Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-01-20
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Description : 20 janvier 1878 20 janvier 1878
Description : 1878/01/20. 1878/01/20.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ËDITION DE PARIS.
Mt)MAL DES DEBATS
~.jM'm.
\J~
ON ~ABONNE
me des Prë!.res-Saint-Germaui-l'Auxerro!s, 0.
?BHX.SES,'AS~E'HNMTF:
Un aj:, Si~ mois. Trois mots.
D~partemens. 80 fr. ~0 fr. 20 fr.
Paris. 72 fr. 36 fr. 18 tr.
Les aboBBemens partent des 1" et K tH
chaque mcis.
5~aB'!s, sa msBaé! <$ eent.
~épEB°MtStea~ïM9Bt.t!]"s~p~< ~'6S cent*.
MMMM M-.JMM
1878. >-
ON S'ABONNE
en Belgique, en Ita!ia<
dans le. Luxembourg, en Turquie,
en Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans !e<
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon,
&n moyen d'une valeur payabte & Paris on de
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ohes BBN. Fanchey, )L~m
8,place<ïeIaBonrse,
et an bureau du ~eCM!WAt<;
eHesdo~ent tou]oTirs6treagr6eespar !a redactiot.
PAMS
SAMEDI 19 JANVIER
Toute l'attention aujourd'hui comme.
hier, se concentre sur l'Angleterre. On
attendait avec impatience les journaux
anglais pour lire Mt e~M-M les discours
prononces dans le Parlement. Au lieu
d'un court résumé télégraphique nous
nous sommes trouvés en présence de
vingt et une colonnes du ~Mtexte. Il faut l'avouer, cette lecture ne
laisse pas une grande impression de la
force et de l'énergie du gouvernement. On
y voit, au contraire, tous les signes d'un
embarras, et même d'une timidité qui ne
s'expliquent que trop de la part d'un
cabinet divisé, en présence d'une Op-
position composée des élémens les plus
divers, mais parfaitement unis dans une
politique commune la politique qu'on
appelait autrefois en France la. paix à
tout prix. Derrière cette Opposition aux
nuances bariolées le gouvernement
aperçoit la masse des classes moyennes,
plus actives et plus remuantes qu'elles ne
l'ont jamais été. Les radicaux et les libres-
penseurs y donnent la main aux piétistes
et aux rêveurs humanitaires la haute et
la basse Eglise, ordinairement divisées,
les ritualistes et les <~M.MM~~ se trouvent
merveilleusement d'accord; enfin, les
hommes de l'école de Manchester, les
apôtres de l'Evangile économique, domi-
nent et dirigent le concert. On ne saurait
nier qu'une Opposition ainsi composée
n'ait dans le pays des racines profondes.
De plus, elle parle, eUe écrit, elle se met
en scène, elle tient des meetings, tandis
que les classes qui représentent plus par-
ticulièrement les vieilles traditions an-
glaises restent inertes, soit qu'elles abau-
donnent le combat, soit que le moment
ne leur paraisse pas favorable, soit même
qu'elles attendent l'initiative du gouverne-
ment. Le ministère s'est montré ému de
cette force au rùoinb apparente de l'Oppo-
sition il n'a pas osé l'auronter, et la pré-
occupation qui se manifeste surtout dans
ses discours n'est pas de repousser les
attaques de ses adversaires, mais de les
éviter et de les~ déjouer.
On a reproché au gouvernement des
tendances qui pourraient le conduire à
la guerre il s'applique avant tout à
écarter ce reproche; il se défend d'avoir
jamais éprouvé la moindre velléité belli-
queuse il concède à l'Opposition que la
guerre serait un événement si malheureux,
qu'on ne saurait en concevoir la pensée
ou s'y arrêter de sang-froid. Dès l'ori-
gine du conflit oriental, le ministère a
donné pourbase à sa politique la neutralité,
et ce programme, adopté après mûre ré-
flexion, a été fidèlement suivi. Et pourquoi
le ministère s'en serait-il départi? Pour
secourir les Turcs? Ici, les trois ministres
ont fait solennellement profession d'une
indifférence parfaite à l'égard des Turcs
le Turc le plus fataliste n'aurait point
parlé avec un détachement plus complet
des intérêts de ce monde. Et ce n'est pas
seulement l'empire ottoman que les mi-
nistres anglais abandonnent à son mal-
heureux sort; ils font aussi très bon mar-
ché de l'équilibre du monde, des traités où
l'Angleterre a apposé sa signature, de
l'ordre légal de l'Europe têt qu'il a'oot
jusqu'ici maintenu tant mal que bien.
Tout cela est sacrifié, condamné c'est la
pa.rt du feu. Tout cela peut disparaître
sans que le gouvernement anglais sorte
de la neutralité qui est son principe. Sur
tous ces points, le gouvernement fait à
l'Opposition des concessions telles, que
celle-ci se trouve désarmée. Le mi-
nistère en vient ennn. à l'endroit sensible.
]\y a-t-il pas des intérêts anglais enga-
gés dans ces questions ? Ces intérêts, ne
iaut-il pas les préserver ? L'indépendance,
l'intégnt.é de l'empire ottoman ne sont plus
des intérêts anglais; le gouvernement le
concède, et le duc d'Argyll l'en félicite.
Où sont donc les intérêts anglais ? Ils ont
été énumérés autretois dans la Note de
lord Derby à laquelle on se réfère aujour-
d'hui. Le gouvernement les réduit,d'ail-
leurs, au minimum il se fait modeste
lui-même il piaide, au profit de ces inté-
rêts, desimpies circonstances atténuantes.
Devant une attitude pareiHe, l'Opposition
ne sait plus que dire; elle est réduite à
adresser des questions au cabinet et
à le chicaner sur les détails. M. Gladstone
pose la question la plus importante. Le
gouvernement, dit-ii, ne demande donc
rien avant de savoir si les intérêts anglais
sont atteints, c'est-à-dire avant de connaî-
tre les conditions russes? Oui, répond
sir Stanbrd Northcote. Cette déclara-
tion, réplique M. Gladstone, sera un sou-
lagement énorme pour le pays. Quelle
est donc, en un de compte, la différence
entre le ministère et l'Opposition? C'est
que le ministère craint que les intérêts
anglais ne soient menacés dans l'ave-
nir, et que l'Opposition n'en croit
rien. Elle a pleine confiance dans la
modération des Russes, elle les con-
naît, elle est sûre de leurs bonnes
dispositions; et il y a, en effet, une sym-
pathie si grande entre les journaux de
l'Opposition anglaise et les .journaux
russes, qu'on peut lire indifféremment les
uns pour savoir ce que disent les autre?,
et réciproquement. Tel argument appar-
Uent-i! originairement à la presse an-
giaiseou à la presse russe? La rccher-
che de cette paternité est permise, mais
elle est parfois très difficile.
Il faut pourtant qùe l'Opposition trouve
quelque chose à critiquer, sinon dans le
langage, au moms dans la conduite du
cabinet. Pourquoi, dit-elle, avez-vous
convoqué le Parlement ? N'était-ce pas
donner aux Turcs un de ces encoura-
gjmens que vous vous défendez de leur
avoir jamais envoyés?– C'est vous, ré-
pond le ministère qui avez encouragé les
Turcs en répétant sans cesse que nous
étions résolus à les soutenir. Pur ar-
gument de polémique, on le voit,
bien insignifiant de part et d'autre. La
situation est telle aujourd'hui, qu'il est
absolument inutile et indifférent d'en-
courager les Turcs ou de ne pas
les encourager ils n'en feront ni plus
ni moins, puisqu'ils ne peuvent rien
faire du tout. Ce qui est surprenant~c'os~
que l'Opposition, ne sachant plus que re-
procher au ministère, l'accuse enfin d'a-
voir laissé humilier l'Angleterre d'a-
voir ruiné son influence de l'avoir
réduite à l'isolement. Ce grief est cu-
rieux dans de telles bouches. LordBeacons-
field aurait pu y répondre avec l'ironie qui
lui est habituelle, mais il en a été ému
dans les fibres profondes de son cœur, et
au milieu de cette discussion où de part
et d'autre on n'a parlé que le langage
des affaires, sur ce terre-à-terre commun,
l'orateur s'est tout à coup redressé et le
vieil Anglais s'est retrouvé. Après avoir
rappelé que l'Angleterre, par son oppo-
sition seule, avait détruit le Memoran-
dum de Berlin, qu'elle avait fait conclure
l'armistice entre la Serbie et la Porte,
qu'elle avait provoqué la Conférence de
Constantinople, qu'elle avait ouvert enfin
les perspectives de paix
« Quant à l'isolement, a dit lord Beacons-
field, il y en a deux sortes il y a l'isolement
qui provient de la décadence et de la fai-
blesse, et qui est le signe précurseur de l'a-
gonie d'un grand pays; mais il y a un autre
isolement qui peut provenir pour un Etat de
qualités toutes contraires, de la confiance en
soi-même, de l'extrême énergie, de ressources
abondantes, et surtout"de l'inspiration d'une
grande cause. Ainsi notre pays a été isolé au
commencement de ce siècle; mais pourquoi
et comment? Il l'était parce que. seul au
milieu des autres puissances de l'Europe qui
se soumettaient, il a affirmé et revendiqué
l'indépendance des nations. C'était une grande
cause que celle' que vos pères soutenaient
alors et quelles que soient aujourd'hui
les souffrances du. commerce, quelles que
soient les raisons que l'on pourrait in-
voquer pour énerver l'esprit national et
le patriotisme quelles que puissent être
les considérations qu'on invoque pour vous
empêcher de faire. ce que firent vos de-
vanciers, votre devoir pourrait être de
marcher sur leurs traces. Si cette noble
cause était de nouveau en jeu, s'il exis-
tait une puissance qui menaçât la paix du
monde par une prépondérance fatale à la li-
berté publique et à l'indépendance des na-
tions, j'aime a croire que Vos Seigneuries
n'auraient pas peur de rester isolées, si elles
avaient à lutter seules pour défendra les in-
térêts britanniques. ? »
Voilà, certes, un beau langage; mais il
est à craindre, comme dans le sonnet
d'Oronte, que rien ne marche après lui.
Répétons-le, l'impression que l'on éprouve
en lisant les longs débats du Parlement
est tout à fait refroidissante. Du côté de
l'Autriche, on constate aussi une sorte de
recul. Des dépêches de Saint-Péters-
bourg nient formellement que l'Autri-
che ait protesté contre une paix sé-
parée entre la Russie et la Tur-
quie. Ze Nord dit que ces rumeurs
n'ont pas même besoin d'être démenties:
De Vienne, on s~eff~rce .également, sinon
de nier, du moins d'atténuer la portée des
der~ères démarchés diplomatiques de
l'Autriche. Ze ~N~M reçoit dé son cor-
respondant viennois un télégramme di-
sant que cette portée a été, en effet,
exagérée. L'agence Havas annonce de son
côté que l'Autriche s'est bornée à expri-
mer des réserves contre la conclusion
d'une paix séparée, ou contre l'accepta-.
tion de conditions préliminaires inconnues.
La .vérité se trouve probablement dans
les informations de la ~Vnous avons citées hier; seulement, un pas-
sage n'a pas été exactement transmis, et
nous le rectifions ainsi « L'Autriche n'a
H pas tenu la même conduite à régard du
a cabinet de Saint-Pétersbourg. Ainsi
l'Autriche a protesté contre une paix sé-
parée à Constantinople, et a pour ainsi
dire défendu à la Porte de la conclure
mais elle n'a pas osé en faire autant à
Saint-Pétersbourg. En effet, un télégramme
du /S'~K~ de Vienne, annonce for-
mellement que l'Autriche s'est abste-
nue à Saint-Pétersbourg, « à cause de la
position que lui fait la triple alliance. »
Protester à Constantinople et se taire à
Saint-Pétersbourg, ne serait-ce pas une
cruelle dérision? Si le fait est exact,
voilà un trait qui manquait à la politique
autrichienne, et qui nous surprend, même
après la série d'étonnemens que cette po-
litique nous a causés depuis le commen-
cement du conflit oriental.
Que conclurons-nous de ce qui pré-
cède? Rien. Nous nous sommes bornés
au rôle de narrateurs au jour le jour. Je-
tons maintenant les yeux sur l'Orient.
Qu'y voyons-nous ? Les dépêches d'au-
jourd'hui annoncent que les Russes ont
dépassé Philippopoli qu'ils ont exigé
qu'on leur remît Andrinople comme con-
dition préalable de tous pourparlers, et
que les Turcs évacuent cette ville. Ici,
nous pouvons être brefs. Si les discours
anglais et la politique autrichienne ont
besoin de commentaires, la marche des
Russes s'en passe fort bien.. Dieu veuille
qu'elle s'arrête là, et que nous ayons bien-
tôt une seconde paix d'Andrinople, et non
pas une paix de Constantinople
BOURSE DE PAMS
CMttM-e le 18 te 19 NfMtMe. B~Me.
a e/e
Comptant. 72 80 7320.40.
Fin cour. 728N. 7320.3S.
Comptantl03.l032S.2!i.
jttO~/0
ComptantiOS 109 3S.30.
Finconr.t09.l09321,2 ,32t2
~-a~~p-
PETITE BOURSE DU SOIR.
Emprunt S 0/0. 109 fr. 32 1/2, 40, 37 1/2.
30/0. 73 fr. 20, 25, 22 1/2.
Italien. 72fr.80,9S,8S.
5 0/0 turc. 9 fr. 75, 70.
Florins (or). 641/2.
Egyptiennes 60/0.. 161 fr. 1S, 158 fr. 73.
Chemins égyptiens. 275 fr., 272 fr. 50.
Exter" espagnole.. 12 1/2.
Russe. 823/8,5/8,9/16.
Hongrois 60/0. 78 3/4.
Notre correspondant de Vienne nous adresse
la dépêche suivante
« Vienne, le 19 janvier.
a On s'attend à ce que M. de Novikon', en
revenant ici, fasse connaître les conditions
de la paix et donne des explications rassu-
rantes sur les derniers procèdes de la Russie.
Les bons rapports avec cette puissance ne
sont nullement altérés.
TT~MgfapMe pftv~e.
(Service télégraphique de l'agence Ha vas.)!
Constantinople, le 19 janvier,
11 h. 10 m. matin.
Un iradé impérial appelle tous les Ottomans
aux armes pour défendre la patrie en danger.
Londres, le 19 janvier.
On télégraphie de Saint-Pétersbourg au ?*MKM
« Un personnage qut a aidé à formuler les
conditions d'armistice affirme que ces conditions
sont telles, qu'elles ne seront vraisemblablement
pas acceptées par la Turquie. »
La même dépêche ajoute que le ministre de
l'intérieur a recommandé à la presse russe d'être
modérée à l'endroit de l'Angleterre et do l'Au-
triche.
D'après un télégramme de Schoumia, adressé
au Daily 7'ci~mpA,les Turcs ont évacué Kazan,
ce qui permet aux Russes d'occuper le principal
dénié des Balkans.
Tout le matériel de guerre turc, depuis Osman-
Bazar jusqu'à Eski-Djuma, a été retiré.
Les Russes de la Dabrutscha avancent.
Le Daily M~< annonce, dans une dépêche
de Constantinople, que les délégués turcs ont
rencontré le grand-duc Nicolas le 17 au soir à
Tirnova, à l'embranchement du chemin de fer de
Jambon.
Des Notes préliminaires ont été immédiatement
échangées. Le grand-duc a demandé la reddition
d'Andrinople. Les délégués ont télégraphié aus-
sitôt à Djemil Pacha l'ordre d'évacuer cette
place.
Djemil se dispose à se retirer à Buyuk~éré-
medge. où les turcs concentrent leurs renforts.
Jeudi, le conseil tenu au ministère de la guerre
sous la présidence du Sultan a décidé que le
gouvernement ottoman demanderait à l'Angle-
terre des déclarations plus définies.
Les Russes occuperont vraisemblablement An-
drinoule dans deuv jours.
Vienne, le 19 janvier.
Le colonel Lœneysen, attaché militaire autri-
chien au quartier général russe d'Europe, qui est
ici depuis deux semaines, repart pour Kesanlyk.
Les conditions de la Russie sont toujours in-
connues. On croit que M. de Novikoff, ambassa-
deur de Russie à Vienne, qui arrivera de Saint-
Pétersbourg aujourd'h i, en est porteur.
Le bruit court que l'Autriche finira par prendre
des garanties en Bosnie et en Herzégovine; néan-
moins, la situation parait pacifique pour le mo-
ment.
Constantinople, le 19 janvier.
Izzet Bey, petit-fils de Fuad Pacha, est parti
hier pour Kesanlyk. porteur de nouvelles instruc-
tions pour les délégués. On croit que ces instruc-
tions se rapprochent des conditions russes.
Constantinople, le 19 janvier, soir. n
On ne sait rien encore oés négociations enta-
mées au quartier général du grand-duc Nicolas
par les délégués ottomans.
Constantinople, le 18 janvier, soir.
Un long conseil des ministres a été tenu hier
au Séraskiérat. sous la présidence du Sultan.
Les hauts ulémas, des généraux, ainsi que les
anciens ministres, y assistaient.
Le conseil, qui communiquait par le télégraphe
avec les commandans des corps d'armée, a dis-
cuté les deux éventualités en présence la paix
ou la guerre. A l'issue du conseil, quelques dé-
putés ont été présentés au Sultan, qui les a re-
merciés d'avoir organisé les secours destinés aux
émigrés.
Les Russes occupent Philippopoli depuis deux
jours.
Le grand-duc Nicolas est venu au-devant des
délégués turcs qu'il a rencontrés à Tirnova, sur
ia )igne du chemin de for d'Andrinople à Philip-
popoli. Le grand-duc a aussitôt prévenu les dé-
légués qu'avant d'entamer les pourparlers il exi-
geait la reddition d'Andrinopie. Server Pacha et
Namyk Pacha ont immédiatement fait donner
l'ordM aux troupes turques d'évacuer cette p!ace,
que les Russes occuperont demain ou après-
demain.
En attendant, les pourparlers se poursuivent.
Les fugitifs qui continuent d'arriver & Constan-
tinople sont logés dans les résidences des minis--
très et chez les particuliers.
La division sous les ordres de Fuad Pacha a
fait sa jonction avec l'armée de Suleiman, dans
les environs de Philippopoli.
Les Turcs ont attaqué dimanche les positions
retranchées des Serbes à Podoghar, non loin de
Novi-Bazar. Les Serbes en ont été chassés et ont
perdu SOO hommes.
Chefket Pacha commande les troupes concen-
trées dans les fortes positions de Tchatalga.
Constantinople, le 18 janvier, soir.
Les troupes turques ont commencé hier l'éva-
cuation d'Andrinople.
Le J7, le gouverneur d'Andrinople a convoqué
les consuls et les a informés que fa place ne pou-
vait ~)as être défendue, les engageant à provoquer
la formation d'un conseil de notables pour organi-
ser uneadmims'raHon provisoire et, assurer le
maintien de l'ordre. Quelques troupes spéciales
sont laissées à AmMnopie pour la garde des con-
sulats et pour prêter au besoin main-forte a l'ad-
ministration provisoire.
(Jrrande panique à Andrinople par suite des
déprédations et pillages commis dans les environs
par les bachi-boxouks.
Les consuls ont demandé des trains pour em-
mener leurs nationaux. Us ont aussi télégraphié
aux ambassadeurs à Constantinople pour de-
mander l'éioignement des troupes irréguliéres.
Bourgas a été évacué et sera bru)é.
Les réfugiés afuuent de tous les points.
Constantinople, le 19 janvier.
On mande d'Andrinople, en date d'aujour-
d'hui
« Les Turcs ayant renoncé à défendre Andri-
nople, tous les canons, toutes les troupes ont été
retirés.
» Le gouverneur général a quitté ce matin la
ville, laissant seulement 72.gendarmes pour main-
tenir l'ordre jusqu'à l'entrée des troupes russes
qui est Imminente.
» Les Russes étaient hier à Mustapha Pacha, à
quelques kilomètres d'Andrinople.
Des mesures sont prises pour que les gen-
darmes laissés ici puissent partir sans être in-
quiétés.
» Ce matin, un train est. parti ici, emmenant les
étrangers et les habitans qui voulaient quitter
Andrinople.
Le consul français est resté pour protéger
ses nationaux.
» On est complètement sans nouvelles de
Suleiman Pacha.
» Les plénipotentiaires turcs sont arrivés hier
au quartier général du grand-duc Nicolas à Ke-
sanlyk. Les négociations ont commencé immé-
diatement. »
Constantinople, le 19 janvier.
Les troupes qui formaient la garnison d'Andri-
nople s<} sont retirées à Tchataidja. point central
de ia ligne des fortifications de Constantinopie.
On croit que les Russes entreront ce soir à
Andrinople.
Vienne, le 19 janvier.
Les Turcs ont évacué Andrinople, qui est ac-
tuellement occupé par les Russes.
La Russie ne serait favorable a un Congrès
qu'après avoir acquis la certitude que ses condi-
tions seraient agréées en principe.
Le comte Andrassy serait pour un Congrès ou
pour toute autre procédure assurant la partici-
pation des puissances au règlement définitif.
Un ëchMige d'idées continuel a lieu entre Lon-
dres et Athènes.
Les Serbes se préparent à opérer leur jonc-
tion avec les Monténégrins dans la Vieille-Ser-
bie.
Le général Gourko occupé la ligne de Philip-
popoli à Andrinople.
Vienne, le 19 janvier.
Les ambassadeurs des puissances à Constanti-
nople ont prié la Compagnie du chemin de fer de
mettre des trains a la disposition des habitans
d'Andrinople, pour teur permettre de quitter'Ia
ville, ~t éviter ainsi les désastres qui peuvent ré-
sulter d'une panique.
On assure que les Turcs ont vainement essayé
d'emmener leur artillerie, et l'on ajoute que l'ar-
mée turque est désormais insuffisante pour dé-
fendre Constantinople contre un coup de main.
Voici le discours prononcé au Parlement
par le roi d'Italie
« Les paroles que dans les premiers momcns
de ma douleur j'ai adressées à mon peuple, je
viens aujourd'hui les répéter devant ses repré-
sentans. Je me sens encouragé a reprendre les
devoirs que m'impose ma situation, en voyant
combien le deuil de ma maison a trouvé un sin-
cère écho dans le pays tout entier.
» La mémoire béme du roi libérateur a fait, de
tout''s les familles italiennes, une seule famille
Une si grande unanimité de sentimens a été un
soulagement pour ma chère épouse qui élèvera
notre (Us bien-aimé en l'encourageant à suivre
tes exemples glorieux de son illustre aïeul.
» Dans ce deuil inattendu de l'Italie, ont été éga-
lement une consolation pour nous ta part que
l'Europe a prise à notre douleur, et la présence
des augustes princes et des illustres personnages
étrangers qui est venue donner une signification
solennelle aux honneurs rendus, dans la capi-
tale du royaume, à notre premier roi.
? Ces gages de respect et de sympathie sont
une nouvelle consécration du droit italien.
» Je dois en exprimer ici ma profonde recon-
naissance. Ils confirment cette conviction, que
l'Italie libre et une est une garantie de paix et
de progrès. C'est à nous de conserver au pays
une situation si é'ëvée. Nous sommes depuis
longtemps familiarisés avec tes difficultés de la
vie publique.
& De combien d'utiles enseignemens, en efïet,
no c~t IL.. p. t~onto do~-niàio~
années de notre histoire nationale, qui, par leurs
vicissitudes, leurs malheurs immérités et les
retours de la fortune, résument à elles seules
l'histoire de plusieurs siècles En acceptant la
haute mission qui m'est imposée, je puise dans
cette pensée toute ma confiance.
» L'Italie, qui a su comprendre Victor-Emma-
nuel. me prouve aujourd'hui la vérité des ensei-
gnemens de mon glorieux père que le respect
religieux des libres institutions est la garantie la
plus sûre contre tous les dangers.
» Telle est la foi de ma maison. C'est cette foi
qui fera ma force.
» Fidéte à la volonté de la nation, le Parlement
me guidera dans les commencemens de mon ré-
gne. avec la loyauté d'intentions que le grand roi
dont tous honorent la mémoire a su inspirer
même au milieu des vives compétitions des partis
et du conflit inévitable des opinions.
» La sincérité des intentions, la concorde dans
t'amour de la patrie, tels seront, j'en suis sûr. les
soutiens que je trouverai dans le chemin difficile
que nous allons parcourir ensemble, et au bout
duquel il n'y a pour moi d'autre ambition que
cette de mériter cet éloge Il a été digne de son
père! &
Le discours royal a été fréquemment, et
chaleureusement applaudi.
M. de Gavardie a poussé hier à la tri-
bune du Sénat « un cri d'alarme)) qui
n'a même pas eu d'écho dans les rangs
de la droite. Nous n'en sommes point
surpris. L'heure n'est pas encore venue
d'attaquer le ministère. Tout le monde le
sait, tout le monde le sent, et les adver-
saires les plus déterminés du gouverne-
ment actuel sont trop habiles pour ten-
ter d'engager contre lui une lutte dont
l'issue ne serait pas douteuse. Ordinai-
rement, lorsqu'un cabinet se forme, les
Chambres s'empressent de lui demander
des explications nettes, détaillées, com-
plètes, sur le programme qu'il se propose
de suivre. C'est une tradition parlemen-
taire à laquelle on a rarement manqué chez
nous et ailleurs. Mais il est des circonstan-
ces où ces explications deviennent tout à
fait inutiles, parce que chacun les connaît
d'avance. Y a-t-il quelqu'un en France qui
ignore en ce moment ce que veut le mi-
nistère, et qui ne puisse dire exactement
d'où il vient et où il va? Les faits sont plus
clairs, plus éloquens que les orateurs les
plus clairs eties plus éloquens. M. Dufaure
lui-même, malgré son admirable talent de
parnle/n'apprendrait rien à personne s'il
prenait, part à ce débat sur la politique
générale du cabinet qu'il a fièrement pro-
voqué dans sa courte réplique à M. de
Gavardie. « Le changement notable qui
') s'est opéré à la date du H décembre
H dernier, a-t-il dit, mérit3rait un débat
M de cette nature. » Cela est vrai si l'on
se préoccupe de l'importance des événe-
mens accomplis; mais, si l'on ne songe qu'à
l'utilité d'en faire comprendre au public
le sens et la portée, les discours sont su-
perflus. Le pays tout entier sait à quoi s'en
tenir sur l'évolution gouvernementale du
14 décembre. Jamais les choses n'ont eu
moins besoin d'être éclairées par les mots.
H a donc fallu, soyons justes, un cer-
tain courage à M. de Gavardie pour venir
dénoncer à la tribune les dangers singu-
lièrement latens dont son imagination ar-
dente est si fort épouvantée. Qui l'eût cru?
Jamais la civiliaa.tioa n'a.plus graves périls. Pendant que nous
nous endormons dans une fausse sécurité,
le mal fait des progrès efïraya.ns il nous
mine, il nous ronge, il est prêt à nous
étouffer. M. de Gavardie assiste avec ter-
reur à son développement journalier. Il
l'a vu grandir à l'enterrement de M. Ras-
pail. Il en a constaté de nouveau les
symptômes en contemplant un homme
« que la Providence avait doué de tous
ses dons c, un homme qui, un homme
que, en un mot M. Gambetta Mais com-
ment signaler à la tribune des signes
aussi terribles d'une catastrophe pro-
chaine ? M. de Gavardie a voulu ménager
notre sensibilité. Il avait les mains plei-
nes de calamités, il pouvait nous en inon-
der mais, de" peur de nous causer une
émotion trop vive, il n'a ouvert qu'un ou
deux doigts, il n'a laissé échapper qu'un
on deux de ces fantômes qui seraient ca-
pables d'infester le monde, comme les
mauvais génies sortis de la boîte de
Pandore, si on ne les tenait rigou-
reusement enfermés. Ce n'est pas sans
peine que M. de Gavardie s'est condamné
à cette prudente réserve. H a remanié
deux ou trois fois son interpellation, et à
chaque remaniement il l'a réduite à des
proportions plus mesquines. Parti en
guerre avec l'intention de livrer une ba-
taille rangée, il s'est résigné d'abord à
ne préparer qu'un médiocre combat, il
en est venu ensuite à se contenter
d'une simple escarmouche. Cela ne l'a
pas empêché d'être aussi complètement
battu que s'il avait engagé ses plus gros
bataillons.
Est-il nécessaire de reprendre après
M. Dufaure la question de la parfaite
légalité des élections municipales? Elle n'a
pu se poser que dans l'esprit d'un homme
troublé des plus sombres visions. Per-
sonne n'avait songé à protester contre le
décret qui a ordonné ces élections. Il ne
s'est pas trouvé, dans les 36,000 commu-
nes de France, un seul conseil municipal
pour repousser la prétendue atteinte
portée à ses droits les plus sacrés. M. de
Gavardie seul a protesté. Encore a-t-il
attendu pour le faire que les élections
fussent accomplies, ce qui rendait sa dé-
monstration bien platonique. Nous avons
été étonnés d'entendre un homme aussi
hardi déclarer qu'il ne prétendait pas
revenir sur les illégalités commises,
et qu'il se contentait de chercher à sauver
les débris qui restent encure de la lui.
Pourquoi cette faiblesse? De deux choses
l'une ou les élections municipales ne
deva.ient pas avoir lieu, et dans ce cas
elles sont nulles de plein droit et les
anciens conseils peuvent continuer à
siéger ou elles sont régulières, et dans
ce cas les plaintes de M. de Gavardie
sont, pour ne rien dire de plus, super-
flues. Il n'y a pas à sortir de ce dilemme
qui démontre par l'absurde combien la
thèse soutenue hier au Sénat méritait peu
d'attirer l'attention de la haute Assem-
blée. M. de Gavardie s'est placé sur un
terrain un peu moins mauvais lorsqu'il
s'est plafnt de la réinstallation des maires
qui avaient été révoqués par le gouverne-
ment précédent. Il est bien clair que
si les conseils municipaux avaient réélu
des maires cassés par le cabinet de Bro-
glie-Fourtou, la loi aurait été, méconnue.
Seulement, aucun fait de ce genre ne s'est
produit, et M. de Gavardie s'est battu
avec courage contre un ennemi imagi-
naire. C'est le gouvernement qui a re-
nommé des'maires révoqués par lui, ce
qui est tout différent. La loi déclare bien,
en effet, que les conseils municipaux ne
pourront pas réélire, pendant un an, les
maires révoqués par le pouvoir exécutif, -7
mais elle n'a pas dit que le pouvoir exé-
cutif lui-même n'aurait pas le droit de
revenir sur sa décision, de tenir compte
des erreurs qui auraient .pu être com-
mises, des changemens qui auraient pu
modifier l'état de la commune, et de ren-
dre à des magistrats municipaux les at-
tributions qui leur auraient été enlevées
sans motifs sufSsans, ou pour des motifs
qui auraient cessé d'exister.
Il y là une distinction importante que
M. de Gavardie, dans l'émoi que lui
cause le péril de la société, n'avait pas eu
le temps d:apercevoir. S'il avait été un
peu moins pressé de faire son interpella-
tion, jl aurait attendu que les nouveaux
conseils municipaux eussent élu leurs
maires. Il n'est pas impossible en effet,
qu'il se trouve parmi ces maires un certain
nombre de ceux que le gouvernement du
16 mai avait révoqués. Leur élection'
sera-t-elle régulière? Question délicate, °
~mais qui n'est pas de la compétence de la
Chambre des Députés et du Sénat. C'est
le Conseil d'Etat qui devra la résou-
dre si elle lui est soumise par dès
protestations individuelles. Il s'agira de
savoir si la loi de 187i en inter-
disant la réélection pendant un an de
maires cassés par le gouvernement
avait prévu le cas où des élections géné-
rales viendraient, dans l'intervalle, renou-
veler les conseils municipaux et donner
à chaque conseiller un mandat nouveau.
Ces élections effacent-elles toute trace du.
passé? Nous serions portés à le penser;
mais nous répétons qu'il y a là un pro-
blème difficile de jurisprudence adminis-
trative que le Conseil d'Etat seul peut
éclaircir. Que M. de Gavardie se rassure l
C'est un corps dans lequel il a cet tain e-
ment. Luut.e confiance qui sera chargé de
préserver la loi des atteintes dont la seule
pensée le fait frémir et fait monter à ses
lèvres un cri d'alarme et d'indignation
Si nous prenons peu au sérieux l'inter-
pellation de M. de Gavardie, nous n'en ap- `
précions pas moins à sa juste valeur
la portée de cet incident parlementaire.
L'ennemi était peu redoutable, l'arme de
combat n'était pas dangereuse mais
qu'importe? Si les droites du Sénat ne se
sentaient pas impuissantes, la faiblesse de
l'orateur et l'insuffisance de la cause ne les
auraient pas empêchées de chercher à infli-
ger sinon un échec, du moins un désagré-
ment au cabinet. Les minorités qui se
sentent fortes ne reculent pas devant les
mauvaises querelles. C'est donc un bon
signe de voir les droites du Sénat refuser
d'affaiblir le gouvernement par de vaines
taquineries et attendre une occasion favo-
rable pour lui livrer un assaut vérita-
ble. Cette occasion, il dépend du ministère
de l'empêcher de naître. Qu'il continue a
gouverner avec fermeté et sagesse, et
elle ne se présentera pas de longtemps.
Cn. GABRIEL.
On nous écrit de Versailles (Chambre
des Députes):
« On dirait que les trois coups de tonnerre
de la séance d'hier ont dévasté la Chambre.
II n'y a pas dix députés dans la sailo à l'heure
de l'ouverture de la séance, et l'on. ne voit
absolument personne aux bancs des six tra-
vées de la droite. Toute l'animation est dans
les couloirs, où l'invalidation de M. de la Ro-
chefoucauld-Bisaccia, et surtout ses adieux
si pleins d'un noble mépris pour la Chambre
basse sont l'objet de mille commentaires.
Quelques uns de ses amis, persistant à ne pas
croire qu'il soit possible que le député deMa-
mers ait été invalidé, pensent que la Chambre
s est trompée, et qu'en repoussant hier la pro-
position de validation elle n'a pas entendu
voter l'invalidation elle-même. Le malheur
est que M. de la Rochefoucauld n'a pas été de
cet avis, puisqu'il a accepté le vote avec toutes
ses conséquences. D'autres se bornent à pro-
poser que, par une manifestation solennetle
la droite s'abstienne de siéger, et il semble-
rait qu'ils l'emportent.
C'est ainsi qu'agissaient les grands poli-
tiques de la droite en 89, jusqu'au jour où ils
s'aperçurent que c'était peine inutile. Mais
voyons d'abord si le complot va tenir.
L'ordre du jour appelle la discussion de
l'élection de Fougères. M. de la Vitlegontier
ïnonte à la tribune pour lire sa défense il
l'achève, et peraonuo encore n'a paru sauf
M. Dugué de la Fauconnerie, trois ou quatre
constitutionnels, et le groupe de M. de CIercq
qui n'est encore composé que de sa personne.
M. Rouher arrive quand déjà le rapporteur de
l'élection, M. Lelièvre, a commencé sa répli-
que.
a M. Leiiëvre plaidait un procès facile à'
gagner.
Fougères avait élu, l'année dernière, un
député, M. de Dalmas, que les bonapartistes
réclamaient pour un des leurs, mais qui n'é-
tait p.us l'un des enthousiastes du parti et
qui votait quelquefois avec la majorité. M. de
Dalmas avait été nommé comme anticlérical.
Le 16 mai venu, il ne se décida pas à faire
cause commune avec les 363; mais il ne té-
moigna pas pour cela d'un grand zèle pour
l'acte accompli. Il chercha même querelle
durant les vacances, au préfet intempérant
d'Ule-et-Vilaine, et nnit par renoncer à toute
candidature. On se dispute-les sièges de très
pies dans la Bretagne. Les libéraux ne pou-
vaient pas renoncer à défendre le drapeau
tricolore à Fougères, et, s'ils se fussent rési-
gnés à soutenir encore M. de Dalmas, ils ne
se résignaient pas à rester sans candidat lors
de sa brusque et tardive retraite. M. Roger-
Marvaise, l'un des députés sortans et des can-
didats républicains de Rennes, n'hésita point.
H offrit son nom, il paya de sa personne, et
il ne manqua sa double élection que de
346voix,M.del~Villogontier fut élu avec
151 voix de plus que la majorité absolue.
a Le belliqueux préfet d'Ule-et-Vilaine,
M. F. de la Morandière, sait ce que ces 181 voix
ont coûté d'enorts et d'illégalités. Pour bat-
tre « le radicalisme, et ses recrues, quelles
)) qu'elles soient a, il avait un auxiliaire aussi
véhément que lui dans le personnage du
commandant Grandjacquet, le gendarme de
France qui aura le plus fait de politique, et
quel!e politique! Ses instructions sont des
chefs-d'œuvre.–La. gendarmerie bretonne est
trop pacinque disait-il die respecte les
lois, elle ne remue pas tout le pays pour en
faire surgir des procès-verbaux. C'est 3'ë la
trahison dans cette bat&ille livrée a au libé-
o ralisme s, où chacun dea 363 e est lerepré-
)) sentant d'un principe funeste à la France.
Sus donc aux. 3631 Que les gendarmesSachent
bien, d'ailleurs, que les 363 veulent < la sup-
B pression dé l'armée et de tou~e force rëpres–
Bsivei" s
B Les gendarmes mis de la sorte au courant
des nécessités de la situation, préfet et sous-
préfet entreprennent leur œuvre avec plus
Mt)MAL DES DEBATS
~.jM'm.
\J~
ON ~ABONNE
me des Prë!.res-Saint-Germaui-l'Auxerro!s, 0.
?BHX.SES,'AS~E'HNMTF:
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chaque mcis.
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~épEB°MtStea~ïM9Bt.t!]"s~p~< ~'6S cent*.
MMMM M-.JMM
1878. >-
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PAMS
SAMEDI 19 JANVIER
Toute l'attention aujourd'hui comme.
hier, se concentre sur l'Angleterre. On
attendait avec impatience les journaux
anglais pour lire Mt e~M-M les discours
prononces dans le Parlement. Au lieu
d'un court résumé télégraphique nous
nous sommes trouvés en présence de
vingt et une colonnes du ~M
laisse pas une grande impression de la
force et de l'énergie du gouvernement. On
y voit, au contraire, tous les signes d'un
embarras, et même d'une timidité qui ne
s'expliquent que trop de la part d'un
cabinet divisé, en présence d'une Op-
position composée des élémens les plus
divers, mais parfaitement unis dans une
politique commune la politique qu'on
appelait autrefois en France la. paix à
tout prix. Derrière cette Opposition aux
nuances bariolées le gouvernement
aperçoit la masse des classes moyennes,
plus actives et plus remuantes qu'elles ne
l'ont jamais été. Les radicaux et les libres-
penseurs y donnent la main aux piétistes
et aux rêveurs humanitaires la haute et
la basse Eglise, ordinairement divisées,
les ritualistes et les <~M.MM~~ se trouvent
merveilleusement d'accord; enfin, les
hommes de l'école de Manchester, les
apôtres de l'Evangile économique, domi-
nent et dirigent le concert. On ne saurait
nier qu'une Opposition ainsi composée
n'ait dans le pays des racines profondes.
De plus, elle parle, eUe écrit, elle se met
en scène, elle tient des meetings, tandis
que les classes qui représentent plus par-
ticulièrement les vieilles traditions an-
glaises restent inertes, soit qu'elles abau-
donnent le combat, soit que le moment
ne leur paraisse pas favorable, soit même
qu'elles attendent l'initiative du gouverne-
ment. Le ministère s'est montré ému de
cette force au rùoinb apparente de l'Oppo-
sition il n'a pas osé l'auronter, et la pré-
occupation qui se manifeste surtout dans
ses discours n'est pas de repousser les
attaques de ses adversaires, mais de les
éviter et de les~ déjouer.
On a reproché au gouvernement des
tendances qui pourraient le conduire à
la guerre il s'applique avant tout à
écarter ce reproche; il se défend d'avoir
jamais éprouvé la moindre velléité belli-
queuse il concède à l'Opposition que la
guerre serait un événement si malheureux,
qu'on ne saurait en concevoir la pensée
ou s'y arrêter de sang-froid. Dès l'ori-
gine du conflit oriental, le ministère a
donné pourbase à sa politique la neutralité,
et ce programme, adopté après mûre ré-
flexion, a été fidèlement suivi. Et pourquoi
le ministère s'en serait-il départi? Pour
secourir les Turcs? Ici, les trois ministres
ont fait solennellement profession d'une
indifférence parfaite à l'égard des Turcs
le Turc le plus fataliste n'aurait point
parlé avec un détachement plus complet
des intérêts de ce monde. Et ce n'est pas
seulement l'empire ottoman que les mi-
nistres anglais abandonnent à son mal-
heureux sort; ils font aussi très bon mar-
ché de l'équilibre du monde, des traités où
l'Angleterre a apposé sa signature, de
l'ordre légal de l'Europe têt qu'il a'oot
jusqu'ici maintenu tant mal que bien.
Tout cela est sacrifié, condamné c'est la
pa.rt du feu. Tout cela peut disparaître
sans que le gouvernement anglais sorte
de la neutralité qui est son principe. Sur
tous ces points, le gouvernement fait à
l'Opposition des concessions telles, que
celle-ci se trouve désarmée. Le mi-
nistère en vient ennn. à l'endroit sensible.
]\y a-t-il pas des intérêts anglais enga-
gés dans ces questions ? Ces intérêts, ne
iaut-il pas les préserver ? L'indépendance,
l'intégnt.é de l'empire ottoman ne sont plus
des intérêts anglais; le gouvernement le
concède, et le duc d'Argyll l'en félicite.
Où sont donc les intérêts anglais ? Ils ont
été énumérés autretois dans la Note de
lord Derby à laquelle on se réfère aujour-
d'hui. Le gouvernement les réduit,d'ail-
leurs, au minimum il se fait modeste
lui-même il piaide, au profit de ces inté-
rêts, desimpies circonstances atténuantes.
Devant une attitude pareiHe, l'Opposition
ne sait plus que dire; elle est réduite à
adresser des questions au cabinet et
à le chicaner sur les détails. M. Gladstone
pose la question la plus importante. Le
gouvernement, dit-ii, ne demande donc
rien avant de savoir si les intérêts anglais
sont atteints, c'est-à-dire avant de connaî-
tre les conditions russes? Oui, répond
sir Stanbrd Northcote. Cette déclara-
tion, réplique M. Gladstone, sera un sou-
lagement énorme pour le pays. Quelle
est donc, en un de compte, la différence
entre le ministère et l'Opposition? C'est
que le ministère craint que les intérêts
anglais ne soient menacés dans l'ave-
nir, et que l'Opposition n'en croit
rien. Elle a pleine confiance dans la
modération des Russes, elle les con-
naît, elle est sûre de leurs bonnes
dispositions; et il y a, en effet, une sym-
pathie si grande entre les journaux de
l'Opposition anglaise et les .journaux
russes, qu'on peut lire indifféremment les
uns pour savoir ce que disent les autre?,
et réciproquement. Tel argument appar-
Uent-i! originairement à la presse an-
giaiseou à la presse russe? La rccher-
che de cette paternité est permise, mais
elle est parfois très difficile.
Il faut pourtant qùe l'Opposition trouve
quelque chose à critiquer, sinon dans le
langage, au moms dans la conduite du
cabinet. Pourquoi, dit-elle, avez-vous
convoqué le Parlement ? N'était-ce pas
donner aux Turcs un de ces encoura-
gjmens que vous vous défendez de leur
avoir jamais envoyés?– C'est vous, ré-
pond le ministère qui avez encouragé les
Turcs en répétant sans cesse que nous
étions résolus à les soutenir. Pur ar-
gument de polémique, on le voit,
bien insignifiant de part et d'autre. La
situation est telle aujourd'hui, qu'il est
absolument inutile et indifférent d'en-
courager les Turcs ou de ne pas
les encourager ils n'en feront ni plus
ni moins, puisqu'ils ne peuvent rien
faire du tout. Ce qui est surprenant~c'os~
que l'Opposition, ne sachant plus que re-
procher au ministère, l'accuse enfin d'a-
voir laissé humilier l'Angleterre d'a-
voir ruiné son influence de l'avoir
réduite à l'isolement. Ce grief est cu-
rieux dans de telles bouches. LordBeacons-
field aurait pu y répondre avec l'ironie qui
lui est habituelle, mais il en a été ému
dans les fibres profondes de son cœur, et
au milieu de cette discussion où de part
et d'autre on n'a parlé que le langage
des affaires, sur ce terre-à-terre commun,
l'orateur s'est tout à coup redressé et le
vieil Anglais s'est retrouvé. Après avoir
rappelé que l'Angleterre, par son oppo-
sition seule, avait détruit le Memoran-
dum de Berlin, qu'elle avait fait conclure
l'armistice entre la Serbie et la Porte,
qu'elle avait provoqué la Conférence de
Constantinople, qu'elle avait ouvert enfin
les perspectives de paix
« Quant à l'isolement, a dit lord Beacons-
field, il y en a deux sortes il y a l'isolement
qui provient de la décadence et de la fai-
blesse, et qui est le signe précurseur de l'a-
gonie d'un grand pays; mais il y a un autre
isolement qui peut provenir pour un Etat de
qualités toutes contraires, de la confiance en
soi-même, de l'extrême énergie, de ressources
abondantes, et surtout"de l'inspiration d'une
grande cause. Ainsi notre pays a été isolé au
commencement de ce siècle; mais pourquoi
et comment? Il l'était parce que. seul au
milieu des autres puissances de l'Europe qui
se soumettaient, il a affirmé et revendiqué
l'indépendance des nations. C'était une grande
cause que celle' que vos pères soutenaient
alors et quelles que soient aujourd'hui
les souffrances du. commerce, quelles que
soient les raisons que l'on pourrait in-
voquer pour énerver l'esprit national et
le patriotisme quelles que puissent être
les considérations qu'on invoque pour vous
empêcher de faire. ce que firent vos de-
vanciers, votre devoir pourrait être de
marcher sur leurs traces. Si cette noble
cause était de nouveau en jeu, s'il exis-
tait une puissance qui menaçât la paix du
monde par une prépondérance fatale à la li-
berté publique et à l'indépendance des na-
tions, j'aime a croire que Vos Seigneuries
n'auraient pas peur de rester isolées, si elles
avaient à lutter seules pour défendra les in-
térêts britanniques. ? »
Voilà, certes, un beau langage; mais il
est à craindre, comme dans le sonnet
d'Oronte, que rien ne marche après lui.
Répétons-le, l'impression que l'on éprouve
en lisant les longs débats du Parlement
est tout à fait refroidissante. Du côté de
l'Autriche, on constate aussi une sorte de
recul. Des dépêches de Saint-Péters-
bourg nient formellement que l'Autri-
che ait protesté contre une paix sé-
parée entre la Russie et la Tur-
quie. Ze Nord dit que ces rumeurs
n'ont pas même besoin d'être démenties:
De Vienne, on s~eff~rce .également, sinon
de nier, du moins d'atténuer la portée des
der~ères démarchés diplomatiques de
l'Autriche. Ze ~N~M reçoit dé son cor-
respondant viennois un télégramme di-
sant que cette portée a été, en effet,
exagérée. L'agence Havas annonce de son
côté que l'Autriche s'est bornée à expri-
mer des réserves contre la conclusion
d'une paix séparée, ou contre l'accepta-.
tion de conditions préliminaires inconnues.
La .vérité se trouve probablement dans
les informations de la ~Vnous avons citées hier; seulement, un pas-
sage n'a pas été exactement transmis, et
nous le rectifions ainsi « L'Autriche n'a
H pas tenu la même conduite à régard du
a cabinet de Saint-Pétersbourg. Ainsi
l'Autriche a protesté contre une paix sé-
parée à Constantinople, et a pour ainsi
dire défendu à la Porte de la conclure
mais elle n'a pas osé en faire autant à
Saint-Pétersbourg. En effet, un télégramme
du /S'~K~ de Vienne, annonce for-
mellement que l'Autriche s'est abste-
nue à Saint-Pétersbourg, « à cause de la
position que lui fait la triple alliance. »
Protester à Constantinople et se taire à
Saint-Pétersbourg, ne serait-ce pas une
cruelle dérision? Si le fait est exact,
voilà un trait qui manquait à la politique
autrichienne, et qui nous surprend, même
après la série d'étonnemens que cette po-
litique nous a causés depuis le commen-
cement du conflit oriental.
Que conclurons-nous de ce qui pré-
cède? Rien. Nous nous sommes bornés
au rôle de narrateurs au jour le jour. Je-
tons maintenant les yeux sur l'Orient.
Qu'y voyons-nous ? Les dépêches d'au-
jourd'hui annoncent que les Russes ont
dépassé Philippopoli qu'ils ont exigé
qu'on leur remît Andrinople comme con-
dition préalable de tous pourparlers, et
que les Turcs évacuent cette ville. Ici,
nous pouvons être brefs. Si les discours
anglais et la politique autrichienne ont
besoin de commentaires, la marche des
Russes s'en passe fort bien.. Dieu veuille
qu'elle s'arrête là, et que nous ayons bien-
tôt une seconde paix d'Andrinople, et non
pas une paix de Constantinople
BOURSE DE PAMS
CMttM-e le 18 te 19 NfMtMe. B~Me.
a e/e
Comptant. 72 80 7320.40.
Fin cour. 728N. 7320.3S.
Comptantl03.l032S.2!i.
jttO~/0
ComptantiOS 109 3S.30.
Finconr.t09.l09321,2 ,32t2
~-a~~p-
PETITE BOURSE DU SOIR.
Emprunt S 0/0. 109 fr. 32 1/2, 40, 37 1/2.
30/0. 73 fr. 20, 25, 22 1/2.
Italien. 72fr.80,9S,8S.
5 0/0 turc. 9 fr. 75, 70.
Florins (or). 641/2.
Egyptiennes 60/0.. 161 fr. 1S, 158 fr. 73.
Chemins égyptiens. 275 fr., 272 fr. 50.
Exter" espagnole.. 12 1/2.
Russe. 823/8,5/8,9/16.
Hongrois 60/0. 78 3/4.
Notre correspondant de Vienne nous adresse
la dépêche suivante
« Vienne, le 19 janvier.
a On s'attend à ce que M. de Novikon', en
revenant ici, fasse connaître les conditions
de la paix et donne des explications rassu-
rantes sur les derniers procèdes de la Russie.
Les bons rapports avec cette puissance ne
sont nullement altérés.
TT~MgfapMe pftv~e.
(Service télégraphique de l'agence Ha vas.)!
Constantinople, le 19 janvier,
11 h. 10 m. matin.
Un iradé impérial appelle tous les Ottomans
aux armes pour défendre la patrie en danger.
Londres, le 19 janvier.
On télégraphie de Saint-Pétersbourg au ?*MKM
« Un personnage qut a aidé à formuler les
conditions d'armistice affirme que ces conditions
sont telles, qu'elles ne seront vraisemblablement
pas acceptées par la Turquie. »
La même dépêche ajoute que le ministre de
l'intérieur a recommandé à la presse russe d'être
modérée à l'endroit de l'Angleterre et do l'Au-
triche.
D'après un télégramme de Schoumia, adressé
au Daily 7'ci~mpA,les Turcs ont évacué Kazan,
ce qui permet aux Russes d'occuper le principal
dénié des Balkans.
Tout le matériel de guerre turc, depuis Osman-
Bazar jusqu'à Eski-Djuma, a été retiré.
Les Russes de la Dabrutscha avancent.
Le Daily M~< annonce, dans une dépêche
de Constantinople, que les délégués turcs ont
rencontré le grand-duc Nicolas le 17 au soir à
Tirnova, à l'embranchement du chemin de fer de
Jambon.
Des Notes préliminaires ont été immédiatement
échangées. Le grand-duc a demandé la reddition
d'Andrinople. Les délégués ont télégraphié aus-
sitôt à Djemil Pacha l'ordre d'évacuer cette
place.
Djemil se dispose à se retirer à Buyuk~éré-
medge. où les turcs concentrent leurs renforts.
Jeudi, le conseil tenu au ministère de la guerre
sous la présidence du Sultan a décidé que le
gouvernement ottoman demanderait à l'Angle-
terre des déclarations plus définies.
Les Russes occuperont vraisemblablement An-
drinoule dans deuv jours.
Vienne, le 19 janvier.
Le colonel Lœneysen, attaché militaire autri-
chien au quartier général russe d'Europe, qui est
ici depuis deux semaines, repart pour Kesanlyk.
Les conditions de la Russie sont toujours in-
connues. On croit que M. de Novikoff, ambassa-
deur de Russie à Vienne, qui arrivera de Saint-
Pétersbourg aujourd'h i, en est porteur.
Le bruit court que l'Autriche finira par prendre
des garanties en Bosnie et en Herzégovine; néan-
moins, la situation parait pacifique pour le mo-
ment.
Constantinople, le 19 janvier.
Izzet Bey, petit-fils de Fuad Pacha, est parti
hier pour Kesanlyk. porteur de nouvelles instruc-
tions pour les délégués. On croit que ces instruc-
tions se rapprochent des conditions russes.
Constantinople, le 19 janvier, soir. n
On ne sait rien encore oés négociations enta-
mées au quartier général du grand-duc Nicolas
par les délégués ottomans.
Constantinople, le 18 janvier, soir.
Un long conseil des ministres a été tenu hier
au Séraskiérat. sous la présidence du Sultan.
Les hauts ulémas, des généraux, ainsi que les
anciens ministres, y assistaient.
Le conseil, qui communiquait par le télégraphe
avec les commandans des corps d'armée, a dis-
cuté les deux éventualités en présence la paix
ou la guerre. A l'issue du conseil, quelques dé-
putés ont été présentés au Sultan, qui les a re-
merciés d'avoir organisé les secours destinés aux
émigrés.
Les Russes occupent Philippopoli depuis deux
jours.
Le grand-duc Nicolas est venu au-devant des
délégués turcs qu'il a rencontrés à Tirnova, sur
ia )igne du chemin de for d'Andrinople à Philip-
popoli. Le grand-duc a aussitôt prévenu les dé-
légués qu'avant d'entamer les pourparlers il exi-
geait la reddition d'Andrinopie. Server Pacha et
Namyk Pacha ont immédiatement fait donner
l'ordM aux troupes turques d'évacuer cette p!ace,
que les Russes occuperont demain ou après-
demain.
En attendant, les pourparlers se poursuivent.
Les fugitifs qui continuent d'arriver & Constan-
tinople sont logés dans les résidences des minis--
très et chez les particuliers.
La division sous les ordres de Fuad Pacha a
fait sa jonction avec l'armée de Suleiman, dans
les environs de Philippopoli.
Les Turcs ont attaqué dimanche les positions
retranchées des Serbes à Podoghar, non loin de
Novi-Bazar. Les Serbes en ont été chassés et ont
perdu SOO hommes.
Chefket Pacha commande les troupes concen-
trées dans les fortes positions de Tchatalga.
Constantinople, le 18 janvier, soir.
Les troupes turques ont commencé hier l'éva-
cuation d'Andrinople.
Le J7, le gouverneur d'Andrinople a convoqué
les consuls et les a informés que fa place ne pou-
vait ~)as être défendue, les engageant à provoquer
la formation d'un conseil de notables pour organi-
ser uneadmims'raHon provisoire et, assurer le
maintien de l'ordre. Quelques troupes spéciales
sont laissées à AmMnopie pour la garde des con-
sulats et pour prêter au besoin main-forte a l'ad-
ministration provisoire.
(Jrrande panique à Andrinople par suite des
déprédations et pillages commis dans les environs
par les bachi-boxouks.
Les consuls ont demandé des trains pour em-
mener leurs nationaux. Us ont aussi télégraphié
aux ambassadeurs à Constantinople pour de-
mander l'éioignement des troupes irréguliéres.
Bourgas a été évacué et sera bru)é.
Les réfugiés afuuent de tous les points.
Constantinople, le 19 janvier.
On mande d'Andrinople, en date d'aujour-
d'hui
« Les Turcs ayant renoncé à défendre Andri-
nople, tous les canons, toutes les troupes ont été
retirés.
» Le gouverneur général a quitté ce matin la
ville, laissant seulement 72.gendarmes pour main-
tenir l'ordre jusqu'à l'entrée des troupes russes
qui est Imminente.
» Les Russes étaient hier à Mustapha Pacha, à
quelques kilomètres d'Andrinople.
Des mesures sont prises pour que les gen-
darmes laissés ici puissent partir sans être in-
quiétés.
» Ce matin, un train est. parti ici, emmenant les
étrangers et les habitans qui voulaient quitter
Andrinople.
Le consul français est resté pour protéger
ses nationaux.
» On est complètement sans nouvelles de
Suleiman Pacha.
» Les plénipotentiaires turcs sont arrivés hier
au quartier général du grand-duc Nicolas à Ke-
sanlyk. Les négociations ont commencé immé-
diatement. »
Constantinople, le 19 janvier.
Les troupes qui formaient la garnison d'Andri-
nople s<} sont retirées à Tchataidja. point central
de ia ligne des fortifications de Constantinopie.
On croit que les Russes entreront ce soir à
Andrinople.
Vienne, le 19 janvier.
Les Turcs ont évacué Andrinople, qui est ac-
tuellement occupé par les Russes.
La Russie ne serait favorable a un Congrès
qu'après avoir acquis la certitude que ses condi-
tions seraient agréées en principe.
Le comte Andrassy serait pour un Congrès ou
pour toute autre procédure assurant la partici-
pation des puissances au règlement définitif.
Un ëchMige d'idées continuel a lieu entre Lon-
dres et Athènes.
Les Serbes se préparent à opérer leur jonc-
tion avec les Monténégrins dans la Vieille-Ser-
bie.
Le général Gourko occupé la ligne de Philip-
popoli à Andrinople.
Vienne, le 19 janvier.
Les ambassadeurs des puissances à Constanti-
nople ont prié la Compagnie du chemin de fer de
mettre des trains a la disposition des habitans
d'Andrinople, pour teur permettre de quitter'Ia
ville, ~t éviter ainsi les désastres qui peuvent ré-
sulter d'une panique.
On assure que les Turcs ont vainement essayé
d'emmener leur artillerie, et l'on ajoute que l'ar-
mée turque est désormais insuffisante pour dé-
fendre Constantinople contre un coup de main.
Voici le discours prononcé au Parlement
par le roi d'Italie
« Les paroles que dans les premiers momcns
de ma douleur j'ai adressées à mon peuple, je
viens aujourd'hui les répéter devant ses repré-
sentans. Je me sens encouragé a reprendre les
devoirs que m'impose ma situation, en voyant
combien le deuil de ma maison a trouvé un sin-
cère écho dans le pays tout entier.
» La mémoire béme du roi libérateur a fait, de
tout''s les familles italiennes, une seule famille
Une si grande unanimité de sentimens a été un
soulagement pour ma chère épouse qui élèvera
notre (Us bien-aimé en l'encourageant à suivre
tes exemples glorieux de son illustre aïeul.
» Dans ce deuil inattendu de l'Italie, ont été éga-
lement une consolation pour nous ta part que
l'Europe a prise à notre douleur, et la présence
des augustes princes et des illustres personnages
étrangers qui est venue donner une signification
solennelle aux honneurs rendus, dans la capi-
tale du royaume, à notre premier roi.
? Ces gages de respect et de sympathie sont
une nouvelle consécration du droit italien.
» Je dois en exprimer ici ma profonde recon-
naissance. Ils confirment cette conviction, que
l'Italie libre et une est une garantie de paix et
de progrès. C'est à nous de conserver au pays
une situation si é'ëvée. Nous sommes depuis
longtemps familiarisés avec tes difficultés de la
vie publique.
& De combien d'utiles enseignemens, en efïet,
no c~t IL.. p. t~onto do~-niàio~
années de notre histoire nationale, qui, par leurs
vicissitudes, leurs malheurs immérités et les
retours de la fortune, résument à elles seules
l'histoire de plusieurs siècles En acceptant la
haute mission qui m'est imposée, je puise dans
cette pensée toute ma confiance.
» L'Italie, qui a su comprendre Victor-Emma-
nuel. me prouve aujourd'hui la vérité des ensei-
gnemens de mon glorieux père que le respect
religieux des libres institutions est la garantie la
plus sûre contre tous les dangers.
» Telle est la foi de ma maison. C'est cette foi
qui fera ma force.
» Fidéte à la volonté de la nation, le Parlement
me guidera dans les commencemens de mon ré-
gne. avec la loyauté d'intentions que le grand roi
dont tous honorent la mémoire a su inspirer
même au milieu des vives compétitions des partis
et du conflit inévitable des opinions.
» La sincérité des intentions, la concorde dans
t'amour de la patrie, tels seront, j'en suis sûr. les
soutiens que je trouverai dans le chemin difficile
que nous allons parcourir ensemble, et au bout
duquel il n'y a pour moi d'autre ambition que
cette de mériter cet éloge Il a été digne de son
père! &
Le discours royal a été fréquemment, et
chaleureusement applaudi.
M. de Gavardie a poussé hier à la tri-
bune du Sénat « un cri d'alarme)) qui
n'a même pas eu d'écho dans les rangs
de la droite. Nous n'en sommes point
surpris. L'heure n'est pas encore venue
d'attaquer le ministère. Tout le monde le
sait, tout le monde le sent, et les adver-
saires les plus déterminés du gouverne-
ment actuel sont trop habiles pour ten-
ter d'engager contre lui une lutte dont
l'issue ne serait pas douteuse. Ordinai-
rement, lorsqu'un cabinet se forme, les
Chambres s'empressent de lui demander
des explications nettes, détaillées, com-
plètes, sur le programme qu'il se propose
de suivre. C'est une tradition parlemen-
taire à laquelle on a rarement manqué chez
nous et ailleurs. Mais il est des circonstan-
ces où ces explications deviennent tout à
fait inutiles, parce que chacun les connaît
d'avance. Y a-t-il quelqu'un en France qui
ignore en ce moment ce que veut le mi-
nistère, et qui ne puisse dire exactement
d'où il vient et où il va? Les faits sont plus
clairs, plus éloquens que les orateurs les
plus clairs eties plus éloquens. M. Dufaure
lui-même, malgré son admirable talent de
parnle/n'apprendrait rien à personne s'il
prenait, part à ce débat sur la politique
générale du cabinet qu'il a fièrement pro-
voqué dans sa courte réplique à M. de
Gavardie. « Le changement notable qui
') s'est opéré à la date du H décembre
H dernier, a-t-il dit, mérit3rait un débat
M de cette nature. » Cela est vrai si l'on
se préoccupe de l'importance des événe-
mens accomplis; mais, si l'on ne songe qu'à
l'utilité d'en faire comprendre au public
le sens et la portée, les discours sont su-
perflus. Le pays tout entier sait à quoi s'en
tenir sur l'évolution gouvernementale du
14 décembre. Jamais les choses n'ont eu
moins besoin d'être éclairées par les mots.
H a donc fallu, soyons justes, un cer-
tain courage à M. de Gavardie pour venir
dénoncer à la tribune les dangers singu-
lièrement latens dont son imagination ar-
dente est si fort épouvantée. Qui l'eût cru?
Jamais la civiliaa.tioa n'a.
nous endormons dans une fausse sécurité,
le mal fait des progrès efïraya.ns il nous
mine, il nous ronge, il est prêt à nous
étouffer. M. de Gavardie assiste avec ter-
reur à son développement journalier. Il
l'a vu grandir à l'enterrement de M. Ras-
pail. Il en a constaté de nouveau les
symptômes en contemplant un homme
« que la Providence avait doué de tous
ses dons c, un homme qui, un homme
que, en un mot M. Gambetta Mais com-
ment signaler à la tribune des signes
aussi terribles d'une catastrophe pro-
chaine ? M. de Gavardie a voulu ménager
notre sensibilité. Il avait les mains plei-
nes de calamités, il pouvait nous en inon-
der mais, de" peur de nous causer une
émotion trop vive, il n'a ouvert qu'un ou
deux doigts, il n'a laissé échapper qu'un
on deux de ces fantômes qui seraient ca-
pables d'infester le monde, comme les
mauvais génies sortis de la boîte de
Pandore, si on ne les tenait rigou-
reusement enfermés. Ce n'est pas sans
peine que M. de Gavardie s'est condamné
à cette prudente réserve. H a remanié
deux ou trois fois son interpellation, et à
chaque remaniement il l'a réduite à des
proportions plus mesquines. Parti en
guerre avec l'intention de livrer une ba-
taille rangée, il s'est résigné d'abord à
ne préparer qu'un médiocre combat, il
en est venu ensuite à se contenter
d'une simple escarmouche. Cela ne l'a
pas empêché d'être aussi complètement
battu que s'il avait engagé ses plus gros
bataillons.
Est-il nécessaire de reprendre après
M. Dufaure la question de la parfaite
légalité des élections municipales? Elle n'a
pu se poser que dans l'esprit d'un homme
troublé des plus sombres visions. Per-
sonne n'avait songé à protester contre le
décret qui a ordonné ces élections. Il ne
s'est pas trouvé, dans les 36,000 commu-
nes de France, un seul conseil municipal
pour repousser la prétendue atteinte
portée à ses droits les plus sacrés. M. de
Gavardie seul a protesté. Encore a-t-il
attendu pour le faire que les élections
fussent accomplies, ce qui rendait sa dé-
monstration bien platonique. Nous avons
été étonnés d'entendre un homme aussi
hardi déclarer qu'il ne prétendait pas
revenir sur les illégalités commises,
et qu'il se contentait de chercher à sauver
les débris qui restent encure de la lui.
Pourquoi cette faiblesse? De deux choses
l'une ou les élections municipales ne
deva.ient pas avoir lieu, et dans ce cas
elles sont nulles de plein droit et les
anciens conseils peuvent continuer à
siéger ou elles sont régulières, et dans
ce cas les plaintes de M. de Gavardie
sont, pour ne rien dire de plus, super-
flues. Il n'y a pas à sortir de ce dilemme
qui démontre par l'absurde combien la
thèse soutenue hier au Sénat méritait peu
d'attirer l'attention de la haute Assem-
blée. M. de Gavardie s'est placé sur un
terrain un peu moins mauvais lorsqu'il
s'est plafnt de la réinstallation des maires
qui avaient été révoqués par le gouverne-
ment précédent. Il est bien clair que
si les conseils municipaux avaient réélu
des maires cassés par le cabinet de Bro-
glie-Fourtou, la loi aurait été, méconnue.
Seulement, aucun fait de ce genre ne s'est
produit, et M. de Gavardie s'est battu
avec courage contre un ennemi imagi-
naire. C'est le gouvernement qui a re-
nommé des'maires révoqués par lui, ce
qui est tout différent. La loi déclare bien,
en effet, que les conseils municipaux ne
pourront pas réélire, pendant un an, les
maires révoqués par le pouvoir exécutif, -7
mais elle n'a pas dit que le pouvoir exé-
cutif lui-même n'aurait pas le droit de
revenir sur sa décision, de tenir compte
des erreurs qui auraient .pu être com-
mises, des changemens qui auraient pu
modifier l'état de la commune, et de ren-
dre à des magistrats municipaux les at-
tributions qui leur auraient été enlevées
sans motifs sufSsans, ou pour des motifs
qui auraient cessé d'exister.
Il y là une distinction importante que
M. de Gavardie, dans l'émoi que lui
cause le péril de la société, n'avait pas eu
le temps d:apercevoir. S'il avait été un
peu moins pressé de faire son interpella-
tion, jl aurait attendu que les nouveaux
conseils municipaux eussent élu leurs
maires. Il n'est pas impossible en effet,
qu'il se trouve parmi ces maires un certain
nombre de ceux que le gouvernement du
16 mai avait révoqués. Leur élection'
sera-t-elle régulière? Question délicate, °
~mais qui n'est pas de la compétence de la
Chambre des Députés et du Sénat. C'est
le Conseil d'Etat qui devra la résou-
dre si elle lui est soumise par dès
protestations individuelles. Il s'agira de
savoir si la loi de 187i en inter-
disant la réélection pendant un an de
maires cassés par le gouvernement
avait prévu le cas où des élections géné-
rales viendraient, dans l'intervalle, renou-
veler les conseils municipaux et donner
à chaque conseiller un mandat nouveau.
Ces élections effacent-elles toute trace du.
passé? Nous serions portés à le penser;
mais nous répétons qu'il y a là un pro-
blème difficile de jurisprudence adminis-
trative que le Conseil d'Etat seul peut
éclaircir. Que M. de Gavardie se rassure l
C'est un corps dans lequel il a cet tain e-
ment. Luut.e confiance qui sera chargé de
préserver la loi des atteintes dont la seule
pensée le fait frémir et fait monter à ses
lèvres un cri d'alarme et d'indignation
Si nous prenons peu au sérieux l'inter-
pellation de M. de Gavardie, nous n'en ap- `
précions pas moins à sa juste valeur
la portée de cet incident parlementaire.
L'ennemi était peu redoutable, l'arme de
combat n'était pas dangereuse mais
qu'importe? Si les droites du Sénat ne se
sentaient pas impuissantes, la faiblesse de
l'orateur et l'insuffisance de la cause ne les
auraient pas empêchées de chercher à infli-
ger sinon un échec, du moins un désagré-
ment au cabinet. Les minorités qui se
sentent fortes ne reculent pas devant les
mauvaises querelles. C'est donc un bon
signe de voir les droites du Sénat refuser
d'affaiblir le gouvernement par de vaines
taquineries et attendre une occasion favo-
rable pour lui livrer un assaut vérita-
ble. Cette occasion, il dépend du ministère
de l'empêcher de naître. Qu'il continue a
gouverner avec fermeté et sagesse, et
elle ne se présentera pas de longtemps.
Cn. GABRIEL.
On nous écrit de Versailles (Chambre
des Députes):
« On dirait que les trois coups de tonnerre
de la séance d'hier ont dévasté la Chambre.
II n'y a pas dix députés dans la sailo à l'heure
de l'ouverture de la séance, et l'on. ne voit
absolument personne aux bancs des six tra-
vées de la droite. Toute l'animation est dans
les couloirs, où l'invalidation de M. de la Ro-
chefoucauld-Bisaccia, et surtout ses adieux
si pleins d'un noble mépris pour la Chambre
basse sont l'objet de mille commentaires.
Quelques uns de ses amis, persistant à ne pas
croire qu'il soit possible que le député deMa-
mers ait été invalidé, pensent que la Chambre
s est trompée, et qu'en repoussant hier la pro-
position de validation elle n'a pas entendu
voter l'invalidation elle-même. Le malheur
est que M. de la Rochefoucauld n'a pas été de
cet avis, puisqu'il a accepté le vote avec toutes
ses conséquences. D'autres se bornent à pro-
poser que, par une manifestation solennetle
la droite s'abstienne de siéger, et il semble-
rait qu'ils l'emportent.
C'est ainsi qu'agissaient les grands poli-
tiques de la droite en 89, jusqu'au jour où ils
s'aperçurent que c'était peine inutile. Mais
voyons d'abord si le complot va tenir.
L'ordre du jour appelle la discussion de
l'élection de Fougères. M. de la Vitlegontier
ïnonte à la tribune pour lire sa défense il
l'achève, et peraonuo encore n'a paru sauf
M. Dugué de la Fauconnerie, trois ou quatre
constitutionnels, et le groupe de M. de CIercq
qui n'est encore composé que de sa personne.
M. Rouher arrive quand déjà le rapporteur de
l'élection, M. Lelièvre, a commencé sa répli-
que.
a M. Leiiëvre plaidait un procès facile à'
gagner.
Fougères avait élu, l'année dernière, un
député, M. de Dalmas, que les bonapartistes
réclamaient pour un des leurs, mais qui n'é-
tait p.us l'un des enthousiastes du parti et
qui votait quelquefois avec la majorité. M. de
Dalmas avait été nommé comme anticlérical.
Le 16 mai venu, il ne se décida pas à faire
cause commune avec les 363; mais il ne té-
moigna pas pour cela d'un grand zèle pour
l'acte accompli. Il chercha même querelle
durant les vacances, au préfet intempérant
d'Ule-et-Vilaine, et nnit par renoncer à toute
candidature. On se dispute-les sièges de très
pies dans la Bretagne. Les libéraux ne pou-
vaient pas renoncer à défendre le drapeau
tricolore à Fougères, et, s'ils se fussent rési-
gnés à soutenir encore M. de Dalmas, ils ne
se résignaient pas à rester sans candidat lors
de sa brusque et tardive retraite. M. Roger-
Marvaise, l'un des députés sortans et des can-
didats républicains de Rennes, n'hésita point.
H offrit son nom, il paya de sa personne, et
il ne manqua sa double élection que de
346voix,M.del~Villogontier fut élu avec
151 voix de plus que la majorité absolue.
a Le belliqueux préfet d'Ule-et-Vilaine,
M. F. de la Morandière, sait ce que ces 181 voix
ont coûté d'enorts et d'illégalités. Pour bat-
tre « le radicalisme, et ses recrues, quelles
)) qu'elles soient a, il avait un auxiliaire aussi
véhément que lui dans le personnage du
commandant Grandjacquet, le gendarme de
France qui aura le plus fait de politique, et
quel!e politique! Ses instructions sont des
chefs-d'œuvre.–La. gendarmerie bretonne est
trop pacinque disait-il die respecte les
lois, elle ne remue pas tout le pays pour en
faire surgir des procès-verbaux. C'est 3'ë la
trahison dans cette bat&ille livrée a au libé-
o ralisme s, où chacun dea 363 e est lerepré-
)) sentant d'un principe funeste à la France.
Sus donc aux. 3631 Que les gendarmesSachent
bien, d'ailleurs, que les 363 veulent < la sup-
B pression dé l'armée et de tou~e force rëpres–
Bsivei" s
B Les gendarmes mis de la sorte au courant
des nécessités de la situation, préfet et sous-
préfet entreprennent leur œuvre avec plus
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