Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-03-19
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Description : 19 mars 1878 19 mars 1878
Description : 1878/03/19. 1878/03/19.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
EDITION DE PARIS.
MNI9MS
t878.
ON S'ABONNE
tM deà ~6tM8-Sain~Germain-rAuxeK< H.
~MXM ~ABeanMHxomnr:
Un an. Six mois. TMit!!MM.
DApMtem~M. 8û&. <0tr. Mtr.
fMis. 72JÙ-. fr. 36 Cr. i<&.
I~es tboaaemens partent des i" wt i< dt
chaque moiz.
~m<<,)ntMmné~o. Meettt.
BB~o~ot. apply to Owwte and 0', fore:tm new<-
papers oSBce, n, Gresham street, G. P. 0.;
a'Nt. MeM~y, Bt~wte~ G', t. Finch tana CmtaM!,
E. C., London MM. -W.-H. )tmKh et Wwn,
1M. Strand, W. C. London. am' lth et son;
A BruxeUes, & ro/T!<:< pwKMM. «, me de ta
Madeleine, dams ies kiosques et dans tes M-
MtothèA ValpMaiso (GhUiJ, chez M. Orestes L. TornMo.
!MNi9MS
~78.
ON S'ABONNE
en Belgique, en HaHe,
aans le Luxembourg, en Turquie,
en Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans !M
régences du Maroc et de la Tunisie,
enChineet au Japon,
tn moyen d'une valeur payable & Paris ou de
mandats-poste, soit internationaux, soit francaift,
.en Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous.les directeurs de postes;
et dans tous tes autres pays,
j~U'enyoi d' d'une Yfdeur payatMe ttTt 't<.
LeaMmoBoëssontrëcue)!
ehM MM. ~Mehey, t«tm 8,pIacedetaBourse,
wtMbureamdu~eCMMAtt)
~~dc~Yent ton)onrs6tre agréées pMia redMUoa.
JOCMAL BES BEBATS
POLtIKUJESETMTTËRAIRES
PAMS
LUNDI i8 MARS
Tout en approuvant Tidée anglaise de
soutenir aujourd'hui la Grèce, et de
l'opposer à l'invasion du Sot slave dans
les Balkans, nous avons manifesté la
crainte que cette idée n'ait pas subi
âne préparation suffisante pour être im-
médiatement appliquée. Les Russes s'y
sont pris bien autrement et de~bien
plus loin en ce qui concerne la Bulgarie.
Longtemps la Russie s'est déc!arée la pro-
tectrice de tous les chrétiens d'Orient sans
exception. Encore en 1867, elle nemanquait
pas de soutenir le soulèvement de la Crète.
Mais, 'peu à peu, elle a changé de
système; elle a jugé qu'il serait habile de
concentrer son action sur quelques points
bien choisis l'expérience iaite par d'au-
tres lui avait appris <ïchaut feuiUe par feuille était un des
moyens les plus sûrs de le manger tout
entier. EUe s'es t donc posée comme le cham-
pion des Slaves, et, parmi les Slaves,
elle a choisi particulièrement lesBuigares.
Heureux choix, et qui témoigne d'un bon
discernement 1 De toutes les popula-
tions des Balkans, les Bulgares sont peut-
être les seuls qui n'aient pas, ou qui
ne se soient pas créé de toutes pièces
une légende, des traditions, une littéra-
ture épique, un patriotisme spécial, etc.
C'est qu'ils manquent d'imagination et,
de caractère, et, à ce point de vue, ils of-
fraient aux Russes une excellente matière
pour leurs opérations administratives, ci–
'viliaatrices et autres. De plus, la Bulgarie
ayait l'avantage d'occuper une position
centrale dans les Balkans. Enfin, il était ta-
cite de lui donner dans tous les sens une
extension indéfinie, car il y a partout des
Bulgares depuis le Danube jusqu'à l'ar-
chipel, et les limitesprécises de la Bulga-
rie ne sont nulte part. Tout se réunissait
donc pour faire de la Bulgarie un mer-
Teilleux instrument de démolition ou de
désagrégation contre la Turquie, et les
hommes d'Etat russes l'ont parfaitement,
compris.
C'est au gênerai IgnatieS' qu'en re-
vient le principal honneur. II a. joué le
p<*emier acte dans cette grande mise en
scène, et si les Russes ne se sont pas
toujours précipités vers le dénoûment,
avec la rapidité que recommande le
poëte latin, ils ne l'ont jamais perdu
jde vue. Gé premier acte a été con-i
duit habilement et victorieusement il
Vagissait d'un différend ecclésiastique et
d'un véritable schisme à produire entre
l'Eglise bulgare et l'Eglise grecque. L'é-'
vénementest vieux de dix années; on;
n'en a pas compris d'abord toute la por-
tée en Occident. Dès cette époque ont été
tracées les lignes générales de la création
politique et géographique qui provoque
aujourd'hui l'étonnement et l'enroi de
l'Europe. L'œuvre consistait à détacher
lesélémens slaves, les Bulgares comme
les plua nombreux, de l'hellénisme,
au point de vue ecclésiastique et politi-
que, etde les rattacher & la Russie par un
travail long, patient, systématique. Le
général IgnatieS' a réussi à séparer l'E-
glise orthodoxe bulgare du patriarcat
œcuménique il n'a pas craint de rompre
avec les Grecs qui se montraient trop in-
dépenda.us. On 'le critiquait alors, on le
taxait de maladresse l'événement lui
donne raison, du moins pour aujourd'hui.
Dans le firman que le général diplomate
a obtenu du Sultan Abdul-Aziz,. ûrman
qui reconnaît l'exarque bulgare, apparaît
pour la première fois, sur le terrain ecclé-
siastique, la notion de la Bulgarie dans
ses limites les plus larges. Ce que le gé-
néral Igna.tieu'vient d'arracher aux pléni-
potentiaires turcs à Andrinople lorsqu'il
les a obligés à tracer de leur main une
nouvelle carte de Bulgarie n'est autre chose
que la doublure et le revers politiques
du grand diocèse bulgare, r
On le voit donc, le travail des Russes
sur la Bulgarie, date de loin, et il s'est
poursuivi laborieusement. Aucun moyen
de succès n'a été négligé. La jeunesse
bulgare a été attirée en masse eu
Russie et élevée aux frais de l'E-
tat. Des collèges spéciaux ont été
établis & Odessa, à NicolaïeS*, à Kiew,
pour former, en les russiSant, les ,fu-.
turs employés de l'administration bulgare.
La Bulgarie a été inondée de livres rus-
ses, de journaux, d'écrits périodiques.
En&n, les comités de secoure slaves de
Moscou et de Saint-Pétersbourg ont pris
la Bulgarie pour l'objet principal de leurs
eSbrts. Tout cela avait pour but de,CEéer
dans les Balkans un ~état psychologique
approprié aux desseins qu'on se propo-
eait. Puis il a fallu commencer en quel-
que sorte les travaux d'approché, et
alors des comités insurrectionnels bul-
gares ont ~ëté créés en Roumanie. Le
comité central siégeait à~Bucharost sous
ïa direction occulte du 'consul général
russe, et il était protégé par M. Braiiano
trop somplaisant ou tout & fait aveugle.
Ces comités envoyaient en 1868 et 1869
des bandes en Bulgarie, à travers le Da-
nube, aHn d'entretenir l'animosité contre
les turcs et de développer !e$ instincts ré-
volutionnaires de la contrée.
Si la. place, nous le permettait, nous
étudierions en détail toute la savante
stratégie de la diplomatie russe; mais il
faut arriver aux évén'emens actuels. Les
Russes sont prodigieusement habiles à
préparer leurs entreprises; ils ne le sont
pas toujours au même degré lorsq~il s'agit
de les exécuter. Leurs diplomates sont
très au-dessus de leurs administrateurs,
et les seconds gâtent souvent la besogne
despremiers. Dès l'automne de 1876, on
était encore loin de la guerre, au mo-
ment où les Russes faisaient de vains ef-
forts pour obtenir de l'Europe un mandat
d'exécution en Bulgarie, l'armée des ré-
formateurs s'est mise en branle. Elle était
commandée par le prince Tcherkassky. Le
chef est mort à la peine, nous ne sau-
rions dire à l'honneur, et il ne paraît pas
que l'armée ait fait des'merveilles. Le
prince Tcherkassky était le type achevé
du réformateur à la russe. Lorsque ces
réformateurs opèrent en Asie sur des ra-
ces incontestablement inférieures, ils
rendent sans doute des services à la civi-
lisation, et dans tous les cas leur supério-
rité aTêgard des races conquises ne saurait
être contestée mais en Europe, lorsqu'ils
ont affaire à des races au moins égales,
le résultat n'est pas le même, et ils ne
produisent que le chaos et l'anarchie.
Ce résultat n'a rienqui surprenne. La ci-
vilisation russe est toute d'emprunt
elle est en outre très superficielle, et, sur
80 millions d'habitans semi-barbares, la
Russie ne compte guère que quelques cen-
taines de mille hommes vraiment instruits.
Mais instruits comment? Ils sont nourris
de lectures et de théories occidentales mal
digérées, point du tout assimilées, et qui
prennent dans leur esprit les formes les
plus bizarres. Avec cela, un certain mé-
pris pour l'Europe, un orgueil extrême
qui les porte à croire qu'il existe des
principes slaves, germes de toute civili-
sation future; étrange assemblage des
idées les plus confuses, où le socia-
lisme et le nihilisme se mêlent dans de
fortes proportions. Admirables pour la
conquête matérielle, sans égaux comme
agens révolutionnaires, les Russes sont
presque incapables d'un travail positif de
réforme. Ils sont grands comme nation, et
par ta quantité; individuellement, et sauf
des exceptions d'ailleurs nombreuses, leur
valeur est médiocre. L'administration
russe, en Russie même, est un nid
d'abus et de malversations. Pour corriger
le ma!, on fait lois sur lois, c'est-à-dire
qu'on entasse papiers sur papiers mais
rien ne sort de ces monceaux inertes.
Transportez cette administration en Po-
lognecomme autrefois, enBuIgarie comme
maintenant, les conséquences sont ce
qu'on a vu et ce qu'on va voir.
Les Bulgares sont, à quelques égards,
supérieurs à la moyenne de leurs ré-
formateurs. Les Russes ont été trap-
pés de la prospérité matérielle des
campagnes il n'y avait rien d'analogue
dans leur pays. L'instruction primaire
et secondaire était beaucoup plus ré-
pandue que chez eux. Enfin l'admi-
nistration bulgare, telle qu'elle a été
organiaée surtout par Midhat Pacha,
les a frappés ils ont avoué qu'ils ne
sauraient trouver mieux. Malheureuse-
ment, cette administration restait en par-
tie sur le papier, et, sous ce rapport, il y
a plus de ressemblance qu'on ne le croi-
rait entre les Turcs et les Russes. Néan-
moins, le prince Tcherkassky et ses ai-
des se sont mis à l'ouvrage aussitôt qu'ils
l'ont pu. H y a eu des retards dans les
premiers jours. Pour organiser une admi-
nistration «civile a, uncertainnombred'of-
Sciers do la garde avaient été réquisition-
nés à Saint-Pétersbourg. lis se méfiaient
d'eux-mêmes. Confiance leur a-t-on dit.
Allez de l'avant, vous trouverez des or-
dres qui vous mettront au fait. Us
ont été à Tirnova, oùDssont restés long-
temps inoccupés. Attendez, leur di-
sait-on alors, nous ne savons pas encore
ce que nous ferons de vous. Enfin
le grand œuvre a commencé; quels en
sont les résultats? Notre correspondant de
Saint-Pétersbourg nous signale l'impor-
tant article publié dans le ~f~M~' ~'j5'M-
~pc par un publiciste russe de bonne
foi, M. Eugène Outine. M. Outine a visité
la Bulgarie pendant l'automne et l'hiver.
Ses observations sont curieuses à re-
cueillir. On en jugera par quelques
citations
a La première mesure ordonnée par le
prince Tcaerkassky, dit-H, a étéla formation
d'une commission qui devrait réunir les ma-
tériaux propres à servir à la connaissance in-
time de la Buigarie et do son état intérieur.
La commission s'est constituée d'abord dans
une peti te viUe de Roumanie; le 3 mai, elle a
commencésondifucile travail,etle21 mai. c'est'
à dire au boutde dix-huit jours, à paru le fruit
do ses études, un fascicute de neuf feuiMes
d'impression sous ce titre « Première livrai-
son, c Si oh décompte le temps qu'il fallait
pour imprimer la pièce dans une petite ville
roumaine, il se trouve que la commission
s'est tirée d'anaire en trois jours. Et cela
s'explique, tout le travail consistait dans la
traduction de quelques extraits de livres al-
lemands et français sur la Bu'garie, qui
étaient tombés par hasard sous la main des
commissaires, c
On prend là sur le iait ce singulier mé-
lange d'imitation et de dédain de l'Eu-
rope. Mais voyons comment cette admi-
nistration russe prenait soin d'abord de
ses propres intérêts et résumons ce qu'en
ditM.Outine.
a La nouvelle administration devait être
soutenue comme de raison par les res-
sources de la Bulgarie elle-même. Les Rus-
ses ge sont proposé, comme U est no-
toire, de délivrer tfs Bulgares du joue des
Turcs. Toutefois, lorsqu'on Voit les ap-
pointemens des gouverneurs, sous-gouver-
neurs, maîtres de police, etc., on se demande
qui des deux, Russes ou Turcs, pesaiene
plus sur les poches des Bulgares. Ainsi
chaque gouverneur it y en avait une
quinzaine recevait 7.000 roubles d'ap-
pointemens ( 28,000 fr. ) et 10,000 rou-
bles pour les dépenses extraordinaires
dont il n'avait pas à rendre compte. Chaque
sous-gouverneur recevait 4,500 roubles, 6,000
pour les dépenses extraordinaires, etc. Tout
était dans la même proportion. Venaient en-
suite les frais de voyage et d'inspection; ils
étaient comptés d'après l'état adopté pour le
Turkestan. Le logement et l'entretien étaient
aux frais du chef-lieu, c
Si l'administration russe était, pour son
compte, satisfaite de ce régime, les Bul-
gares l'étaient-ils au même degré ? Il pa-
raît que non, d'après le récit suivant de
M. Outine
Pourquoi êtes-vous mécontens de l'ad-
ministration du prince Tcherkassky? deman-
dai-je à un membre important du soi-disant
parti de la Jeune-Bulgarie. On nous a fait
Sentir des ie premier jour, a-t-il répondu,
qu'on n'était pas venu en Bulgarie pour
apprendre à connaître notre pays et pour
s'occuper de nos griefs etde nos besoins, mais
tout simplement pour nous commander
et nous faire servir à une œuvre qui
nous était étrangère. Quand l'armée russe
a traversé le Danube, une députation bulgare
est allée & Pleïesti elle a été très gracieuse-
ment reçue par l'empereur et le prince Gort-
chakoff mais auprès de l'administration civile
l'accueil a été bien diHérent. De ce côté,
on lui a dit sans ambages qu'on ne voulait
pas entendre parler de pareilles députa-
tions, et que leurs membres ne devaient
pas s'imaginer qu'ils représentaient la na-
tion bulgare. La Bulgarie, a-t-on déclaré,
ne possède aucune représentation poli-
tique et n'en obtiendra aucune. Il est bon
de conseiller formellement à ces messieurs
de ne pas se laisser aller à des rêveries
politiques.– Sur quelques réclamations timi-
des des députés, il leur a été répondu impé-
rieusement Nous n'avons pas besoin de vo-
tre avis; vous n'avez qu'à obéir sans raison-
ner. Nous avions cru jusqu'à présent, m'a
dit mon interlocuteur, que de pareils procé-
dés n'étaient en usage que chez les Turcs. D
Voilà le sentiment des Bulgares voici
le jugement des Russes eux-mêmes:
a Un chef russe de district m'a tenu les
propos suivans Je sais bien que ces frères
)) bulgares e ne peuvent pas me souffrir.
mais je m'en moque. C'est une race qui
ne vaut absolument rien, et avec la-
quelle il faut agir par la rigueur. Main-
tenant, ils ont peur de moi, car ils sa-
vent que je ne leur passerai rien. Quiconque
est trouvé en faute reçoit immédiatement
vingt-cinq coups de M~a~~ (fouet russe).
J'ai observé, dit M. Outine, que la M~<~<ï
n'était pas précisément un moyen de provo-
quer les sympathies du peuple bulgare.
Ah! si vous étiez seulement une se-
maine chef de district, a répondu mon
homme, vous seriez convaincu que sans
la Ma:~M cents coups en moyenne sont distribués
tous les jours. Vous ne connaissez pas les
Bulgares. Qu'avons-nous à faire des sym-
pathies d'un pareil peuple? Nous som-
mes venus ici, répliqua M. Outino, pour dé-
livrer ce peuple, et vous lui apportez la na-
ysMs.' Je vous assure, répliqua le chef de
district, que cet instrument est pour lui la
meilleure délivrance, a
La conclusion de M. Outine est pessi-
miste. On a eu tort, dit-il, de transporter
purement et simplement en Bulgarie le
système de pacification appliqué naguère à
la Pologne. Mais M. Outine n'a peut-être
pas entendu le prince Tcherkassky lui-
même. Le correspondant de la .Po~Mc/4e
C'o~~oM~c?M à San-Stefano a eu plus de
bonheur, et le prince n'a pas hésité à lui
dire qu'il n'était pas conduit dans ses ré-
formes par des idées spéculatives son
but était seulement de « faire de bons
Russes avec les Bulgares. « Les pro-
cédés n'en restent pas moins un peu bru-
taux, et l'état de la Bulgarie en ce mo-
ment n'a rien d'une idylle. Les Turcs du
moins n'ont jamais songé à « turquiGer »
les populations chrétiennes, ni à se mê-
ler des affaires de l'Eglise, de la commune
et de l'école. Les Rosses veulent tout
unifier, tout russifier, tout ramener à leur
propre orthodoxie. Il est .intéressant et
instructif de les suivre dans leur singu-
lière mission civilisatrice.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES.
Scrutin de ballottage da 17 mara.
~nches-dn-Rhône.
Arrondisi'ement de Marseille.
~>: 2° circonscription.
Inscrits, 17,316. Votans, 9,339.
AoMt,r6p. 4.423étu
Gtovis Hugues, rép. < .294
B~nqu!,r6p. 564
Cafd.
Arrondissement d'Alais.
1~"Circonscription.
Commandant Favand, rép. 6,876 élu
tMe-et-VMatne.
Arrondissement de Fougères
Riban. rep. 9.304 élu
delaYUlegoatier.cons. 8.077
Une élection municipale a eu lieu hier di-
manche, dans le quartier de Gharonne (20° ar-
rondissement), en remplacement do M. Véran.
décédé.
M. Sick, répuNicain, aétéélu par 1,340 voix,
contre 940 données M. Aristide Rey.
BOURSE DE PARIS
CMtture me le) 8 M~t~oe.K~Me
'?/<
Comptant. ?3 45 73 S. t<0.
Ftnconr. ?330. 73171/Z .12t,2
At/
Cûmpt&nH04.t03~3.2S~.
«ao
CQ!nptMmiOtO.lC990.7.20/
Fia o
PETITE BOURSE DU SOIR.
Emprunt S 0/0. liofr. 3 1/4, S, 109 fr. 93 1/4.
30/0. '?3fr.l'7
Florins (or). 631/2,3/8,7/16.
Hongrois 60/0. Ml/S, 75.
Egyptiennes 6 0/0.. 15tfr.871/2.
'MMsrapMe pftv~e.
Service télégraphique de l'agence Havas.
'Vienne,lel8mars.
Le bruit court que le cabinet de Berlin aurait
demandé il y a plusieurs jours à celui de Lon-
dres s'il consentait à la réunion a Berlin d'une
Conférence préliminaire composée des plénipo-
tentiaires qui doivent assister au Congres, dans
le but de fixer le programme des questions sur
lesquelles porteraitia discussion dans ce Congrès.
A cette proposition, le gouvernement anglais
aurait répondu en refusant de participer à aucune
combinaison aussi longtemps que le cabinet de
Saint Pétersbourg n'aurait pas déclaré s'il con-
sentait à soumettre au Congrès le traité dans son
ensemble.
'De Son côté, le gouvernement russe s'en serait
tenu a sa promesse antérieure de communiquer
aux puissances le texte complet du traité aus-
sitôt après sa ratification.
Berlin,Iei8mars.
La CtïM~e de M~M~Mf du Nord dit que,
après la communication officielle de l'instrument
de paix dans les différentes capitales, l'invitation
de prendre part au Congrès pourra être adressée
aux gouvernemens intéressés, et que le Congrès
se réunira probablement le 2 avril a Berlin.
Londres, le 18 mars.
CAfMK~ des Zo~. Lord Granville demande
si le traité de paix est ratifié, et à quelle date le
gouvernement espère recevoir un exemplaire de
cet instrument.
Lord Derby répond affirmativement à la pre-
mière partie de la question. Quant à )a seconde,
il préfère renvoyer sa réponse & demain.
C~m~e des CoMMMMcpte~ mtorrogé par M. Williams, qui désire savoir
si la présence de la flotte anglaise dans le voisi-
nage do Constantinople ne constitue pas une vio-
lation des traités de Londres l84t, Paris i8S6 et
Londres 1871, répond qu'il ne serait pas opportun
de discuter en ce moment une parente question,
mais que le gouvernement se considère comme
pleinement justifié dans les circonstances ac-
tuelles, en maintenant sa flotte dans les eaux de
Constantinopte. (Bruyans applaudissemens sur
les bancs des conservateurs.)
Répondant à M. Hambury, le chancelier de
lEcmquier dit que la Russie n'a pas refusé l'ad-
mission de la Grèce à la Conférence mais elte a
soulevé la question de savoir sur quel pied le
représentant de la Grèce devait y être admis.
Sir G. Campbell annonce qu'il demandera
jeudi au gouvernement s'il a l'intention de pren-
dre des mesures pour prévenir l'effusion du sang
dans les provinces grecques, en attendant que le
Congres ait réglé leur situation.
Londres, le 18 mars.
Un conseil de cabinet a été tenu aujourd'hui.
La faiblesse momentanée de la Bourse, cette
après-midi, est attribuée au bruit do nouveau
répandu que lord Derby aurait donné sa démis-
sion mais ce bruit n'est pas confirmé.
Bucharest, le 18 mars.
Le bruit que la Russie aurait dénoncé à la
Roumanie la convention du 16 avril, et qu'elle ne
se considérait plus comme liée par etie, est in-
exact.
Une partie des troupes roumaines qui revien-
nentdu Danube est envoyée cngarnison, comme
avant la guerre, dans les principales viMes de la
Roumanie, y compris la Bessarabie.
Les trophées échus en partage à la Roumanie
lors de la prise de Ptevna, et que l'on disait pris
par les Russes, sont attendus sous peu ici.
Bucharest, le 18 mars, 9 h. <5 m. soir.
CAcM~ ~M ~M~. Discussion de l'inter-
pellation relative à la navigation sur le Danube.
Un député accuse les Russes d'arrêter à Sulina
les navires qui descendent ou remontent le fleuve,
et de refuser de rétablir la navigation, dans le
but de pouvoir écouler sans concurrence le
stock de grains et autres produits agricoles qui
ne se sont pas vendus pendant la guerre.
Le ministre des affaires étrangères promet que
ie gouvernement roumain s'occupera de la ques-
tion de concert avec la France, l'Angleterre et
les autres puissances également intéressées.
LaGhambre achève ensuite de voter le budget
des recettes et commence à discuter le chapitre du
budget des dépenses relatif a la dette publique.
Constantinople,lei8mars.
li est inexact oue l'Angleterre ait demandé
1 autorisation de débarquer dos troupes dans l'ue
de Ténédos. Elle a demandé seulement de pou-
voir y établir un dépôt de charbon.
Constantinopie, le 17 mars, soir.
Les insurgés de Yenidje fThessaIie) et ceux de
Katenna, dans les environs de Salonique, ont été
battus.
Savfet Pacha a eu une entrevue avec le grand-
duc Nicolas a San-Stefano.
La Porte n'a pas autorisé l'embarquement des
troupes russes a Buyukdérë.
Londres, le 18 mars.
On télégraphie de Constantinople au ~~s~
« Le gouvernement angiais a obtenu l'autorisa-
~on de faire débarquer des troupes dans l'ile de
Ténédos.
Quatre nouveaux cuirassés anglais ont été
envoyés dans la mer de Marmara.
M. Onou a protesté auprès de la Porte contre
ce double fait. &
Le ~MM public la dépêche suivaute de Saint-
Pétersbourg
« Le traite laisse un bon nombre de questions
ouvertes. I! réserve au Congrès ce qui concerne
les détroits tes frontières sud de la Bulgarie de-
vront être déterminées par une commi.ssion in-
ternationale suivant la nationalité des habitans ·
la question de l'annexion dé Kavala est laissée a
la même commission.
& Le traité sera envoyé mardi prochain aux
puissances, par courrier spécml. &
Le même jouraal annonce, dans une dépêche de
Vienne, qu'une conférence préliminaire des am-
bassadeurs sera tenue à Berlin pour régler les
questions de procédure.
Le .Da;t~ .TW~~A publie la dépêche suivante
de Vienne, le n mars:
terre et a la Russie défaire chacune la moitié des
conoessMiM nécessaires pour faire disparaître la
duticulté relative au traité qui est à soumettre
au Congrès en totalité ou en partie seulement
& Lepnnce de Bismarck et le comte Andrassy
considèrent que la Russie est allée assez loin
dans le chemin des concessions en offrant de sou-
mettre aux puissances telle stipulation que celles-
ci croiront nécessaire de discuter. & ,~00
Constantinople, le 18 mars.
Le Sultan a remis au premier ministre la dé-
coratton de l'Osmanié do 1" classe, ainsi qu'un
sabre avec un fourreau en or.
Les Russes, en Bulgarie, désarment !os chré-
tiens aussi bien que les musulmans, aun d'éviter
des rixes.
M.OM Russes sont arrivés à Tchataldja, à
Tchekmedje et dans les environs de San-Stofano.
dans le but de remplacer une partie de la garde
impériale qui doit s'embarquer mercredi pour
udessa.
Athènes, le i8 mars.
L'Autriche a répondu favorablement à l'Angle-
terre relativement à l'admission de la Grèce au
Congres. Elle est disposée & soutenir cette a.d-
mis-tion avant l'ouverture du Congrès ou dès la
première ,seance.
L'Allemagne a fait à l'Angleterre la même ré-
ponse que l'Autriche.
Les Turcs ont débarqué 1,500 hommes à Volo
Athènes, le 18 mars.
Hobart Pacha, avec trois cuirasses et quatre
frégates, est arrivé à Volo. H menace de bombar-
der Macrinitza si les insurgés ne font pas leur
soumission. Macrinitza étant hors de la portée des
canons d'Hobart, on craint qu'il ne bombarde les
villages de la côte.
Syra, le 17 mars.
Des lettres de Salonique portent que Finsur.
rection.grecque gagne du terrain en Macédoine.
Un corps de 640 hommes, sous les ordres de
Doubiotés, ancien officier grec, a fait sa jonction
avec plusieurs autres corps descendus des monts
Olympe et Ossa. Les insurgés ont occupé les
viltes de Lithochorion et Matathria, et intercepté
les communications entre Larissa et Salonique.
3,000 Macédoniens en armes se sont fortifiés
sur le mont Rhodopé et se préparent & procla-
mer l'union de la Macédoine à la Grèce.
En Thrace, l'animosité des populations grec-
ques contre les Slaves s'accentue de plus en plus,
surtout dans les villes à population mixte.
[i II y avait longtemps que la France n'avait
eu à subir de grandeset nombreuses coati-~
r tions d'ouvriers. Sous ce rapport, elle étaiL
presque un pays modèle la circonspec-
tion, la modération de ses travailleurs
manuels méritaient beaucoup d'éloges.
'{ Non seulement, en pratique, les ouvriers
français ont d'ordinaire une médiocre in-
clination pour les grèves; mais même
leurs représentans les plus accrédités
condamnent en théorie ce procédé violent.
3 Nous avons lu, parcouru du moins, à di-
verses reprises, les rapports des déléga-
tions ouvrières à l'Exposition de Vienne
et à celle de Philadelphie; presque tous
repoussent avec beaucoup de netteté
l'emploi de la grève.
r Cependant, voici qu'aujourd'hui des
grèves éclatent, à quelques jours ou à
t quelques semaines de distance, dans dif-
férens endroits et dans diverses indus-
tries à Montoeau-les-Mines, à Decaze-
ville, à Tarare, à Besançon. Comme on le
voit, c'est dans la région dont Lyon peut
être considéré comme le centre. Mineurs,
forgerons, boulangers, et jusqu'aux ou-
L vrières apprêteuses des fabriques de
tulles ou de mousseline croient avoir
des griefs contre leurs patrons ou
contre l'ordre social, et veulent les résou-
dre par la menace de ne plus travailler.
Nous sommes de ceux qui regrettent ces
mouvemens généralement inconsidérés,
mais non pas de ceux qui en conçoivent
de vives alarmes. Une grève, quand elle
est paisible, sans méfaits, sans violence,
sans attentat à la liberté de personne, est
toujours un malheur; ce n'est pas un
crime, ni un symptôme de prochain
cataclysme social. Il faut savoir s'ha-
bituer aux phénomènes de son temps,
à ceux qui tiennent à la nature de
L l'homme et à la nature des choses,
et sont presque inévitables. On pourra
t réduire par la raison, par la conciliation,
peut-être aussi par quelques heureuses
dispositions économiques ou administra-
tives, le nombre des différends entre les
ouvriers et les patrons; on en atténuera
surtout, nous l'espérons, l'intensité et la
durée; mais il y aurait une forte dose
i d'illusion à penser qu'on les supprimera
complètement un jour. Le genre humain
a naturellement des préjugés, de l'entête-
ment et un peu d'esprit batailleur. La ci-
vilisation amoindrit ces défauts sans les
extirper.
Beaucoup de personnes ne voient dans
ce léger commencement d'épidémie de
grèves que la main de cette association
mystérieuse, ~'7~~M~MK< C'est tou-
jours, assure-t-on, un mot d'ordre venu
du dehors qui provoque l'explosion; on
assiste, avant la grève, à des conciliabules
auxquels prennent part des agens étran-
gers au pays, des sortes de missionnaires
en socialisme. Il y a, pensons-nous, quel-
que exagération dans cette croyance gé-
nérale. La France n'est pas, comme l'Al-
lemagne, un pays où le socialisme ait
jeté de profondes racines, où il ait une
organisation permanente, des cadres actiis,
des professeurs, des conférenciers, des
commis-voyageurs, une caisse enfin et un
trésor de guerre. Ce n'est pas non plus,
comme l'Angleterre, une contrée où les
divers corps d'état se soient solidement
constitués depuis trente ou quarante ans,
aient accumulé des ressources, élu des
chefs et se soient fédérés les uns aux au-
tres. Certes, ce n'est pas à dire que le per-
sonnel des agitateurs ouvriers manque
absolument en France; parmi les nomades
de nos'ateliers il y a sans doute des hommes
mécontens, vaniteux, infatués d'eux-mê-
mes, de beaux parleurs, des demi-savans,
des ambitieux qui se font un jeu de provo-
querdes moUvemens ouvriers etdesgrèves,
et qui pensent y gagner quelque célébrité;
à la. fin de l'Empire, Assy était un type
de ce genre. Il peut y avoir aussi les doc-
trinaires et les convaincus, les apôtres
sincères. Néanmoins, nous croyons qu'on
exagérerait beaucoup en attribuant toutes
les grèves récentes à une sorte de vaste
conspiration et de plan machiavélique de
bouleverser la société. Disons quelques
mots de chacune d'elles en particulier.
La coalition des ouvriers boulangers de
Besançon se proposait, d'après le pro-
gramme des grévistes, deux objets princi'-
paux la suppression du travail de nuit,
et la possibilité pour les ouvriers d'avoir
un logement en dehors de celui du patron
et de prendre chez eux leur nourriture;
ce dernier point entraînait, comme moyen
d'exécution, une certaine augmentation
de salaire. II y a bien longtemps que
les 0'u.Yriers boulangers réclament la
suppression du travail de nuit/Dans
toutes les sessions des Congrès ouvriers
ils ont fait valoir cette prétention. II nous
est impossible nous l'avouons de
trouver que cette exigence soit très con-
damnable, et qu'il y ait beaucoup de per-
versité de leur part à vouloir dormir pen-
dant la nuit et se tenir éveillés pen-
dant le jour. Il est vrai que, comme
la plupart des bons bourgeois, il noua
est agréable d'avoir du pain tendre à
notre lever; mais en6n l'ordre social ne
croulerait pas si nous étions dans la fâ-
cheuse nécessité de manger notre pain
tendre le soir. Le travail de nuit est cer-
tainement une mauvaise chose par mal-
heur, dans certaines grandes industries,
c'est-une chose indispensable. Un haut-
fourneau ne peut pas être allumé chaque
matin et éteint chaque soir; toujours est-
il qu'on peut concevoir que le progrès de
la civiHsatioB.jédulao. désormais le travail
de nuit aux seutes industries où il est ab.
solument indispensable, où il ne pourrait
être suspendu sans un immense gaspillage
de capital.
Quant à l'autre réclamation des ou-
vriers boulangers, si elle est sincère, elle
part d'un bon naturel ils veulent, disent-
ils, pouvoir se marier si cela leur con-
vient, avoir une famille, un intérieur,
coucher chez eux, y prendre leurs repas;
qui pourrait blâmer ~ces sentimens ? La
population de la France n'est pas telle-
ment excessive qu'il y ait un intérêt pu-
blic à ce que certaines catégories d'ou-
vriersne puissentpas semariar. Il faudrait
êtreunwM~MM~beaucouppIusdéterminé
que nous ne le sommes pour voir dans ce
goût du mariage un intérêt pervers ou
nuisible. Où les ouvriers boulangers de
Besançon pourraient bien avoir tort, c'est
dans les accroissemens de salaire qu'ils
réclament. Ils veulent 5 fr. par jour pour
le premier ouvrier et 4 fr..SO c. pour le
second; nous ne demandons pas mieux
qu'on leur donne cette rémunération st
cela est possible; mais les salaires
d un corps de métier doivent être en
harmonie avec ceux des autres corps
d'état de la localité, puis avec le taux
des pronts, et enfin avec le prix
des produits. Or, jusqu'à quel point le
prix du pain et le gain des boulan-
gers à Besançon permettent-ils d'élever
le salaire des ouvriers; c'est ce qu'il
nous est impossible de {dire. Ceux-ci
réclament un peu trop de choses à la
fois. Ily a bien des gens qui se marient
en province, ou même à Paris, sans ga-
gner 4 fr. 50 c. ou 5 fr. par jour. Si cette
rémunération ~~M était nécessaire
pour le mariage, le quart de la France ne
se marierait pas. Quoi qu'il en soit, la
grève des ouvriers boulangers de Be-
sançon pouvait être imprudente, inop-~
portune ce n'était certainement pas un
noir forfait.
En général, les grévistes demandent
trop de choses à la fois,: les apprêteuses
de Tarare en sont une nouvelle preuve.
Ces ouvrières réclament que la durée de
la iournée soit ramenée de onze heures à
dix heures, que les amendes soient sup-
primées, et que la rétribution soit portée
de 2 Ir. 50 c. à 3 fr. par jour si on ne les
emploie que quatre jours par semaine
elles s'accommoderaient cependant d'un
traitement mensuel de 75 fr. si on les
employait tous !ea jours, le dimanche
excepté,-bien .entendu. Voilà, si
nous les avons bien comprises, les
réclamations des appr~teuses; elles sont
d'ailleurs, rapportées diu'éremment sui-
vant les journaux. Il y a là, nous paraît-
il, beaucoup d'exigences simultanées
puis le moment semble bien peu oppor-
tun pour augmenter les salaires; l'indus-
trie, les industries textiles notamment,
souffrent partout les patrons voient leurs
profits amoindris, si toutefois ils en font
encore; quant à relever 1~ prix des pro-
duits, est-ce possible quand le débouché
extérieur se restreint et que le marché
intérieur est stagnant ? Il se pourrait que
les apprêteuses de Tarare n'eussent pas
assez compté avec la guerre d'Orient et
la crise commerciale universelle.
Une industrie qui est plus gravement
atteinte que l'industrie textile, c'est celle
de la métallurgie; par une conséquence
naturelle, le prix de la houille a beaucoup `
baissé, et les bénéfices des houillères
sont singulièrement amoindris. Ce sera,
nous l'espérons, une crise passagère~
avec ia paix reviendra si ce n'est une
exubérante activité, dumoins une certaine
reprise des aSaires. L'heure actuelle est,
en tout cas,' médiocrement propice aux
réclamations des ouvriers. Néanmoins,
ils se mettent ou Se sont mis en grève
dans plus d'un district à Montceau-Ies-
Mines, à Epinac, en dernier lieu à Deca-
zeville.
Nous ne connaissons pas exactement
la cause de la grève de Montceau d'après
les journaux qui soutenaient les grévistes,
ceux-ci se seraient plaints de n'avoir que
des salaires de 2 ou 3 fr. par jour; le di-
recteur de la mine, M. L. Chagot, dont le
témoignage mérite une absolue conSance,
déclare que, pendant le mois de janvier
dernier, la journée moyenne des mineurs
a été de 4 ir. 14 c., non compris beau-
coup d'avantages accessoires pour le loge-
ment, le chauS'age, etc., et équivalant a
SO c. au moins par jour. Ce ne serait donc
pas la misère qui aurait jeté en grève les v
mineurs de Montceau car un salaire de
MNI9MS
t878.
ON S'ABONNE
tM deà ~6tM8-Sain~Germain-rAuxeK< H.
~MXM ~ABeanMHxomnr:
Un an. Six mois. TMit!!MM.
DApMtem~M. 8û&. <0tr. Mtr.
fMis. 72JÙ-. fr. 36 Cr. i<&.
I~es tboaaemens partent des i" wt i< dt
chaque moiz.
~m<<,)ntMmné~o. Meettt.
B
papers oSBce, n, Gresham street, G. P. 0.;
a'Nt. MeM~y, Bt~wte~ G', t. Finch tana CmtaM!,
E. C., London MM. -W.-H. )tmKh et Wwn,
1M. Strand, W. C. London. am' lth et son;
A BruxeUes, & ro/T!<:< pwKMM. «, me de ta
Madeleine, dams ies kiosques et dans tes M-
Mtothè
!MNi9MS
~78.
ON S'ABONNE
en Belgique, en HaHe,
aans le Luxembourg, en Turquie,
en Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans !M
régences du Maroc et de la Tunisie,
enChineet au Japon,
tn moyen d'une valeur payable & Paris ou de
mandats-poste, soit internationaux, soit francaift,
.en Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous les pays du Nord
chez tous.les directeurs de postes;
et dans tous tes autres pays,
j~U'enyoi d' d'une Yfdeur payatMe ttTt 't<.
LeaMmoBoëssontrëcue)!
ehM MM. ~Mehey, t«tm
wtMbureamdu~eCMMAtt)
~~dc~Yent ton)onrs6tre agréées pMia redMUoa.
JOCMAL BES BEBATS
POLtIKUJESETMTTËRAIRES
PAMS
LUNDI i8 MARS
Tout en approuvant Tidée anglaise de
soutenir aujourd'hui la Grèce, et de
l'opposer à l'invasion du Sot slave dans
les Balkans, nous avons manifesté la
crainte que cette idée n'ait pas subi
âne préparation suffisante pour être im-
médiatement appliquée. Les Russes s'y
sont pris bien autrement et de~bien
plus loin en ce qui concerne la Bulgarie.
Longtemps la Russie s'est déc!arée la pro-
tectrice de tous les chrétiens d'Orient sans
exception. Encore en 1867, elle nemanquait
pas de soutenir le soulèvement de la Crète.
Mais, 'peu à peu, elle a changé de
système; elle a jugé qu'il serait habile de
concentrer son action sur quelques points
bien choisis l'expérience iaite par d'au-
tres lui avait appris <ï
moyens les plus sûrs de le manger tout
entier. EUe s'es t donc posée comme le cham-
pion des Slaves, et, parmi les Slaves,
elle a choisi particulièrement lesBuigares.
Heureux choix, et qui témoigne d'un bon
discernement 1 De toutes les popula-
tions des Balkans, les Bulgares sont peut-
être les seuls qui n'aient pas, ou qui
ne se soient pas créé de toutes pièces
une légende, des traditions, une littéra-
ture épique, un patriotisme spécial, etc.
C'est qu'ils manquent d'imagination et,
de caractère, et, à ce point de vue, ils of-
fraient aux Russes une excellente matière
pour leurs opérations administratives, ci–
'viliaatrices et autres. De plus, la Bulgarie
ayait l'avantage d'occuper une position
centrale dans les Balkans. Enfin, il était ta-
cite de lui donner dans tous les sens une
extension indéfinie, car il y a partout des
Bulgares depuis le Danube jusqu'à l'ar-
chipel, et les limitesprécises de la Bulga-
rie ne sont nulte part. Tout se réunissait
donc pour faire de la Bulgarie un mer-
Teilleux instrument de démolition ou de
désagrégation contre la Turquie, et les
hommes d'Etat russes l'ont parfaitement,
compris.
C'est au gênerai IgnatieS' qu'en re-
vient le principal honneur. II a. joué le
p<*emier acte dans cette grande mise en
scène, et si les Russes ne se sont pas
toujours précipités vers le dénoûment,
avec la rapidité que recommande le
poëte latin, ils ne l'ont jamais perdu
jde vue. Gé premier acte a été con-i
duit habilement et victorieusement il
Vagissait d'un différend ecclésiastique et
d'un véritable schisme à produire entre
l'Eglise bulgare et l'Eglise grecque. L'é-'
vénementest vieux de dix années; on;
n'en a pas compris d'abord toute la por-
tée en Occident. Dès cette époque ont été
tracées les lignes générales de la création
politique et géographique qui provoque
aujourd'hui l'étonnement et l'enroi de
l'Europe. L'œuvre consistait à détacher
lesélémens slaves, les Bulgares comme
les plua nombreux, de l'hellénisme,
au point de vue ecclésiastique et politi-
que, etde les rattacher & la Russie par un
travail long, patient, systématique. Le
général IgnatieS' a réussi à séparer l'E-
glise orthodoxe bulgare du patriarcat
œcuménique il n'a pas craint de rompre
avec les Grecs qui se montraient trop in-
dépenda.us. On 'le critiquait alors, on le
taxait de maladresse l'événement lui
donne raison, du moins pour aujourd'hui.
Dans le firman que le général diplomate
a obtenu du Sultan Abdul-Aziz,. ûrman
qui reconnaît l'exarque bulgare, apparaît
pour la première fois, sur le terrain ecclé-
siastique, la notion de la Bulgarie dans
ses limites les plus larges. Ce que le gé-
néral Igna.tieu'vient d'arracher aux pléni-
potentiaires turcs à Andrinople lorsqu'il
les a obligés à tracer de leur main une
nouvelle carte de Bulgarie n'est autre chose
que la doublure et le revers politiques
du grand diocèse bulgare, r
On le voit donc, le travail des Russes
sur la Bulgarie, date de loin, et il s'est
poursuivi laborieusement. Aucun moyen
de succès n'a été négligé. La jeunesse
bulgare a été attirée en masse eu
Russie et élevée aux frais de l'E-
tat. Des collèges spéciaux ont été
établis & Odessa, à NicolaïeS*, à Kiew,
pour former, en les russiSant, les ,fu-.
turs employés de l'administration bulgare.
La Bulgarie a été inondée de livres rus-
ses, de journaux, d'écrits périodiques.
En&n, les comités de secoure slaves de
Moscou et de Saint-Pétersbourg ont pris
la Bulgarie pour l'objet principal de leurs
eSbrts. Tout cela avait pour but de,CEéer
dans les Balkans un ~état psychologique
approprié aux desseins qu'on se propo-
eait. Puis il a fallu commencer en quel-
que sorte les travaux d'approché, et
alors des comités insurrectionnels bul-
gares ont ~ëté créés en Roumanie. Le
comité central siégeait à~Bucharost sous
ïa direction occulte du 'consul général
russe, et il était protégé par M. Braiiano
trop somplaisant ou tout & fait aveugle.
Ces comités envoyaient en 1868 et 1869
des bandes en Bulgarie, à travers le Da-
nube, aHn d'entretenir l'animosité contre
les turcs et de développer !e$ instincts ré-
volutionnaires de la contrée.
Si la. place, nous le permettait, nous
étudierions en détail toute la savante
stratégie de la diplomatie russe; mais il
faut arriver aux évén'emens actuels. Les
Russes sont prodigieusement habiles à
préparer leurs entreprises; ils ne le sont
pas toujours au même degré lorsq~il s'agit
de les exécuter. Leurs diplomates sont
très au-dessus de leurs administrateurs,
et les seconds gâtent souvent la besogne
despremiers. Dès l'automne de 1876, on
était encore loin de la guerre, au mo-
ment où les Russes faisaient de vains ef-
forts pour obtenir de l'Europe un mandat
d'exécution en Bulgarie, l'armée des ré-
formateurs s'est mise en branle. Elle était
commandée par le prince Tcherkassky. Le
chef est mort à la peine, nous ne sau-
rions dire à l'honneur, et il ne paraît pas
que l'armée ait fait des'merveilles. Le
prince Tcherkassky était le type achevé
du réformateur à la russe. Lorsque ces
réformateurs opèrent en Asie sur des ra-
ces incontestablement inférieures, ils
rendent sans doute des services à la civi-
lisation, et dans tous les cas leur supério-
rité aTêgard des races conquises ne saurait
être contestée mais en Europe, lorsqu'ils
ont affaire à des races au moins égales,
le résultat n'est pas le même, et ils ne
produisent que le chaos et l'anarchie.
Ce résultat n'a rienqui surprenne. La ci-
vilisation russe est toute d'emprunt
elle est en outre très superficielle, et, sur
80 millions d'habitans semi-barbares, la
Russie ne compte guère que quelques cen-
taines de mille hommes vraiment instruits.
Mais instruits comment? Ils sont nourris
de lectures et de théories occidentales mal
digérées, point du tout assimilées, et qui
prennent dans leur esprit les formes les
plus bizarres. Avec cela, un certain mé-
pris pour l'Europe, un orgueil extrême
qui les porte à croire qu'il existe des
principes slaves, germes de toute civili-
sation future; étrange assemblage des
idées les plus confuses, où le socia-
lisme et le nihilisme se mêlent dans de
fortes proportions. Admirables pour la
conquête matérielle, sans égaux comme
agens révolutionnaires, les Russes sont
presque incapables d'un travail positif de
réforme. Ils sont grands comme nation, et
par ta quantité; individuellement, et sauf
des exceptions d'ailleurs nombreuses, leur
valeur est médiocre. L'administration
russe, en Russie même, est un nid
d'abus et de malversations. Pour corriger
le ma!, on fait lois sur lois, c'est-à-dire
qu'on entasse papiers sur papiers mais
rien ne sort de ces monceaux inertes.
Transportez cette administration en Po-
lognecomme autrefois, enBuIgarie comme
maintenant, les conséquences sont ce
qu'on a vu et ce qu'on va voir.
Les Bulgares sont, à quelques égards,
supérieurs à la moyenne de leurs ré-
formateurs. Les Russes ont été trap-
pés de la prospérité matérielle des
campagnes il n'y avait rien d'analogue
dans leur pays. L'instruction primaire
et secondaire était beaucoup plus ré-
pandue que chez eux. Enfin l'admi-
nistration bulgare, telle qu'elle a été
organiaée surtout par Midhat Pacha,
les a frappés ils ont avoué qu'ils ne
sauraient trouver mieux. Malheureuse-
ment, cette administration restait en par-
tie sur le papier, et, sous ce rapport, il y
a plus de ressemblance qu'on ne le croi-
rait entre les Turcs et les Russes. Néan-
moins, le prince Tcherkassky et ses ai-
des se sont mis à l'ouvrage aussitôt qu'ils
l'ont pu. H y a eu des retards dans les
premiers jours. Pour organiser une admi-
nistration «civile a, uncertainnombred'of-
Sciers do la garde avaient été réquisition-
nés à Saint-Pétersbourg. lis se méfiaient
d'eux-mêmes. Confiance leur a-t-on dit.
Allez de l'avant, vous trouverez des or-
dres qui vous mettront au fait. Us
ont été à Tirnova, oùDssont restés long-
temps inoccupés. Attendez, leur di-
sait-on alors, nous ne savons pas encore
ce que nous ferons de vous. Enfin
le grand œuvre a commencé; quels en
sont les résultats? Notre correspondant de
Saint-Pétersbourg nous signale l'impor-
tant article publié dans le ~f~M~' ~'j5'M-
~pc par un publiciste russe de bonne
foi, M. Eugène Outine. M. Outine a visité
la Bulgarie pendant l'automne et l'hiver.
Ses observations sont curieuses à re-
cueillir. On en jugera par quelques
citations
a La première mesure ordonnée par le
prince Tcaerkassky, dit-H, a étéla formation
d'une commission qui devrait réunir les ma-
tériaux propres à servir à la connaissance in-
time de la Buigarie et do son état intérieur.
La commission s'est constituée d'abord dans
une peti te viUe de Roumanie; le 3 mai, elle a
commencésondifucile travail,etle21 mai. c'est'
à dire au boutde dix-huit jours, à paru le fruit
do ses études, un fascicute de neuf feuiMes
d'impression sous ce titre « Première livrai-
son, c Si oh décompte le temps qu'il fallait
pour imprimer la pièce dans une petite ville
roumaine, il se trouve que la commission
s'est tirée d'anaire en trois jours. Et cela
s'explique, tout le travail consistait dans la
traduction de quelques extraits de livres al-
lemands et français sur la Bu'garie, qui
étaient tombés par hasard sous la main des
commissaires, c
On prend là sur le iait ce singulier mé-
lange d'imitation et de dédain de l'Eu-
rope. Mais voyons comment cette admi-
nistration russe prenait soin d'abord de
ses propres intérêts et résumons ce qu'en
ditM.Outine.
a La nouvelle administration devait être
soutenue comme de raison par les res-
sources de la Bulgarie elle-même. Les Rus-
ses ge sont proposé, comme U est no-
toire, de délivrer tfs Bulgares du joue des
Turcs. Toutefois, lorsqu'on Voit les ap-
pointemens des gouverneurs, sous-gouver-
neurs, maîtres de police, etc., on se demande
qui des deux, Russes ou Turcs, pesaiene
plus sur les poches des Bulgares. Ainsi
chaque gouverneur it y en avait une
quinzaine recevait 7.000 roubles d'ap-
pointemens ( 28,000 fr. ) et 10,000 rou-
bles pour les dépenses extraordinaires
dont il n'avait pas à rendre compte. Chaque
sous-gouverneur recevait 4,500 roubles, 6,000
pour les dépenses extraordinaires, etc. Tout
était dans la même proportion. Venaient en-
suite les frais de voyage et d'inspection; ils
étaient comptés d'après l'état adopté pour le
Turkestan. Le logement et l'entretien étaient
aux frais du chef-lieu, c
Si l'administration russe était, pour son
compte, satisfaite de ce régime, les Bul-
gares l'étaient-ils au même degré ? Il pa-
raît que non, d'après le récit suivant de
M. Outine
Pourquoi êtes-vous mécontens de l'ad-
ministration du prince Tcherkassky? deman-
dai-je à un membre important du soi-disant
parti de la Jeune-Bulgarie. On nous a fait
Sentir des ie premier jour, a-t-il répondu,
qu'on n'était pas venu en Bulgarie pour
apprendre à connaître notre pays et pour
s'occuper de nos griefs etde nos besoins, mais
tout simplement pour nous commander
et nous faire servir à une œuvre qui
nous était étrangère. Quand l'armée russe
a traversé le Danube, une députation bulgare
est allée & Pleïesti elle a été très gracieuse-
ment reçue par l'empereur et le prince Gort-
chakoff mais auprès de l'administration civile
l'accueil a été bien diHérent. De ce côté,
on lui a dit sans ambages qu'on ne voulait
pas entendre parler de pareilles députa-
tions, et que leurs membres ne devaient
pas s'imaginer qu'ils représentaient la na-
tion bulgare. La Bulgarie, a-t-on déclaré,
ne possède aucune représentation poli-
tique et n'en obtiendra aucune. Il est bon
de conseiller formellement à ces messieurs
de ne pas se laisser aller à des rêveries
politiques.– Sur quelques réclamations timi-
des des députés, il leur a été répondu impé-
rieusement Nous n'avons pas besoin de vo-
tre avis; vous n'avez qu'à obéir sans raison-
ner. Nous avions cru jusqu'à présent, m'a
dit mon interlocuteur, que de pareils procé-
dés n'étaient en usage que chez les Turcs. D
Voilà le sentiment des Bulgares voici
le jugement des Russes eux-mêmes:
a Un chef russe de district m'a tenu les
propos suivans Je sais bien que ces frères
)) bulgares e ne peuvent pas me souffrir.
mais je m'en moque. C'est une race qui
ne vaut absolument rien, et avec la-
quelle il faut agir par la rigueur. Main-
tenant, ils ont peur de moi, car ils sa-
vent que je ne leur passerai rien. Quiconque
est trouvé en faute reçoit immédiatement
vingt-cinq coups de M~a~~ (fouet russe).
J'ai observé, dit M. Outine, que la M~<~<ï
n'était pas précisément un moyen de provo-
quer les sympathies du peuple bulgare.
Ah! si vous étiez seulement une se-
maine chef de district, a répondu mon
homme, vous seriez convaincu que sans
la Ma:~M
tous les jours. Vous ne connaissez pas les
Bulgares. Qu'avons-nous à faire des sym-
pathies d'un pareil peuple? Nous som-
mes venus ici, répliqua M. Outino, pour dé-
livrer ce peuple, et vous lui apportez la na-
ysMs.' Je vous assure, répliqua le chef de
district, que cet instrument est pour lui la
meilleure délivrance, a
La conclusion de M. Outine est pessi-
miste. On a eu tort, dit-il, de transporter
purement et simplement en Bulgarie le
système de pacification appliqué naguère à
la Pologne. Mais M. Outine n'a peut-être
pas entendu le prince Tcherkassky lui-
même. Le correspondant de la .Po~Mc/4e
C'o~~oM~c?M à San-Stefano a eu plus de
bonheur, et le prince n'a pas hésité à lui
dire qu'il n'était pas conduit dans ses ré-
formes par des idées spéculatives son
but était seulement de « faire de bons
Russes avec les Bulgares. « Les pro-
cédés n'en restent pas moins un peu bru-
taux, et l'état de la Bulgarie en ce mo-
ment n'a rien d'une idylle. Les Turcs du
moins n'ont jamais songé à « turquiGer »
les populations chrétiennes, ni à se mê-
ler des affaires de l'Eglise, de la commune
et de l'école. Les Rosses veulent tout
unifier, tout russifier, tout ramener à leur
propre orthodoxie. Il est .intéressant et
instructif de les suivre dans leur singu-
lière mission civilisatrice.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES.
Scrutin de ballottage da 17 mara.
~nches-dn-Rhône.
Arrondisi'ement de Marseille.
~>: 2° circonscription.
Inscrits, 17,316. Votans, 9,339.
AoMt,r6p. 4.423étu
Gtovis Hugues, rép. < .294
B~nqu!,r6p. 564
Cafd.
Arrondissement d'Alais.
1~"Circonscription.
Commandant Favand, rép. 6,876 élu
tMe-et-VMatne.
Arrondissement de Fougères
Riban. rep. 9.304 élu
delaYUlegoatier.cons. 8.077
Une élection municipale a eu lieu hier di-
manche, dans le quartier de Gharonne (20° ar-
rondissement), en remplacement do M. Véran.
décédé.
M. Sick, répuNicain, aétéélu par 1,340 voix,
contre 940 données M. Aristide Rey.
BOURSE DE PARIS
CMtture me le) 8 M~t~oe.K~Me
'?/<
Comptant. ?3 45 73 S. t<0.
Ftnconr. ?330. 73171/Z .12t,2
At/
Cûmpt&nH04.t03~3.2S~.
«ao
CQ!nptMmiOtO.lC990.7.20/
Fia o
PETITE BOURSE DU SOIR.
Emprunt S 0/0. liofr. 3 1/4, S, 109 fr. 93 1/4.
30/0. '?3fr.l'7
Florins (or). 631/2,3/8,7/16.
Hongrois 60/0. Ml/S, 75.
Egyptiennes 6 0/0.. 15tfr.871/2.
'MMsrapMe pftv~e.
Service télégraphique de l'agence Havas.
'Vienne,lel8mars.
Le bruit court que le cabinet de Berlin aurait
demandé il y a plusieurs jours à celui de Lon-
dres s'il consentait à la réunion a Berlin d'une
Conférence préliminaire composée des plénipo-
tentiaires qui doivent assister au Congres, dans
le but de fixer le programme des questions sur
lesquelles porteraitia discussion dans ce Congrès.
A cette proposition, le gouvernement anglais
aurait répondu en refusant de participer à aucune
combinaison aussi longtemps que le cabinet de
Saint Pétersbourg n'aurait pas déclaré s'il con-
sentait à soumettre au Congrès le traité dans son
ensemble.
'De Son côté, le gouvernement russe s'en serait
tenu a sa promesse antérieure de communiquer
aux puissances le texte complet du traité aus-
sitôt après sa ratification.
Berlin,Iei8mars.
La CtïM~e de M~M~Mf du Nord dit que,
après la communication officielle de l'instrument
de paix dans les différentes capitales, l'invitation
de prendre part au Congrès pourra être adressée
aux gouvernemens intéressés, et que le Congrès
se réunira probablement le 2 avril a Berlin.
Londres, le 18 mars.
CAfMK~ des Zo~. Lord Granville demande
si le traité de paix est ratifié, et à quelle date le
gouvernement espère recevoir un exemplaire de
cet instrument.
Lord Derby répond affirmativement à la pre-
mière partie de la question. Quant à )a seconde,
il préfère renvoyer sa réponse & demain.
C~m~e des CoMMMM
si la présence de la flotte anglaise dans le voisi-
nage do Constantinople ne constitue pas une vio-
lation des traités de Londres l84t, Paris i8S6 et
Londres 1871, répond qu'il ne serait pas opportun
de discuter en ce moment une parente question,
mais que le gouvernement se considère comme
pleinement justifié dans les circonstances ac-
tuelles, en maintenant sa flotte dans les eaux de
Constantinopte. (Bruyans applaudissemens sur
les bancs des conservateurs.)
Répondant à M. Hambury, le chancelier de
lEcmquier dit que la Russie n'a pas refusé l'ad-
mission de la Grèce à la Conférence mais elte a
soulevé la question de savoir sur quel pied le
représentant de la Grèce devait y être admis.
Sir G. Campbell annonce qu'il demandera
jeudi au gouvernement s'il a l'intention de pren-
dre des mesures pour prévenir l'effusion du sang
dans les provinces grecques, en attendant que le
Congres ait réglé leur situation.
Londres, le 18 mars.
Un conseil de cabinet a été tenu aujourd'hui.
La faiblesse momentanée de la Bourse, cette
après-midi, est attribuée au bruit do nouveau
répandu que lord Derby aurait donné sa démis-
sion mais ce bruit n'est pas confirmé.
Bucharest, le 18 mars.
Le bruit que la Russie aurait dénoncé à la
Roumanie la convention du 16 avril, et qu'elle ne
se considérait plus comme liée par etie, est in-
exact.
Une partie des troupes roumaines qui revien-
nentdu Danube est envoyée cngarnison, comme
avant la guerre, dans les principales viMes de la
Roumanie, y compris la Bessarabie.
Les trophées échus en partage à la Roumanie
lors de la prise de Ptevna, et que l'on disait pris
par les Russes, sont attendus sous peu ici.
Bucharest, le 18 mars, 9 h. <5 m. soir.
CAcM~ ~M ~M~. Discussion de l'inter-
pellation relative à la navigation sur le Danube.
Un député accuse les Russes d'arrêter à Sulina
les navires qui descendent ou remontent le fleuve,
et de refuser de rétablir la navigation, dans le
but de pouvoir écouler sans concurrence le
stock de grains et autres produits agricoles qui
ne se sont pas vendus pendant la guerre.
Le ministre des affaires étrangères promet que
ie gouvernement roumain s'occupera de la ques-
tion de concert avec la France, l'Angleterre et
les autres puissances également intéressées.
LaGhambre achève ensuite de voter le budget
des recettes et commence à discuter le chapitre du
budget des dépenses relatif a la dette publique.
Constantinople,lei8mars.
li est inexact oue l'Angleterre ait demandé
1 autorisation de débarquer dos troupes dans l'ue
de Ténédos. Elle a demandé seulement de pou-
voir y établir un dépôt de charbon.
Constantinopie, le 17 mars, soir.
Les insurgés de Yenidje fThessaIie) et ceux de
Katenna, dans les environs de Salonique, ont été
battus.
Savfet Pacha a eu une entrevue avec le grand-
duc Nicolas a San-Stefano.
La Porte n'a pas autorisé l'embarquement des
troupes russes a Buyukdérë.
Londres, le 18 mars.
On télégraphie de Constantinople au ~~s~
« Le gouvernement angiais a obtenu l'autorisa-
~on de faire débarquer des troupes dans l'ile de
Ténédos.
Quatre nouveaux cuirassés anglais ont été
envoyés dans la mer de Marmara.
M. Onou a protesté auprès de la Porte contre
ce double fait. &
Le ~MM public la dépêche suivaute de Saint-
Pétersbourg
« Le traite laisse un bon nombre de questions
ouvertes. I! réserve au Congrès ce qui concerne
les détroits tes frontières sud de la Bulgarie de-
vront être déterminées par une commi.ssion in-
ternationale suivant la nationalité des habitans ·
la question de l'annexion dé Kavala est laissée a
la même commission.
& Le traité sera envoyé mardi prochain aux
puissances, par courrier spécml. &
Le même jouraal annonce, dans une dépêche de
Vienne, qu'une conférence préliminaire des am-
bassadeurs sera tenue à Berlin pour régler les
questions de procédure.
Le .Da;t~ .TW~~A publie la dépêche suivante
de Vienne, le n mars:
conoessMiM nécessaires pour faire disparaître la
duticulté relative au traité qui est à soumettre
au Congrès en totalité ou en partie seulement
& Lepnnce de Bismarck et le comte Andrassy
considèrent que la Russie est allée assez loin
dans le chemin des concessions en offrant de sou-
mettre aux puissances telle stipulation que celles-
ci croiront nécessaire de discuter. & ,~00
Constantinople, le 18 mars.
Le Sultan a remis au premier ministre la dé-
coratton de l'Osmanié do 1" classe, ainsi qu'un
sabre avec un fourreau en or.
Les Russes, en Bulgarie, désarment !os chré-
tiens aussi bien que les musulmans, aun d'éviter
des rixes.
M.OM Russes sont arrivés à Tchataldja, à
Tchekmedje et dans les environs de San-Stofano.
dans le but de remplacer une partie de la garde
impériale qui doit s'embarquer mercredi pour
udessa.
Athènes, le i8 mars.
L'Autriche a répondu favorablement à l'Angle-
terre relativement à l'admission de la Grèce au
Congres. Elle est disposée & soutenir cette a.d-
mis-tion avant l'ouverture du Congrès ou dès la
première ,seance.
L'Allemagne a fait à l'Angleterre la même ré-
ponse que l'Autriche.
Les Turcs ont débarqué 1,500 hommes à Volo
Athènes, le 18 mars.
Hobart Pacha, avec trois cuirasses et quatre
frégates, est arrivé à Volo. H menace de bombar-
der Macrinitza si les insurgés ne font pas leur
soumission. Macrinitza étant hors de la portée des
canons d'Hobart, on craint qu'il ne bombarde les
villages de la côte.
Syra, le 17 mars.
Des lettres de Salonique portent que Finsur.
rection.grecque gagne du terrain en Macédoine.
Un corps de 640 hommes, sous les ordres de
Doubiotés, ancien officier grec, a fait sa jonction
avec plusieurs autres corps descendus des monts
Olympe et Ossa. Les insurgés ont occupé les
viltes de Lithochorion et Matathria, et intercepté
les communications entre Larissa et Salonique.
3,000 Macédoniens en armes se sont fortifiés
sur le mont Rhodopé et se préparent & procla-
mer l'union de la Macédoine à la Grèce.
En Thrace, l'animosité des populations grec-
ques contre les Slaves s'accentue de plus en plus,
surtout dans les villes à population mixte.
[i II y avait longtemps que la France n'avait
eu à subir de grandeset nombreuses coati-~
r tions d'ouvriers. Sous ce rapport, elle étaiL
presque un pays modèle la circonspec-
tion, la modération de ses travailleurs
manuels méritaient beaucoup d'éloges.
'{ Non seulement, en pratique, les ouvriers
français ont d'ordinaire une médiocre in-
clination pour les grèves; mais même
leurs représentans les plus accrédités
condamnent en théorie ce procédé violent.
3 Nous avons lu, parcouru du moins, à di-
verses reprises, les rapports des déléga-
tions ouvrières à l'Exposition de Vienne
et à celle de Philadelphie; presque tous
repoussent avec beaucoup de netteté
l'emploi de la grève.
r Cependant, voici qu'aujourd'hui des
grèves éclatent, à quelques jours ou à
t quelques semaines de distance, dans dif-
férens endroits et dans diverses indus-
tries à Montoeau-les-Mines, à Decaze-
ville, à Tarare, à Besançon. Comme on le
voit, c'est dans la région dont Lyon peut
être considéré comme le centre. Mineurs,
forgerons, boulangers, et jusqu'aux ou-
L vrières apprêteuses des fabriques de
tulles ou de mousseline croient avoir
des griefs contre leurs patrons ou
contre l'ordre social, et veulent les résou-
dre par la menace de ne plus travailler.
Nous sommes de ceux qui regrettent ces
mouvemens généralement inconsidérés,
mais non pas de ceux qui en conçoivent
de vives alarmes. Une grève, quand elle
est paisible, sans méfaits, sans violence,
sans attentat à la liberté de personne, est
toujours un malheur; ce n'est pas un
crime, ni un symptôme de prochain
cataclysme social. Il faut savoir s'ha-
bituer aux phénomènes de son temps,
à ceux qui tiennent à la nature de
L l'homme et à la nature des choses,
et sont presque inévitables. On pourra
t réduire par la raison, par la conciliation,
peut-être aussi par quelques heureuses
dispositions économiques ou administra-
tives, le nombre des différends entre les
ouvriers et les patrons; on en atténuera
surtout, nous l'espérons, l'intensité et la
durée; mais il y aurait une forte dose
i d'illusion à penser qu'on les supprimera
complètement un jour. Le genre humain
a naturellement des préjugés, de l'entête-
ment et un peu d'esprit batailleur. La ci-
vilisation amoindrit ces défauts sans les
extirper.
Beaucoup de personnes ne voient dans
ce léger commencement d'épidémie de
grèves que la main de cette association
mystérieuse, ~'7~~M~MK< C'est tou-
jours, assure-t-on, un mot d'ordre venu
du dehors qui provoque l'explosion; on
assiste, avant la grève, à des conciliabules
auxquels prennent part des agens étran-
gers au pays, des sortes de missionnaires
en socialisme. Il y a, pensons-nous, quel-
que exagération dans cette croyance gé-
nérale. La France n'est pas, comme l'Al-
lemagne, un pays où le socialisme ait
jeté de profondes racines, où il ait une
organisation permanente, des cadres actiis,
des professeurs, des conférenciers, des
commis-voyageurs, une caisse enfin et un
trésor de guerre. Ce n'est pas non plus,
comme l'Angleterre, une contrée où les
divers corps d'état se soient solidement
constitués depuis trente ou quarante ans,
aient accumulé des ressources, élu des
chefs et se soient fédérés les uns aux au-
tres. Certes, ce n'est pas à dire que le per-
sonnel des agitateurs ouvriers manque
absolument en France; parmi les nomades
de nos'ateliers il y a sans doute des hommes
mécontens, vaniteux, infatués d'eux-mê-
mes, de beaux parleurs, des demi-savans,
des ambitieux qui se font un jeu de provo-
querdes moUvemens ouvriers etdesgrèves,
et qui pensent y gagner quelque célébrité;
à la. fin de l'Empire, Assy était un type
de ce genre. Il peut y avoir aussi les doc-
trinaires et les convaincus, les apôtres
sincères. Néanmoins, nous croyons qu'on
exagérerait beaucoup en attribuant toutes
les grèves récentes à une sorte de vaste
conspiration et de plan machiavélique de
bouleverser la société. Disons quelques
mots de chacune d'elles en particulier.
La coalition des ouvriers boulangers de
Besançon se proposait, d'après le pro-
gramme des grévistes, deux objets princi'-
paux la suppression du travail de nuit,
et la possibilité pour les ouvriers d'avoir
un logement en dehors de celui du patron
et de prendre chez eux leur nourriture;
ce dernier point entraînait, comme moyen
d'exécution, une certaine augmentation
de salaire. II y a bien longtemps que
les 0'u.Yriers boulangers réclament la
suppression du travail de nuit/Dans
toutes les sessions des Congrès ouvriers
ils ont fait valoir cette prétention. II nous
est impossible nous l'avouons de
trouver que cette exigence soit très con-
damnable, et qu'il y ait beaucoup de per-
versité de leur part à vouloir dormir pen-
dant la nuit et se tenir éveillés pen-
dant le jour. Il est vrai que, comme
la plupart des bons bourgeois, il noua
est agréable d'avoir du pain tendre à
notre lever; mais en6n l'ordre social ne
croulerait pas si nous étions dans la fâ-
cheuse nécessité de manger notre pain
tendre le soir. Le travail de nuit est cer-
tainement une mauvaise chose par mal-
heur, dans certaines grandes industries,
c'est-une chose indispensable. Un haut-
fourneau ne peut pas être allumé chaque
matin et éteint chaque soir; toujours est-
il qu'on peut concevoir que le progrès de
la civiHsatioB.jédulao. désormais le travail
de nuit aux seutes industries où il est ab.
solument indispensable, où il ne pourrait
être suspendu sans un immense gaspillage
de capital.
Quant à l'autre réclamation des ou-
vriers boulangers, si elle est sincère, elle
part d'un bon naturel ils veulent, disent-
ils, pouvoir se marier si cela leur con-
vient, avoir une famille, un intérieur,
coucher chez eux, y prendre leurs repas;
qui pourrait blâmer ~ces sentimens ? La
population de la France n'est pas telle-
ment excessive qu'il y ait un intérêt pu-
blic à ce que certaines catégories d'ou-
vriersne puissentpas semariar. Il faudrait
êtreunwM~MM~beaucouppIusdéterminé
que nous ne le sommes pour voir dans ce
goût du mariage un intérêt pervers ou
nuisible. Où les ouvriers boulangers de
Besançon pourraient bien avoir tort, c'est
dans les accroissemens de salaire qu'ils
réclament. Ils veulent 5 fr. par jour pour
le premier ouvrier et 4 fr..SO c. pour le
second; nous ne demandons pas mieux
qu'on leur donne cette rémunération st
cela est possible; mais les salaires
d un corps de métier doivent être en
harmonie avec ceux des autres corps
d'état de la localité, puis avec le taux
des pronts, et enfin avec le prix
des produits. Or, jusqu'à quel point le
prix du pain et le gain des boulan-
gers à Besançon permettent-ils d'élever
le salaire des ouvriers; c'est ce qu'il
nous est impossible de {dire. Ceux-ci
réclament un peu trop de choses à la
fois. Ily a bien des gens qui se marient
en province, ou même à Paris, sans ga-
gner 4 fr. 50 c. ou 5 fr. par jour. Si cette
rémunération ~~M était nécessaire
pour le mariage, le quart de la France ne
se marierait pas. Quoi qu'il en soit, la
grève des ouvriers boulangers de Be-
sançon pouvait être imprudente, inop-~
portune ce n'était certainement pas un
noir forfait.
En général, les grévistes demandent
trop de choses à la fois,: les apprêteuses
de Tarare en sont une nouvelle preuve.
Ces ouvrières réclament que la durée de
la iournée soit ramenée de onze heures à
dix heures, que les amendes soient sup-
primées, et que la rétribution soit portée
de 2 Ir. 50 c. à 3 fr. par jour si on ne les
emploie que quatre jours par semaine
elles s'accommoderaient cependant d'un
traitement mensuel de 75 fr. si on les
employait tous !ea jours, le dimanche
excepté,-bien .entendu. Voilà, si
nous les avons bien comprises, les
réclamations des appr~teuses; elles sont
d'ailleurs, rapportées diu'éremment sui-
vant les journaux. Il y a là, nous paraît-
il, beaucoup d'exigences simultanées
puis le moment semble bien peu oppor-
tun pour augmenter les salaires; l'indus-
trie, les industries textiles notamment,
souffrent partout les patrons voient leurs
profits amoindris, si toutefois ils en font
encore; quant à relever 1~ prix des pro-
duits, est-ce possible quand le débouché
extérieur se restreint et que le marché
intérieur est stagnant ? Il se pourrait que
les apprêteuses de Tarare n'eussent pas
assez compté avec la guerre d'Orient et
la crise commerciale universelle.
Une industrie qui est plus gravement
atteinte que l'industrie textile, c'est celle
de la métallurgie; par une conséquence
naturelle, le prix de la houille a beaucoup `
baissé, et les bénéfices des houillères
sont singulièrement amoindris. Ce sera,
nous l'espérons, une crise passagère~
avec ia paix reviendra si ce n'est une
exubérante activité, dumoins une certaine
reprise des aSaires. L'heure actuelle est,
en tout cas,' médiocrement propice aux
réclamations des ouvriers. Néanmoins,
ils se mettent ou Se sont mis en grève
dans plus d'un district à Montceau-Ies-
Mines, à Epinac, en dernier lieu à Deca-
zeville.
Nous ne connaissons pas exactement
la cause de la grève de Montceau d'après
les journaux qui soutenaient les grévistes,
ceux-ci se seraient plaints de n'avoir que
des salaires de 2 ou 3 fr. par jour; le di-
recteur de la mine, M. L. Chagot, dont le
témoignage mérite une absolue conSance,
déclare que, pendant le mois de janvier
dernier, la journée moyenne des mineurs
a été de 4 ir. 14 c., non compris beau-
coup d'avantages accessoires pour le loge-
ment, le chauS'age, etc., et équivalant a
SO c. au moins par jour. Ce ne serait donc
pas la misère qui aurait jeté en grève les v
mineurs de Montceau car un salaire de
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