Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-01-06
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 200316 Nombre total de vues : 200316
Description : 06 janvier 1878 06 janvier 1878
Description : 1878/01/06. 1878/01/06.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4603141
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
ÉDITION BE PAHÏS
MMMB 6 jmm
i878.
MtJMAL BES BEBATS
~mm~jmm
~j i878..
ON S'ABONNE
en Belgique, en Italie,
dans le Luxembourg, en Turquie,
en Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans têt
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon,
Mandats-poste, soit internationaux, soit françaLt,
en Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous le~ pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays.
pM l'envoi d'une valeur payable t fe 1x.
ON S'ABOMfE
me des PrBtres-Samt-&erma}n-rAuxerro!s, n.
fB:X BE ~AB~KNfBMEMTF
Un an. Six mois. Trois mots.
Départemens. 80 &. Paris. 72 &. 38 Er. <8û-.
i~es &o(nmemeNs partCBt oes l" et MM
chaque mois.
POLITISES Et MTTËMMES
fapt!), ma EBun~o. ta <~s~
!S~pa~ezaetM~antHt!m~f
Int.etn!pRpers oSee. ~7, Gresham street, G. P. 0.;
M3a. B)H. C., LODdon; NM. tV.-M. Smtth et S~n
A BruxeHes, a 1'0/~ Mafte'se, dMts les kiosques et dans tes M.
bhothéquëa <)e& (;ares d" chemins de fef bek'es.
A Vatpa~tso (GMU), ch~z M. '0)'est6s LJToHi~
Les annonces' sont reçues
ehe: EWN. Faachey, ~<~m
8,pl!tcede.Ia.,BDMse,
.J'~S~C~MAt'
,(!jM~;g~en~ tbuîotu'sêtre~r6eespar !a redactioat.
PAMS
SAMEDIS JANVIER
Les électeurs sont convoqués, demain
~janvier, pour procéder dans toute la.
France au renouvellement des conseils
municipaux. Nous avons déjà dit quelle
importance exceptionnelle avaient ces
élections.' Dans tous tes temps, c'est une
chose grave que le choix des hommes
entre les mains desquels une commune
remet ses intérêts mais, depuis l'éta-
blissement de la Constitution de 1875, les
conseils municipaux ne sont pas char-
gés seulement des affaires communales,
ils nomment encore des délégués qui de-
viennent électeurs sénatoriaux et qui,
réunis, Ibrment l'immense majorité de ces
électeurs. Au moment où l'Assemblée Na-
tionale a voté la. loi constitutionnelle,
des réclamations se sont élevées contre
une disposition aussi nouvelle, et que
l'on considérait, dans quelques frac-
tions de la droite, comme fort dangereuse.
Mais la majorité de l'Assemblée Nationale
était, même & droite, favorable aux idées
de décentralisation, et le dernier acte de
cette majorité a été, sur ce point, conforme
aux premiers. L'innovation, il faut le re-
connaître, était considérable. On s'était
surtout préoccupé jusqu'alors de sous-
traire absolument les conseils municipaux
à la politique, et voilà que tout d'un coup
on les a invités à jouer un rôle poli-
tique. Les délégués des conseils mu-
nicipaux ont déjà voté une première lois
pour l'élection des sénateurs, et ils se
sont acquittés de la fonction politique
qui leur était dévolue avec beaucoup de
calme et de dignité. On peut dire que
l'institution, mise à l'épreuve, a réussi.
Les conseils municipaux n'ont pas es-
sayé de sortir des limites qui avaient
été tracées à leur intervention dans
la politique; ils sont restés ce qu'ils
étaient auparavant ils n'ont pas perdu
leur caractère municipal et ne sont ja-
mais devenus des foyers d'intrigues ou
des centres d's discussion. Quant au
Sénat lui-même il a certainement ga-
gné à la. disposition de la loi qui le fait
sortir plus particulièrement du vote
des délégués des conseils municipaux.
Le sucrage à deux degrés n'a jamais
été populaire, &t l'on n'aurait pas com-
pris, sous un. régime de suffrage uni-
versel, que les électeurs ordinaires fus-
sent chargés de nommer parmi eux les
électeurs spéciaux' chargés de procéder à
une élection spéciale. Ces électeurs du
"second degré n'auraient représenté qu'une
superfétation et n'auraient pas offert une
base solide à une institution comme le
Sénat. Mais les conseils municipanx sont
tout autre chose que des électeurs du se-
cond degré; ils ont une vie propre et très
énergique; ils sont responsables d'inté-
rêts précieux. L'Assemblée Nationale a eu
une bonne idée de s'adresser à eux, et
lorsque M. Gambetta, dans un discours
dont le retentissement a été considérable,
a'appelé~le Sénttt'ie Grand Conseil des
communes de France, il a dit un mot qui
n'était poïnt banal et qui relevait à la fois
le Sénat et lés conseils municipaux.
Le Sénat et les conseils municipaux
sont, en efîet, attachés l'un à l'autre comme
la conséquence Fë~t à la cause. C'est ce
que les électeurs n'auront garde d'oublier
demain. Les choix qu'ils vont faire déter-
mineront par avance les choix que les
électeurs sénatoriaux feront dans un an,
lors du renouvellement partiel de la Cham-
FELmEmmmmm mm
DU 6 JANVIER 1878.
LÉCGNTREFAtT
(7oM'le./o!M'M Le so'ir, M'heure dite, j'avais un long
entretien Avec la marquise. Quelles ne
furent pas ma douleur, mon angoisse, et
cependant je ne m'émeus pas facilement,
en découvrant que les légers malaises
dont elle se plaignait quelquefois étaient
les symptômes d'un mal intérieur ef-
frayant, déjà trop avancé pour qj'il me
fût possible de conserverie pins léger
espoir de guérison! Elle vit mon air cons-
terné et rougit en me disant d'une voix
uu peu émue
–Monsieur Wilson, c'est, ja le crains,
plus grave que je ne l'avais imaginé.
En vérité, Madame, je suis peiné de
l'avouer, oui. Mais, avec des soins et
surtout avec le secours de la. science,
j'espère'
EUe m'arrêta d'un geste.
Monsieur Wilson, vous voulez me
donner le charge, je le voi~. Vous devez
me connaître assez cependant pour,quand
je vous demande la vérité tout entière,
autant'que la science vous permet de la
découvrir,– ne pas essayer de me la
cacher. C'est ma situation vraie que je
désire connaître vous pouvez me la dire
franchement. Ma maladie est-elle dange-
reuse ?
Je ne vous cacherai rien, Madame;
oui, elle est dangereuse.
Très dangereuse ? p
Très dangereuse.
Ai-je une seule chance de guénson ?
C'est là une question que je ne sau-
brë haute. Et quoi de plus important que
ces secondes élections? Si elles sont
bonnes, on peut dire sans exagérer que
la république aura doublé le cap de
Bonne-Espérance, et qu'elle ne sera plus
exposée, dans l'avenir, aux périls dont
elle s'est si heureusement mais si pé-
niblement sauvée. Le Sénat tel qu'il
est en ce moment composé offre cer-
tainement des ressources aux intérêts
vraiment conservateurs, et il y aurait de
l'ingratitude à le nier après les services
encore tout récens que les constitution-
nels ont rendus; mais la majorité y est si
faible, tantôt dans un sens, tantôt dans
l'autre, qu'on peut la dire essentiellement
instable. Il suffit d'une émotion trop vive
parmi des hommes nerveux, ou même de
-quelques caprices individuels", pour ren-
verser à droite la balance qui a penché
hier vers la gauche. Dès lors, comme le
disait moins justement M. le duc de Bro-
glie en parlant de la Chambre des Dépu-
tés, la boussole parlementaire est singu-
lièrement troublée, ou peut l'être, ce qui
est un danger. La boussole parlemen-
taire doit toujours être tournée du côté
de la république, et c'est là ce qu'il
faudrait obtenir du Sénat comme de
la Chambre, tout en maintenant en-
tre les deux Assemblées les difTéren-
ces de tempéramens et d'allures qui
rendent l'une plus prudente, l'autre
plus hardie, qui poussent la seconde
vers les réformes et retiennent la pre-
mière dans les préoccupations conser-
vatrices. Nous voudrions moins chan-
ger l'esprit du Sénat que l'affermir et
le développer tel qu'il s'est manifesté
dernièremeat. Le Sénat a-t-il été plus
véritablement conservateur lorsqu'il a
voté une 'première dissolution que lors-
qu'il a fait entendre qu'il n'en voterait pas
une seconde? Il faut peu de chose pour
assurer le maintien de la majorité ac-
tuelle un appoint de quelques voix y
suffira; cet appoint, nous l'attendons des
élections partielles de 1879, et ces élec-
tions dépendent, nous le répétons, de
celles qui vont avoir lieu demain dans
toutes les communes, petites et grandes.
Nous croyons qu'il faut, autant que
possible, maintenir les candidats sortans
lorsqu'ils sont républicains et qu'ils ont
loyalement rempli leur mandat. Ils ont,
plus que ne l'auraient des candidats nou-
veaux, la connaissance des intérêts lo-
caux et l'expérience des affaires. Dans
quelques grandes villes, et particulière-
ment à Paris, les républicains modérés
ne peuvent pas avoir l'espérance que le
conseil municipal soit formé à leur
image et ressemblance les couleurs y
sont plus foncées, et les opinions plus
vives; la sagesse consiste donc a faire
quelques sacrifices à l'opinion dominante,
et à ne point s'en effrayer trop. Le conseil
municipal sortant, dont la réaction a dit tant
de mal et qui pouvait inspirer en effet quel-
ques inquiétudes, s'est trouvé de beau-
coup meilleur qu'on ne l'avait espéré.
Les affaires, lorsqu'on les aborde et qu'on
les traite sérieusement, ont une vertu
réfrigérante dont les esprits les plus* ar-
dens éprouvent l'efTet, et c'est ce qui
est arrivé au conseil municipal de
Paris parce qu'il s'est mis sérieu-
sement aux -ûfTaires. et n'a songé à
la politique que par exception. La plu-
part des conseillers ont bien mérité de
leurs commettans, et s'ils se représentent
il faut voter pour eux, à moins d'être
bien sûr d'avoir mieux, ce qui est rare.
rais prendre sur moi seul de résoudre.
Mais c'est votre avis, à vous, que je
suis condamnée ?
J'hésitai unmoment.
J'ignore, je dois l'avouer, les moyens
d'arrêter les progrès du mal. Cependant
mon expérience, Votre Seigneurie le sait,
est bien peu de chose, et je n'ai pas eu
d'occasions ici de la foi ti6er. Je suis cer-
tain qu'en consultant un des premiers mé-
decins de Londres on trouvera des pallia-
tifs, sinon un remède absolu, et que vo-
tre existences! précieuse pour nous tous
pourra être prolongée pendant bien des
années encore.
Ma voix tremblait malgré tous mes ef-
forts pour paraître calme.
–Mon cher monsieur Wilson, je ne
saurais vous dire combien je suis touchée
de vos bonnes paroles et de l'affection
que vous m'avez toujours témoignée.
Soyez-en convaincu, ce n'est pas nat-
terie de ma part, mais j'aurais plus de
con6ance à remettre ma santé entre vos
mains qu'en celles de n'importe quel mé-
decin célèbre. Cependant ma vie est en-
core d'une grande importance pour quel-
ques uns ici-*bas et si réellement vous
pensez que mes chances de guérison
soient le moins du monde augmentées par
une consultation avec un de vos confrères
de Londres, je vous en prie, faites eo
sorte qu'elle ait lieu le plus tôt possible.
C'est décidément mon opinion, Ma-
dame, que cette consultation ait lieu.
Alors, voulez-vous prendre la .peine
d'écrire en mon nom au docteur Atkins?
Je retournai chez moi le cœur navré,
car je ne conservai pas le plus léger es-
poir que ces désordres intérieurs, dont les
symptômes étaient trop évidens, fussent
guérissables.
Le docteur Atkms,.une des sommités
Quelques uns ne se représentent plus, et
les électeurs ont à choisir un conseiller
nouveau. Dans le quartier Saint-Thomas-
d'Aquin, par exemple, nous ne saurions
trop recommander la candidature de
M. Albert Liouville avocat ancien
directeur général au ministèi'e de l'in-
térieur, et nous voudrions en avoir beau--
coup de pareilles à encourager, Parmi les
conseillers sortans, MM. Bixio dans le
quartier de Saint Germain'- des Prés
M. Martial Bernard dans le quartier de la
place Vendôme, d'autres encore qu'il serait
facile de citer en nombre assez considé-
rable, méritent à tous égards d'être ré-
élus et si nous n'appuyons pas leur can-
didature avec plus d'insistance et de dé-
tails, c'est que le succès n'est pas dou-
teux.
Pour ce qui est des élections en pM-
vince,il ne nous appartient pas de don-
ner de conseils nous ne connaissons
pas les candidats, et les électeurs sont
mieux à m'ême que nous d'apprécier leurs
aptitudes administratives etde juger leurs
opinions politiques. Nous ~ne pouvons
donner qu'un conseil très général: Pas
d'abstentions On a vu. dans les der-
nières circonstances, quelle était la force
d'un bulletin de vote; il faut que tous les
bons citoyens s'habituent a manier cette
arme pacifique qui dispense si économi-
quement de toutes les autres. Les mœurs
publiques se forment chez nous avec une
rapidité mervelHeusc; nous né sommes
plus ce que nous étions il y a trente ans;
les hommes qui vivaient alors ne nous
reconnaissent plus et quelquefois ne nous
comprennent pas. Ces changemens heu-
reux, c'est à la généralisation du droit
de voter qu'ils sont dus: Mais ce droit
impose un devoir aux bons citoyens,
et surtout dans ces temps orageux où
des institutions tutélaires, mais jeunes
encore, ont besoin d'être défendues contre
les passions des uns ou les préjugés des
autres. Demain donc, que tous les élec-
teurs soient debout, et qu'ils complètent
par le scrutin municipal l'œuvre qu'ils
ont déjà si avancée par le scrutin légis-
latif du 14 octobre et par les scrutins dé-
partementaux du 6 novembre! Les 16 mai
dès lors appartiendront à l'histoire, et
nous pourrons jouir du gouvernement
tranquille que nous aurons mérité.
BOURSE DE PAMS
CïStare le x le 8 t~MMe BfttMe.
Comptantes 60 ?2'40.20.
Fin cour. 724N, 7i 321/2 .121,2
t/e o/o
Comptante 2j. 103
&e/
Compta.ntlC830.l082!i. s.
Fmcoar.l0830.l082B. s.
PETITE BOURSE! DU SOIR,
EmpruntSO/G. IOSfr.2:j,l8,2!i.
TetégpapMe pfïvéc.
(Service télégraphique de Fagence Havas.)
Londres,leSjanvier.
Le S~K~< annonce, dans une dépêche por-
tant la da(.e de Vienne le 4 janvier, que le prmce
~ort~hakoîi a fait conna.îtrR aux deux comman-
dans en chef des armées russes en Europe et en
Asie les conditions que le gouvernement russe
mettait a la conclusion d'un armistice.
Ces conditions auraient été communiquées
aussi à Vienne, où deux versions circulaient a. ce
sujet, déclarant l'une, que la Russie demandait le
démantèlement de Roustchouk et de Silistrie;
médicales de Londres, vint à Carstones,
et son opinion justifia la mienne. Il se
déclara, hélas aussi impuissant que moi
à conjurer le mal. Rien ne pouvait sauver
la marquise.
Monsieur Wilson, me dit la douce
créature, je suis peinée de vous affliger
en vous questionnant sur ma triste situa-
tion. Il faut cependant me dire franche-
ment si l'opinion du docteur Atkins con-
corde avec la vôtre.
Le docteur pense comme moi, Ma-
dame.
Et il ne peut rien de pins que vous?
Je crains que non.
Maintenant, lui ou vous, pouvez-
vous me dire combien vraisemblablement
j'ai de temps à vivre encore? 9
J'hésitais à répondre.
Quel est le plus long temps qu'une
personne atteinte de cette maladie ait ja
mais vécu?. et queljest le temps le plus
court?. Vous devez le savoir. Je vous
en supplie, ne me trompez pas. Songez à
tout ce qui me reste àfaire ici-bas. Dites-
moi la vérité. Qu'ai-je encore à vivre?
Deux mois.
Ah c'est court! Je n'ai pasunmo
ment à perdre alors. Monsieur Wilson.ayez
la bonté de vous entendre avec M. At-
kins et d'arrêter ensemble le plan du
traitement le plus capable de me conser-
ver l'emploi entier de mes facultés pen-
dant le peu de jours qui me restent à
vivre.
A partir de ce moment, elle n'eut plus
qu'une pensée mettre ordre à ses af-
faires et assurer le bien-être de ceux
qui l'entouraient ce fut sa constante
préoccupation.
Cependant une anxiété immense, incal-
culable, pesait lourdement sur son cœur
son petit garçon.
1 autre, que tes troupes russes devaient occuper
toute la Bulgarie jusqu'à ce que le sort de cette
province fût définitivement réglé.
De son côté, )e .Da;t~ ~A reçoit de son
correspondant de Vienne une dépêche affirmant
que. dans la réponse faite par te prince Gort-
chakofl' à la communication de lord Loftus qui
lui transmettait au nom de son gouvernement
les ouvertures de paix de la Turquie se trou-
vaient ces mots textuels « Je n'accepte aucune
médiation quelle qu'elle soit et d'où qu'elle
vienne. &
Le S~MM'a~ assure que le gouvernement an-
glais demande & la Russie de désigner les condi-
tions auxquelles elle accorderait la paix a la Tur-
quie. Ce journal ajouïe
« Si )a Turquie élude cetts question en préten-
dant que la paix entre elle et la Turquie n'est
point l'affaire de l'Angleterre et en continuant a
écraser la Turquie, le gouvernement anglais dé-
clarera qu'il ne peut pas tolérer un complet écra-
sement de ce pays, ni permettre que la paix se
fasse directement entre les belligérans. »
Pesth, le 5 janvier.
On assure que le comte Andrassy a répondu
à une communication-do l'ambassadeur d'Angle-
terre relative aux affaires d'Orient, qu'il ne lui
semblait pas possible d'appuyer les combinaisons
projetées parle gouvernement britannique, parce
que CM combinaisons avaient toutes en vue
le maintien ou à peu près du ~<:ne pouvait pas espérer, dans les circonstances
actuelles, les faire accepter par la Russie.
Syra, le 4 janvier.
Les dernières nouvelles de Constantinoplë por-
tent que. si la Russie repousse la médiation de
l'Angleterre, la Turquie attendra la réunion du
Parlement anglais avant de faire une démarche
directe auprès de la Russie.
Posth, le H janvier.
D'après les derniers avis de Constantinoplë,
Mahmoud-Damat Paoha se prononcerait haute-
ment pour la conclusion d'une paix séparée avec
la Russie.
Les forces turques réunies pour la défense
d'Andrinople sont évaluées à plus de ) 00,000
hommes mais elles manquent. dit-on~ de l'artil-
lerie nécessaire.
Constantihopio, le 5 janvier, 4 h. 40 m. soir.
Mahmoud-Damat Pacha est remplace.
Les Russes se sont emparés de Sofia sans ren-
contrer de résistance.
Bucharest,IeSjanviër;"7h';40m.soir.
Le .KoMMMM~ annonce que les Russes se sont
emparés do'Sofia. Les détails manquent. De la
cavalerie ainsi que des troupes de différentes'ar-
mes passent journeilement a Gafatz.
Une convention a été signée entre les gouver-
nemens russe et roumain pour le logement des
troupes chez les habitans moyennant une rétri-
bution déterminée.
Rome, le S janvier.
Onprotestc.dans les cercles officiels, contre
les versions plus ou moins inexactes que quel-
ques journaux étrangers ont données des paroles
prononcées par le roi le 4" janvier, et fon af-
Brme que ces paroles n'ont jamais eu la portée
belliqueuse qu'on a pu leur prêter.
M. le ~pmte de Mon'ebeiïo est nommé pre-
mier secrétaire de l'ambassade de France à
Londres, en remplacement de M. Gavard.
M. Gavard est nommé membre de la com-
mission franco-espagnole réunie à B~yonne,
en remplacement de M. le comte de Ponté-
coulant. chef du cabinet de M~ le ministre
des anaires étrangères.
(<7(MVM~OM~:MCC ~C
L'opinion publique accueille avec une
satisfaction bien légitime les circulaires
par lesquelles les ministres actuels,
rompant avec les traditions de leurs pré-
décesseurs, ordonnent aux agens des di-
verses administrations de seconder de
leur mieux l'œuvre de la commission
d'enquête électorale. M. Dufaure, M. de
Marcère, M. Léon.Say, M. Barddux, etc.,
ont indique tour à tour aux fonctionnaires
la ligne de conduite qu'ils devaient suivre
pour associer au respect des prérogatives
du Parlement le respect, non moins né-
cessaire, de la hiérarchie administrative
et des conditions fondamentales de tout
gouvernement., Leurs instructions sont
aussi nettes, aussi complètes, aussi satis-
faisantes que possible. Est-ce adiré que tout
soit définitivement terminé, et que le grave
débat sur les droits respectifs des Chambres
et du pouvoir exécutif en matière d'en-
J'avais toujours été d'avis qu'il ne vi-
vrait pas. En cela, son jugement différait
du mien. Son intime conviction était qu'il
vivrait. Son amour pour lui avait quelque
chose de la calme énergie de sa nature
sérieux, profond, dévoué, raisonné plutôt
qu'enthousiaste. EMe avait pesé avec
sang-froid toutes les éventualités deson
avenir et mûrement calculé les consé-
quences de l'étrange disproportion entre
l'immense fortune qui devait un jour être
la sienne et la misérable condition à la-
quelle lecondamneraientses.in6rmites.Elle
avait été surtout frappée de la différence
plus grande encore entre la difformité
physique et la précocité vraiment surpre-
nante de son esprit.
L'enfant donnait déjà les preuves d'une
énergie, d'une force de volonté et d'une
supériorité d'observation bien au-dessus
de son âge. Il semblait avoir hérité du
sang-froid de sa mère et de la calme gra-
vité de sa tendresse.
Son amour pour elle ne se manifestait ni
par des transports bruyans ni par l'abon-
dance de§ caresses, mais plutôt par la
ténacité avec laquelle, ses grands yeux
fixés sur elle, il se tenait toujours à ses
côtés dans une sorte de contemplation
muette et rêveuse, préférant sa société à
tout autre plaisir.
Surveiller le développement d'une telle
âme enfermée dans une telle enveloppe
avait été le but que la marquise s'était
proposé dans la vie. Espérant, par des
soins attentifs et incessans, diminuer les
souffrances physiques de son malheureux
fils, et convaincue qu'elle parviendrait, en
cultivant son intelligence, son instruc-
tion et ses talens, à contre-balancer les
innombrables maux inhérens à sa triste
situation, elle voulait, en élevant son
âme vers le beau et le bien, lui rendre au
quête parlementaire, qui a passionné le
pays durant quelques semaines, soit ter-
miné pour toujours? Il serait très impru-
dent de le croire. Ce que font les mini-'
stres d'aujourd'hui, les ministres de de-
main peuvent le défaire. Nous avons as-
sisté si souvent à des changemens de ce
genre, que la prévoyance la plus ordi-
naire nous fait un devoir de ne pas trop
compter sur l'avenir. Il y a quelques
jours, les fonctionnaires recevaient l'ordre
de repousser avec dédain toutes les de-
mandes de la 'commission d'enquête on
les presse maintenant d'y répondre avec
bonne grâce, dans les limites de la discré-
tion administrative c'est fort bien mais
demain ressemblera-t-il à hier ou bien à
aujourd'hui? C'est ce que nous ne sau-
rons point tant qu'une loi formelle n'aura
pas été faite afin de régler une fois pour
toutes une question qui vient de soulever
tant de révoltes et de provoquer tant de
contradictions.
On sait que M. Dufaurda chargé une
'commission spéciale d'étudier et de pré-
parer cette loi. La commission s'est mise
à l'oeuvre; mais on n'a pas attendu le
résultat de ses travaux pour lui adresser
des critiques, ou pour exprimer sur l'u-
tHité de sa mission des craintes qui nous
paraissent peu justifiées. Nous ne par-
lons pas, bien entendu, des journaux
réactionnaires ils sont les ennemis
jurés de toute enquête, lorsque ce
ne sont pas leurs amis qui la font
ou qui là dirigent. Mais dans la presse
libérale elle-même ont percé des ap-
'préhensions qui ne résisteront probable-
ment pas & un examen réfléchi. A quoi
bon, a-t-on dit, faire une loi sur les en-
quêtes parlementaires? De quelque ma-
nière qu'on s'y prenne, on aura bien de
la peine à ne pas afïaiblir les droits des
Chambres en essayant de les définir. II y
a des questions qu'il vaut mieux ne pas
chercher & résoudre, parce qu'elles se ré-
solvent toutes seules dans la pratique.
La. question des enquêtes est du nombre.
Pourquoi ne pas s'en tenir aux précé-
dons? Pourquoi soulever des difficultés
presque inextricables, et dont on ne vien-
dra pas à bout sans mécontenter beau-
coup de personnes et sans donner lieu à
des débats irritans?
Ces objections nous auraient paru très
graves si le problème des enquêtes parle-
mentaires ne s'était pas imposé de lui-
même, à la suite dés incidens de la crise
dont nous sortons. Mais elles tombent
aujourd'hui devant les souvenirs d'un
passé si voisin de nous. Comment peut-
on dire qu'on affaiblira les droits des
Chambres en les sanctionnant par une
loi ? On les affirmera au contraire avec
une telle évidence, qu'il ne sera plus pos-
sible un ministre comme M. de Broglie
de les nier formellement à la tribune de
nos Assemblées à des fonctionnaires
comme ceux du 16 mai de refuser de les
connaître et de les respecter; enfin à de
simples citoyens, comme nous en voyons
encore tous les'jours, dese révolter contre
eux et de les mépriser. Dans l'état actuel
de notre législation, rien ne permet
aux commissaires enquêteurs de briser les
résistances qui s'opposent à l'accomplis-
sement de leur mandat. Sans doute, une
majorité parlementaire nous venons
d'en voir un remarquable exemple
peut vaincre par son énergie et par sa per-
sévérance l'opposition d'un ministère;
elle peut sans doute renverser un cabi-
net qui interdit à ses agens de se soumet-
moins la vie supportable, et cUe se lut-
tait que son dévouement et sa tendresse
pourraient lui tenir lieu, un jour, de cette
autre affection plus tendre qui est l'espé-
rance naturelle de nos jeunes années, et
dont il ne lui serait jamais permis elle
en était certaine –de connaître la dou-
ceur et le charme, quelles que fussent
les qualités de son esprit et de son cœur.
A tout cela il lui fallait renoncer au-
jourd'hui. Il lui fallait, en mourant, lais-
ser le soin d'exécuter ses plans d'éduca-
tion à des étrangers moins profondément
intéressés qu'elle à leur réussite, et com-
battre du mieux qu'elle le pourrait, dès à
présent, puisque ses jours étaient comp-
tés, les malheurs qui menacent toujours
un orphelin, même dans des conditions
normales, et que les infirmités de son
malheureux enfant rendaient plus à crain-
dre encore.
Que le marquis se remariât, elle n'en fai-
sait aucun doute, et son bon sens lui disait
queson second choix ne ressemblerait pas
au premier. Elle prévoyait toutes sortes
de froissemens et de difficultés pour l'en-
fant de ses affections; mais, pa~-dessus
tout, elle redoutait pour lui le manque de
soins intelligens et tendres dont plus que
tout autre il aurait besoin.
Elle voulut donc profiter des quelques
mois qu'elle avait encore à vivre pour
parer autant que possible à cet avenir
gros de nuages. Elle écrivit au marquis,
alors à Londres, en l'informant de son
état et en le priant de se rendre im-
médiatement auprès d'elle à Brandon.
Il arriva en toute hâte, véritablement
peiné et affligé; car, s'il n'éprouvait pour
elle rien qui ressemblât à de la passion,
elle avait su lui inspirer une affection et
une estime profondes.
Mon cher lord, lui dit-elle sans pr&am-
ire & la commission d'enquête, pour lé
remplacer par un cabinet qui leur donne
immédiatement des ordres contraires. Ma is
lorsqu'il s'agit des particuliers quel'
moyen a-t-on de leur imposer la soumis-'
sion à la volonté des reprësentans de la na-
tion ? La politique 'du 16 mai est bien dé-
finitivement battue, les hommes qui la.
soutenaient ont été ou vont être renvoyés
des administrations publiques, un nou-
vel esprit a pénétré dans toutes les
sphères gouvernementales. Mais on se
se tromperait étrangement si l'on croyait
que les coteries qui ont troublé le
pays pendant sept mois ont dés-
armé. « Il n'est pas de citoyen in-
H 6me s, dit un des principaux organes
de la presse'réactionnaire, « qui n'ait le
a droit de refuser son témoignage à Ja.
a commission d'enquête. Il n'est pas d'é-
H lecteur qui ne puisse conserver devant
ces hommes politiques le secret de son
vote et défendre l'inviolable sanc-
? tuaire de sa conscience. Nul n'est
H tenu au témoignage, car le témoi-
c gnage devant de simples députés
B qui ne sont dépositaires à aucun de-
gré de l'autorité publique c'est la dé-
a lation. Il faut laisser la délation et
l'espionnage à ceux qui en ont le
H goût. Aucune loi, aucun décret, rien
H n'oblige les citoyens à répondre aux-
citations de la commission d'en-
N quête. » Les conseils de M. de Bro-
glie ont porté leur fruit la résistance à
l'enquête se prépare partout en province,
et les coupables meneurs qui ont conduit
la campagne des élections sont disposés à
s'insurger ouvertement contre l'autorité
des délégués de la Chambre des Dé-
putés. Comment déjouer leurs projets"~ 't
Nous le répétons, dans l'état actuel de
notre législation il est presque impossi-
ble d'y réussir. En dépit de ses droits
théoriques, qui sont incontestables, la
Chambre n'a pas de moyen pratique de
contraindre les particuliers à se présenter
devant ses commissions. Elle peut, il est
vrai, les traduire à sa barre et les obli<
ger à lui répondre directement. Mais
qui ne voit que, si elle usait d'une
pareille mesure contre les personnes
qui réinséraient de reconnaître la lé-
galité de l'enquête, le nombre de cel-
.les-ci croîtrait démesurément Tous les
agitateurs politiques de province, tous
les administrateurs de combat, tous les
agens compromis dans de funestes man-
œuvres s'empresseraient d'entrer en ré-
volte contre la commission afin d'être
appelés devant la Chambre, d'y prononcer
une h&rangue et d'y faire une manifesta-
tion bruyante qui occuperait le pays tout
entier de leur personne, de leur vanité et
de leurs actes.
Après les incidens de ces derniers
mois, 1 utilité d'une loi consacrant au
moyen d'une sanction pénale les droits
de a Chambre nous paraît donc indiscu-
table. Il y a plus du moment que le pro-
blème est soulevé, il faut le résoudre dans
toutes ses parties. La loi prochaine devra
spécifier la nature des peines qui pour-
ront être appliquées aux délinquans Se
contentera-t-on de peines pécuniaires?
Ira-t-on jusqu à l'emprisonnement Nous
croyons, pour notre compte, que l'empri-
sonnement est nécessaire; mais c'est un
point à examiner avec soin. H en est de
même dj la question du serment. Exigera
t-on le serment dès-personnes appelées~
déposer devant la commission? Don-
nera-t-on aux commissaires le droit
bule (toute son énergie était mainte-
nant concentrée sur un seul objet), i'ai
deux prières à vous adresser, et iesuS
certaine d'avance que vous les exaucerez.
Notre pauvre enfant.
Hélas chère amie, pourquoi vous
agiter de ces pensées Prépondit-il les yeux
pleins de larmes. Je n'aurai connu, je Ip
crains, le bonheur d'avoir un fils que
pour ressentir plus durement sa perte
Mon fils vivra. Je le crois, je l'es-
père, pour votre bonheur et le sien mais
il lui faudra plus que des soins ordinai-
res. M- Cartwright, vous savez quelle
estime j'ai pour elle, est-ce trop vous
demander que mon fils lui soit confié?
Pour combien de temps?
Je ne veux pas dire comme gouver-
nante ou comme institutrice. Non. Mai~
ne pourrait-elle pas, en quelque sorte,
être pour lui comme une seconde mère ?
Lord Brandon fit un mouvement de sur-
prise.
-Oh ne vous méprenez pas sur le sens
de mes paroles, continua la marquise en
sounantgravement.Je ne désire pas qu'elle
devienne pour vous autre chose que ce
qu'elle est aujourd'hui. Vous ne pouvez
le croire, n'est-ce pas?. Ce que je vous
supplie de me promettre, c'est de la lais-
ser auprès de mon fils aussi longtemps
que cela sera possible et profitable à tous
Le pauvre eni-ant aura besoin de la ten-~
dresse d'une mère pour adoucir l'amer-
tume de sa misérable existence; il la trou-
vera en elle.
Ma chère lady Brandon, vos moin-
dres désirs seront des ordres pour moi.
Vous connaissez assez, j'espère, mes
sentimens de respect et d'estime pour
être convaincue que toutes yos recom-
mandations me seront sacrées. Je ne se-
rai que trop contentdevoirM"Cartwright
MMMB 6 jmm
i878.
MtJMAL BES BEBATS
~mm~jmm
~j i878..
ON S'ABONNE
en Belgique, en Italie,
dans le Luxembourg, en Turquie,
en Suisse, en Syrie, en Roumanie et dans têt
régences du Maroc et de la Tunisie,
en Chine et au Japon,
en Allemagne, en Autriche, en Russie,
et dans tous le~ pays du Nord
chez tous les directeurs de postes;
et dans tous les autres pays.
pM l'envoi d'une valeur payable t fe 1x.
ON S'ABOMfE
me des PrBtres-Samt-&erma}n-rAuxerro!s, n.
fB:X BE ~AB~KNfBMEMTF
Un an. Six mois. Trois mots.
Départemens. 80 &.
i~es &o(nmemeNs partCBt oes l" et MM
chaque mois.
POLITISES Et MTTËMMES
fapt!), ma EBun~o. ta <~s~
!S~pa~ezaetM~antHt!m~f
Int.etn!
M3a. B)
A BruxeHes, a 1'0/~
bhothéquëa <)e& (;ares d" chemins de fef bek'es.
A Vatpa~tso (GMU), ch~z M. '0)'est6s LJToHi~
Les annonces' sont reçues
ehe: EWN. Faachey, ~<~m
8,pl!tcede.Ia.,BDMse,
.J'~S~C~MAt'
,(!jM~;g~en~ tbuîotu'sêtre~r6eespar !a redactioat.
PAMS
SAMEDIS JANVIER
Les électeurs sont convoqués, demain
~janvier, pour procéder dans toute la.
France au renouvellement des conseils
municipaux. Nous avons déjà dit quelle
importance exceptionnelle avaient ces
élections.' Dans tous tes temps, c'est une
chose grave que le choix des hommes
entre les mains desquels une commune
remet ses intérêts mais, depuis l'éta-
blissement de la Constitution de 1875, les
conseils municipaux ne sont pas char-
gés seulement des affaires communales,
ils nomment encore des délégués qui de-
viennent électeurs sénatoriaux et qui,
réunis, Ibrment l'immense majorité de ces
électeurs. Au moment où l'Assemblée Na-
tionale a voté la. loi constitutionnelle,
des réclamations se sont élevées contre
une disposition aussi nouvelle, et que
l'on considérait, dans quelques frac-
tions de la droite, comme fort dangereuse.
Mais la majorité de l'Assemblée Nationale
était, même & droite, favorable aux idées
de décentralisation, et le dernier acte de
cette majorité a été, sur ce point, conforme
aux premiers. L'innovation, il faut le re-
connaître, était considérable. On s'était
surtout préoccupé jusqu'alors de sous-
traire absolument les conseils municipaux
à la politique, et voilà que tout d'un coup
on les a invités à jouer un rôle poli-
tique. Les délégués des conseils mu-
nicipaux ont déjà voté une première lois
pour l'élection des sénateurs, et ils se
sont acquittés de la fonction politique
qui leur était dévolue avec beaucoup de
calme et de dignité. On peut dire que
l'institution, mise à l'épreuve, a réussi.
Les conseils municipaux n'ont pas es-
sayé de sortir des limites qui avaient
été tracées à leur intervention dans
la politique; ils sont restés ce qu'ils
étaient auparavant ils n'ont pas perdu
leur caractère municipal et ne sont ja-
mais devenus des foyers d'intrigues ou
des centres d's discussion. Quant au
Sénat lui-même il a certainement ga-
gné à la. disposition de la loi qui le fait
sortir plus particulièrement du vote
des délégués des conseils municipaux.
Le sucrage à deux degrés n'a jamais
été populaire, &t l'on n'aurait pas com-
pris, sous un. régime de suffrage uni-
versel, que les électeurs ordinaires fus-
sent chargés de nommer parmi eux les
électeurs spéciaux' chargés de procéder à
une élection spéciale. Ces électeurs du
"second degré n'auraient représenté qu'une
superfétation et n'auraient pas offert une
base solide à une institution comme le
Sénat. Mais les conseils municipanx sont
tout autre chose que des électeurs du se-
cond degré; ils ont une vie propre et très
énergique; ils sont responsables d'inté-
rêts précieux. L'Assemblée Nationale a eu
une bonne idée de s'adresser à eux, et
lorsque M. Gambetta, dans un discours
dont le retentissement a été considérable,
a'appelé~le Sénttt'ie Grand Conseil des
communes de France, il a dit un mot qui
n'était poïnt banal et qui relevait à la fois
le Sénat et lés conseils municipaux.
Le Sénat et les conseils municipaux
sont, en efîet, attachés l'un à l'autre comme
la conséquence Fë~t à la cause. C'est ce
que les électeurs n'auront garde d'oublier
demain. Les choix qu'ils vont faire déter-
mineront par avance les choix que les
électeurs sénatoriaux feront dans un an,
lors du renouvellement partiel de la Cham-
FELmEmmmmm mm
DU 6 JANVIER 1878.
LÉCGNTREFAtT
(7oM'le./o!M'M
entretien Avec la marquise. Quelles ne
furent pas ma douleur, mon angoisse, et
cependant je ne m'émeus pas facilement,
en découvrant que les légers malaises
dont elle se plaignait quelquefois étaient
les symptômes d'un mal intérieur ef-
frayant, déjà trop avancé pour qj'il me
fût possible de conserverie pins léger
espoir de guérison! Elle vit mon air cons-
terné et rougit en me disant d'une voix
uu peu émue
–Monsieur Wilson, c'est, ja le crains,
plus grave que je ne l'avais imaginé.
En vérité, Madame, je suis peiné de
l'avouer, oui. Mais, avec des soins et
surtout avec le secours de la. science,
j'espère'
EUe m'arrêta d'un geste.
Monsieur Wilson, vous voulez me
donner le charge, je le voi~. Vous devez
me connaître assez cependant pour,quand
je vous demande la vérité tout entière,
autant'que la science vous permet de la
découvrir,– ne pas essayer de me la
cacher. C'est ma situation vraie que je
désire connaître vous pouvez me la dire
franchement. Ma maladie est-elle dange-
reuse ?
Je ne vous cacherai rien, Madame;
oui, elle est dangereuse.
Très dangereuse ? p
Très dangereuse.
Ai-je une seule chance de guénson ?
C'est là une question que je ne sau-
brë haute. Et quoi de plus important que
ces secondes élections? Si elles sont
bonnes, on peut dire sans exagérer que
la république aura doublé le cap de
Bonne-Espérance, et qu'elle ne sera plus
exposée, dans l'avenir, aux périls dont
elle s'est si heureusement mais si pé-
niblement sauvée. Le Sénat tel qu'il
est en ce moment composé offre cer-
tainement des ressources aux intérêts
vraiment conservateurs, et il y aurait de
l'ingratitude à le nier après les services
encore tout récens que les constitution-
nels ont rendus; mais la majorité y est si
faible, tantôt dans un sens, tantôt dans
l'autre, qu'on peut la dire essentiellement
instable. Il suffit d'une émotion trop vive
parmi des hommes nerveux, ou même de
-quelques caprices individuels", pour ren-
verser à droite la balance qui a penché
hier vers la gauche. Dès lors, comme le
disait moins justement M. le duc de Bro-
glie en parlant de la Chambre des Dépu-
tés, la boussole parlementaire est singu-
lièrement troublée, ou peut l'être, ce qui
est un danger. La boussole parlemen-
taire doit toujours être tournée du côté
de la république, et c'est là ce qu'il
faudrait obtenir du Sénat comme de
la Chambre, tout en maintenant en-
tre les deux Assemblées les difTéren-
ces de tempéramens et d'allures qui
rendent l'une plus prudente, l'autre
plus hardie, qui poussent la seconde
vers les réformes et retiennent la pre-
mière dans les préoccupations conser-
vatrices. Nous voudrions moins chan-
ger l'esprit du Sénat que l'affermir et
le développer tel qu'il s'est manifesté
dernièremeat. Le Sénat a-t-il été plus
véritablement conservateur lorsqu'il a
voté une 'première dissolution que lors-
qu'il a fait entendre qu'il n'en voterait pas
une seconde? Il faut peu de chose pour
assurer le maintien de la majorité ac-
tuelle un appoint de quelques voix y
suffira; cet appoint, nous l'attendons des
élections partielles de 1879, et ces élec-
tions dépendent, nous le répétons, de
celles qui vont avoir lieu demain dans
toutes les communes, petites et grandes.
Nous croyons qu'il faut, autant que
possible, maintenir les candidats sortans
lorsqu'ils sont républicains et qu'ils ont
loyalement rempli leur mandat. Ils ont,
plus que ne l'auraient des candidats nou-
veaux, la connaissance des intérêts lo-
caux et l'expérience des affaires. Dans
quelques grandes villes, et particulière-
ment à Paris, les républicains modérés
ne peuvent pas avoir l'espérance que le
conseil municipal soit formé à leur
image et ressemblance les couleurs y
sont plus foncées, et les opinions plus
vives; la sagesse consiste donc a faire
quelques sacrifices à l'opinion dominante,
et à ne point s'en effrayer trop. Le conseil
municipal sortant, dont la réaction a dit tant
de mal et qui pouvait inspirer en effet quel-
ques inquiétudes, s'est trouvé de beau-
coup meilleur qu'on ne l'avait espéré.
Les affaires, lorsqu'on les aborde et qu'on
les traite sérieusement, ont une vertu
réfrigérante dont les esprits les plus* ar-
dens éprouvent l'efTet, et c'est ce qui
est arrivé au conseil municipal de
Paris parce qu'il s'est mis sérieu-
sement aux -ûfTaires. et n'a songé à
la politique que par exception. La plu-
part des conseillers ont bien mérité de
leurs commettans, et s'ils se représentent
il faut voter pour eux, à moins d'être
bien sûr d'avoir mieux, ce qui est rare.
rais prendre sur moi seul de résoudre.
Mais c'est votre avis, à vous, que je
suis condamnée ?
J'hésitai unmoment.
J'ignore, je dois l'avouer, les moyens
d'arrêter les progrès du mal. Cependant
mon expérience, Votre Seigneurie le sait,
est bien peu de chose, et je n'ai pas eu
d'occasions ici de la foi ti6er. Je suis cer-
tain qu'en consultant un des premiers mé-
decins de Londres on trouvera des pallia-
tifs, sinon un remède absolu, et que vo-
tre existences! précieuse pour nous tous
pourra être prolongée pendant bien des
années encore.
Ma voix tremblait malgré tous mes ef-
forts pour paraître calme.
–Mon cher monsieur Wilson, je ne
saurais vous dire combien je suis touchée
de vos bonnes paroles et de l'affection
que vous m'avez toujours témoignée.
Soyez-en convaincu, ce n'est pas nat-
terie de ma part, mais j'aurais plus de
con6ance à remettre ma santé entre vos
mains qu'en celles de n'importe quel mé-
decin célèbre. Cependant ma vie est en-
core d'une grande importance pour quel-
ques uns ici-*bas et si réellement vous
pensez que mes chances de guérison
soient le moins du monde augmentées par
une consultation avec un de vos confrères
de Londres, je vous en prie, faites eo
sorte qu'elle ait lieu le plus tôt possible.
C'est décidément mon opinion, Ma-
dame, que cette consultation ait lieu.
Alors, voulez-vous prendre la .peine
d'écrire en mon nom au docteur Atkins?
Je retournai chez moi le cœur navré,
car je ne conservai pas le plus léger es-
poir que ces désordres intérieurs, dont les
symptômes étaient trop évidens, fussent
guérissables.
Le docteur Atkms,.une des sommités
Quelques uns ne se représentent plus, et
les électeurs ont à choisir un conseiller
nouveau. Dans le quartier Saint-Thomas-
d'Aquin, par exemple, nous ne saurions
trop recommander la candidature de
M. Albert Liouville avocat ancien
directeur général au ministèi'e de l'in-
térieur, et nous voudrions en avoir beau--
coup de pareilles à encourager, Parmi les
conseillers sortans, MM. Bixio dans le
quartier de Saint Germain'- des Prés
M. Martial Bernard dans le quartier de la
place Vendôme, d'autres encore qu'il serait
facile de citer en nombre assez considé-
rable, méritent à tous égards d'être ré-
élus et si nous n'appuyons pas leur can-
didature avec plus d'insistance et de dé-
tails, c'est que le succès n'est pas dou-
teux.
Pour ce qui est des élections en pM-
vince,il ne nous appartient pas de don-
ner de conseils nous ne connaissons
pas les candidats, et les électeurs sont
mieux à m'ême que nous d'apprécier leurs
aptitudes administratives etde juger leurs
opinions politiques. Nous ~ne pouvons
donner qu'un conseil très général: Pas
d'abstentions On a vu. dans les der-
nières circonstances, quelle était la force
d'un bulletin de vote; il faut que tous les
bons citoyens s'habituent a manier cette
arme pacifique qui dispense si économi-
quement de toutes les autres. Les mœurs
publiques se forment chez nous avec une
rapidité mervelHeusc; nous né sommes
plus ce que nous étions il y a trente ans;
les hommes qui vivaient alors ne nous
reconnaissent plus et quelquefois ne nous
comprennent pas. Ces changemens heu-
reux, c'est à la généralisation du droit
de voter qu'ils sont dus: Mais ce droit
impose un devoir aux bons citoyens,
et surtout dans ces temps orageux où
des institutions tutélaires, mais jeunes
encore, ont besoin d'être défendues contre
les passions des uns ou les préjugés des
autres. Demain donc, que tous les élec-
teurs soient debout, et qu'ils complètent
par le scrutin municipal l'œuvre qu'ils
ont déjà si avancée par le scrutin légis-
latif du 14 octobre et par les scrutins dé-
partementaux du 6 novembre! Les 16 mai
dès lors appartiendront à l'histoire, et
nous pourrons jouir du gouvernement
tranquille que nous aurons mérité.
BOURSE DE PAMS
CïStare le x le 8 t~MMe BfttMe.
Comptantes 60 ?2'40.20.
Fin cour. 724N, 7i 321/2 .121,2
t/e o/o
Comptante 2j. 103
&e/
Compta.ntlC830.l082!i. s.
Fmcoar.l0830.l082B. s.
PETITE BOURSE! DU SOIR,
EmpruntSO/G. IOSfr.2:j,l8,2!i.
TetégpapMe pfïvéc.
(Service télégraphique de Fagence Havas.)
Londres,leSjanvier.
Le S~K~< annonce, dans une dépêche por-
tant la da(.e de Vienne le 4 janvier, que le prmce
~ort~hakoîi a fait conna.îtrR aux deux comman-
dans en chef des armées russes en Europe et en
Asie les conditions que le gouvernement russe
mettait a la conclusion d'un armistice.
Ces conditions auraient été communiquées
aussi à Vienne, où deux versions circulaient a. ce
sujet, déclarant l'une, que la Russie demandait le
démantèlement de Roustchouk et de Silistrie;
médicales de Londres, vint à Carstones,
et son opinion justifia la mienne. Il se
déclara, hélas aussi impuissant que moi
à conjurer le mal. Rien ne pouvait sauver
la marquise.
Monsieur Wilson, me dit la douce
créature, je suis peinée de vous affliger
en vous questionnant sur ma triste situa-
tion. Il faut cependant me dire franche-
ment si l'opinion du docteur Atkins con-
corde avec la vôtre.
Le docteur pense comme moi, Ma-
dame.
Et il ne peut rien de pins que vous?
Je crains que non.
Maintenant, lui ou vous, pouvez-
vous me dire combien vraisemblablement
j'ai de temps à vivre encore? 9
J'hésitais à répondre.
Quel est le plus long temps qu'une
personne atteinte de cette maladie ait ja
mais vécu?. et queljest le temps le plus
court?. Vous devez le savoir. Je vous
en supplie, ne me trompez pas. Songez à
tout ce qui me reste àfaire ici-bas. Dites-
moi la vérité. Qu'ai-je encore à vivre?
Deux mois.
Ah c'est court! Je n'ai pasunmo
ment à perdre alors. Monsieur Wilson.ayez
la bonté de vous entendre avec M. At-
kins et d'arrêter ensemble le plan du
traitement le plus capable de me conser-
ver l'emploi entier de mes facultés pen-
dant le peu de jours qui me restent à
vivre.
A partir de ce moment, elle n'eut plus
qu'une pensée mettre ordre à ses af-
faires et assurer le bien-être de ceux
qui l'entouraient ce fut sa constante
préoccupation.
Cependant une anxiété immense, incal-
culable, pesait lourdement sur son cœur
son petit garçon.
1 autre, que tes troupes russes devaient occuper
toute la Bulgarie jusqu'à ce que le sort de cette
province fût définitivement réglé.
De son côté, )e .Da;t~ ~A reçoit de son
correspondant de Vienne une dépêche affirmant
que. dans la réponse faite par te prince Gort-
chakofl' à la communication de lord Loftus qui
lui transmettait au nom de son gouvernement
les ouvertures de paix de la Turquie se trou-
vaient ces mots textuels « Je n'accepte aucune
médiation quelle qu'elle soit et d'où qu'elle
vienne. &
Le S~MM'a~ assure que le gouvernement an-
glais demande & la Russie de désigner les condi-
tions auxquelles elle accorderait la paix a la Tur-
quie. Ce journal ajouïe
« Si )a Turquie élude cetts question en préten-
dant que la paix entre elle et la Turquie n'est
point l'affaire de l'Angleterre et en continuant a
écraser la Turquie, le gouvernement anglais dé-
clarera qu'il ne peut pas tolérer un complet écra-
sement de ce pays, ni permettre que la paix se
fasse directement entre les belligérans. »
Pesth, le 5 janvier.
On assure que le comte Andrassy a répondu
à une communication-do l'ambassadeur d'Angle-
terre relative aux affaires d'Orient, qu'il ne lui
semblait pas possible d'appuyer les combinaisons
projetées parle gouvernement britannique, parce
que CM combinaisons avaient toutes en vue
le maintien ou à peu près du ~<:
actuelles, les faire accepter par la Russie.
Syra, le 4 janvier.
Les dernières nouvelles de Constantinoplë por-
tent que. si la Russie repousse la médiation de
l'Angleterre, la Turquie attendra la réunion du
Parlement anglais avant de faire une démarche
directe auprès de la Russie.
Posth, le H janvier.
D'après les derniers avis de Constantinoplë,
Mahmoud-Damat Paoha se prononcerait haute-
ment pour la conclusion d'une paix séparée avec
la Russie.
Les forces turques réunies pour la défense
d'Andrinople sont évaluées à plus de ) 00,000
hommes mais elles manquent. dit-on~ de l'artil-
lerie nécessaire.
Constantihopio, le 5 janvier, 4 h. 40 m. soir.
Mahmoud-Damat Pacha est remplace.
Les Russes se sont emparés de Sofia sans ren-
contrer de résistance.
Bucharest,IeSjanviër;"7h';40m.soir.
Le .KoMMMM~ annonce que les Russes se sont
emparés do'Sofia. Les détails manquent. De la
cavalerie ainsi que des troupes de différentes'ar-
mes passent journeilement a Gafatz.
Une convention a été signée entre les gouver-
nemens russe et roumain pour le logement des
troupes chez les habitans moyennant une rétri-
bution déterminée.
Rome, le S janvier.
Onprotestc.dans les cercles officiels, contre
les versions plus ou moins inexactes que quel-
ques journaux étrangers ont données des paroles
prononcées par le roi le 4" janvier, et fon af-
Brme que ces paroles n'ont jamais eu la portée
belliqueuse qu'on a pu leur prêter.
M. le ~pmte de Mon'ebeiïo est nommé pre-
mier secrétaire de l'ambassade de France à
Londres, en remplacement de M. Gavard.
M. Gavard est nommé membre de la com-
mission franco-espagnole réunie à B~yonne,
en remplacement de M. le comte de Ponté-
coulant. chef du cabinet de M~ le ministre
des anaires étrangères.
(<7(MVM~OM~:MCC ~C
L'opinion publique accueille avec une
satisfaction bien légitime les circulaires
par lesquelles les ministres actuels,
rompant avec les traditions de leurs pré-
décesseurs, ordonnent aux agens des di-
verses administrations de seconder de
leur mieux l'œuvre de la commission
d'enquête électorale. M. Dufaure, M. de
Marcère, M. Léon.Say, M. Barddux, etc.,
ont indique tour à tour aux fonctionnaires
la ligne de conduite qu'ils devaient suivre
pour associer au respect des prérogatives
du Parlement le respect, non moins né-
cessaire, de la hiérarchie administrative
et des conditions fondamentales de tout
gouvernement., Leurs instructions sont
aussi nettes, aussi complètes, aussi satis-
faisantes que possible. Est-ce adiré que tout
soit définitivement terminé, et que le grave
débat sur les droits respectifs des Chambres
et du pouvoir exécutif en matière d'en-
J'avais toujours été d'avis qu'il ne vi-
vrait pas. En cela, son jugement différait
du mien. Son intime conviction était qu'il
vivrait. Son amour pour lui avait quelque
chose de la calme énergie de sa nature
sérieux, profond, dévoué, raisonné plutôt
qu'enthousiaste. EMe avait pesé avec
sang-froid toutes les éventualités deson
avenir et mûrement calculé les consé-
quences de l'étrange disproportion entre
l'immense fortune qui devait un jour être
la sienne et la misérable condition à la-
quelle lecondamneraientses.in6rmites.Elle
avait été surtout frappée de la différence
plus grande encore entre la difformité
physique et la précocité vraiment surpre-
nante de son esprit.
L'enfant donnait déjà les preuves d'une
énergie, d'une force de volonté et d'une
supériorité d'observation bien au-dessus
de son âge. Il semblait avoir hérité du
sang-froid de sa mère et de la calme gra-
vité de sa tendresse.
Son amour pour elle ne se manifestait ni
par des transports bruyans ni par l'abon-
dance de§ caresses, mais plutôt par la
ténacité avec laquelle, ses grands yeux
fixés sur elle, il se tenait toujours à ses
côtés dans une sorte de contemplation
muette et rêveuse, préférant sa société à
tout autre plaisir.
Surveiller le développement d'une telle
âme enfermée dans une telle enveloppe
avait été le but que la marquise s'était
proposé dans la vie. Espérant, par des
soins attentifs et incessans, diminuer les
souffrances physiques de son malheureux
fils, et convaincue qu'elle parviendrait, en
cultivant son intelligence, son instruc-
tion et ses talens, à contre-balancer les
innombrables maux inhérens à sa triste
situation, elle voulait, en élevant son
âme vers le beau et le bien, lui rendre au
quête parlementaire, qui a passionné le
pays durant quelques semaines, soit ter-
miné pour toujours? Il serait très impru-
dent de le croire. Ce que font les mini-'
stres d'aujourd'hui, les ministres de de-
main peuvent le défaire. Nous avons as-
sisté si souvent à des changemens de ce
genre, que la prévoyance la plus ordi-
naire nous fait un devoir de ne pas trop
compter sur l'avenir. Il y a quelques
jours, les fonctionnaires recevaient l'ordre
de repousser avec dédain toutes les de-
mandes de la 'commission d'enquête on
les presse maintenant d'y répondre avec
bonne grâce, dans les limites de la discré-
tion administrative c'est fort bien mais
demain ressemblera-t-il à hier ou bien à
aujourd'hui? C'est ce que nous ne sau-
rons point tant qu'une loi formelle n'aura
pas été faite afin de régler une fois pour
toutes une question qui vient de soulever
tant de révoltes et de provoquer tant de
contradictions.
On sait que M. Dufaurda chargé une
'commission spéciale d'étudier et de pré-
parer cette loi. La commission s'est mise
à l'oeuvre; mais on n'a pas attendu le
résultat de ses travaux pour lui adresser
des critiques, ou pour exprimer sur l'u-
tHité de sa mission des craintes qui nous
paraissent peu justifiées. Nous ne par-
lons pas, bien entendu, des journaux
réactionnaires ils sont les ennemis
jurés de toute enquête, lorsque ce
ne sont pas leurs amis qui la font
ou qui là dirigent. Mais dans la presse
libérale elle-même ont percé des ap-
'préhensions qui ne résisteront probable-
ment pas & un examen réfléchi. A quoi
bon, a-t-on dit, faire une loi sur les en-
quêtes parlementaires? De quelque ma-
nière qu'on s'y prenne, on aura bien de
la peine à ne pas afïaiblir les droits des
Chambres en essayant de les définir. II y
a des questions qu'il vaut mieux ne pas
chercher & résoudre, parce qu'elles se ré-
solvent toutes seules dans la pratique.
La. question des enquêtes est du nombre.
Pourquoi ne pas s'en tenir aux précé-
dons? Pourquoi soulever des difficultés
presque inextricables, et dont on ne vien-
dra pas à bout sans mécontenter beau-
coup de personnes et sans donner lieu à
des débats irritans?
Ces objections nous auraient paru très
graves si le problème des enquêtes parle-
mentaires ne s'était pas imposé de lui-
même, à la suite dés incidens de la crise
dont nous sortons. Mais elles tombent
aujourd'hui devant les souvenirs d'un
passé si voisin de nous. Comment peut-
on dire qu'on affaiblira les droits des
Chambres en les sanctionnant par une
loi ? On les affirmera au contraire avec
une telle évidence, qu'il ne sera plus pos-
sible un ministre comme M. de Broglie
de les nier formellement à la tribune de
nos Assemblées à des fonctionnaires
comme ceux du 16 mai de refuser de les
connaître et de les respecter; enfin à de
simples citoyens, comme nous en voyons
encore tous les'jours, dese révolter contre
eux et de les mépriser. Dans l'état actuel
de notre législation, rien ne permet
aux commissaires enquêteurs de briser les
résistances qui s'opposent à l'accomplis-
sement de leur mandat. Sans doute, une
majorité parlementaire nous venons
d'en voir un remarquable exemple
peut vaincre par son énergie et par sa per-
sévérance l'opposition d'un ministère;
elle peut sans doute renverser un cabi-
net qui interdit à ses agens de se soumet-
moins la vie supportable, et cUe se lut-
tait que son dévouement et sa tendresse
pourraient lui tenir lieu, un jour, de cette
autre affection plus tendre qui est l'espé-
rance naturelle de nos jeunes années, et
dont il ne lui serait jamais permis elle
en était certaine –de connaître la dou-
ceur et le charme, quelles que fussent
les qualités de son esprit et de son cœur.
A tout cela il lui fallait renoncer au-
jourd'hui. Il lui fallait, en mourant, lais-
ser le soin d'exécuter ses plans d'éduca-
tion à des étrangers moins profondément
intéressés qu'elle à leur réussite, et com-
battre du mieux qu'elle le pourrait, dès à
présent, puisque ses jours étaient comp-
tés, les malheurs qui menacent toujours
un orphelin, même dans des conditions
normales, et que les infirmités de son
malheureux enfant rendaient plus à crain-
dre encore.
Que le marquis se remariât, elle n'en fai-
sait aucun doute, et son bon sens lui disait
queson second choix ne ressemblerait pas
au premier. Elle prévoyait toutes sortes
de froissemens et de difficultés pour l'en-
fant de ses affections; mais, pa~-dessus
tout, elle redoutait pour lui le manque de
soins intelligens et tendres dont plus que
tout autre il aurait besoin.
Elle voulut donc profiter des quelques
mois qu'elle avait encore à vivre pour
parer autant que possible à cet avenir
gros de nuages. Elle écrivit au marquis,
alors à Londres, en l'informant de son
état et en le priant de se rendre im-
médiatement auprès d'elle à Brandon.
Il arriva en toute hâte, véritablement
peiné et affligé; car, s'il n'éprouvait pour
elle rien qui ressemblât à de la passion,
elle avait su lui inspirer une affection et
une estime profondes.
Mon cher lord, lui dit-elle sans pr&am-
ire & la commission d'enquête, pour lé
remplacer par un cabinet qui leur donne
immédiatement des ordres contraires. Ma is
lorsqu'il s'agit des particuliers quel'
moyen a-t-on de leur imposer la soumis-'
sion à la volonté des reprësentans de la na-
tion ? La politique 'du 16 mai est bien dé-
finitivement battue, les hommes qui la.
soutenaient ont été ou vont être renvoyés
des administrations publiques, un nou-
vel esprit a pénétré dans toutes les
sphères gouvernementales. Mais on se
se tromperait étrangement si l'on croyait
que les coteries qui ont troublé le
pays pendant sept mois ont dés-
armé. « Il n'est pas de citoyen in-
H 6me s, dit un des principaux organes
de la presse'réactionnaire, « qui n'ait le
a droit de refuser son témoignage à Ja.
a commission d'enquête. Il n'est pas d'é-
H lecteur qui ne puisse conserver devant
ces hommes politiques le secret de son
vote et défendre l'inviolable sanc-
? tuaire de sa conscience. Nul n'est
H tenu au témoignage, car le témoi-
c gnage devant de simples députés
B qui ne sont dépositaires à aucun de-
gré de l'autorité publique c'est la dé-
a lation. Il faut laisser la délation et
l'espionnage à ceux qui en ont le
H goût. Aucune loi, aucun décret, rien
H n'oblige les citoyens à répondre aux-
citations de la commission d'en-
N quête. » Les conseils de M. de Bro-
glie ont porté leur fruit la résistance à
l'enquête se prépare partout en province,
et les coupables meneurs qui ont conduit
la campagne des élections sont disposés à
s'insurger ouvertement contre l'autorité
des délégués de la Chambre des Dé-
putés. Comment déjouer leurs projets"~ 't
Nous le répétons, dans l'état actuel de
notre législation il est presque impossi-
ble d'y réussir. En dépit de ses droits
théoriques, qui sont incontestables, la
Chambre n'a pas de moyen pratique de
contraindre les particuliers à se présenter
devant ses commissions. Elle peut, il est
vrai, les traduire à sa barre et les obli<
ger à lui répondre directement. Mais
qui ne voit que, si elle usait d'une
pareille mesure contre les personnes
qui réinséraient de reconnaître la lé-
galité de l'enquête, le nombre de cel-
.les-ci croîtrait démesurément Tous les
agitateurs politiques de province, tous
les administrateurs de combat, tous les
agens compromis dans de funestes man-
œuvres s'empresseraient d'entrer en ré-
volte contre la commission afin d'être
appelés devant la Chambre, d'y prononcer
une h&rangue et d'y faire une manifesta-
tion bruyante qui occuperait le pays tout
entier de leur personne, de leur vanité et
de leurs actes.
Après les incidens de ces derniers
mois, 1 utilité d'une loi consacrant au
moyen d'une sanction pénale les droits
de a Chambre nous paraît donc indiscu-
table. Il y a plus du moment que le pro-
blème est soulevé, il faut le résoudre dans
toutes ses parties. La loi prochaine devra
spécifier la nature des peines qui pour-
ront être appliquées aux délinquans Se
contentera-t-on de peines pécuniaires?
Ira-t-on jusqu à l'emprisonnement Nous
croyons, pour notre compte, que l'empri-
sonnement est nécessaire; mais c'est un
point à examiner avec soin. H en est de
même dj la question du serment. Exigera
t-on le serment dès-personnes appelées~
déposer devant la commission? Don-
nera-t-on aux commissaires le droit
bule (toute son énergie était mainte-
nant concentrée sur un seul objet), i'ai
deux prières à vous adresser, et iesuS
certaine d'avance que vous les exaucerez.
Notre pauvre enfant.
Hélas chère amie, pourquoi vous
agiter de ces pensées Prépondit-il les yeux
pleins de larmes. Je n'aurai connu, je Ip
crains, le bonheur d'avoir un fils que
pour ressentir plus durement sa perte
Mon fils vivra. Je le crois, je l'es-
père, pour votre bonheur et le sien mais
il lui faudra plus que des soins ordinai-
res. M- Cartwright, vous savez quelle
estime j'ai pour elle, est-ce trop vous
demander que mon fils lui soit confié?
Pour combien de temps?
Je ne veux pas dire comme gouver-
nante ou comme institutrice. Non. Mai~
ne pourrait-elle pas, en quelque sorte,
être pour lui comme une seconde mère ?
Lord Brandon fit un mouvement de sur-
prise.
-Oh ne vous méprenez pas sur le sens
de mes paroles, continua la marquise en
sounantgravement.Je ne désire pas qu'elle
devienne pour vous autre chose que ce
qu'elle est aujourd'hui. Vous ne pouvez
le croire, n'est-ce pas?. Ce que je vous
supplie de me promettre, c'est de la lais-
ser auprès de mon fils aussi longtemps
que cela sera possible et profitable à tous
Le pauvre eni-ant aura besoin de la ten-~
dresse d'une mère pour adoucir l'amer-
tume de sa misérable existence; il la trou-
vera en elle.
Ma chère lady Brandon, vos moin-
dres désirs seront des ordres pour moi.
Vous connaissez assez, j'espère, mes
sentimens de respect et d'estime pour
être convaincue que toutes yos recom-
mandations me seront sacrées. Je ne se-
rai que trop contentdevoirM"Cartwright
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 77.45%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 77.45%.
- Collections numériques similaires Audouin Jean Victor Audouin Jean Victor /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Audouin Jean Victor" or dc.contributor adj "Audouin Jean Victor")Résumé d'entomologie, ou d'histoire naturelle des animaux articulés. Histoire naturelle des insectes / , par MM. V. Audouin et H. Milne-Edwards... /ark:/12148/bpt6k3046288k.highres Iconographie des annélides, crustacés, arachnides et myriapodes, ou Collection de figures représentant ceux de ces animaux qui peuvent servir de type pour chaque famille, avec des détails anatomiques... et faisant le complément du résumé d'entomologie / . Par V. Audouin et H. Milne Edwards. /ark:/12148/bpt6k3046270w.highresBourdon Isidore Bourdon Isidore /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Bourdon Isidore" or dc.contributor adj "Bourdon Isidore") Bory de Saint Vincent Jean Baptiste Geneviève Marcellin Bory de Saint Vincent Jean Baptiste Geneviève Marcellin /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Bory de Saint Vincent Jean Baptiste Geneviève Marcellin" or dc.contributor adj "Bory de Saint Vincent Jean Baptiste Geneviève Marcellin")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k4603141/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k4603141/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k4603141/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k4603141/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k4603141
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k4603141
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k4603141/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest