavec l'existence
.de l'Autriche comme puissance de premier
ordre, ~ous sommes loin, on le voit,
des appréciations optimistes que le 2Vo~
~'ecoinmandait hier à hotre attention.
Lorsqu'on lit le traité de San-Ste-
fano, la première préoccupation qui
se présente à l'esprit est toute géogra-
phique bu ethnographique. Il est si Ion-~
~uemcnt question de frontières pour le
Monténégro., pour la Serbie, pour la Bul-
garie tant de noms & moitié inconnus se
présentent à l'œil et sonnent à l'oreille,
qu'on cherche une carte pour comprendre
bien exactement de quoi il s'agit. Une
carte, en effet, est indispensable, à tel
point que les plénipotentiaires de San-
Stefano en ont annexé une à leur traité.
Nous ne la connaissons pas, nous ne
connaissons que le traité, mais il est facile
avec celui-ci de reconstruire celle-là, et ce
travail vient, du reste, d'être fait avec une
incontestable autorité par M. Henri
Kiepert. Les plénipotentiaires russes se
sont, de leur aveu, beaucoup servis de
la carte géographique de Kiepert et
de la carte ethnographique dé Lejean.
Pouvaient-ils faire mieux? N'est-ce pas
au nom du principe dés races et des
nationalités que les Russes sont partis en
guerre, et, parmi les populations chré-
tiennes des Balkans, n'est-ce pas en la
race bulgare qu'ils ont mis surtout leurs
complaisances? La'Russie n'a oublié
ni les Serbes ni les Monténégrins, et nous
verrons comment elle a traité les uns et
les autres, mais c'est particulièrement à
la confection de la principauté de Bulga-
rie qu'elle a employé ses soins et son ha-
bileté. A-t-elte réussi ? Il suffit, pour s'en
convaincre, de jeter les yeux sur la
carte ethnographique que M. Kiepert a
publiée en 1876, et sur la carte nouvelle
qu'il vient de dresser et dont nous avons
parlé plus haut. La première était
la carte des races, et des couleurs très
vives y représentaient les nationali-
tésdinërentes la seconde est la carte du
traité de San-Stefano. Entre les deux la
différence est considérable, et la compa-
raison de l'une à l'autre montre claire-
ment que si les considérations ethnogra-
phiques ont servi de prétexte aux Russes
pour s'engager dans la voie, ils ont
poursuivi leur route avec d'autres inspi-
rations. Le principe das nationali-
tés a été le point de départ, mais il a
bientôt disparu pour céder la place au
principe pur et simple des convenances,
si l'on peut appeler cela un principe.
Nous avons déjà dit que le Monténégro
avait été infiniment plus favorisé que la
Serbie. A regarder la carte, on voit d'a-
bord que son territoire a été un peu plus
que doublé. Les Russes n'aiment pas les
Serbes, nation égoïste, personnelle et peu
maniable. La Serbie a d'ailleurs un
tort, qui est d'être située le long du Da-
nube ot elle sera pour la Russie plu-
tôt une gêne qu'un instrument; tandis
que les Monténégrins touchaient presque
la mer et ne demandaient qu'à s'y bai-
gner, au profit de leurs protecteurs aussi
bien qu'à leur propre avantage. La mer
c'est le grand attrait des imaginations
russes. La Baltique est froide et glacée ï
la mer Adriatique et la mer Egée sont
éclairées par le plus brillant soleil quel
beau rêve que d'établir sur ces deux
mers des colonies' comm9 le Monténé-
gro et la Bulgarie! Ces deux principau-
tés étaient destinées à devenir les en-
tons chéris de la politique russe et pour
leur assurer un sort plus heureux, les
diplomates de San-Stefano n'ont pas hé-
sité :à sacrifier le principe des nationa-
lités. LeMonténegro s'adjoint une quantité
considérable de musulmans et. d'Alba-
nais catholiques ses proportions territo-
riales sont .grossies outre mesure la
Russie lui réserve, sans doute, dans
les Balkans un avenir dont la Serbie
pourrait bien être jalouse ou même in-
quiète. Ce n'est pas que la Serbie
n'ait obtenu aussi l'immolation de quel-
ques nationalités étrangères sur l'au-
tel de ses intérêts. On lui donne
une partie de la Vieille-Serbie dans
lt ~direction de Novi -Bazar ( la cita-
delle de cette place est, dit-on, at-
tribuée aux Serbes et la ville aux
Turcs); puis, Prokoplje et Kurchumlje,
c'est-à-dire un territoire habité par des
Albanais. Il est notoire que la population
do Jà Vieille-Serbie a émigré en Hongrie
.u commencement du dix-huitième
siècle et a été remplacée peu à peu
par les Albanais la Serbie actuelle,
en revendiquant la Vieille-Serbie, se
Msse donc plutôt conduire par une
analogie de mot que par une iden-
tité de race. Elle aura en outre Nisch
et Leskowatz. Est-ce que ces~ villes
sont habitées par des Serbes? Non, mais
par des Bulgares. La nouvelle princi-
pauté de Bulgarie ne manquera pas de
protester bientôt Contre le dépouillement
dont elle est Victime, et les Serbes doi-
vent regarder comme très passagère entre
leurs mains la possession de Nisch et de
Leskowatz. S'ils résistent, s'ils essaient de
se défendre contre les fatalités de l'avenir,
ils auront à droite les Bulgares, à gauche
les Monténégrins, et derrière les uns et
les autres la formidable puissance de
la Russie. Monténégrins et Bulgares,
voilà les deux points d'appui que les
Russes se préparent et qu'ils forti-
nent sérieusement les uns prendront la
tête de la Bosnie, de l'Herzégovine, de la
Serbie, peut-être un jour de la Serbie
hongroise, des Confins militaires et de la
Croatie; les autres, adossés au Danube et
lés pieds dans l'Archipel, assurent aux
Russes la domination au centre et à l'est.
Il faut en venir enfin à la Bulgarie, qui
est là conception la plus originale du
traité de San-Stefano. C'est ici qu'il est
difBcile de se passer de cartes si l'on
veut bien comprendre l'application que
fait le jf~MM de la fable de l'Huître et les
Plaideurs. On a donné, dit-il, à la Bul-
garie tout le gras du mollusque, et
on a laissé à la Turquie les coquilles
après les avoir préalablement brisées
en morceaux. La Bulgarie sera bor-
née au nord par le Danube, à l'ouest
par la Serbie et par l'Albanie; mais de ce
dernier côté elle empiète singulièrement sur
l'Albanie elle engloba des districts en-
tiers où il n'y a que des Albanais, comme
le district de Dibra, la rive occidentale
du lac Orchida, et surtout le district
de Kastoria. Au sud-ouest, la frontière
trace un vaste circuit et comprend des
territoires où les Albanais, les Zinzars,
les Grecs et les Turcs sont trois fois plus
nombreux que les Bulgares. Nous arrivons
au sud, c'est l'endroit sensible. La frontière
touche à la mer une première fois à l'em-
bouchure du Wardar on compte sans
doute établir sur ce point une station
maritime. Puis, la frontière se relève,
passe a côté de Salonique, laisse en de-
hors la péninsule chalcidique, et vient
rejoindre la mer au golfe Orfané. Du
golfe Orfané au golfe Lagos, la fron-
tière bulgare a 35 à 40 lieues géo-
graphiques de côtes, et, comprend la
place et la rade de Kavala. Elle remonte
ensuite au nord, contourne Andrinople,
se replie autour de la place de manière à
couper ou à toucher à LuIé-Bourgas ses
communications ferrées avec Constantino-
ple, etenûnvientaboutir àlamerNoire, un
peuau-dessusdeMidia.Le rivage de la mer
sert alors de frontière à la Bulgarie en
rementant au nord jusqu'à près de
Kustendjé. La nouvelle carte de Kiepert
indique le tracé des frontières que le géné-
ral Ignatieff avait proposé jadis à la Confé-
rence de Constantinople nous étions en-
core loin dés frontières d'aujourd'hui
L'Albanie était à peu près respectée à
l'ouest, les rivages de la mer l'étaient abso-
lument au sud. Ces rivages sont exclusive-
menthabitéspardes Grecs et pardesTurcs;
de Bulgares, il n'y en a point. Quant au ri-
vage occidental de la mer Noire, il n'est
habité que par des Grecs, et il n'y a là
ni Turcs ni Bulgares. En revanche, la
Dobrutscha que la Russie se lait céder
par la Porte, et dont elle compte faire
cadeau à la Roumanie moyennant la ré-
trocession de la Bessarabie, la Dobru-
tscha est absolument turque. Jamais le
principe des races et des nationalités
n'avait été traité avec plus de désinvol-
ture Albanais, Grecs, Turcs sont em-
ployés de tous les côtés à boucher les
trous et à arrondir les angles du Monte-
negro, de la Serbie et de la Bulgarie.
Mais, pour employer la métaphore du
~MMM, qu'a-t-on fait de la coquille de
l'huître ?~ On l'a brisée en quatre mor-
ceaux l'empire turc en Europe se com-
posera à l'est, de Constantinople et
des territoires adjacens; au sud, de
la péninsule chalcidique, trois longs
promontoires en pointes sur la mer, t
au sud-ouest, de la Thessalie, de l'Epire
et des restes de l'Albanie au nord-est,
de l'Herzégovine et de la Bosnie. C'est le
système des quatre tronçons, lesquels
n'ont entre eux aucune communication.
Nous avons dit que, dans le premier
tronçon lui-même, le chemin de fer de
Constantinople à Andrinople était touché
et, par conséquent, coupé à LuIé-Bour-
gas par la frontière bulgare. De ce
premier tronçon à la péninsule chalci-
dique, et de celle-ci au troisième tronçon
(Epire, Thessalie, Albanie) il n'y a de
communications que par mer. Enfin,
ce troisième tronçon n'est relié au
quatrième que par un corridor si étroit
qu'il a seulement, entre Vischegrad et
Novi-Varos, 5 milles anglais. Il n'est pas
nécessaire, pour interrompre la communi-
cation, de placer des canons des deux cô tés
il suffirait d'en mettre d'un seul. Il est
vrai que le traité assure à la Porte le droit
de tracer une route militaire à travers la
Bulgarie, mais dans tout son parcours
cette route sera à la disposition de la
principauté. I! -en est de même du che-
min dp fer de Saloniquc à Mitrovitza,
dont les extrémités seules, marquées par
ces deux villes, restent à la Turquie.
Tel est, au point de vue géographique,
le traité de San-Stefano. Y a-t-il là,
même pour un temps, une solution de la
question d'Orient ? Il est permis d'en dou-
ter. La question principale se complique
d'une multitude de questions secondaires,
et il semble en vérité que le traité n'ait
eu pour objet que d'amorcer pour plus
tard chacune de ces questions. Les Serbes
né seront pas satisfaits ils réclameront
toute la Vieille-Serbie. Les Monténégrins
auront trop grandi pour ne pas vouloir gran-
dir encore. Les Bulgares réclameront Nisch
et Leskôwatz, sans parler du reste. Les
Roumains n'accepteront jamais de bon
cœur l'échange de la Dobrutscha contre
la Bessarabie. Les Grecs souffriront im-
patiemment le joug bulgare-russe sur
les rives de la mer Egée et de lamer Noire.
L'empire ottoman, au milieu de ses dé-
bris, ne vivra plus que d'une vie hale-
tante et expirante. La Russie seule pourra
soutenir ces existences artificielles et
maintenir une paix imposée entre
les petites puissances. Elle. l3 fera
jusqu'au jour où son intérêt lui con-
seillera une autre conduite. Après avoir
introduit la révolution dans les Balkans,
elle sera toujours maîtresse d'y déchaîner
la guerre, en choisissant l'heure et le lieu.
La vieille école diplomatique russe, ambi-
tieuse sans doute, mais respectueuse des
formes du droit des gens, correcte, con-
servatrice, empreinte des idées occiden-
tales, cette école n'existe plus. Elle a fait
place à une école de révolutionnaires
hardis, audacieux, impétueux. L'une est
finie, l'autre débute; l'histoire les jugera
l'une et l'autre.
BOURSE BE PAMS
Çt3tare te 23 te 25 !Stt
Comptant.'73 10 7290.20.
Fin cour. M 71,2 728S.221/2
4 !/)))$/?
ComptMH03.tM.J.
&w/e
Compt&nti0980.i(960.20.
Fincour.l0982i2PRTITB BOURSE DU SOIR.
Emprunt 0/0. 109 fr. 30, 083/4, n 1/2.
30/0. 72fr.CO, 471/2, S21/2.
5 0/0 turc. 8fr.05,0'?l/2.
Egyptiennes 6 0/0.. 1M ff. C2, lai fr. 25.
Chemins égyptiens. 273fr.7S.
Florins (or). 63, 627/8, C3.
Hongrois 60/0. Ti 1/8, 74, 741/8.
Extér" espagnole.. 1218/16.
TéMgrapMe pftvëe.
Service télégraphique de l'agence Havas.
Saint-Pétersbourg, le 24 mars.
Le VoK~M~ de NsM~-F~M~oM~ se plaint des
obstacles que le gouvernement anglais oppose à
la réunion du Congrès et à la pacification de
l'Europe, et ne voit .que trois issues possibles à
la situation actuelle ou bien l'Angleterre, sur
les instances de l'Europe entière qui veut la paix,
changera d'attitude; ou bien le Congrès se ré-
unira en dehors de la participation de l'Angle-
terre ou bien enfin la Russie agira seule pour
résoudre la crise.
Londres, le 25 mars.
Le jTtMM publie les lignes suivantes:
« Lord Derby continue à insister pour que
tout le traité soit soumis au Congrès; mais, cher-
chant à ne pas trop appuyer sur la question de
forme, il a demandé si la communication du traité
aux puissances équivalait à sa soumission au
Congrès. La Russie a répondu négativement, et
elle a refusé ainsi d'accepter la seule condition à
laquelle la Grande-Bretagne consentait d'envoyer
un plénipotentiaire à Berlin. »
Lord Derby a déclaré qu'il était prêt à recevoir
la députation venue pour défendre la cause des
Arméniens.
Londres, 25 mars, 5 h. 30 m.
CAthcote, répondant à M: Courtney, dit que la Rus-
sie a communiqué à l'Angleterre et aux autres
puissances signataires du traité de Paris le texte
du traité de San Stefano qui sera déposé ce soir
sur le bureau de la Chambre, avec les cartes y
annexées.
Quant aux autres questions de M. Courtney,
savoir si le gouvernement russe admet le droit
pour chaque puissance représentée au Congrès
de prendre l'initiative de la discussion des arti-
cles du traité au point de vue de leur corrélation
avec les stiputations du traité de Paris, et de pro-
voquer la manifestation de l'opinion du Congrès
sur ce point; et si le gouvernement anglais a
stipulé que le traité serait communiqué aux puis-
sances assemblées collectivement, le chancelier
de l'Echiquier dit que ces questions touchent à
des sujets Importans sur lesquels les négocia-
tions sont encore pendantes, et qu'il ne serait,
par conséquent, pas convenable d'y répondre
quant à présent.
M: Bourke répond à sir Ch. Dilkeque le consul
de S. M. britannique à Salonique a été envoyé en
Epire et en Thessalie, non pas avec une mission
politique, mais afin d'y prendre des renseigne-
mens. Le ministre n'a pas ouï dire qu'il ait com-
muniqué avec les chefs des insurgés crétois.
Les bons offices de M. Sandwith, le consul en
question, ont amené un arrangement entre la
Porte et les insurgés de Crète; mais M. Bourke ne
saitpassi un armistice aétéconclu.Uestbienvrai
que la Porte a relâché des malfaiteurs musulmans
enfermés dans les prisons de Janina et d'Harissa.
M\ Layard a reçu des instructions pour faire
des remontrances à ce sujet au gouvernement
ottoman.
Le même ministre, interrogé par M. Baxter,
déclare que deux garnisons turques de l'ile de
Crète se sont rendues aux insurgés, et que, dans
l'intérieur de l'ite, aucune partie du territoire
n'est plus placée sous l'autorité de la Porte.
Berlin, le 25 mars.
La Gazette de f~~M~M du Nord, résumant
les nouvelles reçues dans le courant de la jour-
née, dit que la réunion du Congrès n'est plus
guère probable, mais que l'on ne doit pas consi-
dérer une guerre entre la Russie et FÂngleterre
comme la conséquence nécessaire de l'attitude de
cette dernière puissance-
Le journal allemand ajoute que l'armée russe
restera pour le moment près de Constantinople
et réglera principalement sa conduite sur celle I
de lauotte anglaise.
Bruxelles,le2S mars.
Le ~o~ dit « La réunion du Congrès est peu
probable. En présence des dispositions du gou-
vernement anglais, il est plus profitable pour
l'Europe que le Congrès ne se réunisse pas.
» S'il est dans l'Intérêt de l'Europe de ne pas
laisser indétiniment ouverte une crise dont la so-
lution est maintenant en son pouvoir, son de-
voir est tracé c'est do l'accomplir sans l'Angle-
terre.))
Vienne, le 25 mars.
LaC'OM'~tMM'aKc~poK~Mf dit que l'on sem-
ble tout simplement disposé à ne pas regarder
comme le dernier mot de la Russie la résolution
que cette puissance a manifestée de ne pas lais-
ser considérer la publication du texte des préli-
minaires de paix comme équivalant à la présen-
tation de ce traité au Congrès.
La feuille autrichienne ajoute que la possibi-
lité de certaines éventualités donne encore lieu
d'espérer que le cabinet de Saint-Pétersbourg
pourra retrancherot'ucieltement du texte des préli-
minaires de paixies articles qu'il considère comme
indiscutables, et que, lorsque le cabinet britan-
nique aura reconnu cette élimination, le gouver-
nement russe déclarera que le reste des préli-
minaires peut, conformément au désir du gou-
vernement anglais, être regardé comme équiva-
lant à la présentation du texte du traité au Con-
gres.
« Si l'on. parvenait à un compromis sur cette
base, dit en terminant la CMv~oM~tMc~oH~
!?M, on enlèverait au différend anglo-russe son
caractère purement diplomatique; mais, dans- le
cas ou ce différend ne pourrait être vidé, il serait
transféré dans le domaine des faits. »
Cologne, le 23 mars.
On télégraphie de Londres le 25 mars, à la.
6'<
« On pense aujourd'hui dans les sphères gou-
vernementales et politiques qu'il n'y a presque
plu's lieu d'espérer la réunion du. Congrès, vu que
la Russie n'a pas répondu comme on le souhai-
tait aux avances de 1 Angleterre. )>
Londres, le 25 mars.
Le KmM publie les nouvelles suivantes
« Saint-Pétersbourg, le 24. On annonce de
bonne source qu'aucune représentation formelle
ne sera probablement adressée en ce moment au
cabinet de Londres, sur la présence de la flotte
anglaise dans la mer de Marmara. Toutefois, les
Russes ne s'embarqueront pas maintenant, ainsi
qu'ils en avaient l'intention. »
Un autre journal de Londres publie les dépc-
ches suivantes
« Constantinople, le 23 mars. La Russie n'a.
pas négligé volontairement les Grecs dans le
traité. Le général IgnatieBf a dit à ce sujet
« Si j'avais demandé davantage pour les Grecs,
les Turcs auraient refusé de signer le traité. Si.
l'Europe désire maintenant ajouter à ce qui a
été fait, ce qu'elle fera sera bien accueilli par
.nOUS.)) »
» Saint-Pétersbourg, le 24. L'Angleterre a
refusé la proposition que lui a adressée l'Alle-
magne de réunir une Conférence préliminaire.
Vienne, le 24. La Nouvelle Presse libre as-
sure que l'occupation de la Bosnie par l'Autriche
aura lieu très prochainement. »
Constantinople, le 24 mars.
-Le Sultan a donné audience dans la soirée à
Osman Pacha, qui est arrivé avec Réouf Pacha.
Le Sultan a reçu la lettre lui notifiant l'avène-
ment du Pape. II recevra en audience privée,
dans le courant de la semaine, le comte Zicliy.
ambassadeur d'Autriche à Constantinople, charge
de lui notifier la mort du père de l'empereur
François-Joseph.
Les troupes turques réunies près de Buyuk-
déré campent dans une prairie elles sont pla-
cées sous le commandement de Mehemed Ali
Pacha.
Constantinople, le 25 mars.
Le Sultan a remis a Osman Pacha le grand-
cordon d'Osmanié avec plaque couverte de bril-
lans, la médaille militaire d'or et le sabre de
l'ancienSuttan.
Osman Pacha sera reçu aujourd'hui avec de
grands honneurs par là Porte et par le Séras-
kiérat.
Constantinopio, le 24 mars, soir.
Le Sultan a invité aujourd'hui à un dîner in-
time l'ambassadeur de France, M" et M"' Four-
mer.
De nombreuses troupes turques continuent
d'arriver à Buyukdéré.
Constantinople, le 23'mars, soir.
Les troupes qui étaient à Scutari sont allées
aux environs de Buyukdéré, où se forme un camp
de 1S,000 Turcs.
Un autre camp turc est en formation a Kavak,
à l'entrée de la mer Noire et du Bosphore.
Le bruit court que Munif Enëndi serait nommé
ambassadeur à Saint-Pétersbourg.
Semlin, le 25 mars.
La Serbie a résolu de n'évacuer les pays occu-
pés par ses troupes qu'après la conclusion défini-
tive de la paix, et de laisser son armée d'occupa-
tion intacte jusqu'à ce que la Turquie lui ait livré
les localités appartenant a la principauté en vertu
du traité de paix de San-Stefano. La Serbie n'a
encore évacué ni Vrania ni Pirot, parce que les
négociations continuent entre le gouvernement
russe et le gouvernement serbe.
Berlin, le 25 mars.
L'empereur a eu hier dans l'après-midi quatre
longues entrevues avec le prince de Bismarck et
a reçu aujourd'hui, a une heure et demie, M. le
comte Stolberg, ambassadeur d'Allemagne A
Vienne, qui part ce soir pour cette ville.
Berlin, le 25 mars.
M. le comte Stolberg-Wernigerode, ambassa-
deur d'Allemagne à. Vienne, a accepté les fonc-
tions de suppleant du chancelier de l'empire et
de vice-président du conseil des ministres de
Prusse.
On pense que les négociations entamées avec
M. Hobrecht, premier bourgmestre de Berlin, au
sujet du portefeuille des finances, se termineront
aujourd'hui.
On télégraphie de Berlin, le 2t mars, au ~fo<
KM~ jPOX<
« M. Kiepert, le célèbre géographe et cartogra-
phe. vient do publier des commentaires critiques
sur les nouvelles frontières tracées par le traité
de San-Stefano pour les différentes principautés
de la presqu'île des Balkans.
» M. Kiepert démontre que la délimitation a
été tracée d'une manière très superficielle, et
que, dans certains cas, elle est fixée au mépris
des faits géographiques.
& Quelques unes des erreurs commises par les
négociateurs sont très remarquables. ))
On télégraphie de Péra, le 24 mars, au .D ~s~;
« Aujourd'hui, je suis allé visiter les positions
occupées par les troupes turques a Buyukdëré
et sur d'autres points le long du Bosphore. Ces
positions sont très avantageuses mais les pos-
tes avancés russes sont dangereusement rap-
proches l'attitudB énergique du Sultan et
l'appui moral, et. au besoin, matériel de l'An-
gleterre peuvent seuls empêcher les Russes
d'approcher davantage. Il est évident que la rési-
stance des Turcs en cette affaire ne peut être pous-
sée loin sans qu'ils courent le risque de rallu- ]
mer la guerre. 0
» Les forces ottomanes s'élèvent à 80 batail-
lons environ, tandis que celles des Russes ne
dépassent pas 70 bataillons. Cette nuit, les Turcs 1
ont bivouaqué en plein air; mais des démonstra-
tions de cette sorte présentent un certain danger 1
dans l'état actuel des choses.
» Les Russes, d'ailleurs, ne sont rien moins que
rassurés. Le quartier général russe et quelques
fonctionnaires turcs savent combien faible et i
mat montee est en ce moment l'armée russe. Sa
position serait militairement très précaire si une
catastrophe diplomatique se produisait. ]
o Les Turcs out contribué loyalement et cou-
rageusement a la défense des intérêts anglais en
gardant Gallipoli et les positions du Bosphore
mais il ne faut pas que l'Angleterre perde de
temps si elle veut prolltcr de ce que la Porte
a fait.
A la situation peu satisfaisante de 1 armée
russe, il faut ajouter les embarras financiers de
l'empire du czar. a <
Les événemens politiques ont momen-
tanément détourné l'attention publique
de plusieurs questions essentielles pour
le progrès matériel et moral du pays il
importe cependant de ne pas laisser éter-
nellement dormir des problèmes qui sont
urgens et qu'il faudra bien résoudre dès
que la paix européenne sera assurée.
Parmi ces questions, l'une des plus im-
portantes est celle de notre régime doua-
nier et des traités de commerce. Profi-
tant du malheur des temps, de la crise
économique provoquée ôt entretenue par
la guerre, les représentans de certaines
industries se sont efforcés de rétablir en
honneur les principes du système protec-
teur et de créer une agitation contre tout
abaissement si modéré qu'il fût des
droits de douane actuels, et même en faveur
du relèvement d'un certain nombre de ces
droits. Une grande commission sénato-
riale, constituée au lendemain de la ré-
union des Chambres pour un objet tout à
fait spécial, s'est complétement détournée
de son mandat limité et s'est mise à faire
une sorte d'enquête, à la fois partielle et
'partiale, sur les causes prétendues de la
stagnation économique dont nous souf-
frons. Les délibérations de cette commis-
sion et les propositions auxquelles elle
pourra s'arrêter n'auront qu'une médiocre
valeur puisque, selon l'affirmation même
d'un des auteurs, M. Claude (des Vosges),
elle n'a jamais eu pour mission de faire une
enquête économique approfondie. Néan-
moins, il importe de ne pas laisser s'insi-
nuer et se développer des préjugés ou des
erreurs qui finiraient par influer sur l'opi-
nion publique.
Le monde entier souffre, depuis deux
ou trois ans, d'une sorte d'hypertrophie
industrielle et d'une anémie commerciale
dont les effets ont été surtout sensibles
depuis un an. Les causes de cette situa-
tion sont multiples: elles ont des degrés
différens d'intensité et de permanence;
les unes dureront encore sans doute quel-"
que temps; d'autres sont absolument pas-
gères et disparaîtront dès que la paix
sera rétablie en Europe.
Les premières de ces causes sont 1° le
développement excessif qu'ont pris quel-
ques industries en petit nombre, à la fa-
veur de l'amélioration des moyens de
production, du perfectionnement des ma-
chines, et de travaux publics entrepris
avec un entraînement irréfléchi dans cer-
tains pays; 2° la fermeture ou le resser-
rement d'un grand marché étranger, celui
des Etats-Unis. Une autre cause toute
différente de souffrance commerciale,
c'est simplement la guerre; c'est aussi,
pour la France, la crise politique qu'elle a
subie depuis le 16 mai 1877 jusqu'à la fin
de cette même année.
Il est bien évident que les événemens
qui ont éclaté en Orient, par l'insurrec-
tion de l'Herzégovine, dès le printemps
de 1875, et qui depuis lors se sont déve-
loppés chaque jour en s'aggravant, ne
pouvaient pas être sans influence sur la
situation du commerce des nations occi-
dentales de l'Europe. La guerre d'Orient
nous a fermé depuis deux ou trois ans,
soit totalement, soit partiellement, un
certain nombre de marchés dont chacun
en particulier avait une importance mé-
diocre, mais qui, tous réunis, en avaient
une assez considérable la Turquie, les
principautés danubiennes, l'Egypte, la
Russie même. Par une fâcheuse coïnci-
dence, un autre grand pays, qui est aussi'
un des grands cliens de l'Europe indus-
.trieUe, l'Inde, s'est trouvé affecté par des
famines successives et intenses qui na-
turellement y ont ralenti le développe-
ment des échanges avec l'étranger.
Ce ne sont pas seulement les causes
matérielles, ce sont aussi les causes mo-
rales qui influent sur la direction et sur
l'essor du commerce. Si quelques Etats,
presque tous pauvres, de l'Europe orien-
tale, étaient seuls directement engagés
dans la guerre de Turquie, les Etats voi-
sins beaucoup plus riches, l'Autriche-
Hongrie, l'Italie, l'Allemagne, la France
elle-même, étaient tenus en haleine et
en émoi cette situation, pleine d'inquié- ]
tudes et. d'anxiétés, était peu propice <
assurémentàlaprospérité del'industrie età <
l'animation du commerce. Notre Exposition I
elle-même ce quf étonnera peut-être
quelques personnes a été aussi, quoi- i
que dans une mesure secondaire, une j I
cause de ralentissement, ou plutôt de dé- a
placement des opérations commerciales. (
C'est un faitabsolumentprouvéparl'expé-
rience, que la perspective d'une Exposi- c
tion fait différer beaucoup d'achats, beau- i
coup de voyages, et que, par conséquent, 1
elle amène d'abord un certain ralentisse- q
ment des affaires, qui est compensé plus i
tard, il est vrai, par un surcroît d'activité. a
Les causes que nous venons d'énumé- c
rer n'auront, on peut l'affirmer, qu'une 1
action passagère l'Europe ne sera pas 1
toujours en guerre; les pays qui nous p
étaient complètement ou partiellement S
fermés nous seront rouverts, quoique ap- r
pauvris, dans une certaine proportion; 3
mais un marché appauvri vaut encore d
dieux qu'un marché fermé. Il n'y aura
pas toujours des famines aux Indes. L'Ex-
o position, après avoir fait différer beau-
s coup de voyages et d'achats, multipliera
e les uns et les autres de ces divers côtés,.
e il n'y a que des perspectives d'améliora.-
tion.
Quelques personnes ont cru voir dans
la situation commerciale actuelle l'effet
d'une concurrence nouvelle qui serait
faite à l'Europe par une jeune puissance
j industrielle, les Etats-Unis d'Amérique. Il
n'y a jusqu'à présent rien de fondé dans
ces alarmes. Nous ne savons pas le sort qui
est réservé à la grande Union américaine,
ou plutôt nous prévoyons ce qui est
naturel que par les ressources de son
sol, le caractère de ses habitans, elle
deviendra, avec le temps et l'accumula-
tion des capitaux, une puissance manu-
facturière redoutable; mais elle est fort
loin d'en être là. Elle est aujourd'hui,
appoint de vue économique, la plua
maltraitée de toutes les nations com-
merciales du mondé; eue se trouve
en proie à une plaie qui semblait pro-
pré au vieux monde le paupérisme
les faillites y sont plus nombreuses que
dans n'importe quel autre pays. Quant
aux exportations de produits manufactu-
rés faites par les Etats-Unis, elles n'ont
pas eu jusqu'ici une grande importance.
L'Union américaine a bien pu envoyer quel-
ques milliers de tonnes de fer au Brésil
et quelques locomotives d'une construc-
tion spéciale en Australie; mais ces ex-
péditions ont toujours été très limitées, et
il resterait à savoir si elles ont été faites
a perte ou avec bénéfice. Quant aux pré-
tendus envois de cotonnades faits par les
Américains sur le marché de Manchester, 1
il ne s'agit là que de quelques échantil-
lons, d'articles, pour ainsi dire, de curio-
sité les Américains faisaient alors une
opération du même genre que celle qui
est pratiquée par nos magasins de nou-
veautés quand, pour amorcer l'acheteur, ils
s'avisent de vendre quelques articles sans
importance au-dessous du prix de re-
vient.
Ce que prouvent de la façon la plus in-
contestable les Etats-Unis d'Amérique,
c'est que le système protecteur, suivi avec
la plus grande énergie, ne met pas un
pays à l'abri des crises commerciales pé-
riodiques qu'il en augmente, au contraire,
l'intensité et la durée. Les Etats-Unis sont
en effet le peuple dont le régime douanier
est le plus prohibitif, et c'est précisément
celui qui est le plus profondément atteint
par la crise industrielle générale. Cette
vérité est tellement irréfutable que les
esprits éclairés et impartiaux en Améri-
que commencent à s'en apercevoir, qu'il
se manifeste dans cette contrée un retour
marqué vers les idées de liberté commer-
ciale modérée, et que des projets sont
soumis au Congrès pour proposer des ré-
ductions de droits sur les principaux ar-
ticles manufacturés. Nous ne savons pas
si ces idées sages prévaudront bientôt sur
les préjugés populaires et sur les résis-
tances acharnées de certains intérêts par-
ticuliers en tout cas, il est démontré
par l'exemple des Etats-Unis que le ré-
gime protecteur n'est pas un asile où l'on
soit à l'abri des orages.
Rien n'est plus déraisonnable, plus fri-
vole ou plus astucieux que de rejeter sur
la liberté commerciale modérée dont nous
jouissons depuis 1860, et qui devra être
augmentée, la responsabilité de souffran-
ces qui tiennent à des causes très multi-
ples et en grande partie passagères. Nous
lisons dans certains journaux que le ré-
gime de 1860 a tué nos filatures, nos
houillères, nos forges, sans compter en-
core un nombre infini d'autres industries.
'De pareilles allégations sont simplement
ridicules. Comment expliquerait-on alors
la facilité avec laquelle la France a sup-
porté une indemnité de 5 milliards, non
compris 5 autres milliards dépensés pour
nos propres frais de guerre? Comment ex-
pliquerait-on aussi la plus-value presque
constante de nos impôts et de l'octroi de
Paris, le développement de la population
de la plupart de nos villes industrielles ou
commerciales, l'accroissement continu
des fortunes déclarées annuellement pour
les droits de succession? On peut, à la ri-
gueur, soutenir qu'un industriel travaille
à perte pendant cinq ans, pendant sept
ou huit ans mais c'est défier la raison et
outrager le bon sens public que d'affir-
mer qu'un industriel travaille à perte pen-
dant dix-sept ans; on se demande alors
comment il fait pour renouveler son ca-
pital.
Quant à la situation des établissemens
industriels, nous n'en pouvons juger que
par ceux qui appartiennent à des Sociétés
anonymes .dont les comptes sont publics.
Certes-, la situation de toutes ces usines
varie naturellement suivant la capacité
des directeurs, l'abondance des capitaux
mis en réserve, l'ancienneté même de
l'entreprise; mais il est facile de s'expli-
quer que beaucoup de ruines dont on nous
parle sont des fortunes qui feraient envie
aux hommes les plus exigeans. C'est là le
cas notamment des entreprises houillères.
Heureux l'homme qui, il y a vingt ans, à
la veille des traités de commerce, y a
placé la plus grande partie de son avoir i
S'il possédait 100,000 fr. alors, il posséde-
rait aujourd'hui 1 million, peut-être 2 ou.
3 millions. Voici, par exemple, les mines
de Courrières, dont les actions ont été
MM~ms
t8?~ v
.OSf S'ABONNE
· en Belgique, en Italie,
dans le Luxembourg, en Turquie,
en Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans IM
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon,
au moyen d'une 'valeur payable .a Paris ou de
~&ndats-poste,soit internationaux, soit francatt,
en Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez. tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays,
pM renvoi d'une-valeur payable jMfit.
I.M annonces ~ont Mcaes
,ChM .!??!. iFa:Mchey,)L~Mtt
!piacëde!aBoursè,
MARM~MS
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chaque mois.
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«it.~ettty. màviie<) et C'Finch tane ComMI,
E. C.,I.bndo!i; M~M. ~M. N
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A BruxeUes, & l'O~M jH~!«M, «, me
MadHëine, dàts tes kiosques et dans 'tes M.
bUotMqûes des gares d" chemins de fer Ce~es.
A. Vatpàraiso (Chili), chezM.Orostes L. TorheN.
JMJMAL BES DEBATS
DAt WTt~t~S Ï?~F f t~T~M AtM~~
F~LHi~iJM Mi Lil i~RAiniio
PAMS
MJNM 2o MARS
t,
Revenons au traité de San-Stefano.
Tous les journaux de l'E urope en parlent
aujourd'hui, et nulle part la lecture du
texte officiel n'a afTaibli l'impression pro-
duite par les résumés préparatoires et par
les détails isolés qui nous étaient déjà
parvenus elle Ta plutôt aggravée. A
Londres, l'émotion a été profonde, mais
on peut dire que l'esprit public était dis-
posé à tout accueillir avec vivacité. A
-Vienne, au contraire, le mot d'ordre donné
récemment a la presse officieuse était t
d'admettre le traité à correction, mais
avec une faveur préventive toutefois, la
surprise a été telle, que la plume est en
quelque sorte partie d'elle-même dans la
,;main des journalistes, et le 2~
journal ministériel, ne peut s'empêcher
de déclarer que les préliminaires de San-
Stefano sont incompatiblesavec l'existence
.de l'Autriche comme puissance de premier
ordre, ~ous sommes loin, on le voit,
des appréciations optimistes que le 2Vo~
~'ecoinmandait hier à hotre attention.
Lorsqu'on lit le traité de San-Ste-
fano, la première préoccupation qui
se présente à l'esprit est toute géogra-
phique bu ethnographique. Il est si Ion-~
~uemcnt question de frontières pour le
Monténégro., pour la Serbie, pour la Bul-
garie tant de noms & moitié inconnus se
présentent à l'œil et sonnent à l'oreille,
qu'on cherche une carte pour comprendre
bien exactement de quoi il s'agit. Une
carte, en effet, est indispensable, à tel
point que les plénipotentiaires de San-
Stefano en ont annexé une à leur traité.
Nous ne la connaissons pas, nous ne
connaissons que le traité, mais il est facile
avec celui-ci de reconstruire celle-là, et ce
travail vient, du reste, d'être fait avec une
incontestable autorité par M. Henri
Kiepert. Les plénipotentiaires russes se
sont, de leur aveu, beaucoup servis de
la carte géographique de Kiepert et
de la carte ethnographique dé Lejean.
Pouvaient-ils faire mieux? N'est-ce pas
au nom du principe dés races et des
nationalités que les Russes sont partis en
guerre, et, parmi les populations chré-
tiennes des Balkans, n'est-ce pas en la
race bulgare qu'ils ont mis surtout leurs
complaisances? La'Russie n'a oublié
ni les Serbes ni les Monténégrins, et nous
verrons comment elle a traité les uns et
les autres, mais c'est particulièrement à
la confection de la principauté de Bulga-
rie qu'elle a employé ses soins et son ha-
bileté. A-t-elte réussi ? Il suffit, pour s'en
convaincre, de jeter les yeux sur la
carte ethnographique que M. Kiepert a
publiée en 1876, et sur la carte nouvelle
qu'il vient de dresser et dont nous avons
parlé plus haut. La première était
la carte des races, et des couleurs très
vives y représentaient les nationali-
tésdinërentes la seconde est la carte du
traité de San-Stefano. Entre les deux la
différence est considérable, et la compa-
raison de l'une à l'autre montre claire-
ment que si les considérations ethnogra-
phiques ont servi de prétexte aux Russes
pour s'engager dans la voie, ils ont
poursuivi leur route avec d'autres inspi-
rations. Le principe das nationali-
tés a été le point de départ, mais il a
bientôt disparu pour céder la place au
principe pur et simple des convenances,
si l'on peut appeler cela un principe.
Nous avons déjà dit que le Monténégro
avait été infiniment plus favorisé que la
Serbie. A regarder la carte, on voit d'a-
bord que son territoire a été un peu plus
que doublé. Les Russes n'aiment pas les
Serbes, nation égoïste, personnelle et peu
maniable. La Serbie a d'ailleurs un
tort, qui est d'être située le long du Da-
nube ot elle sera pour la Russie plu-
tôt une gêne qu'un instrument; tandis
que les Monténégrins touchaient presque
la mer et ne demandaient qu'à s'y bai-
gner, au profit de leurs protecteurs aussi
bien qu'à leur propre avantage. La mer
c'est le grand attrait des imaginations
russes. La Baltique est froide et glacée ï
la mer Adriatique et la mer Egée sont
éclairées par le plus brillant soleil quel
beau rêve que d'établir sur ces deux
mers des colonies' comm9 le Monténé-
gro et la Bulgarie! Ces deux principau-
tés étaient destinées à devenir les en-
tons chéris de la politique russe et pour
leur assurer un sort plus heureux, les
diplomates de San-Stefano n'ont pas hé-
sité :à sacrifier le principe des nationa-
lités. LeMonténegro s'adjoint une quantité
considérable de musulmans et. d'Alba-
nais catholiques ses proportions territo-
riales sont .grossies outre mesure la
Russie lui réserve, sans doute, dans
les Balkans un avenir dont la Serbie
pourrait bien être jalouse ou même in-
quiète. Ce n'est pas que la Serbie
n'ait obtenu aussi l'immolation de quel-
ques nationalités étrangères sur l'au-
tel de ses intérêts. On lui donne
une partie de la Vieille-Serbie dans
lt ~direction de Novi -Bazar ( la cita-
delle de cette place est, dit-on, at-
tribuée aux Serbes et la ville aux
Turcs); puis, Prokoplje et Kurchumlje,
c'est-à-dire un territoire habité par des
Albanais. Il est notoire que la population
do Jà Vieille-Serbie a émigré en Hongrie
.u commencement du dix-huitième
siècle et a été remplacée peu à peu
par les Albanais la Serbie actuelle,
en revendiquant la Vieille-Serbie, se
Msse donc plutôt conduire par une
analogie de mot que par une iden-
tité de race. Elle aura en outre Nisch
et Leskowatz. Est-ce que ces~ villes
sont habitées par des Serbes? Non, mais
par des Bulgares. La nouvelle princi-
pauté de Bulgarie ne manquera pas de
protester bientôt Contre le dépouillement
dont elle est Victime, et les Serbes doi-
vent regarder comme très passagère entre
leurs mains la possession de Nisch et de
Leskowatz. S'ils résistent, s'ils essaient de
se défendre contre les fatalités de l'avenir,
ils auront à droite les Bulgares, à gauche
les Monténégrins, et derrière les uns et
les autres la formidable puissance de
la Russie. Monténégrins et Bulgares,
voilà les deux points d'appui que les
Russes se préparent et qu'ils forti-
nent sérieusement les uns prendront la
tête de la Bosnie, de l'Herzégovine, de la
Serbie, peut-être un jour de la Serbie
hongroise, des Confins militaires et de la
Croatie; les autres, adossés au Danube et
lés pieds dans l'Archipel, assurent aux
Russes la domination au centre et à l'est.
Il faut en venir enfin à la Bulgarie, qui
est là conception la plus originale du
traité de San-Stefano. C'est ici qu'il est
difBcile de se passer de cartes si l'on
veut bien comprendre l'application que
fait le jf~MM de la fable de l'Huître et les
Plaideurs. On a donné, dit-il, à la Bul-
garie tout le gras du mollusque, et
on a laissé à la Turquie les coquilles
après les avoir préalablement brisées
en morceaux. La Bulgarie sera bor-
née au nord par le Danube, à l'ouest
par la Serbie et par l'Albanie; mais de ce
dernier côté elle empiète singulièrement sur
l'Albanie elle engloba des districts en-
tiers où il n'y a que des Albanais, comme
le district de Dibra, la rive occidentale
du lac Orchida, et surtout le district
de Kastoria. Au sud-ouest, la frontière
trace un vaste circuit et comprend des
territoires où les Albanais, les Zinzars,
les Grecs et les Turcs sont trois fois plus
nombreux que les Bulgares. Nous arrivons
au sud, c'est l'endroit sensible. La frontière
touche à la mer une première fois à l'em-
bouchure du Wardar on compte sans
doute établir sur ce point une station
maritime. Puis, la frontière se relève,
passe a côté de Salonique, laisse en de-
hors la péninsule chalcidique, et vient
rejoindre la mer au golfe Orfané. Du
golfe Orfané au golfe Lagos, la fron-
tière bulgare a 35 à 40 lieues géo-
graphiques de côtes, et, comprend la
place et la rade de Kavala. Elle remonte
ensuite au nord, contourne Andrinople,
se replie autour de la place de manière à
couper ou à toucher à LuIé-Bourgas ses
communications ferrées avec Constantino-
ple, etenûnvientaboutir àlamerNoire, un
peuau-dessusdeMidia.Le rivage de la mer
sert alors de frontière à la Bulgarie en
rementant au nord jusqu'à près de
Kustendjé. La nouvelle carte de Kiepert
indique le tracé des frontières que le géné-
ral Ignatieff avait proposé jadis à la Confé-
rence de Constantinople nous étions en-
core loin dés frontières d'aujourd'hui
L'Albanie était à peu près respectée à
l'ouest, les rivages de la mer l'étaient abso-
lument au sud. Ces rivages sont exclusive-
menthabitéspardes Grecs et pardesTurcs;
de Bulgares, il n'y en a point. Quant au ri-
vage occidental de la mer Noire, il n'est
habité que par des Grecs, et il n'y a là
ni Turcs ni Bulgares. En revanche, la
Dobrutscha que la Russie se lait céder
par la Porte, et dont elle compte faire
cadeau à la Roumanie moyennant la ré-
trocession de la Bessarabie, la Dobru-
tscha est absolument turque. Jamais le
principe des races et des nationalités
n'avait été traité avec plus de désinvol-
ture Albanais, Grecs, Turcs sont em-
ployés de tous les côtés à boucher les
trous et à arrondir les angles du Monte-
negro, de la Serbie et de la Bulgarie.
Mais, pour employer la métaphore du
~MMM, qu'a-t-on fait de la coquille de
l'huître ?~ On l'a brisée en quatre mor-
ceaux l'empire turc en Europe se com-
posera à l'est, de Constantinople et
des territoires adjacens; au sud, de
la péninsule chalcidique, trois longs
promontoires en pointes sur la mer, t
au sud-ouest, de la Thessalie, de l'Epire
et des restes de l'Albanie au nord-est,
de l'Herzégovine et de la Bosnie. C'est le
système des quatre tronçons, lesquels
n'ont entre eux aucune communication.
Nous avons dit que, dans le premier
tronçon lui-même, le chemin de fer de
Constantinople à Andrinople était touché
et, par conséquent, coupé à LuIé-Bour-
gas par la frontière bulgare. De ce
premier tronçon à la péninsule chalci-
dique, et de celle-ci au troisième tronçon
(Epire, Thessalie, Albanie) il n'y a de
communications que par mer. Enfin,
ce troisième tronçon n'est relié au
quatrième que par un corridor si étroit
qu'il a seulement, entre Vischegrad et
Novi-Varos, 5 milles anglais. Il n'est pas
nécessaire, pour interrompre la communi-
cation, de placer des canons des deux cô tés
il suffirait d'en mettre d'un seul. Il est
vrai que le traité assure à la Porte le droit
de tracer une route militaire à travers la
Bulgarie, mais dans tout son parcours
cette route sera à la disposition de la
principauté. I! -en est de même du che-
min dp fer de Saloniquc à Mitrovitza,
dont les extrémités seules, marquées par
ces deux villes, restent à la Turquie.
Tel est, au point de vue géographique,
le traité de San-Stefano. Y a-t-il là,
même pour un temps, une solution de la
question d'Orient ? Il est permis d'en dou-
ter. La question principale se complique
d'une multitude de questions secondaires,
et il semble en vérité que le traité n'ait
eu pour objet que d'amorcer pour plus
tard chacune de ces questions. Les Serbes
né seront pas satisfaits ils réclameront
toute la Vieille-Serbie. Les Monténégrins
auront trop grandi pour ne pas vouloir gran-
dir encore. Les Bulgares réclameront Nisch
et Leskôwatz, sans parler du reste. Les
Roumains n'accepteront jamais de bon
cœur l'échange de la Dobrutscha contre
la Bessarabie. Les Grecs souffriront im-
patiemment le joug bulgare-russe sur
les rives de la mer Egée et de lamer Noire.
L'empire ottoman, au milieu de ses dé-
bris, ne vivra plus que d'une vie hale-
tante et expirante. La Russie seule pourra
soutenir ces existences artificielles et
maintenir une paix imposée entre
les petites puissances. Elle. l3 fera
jusqu'au jour où son intérêt lui con-
seillera une autre conduite. Après avoir
introduit la révolution dans les Balkans,
elle sera toujours maîtresse d'y déchaîner
la guerre, en choisissant l'heure et le lieu.
La vieille école diplomatique russe, ambi-
tieuse sans doute, mais respectueuse des
formes du droit des gens, correcte, con-
servatrice, empreinte des idées occiden-
tales, cette école n'existe plus. Elle a fait
place à une école de révolutionnaires
hardis, audacieux, impétueux. L'une est
finie, l'autre débute; l'histoire les jugera
l'une et l'autre.
BOURSE BE PAMS
Çt3tare te 23 te 25 !Stt
Comptant.'73 10 7290.20.
Fin cour. M 71,2 728S.221/2
4 !/)))$/?
ComptMH03.tM.J.
&w/e
Compt&nti0980.i(960.20.
Fincour.l0982i2
Emprunt 0/0. 109 fr. 30, 083/4, n 1/2.
30/0. 72fr.CO, 471/2, S21/2.
5 0/0 turc. 8fr.05,0'?l/2.
Egyptiennes 6 0/0.. 1M ff. C2, lai fr. 25.
Chemins égyptiens. 273fr.7S.
Florins (or). 63, 627/8, C3.
Hongrois 60/0. Ti 1/8, 74, 741/8.
Extér" espagnole.. 1218/16.
TéMgrapMe pftvëe.
Service télégraphique de l'agence Havas.
Saint-Pétersbourg, le 24 mars.
Le VoK~M~ de NsM~-F~M~oM~ se plaint des
obstacles que le gouvernement anglais oppose à
la réunion du Congrès et à la pacification de
l'Europe, et ne voit .que trois issues possibles à
la situation actuelle ou bien l'Angleterre, sur
les instances de l'Europe entière qui veut la paix,
changera d'attitude; ou bien le Congrès se ré-
unira en dehors de la participation de l'Angle-
terre ou bien enfin la Russie agira seule pour
résoudre la crise.
Londres, le 25 mars.
Le jTtMM publie les lignes suivantes:
« Lord Derby continue à insister pour que
tout le traité soit soumis au Congrès; mais, cher-
chant à ne pas trop appuyer sur la question de
forme, il a demandé si la communication du traité
aux puissances équivalait à sa soumission au
Congrès. La Russie a répondu négativement, et
elle a refusé ainsi d'accepter la seule condition à
laquelle la Grande-Bretagne consentait d'envoyer
un plénipotentiaire à Berlin. »
Lord Derby a déclaré qu'il était prêt à recevoir
la députation venue pour défendre la cause des
Arméniens.
Londres, 25 mars, 5 h. 30 m.
CA
sie a communiqué à l'Angleterre et aux autres
puissances signataires du traité de Paris le texte
du traité de San Stefano qui sera déposé ce soir
sur le bureau de la Chambre, avec les cartes y
annexées.
Quant aux autres questions de M. Courtney,
savoir si le gouvernement russe admet le droit
pour chaque puissance représentée au Congrès
de prendre l'initiative de la discussion des arti-
cles du traité au point de vue de leur corrélation
avec les stiputations du traité de Paris, et de pro-
voquer la manifestation de l'opinion du Congrès
sur ce point; et si le gouvernement anglais a
stipulé que le traité serait communiqué aux puis-
sances assemblées collectivement, le chancelier
de l'Echiquier dit que ces questions touchent à
des sujets Importans sur lesquels les négocia-
tions sont encore pendantes, et qu'il ne serait,
par conséquent, pas convenable d'y répondre
quant à présent.
M: Bourke répond à sir Ch. Dilkeque le consul
de S. M. britannique à Salonique a été envoyé en
Epire et en Thessalie, non pas avec une mission
politique, mais afin d'y prendre des renseigne-
mens. Le ministre n'a pas ouï dire qu'il ait com-
muniqué avec les chefs des insurgés crétois.
Les bons offices de M. Sandwith, le consul en
question, ont amené un arrangement entre la
Porte et les insurgés de Crète; mais M. Bourke ne
saitpassi un armistice aétéconclu.Uestbienvrai
que la Porte a relâché des malfaiteurs musulmans
enfermés dans les prisons de Janina et d'Harissa.
M\ Layard a reçu des instructions pour faire
des remontrances à ce sujet au gouvernement
ottoman.
Le même ministre, interrogé par M. Baxter,
déclare que deux garnisons turques de l'ile de
Crète se sont rendues aux insurgés, et que, dans
l'intérieur de l'ite, aucune partie du territoire
n'est plus placée sous l'autorité de la Porte.
Berlin, le 25 mars.
La Gazette de f~~M~M du Nord, résumant
les nouvelles reçues dans le courant de la jour-
née, dit que la réunion du Congrès n'est plus
guère probable, mais que l'on ne doit pas consi-
dérer une guerre entre la Russie et FÂngleterre
comme la conséquence nécessaire de l'attitude de
cette dernière puissance-
Le journal allemand ajoute que l'armée russe
restera pour le moment près de Constantinople
et réglera principalement sa conduite sur celle I
de lauotte anglaise.
Bruxelles,le2S mars.
Le ~o~ dit « La réunion du Congrès est peu
probable. En présence des dispositions du gou-
vernement anglais, il est plus profitable pour
l'Europe que le Congrès ne se réunisse pas.
» S'il est dans l'Intérêt de l'Europe de ne pas
laisser indétiniment ouverte une crise dont la so-
lution est maintenant en son pouvoir, son de-
voir est tracé c'est do l'accomplir sans l'Angle-
terre.))
Vienne, le 25 mars.
LaC'OM'~tMM'aKc~poK~Mf dit que l'on sem-
ble tout simplement disposé à ne pas regarder
comme le dernier mot de la Russie la résolution
que cette puissance a manifestée de ne pas lais-
ser considérer la publication du texte des préli-
minaires de paix comme équivalant à la présen-
tation de ce traité au Congrès.
La feuille autrichienne ajoute que la possibi-
lité de certaines éventualités donne encore lieu
d'espérer que le cabinet de Saint-Pétersbourg
pourra retrancherot'ucieltement du texte des préli-
minaires de paixies articles qu'il considère comme
indiscutables, et que, lorsque le cabinet britan-
nique aura reconnu cette élimination, le gouver-
nement russe déclarera que le reste des préli-
minaires peut, conformément au désir du gou-
vernement anglais, être regardé comme équiva-
lant à la présentation du texte du traité au Con-
gres.
« Si l'on. parvenait à un compromis sur cette
base, dit en terminant la CMv~oM~tMc~oH~
!?M, on enlèverait au différend anglo-russe son
caractère purement diplomatique; mais, dans- le
cas ou ce différend ne pourrait être vidé, il serait
transféré dans le domaine des faits. »
Cologne, le 23 mars.
On télégraphie de Londres le 25 mars, à la.
6'<
« On pense aujourd'hui dans les sphères gou-
vernementales et politiques qu'il n'y a presque
plu's lieu d'espérer la réunion du. Congrès, vu que
la Russie n'a pas répondu comme on le souhai-
tait aux avances de 1 Angleterre. )>
Londres, le 25 mars.
Le KmM publie les nouvelles suivantes
« Saint-Pétersbourg, le 24. On annonce de
bonne source qu'aucune représentation formelle
ne sera probablement adressée en ce moment au
cabinet de Londres, sur la présence de la flotte
anglaise dans la mer de Marmara. Toutefois, les
Russes ne s'embarqueront pas maintenant, ainsi
qu'ils en avaient l'intention. »
Un autre journal de Londres publie les dépc-
ches suivantes
« Constantinople, le 23 mars. La Russie n'a.
pas négligé volontairement les Grecs dans le
traité. Le général IgnatieBf a dit à ce sujet
« Si j'avais demandé davantage pour les Grecs,
les Turcs auraient refusé de signer le traité. Si.
l'Europe désire maintenant ajouter à ce qui a
été fait, ce qu'elle fera sera bien accueilli par
.nOUS.)) »
» Saint-Pétersbourg, le 24. L'Angleterre a
refusé la proposition que lui a adressée l'Alle-
magne de réunir une Conférence préliminaire.
Vienne, le 24. La Nouvelle Presse libre as-
sure que l'occupation de la Bosnie par l'Autriche
aura lieu très prochainement. »
Constantinople, le 24 mars.
-Le Sultan a donné audience dans la soirée à
Osman Pacha, qui est arrivé avec Réouf Pacha.
Le Sultan a reçu la lettre lui notifiant l'avène-
ment du Pape. II recevra en audience privée,
dans le courant de la semaine, le comte Zicliy.
ambassadeur d'Autriche à Constantinople, charge
de lui notifier la mort du père de l'empereur
François-Joseph.
Les troupes turques réunies près de Buyuk-
déré campent dans une prairie elles sont pla-
cées sous le commandement de Mehemed Ali
Pacha.
Constantinople, le 25 mars.
Le Sultan a remis a Osman Pacha le grand-
cordon d'Osmanié avec plaque couverte de bril-
lans, la médaille militaire d'or et le sabre de
l'ancienSuttan.
Osman Pacha sera reçu aujourd'hui avec de
grands honneurs par là Porte et par le Séras-
kiérat.
Constantinopio, le 24 mars, soir.
Le Sultan a invité aujourd'hui à un dîner in-
time l'ambassadeur de France, M" et M"' Four-
mer.
De nombreuses troupes turques continuent
d'arriver à Buyukdéré.
Constantinople, le 23'mars, soir.
Les troupes qui étaient à Scutari sont allées
aux environs de Buyukdéré, où se forme un camp
de 1S,000 Turcs.
Un autre camp turc est en formation a Kavak,
à l'entrée de la mer Noire et du Bosphore.
Le bruit court que Munif Enëndi serait nommé
ambassadeur à Saint-Pétersbourg.
Semlin, le 25 mars.
La Serbie a résolu de n'évacuer les pays occu-
pés par ses troupes qu'après la conclusion défini-
tive de la paix, et de laisser son armée d'occupa-
tion intacte jusqu'à ce que la Turquie lui ait livré
les localités appartenant a la principauté en vertu
du traité de paix de San-Stefano. La Serbie n'a
encore évacué ni Vrania ni Pirot, parce que les
négociations continuent entre le gouvernement
russe et le gouvernement serbe.
Berlin, le 25 mars.
L'empereur a eu hier dans l'après-midi quatre
longues entrevues avec le prince de Bismarck et
a reçu aujourd'hui, a une heure et demie, M. le
comte Stolberg, ambassadeur d'Allemagne A
Vienne, qui part ce soir pour cette ville.
Berlin, le 25 mars.
M. le comte Stolberg-Wernigerode, ambassa-
deur d'Allemagne à. Vienne, a accepté les fonc-
tions de suppleant du chancelier de l'empire et
de vice-président du conseil des ministres de
Prusse.
On pense que les négociations entamées avec
M. Hobrecht, premier bourgmestre de Berlin, au
sujet du portefeuille des finances, se termineront
aujourd'hui.
On télégraphie de Berlin, le 2t mars, au ~fo<
KM~ jPOX<
« M. Kiepert, le célèbre géographe et cartogra-
phe. vient do publier des commentaires critiques
sur les nouvelles frontières tracées par le traité
de San-Stefano pour les différentes principautés
de la presqu'île des Balkans.
» M. Kiepert démontre que la délimitation a
été tracée d'une manière très superficielle, et
que, dans certains cas, elle est fixée au mépris
des faits géographiques.
& Quelques unes des erreurs commises par les
négociateurs sont très remarquables. ))
On télégraphie de Péra, le 24 mars, au .D
« Aujourd'hui, je suis allé visiter les positions
occupées par les troupes turques a Buyukdëré
et sur d'autres points le long du Bosphore. Ces
positions sont très avantageuses mais les pos-
tes avancés russes sont dangereusement rap-
proches l'attitudB énergique du Sultan et
l'appui moral, et. au besoin, matériel de l'An-
gleterre peuvent seuls empêcher les Russes
d'approcher davantage. Il est évident que la rési-
stance des Turcs en cette affaire ne peut être pous-
sée loin sans qu'ils courent le risque de rallu- ]
mer la guerre. 0
» Les forces ottomanes s'élèvent à 80 batail-
lons environ, tandis que celles des Russes ne
dépassent pas 70 bataillons. Cette nuit, les Turcs 1
ont bivouaqué en plein air; mais des démonstra-
tions de cette sorte présentent un certain danger 1
dans l'état actuel des choses.
» Les Russes, d'ailleurs, ne sont rien moins que
rassurés. Le quartier général russe et quelques
fonctionnaires turcs savent combien faible et i
mat montee est en ce moment l'armée russe. Sa
position serait militairement très précaire si une
catastrophe diplomatique se produisait. ]
o Les Turcs out contribué loyalement et cou-
rageusement a la défense des intérêts anglais en
gardant Gallipoli et les positions du Bosphore
mais il ne faut pas que l'Angleterre perde de
temps si elle veut prolltcr de ce que la Porte
a fait.
A la situation peu satisfaisante de 1 armée
russe, il faut ajouter les embarras financiers de
l'empire du czar. a <
Les événemens politiques ont momen-
tanément détourné l'attention publique
de plusieurs questions essentielles pour
le progrès matériel et moral du pays il
importe cependant de ne pas laisser éter-
nellement dormir des problèmes qui sont
urgens et qu'il faudra bien résoudre dès
que la paix européenne sera assurée.
Parmi ces questions, l'une des plus im-
portantes est celle de notre régime doua-
nier et des traités de commerce. Profi-
tant du malheur des temps, de la crise
économique provoquée ôt entretenue par
la guerre, les représentans de certaines
industries se sont efforcés de rétablir en
honneur les principes du système protec-
teur et de créer une agitation contre tout
abaissement si modéré qu'il fût des
droits de douane actuels, et même en faveur
du relèvement d'un certain nombre de ces
droits. Une grande commission sénato-
riale, constituée au lendemain de la ré-
union des Chambres pour un objet tout à
fait spécial, s'est complétement détournée
de son mandat limité et s'est mise à faire
une sorte d'enquête, à la fois partielle et
'partiale, sur les causes prétendues de la
stagnation économique dont nous souf-
frons. Les délibérations de cette commis-
sion et les propositions auxquelles elle
pourra s'arrêter n'auront qu'une médiocre
valeur puisque, selon l'affirmation même
d'un des auteurs, M. Claude (des Vosges),
elle n'a jamais eu pour mission de faire une
enquête économique approfondie. Néan-
moins, il importe de ne pas laisser s'insi-
nuer et se développer des préjugés ou des
erreurs qui finiraient par influer sur l'opi-
nion publique.
Le monde entier souffre, depuis deux
ou trois ans, d'une sorte d'hypertrophie
industrielle et d'une anémie commerciale
dont les effets ont été surtout sensibles
depuis un an. Les causes de cette situa-
tion sont multiples: elles ont des degrés
différens d'intensité et de permanence;
les unes dureront encore sans doute quel-"
que temps; d'autres sont absolument pas-
gères et disparaîtront dès que la paix
sera rétablie en Europe.
Les premières de ces causes sont 1° le
développement excessif qu'ont pris quel-
ques industries en petit nombre, à la fa-
veur de l'amélioration des moyens de
production, du perfectionnement des ma-
chines, et de travaux publics entrepris
avec un entraînement irréfléchi dans cer-
tains pays; 2° la fermeture ou le resser-
rement d'un grand marché étranger, celui
des Etats-Unis. Une autre cause toute
différente de souffrance commerciale,
c'est simplement la guerre; c'est aussi,
pour la France, la crise politique qu'elle a
subie depuis le 16 mai 1877 jusqu'à la fin
de cette même année.
Il est bien évident que les événemens
qui ont éclaté en Orient, par l'insurrec-
tion de l'Herzégovine, dès le printemps
de 1875, et qui depuis lors se sont déve-
loppés chaque jour en s'aggravant, ne
pouvaient pas être sans influence sur la
situation du commerce des nations occi-
dentales de l'Europe. La guerre d'Orient
nous a fermé depuis deux ou trois ans,
soit totalement, soit partiellement, un
certain nombre de marchés dont chacun
en particulier avait une importance mé-
diocre, mais qui, tous réunis, en avaient
une assez considérable la Turquie, les
principautés danubiennes, l'Egypte, la
Russie même. Par une fâcheuse coïnci-
dence, un autre grand pays, qui est aussi'
un des grands cliens de l'Europe indus-
.trieUe, l'Inde, s'est trouvé affecté par des
famines successives et intenses qui na-
turellement y ont ralenti le développe-
ment des échanges avec l'étranger.
Ce ne sont pas seulement les causes
matérielles, ce sont aussi les causes mo-
rales qui influent sur la direction et sur
l'essor du commerce. Si quelques Etats,
presque tous pauvres, de l'Europe orien-
tale, étaient seuls directement engagés
dans la guerre de Turquie, les Etats voi-
sins beaucoup plus riches, l'Autriche-
Hongrie, l'Italie, l'Allemagne, la France
elle-même, étaient tenus en haleine et
en émoi cette situation, pleine d'inquié- ]
tudes et. d'anxiétés, était peu propice <
assurémentàlaprospérité del'industrie età <
l'animation du commerce. Notre Exposition I
elle-même ce quf étonnera peut-être
quelques personnes a été aussi, quoi- i
que dans une mesure secondaire, une j I
cause de ralentissement, ou plutôt de dé- a
placement des opérations commerciales. (
C'est un faitabsolumentprouvéparl'expé-
rience, que la perspective d'une Exposi- c
tion fait différer beaucoup d'achats, beau- i
coup de voyages, et que, par conséquent, 1
elle amène d'abord un certain ralentisse- q
ment des affaires, qui est compensé plus i
tard, il est vrai, par un surcroît d'activité. a
Les causes que nous venons d'énumé- c
rer n'auront, on peut l'affirmer, qu'une 1
action passagère l'Europe ne sera pas 1
toujours en guerre; les pays qui nous p
étaient complètement ou partiellement S
fermés nous seront rouverts, quoique ap- r
pauvris, dans une certaine proportion; 3
mais un marché appauvri vaut encore d
dieux qu'un marché fermé. Il n'y aura
pas toujours des famines aux Indes. L'Ex-
o position, après avoir fait différer beau-
s coup de voyages et d'achats, multipliera
e les uns et les autres de ces divers côtés,.
e il n'y a que des perspectives d'améliora.-
tion.
Quelques personnes ont cru voir dans
la situation commerciale actuelle l'effet
d'une concurrence nouvelle qui serait
faite à l'Europe par une jeune puissance
j industrielle, les Etats-Unis d'Amérique. Il
n'y a jusqu'à présent rien de fondé dans
ces alarmes. Nous ne savons pas le sort qui
est réservé à la grande Union américaine,
ou plutôt nous prévoyons ce qui est
naturel que par les ressources de son
sol, le caractère de ses habitans, elle
deviendra, avec le temps et l'accumula-
tion des capitaux, une puissance manu-
facturière redoutable; mais elle est fort
loin d'en être là. Elle est aujourd'hui,
appoint de vue économique, la plua
maltraitée de toutes les nations com-
merciales du mondé; eue se trouve
en proie à une plaie qui semblait pro-
pré au vieux monde le paupérisme
les faillites y sont plus nombreuses que
dans n'importe quel autre pays. Quant
aux exportations de produits manufactu-
rés faites par les Etats-Unis, elles n'ont
pas eu jusqu'ici une grande importance.
L'Union américaine a bien pu envoyer quel-
ques milliers de tonnes de fer au Brésil
et quelques locomotives d'une construc-
tion spéciale en Australie; mais ces ex-
péditions ont toujours été très limitées, et
il resterait à savoir si elles ont été faites
a perte ou avec bénéfice. Quant aux pré-
tendus envois de cotonnades faits par les
Américains sur le marché de Manchester, 1
il ne s'agit là que de quelques échantil-
lons, d'articles, pour ainsi dire, de curio-
sité les Américains faisaient alors une
opération du même genre que celle qui
est pratiquée par nos magasins de nou-
veautés quand, pour amorcer l'acheteur, ils
s'avisent de vendre quelques articles sans
importance au-dessous du prix de re-
vient.
Ce que prouvent de la façon la plus in-
contestable les Etats-Unis d'Amérique,
c'est que le système protecteur, suivi avec
la plus grande énergie, ne met pas un
pays à l'abri des crises commerciales pé-
riodiques qu'il en augmente, au contraire,
l'intensité et la durée. Les Etats-Unis sont
en effet le peuple dont le régime douanier
est le plus prohibitif, et c'est précisément
celui qui est le plus profondément atteint
par la crise industrielle générale. Cette
vérité est tellement irréfutable que les
esprits éclairés et impartiaux en Améri-
que commencent à s'en apercevoir, qu'il
se manifeste dans cette contrée un retour
marqué vers les idées de liberté commer-
ciale modérée, et que des projets sont
soumis au Congrès pour proposer des ré-
ductions de droits sur les principaux ar-
ticles manufacturés. Nous ne savons pas
si ces idées sages prévaudront bientôt sur
les préjugés populaires et sur les résis-
tances acharnées de certains intérêts par-
ticuliers en tout cas, il est démontré
par l'exemple des Etats-Unis que le ré-
gime protecteur n'est pas un asile où l'on
soit à l'abri des orages.
Rien n'est plus déraisonnable, plus fri-
vole ou plus astucieux que de rejeter sur
la liberté commerciale modérée dont nous
jouissons depuis 1860, et qui devra être
augmentée, la responsabilité de souffran-
ces qui tiennent à des causes très multi-
ples et en grande partie passagères. Nous
lisons dans certains journaux que le ré-
gime de 1860 a tué nos filatures, nos
houillères, nos forges, sans compter en-
core un nombre infini d'autres industries.
'De pareilles allégations sont simplement
ridicules. Comment expliquerait-on alors
la facilité avec laquelle la France a sup-
porté une indemnité de 5 milliards, non
compris 5 autres milliards dépensés pour
nos propres frais de guerre? Comment ex-
pliquerait-on aussi la plus-value presque
constante de nos impôts et de l'octroi de
Paris, le développement de la population
de la plupart de nos villes industrielles ou
commerciales, l'accroissement continu
des fortunes déclarées annuellement pour
les droits de succession? On peut, à la ri-
gueur, soutenir qu'un industriel travaille
à perte pendant cinq ans, pendant sept
ou huit ans mais c'est défier la raison et
outrager le bon sens public que d'affir-
mer qu'un industriel travaille à perte pen-
dant dix-sept ans; on se demande alors
comment il fait pour renouveler son ca-
pital.
Quant à la situation des établissemens
industriels, nous n'en pouvons juger que
par ceux qui appartiennent à des Sociétés
anonymes .dont les comptes sont publics.
Certes-, la situation de toutes ces usines
varie naturellement suivant la capacité
des directeurs, l'abondance des capitaux
mis en réserve, l'ancienneté même de
l'entreprise; mais il est facile de s'expli-
quer que beaucoup de ruines dont on nous
parle sont des fortunes qui feraient envie
aux hommes les plus exigeans. C'est là le
cas notamment des entreprises houillères.
Heureux l'homme qui, il y a vingt ans, à
la veille des traités de commerce, y a
placé la plus grande partie de son avoir i
S'il possédait 100,000 fr. alors, il posséde-
rait aujourd'hui 1 million, peut-être 2 ou.
3 millions. Voici, par exemple, les mines
de Courrières, dont les actions ont été
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